NOTES pour LA CLEF DES SONGES I L a c o n n a i s s a n c e d e s 0 i î. La famille et son Hôte 2. Un animal Eros 3. L'un et 1 infini 4. Sagesse du corps et action de Dieu 5. A docile serviteur violent ou corps, t et égo 6. du ou à Freud '17 . et manifestations de Dieu 8. libre arbitre 9. Expérience mystique et connaissance de soi ou la gangue et l'or II L a c o n n a i s s a n c e s p i r i t u e 1 1 e 10. De la trique céleste et du faux respect 11. Miracles et raison 12. re et obédience 13. et connaissance 14. Mathématique et impondérables III L a c o n n a i s s a n c e r e l i g i e u s e 15. de Dieu 16. , foi et expérience 17. L'enfant et le mystique 18. La "Grande Révolution Cul turelle11 sera déclenchée par Dieu 19. Dieu constamment se cache ou l'intime conviction 20. Marcel Légaut ou la pâte et le levain 21. Les apôtres sont faillibles ou la grâce et la liberté 22. Mon ami le bon Dieu ou Providence et foi 23. Mission et ou Jésus créateur ( 1) 24. Mission et karma ou l'apprenti et le Maitre 25. ( 2) ou expression et conception d'une mission 26. créateurs 27. Quand vous aurez compris la leçon ou la Grande Farce de Dieu 28. L'enfer chrétien ou la peur de mourir 29. Dieu ou le Juge et sa 30. La Providence invention ou découverte ? 31. Dieu n'est pas une assurance tous-risques ou sens et interprétation 1) Trouver un sens est un travail créateur 2) Dieu n'informe pas, il 3) Une a u t r e foi ou l'Inconnu et l'Inconnaissable 4) La question inaperçue ou les gros sabots 32. Eros et (1) ou le et l'essentiel 33. Eros et ( 2) ou la chair et la Sainte 34. Eros et (3) ou l'élan et l'âme 35. La grande Mutation ou les et leur mission _'.:!,'"o . Les grands Novateurs et leurs messages La grande Crise Evolutionniste ou un tour dans l'hélice 38. Bouddha ou Jésus ? ou la fausse question IV C r é a t i o n e t r e p r e s s i o n 39. L'enfant créateur ( 1) ou la découverte du monde 40. L'enfant et son dressage ou le visiteur malvenu 41. Présence et de Dieu ou la double humaine 42. Jésus recrucifié ou l'être face au Groupe 43. Les deux versants du "Mal" ou la maladie d'enfance 44. Impensable Mai 68 ou la répétition générale 45. L'enfant créateur (2) ou le champ de forces 46. La fication ou la création et la honte Le "style recherche" ou forme nouvelle au service d'un esprit 48. Création et maturation (1) les "dons!! apparaissent en créant Création et maturation (2) point n'est besoin de "dons11 pour créer 50. Création et maturation ( 3) "dons" et charisme V c 1 i c h é s e t s p i r i t u a l i t e 51. Les clichés du spirituel ( 1) : haro sur l'erreur et sur l'ignorance 52. Les clichés du spirituel (2) : haro sur le doute et sur l'assurance 53. Les bêtes noires du Maitre (1) ou haro sur le travail de la pensée 54. Les bêtes noires du Maitre (2) ou le refus de devenir 55. Les bêtes noires du Maitre (3) ou haro sur le désir 56. "Le Malin" et la grâce ou la Sainte et le bon Dieu 57. La Loi, le discours et le Bruit : un cycle millénaire se clôt ... Notes pour le chapitre VII de La Clef des Songes ou Les Mutants 1. Fujii Guruji 58. Qui est 11moi" ? ou la démission 59. La force d'humilité 60. Fu i Guruji (1) ou le sens de l'essentiel 61. Fu Guruji ( 2) ou le don 62. Que notre prière soit chant ... 63. Les visiteurs sans bagages 64. Filiation et croissance d'une mission (Nichiren et Guruji) 65. Le bilan de la foi ou les voies 66. La rencontre ou le don de presence (Gandhi et Guruji) 2. Gandhi 67. Le Mahatma en uniforme ou hommage au non-soldat inconnu 68. Les deux grandeurs ou épopée et vérité 69. Des armes et du silence ou le tomber du rideau 70. L'exécution du soldat Solvic ou le crime des justes 71. Le saint et ses failles ou le paradoxe du mutant 72. "Formation humaine" - et "Solution finale" ! 