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Revue Lyann Karaib PDF

31 Pages·2011·2.25 MB·French
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Centre de ressources Ville caraïbe S OMMAIRE / Editorial 4-5 lyann karayib / Extraits de l’intervention de Serge LETCHIMY, lors de la Clôture des Journées Mondiales de l’ Urbanisme, : « L’urbanisme, d’hier à demain, ou l’art de la transmission ». 8-11 Imm. La Varangue - 36 Bd Amilcar Cabral - 97200 Fort de France / Entretien avec William ROLLE sur le travail des « pionniers ». 12-15 Directeur de Publication : Justin Daniel, Président du Centre de Ressources / Les gens des quartiers : voilà ce qui nous intéresse : Article de Malik DURANTY. 16-21 Directeur de la Rédaction : Mathieu Petit, Directeur du Centre de ressources ([email protected]) / « Quelle(s) culture(s) des quartiers populaires en Martinique ? » : Article de Mylenn 22-27 ZEBINA. Directeur artistique et graphiste : Graphik720 ([email protected]) / Rubrique « Image des quartiers » : Photographies. 28-29 Contributeurs : Serge Letchimy, Bruno Carrer, William Rolle, Malik Duranty, Mylenn Zebina, Gustavo Torres, / « L’Espace est création » de Gustavo TORRES sur Volga-Plage : « du village dans la Jacqueline Boutan, Simone Lagrand, Marie Georges Cebarec, Alex Désir, Hervé Guery ville… au quartier pauvre ». 30-35 Photographies : Jean Popincourt, William Rolle, Gustavo Torres, Benny Suvelor et Istockphoto / Entretien avec Jacqueline BOUTANT sur Pelletier et le C.A.S.E. 36 Assistante : Nathalie Vivies ([email protected]) / Pawòl : Terres Sainte Ville de Simone LAGRAND . 37 Numéro commission paritaire : En cours - Dépôt légal à parution / Entretien avec Mme CEBAREC sur Terre sainville et l’action de l’AADPAS . 38-41 Imprimerie : Quadricom / Tableau comparatif Terre Sainville et Pelletier et note méthodologique. 42-45 Tirage : 100 exemplaires et sur commande / Un indicateur , un chiffre pour débattre. Hervé GUERY : Directeur du COMPAS . 46-49 / Entretien avec Alex DESIR ancien président de l’Association des Haïtiens en e b Les informations contenues et les opinions exprimées par leurs auteurs ne sauraient engager la Martinique. 50-53 ai r a c responsabiliité des cahiers Lyann Karayib. / Pawòl : « Va chercher le monde dans la zone » de Malik DURANTY. 54-55 ville r e Le Centre de ressources Ville caraïbe respecte la propriété intellectuelle / Ressources documentaires (Bibliographie) Appel à contributions pour le prochain 56-57 ahi c b / / Appel à contribution - Revue Lyann Karayb N°2 58 ayi r a k n / Cahier « Lyann Karayib » : Les jeunes, acteurs de la ville ? 59 an ly 03 e Édito d i Lyann karayib Les autres territoires de et complétant leur action. Il reste « républicaniste », dont le mot t la Martinique bénéficient aussi une question qui fera l’objet d’ordre pourrait être « En finir o néanmoins, des autres d’un cahier spécifique : quels avec le Ghetto », qui voit avant . « Pani lyannaj san lyann » . dispositifs de la Politique de la sont les acteurs de cohésion tout le quartier populaire comme . . ville, comme par exemple, les sociale et territoriale qui sont problème en ce qu’il cumule . . dispositifs d’accompagnement à encore sur le terrain ? les handicaps. L’objectif de . . la Politique de la ville dans ce cadre serait la réduction des écarts ; - Une approche « communautarienne », Le Centre de Ressources est aussi révélatrice de la à un financement exceptionnel, dont le mot d’ordre Ville-Caraïbe a pour vocation la volonté de prendre en compte l’émergence d’associations pourrait être « Vive les mise en réseau, la qualification les phénomènes d’inégalités de quartiers et de proximité, quartiers populaires ! », collective et l’accompagnement territoriales et sociales. l’apparition de nouveaux métiers qui voit le quartier avant méthodologique des acteurs La Politique de la ville a vu (chefs de projets, médiations, tout comme solution et de la Politique de la ville. le jour en Martinique avec …) et de nouvelles pratiques : recélant des ressources Une vocation qu’il exerce l’organisation des quartiers décloisonnement, transversalité potentielles. L’objectif dans le but de contribuer à populaires, notamment de Fort et territorialisation. Avec un ici est la reconnaissance l’amélioration de la Cohésion de France. C’est l’époque où des leitmotiv qui ne variera pas et l’empowerement Sociale et territoriale en « pionniers » issus de différents depuis : « Sortir de la logique (renforcement du capital Martinique. Son rôle consiste à corps de métiers, construisent de guichet pour aller vers une social). accompagner et à qualifier les collectivement des outils et logique de projet !». - Une approche acteurs professionnels dans adaptent leurs regards à la « réformiste », dont le leurs actions, leurs évaluations situation des quartiers et de leur A la suite du recentrage issu de mot d’ordre pourrait et leurs pratiques. habitat spontané. la négociation perdue avec l’Etat, être « des laboratoires seuls deux CUCS (Contrat Urbain où s’inventent la ville Plus tard, l’introduction des de Cohésion Sociale) sur les 16 de demain », qui voit En effet, la Cohésion Sociale et dispositifs de la Politique contrats initiaux, sont retenus en le quartier comme territoriale, impose une montée de la ville, tels que les DSQ 2007; ils concernent les deux symptôme dont les en compétences, la rencontre (Développement social des plus importantes Villes : Fort causes se retrouvent et la mise en relation d’acteurs, Quartiers), puis les Contrats de de France et le Lamentin, avec à l’échelle de la ville. d’institutions, de chefs de projets Villes, sont l’occasion pour de 14 quartiers respectifs, soit 28 L’objectif est dans ce cas de collectivités territoriales et de nombreux territoires connaissant en tout et comprenant 6 zones la transformation d’un l’Etat, de responsables associatif des situations d’habitats urbaines sensibles (ZUS). système qui génère de et d’élus, avec des experts et précaires et une situation l’exclusion… des chercheurs.. Il s’agit ainsi de sociale particulièrement difficile, Ces derniers sont les quartiers confronter les pratiques et points d’éprouver des méthodes populaires ayant des indicateurs Il est aussi question de vues, mais aussi d’interpeller et nouvelles d’intervention « caractéristiques » sur des de nos jours et dans de mobiliser des acteurs censés (transversalité, méthodologie de entrées telles que le nombre tous les domaines de s’entendre sur des objectifs projet, équipe dédiée, évaluations d’habitants, la part du logement déploiement de l’activité communs et co-construire des …), mais surtout de mettre en social, le taux de chômage, la humaine, de recherche de politiques et actions en direction œuvre une contractualisation déscolarisation et le niveau de conditions, de moyens, des territoires et publics les plus Ville-Etat en réponse aux enjeux qualification, la monoparentalité, de processus et de en difficulté. et à la problématique des le niveau de revenu, etc… Il paradigmes organisant territoires prioritaires. existe par ailleurs un Programme le vivre-ensemble. La Politique de la ville est une de Rénovation Urbaine à Fort de la scolarité, de prévention de la Par ailleurs, l’analyse Dès lors, l’identification des politique qui énonce difficilement Le financement important France, levier de transformation délinquance et d’insertion, ainsi quantitative et qualitative relations de causes à effets, sa fonction dans le cadre apporté par l’Etat permet alors des quartiers. Il est remarquable que de tous les dispositifs de à l’échelle de la Martinique les enchaînements de facteurs institutionnel tel qu’il existe. à de nombreux territoires de se qu’alors que sur de nombreux droit commun (logement, R.H.I, fait apparaître de nombreux historiques, culturels, politiques Elle se veut une intervention, développer, d’être aménagés territoires la négociation avec prévention, emploi, éducation, quartiers « hors géographie et économiques, ainsi que la be be ai partenariale et transversale, en prenant en compte les les élus locaux ait aboutie à un ,..). prioritaire de l’Etat » et cumulant construction de méthodes ai r r ca ciblant avant tout les territoires contraintes spécifiques de la recentrage limité voir inexistant, de nombreuses difficultés. Il d’appréhension de la réalité ca ville les plus en difficulté. Aussi, population et ses dynamiques qu’en Martinique une approche Au delà, de ce constat, ce qui faudra donc réinterroger cette martiniquaise prennent tout leur ville ahier c« einttneo vanpteo l»it,i q usoe uventte érrvitaoluriéaele, sfoorcmiauleless. deL ecs ontr actduiaffléisraetniotens, msaanlsth vuésriietanbnlee maoitn tpéue asu’ icmrépnoesaeur fdaeits lfien apnlucse m deénftasu t,s peénc idfieqhuoerss, greénoéggroacpihaiteio np reionr i2ta0i1re4 .lors de la seLnes . nom de cette revue, ahier c c b / s’appuie sur la mobilisation des qu’elles soient d’objectifs ou des collective ni des élus ni des ce sont de véritables projets La Politique de la ville a aussi « Lyann Karayib », dessine b / ayi services de droit commun des Contrats de Ville, seront réparties professionnels. C’est ainsi par de cohésion sociale et urbaine souvent été influencée de manière le sens et la direction qu’il ayi r r a a k communes, des collectivités sur une vingtaine de communes exemple que la Guyane (5 CUCS) donnant du sens et assurant la successive et simultanée, par semble opportun d’emprunter. k n n an et de l’Etat pour optimiser son du territoire martiniquais. et la Guadeloupe (8 CUCS) coordination des dispositifs ; des différentes approches.* Cette revue correspond à l’une an ly action, qui, sans cela, resterait Il en résultera notamment, bénéficient de sites prioritaires projets au service des habitants - Une approche des vocations du Centre de ly 04 05 limitée. Cette Politique publique l’équipement de quartiers grâce plus nombreux qu’en Martinique. Ressources : outiller et créer du leurs causes ? Tableau historique des contractualisations Politique de sens, entendu ici dans sa double la Ville en Martinique Qui en parle ? Qui déclame ? acception de signification et de direction. Une démarche qui exige Qui réclame ? Qui le montre ? de la concertation avec les forces Fin des années 70 et Au départ des opérations Habitat et Vie Sociale en France hexagonale. Qui le démontre ? de l’action et une confrontation 1983 Démolition reconstruction de l’habitat précaire vers l’habitat social permanente avec le terrain, Expérimentation du Contrat de famille en Martinique autour de LARIAMEP : enrichie de l’analyse stratégique Le Quartier est source de élaboration de nouveaux outils et valorisation de l’opération « Texaco » et d’expertises. Ce sont toutes questions multiples. Ce numéro Aménagement de quartiers spontanés : Trénelle, Volga Plage ces forces, qui, mises en réseau, est le fruit d’une quête de paroles, Premières opérations de Résorption de l’habitat Insalubre « font ressources ». de savoirs, , de témoignages En choisissant ce nom, l’équipe avisés, d’images, d’expériences, signifie clairement sa volonté le fruit aussi de questionnements A partir de 1989 Opération Développement Social des Quartiers à côté des RHI (18 DSQ) de participer à la qualification et d’une plongée dans l’histoire. collective et de contribuer au Car, il paraît décisif pour Prêcheur (Anse Belleville); Lorrain (Pavillon); Basse Pointe (Fond Bourg) processus de création et de appréhender la politique de la ville Morne Rouge (Fond Abattoir); Carbet (Fond Capot) maintien de liens, mais aussi de préciser nos questionnements, Schœlcher (Fond Batelière); Fort de France (Haut Volga –Alaric, de réseaux d’ acteurs et de en tenant compte de la mutation Pointe de la vierge, Fond populaire, Trénelle-citron, Ravine Bouillé) compétences au service du des contextes. Nul ne peut ignorer développement social et territorial. que le quartier est aujourd’hui le lieu de nouvelles rencontres entre 1995- 1999 Anse d’Arlet (grande Anse) Le premier numéro de cette acteurs. Marigot (Fond d’or, Mazure Bas du temple) revue s’intitule: « Regards croisés Robert (Cité la croix); Lamentin (Vieux Pont) sur les Quartiers populaires ». De toute évidence, le Quartier Marin (La Duprey); Sainte Anne (Rue Paille) Un titre qui est l’expression d’un populaire est le symbole d’un dessein éditorial. On pouvait processus de marginalisation 1999-2006 Centre : difficilement, avant d’aborder sociale et territoriale. Un 2 contrats de ville 2000/2006 notre cœur de métier qui est avant processus renvoyant le plus Fort-de-France signée le 26 mai 2000 tout la méthodologie d’action souvent à des jugements de collective, faire l’impasse sur valeurs, à des mythes sociaux, Lamentin signée le 26 mai 2000 différentes approches du Quartier culturels et politiques. Il est vu populaire, lequel constitue un comme un espace-temps de 1 convention d’objectifs 2000/2003 espace-temps primordial de la désordre économique et social Schœlcher signée le 26 mai 2000 société Martiniquaise. Il est, à la généré par les rapports de classes fois, un lieu historique, un symbole et la constitution d’une certaine 1 convention-cadre d’évolution par l’innovation, un hiérarchie sociale. D’où, notre regroupant les villes de (Fort-de-France, Lamentin, Saint-Joseph, Schœlcher) espace politique de proximité, bref question centrale : Qu’est-ce qui signée le 26 mai 2000 un espace riche de sociabilités explique le Quartier ? Qu’est-ce intenses. qui permet d’agir dans, par et pour le Quartier et ses gens ? Qu’y Par ailleurs, le 21 Décembre 2000 a été signé par l’Etat et la ville de Fort-de- a-t-il à ordonner ? Le Quartier lui- France, le Grand Projet de Ville convention d’application territoriale du contrat Qu’est-ce que le Quartier ? même ou notre regard sur lui ! de ville au centre ville Qui sont ses habitants ? Comment se Bonne lecture à tous ! Sud : l’approprient-ils ? 2 contrats de ville 2000/2003 Anses-d’Arlet signée le 4 mai 2000 TDA : « Pas de vivre-ensemble sans Marin signée le 1er août 2000 liens et sans réseaux » Quelles sont leurs cultures ? * les différentes approches sont tirées de be Nord : l’analyse de R. EPSTEIN, expert de la politique be rai 4 conventions d’objectifs 2000/2003 Quels sont leurs espaces ? de la ville rai a a r ville c PSraêincthee-uMr asriigen éseig lneé 2e8 l eju 8in n 2o0v0e0mbre 2000 ceCso emspmaecnets c ?o nQçuoi isvoenntt -lielss Peinture de Christophe MERT : « TI KAZ » r ville c hie Lorrain signée le 15 septembre 2000 hie b / ca Robert signée le 28 juillet 2000 concepteurs ? A parti de b / ca ayi quoi ? Qui sont ceux qui ayi r r a a n k 2007-2011 2 CUCS : Fort de France et le Lamentin agissent sur les contraintes n k n n lya 1 Programme de Rénovation Urbaine de la vie de Quartier, la vie en lya 06 2 Programmes de Réussite éducative société, leurs effets ainsi que 07 e « L’urbanisme, d’hier à demain, x t ou l’art de la transmission » r a Extrait de l’Intervention de clôture des journées mondiales de l’urbanisme, i t le 10 novembre 2010. . . . Par Serge Letchimy, urbaniste, et président du Conseil Régional de la Martinique. . «J’ai lu dans le programme des le seau d’une forme de génie populaire. de liberté et d’émancipation inédit, JMU que vous évoquiez « la révolution un nouveau droit à la ville est né. urbaine en cours, en Colombie, à Quand Césaire accueille, dans les Cette nouvelle politique culturelle est travers le projet de Medellin ».Cela années 60, la misère de la Martinique, centrée autour de la question cruciale de m’intéresse beaucoup, J’y reviendrai. l’exode des campagnes, des plantations l’identité : c’est affirmer une présence par les plus pauvres – ce que G Torres au monde, c’est valoriser la culture et Je dois vous dire que je suis un enfant appelle « le grand déménagement ». les arts de l’Afrique et de la Caraïbe. La d’une autre révolution urbaine, fomentée L’économie se