Adolf Hitler MMeeiinn KKaammppff ((MMoonn ccoommbbaatt)) BeQ Adolf Hitler MMeeiinn KKaammppff ((MMoonn ccoommbbaatt)) traduction intégrale par J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes (Paris : Nouvelles éditions latines, 192_?) Tome premier La Bibliothèque électronique du Québec Collection Polémique et propagande Volume 1 : version 1.2 2 Avertissement au lecteur 1 La présente édition de « Mein Kampf » est une édition intégrale ne comportant ni choix ni coupures pouvant masquer certains aspects de l’œuvre de Hitler et en altérer la portée ou la signification. « Mein Kampf », qui constitue assurément un document indispensable pour la connaissance de l’histoire contemporaine, est aussi une œuvre de polémique et de propagande dont l’esprit de violence n’est pas étranger à l’époque actuelle et qui par là- même peut encore, malgré l’inanité de ses théories, contribuer à une renaissance de la haine raciale ou à l’exaspération de la xénophobie. À ce titre, « Mein Kampf » n’a pas cessé de tomber sous le coup de la loi du 29 juillet 1881 modifiée par la loi du 3 juillet 1972 qui dispose : Article 23. – « Seront punis comme complice d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics soit par des écrits, des imprimés 1 La publication de ce texte a été ordonnée par arrêt de la Cour d’appel de Paris du 11 juillet 1979. 3 vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou affiches, exposés au regard du public, auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet... Cette disposition sera également applicable lorsque la provocation n’aura été suivie que d’une tentative de crime prévue par l’article 2 du Code pénal. » Article 24, alinéa 5. – « Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non- appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 2000 à 300 000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement. » Article 32, alinéa 2. – « La diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 300 francs à 300 000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. » 4 Article 33, alinéa 3. – « Le maximum de la peine d’emprisonnement sera de six mois et celui de l’amende de 150 000 francs si l’injure a été commise dans les conditions prévues à l’alinéa précédent, envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non- appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. » * * * La publication de « Mein Kampf » peut heurter la sensibilité de ceux qui, directement ou à travers leurs proches, ont souffert des persécutions et des crimes commis, à une époque encore récente, au nom de la doctrine hitlérienne. Pourtant les victimes du plus atroce crime contre l’humanité ne peuvent être vouées à l’oubli. Il importe que les hommes se souviennent du crime et s’en détournent avec horreur dans les temps à venir. Il est donc nécessaire de rappeler ici au lecteur ce à quoi l’ouvrage qu’il a entre les mains, a conduit. Hitler ne révélait dans son ouvrage écrit en 1924, qu’une partie de ses desseins en vue de l’établissement d’un « État racial », assurant la prépondérance des 5 Allemands censés appartenir à la race supérieure des « Aryens », sur les autres populations européennes. Ces desseins ont abouti en 1939 au déchaînement de la 2e Guerre mondiale, au cours de laquelle d’innombrables crimes furent perpétrés, au nom de la doctrine raciale, contre les populations civiles désarmées, contre des femmes et des enfants. Cette doctrine elle-même telle qu’elle se trouve ouvertement exposée dans « Mein Kampf », avec son partage des populations humaines en « Aryens » civilisateurs et dominateurs en peuples de catégories inférieures et en juifs ou « sémites » malfaisants et destructeurs, constitue un discours délirant et criminel. Les anthropologues sont en effet unanimes à constater qu’il n’existe pas de hiérarchie d’ordre mental ou moral entre les ethnies ou races humaines. Cette constatation a été formulée en 1950 par une commission internationale de savants, réunie par l’UNESCO. Mais comme l’indiquait lors du procès de Nuremberg le général des S.S. Von Dem Bach Zelewsky : « ... Si vous prêchez pendant dix longues années que les peuples slaves constituent une race inférieure et que les Juifs sont des sous-hommes, il s’ensuivra logiquement qu’on acceptera comme un phénomène 6 naturel le fait de tuer des millions de ces êtres humains. De “Mein Kampf” le chemin conduit directement aux fournaises d’Auschwitz et aux chambres à gaz de Maï Danek. » * * * Dès l’invasion de la Pologne, en automne 1939, Hitler commença à faire appliquer son programme d’État ou Empire racial, destiné à assurer à tout