73. Tous les hommes sont faillibles ou la percée 3. Walt Whitman et ses amis Richard Maurice Bucke ou le prophète de l' "au t r e réalité" 75. Le des béquilles et le temps pour marcher (E. Carpenter et M. Légaut) 76. Walt Whitman ( 1) ou mariage d'un poète 77. Walt Whitman (2) ou Eros et l'Union Deux Prométhées pour une Mission ou des chiens, des chats et des hommes 79. Râmakrishna ou le de la Mère et d1Eros 80. Walt Whitman (3) ou prédiction et vision 81. Les ancêtres de l'homme - ou en route vers le Royaume 82. nconnaissance cosmique" et conditionnement 83. Le Créateur et la Présence ou le double visage 84. Invisibles semences ou les clefs du Royaume 4. Le ballet des mutants (1) 85. Les mutants (1) : le ballet des mutants% Hahnemann et Riemann 86. Les mutants (2) : la science le (R. Steiner, T. de Chardin) Teilhard et Légaut ou la Parousie mal barrée 88. Les mutants (3) : un vent de justice et de liberté (P.A. Kropotkine et A .S. Neill) 5 . A • S • Ne i 11 89. Neill et l' ou la , et l'être 90. Neill et le ou le comme message 91. La démocratie directe de Makarenko à Neill ou : dans le citoyen réveiller l' homme 92. Neill et le Message ou le miracle de la liberté 93. L'éducation sans suggestion ? ou éducation et connaissance de soi 94. Neill et le bombardier ou le-bonheur-à-gogo et l' autre dimension 95. Summerhill ou l'étuve, et le grand large .•. 6. Edward Carpenter 96. Edward Carpenter ( 1) ou le regard d'enfant 97. Edward Carpenter (2) ou enterrement et métamorphoses d'un vivant 98. De Whitman-le-père à Carpenter-le-fils ou l'épopée et la Poubelle du Progrès 99. Eclosion du B.A. Ba du sexe ou apprendre que la terre est ronde ... 100. Le B.A.BA du sexe (en cinq couplets) A) Le sexe est partout B) Problématique du sexe vivre le sexe demande du discernement C) Rôle du sexe : "faire l'amour" est une création D) Nous sommes tous des "homo" qui s'ignorent E) Le sexe dans l'éducation : les deux éclairages 101. L'affection dans l'éducation, c'est la révolution 102. Phares dans la nuit ou l'attachement et la liberté 7. Félix Carrasquer 103. Félix Carrasquer ( 1) éclosion d'une mission 104. Félix Carrasquer (2) l'essor 105. Félix Carrasquer (3) l'école autogérée, école de liberté 106. Félix Carrasquer (4) liberté-Summerhill et liberté-Vallespir-Monzon 107. Félix Carrasquer (5) le temps des moissons 108. Nul n'est prophète parmi les siens 109. Education et acte de foi 110. Le nouvel esprit de l'éducation 8. Le ballet des mutants (2) 111. Les mutants (4) : nous sommes tous des mutants en puissance 112. Les mutants (5) : l'éventail des mutants - ou diversité et grandeur 113. Les lieux communs des saints 114. Les mutants (6) : les mutants et le sexe - ou l'homme pleinement libre n'est d'aujourd'hui ni de hier 9. Solvic 115. Sol vie ( 1) ou la grandeur nue 116. Sol vie ( 2) ou la merveille du calvaire 117. Solvic ( 3) ou le semeur et le vent et la pluie 118. Le roc dans les sables ou moral iotique et peur du flic 119. Passation d'une mission ou le "spirituel" devant les drapeaux 120. Mission de paix et travail missionnaire ou l'essentiel et l'accessoire 121. Les mutants (7) : Freud ou le courage de la lucidité 10. Les deux messies (Steiner, Krishnamurti) 122. Fantasmagories d'un voyant ou voyai\Ce et spiritualité 123. ou une marraine pour deux messies 1 et (1) R. Steiner et la science de demain 125. et le grain (2) Krishnamurti ou ion d'une mission 126. et le grain (3) Krishnamurti un bilan 127. Un ignore le sourire ou humour et spiritualité 128. tentation" ou mutilation d'un sanyasi 129. présence et souvenir ou la ité est un don sans cesse renouvelé .