dérobe et le centre culture pensée et vécue comme vecteur par un homme qui fut à sa manière le de gravité de toute l’activité se de résistance et d’espérance. La culture grand Urbaniste de Fort-de-France, déplace vers la plaine du Lamentin. habite la ville, elle l’innerve, elle bâtit même je veux parler d’Aimé Césaire. Quelle la ville donnant ça et là au prolétariat est cette révolution, elle est si simple L’ouverture de l’aéroport, la ses lieux à l’aspiration bourgeoise ses qu’elle est terriblement complexe : réalisation progressive de l’autoroute, niches de progrès dans un milieu ou les Avec Césaire, la marge est au centre la multiplication des zones d’activités traces de la race continuaient à rythmer Vous l’avez vu, entendu ou appris … A achèvent de déstabiliser l’économie la géographie sociale. La culture- le Fort-de-France, les premiers quartiers urbaine et portuaire de Fort-de-France « koudmen », la solidarité, la maitrise dits d’habitat spontané s’édifient au qui produit d’autant moins d’emplois pour du foncier permettent la construction sortir de l’habitation, comme vous les bras qu’apparaît la conteneurisation de maisons, basée sur la stratégie le savez sur du foncier municipal du port. On passe des stigmates de communautaire d’appropriation et sur les 50 pas géométriques. servilité économique coloniale de collective de la terre et du droit à la ville. l’habitation à une aliénante société de Là où le pouvoir identifie une consommation. Cette cruelle mutation On était pauvre, mais on avait pathologie urbaine, une plaie sociale génère une mobilisation exceptionnelle au moins cela : la culture, était auto- à éliminer plutôt qu’à soigner ; de la ressource existante ou résiduelle. générée et auto-alimentée par la d’autant plus que les terrains Et c’est l’urbain qui en sera le théatre relation sociale, émancipant du coup d’implantions sont pour le moins offrant à l’imaginaire et à la culture une l’urbain, les stéréotypes architecturaux ingrats, inhospitaliers, et dangereux. nouvelle étape de l’organisation de la validant le vernaculaire dans un société Martiniquaise. C’est dans la ville vocabulaire singulier et un esthétisme Or, au lieu de repousser, de et dans les quartiers que va se jouer le conjurant le conformisme occidental. congédier, de dissuader, Césaire combat de la Dignité et de l’Identité. Au total, l’œuvre urbanistique du comprend, accueille, soutient, organise. Maire Aimé Césaire est éminemment Le Nègre veut quitter définitivement Césaire prononçait ceci : décisive et fondatrice. Ce que nous le système de la plantation ? « J’entends par culture, tout ce que vivions à Trénelle, on le vivait aussi au t L’Etat n’a pas de politique de l’habitat ? l’homme fait, non pas l’instruction, même moment à la SURZA à Saint Et bien, la Ville va soutenir mais tout ce que l’homme fait, tout ce Domingue, à Cité Soleil en Haïti à la r l’implantation … A Trenelle, a Volga plage qu’il fait et tout ce qu’il entreprend de perla à Porto Rico, ou ailleurs dans Césaire parie que le quartier, même faire chaque jour pour organiser sa le sud dans les favelas du brésil. e dans les conditions les plus pénibles vie, c’est-à-dire pour s’accommoder à d’habitat, de précarité, de promiscuité, la nature et à l’histoire d’autre part… » La Ville demeurait un espace n be de vulnérabilité, offre une chance Aimé Césaire démocratique, accessible et ouvert.. be ai d’intégration et un terrain de cohésion Aujourd’hui, de nouveaux périls (violence, e ai r r a a c pour ces hommes et ces femmes qui par On peut comprendre pourquoi au drogues, trafics …) remettent en question c ville l’urbain deviennent enfin concitoyens. milieu des années 70, Aimé Césaire ces acquis qui constituent un fondement l ville ahier valeCuarsr , l’hoonm ésraiqitu esq uelelet s hséoronïtq ueless, dpoonlitniqeu eu nceu ltnuoreulvlee llefo yiamlapiusels ioanv eàc llaa da es ’la’unrcbraeirn d:a nlas claa pvailcleit,é l ad ecsa pqaucaitrét iedres l ahier c c b / que ces hommes et ses femmes ont création du Sermac, irradiant le territoire la ville à produire de la citoyenneté. b / rayi incarnées pour produire leur Habitat. de centres culturels dans les quartiers e rayi a a k Ces valeurs, mélange de d’entraide et organisant le Festival Culturel de C’est ce que les héritiers de Césaire k n n an et de solidarité, de persévérance Fort-de-France. L’accès à la culture ont à leur charge de mener à bien. an ly ly et de courage, de savoir-faire et de pour tous est synonyme de l’accès à Faire que la ville redevienne un espace 08 09 débrouillardise … ces valeurs marquent l’urbain offrant à l’homme des espaces de démocratisation de citoyenneté de solidarité et de construction du lien social. loin, Santo Domingo, La Havane, etc défient la mort et nous invitent aussi pour employer un terme « porteur », J’ai très volontiers accepté l’idée de pré- …, villes tiraillées entre … d’une part perpétuellement à la résistance et à la celle de la « Ville équilibre », je dirais. sider ces Journées Mondiales de l’Urba- C’est ainsi que, dans les années l’héritage-fardeau des quartiers de survie vie. Ce terrain complexe et dynamique nisme 2010 de Fort-de-France, entre 80, nous avons provoqué la création urbaine, d’autre part l’obsession de va devenir le terrain d’engagement Il doit avoir au départ de tout projet Martinique, Guadeloupe et Guyane, d’une école martiniquaise de pensée et l’idéal patrimonial et architectural, enfin d’un urbanisme progressiste, nous urbain l’expression d’un projet humain, entre Caraïbe, Amériques et Europe … de pratique de l’urbanisme, discipline l’attractivité et la modernisation impliquant dans une nouvelle culture pensé, négocié, débattu et partagé, Je l’ai fait conscient du chemin parcou- pluridisciplinaire par définition. (Lariamep) dans un contexte de compétitivité de la démocratie urbaine, et une puis contractualisé et opérationnalisé. ru, au cœur de l’universel urbain. Deux éléments fondamentaux locale, régionale et mondiale. nouvelle ingénierie de l’aménagement Cela ne peut correspondre qu’à Conscient mais aussi inquiet des défis à caractérisaient ce mouvement, qui fut pour et de l’urbanisme. C’est un des défis une éthique politique fondé sur venir. nous une véritable révolution urbaine : De quoi s’agit-il ? de l’urbanisme contemporain, qu’il soit une vision enracinée de l’avenir. Une autre ère s’ouvre pour les nouvelles - la conviction que les villes et les quar- caribéen ou, par extension, universel. Un projet urbain visant à : générations qui, Fanon le disait, est tiers des Antilles s’inscrivaient dans le Il s’agit d’inverser le paradigme 1°) restaurer des fonctions urbaines, confrontée à sa responsabilité : c’est paradigme du Sud et non de l’Occident, pour créer des clés de lecture en L’urbanisme, le travail social des 2°) intégrer la ville dans l’ensemble plus l’ère du développement durable, équi- vaste (le pays, l’agglomération, la Baie dans une géopolitique caribéenne ou phase avec notre réalité caribéenne et quartiers, la conception et la production table, raisonné. …). sud-américaine et non européenne. considérer la ville, le quartier et l’habitat de notre habitat, ont vocation à lutter J’invite d’ailleurs les urbanistes de 3°) établir une vision du quotidien et du - notre capacité à initier une recherche comme une création culturelle. contre l’uniformisation identitaire et, « J’entends par devenir, de l’opérationnel immédiat et du demain à réévaluer les contours de ce alternative, déroutante pour les idées partant de là, à répondre à la demande développement pour notre espace pour prospectif … reçues, à la limite de l’anti-conformisme, La culture est avant tout sociale et à exprimer une réalité culturelle. culture, 4°) Enfin, l’adhésion des habitant n’est nos villes, , à une époque charnière où pour faire le lien avec une soif inextin- l’ensemble des traits d’appartenance Aujourd’hui, que se passe-t-il ? On pas la moindre des conditions