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Religious Minorities, Integration and the State PDF

230 Pages·2016·2.702 MB·English
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RELIGIOUS MINORITIES, INTEGRATION AND THE STATE ÉTAT, MINORITÉS RELIGIEUSES ET INTÉGRATION Religion and Law in Medieval Christian and Muslim Societies 6 Series Editor John Tolan Editorial Board: Camilla Adang, Tel Aviv University Nora Berend, Cambridge University Nicolas De Lange, Cambridge University Maribel Fierro, Consejo Superior de Investigaciones Científicas Christian Müller, Institut de Recherches et d’Histoire des Textes, Centre National de la Recherche Scientifique Kenneth Pennington, Catholic University of America Cette publication est réalisée dans le cadre du projet de recherche RELMIN « Le statut légal des minorités religieuses dans l’espace Euro-méditerranéen (ve – xve siècles) » La recherche qui a abouti à cette publication a été financée par le Conseil européen de la recherche sous le septième programme cadre de l’Union Européenne (FP7/2007‒2013) / ERC contrat no 249416. This publication is part of the research project RELMIN ““The Legal Status of Religious Minorities in the Euro-Mediterranean World (5th – 15th centuries)” The research leading to this publication has received funding from the European Research Council under the European Union’s Seventh Framework Progamme (FP7/2007‒2013) /ERC grant agreement no 249416. Cette publication a reçu le soutien du projet de recherche Dynamiques Citoyennes en Europe (DCIE), financé par la région Pays de la Loire. Il a reçu le soutien également des universités du Mans et de Nantes, du CIERL (Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité, ULB) et le Zentrum für Mittelmeerstudien de l’Université de Bochum. © BREPOLS PUBLISHERS THIS DOCUMENT MAY BE PRINTED FOR PRIVATE USE ONLY. IT MAY NOT BE DISTRIBUTED WITHOUT PERMISSION OF THE PUBLISHER. RELIGIOUS MINORITIES, INTEGRATION AND THE STATE ÉTAT, MINORITÉS RELIGIEUSES ET INTÉGRATION Edited by Ivan Jablonka, Nikolas Jaspert, Jean-Philippe Schreiber & John Tolan F Relmin is supported by the European Research Council, under the EU 7th Framework Programme. Relmin est financé par le Conseil Européen de la Recherche, sous le 7ème Programme Cadre de l’Union Européenne. © 2016, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publica tion may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior pe rmission of the publisher. D/2016/0095/133 ISBN 978-2-503-56499-9 Printed in the EU on acid-free paper. © BREPOLS PUBLISHERS THIS DOCUMENT MAY BE PRINTED FOR PRIVATE USE ONLY. IT MAY NOT BE DISTRIBUTED WITHOUT PERMISSION OF THE PUBLISHER. TABLE OF CONTENTS Ivan Jablonka, Intégrer les minorités 7 L’ÉVOLUTION DU STATUT LÉGAL DES MINORITÉS JUIVES: THE EVOLUTION OF JEWISH LEGAL STATUS 17 Sean Eisen Murphy, A Minority both Jewish and Christian: The Condemnation of Religious ‘Mixing’ in European Law, c. 1100–c. 1300 19 Pierre Savy, Les « politiques juives » en Italie du Nord avant les ghettos 35 Vincent Vilmain, L’ethnicisation du judaïsme français de la Belle Époque aux années 1920 49 Nora Berend, L’État et les juifs en Hongrie : deux modèles, du xie au xxie siècle 59 J. M. Bak, Assimilation Projects and Their (Relative) Failure: The Case of Some Middle-Class Budapest Jews 73 LES MINORITÉS MUSULMANES DANS L’ÉTAT: MUSLIM MINORITIES IN THE STATE 83 Mikhail Dmitriev, Muslims in Muscovy (Fifteenth through Seventeenth centuries): Integration or Exclusion ? 85 Nicolas Kazarian, L’évolution du paradigme minoritaire des musulmans de Chypre dans la construction de la République de Chypre (1960) 103 Jérémy Guedj, Encadrer les identités ? L’État, les « Français musulmans d’Algérie » et la politique d’assimilation en France métropolitaine (1945‒1962) 119 6 TABLE OF CONTENTS Rania Hanafi, L’islam des étudiantes de Bordeaux et d’ailleurs : Une sororité à l’épreuve 139 LES MINORITÉS RELIGIEUSES DANS LES PROCESSUS DE CONSTRUCTION NATIONALE: RELIGIOUS MINORITIES AND STATE FORMATION 151 Ahmed Oulddali, Être polythéiste en terre d’islam (viie–ixe siècles) 153 Ferenc Tóth, Les minorités ethniques et religieuses de l’Empire otto- man vues par un écrivain voyageur : les