•• 1 , ou connaissance infuse ? ou n1 'énigme Krishnamurti" 131. Connaissance latente et connaissance active ou le piédestal et le don 11. Le ballet des mutants (3) 132. Les mutants (8) : les mutants et la connaissance de soi 133. Les mutants (9) : les mutants et les soeurs ennemies 1 . Les mutants (10) : la réconciliation 135. Les mutants ( 11) : les mutants et la crise de civilisation ou de l'homme malade et de sa guérison 136. Les mutants (12) : les mutants et la grande espérance 12. Trois penseurs (Darwin, Freud, Légaut) 137. Le soleil est le centre ou les penseurs-mutants . 1 L'Eclaireur 139. Darwin ou l'Aventure de l'espèce 140. Freud ( 1 ) l'Inconscient ou découverte de la Maison de Fous 141. Freud ( 2) Eros est ou les acrobates et le guerrier 142. Freud ( 3) Le rêve, messager de l'Inconscient ou la cosse et le fruit 143. Freud (4) refoulement, résistances et jeux d'idiots ... 144. Freud ( 5) pulsion incestueuse et sublimation 145. Freud ( 6) tous les reves ont un sens ou le grand secret N 1 N 0 T E S pour LA CLEF DES SONGES ( 1) La " Îamille" et son Hôte ( 3 ) ( *) L •image-archétype de 1 • " e n Î a n t " désigne non la totalité de l'âme, mais elle en incarne un certain qui vit en chacun de nous, le plus souvent rélégué impitoyablement à l'ombre par le "moi" (alias '' 1 e p a - t r o nn). L'enÎant incarne l'innocence (que n'alourdit aucun savoir ... ), la spontanéité insouciante d'elle-même, la curiosité des sens et de l'intelligence bien souvent, et parÎois sacrilège .•• ). L'enÎant apprend , comme il respire et boit et mange et assimile, sans &alourdir ni cesser d' enÎant ... Cette image de l'enÎant a fait surface en moi progressivement, dans les deux ou trois ans qui ont suivi les "retrouvailles" dont je ici. Elle est devenue pleinement consciente et explicite en 1979, avec ma première réflexion philosophi que systématique, sur la force d'Eros dans les processus créateurs, et sur l'étreinte créatrice, dans toutes choses, des forces et qualités cosmiques origi nelles du "féminin" (ou "yin") et du "masculinn (ou "yangn). Il est dans la nature de l'enfant de s'élancer à la rencontre de l a M è r e, le Monde. Et son élan est nourri par la pulsion d' Er o s, l'énergie qui le meut est celle d'Eros. Aussi avais-je tendance à confondre l'enfant et Eros, jusqu'à tout récemment encore. J'ai été détrompé seulement par l'ensemble des n métaphysiquesn qui me sont venus en début d'année. C'est eux ont attiré mon attention sur la réalité d'essence s p i r i t u e 1 1 e qu'est l' (à laquelle jusque là je n'avais jamais vraiment songe et sur cette ! ) ' essentielle de l'enfant. Eros, lui, n'est pas d'essence tuelle mais animale. ( a bien bouleversé ma vision des choses ! Cependant, la charnelle et l'amour charnel sont des paraboles éternelles pour la ité tuelle et pour l'amour au niveau spirituel.) Dans mes rêves, Eros n' 2 jamais sous forme humaine, mais sous forme d'animaux ( ) : chien ou chat le souvent, le chien incarnant l'aspect impétueux, insatiable, affamé d'Eros, et le chat l'aspect complémentaire : lascif, souple, velouté mais gare aux griffes... ! Ces mêmes rêves ont mis aussi en relieÎ une autre personniÎication de l'âme, que j'avais