CLASSES COOPERATIVES PAR COMPETENCES SANS NOTES. "Dans les pays qui réussissent, les enfants sont généralement moins stressés et moins fatigués, grâce à des rythmes adaptés et pensés pour eux, une notation qui arrive tard dans leur parcours scolaire, des redoublements inexistants ou presque, du travail personnel encadré pendant le temps scolaire. Nous avons pris, sur trop de ces sujets, une mauvaise direction." Vincent Peillon, Refondons l'école, Pour l'avenir de nos enfants, Edition du Seuil, Février 2013. 1 2 FICHE INFORMATIVE INTITULE DE L’ACTION : CLASSES COOPERATIVES PAR COMPETENCES SANS NOTES. DEBUT ET FIN PREVUS DE L’ACTION : Septembre 2009. ECOLE/ETABLISSEMENT : Collège La Marquisanne (ECLAIR) Adresse : Rue Belle Visto 83200 TOULON Tél. : 04 94 18 55 20 Télécopie : 04 94 92 91 57 Mèl: 0830181w@ac-nice Site : http://www.ac-nice.fr/college-marquisanne/ Chef d’établissement : M. Desault REFERENT DE L’ACTION : Nom : TORNARE Marie-Pierre Fonction : Professeur de Lettres Mèl : [email protected] EQUIPE ENGAGEE : Contexte : Dispositif de la sixième coopérative expérimenté depuis la rentrée 2009 et accompagné par le PASIE. Equipe d’enseignants : Mme Bara (Arts plastiques) Mme Bénard (mathématiques) M. Barale (Education Musicale) M. Costes (Technologie) Mme Hayrault (histoire-géographie) Mme Lahmar (Sciences Physiques) Mme Marzelière (EIST) Mme Rubio et Mme Carrère (EPS) M. Scatena et M. Ferdjiani (anglais) Mme Tornare (français) Mme Paris (CPE) 3 HISTORIQUE DE L’ACTION (constat à l’origine de l’action, actions antérieures dont celle-ci est le prolongement..) : 2009 : Classe coopérative : une 6°. 2010 : Classes coopératives par compétences en français : deux 6°. 2011 : Classes coopératives : deux 6° dont une par compétences et sans notes. 2012 : Classes coopératives par compétences et sans notes : deux 6° et une 5°. DEFI(S) ACADEMIQUE(S) CORRESPONDANT A L’ACTION: Défi 1 : Une pédagogie individualisée : « Créer des outils pratiques d'observation et d'évaluation des élèves en difficulté ou à besoins éducatifs particuliers » « Favoriser les projets de classe fédérateurs permettant le développement des compétences transversales » « Former à la validation des compétences, mieux utiliser au service des élèves les différents dispositifs d’évaluation : évaluations institutionnelles et statistiques (paliers du socle) d’une part, et régulation des apprentissages d’autre part » « Encourager les actions innovantes pour valoriser l’ensemble des compétences des élèves » « Développer l’auto-évaluation, favorisant l’autonomie et la responsabilité de l’élève » « Former à l’interprétation des évaluations afin d’en faire un outil de stratégie pédagogique pour l’établissement, la classe et l’élève » RESUME (l’action en quelques mots) : Nous avons fait le choix de la coopération en nous appuyant sur la théorie de Lev Vytgotski selon laquelle les interactions entre pairs sont indispensables aux apprentissages : « « Ce que l’enfant est en mesure de faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul demain », Lev Vygotski, Pensée et Langage La dispute, 1997, p.355. L’intitulé du dispositif, « classe coopérative par compétences » met en avant l’interaction entre un dispositif coopératif et un dispositif par compétences. Pour que l’interaction puisse se faire, on enlève la note qui est un frein à la coopération puisqu’elle induit de la compétition entre les élèves. Le dispositif sans notes renforce les effets de la coopération sur les apprentissages et les relations entre pairs entre élèves et enseignants et au sein de l’équipe pédagogique ou disciplinaire pour les mathématiques et l’EPS. DESCRIPTIF de l’action : PUBLIC concerné (nb d’élèves, nb de classes et niveau(x): - 2 divisions de 22 élèves et 20 élèves, en 6ème - 1 division de 22 élèves en 5ème Au total : 64 élèves. 4 OBJECTIF(S) poursuivi(s): - Améliorer les acquis et la motivation des élèves, éviter le phénomène de décrochage précoce, lutter contre l’échec scolaire. - Recentrer les élèves sur leurs apprentissages en les rendant davantage conscients des objectifs à atteindre, de leurs progrès et donc davantage acteurs et responsables de leurs apprentissages. - Lutter contre les dysfonctionnements liés à l’échec scolaire et au manque d’intérêt pour le scolaire : violences, incivilités, refus de participer aux activités menées en classe, phénomènes négatifs de groupe. Instaurer un climat de confiance, de respect, d’entraide et de coopération entre les élèves et entre l’équipe éducative, les élèves et leur famille. - Accroître la fréquentation de l’école par les parents et leur implication dans la scolarité de leur enfant. Etablir une relation de confiance avec les familles en supprimant la pression exercée par