Mémoires de François de Tott (1733‒1793) 167 Didier Boisson, Les débats entre État, Église catholique et Églises réformées autour de l’édit de tolérance de 1787 179 Appendice : Conférence entre le frère Pancrace, capucin, le docteur Hoth-Man, ministre protestant, et Me Robino, avocat au parlement de Paris 189 Jean-Pierre Chantin, Lorsque l’État français ne reconnaît pas tous les cultes : Les dissidences chrétiennes dans le régime concordataire français (1802‒1905) 207 Nikolas Jaspert and John Tolan, Conclusion 215 © BREPOLS PUBLISHERS THIS DOCUMENT MAY BE PRINTED FOR PRIVATE USE ONLY. IT MAY NOT BE DISTRIBUTED WITHOUT PERMISSION OF THE PUBLISHER. INTÉGRER LES MINORITÉS Ivan Jablonka Université Sorbonne Paris Cité Judaïsme, christianisme, islam ont en Europe une histoire millénaire. Ces mo- nothéismes se différencient par leur poids respectif, par les moments de leur ins- cription sur le continent et par leurs inégaux rapports avec le pouvoir : le chris- tianisme a été adopté par un très grand nombre d’habitants et est devenu – avec d’importantes variations selon les lieux et les époques – une religion officielle, faisant face, dès lors, à des religions minoritaires. La structuration du continent en États et la division du christianisme lui-même, entre le Moyen Âge et le xvie siècle, ont placé les minorités dans une situation souvent instable et douloureuse. Ainsi s’expliquent, pour partie, la lutte contre les « hérésies », les guerres de religion, l’expulsion des Juifs de plusieurs royaumes européens (et aussi l’expul- sion de Musulmans de la Sicile et de la péninsule ibérique), l’implantation des protestants en Irlande, l’exil des huguenots, la « question juive » au xixe siècle et jusqu’à la Shoah. C’est ce passé que réveille, depuis la fin du xxe siècle, le débat sur la place de l’islam et les manières de manifester sa foi dans l’espace public. Cet ouvrage se propose d’étudier la manière dont les États (entendus comme un principe de souveraineté territoriale, une puissance publique, un gouverne- ment et une administration centrale) ont traité leurs minorités religieuses. La variété des attitudes étatiques – répression, encadrement, intégration, tolérance, laïcité, indifférence – demande à être mise au jour, comme les manières dont les minorités ont accueilli les exigences de la majorité. La relation n’est pas unilaté- rale : elle ne se résout pas dans la tentative, par l’État, d’absorber une minorité. La persécution, le rejet, l’utilisation, la volonté de domestication peuvent donner naissance à des phénomènes de résistance, des négociations (légales, judiciaires, symboliques, etc.) ou encore des accommodements. À l’aide d’exemples précis et originaux, on tentera de voir comment les ac- teurs – États, institutions religieuses, élites, fidèles – interagissent, tentent de se convaincre, s’influencent pour transformer des pratiques, mettre au point des normes communes et inventer un terrain d’entente, sachant que la dimension confessionnelle des majorités et des minorités « religieuses » n’embrasse pas la totalité de l’identité de chaque citoyen. Cette histoire ponctuée de méfiances et d’alliances, d’intérêts convergents ou divergents, de conflits et de réconciliations, est encore à l’œuvre, ce qui rend 8 IvAn JAbLonkA d’autant plus délicate son appréhension. Ceux parmi les hommes politiques, les journalistes et les intellectuels qui évoquent les « racines chrétiennes de l’Eu- rope » ou son « patrimoine judéo-chrétien » ne tiennent pas compte de la complexité des faits. Le phénomène de sécularisation – non linéaire et non mo- nolithique –, comme le principe de séparation du politique et du religieux, ont introduit des paramètres inédits dans la gestion publique des cultes et des diffé- rentes formes d’expression culturelle. Il importe d’en saisir toutes les dimensions. Il va de soi que la notion de « minorité religieuse » doit être relativisée et bien comprise. Dans nos sociétés contemporaines dites « multiculturelles », les registres ethniques, culturels et religieux sont de plus en plus mêlés. Par ailleurs, la sécularisation des minorités religieuses, portée par des formes d’expression plus larges que la seule religion, est une