de la crise internationale bouleverse de ma- guible d’action, d’initiative et de réalisa- à un groupe social. Elle « habite » essaye toujours de refaire la ville. Mais tout ce que réussite du projet : c’est la démocratie nière irréversible les convictions sur le tion. une esthétique propre et caractérise les repères ne sont plus les mêmes. participative … marché tout puissant ou sur l’Etat régu- l’homme fait, Ainsi, au sein de l’ARIAMEP puis un peuple tout comme elle traduit et On est plus dans la jouissance de lateur. de la SEMAFF, nous avons mené bon reflète ses forces, ses talents, son droits que dans la conquête de droit. Tout comme notre génération a C’est une invitation à faire projet, avec non pas l’instruc- nombre d’études sur l’histoire et l’aspect imaginaire, en un mot son génie créatif. On est plus dans un bien être matériel pris le flambeau l’héritage Césairiste, discipline et méthode, dans avec pas- des divers quartiers des villes de la Cette révolution méthodologique et que dans une aspiration existentielle. tion, mais tout ce il incombe aujourd’hui aux nouvelles sion et générosité. caraïbe et notamment sur les quartiers sémiologique rejoignait les stratégies Mais est-ce que cette ville qui se refait générations progressistes d’anticiper populaires.Il fallait réorganiser au mieux naissantes du CARIMOS, qui avançait tient autant compte de la parole habi- que l’homme fait, les nouveaux défis du nouveau réel Le concept d’autonomie sera bien ces foyers nés de l’exode rural, sans que le véritable patrimoine des villes tante, de cette manière populaire de urbain. Aujourd’hui, trois phénomènes l’idée majeure et la clé du dévelop- pour autant effacer les empreintes du nouveau monde qu’est la Caraïbe, créer la ville-équilibre ?Est-ce que les tout ce qu’il fait et modifient ces comportements : pement pour ce XXIème siècle, à laissées par le peuple, quand bien et plus largement des Suds, se trouvait habitants accompagnent la construction -le virtuel, avec l’impact des l’échelle de l’individu, à l’échelle de la tout ce qu’il même elles s’étaient matérialisées tout autant sinon plus dans l’architecture de cette ville ? images banalisant la violence collectivité. Et la Ville doit demeurer de manière anarchiques ; elles du peuple que dans la monumentalité et extrême (médias, net, câble.) l’espace du collectif , l’espace de la entreprend de faire devenaient les marques de l’architecture le prestige. Oui, dans l’intention. Dans le fond -la mobilité, avec les outils de liberté que créativité, de l’autonomie et des liber- propre aux populations locales. des réalités, c’est moins évident. La chaque jour pour sont par exemple le scooter et le portable tés humaines. La soumission à l’Occident voulait qu’on Cette position critique est spéculation prend le pas sur l’usage -le désœuvrement, généré rase tout et qu’on reconstruise des HLM. consubstantielle de notre rapport et et la survie ; l’égoïsme sur la solidarité. organiser sa vie, par l’exclusion sociale et la Voilà quel est le nouveau rendez-vous ! » Nous avons au contraire cherché à pré- de notre apport au monde : … soit Dans un contexte où les villes sont relégation du monde économique. server des lieux de mémoire tout en lais- nous reproduisons, calquons ou submergées de problèmes de tout ordre, c’est-à-dire pour Pour nos villes, c’est aussi ça « le réel sant jouer l’imaginaire. « tropicalisons » les critères, les règles, seules les réponses d’interventions urbain ». s’accommoder à la les méthodes importés de l’occident techniques ou de régulation sociale Or, c’est dans cette jeunesse désœu- Et Fort-de-France, est devenue, (voire imposés) ; … soit nous fabriquons semblent s’imposer, occultant de plus en vrée que se vivra l’avenir de la Ville et du nature et à l’histoire petit à petit, un laboratoire de la ville notre grammaire pour que l’objet plus l’urbain et l’humain rangés au rôle Pays, dans l’équilibre négocié ou dans la caribéenne. Ce paradigme est majeur étudié (l’espace, la société …) puisse de variable d’ajustement soumis pour le d’autre part… » rupture violente et désespérée. pour tout ce qui va suivre, et plus être lu avec pertinence et sensibilité. premier aux exigences de la rentabilité Car au-delà des ces deux grands largement, pour tout ce qui peut être et pour le second aux contraintes d’une champs de mutation sociale, ce qui ap- pensé et avancé concernant la culture … Les quartiers de Fort-de-France, gestion technocratique de l’espace paraît dans nos villes contemporaines, et l’habitat urbain dans la Caraïbe. laboratoires de la mangrove urbaine. Pour nous, l’orientation donnée au c’est ce lent glissement du collectif vers Aimé Césaire Notre histoire, notre géographie, C’est dans ce contexte et selon cette développement et à la rénovation de l’individuel ; de la cause noble, mobili- ont conduit nos peuples, caribéens démarche que le concept de « mangrove la ville doit concourir, en premier lieu, à satrice, au repli égoïste de la consom- et sud américains … … à inventer des urbaine » a été pour la première fois em- restaurer une culture sociale, une identité. mation et de la satisfaction des instincts langues nouvelles avec le créole, … ployée et diffusée. Le « malecon » dans le vaste projet immédiats. à réinterpréter des croyances et des La notion visait à conceptualiser de renouvellement urbain en cours, be fois, … à créer des musiques, des les caractéristiques principales de à Fort de France est loin d’être un Le défi qui attend la Ville de demain, be ai danses sur des rythmes nouveaux … l’occupation périurbaine à la Martinique, exploit technologique, c’est avant c’est le développement durable réel, ai r r ca à éclore une littérature, une poésie, lors de ces 50 dernières années. tout un projet culturel. C’est un lieu où équitable, authentique, c’est de la ca ville des contes par la magie de l’imaginaire Sans faire le professeur, le terme convergent les populations des quartiers relation sociale, et la capacité de l’ur- ville hier (et c’est Césaire, Walcott, Carpentier de mangrove urbaine désigne une aire et des communes de Martinique, un bain à protéger la vie et à générer la hier a …) … à redessiner le monde comme naturelle d’espoir et de désespoir, d’une lieu où les gens se rencontrent de vie … a c c b / l’éclat d’une peinture de Wilfredo Lam. existence en perpétuelle renaissance, nouveau, échangent, s’expriment. On Alors Oui, je crois que l’ALTER-URBA- b / ayi Fort-de-France illustre ici une qui dans le lais et relais de la mer et retrouve l’idée d’une urbanité partagée, NISME évoqué lors de ces JMU me ayi r r a a k dialectique universelle aux villes du de la terre exhorte la fatalité et initie le génératrice de lien social et de respect parait plus que jamais pertinent, je dis k n n an nouveau monde qui est valable pour limon créateur de la fertilité. Isolés et à de l’autre.Je crois que s’impose alors même vital an ly Pointe-à-Pître, Cayenne, nos villes la marge, flanqués dans les mornes et à nous l’âge d’une nouvelle révolution Et donc Oui, Monsieur le Président de la ly 10 11 créoles, et à une autre échelle et plus dans les ravines, les quartiers populaires urbaine, celle de la ville durable, SFU, M. Jean-Pierre Gautry, chers Amis e Le travail des « pionniers » n t r e De Texaco à Vieux Pont, anthropologie de ces quartiers. t i TEXACO e n Par William Rolle, anthropologue. Interview Mathieu Petit. 1. Quel était le contexte de contexte de l’opération d’aménagement Texaco, dans lequel Serge Letchimy l’opération d’aménagement de il est important de se remettre dans la et Max Tanic viennent de démontrer, Texaco ? fin des années soixante-dix, le début des chacun dans leur discipline, que ces années quatre vingt, avec une Martinique quartiers sont structurés, avec un savoir William ROLLE : Le contexte de qui bascule, encore, dans une autre phase populaire et une logique d’évolution. l’époque ? En terme d’aménagement de mutation, le début de l’équipement urbain ce n’est pas le désert mais moderne (électricité, sanitaire intégré, presque. Nous sommes encore pouvoir d’achat en augmentation, début dans une époque où ces quartiers d’une forme de redistribution sociale sont assimilés aux bidonvilles encore inégale mais plus régulière, etc.). 