eu tendance à ne guère voir ou à oublier tout-à-fait : tout comme (*) Voir renvoi a la présente note dans la section n° 1 page 1. N 2 l'enfant représente l'éternelle jeunesse, l'innocence en nous, ainsi 1 ' es - prit représente l'âge, la le savoir (spirituel), et surtout, la r e s p o n s a b i 1 i t e pour nos actes et pour la conduite de notre vie. Sous le nom l' " o u v r i e r " l'avais dé depuis sept ou huit ans, mais avais une tandance à le confondre avec l'enfant (*).Mais son vrai rôle vis-à-vis de l'enfant est celui de p e r e adoptif de celui qui veille à ses besoins et l'occasion l'exige, le reprend avec affection et avec toute la nécessaire. C'est que n'avais pas compris encore qu'il y a, dans l"'entreprise familiale" qu'est la psyché, un "Chef" institué, un m a i t r e d e m a i s o n et que ce maitre n'est nullement le "moi" (et soi-disant "patron'' !), chargé seulement (quand il n'outrepasse ses fonctions) des d'intendance (et qu'il vaudrait mieux dès lors 1 111 in te n - dan t "),ni Eros, ni l'enfant, mais bien l'esprit (alias l'ouvrier). Il est vrai que dans cette famille, si souvent désunie, il est plus que rare que l'esprit assume ce qui lui incombe. Le plus souvent c'est l'intendant qui joue les maîtres (souvent en pavoisant "esprit"), quand ce ne sont les chiens et les chats pardon, ''Eros" il fallait lire, ou les deux a la fois qui chacun fait la loi et l'impose tant bien que mal, et à hue et à dia ! Chez moi le môme aussi avait ses volont~(et de trois !), et mime, chiens, chats, intendant ils faisaient la nouba y avait que le maître de maison qu'on voyait pas ! J'ai bien eu l'impression que dans la littérature religieuse chrétienne, le terme "esprit" le plus souvent bien autre qhose que 11 esprit d e l ' h o m m e ce de maison si souvent démissionnaire, mais 11 es p ri t d e D i e u présent et dans la , sans pourtout en faire par- 3 tie c ). Je l'appellerais "Dieu 11 Il m' comme un Etre de • (*) Pourtant, sentais bien qu'"enfant'' et "ouvrier" étaient des aspects diffé rents, complémentaires, d'une même entité dans la psyché, représenterait "la force créatrice" dans l'homme. Mais s'il m'avait fallu nommer cette force, le nom qui me serait venu alors était celui d'Eros, et non "l' n. Même après le pre mier rêve (en décembre 1986) qui attirait mon attention sur l'âme dans ce par une femme), je n'ai pas songé encore à enfant-ouvrier (ou enfant-esprit) une des l'âme (absente quasiment de mon vocabulaire !). C'est que ne doutais pas qu'Eros, inclut la pulsion de connaissance au niveau intellectuel et artistique (voir la note de b. de p. précédente), inclut également la force plus déliée active au niveau , que je ne distinguais alors que très confusément. Je ne sais si une réflexion même approfondie à ce sujet aurait pu, à elle seule, me détromper. Si j'ai été détrompé, ce n'est pas par une réflexion "métaphysique!! n'eût ja- mais lieu, mais par les révélations me venant de mes ''rêves métaphysiques11 • N 3 même espece ou essence quel' (qui est "esprit" tout comme Lui), mais d'une magnitude infiniment supérieure à elle. On peut le voir comme un Hôte permanent et discret dans la maison familiale, de très haut rang (à dire le moins !) et qui , paradoxalement, passe presque toujours inaperçu. Il y habite, loin de tout regard, dans les plus profonds souterrains ce qui ne L' pas, en chaque instant, de voir en un tableau animé et complet tout ce qui s'y passe, les aux caves. C'est de ces mêmes lieux et quand Il le juge bon, qu'Il parle et