la note. - Apaiser les relations entre les élèves, entre les professeurs et les élèves, - Avoir un meilleur outil d’analyse des résultats des élèves permettant de mieux cerner les difficultés et ainsi de pouvoir mieux y remédier. - Assurer une meilleure continuité pédagogique entre le primaire et le secondaire en développant une culture commune de la compétence. - Développer l’entraide et la coopération entre les enseignants également. - Participer à la mutualisation des outils pédagogiques. MODALITES de mise en œuvre : 1) Mise en place dans chaque matière d’un carnet de validation des compétences du programme élaboré à partir des programmes de 6ème et de 5ème ainsi que du Socle commun des compétences et des connaissances. Ce carnet est tenu par le professeur au fil de ses évaluations et de ses observations. 2) Le choix des couleurs : Pour une plus grande lisibilité, l’équipe a choisi le système des couleurs, déjà utilisé en primaire. Quatre couleurs renvoient aux différents niveaux d’acquisitions : rouge = non acquis ; orange = en voie d’acquisition ; vert = acquis ; bleu = expert (confirmé). Pourquoi quatre couleurs et non pas trois ? Le vert et le bleu permettent de distinguer deux niveaux d’acquisition des compétences, et cela évite de se retrouver uniquement avec des compétences en voie d’acquisition. En outre, dans le contexte de la 6ème coopérative, cela a facilité la coopération entre les élèves : les experts dans une compétence accèdent au statut d’ « élèves ressources » et comme tels, ils interviennent auprès de leurs camarades lors des séances en autonomie : ils les aident à faire leurs exercices par exemple. Tous les élèves de la classe parviennent à être experts dans une compétence au moins, même les plus faibles. 3) Le bulletin : Nous avons opté comme l’an dernier pour un bulletin trimestriel sans moyennes mais faisant la synthèse des compétences acquises par l’élève dans chaque matière. Nous ne faisons figurer que des appréciations détaillées dans chaque matière. Pour la note de vie scolaire, deux compétences remplacent la note : 5 Présence et Respect des règles. Une rubrique « Compétences transversales » apparaît également. Pour ces deux rubriques, les mentions N.A., V.A., A et E (pour expert) sont accompagnées d’un commentaire les justifiant. 4) Les compétences transversales : L’équipe a choisi cette année de reprendre 9 compétences du Socle Commun qui permettent d’évaluer chaque élève dans sa globalité. Une case est prévue sur le bulletin ainsi qu’un onglet dans Pronot. Le professeur principal s’est servi des appréciations ainsi que des temps de concertations pour remplir le bilan trimestriel des CT. Les autres collègues y ont accès et peuvent proposer des modifications s’ils le souhaitent. C.6 Respecter les règles de la vie collective C.6 Comprendre l’importance du respect mutuel et accepter toutes les différences C.7 Savoir s’auto-évaluer et être capable de décrire ses intérêts, ses compétences et ses acquis C.7 Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles C.7 Identifier ses points forts et ses points faibles dans des situations variées C.7 S’engager dans un projet individuel C.7 S’intégrer et coopérer dans un projet collectif C.7 Manifester curiosité, créativité, motivation à travers des activités conduites ou reconnues par l’établissement C.7 Assumer des rôles, prendre des initiatives et des décisions 5) Le logiciel Pronote : L’équipe n’avait pas opté pour le logiciel SaCoche, trop compliqué à lire pour les parents et au fonctionnement trop proche de celui de la notation. Nous avons donc continué à rentrer nos compétences et les résultats de nos élèves dans Pronote, « Compétences personnalisées ». Mais cette année nous avons réussi à créer des onglets différents pour chaque discipline dans le menu déroulant de « Compétences personnalisées » ce qui a facilité la gestion des compétences dans chacune de nos disciplines. 6 Cependant il n’y a toujours pas de tableau de synthèse lisible pour le conseil de classe. EVALUATION/INDICATEURS : - Résultats des élèves : acquisitions et progrès. - Absentéisme. - Evolution du savoir-être des élèves. - Décrochage précoce. PARTENAIRES et contenu des partenariats : Aucun. LIENS EVENTUELS AVEC LA RECHERCHE : Aucun. MOYENS MOBILISES : Aucun. 