2. A quelles difficultés étiez vous d’Amérique Latine, car leurs aspects confrontées à l’époque ? extérieurs pourraient y faire penser. Pour être technique, voici un rapide La Sodem, mène à l’époque une historique de la politique de l’habitat à William ROLLE : Je vais vous faire opération sur Morne-Pichevin. Le cette époque. : pour remédier à quelques- sourire mais l’une des premières difficultés responsable , que j’avais interrogé unes de ces difficultés les solutions qui rencontrées à l’époque était la définition à l’époque, se glorifiait d’aller sur le furent explorées tentèrent de s’appuyer de notre discipline. « Sociologue », ; terrain avec des gardes corps armés, à la fois sur un état des lieux de l’existant « anthropologue », les mots étaient pour imposer sa vision des choses, - mais celui-ci s’avérait malaisé à quasiment inconnus, il fallait expliquer les expulsions. A la question qui lui définir - et quelques solutions déjà ces « barbarismes » et leur contenu. demandait de préciser, de définir ce appliquées en France métropolitaine, Pour ma part, j’avais un ensemble de qu’il entendait par changer un quartier notamment un effort de construction. certificats dans des bivalences diverses, il nous répondit que c’était d'abord se En 1973, on commença à envisager dont l’un intitulé « ethnologie du conflit heurter à un problème de mentalité, l'idée de crédits d'aide à la construction et du changement social » ; plus ceux de comportement, d'adaptation des pour remédier à la défaillance des de la sociologie, ce qui m’emmenait gens à de nouvelles conditions de vie. ménages. En 1978, la L.B.U spécifique vers l’anthropologie à la française. au D.O.M permit de mieux gérer les D’un autre côté, certains quartiers aides au logement pour faire disparaître Hors ce sont plutôt les anglo- avaient réussi à imposer leur identité en l’insalubrité par l’amélioration à l’habitat. saxons qui étaient pionniers en adjuvant un espace, un territoire. Les Après les L.T.S (Logements très sociaux) anthropologie urbaine, avec notamment habitants n’avaient pas l’impression dont la finition définitive est à la charge l’école de Chicago, où, plus tard, en de vivre dans un ghetto. Par exemple, du bénéficiaire les L.L.S (Logement Angleterre avec M. Young ou P. Wilmott. je sais que certains n’aiment pas locatif social) furent les formules Je crois que la première vraie entendre cette parole des habitants adoptées pour cette amélioration difficulté était de constituer une équipe de Volga-Plage qui disent que ce n’est de l’habitat : 700 logements par an de recherche qui s’autorisait de contester qu’après leurs résistances aux forces de 1981 à 1991. En 1986, les aides les prédicats d’un cahier des charges de l’ordre que la municipalité de Fort- aux logements locatifs eurent une que donnait le contrat famille. C’était de-France leur a accordé son soutien. incidence sur l’investissement des L.E.S l’époque du Lariamep où nous avons Il faut aussi se souvenir qu’à (Logement évolutif social), rendant le travaillé avec Serge Domi, Gustavo l’époque la municipalité foyalaise locatif plus abordable. De 1985 à 1989 Torres, Serge Letchimy, Mac Tanic, Alain be était aussi la bête noire du pouvoir c'est l'équivalent de 19 MF qui fut affecté Anselin, Phillipe Yerro, Alain Linise, pour Crédit photo - Jean Popincourt be ai gaulliste, et que tout ce qui pouvait à la résorption de l'habitat insalubre. ne citer que la partie recherche urbaine, ai r r a a c l’affaiblir, notamment la force des et une vingtaine d’autres chercheurs de c ville quartiers populaires, était bon à abattre. Au début des années 1980, l’Etat moins de 30 ans dans divers domaines. ville hier La municipalité de Fort-de- fait le bilan de sa politique urbaine, hier a France était par ailleurs confrontée fait le constat de son échec au niveau Qu’était le contrat famille ? Dans le a c c b / à la situation suivante ; 27 quartiers national, et celui de la résistance cadre de la réhabilitation des quartiers b / rayi insalubres, 6000 logements en état des populations aux procédures défavorisés il s’agissait d'associer rayi a a k d’insalubrité, 42 % des réserves autoritaires de la rénovation urbaine. l'Etat, les collectivités et les familles k n n an foncières en zone d’auto construction. C’est dans ce contexte que le Contrat à la mise en œuvre d'un urbanisme an ly ly Famille s’organise, qu’il est utilisé pour intégrant le fait familial. Pour ce faire, 12 13 Pour répondre à la question du ce quartier de Fort-de-France qu’est il fallait s’appuyer sur les familles. De notre côté, dans la recherche, il architecturale qui intégrait le social ), soixante 70, nonobstant le kompa et la fallait redéfinir la famille martiniquaise, ce l’intergénérationnel à Texaco, résulte du cadence- lypso, n’étaient pas aussi le qui n’était pas évident pour de multiples constat que la famille martiniquaise était bon vieux temps, puisqu’à ce moment raisons. Aujourd’hui, il est facile de faire en mutation et qu’il fallait prévenir celle-ci. c’est un réagencement général et de la sociologie ici, les outils statistiques rapide des « valeurs », des identités se sont renforcés, à l’époque les sources qui par exemple vont s’arc-bouter étaient rares, et « l’école » de Jean 3. Quelles expériences retenez sur la figure du musicien haïtien ou Benoist était la seule référence. Il fallait vous d’opération d’aménagement dominiquais pour une nième émergence nous décoloniser tout en devenant les telles que Texaco ou Vieux Pont ? de l’identité musicale martiniquaise. analystes de notre nous indigènes ! William ROLLE : Ce qui a changé D’un côté pratique, il fallait faire avec pour les opérations de rénovation Vieux-Pont les professionnels de la famille qu’étaient de l’habitat insalubre est profond. les travailleurs sociaux de l’époque, Les 25 ans qui séparent ces deux dont on peut dire qu’elles (praticiens opérations marquent un changement c’est bonjour majoritairement féminines) étaient encore à mon sens plus profond que la fin fortement influencés par une formation des derniers vestiges de la plantation hygiéniste à laquelle se mêlaient un pourtant modernisée, vers les années la mangrove habitus fortement en défaveur de la soixante, et cette transformation de la composition antillaise de la famille. La société martiniquaise à partir de 1973. proximité encore récente des uns et des Nous avons dit qu’en même cloaque ! autres, en dépit des bienfaits de l’école temps que nous travaillons sur Texaco, laïque, l’expliquait en partie. Des images l’opération Morne Pichevin fut l’antithèse, Vieux-Pont est difficiles à changer sur un temps court. un échec de l’ancien urbanisme. On Enfin, nous avons eu à rencontrer rase le quartier, l’ingénieur de l’époque l’émergence de les temps du politique, à la fois est accompagné de « dogs » et de maitre d’œuvre et maitre d’ouvrage bulldozer, les déplacements vers cultures exclusivement à l’époque, et avec lequel il fallait la nouvelle Zac de Chateauboeuf gérer nos multiples contradictions. créent déjà des problèmes, les LTS urbaines. (logements très sociaux) ont du mal à Il faut dire par contre que le contact se terminer car les réseaux d’entraide v avec une population qui n’était pas encore traditionnels sont dispersés, émiettés. saturée par les enquêtes et les projets Texaco, dont il faut faire l’adieu à Nous avons donc dû complètement o à répétitions fut un élément structurant la mangrove urbaine, le concept de modifier nos paradigmes pour pallier à certaines de ces difficultés. Letchimy, correspondait à une opération méthodologiques. A cet effet l’enquête l C’est ainsi que