réalité. Il ne s’agit donc pas de figer dans des identités collectives essentiellement religieuses une supposée majorité et des sup- posées minorités. Cet ouvrage veut plutôt apporter un éclairage à la fois critique et constructif aux concepts fondamentaux de « minorité », d’« identité » et d’« intégration ». Intégrations Le terme d’« intégration » suscite une certaine méfiance à cause de son caractère flou, galvaudé, et de sa dimension ethnocentrique. Pourtant, nous l’employons. « Juif assimilé », « colonies assimilées à la métropole », « intégration des im- migrés », de telles expressions peuplent le langage courant et même les sciences sociales. or elles sont contradictoires : si un Juif est « assimilé », pourquoi pré- cise-t-on encore qu’il est juif ? Si l’on éprouve le besoin de faire cette précision, n’est-ce pas qu’il n’est pas complètement « assimilé » ? Par ailleurs, la signifi- cation du terme est si intuitive qu’on omet toujours de la préciser. Qu’est-ce un immigré « bien intégré » ? Tout le monde a son idée sur la question. Pourtant, l’intégration représente une question historique de première im- portance. Abdelmalek Sayad lui-même ne remet pas en cause le fait qu’il y a un « processus d’intégration » ; il est seu lement naïf de croire qu’il peut être pro- voqué par des politiques volontaristes et qu’il est harmonieux, indemne de tout conflit1. Y aurait-il un partage idéologiq ue ? Si la droite plébiscite les « politiques d’assimilation » (coloniales, nationale s, souverainistes), la gauche antiraciste se reconnaît dans les « processus d’intégr ation » spontanés (le creuset républicain fonctionne naturellement, les immigré s vont s’intégrer à terme, etc.). Il est donc urgent de clarifier le vocabulaire. 1 Abdelmalek Sayad, « Qu’est-ce que l’intégratio n ? », Hommes et Migrations, no 1182, décembre 1994, p. 8‒14. © BREPOLS PUBLISHERS THIS DOCUMENT MAY BE PRINTED FOR PRIVATE USE ONLY. IT MAY NOT BE DISTRIBUTED WITHOUT PERMISSION OF THE PUBLISHER. InTÉgrEr LES MInorITÉS 9 Dans les années 1990, après que l’« intégration » est devenue le nouveau credo républicain, des chercheurs se sont efforcés de dégager la spécificité du vocable. Pour Jacqueline Costa-Leroux, elle est une « dynamique d’échange et de solidarité » qui, faisant la part des droits et des devoirs, vise à construire col- lectivement la citoyenneté2. Dans son premier rapport, intitulé Pour un modèle français d’intégration, le Haut Conseil à l’intégration (HCI) écrit qu’elle est un « processus spécifique » capable de « susciter la participation active à la socié- té nationale d’éléments variés et différents ». Il s’agit de « rendre solidaires les différentes composantes ethniques et culturelles de notre société et de donner à chacun, quelle que soit son origine, la possibilité de vivre dans cette société dont il a accepté les règles et dont il devient un élément constituant »3. Dans La France de l’intégration, Dominique Schnapper définit l’intégration comme les diverses formes de participation à la société « par l’activité profes- sionnelle, l’apprentissage des normes de consommation matérielle, l’adoption des comportements familiaux et culturels ». Mais elle critique aussitôt la triple imprécision du terme : il désigne à la fois un processus et un état ; il caractérise à la fois un individu et la société dans son ensemble ; il est difficile de distinguer le sens quantitatif et la normativité. récusant les autres termes (« assimilation », « transculturation », « adaptation », « insertion »), elle donne la préséance au concept neutre d’« acculturation », qui véhicule l’idée d’un processus et d’une élaboration culturelle commune4. L’intégration-droit ou l’émancipation de l’individu Dans son sens le plus trivial, l’intégration renvoie à une appartenance de groupe. Mais, pour éviter de réduire la notion à une simple sociabilité, on considérera que l’intégration de l’individu (défini de manière générique, mais différencié par son sexe, son âge ou son statut légal) dépend de la place qui lui est reconnue dans la cité. Il ne s’agit pas tant de posséder des biens, fraction de la richesse commune, que des droits. Trois types de droits – civils, politiques et sociaux – témoignent, au sens fort, d’une participation à la vie collective. Ces droits, attachés à la personne, traduisent une intégration, une existence sociale, parce qu’ils manifestent respec- tivement une civilité, une souveraineté et une solidarité. Leur avènement constitue un processus historique par lequel chaque être humain devient un sujet autonome. 