qu'Il dans la maison dont Il est hôte. Et quand Il parle, c'est toujours (m'a-t-il semblé) au maitre de maison, à l'esprit, qu'il s'adresse. Le plus souvent d'ailleurs, celui-ci fait la sourde oreille, au point que souvent m'étonne que Dieu ne se lasse de lui faire signe de mille façons. J'aurai ample occasion d'y revenir encore, à cette surdité étrange •.. J'aurai ample occasion aussi de parler de ma découverte progressive, au cours des dix ou onze années écoulées, de cet Hôte invisible dans la maison. Je l'ai d'abord connu comme le R ê v e u r , le Créateur des , dont il sera beaucoup question dans ce livre. Qu'il me suffise pour l'instant d'ajouter que pour les processus et actes s'accomplissant dans la psyché et provenant des cou ches profondes, il est très difficile souvent, voire impossible, de dire quelle est la de Dieu, quelle celle de l' . De plus en plus, cependant, j'aurais tendance à voir l'initiative décisive des processus et actes créateurs, et la force de renouvellement qui est en eux, comme provenant de Dieu. Le rôle de l'âme, et surtout de l'esprit en est l'instance dirigeante, m'apparaît surtout comme celui d'un a c q u i è s c e m e n t plus ou moins complet, plus ou moins actif aux desseins et suggestions de Dieu, d'une c o 1 1 ab or a t ion plus ou moins empressée et intense avec ceux-ci. Je suis persuadé qu'il en est ainsi tout au moins au niveau spirituel, et que dans chacun des nombreux ''seuils" que l'âme doit franchir sur le long chemin de la connaissance, l'action de Dieu (alors qu'elle reste le plus souvent ignorée) est 1 a force décisive pour passer d'un niveau de conscience au niveau supérieur. (4 Puisque je me suis r à faire la présentation des princi- paux membres de la "petite famille", sans 1 'Hôte discret et invisible des demeures souterraines, voudrais y joindre encore un dernier, laissé pour compte hier : le c o r p s . J'ai souvent tendance à l'oublier, ce grand muet, quand je passe en revue les personnages qui s'agitent et s'affrontent dans la psyché. Ce faisant, je ne N 4 fais que cèder à un présupposé culturel, qui a tendance à faire une séparation nette entre d'une part le corps bien et de l'autre l'insaisissable psy- l'habite et l'anime. Pourtant, mes me l' autrement. Le corps n'y est pas habitat ou demeure, mais bien un personnage aussi. Et certes, comme les autres quatre membres de famille dont parlais hier, le corps a ses (humbles) besoins, sa (opiniâtre), sa voix (rarement ..• ) • Et aussi et surtout, une connaissance, une s a g e s s e sagesse le, sagesse sans mots, efficace et puissante, qui souvent m'a semblé de très loin le maigre savoir du maitre de maison (alias 1'11esprit11 comme celui de ), 4 l'intendant c ). Cédant aux mêmes consensus culturels, il m'est arr aussi de confondre 11le corps11 (vu comme force ou comme voix en oeuvre dans la psyché) avec Eros. A présent, verrais plutôt Eros comme un arbre vigoureux (ou qui devrait l'être •.• ), plongeant ses racines dans le riche et délicat terreau du corps. Mais le terreau n'est pas inépuisable, et si l'arbre prolifère de façon incontrôlée, le terreau s'épuise, et finalement l'arbre lui-même dépérit, et sa ramure, et toute la profusion de vie qu'elle porte. Le corps se distingue des autres "personnages" psychiques par le fait qu1il se manifeste par une incarnation matérielle et organique tangible. Par là-même, il est aussi 1 1 in s t rumen t par excellence de la psyché, tant pour appréhender le monde extérieur par les sens, que pour agir sur lui. Mais nous ne pouvons pas plus séparer l'instrument de la psyché dont il fait véritablement , que nous ne pouvons separer les mains, instruments du corps, de ce corps dont elles font partie. L'enracinement d1Eros dans le corps, ou l'enracinement de la psyché toute entière, se situe, à n'en pas douter, dans les couches profondes, demeure de 1 'Hôte. C'est là, très loin du regard de l.'