nous avons pu infirmer la qui s’appuyait sur des mutations que l’on de terrain a été complétée par l’outil thèse de la matrifocalité, dire ses limites aurait tendance aujourd’hui à qualifier informatique pour des enquêtes par g face à une logique de nucléarisation de « naturelles », classiques. Il n’existe entretiens, que nous avons également de la famille déjà en œuvre à Texaco. pas de société immobile, heureusement. adapté au terrain particulier. Le modèle a est reproductible sur n’importe quel Disons que Texaco représente une quartier, mais jusqu’à maintenant p Une autre des difficultés auxquelles des dernières phases d’un certain je ne crois pas qu’il ait été repris. nous étions confrontés n’était pas type de solidarité qui imbriquait une l pratique mais théorique. Nous avions culture urbaine et une culture rurale La conscience que cela disparaît, 25 ans, nous étions des thésards, dans sa dernière évolution post même si ce que nous constations a nous arrivions sur un terrain où les « société d’habitation, de plantation » n’était pas esthétique nous a aussi notions de quartiers, famille, de en crise. On ne pouvait même plus amené à utiliser la photographie, g pauvreté n’existaient pas, il fallait donc être nostalgique de cette époque. pour mémoire et pour analyse. Il ne les fabriquer, à partir des bases de s’agit pas d’une disparition identique e l’anthropologie classique mais il fallait Vieux-Pont comme certaines à celle de Texaco. A Vieux Pont la aussi les recréer ; les rares auteurs que drogues, et notamment le krach, est mutation des familles a atteint un point nous avions en référence ( Oscar Lewis, un type de mutation de synthèse, de non retour où, au relâchement des Crédit photo - Jean Popincourt be quelques auteurs noirs américains qui complètement provoqué, créée par relations familiales urbaines, rurales, be ai n’avaient pas travaillé sur la Caraïbe). la nouvelle société martiniquaise qui succède un changement d’autorité ai r r a a c Il fallait redéfinir et, en même va émerger à partir des années 1970. au sein de la famille, le deal et le c ville temps, ne pas être archaïque et « grand marché » donnant l’avantage n’étant plus l’exception. L’opération d’autres études de diagnostic, ce qui Enfin dans les changements entre ville hier savoir que ce que nous étions en C’est aussi pourquoi , quelque aux enfants sur les parents aux nous obligea alors à proposer pour n’était pas le cas sur Texaco. C’est la les deux opérations les acteurs et hier a train de définir était déjà en mutation. soit les gens qui tiennent ce discours emplois précaires ou dévalorisés. la première fois le déplacement de la preuve que certaines idées avaient été intervenants sur les politiques urbaines a c c b / du bon vieux temps, il y a tromperie Il est douloureux de constater que population plutôt que le relogement sur capitalisées, mais peut être pas encore se sont multipliés, spécialisés, b / ayi Et c’est lorsque nous avons pu sur la marchandise, et manipulation les réserves de résistance d’une société place dans de meilleures conditions. la nécessaire présence de l’investigation et ont d’autres compétences, ayi r r a a k comprendre la mutation que nous avons idéologique ; les années 1960 n’étaient s’épuisent. Vieux-Pont est un accéléré anthropologique par des professionnels. notamment techniques, encore k n n an pu prévenir et faire des propositions. pas le bon vieux temps, il suffit de voir de la société martiniquaise. Ce constat On peut aussi remarquer que Mais dans les deux opérations plus nécessaires aujourd’hui. an ly ly La proposition que nous avions les luttes sociales de cette époque, eu pour effet imprévu de soulager le l’intervention socio anthropologique l’écoute, le terrain, l’incertitude des 14 15 faite pour le B3 ( une proposition et les mœurs également, les années commanditaire, la ville du Lamentin intervient à Vieux-Pont après beaucoup résultats avant analyse prévalent. a Les quartiers populaires et ses gens, r t voilà ce qui nous intéresse. i c l An Kartjé-a sé sé moun-lan nou ka wè e . . . Par Malik Duranty, Sociologue . Le quartier populaire et ses gens, voilà germé de l’imaginaire humain c’est-à- des gens qui font à la fois le quartier ce qui nous intéresse. Un sujet qui nous dire les lieux dits à toutes leurs échelles. et la ville, il est tout de même possible est précieux. En effet, il est remarquable Ces dernières sont le continent, le de différencier ces deux entités. à la lecture de l’histoire de la Société pays, la ville, le quartier, la rue, le Martiniquaise, la place fondamentale logement, la pièce. Toutes permettent La ville du rapport à la Terre, au territoire et à de nommer des environnements o l’espace. C’est un objet-outil constituant façonnés en partie par la main de Dès lors, nous devons questionner ce hot p à la fois un enjeu, un moyen et un indice l’Homme. Une main habile au suivie qui fait la ville, en considération du sens ck o dsiug ndifiéevre cloeplap,e nmoeunst redteie nlad rSooncsi éatléo.r sP uonuer du Ddee sseciens deé csheesl lepsr,o prl’eHso mscmheé masse. epte drme elat tdrairiet clati ocno ndset rl’u «c tuiorbna dn’iutén » d. iEslcleo uqrusi o - Ist ot expression formulée par des jeunes dans déclare. L’Homme s’ancre dans sa traitant de la caractérisation de l’espace ph leur quartier en réponse à la question réalité à un entendement imaginaire qu’Il urbain. Ce dernier qui, s’interroge par le dit é posée : « qu’est-ce que le quartier réalise au réel. Le quartier est alors un caractère polyfonctionnel de la ville et Cr pour vous ? » ; à laquelle ils déclarèrent lieu de socialisation, qui participe à la des lieux de vie. Une polyfonctionnalité sans hésitation : « kartjé-a sé bò kay- production d’identités sociales et, qui qui ne s’articule pas uniquement nou »1. De cette expression Créole, recèle une Culture particulière au sein de autour de la morphologie de la ville. nous pouvons envisager en quelque la Culture d’un pays. De ce fait, le quartier La prise en compte de la dimension sorte l’importance du quartier dans les croise les dimensions de l’identité et de politique de la construction de la ville représentations liées au territoire de l’altérité de l’Homme en société. Il est et de ses représentations est alors proximité. Ce dernier vécu comme un au sein de la ville un milieu identifiable inévitable. Car, la morphologie de la lieu approprié, un lieu conquit, construit qui dévoile de même une part de la ville, avec ces structures formelles et et transmis dans le réel et l’imaginaire morphologie et des esthétiques de la ville. informelles en affrontement parfois, des gens qui y vivent. Puisque, nous constitue les éléments de cohérences et tous avons notre et/ou nos quartiers de d’incohérences urbaines. Ces derniers référence. Eux qui, en proximité, sont qui sont les illustrations de choix des lieux de relations et des relations politiques. D’où, il est considérable aux lieux. Dès lors, remarquons que La Ville des maniaques que ce soit ces choix politiques qui de nos jours une recherche politique, de l’urbanisme : de la déterminent les rapports qu’entretiennent économique, sociale et une recherche colonisation à la créolisation… les gens avec les institutions en scientifique produit des analyses charge de la ville et des quartiers. d’échelles et de dimensions culturelles. Dans cette contribution, nous Des analyses d’efficacité et d’efficience focalisons notre regard à l’échelle du Ceci dit, cette caractérisation au sens de la performance de l’espace, quartier populaire qui, en Martinique, croisée du quartier est porteuse du temps et des relations. Il s’agit donc est l’objet de tant de mythes. Espace d’une histoire de conquête, de d’analyser les facteurs qui configurent voulu ou subi, il est « un espace où l’on construction et de transmission d’un les mouvements. Des mouvements vit et où l’on survit ». Le quartier est espace-temps relationnel. Cela en sociaux