jamais la prepondérance mondiale du IIIe Reich. À cette fin, il était prévu de limiter la fécondité des Polonais, des Tchèques, des Russes et des autres peuples slaves ; de se livrer à des transferts de population pour mettre des terres à la disposition des colons allemands ; de passer au crible des enfants afin de déceler, sur la foi de leur aspect extérieur, ceux d’entre eux qui paraissaient « germanisables » ; enfin et surtout, il était prévu de détruire les cultures slaves, en supprimant les établissements d’enseignement secondaire et supérieur et en éliminant physiquement les porteurs vivants de ces cultures, intellectuels et autres membres des élites. Un nombre mal connu, mais qui se chiffrait par millions d’hommes et de femmes désarmés fut exterminé en conséquence, sur place ou dans les camps de concentration allemands. Quant à la masse des 7 populations slaves, elle était destinée à servir de réservoir de main-d’œuvre agricole et industrielle à la « race des seigneurs » allemands. Une politique « raciale » devait également être appliquée dans les territoires occupés de l’Europe de l’Ouest. Un ordre daté du 7 août 1942 cité dans le jugement du Tribunal International de Nuremberg, prescrivait pour ce qui est de l’Alsace : « Le problème de la race sera envisagé le premier, à seule fin que les gens qui ont une valeur raciale soient déportés en Allemagne et que tous les gens inférieurs du point de vue de la race soient déportés en France. » D’autres catégories d’être humains, considérés comme des bouches inutiles, ou comme parasites malfaisants, furent voués dans le IIIe Reich à l’extermination totale. Les premières dispositions en ce sens furent édictées à l’encontre des malades mentaux et faibles d’esprit allemands. Au lendemain de la déclaration de la guerre, en septembre 1939, Hitler signait un ordre secret relatif à la « suppression des vies indignes d’être vécues ». Le concept était aussi vague que large. En pratique, les pensionnaires des asiles devaient être exterminés par des psychiatres pro-nazis, l’examen de chaque dossier ne durait que quelques minutes ; les malades qui paraissaient inguérissables aux examinateurs étaient 8 dirigés sur l’une des six « stations d’euthanasie » créées en Allemagne à cette fin. À l’arrivée, les victimes étaient introduites, par petits groupes dans une pièce camouflée en salle de douches, dans laquelle elles étaient asphyxiées par l’oxyde de carbone insufflé par une tuyauterie. Les familles étaient mises au courant par des lettres stéréotypées, les avisant d’un décès dû à une crise cardiaque, ou à quelque autre maladie. De la sorte, un nombre estimé à cent mille êtres humains furent assassinés, entre septembre 1939 et août 1941. Mais ce genre de duperie ne pouvait pas se poursuivre indéfiniment. D’une part, ces décès subits paraissaient souvent suspects aux familles, d’autre part, le transfert des malades donnait l’éveil, puisqu’on les voyait quotidiennement arriver aux « stations d’euthanasie », mais jamais repartir, et qu’on voyait aussi la fumée s’élever des crématoires. La vérité ne tarda donc pas à filtrer ; des prélats, tant protestants que catholiques, élevèrent des protestations publiques, et c’est dans ces conditions que Hitler estima préférable de suspendre, pour la durée de la guerre, l’extermination des malades mentaux allemands. * * * 9 C’est en leur qualité d’« asociaux » que les Tziganes furent voués à la mort dans le IIIe Reich. Une circulaire de 1938 énuméra les griefs à leur égard : « Pour des raisons de santé publique, et en particulier, parce que les Tziganes ont une hérédité notoirement chargée, que ce sont des criminels invétérés qui constituent des parasites au sein de notre peuple et qu’ils ne sauraient qu’y produire des dommages immenses... il convient en premier lieu de veiller à les empêcher de se reproduire et de les contraindre au travail forcé dans les camps de travail. » Mais ce n’est qu’en décembre 1942 que Himmler ordonna leur arrestation et leur transfert au camp d’Auschwitz. Un camp « familial » fut créé pour eux, où ils bénéficièrent de quelques privilèges. Cependant, en août 1944, Himmler donnait l’ordre de les expédier dans les chambres à gaz. En Europe, la majeure partie des Tziganes habitaient la Hongrie et l’Union Soviétique. Dans ce dernier pays, ils étaient fusillés au fur et à mesure de l’avance allemande, en même temps que les Juifs et les membres du parti communiste. Le chiffre total des victimes tziganes est évalué (avec une grande marge d’approximation) à deux cent mille. 10
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