.homme, que se nouent et se dénouent les relations délicates et profondes entre le corps et la psyché dans son ensem- sans compter l'HÔte invisible et mystérieux qui, y à sa • Et il est hors de doute aussi que le corps est pour la psyché, non seulement terreau et instrument, mais aussi m o y e n d ' e x p r e s s i o n par excellence. et déceptions, élans et démissions, harmonie, dissonances, tensions passagères ou invétérées ..• s'inscrivent, comme dans une cire délicate, dans chacune de nos cellules, dans les organes et leurs humeurs, dans le tonus des tissus et le grain de la peau, dans les attitudes et mouvements et la démarche du corps, et dans l'expression du visage et la qualité du regard et le timbre N 5 de la voix et la plénitude du souffle ... , par une empreinte d'une finesse infinie, incomparable, achevée .•. Et comment ne pas penser ici au sommeil et au songe, quand c'est la psyché assoupie el devient Hcire11 entre les mains du Rêveur, l'espace d'un ou deux, pour exprimer avec un art inégalé, depuis les maitres-traits qutaux plus délicates nuances, la réalité profonde de ce qu'elle fut pendant la veille ..• C'est là, je le sais bien, non une s "mécanique!!, mais oeuvre d'artiste, oeuvre du Maitre des maitres par le Regard et par la Main. Et ne peux m' dès lors m'interroger si le n1angage du corps" que je viens d'évoquer, tout comme le langage du , loin d'être un simple dénué d'intention, ne serait pas, lui aussi, un langage créateur dans les mains du même Créateur, du Maitre de l'Hôte invisible, réputé silencieux, des sou- terrains. A celui qui saurait le lire dans la cire du corps, ce langage dirait le véritable et poignant roman de toute une vie, vue des profondeurs, comme des yeux d'homme jamais ne pourront la voir ni des mots d'homme la dire. Et telle maladie incurable qui vient ravager une vie épuisée, brûlée par l'excès de sa propre vio- lence ce serait là le chapitre ultime du magistral roman d'une existence ter- restre, tracé d'une main forte sur le parchemin du corps par le Maitre invisible de la vie et de la mort. A vrai dire, ces réflexions me font entrevoir qu'en Dieu, le , le Regard toujours est inséparable de la Main, l'Acte par Il prend connais- sance, de celui par lequel Il exprime cette connaissance et lui donne voix(*). Je pense qu'il doit en être ainsi en tous et tous lieux, que Sa cire ou Sa toile soit le corps de l'homme ou son âme endormie, cellule vivante, molécule, planète ou galaxie. Et son action dans la psyché, sûrement, n'est nullement limi- tée aux rares moments ou l'homme lui-même s'associe à son Créateur pour faire oeuvre créatrice avec Lui et ainsi en son esprit. Mais (ce me semble) elle est de tous les instants, pendant le sommeil comme pendant la veille. Et cette action incessante est r é c i t . ( *) ( 5 juin) Ce que. j' "entrevois 11 ici sur la démarche de la connaissance en Dieu lui-même, savoir la relation intime entre connaissance e~expression, est une chose que j'ai pu constater en tous cas au niveau del' créatrice humaine. J'en parle de façon plus circonstanciée dans la note "Connaissance et langage ou le dialogue créateur", n°