qui mènent ou mèneront à un espace de territorialisation sociale, tant que rupture territoriale (du rural à la satisfaction d’un vivre-ensemble. économique, politique et donc culturelle l’urbain) et d’espace culturel agissant à une échelle humaine que l’on dit de pour une métamorphose identitaire. be Ceci dit, le quartier est vu comme la proximité2. Cependant, il est un espace be ai cible d’un grand nombre des institutions - difficile à cerner pour celui qui ne le Cependant, la ville est résolument ai r r a a c de celles de l’État aux collectivités pratique pas, pour celui qui en a une un lieu d’affrontement. L’histoire le c ville territoriales et locales en passant par approche métrique tout juste cela. Or, révèle au gré d’une lutte de symboles ville hier les établissements publics ainsi que il est un espace-temps d’appropriation liés à la domination, à la légalité et à hier a les acteurs organisés de la société et d’expression, des symboliques et la légitimité. La ville est à la fois un a c c b / civile -. De même, il est un constat qui des relations, humaines et spirituelles. lieu qui porte les traces d’un pouvoir b / rayi dévoile la complexité de l’objet quartier ancien, mais aussi, un lieu d’exercice rayi a a k et du sujet « les gens du quartier ». Cependant, nous pouvons considérer du pouvoir en sa version actuelle. k n n an Dès lors, pour mieux cerner l’objet et que le quartier fait partie de la ville en an ly ly le sujet, nous faut-il alors regarder, terme de territorialité institutionnalisée. D’où, la ville qui est encore un 16 17 déconstruire et reconstruire ce qui a Et, en interrogeant les représentations lieu où « Domination et urbanisme ont partie liée : les Villes sont au cœur Ces acteurs sont inexorablement fondement de la construction du risque populaires en France hexagonale n’est que la considération du quartier ne l’autre, entre les gens et leurs familles. Il de la politique coloniale. Vitrine du les porteurs d’une expertise du social, économique, culturel et politique. pas hors contexte concernant la réalité soit que l’apanage d’indices tels était un espace de socialisation collective pouvoir, pôles économiques, lieux de quotidien. Une source d’informations, des quartiers populaires de Martinique. que la paupérisation, l’exclusion qui élargissait le cercle des prenants part concentrations des Européens, elles de pratiques et de savoirs utiles à Du risque de l’insalubrité Malgré tout, nous pourrions mettre en sociale et identitaire, le chômage à la socialisation primaire. Cela même qui présentent des points communs. Leur l’évolution de l’action dans les quartiers. territoriale au risque de lumière bon nombre de disparités à et la ghettoïsation. Et donc, que le renforçait les liens sociaux à considérer paysage symbolise la domination par les populations précarisées. propos des formes de manifestations d’un quartier populaire serait comme le jusque dans les liens de voisinages mesures de ségrégations visibles dans la Cependant, l’histoire des quartiers tel climat. Or, il s’agit bien là de l’approche stigmate d’un certain mal sociétal. assimilés tels des liens familiaux. morphologie (opposant ville blanche et populaires en Martinique nous instruit Nous remarquons que les quartiers développée dans certain discours officiel Ceci dit, un certain nombre de quartiers), les pratiques architecturales sur le phénomène de construction sont estimés à travers un principe de ou officieux qui ont plus ou moins pour Regard sur l’évolution mutations de cette organisation a (styles, matériaux), la distribution et la et d’aménagement spontané de précaution appliqué à une population effet de biaiser le regard sur ces quartiers. dans les quartiers populaires : entrainé le délitement de cette socialité11. qualité des équipements, les politiques lieux de résistance et de survivance. –localisée sur un territoire du risque - l’entraide et la citoyenneté. Dès lors, il fut visible une forme de municipales. (…) Les villes coloniales Dans ces quartiers et au sein de leurs appréciée elle-même comme risque. Cependant, le plus souvent ces mimétisme développant une autre constituent des creusets de populations, histoires toutes singulières se trouvent C’est cette considération d’une double dénominations (peurs de la jeunesse, Le regard que nous portons sur logique d’organisation de l’habitat et des carrefours d’influences et des lieux de donc tout un patrimoine et toute une facette du risque qui est intéressante à turbulences, violences) semblent l’évolution des quartiers populaires une autre relation avec l’environnement. bouleversement culturel et politique. »3 culture. Le quartier semble être l’échelle cette échelle d’organisation sociale. D’où véritablement étiqueter ces espaces, possède deux dimensions : L’une Cette reconfiguration12 de l’espace territoriale de référence clé en terme le questionnement : qu’est-ce qu’un avec certains de leurs temps dans structurelle relative à l’aménagement et des temps de vie entraina une Le quartier d’identification de défis urbains. Car, il quartier populaire ? Qui sont les gens la quotidienneté, comme n’étant du quartier et, l’autre humaine relative mutation des rapports de voisinage. semblerait que l’on soit d’un pays, d’une des quartiers populaires (leurs histoires, que l’unique expression d’handicaps aux relations entre les gens du quartier. Le quartier populaire en Martinique ville et d’un quartier. D’où, faut-il pour leurs économies et leurs psychologies) ? structurels de ces lieux de vie. Et En effet, il fut question d’augmenter est la résultante d’un fulgurant exode considérer à la fois le développement Quel est ce contexte socialisant qu’ils donc, est-il question d’envisager En effet, il est observable que bon l’espace autour des habitations, rural, disons un fulgurant « exode du sentiment d’appartenance et construisent et qui les construit ? ces lieux comme des anomalies de nombre de quartiers aient perdu leur son espace vitale et donc celui de la des mornes ». En effet, à la ruine des de l’identité même, considérer ces l’aménagement du territoire ? Cela structuration originelle. Prenons en famille. Il fut observable une forme usines et plantations du système des échelles de l’élargissement territorial, Pour tenter de répondre à ce entrainerait à considérer l’ « Exode des exemple, les « lakou » qui formaient les de mise en autarcie des foyers. colonies. À l’effondrement de la politique démographique et environnemental questionnement, il existe toute une mornes » comme un processus de piliers d’une organisation de l’espace- économique et de l’économie politique du Quartier à la Ville au Pays. Un Pays sémantique. Celle-ci procède à malformation du Pays qui avançait dans temps et des relations. Une organisation D’où, l’agrandissement de la coloniales, une partie du « peuple des qui construit sa singularité à travers une identification coïncidant à une la décolonisation. Une avancée qui se spatiale entrainée par l’importation d’une distance entre les habitants du mornes » vient ceinturer des Villes comme celles de ses Villes (et communes) qui territorialisation de qualificatifs, de formaliserait par la départementalisation certaine structuration, de liaisons sociales quartier. Cela pouvant s’expliquer par celle de Fort de France par exemple. elles-mêmes trouvent leurs singularités dispositifs et de dispositions qui semblent et, ensuite, la régionalisation. et de liens de solidarités du monde l’ascension sociale de certain individu Ce mouvement de déplacement à travers celles de ses quartiers. cerner ce que l’on appelle quartier rural avec le monde urbain. C’est en au sein même du quartier. Ces derniers créa en quelque sorte une marge. Là Le quartier populaire est donc au populaire. Cependant, plus souvent Dès lors, le retour de boumerang de somme, par ce phénomène que se créa n’ayant pas déserté. Mais, ayant changé où, s’installa toute une population fondement