2 Jacqueline Costa-Lascoux, « L’intégration à la française : une philosophie, des lois », in Philippe Dewitte (dir.), Immigration et intégration. L’état des savoirs, La Découverte, 1999, p. 328‒340. 3 Haut Conseil à l’intégration, Rapport au Premier Ministre. Pour un modèle français d’intégration. Premier rapport annuel, Paris, La Documentation française, 1991, p. 18. 4 Dominique Schnapper, La France de l’intégration. Sociologie de la nation en 1990, gallimard, coll. « bibliothèque des sciences humaines », 1991, p. 95‒99. 10 IvAn JAbLonkA L’égalité civile implique la disparition des distinctions (source de discri- minations) attachées au sexe, à la naissance, à la profession ou à la religion des personnes – serfs et mainmortables, moines et comédiens, protestants et Juifs, femmes et bâtards, etc. Dans le domaine de l’enfance, la révolution a moins sup- primé les inégalités civiles qu’elle n’en a déplacé les frontières. Ainsi, en juin 1793, la Convention décrète que « les enfants nés hors le mariage succéderont à leurs père et mère », mais seuls les bâtards reconnus formellement jouiront de cette intégration ; les enfants naturels non reconnus, ainsi que les adultérins et les in- cestueux, relèvent de la fille-mère ou de la charité publique. Le droit de suffrage, par lequel le citoyen est admis à la définition de l’inté- rêt général, confère une parcelle de souveraineté, mais il sanctionne aussi une appartenance. En France, la « démocratie d’intégration », fondée sur un impé- ratif d’inclusion sociale, est en place dès 1788‒1789, bien avant la « démocratie gouvernante » comme régime : le règlement de convocation des États généraux (24 janvier 1789) édicte des conditions bien moins restrictives que la Constitution de 1791. De même, sous la Deuxième république, le suffrage universel est moins une technique du pouvoir populaire qu’un « sacrement de l’unité sociale », un cérémonial de l’inclusion. La fête de la fraternité, célébrée à Paris le 20 avril 1848 en présence d’un million de personnes, est le pendant de la fête de la Fédération, symbole d’une révolution heureuse et encore consensuelle5. Les progrès sociaux (assistance médicale gratuite, secours aux vieillards et aux infirmes, contrat de travail, indemnisation des accidents du travail, retraites ouvrières et paysannes) entre 1870 et 1914 et le développement des assurances sociales à partir de la fin des années 1920 fondent un droit, celui d’être protégé par la collectivité contre les risques. La création de la Sécurité sociale, au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, finit d’envelopper l’individu dans un réseau de protections. En suivant le fil de ces transformations, on peut donc affirmer que, du fait de la généralisation des droits politiques et sociaux entre la révolution française et les Trente glorieuses, l’individu est de plus en plus intégré. Ce mouve- ment centripète a surtout profité aux po pulations les plus marginales, par exemple les ouvriers, qualifiés de « barbares » p ar les conservateurs des années 1830. À partir des années 1970, la crise é conomique a remis en cause ce modèle. Le chômage de masse a entraîné le déc lin des politiques sociales universelles et le morcellement de l’État-providence, contraint d’assister des individus frappés par des accidents de la vie accumulés. D ans le dernier tiers du xxe siècle, explique robert Castel, les « politiques d’intég ration » (menées dans un cadre national, avec pour objectif d’homogénéiser la s ociété à partir du centre, elles consistent 5 Pierre rosanvallon, Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, Paris, gallimard, 1992, passim, notamment p. 376 et p. 600. © BREPOLS PUBLISHERS THIS DOCUMENT MAY BE PRINTED FOR PRIVATE USE ONLY. IT MAY NOT BE DISTRIBUTED WITHOUT PERMISSION OF THE PUBLISHER.

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