d’identités aux dimensions : que rarement dans l’entendement la politique d’aménagement du territoire la ceinture populaire de la Ville comme leur présence au sein du quartier. désœuvrée et en grande misère. La sociale, culturelle, économique et collectif des représentations et son croisement avec la politique une « mangrove urbaine »9. Cette dernière Ville se serait donc vue encerclée politique. Dans le cas de la Martinique sociales, le quartier est identifié d’immigration de l’État français a généré expression qui trouve son origine et sa D’où, l’apparition de clôture au par les stigmates révélateurs des et notamment de Fort de France, le comme un producteur de déviances7 une mutation du quartier populaire. définition entre autre au sein du travail de sein du quartier. En même temps que problématiques sociales, culturelles, quartier populaire est le lieu d’une dans un espace-temps anomique. D’où, l’émergence d’une approche assez recherche de « Serge Letchimy, urbaniste l’apparition des disparités sociales. Il économiques et politiques de cette métamorphose culturelle. Elle fomentera péjorative et discriminante des propos martiniquais dont s’est justement inspiré est cependant possible d’appréhender époque à nos jours. Encerclées une culture urbaine. Cette dernière Ce lieu dit quartier populaire d’analyse sur les quartiers. En effet, il Chamoiseau qui en a fait un concept cela comme étant une différenciation par une population qui tente de trouvant son authenticité sur la base serait donc caractérisé au fait d’une est remarquable le développement d’un théorique pour étudier, lui, les quartiers entre le fait d’habiter dans le quartier s’approprier des abords. Ceux qui de la culture rurale. Celle qui formera impudeur. Cette dernière qui se certain nombre d’acteurs se trouvant être insalubres dans leur rapport avec la ville. et celui de faire partie du quartier. constituent une périphérie centrée sur le socle patrimonial de la culture et manifeste par l’exercice de jugements pourvoyeur d’une socialisation du risque. Selon ce chercheur, l’espace urbain D’où, il existe une forme de elle-même et ainsi considérée par le des identités des « gens des mornes » de valeur et d’étiquetages. Et, c’est à Ces acteurs usent de multiples logiques est en effet une imbrication de sous- différenciation des façons de vivre le centre-ville comme une périphérie (la venus « en-ville ». Ils quittent des partir de ce type d’éléments que le quartier d’actions. Parmi ces logiques, il y en a espaces s’équilibrant et se détériorant, quartier, au sein même du quartier. ceinture populaire) impénétrable. Une espaces subis autour des habitations populaire et ses gens sont estimés deux principalement qui se trouvent être s’affranchissant en apparence des D’où, l’affirmation du quartier comme périphérie que l’on ignore en tant que et usines, ainsi que des espaces choisis comme risque. Pourtant, le quartier, de productrices de deux dimensions en contraintes naturelles, conformistes étant un espace vécu choisi et/ telle. Pourtant, elle est le centre de mais enfouis dans la promiscuité6 de part ses histoires constitutives, fut vécu tension comme nous en informe Manuel et dont l’existence est vitale au ou comme un espace vécu subi. l’intention de bon nombre de femmes et la ville (le lieu-centré). Cette culture comme le refuge ultime. Disons l’abri de BOUCHER dans son article : celles du fonctionnement de la société urbaine… »10. d’hommes décidant de rejoindre l’ « en- rurale est adaptée dans l’urgence résistance et la zone de concentration « maintien de la paix sociale » et celle de Dès lors, les « lakou » coïncidaient Toujours est-il, qu’il y eut l’apparition ville »4. Pour l’amélioration de leurs par l'acclimatation spontanée à des de coutumes, de traditions, de valeurs, l’ « émancipation démocratique ». Cette à un modèle d’aménagement qui se de disparités visibles au sein des quartiers. conditions entre misère et invisibilité. Le terres hostiles. Cette acclimatation de normes et de codes symboliques. mise en tension de ces deux dimensions structurait autour de la construction de Car, l’origine des populations eut toujours quartier est alors représenté comme une et adaptation de la culture rurale Ceci dit, « (…) dans un contexte de peurs passerait donc par la « promotion cours. Ce dernier regroupant plusieurs été diverse. Ces populations venant du posture conquise, construite et transmise semblent entrainer la métamorphose des turbulences, de la violence et des du processus d’individuation ». Un foyers. Le « Lakou » structurait alors, monde rural emportaient avec elles des spontanément. Elle (la posture) dévoile de l’identité des populations en quartiers populaires « pathologisés ». phénomène possédant un impact non dans l’aménagement de l’espace et dans identités communales et de quartiers be à nos yeux une forme d’apartheid5. exode et la construction d’une (…) Les questions d’ordre et de sécurité des moindres sur les représentations une certaine architecture de l’habitat, de l’arrière-pays. Or, cette diversité se be ai La Ville qui à l’époque, l’est encore au culture urbaine créole des quartiers. occupent une place importante dans et la réalité des quartiers et de leurs les liens sociaux constitués d’un lien de trouvait être à une époque une raison ai r r a a c sens coloniale du terme, marginalise et les préoccupations des Français. Nous gens. Le quartier étant de même un solidarité étroit et d’une entraide inscrite d’entraide et de solidarité basant les c ville ghettoïse une partie non négligeable Tout cela, nous engage donc dans vivons une crispation de la société, un des espaces de régulation sociale, est- dans l’organisation matérielle et logistique échanges et le partage de symboliques ville hier de la population localisée dans les un questionnement relatif au choix de affaiblissement du lien social générant de il non négligeable de s’interroger sur de l’espace de vie. Pour ainsi dire, cette sur l’identification, la promotion et la hier a quartiers. Cette population qui se trouve regard porté soit sur le territoire, soit la violence et installant un sentiment de les processus en exergue à ce propos. structuration permettait la configuration mise en contact de l’arrière-pays. Les a c c b / être finalement celle des travailleurs, de sur les gens de ces terres. Il (ce regard peur. Un climat pusillanime se développe d’un espace. Là où, se déroulait une quartiers populaires autour de l’en-ville b / ayi la main d’œuvre et des artistes entre choisi) engage la problématisation accompagnant une forte demande de Car, il semble s’agir d’une stratégie bonne partie de l’exercice des tâches constituaient un lien et un sas entre les ayi r r a a k autres. Aujourd’hui, il est possible d’y du traitement des symptômes et/ou sécurité de la part de l’opinion publique. qui complexifierait les problématiques quotidiennes et des loisirs à l’extérieur de lieux et les espaces du Pays. Les gens k n n an croiser une multiplicité d’acteurs (tel des causes profondes des inégalités La perception des problèmes de sécurité sociales et identitaires de ces espaces l’habitacle du foyer. Le « lakou » était alors de ces lieux arrivaient en ville avec leurs an ly ly que les travailleurs sociaux, ceux de sociales d’une société ethno-classée. est une des questions essentielles de la et de leurs populations respectives. un espace d’échanges et de partages. ingénieries artisanales. Et, ils étaient de 18 19 l’éducation et ceux de l’artisanat). D’où la nécessité de faire un choix sur le vie urbaine. »8 Cette réalité des quartiers Pour ainsi dire, nous pourrions estimer D’une part, entre les zones rurales, et de même porteur d’un lien ressource avec

Description:
Imm. La Varangue - 36 Bd Amilcar Cabral - 97200 Fort de France. Directeur . Premières opérations de Résorption de l'habitat Insalubre. A partir de
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