7 ANALYSE/BILAN RECIT d’expérience (il permet de retracer le déroulement du projet, de reconstituer les différentes étapes de l’action) : Il s’agit d’une reconduction, voir le bilan 2012. FREINS et LEVIERS (difficultés et ressources, points d’appui dans la mise en œuvre de l’action) : FREINS : - Le peu de temps dégagé pour que les équipes se rencontrent nuit à la coopération des enseignants. - Le manque de personnel motivé et impliqué pour créer les équipes nécessaires pour encadrer les élèves en 5° : il manquait un professeur qui a été nommé à la rentrée et qui n’était pas volontaire pour le projet. Il a été remplacé en cours d’année par un autre professeur qui n’avait jamais enseigné et qui a éprouvé beaucoup de difficultés. Ajouté à cela, les aléas liés au remplacement des professeurs en cours d’année : il est difficile pour un collègue de remplacer un professeur en cours d’année sur le dispositif, car la démarche est très différente et nécessiterait une formation en amont. - Le fait que le dispositif ne puisse pas s’étendre davantage : les effets sur les élèves ne durent que le temps d’une ou deux années scolaires, il n’y a pas véritablement de continuité sur les autres niveaux par manque de professeurs volontaires, ce qui empêche de mesurer les effets à long terme et notamment sur l’orientation, l’ambition scolaire et l’obtention du brevet. - Le problème du conseil de classe et des sanctions qui ne sont pas en cohérence avec l’esprit du dispositif - Des élèves de 6° ayant des problématiques personnelles qui influent à tel point sur les apprentissages et le comportement que malgré le dispositif deux d’entre eux sont passés en conseil de discipline et deux élèves ont décroché (absentéisme), l’une complètement, l’autre partiellement. Il a été impossible de les évaluer au 3ème trimestre compte tenu de leurs absences. Sur ces 4 élèves, deux d’entre eux sont arrivés en cours d’année et n’ont donc pas pu bénéficier complètement du dispositif. - Pour la 5ème : des élèves n’ayant pas participé au dispositif l’an dernier en 6° ont intégré la 5° parce qu’il fallait compléter l’effectif ou parce qu’ils étaient volontaires ou nous semblaient pouvoir progresser dans cette classe (nous passions de 5 classes de 6° à 4 classes de 5°). Ceux-ci ont beaucoup moins adhéré au dispositif : comme ils avaient été notés en 6°, ils n’ont pas compris pourquoi ils ne l’étaient plus en 5°. - Les admissions d’élèves en cours d’année : nous avons accueilli dans chaque classe de 6ème 3 nouveaux élèves en cours d’année, sur les 3, deux ont dysfonctionné et ont mis à mal le climat de la classe, ce qui a gêné les apprentissages dans une des deux classes de 6°. LEVIERS : Ils sont nombreux et ont été largement analysés dans le bilan 2012, nous vous y renvoyons et nous contentons d’ajouter : 8 - La grande réceptivité des élèves et des familles au dispositif : les élèves ont bien adhéré à la coopération et à l’évaluation sans notes. Les familles qui n’étaient pas forcément convaincues par le projet souhaitaient que le dispositif soit prolongé en 5°. - Une bonne cohésion des équipes autour du projet. - Le travail en équipe autour du professeur principal a permis une bonne circulation des informations et une bonne réactivité par rapport aux difficultés rencontrées. La collaboration avec le CPE responsable du niveau (Mme Paris) et le principal adjoint M. Principiano mais aussi les infirmières Mme Maltèse et l’assistante sociale Mme Boy a été très étroite et a permis d’assurer la cohérence du travail mais également de proposer des réponses adaptées aux problématiques individuelles et collectives des élèves. - L’innovation pédagogique dans chaque discipline (voir les bilans disciplinaires ci- joints) - Regards extérieurs de collègues d’autres établissements qui ont permis de mieux appréhender les effets du dispositif. Ils perçoivent parfois mieux que nous ce qui est différent par rapport à leurs classes car nous n’avons pas de points de comparaison. - Les diverses communications auprès des inspecteurs ou collègues qui nous ont permis d’approfondir notre réflexion et d’affiner nos analyses en prenant du recul. - Les contacts avec d’autre professionnels via Respire ou lors des journées de l’innovation, la formation d’équipes extérieures à l’établissement qui nous ont permis de nous sentir moins isolés. EFFETS CONSTATES (sur les acquis des élèves, sur les pratiques des enseignants, sur le leadership et les relations professionnelles, sur l’école/l’établissement, plus généralement sur l’environnement) : - Du côté des élèves : ils ont une meilleure connaissance de leurs points forts et de leurs points faibles, ne se contentent pas du minimum, s’entraident et coopèrent beaucoup, le fait qu’il n’y ait pas de compétition entre eux les rend plus solidaires dans toutes les situations en classe et hors de la classe. Les élèves sont motivés et investis sur tous les dispositifs de remédiation et se sentent pris en compte dans leur individualité : il est facile de différencier, ils ont la remédiation pour les points faibles et la coopération, ils peuvent être ressources pour d’autres compétences, ils sont moins stressés par les évaluations. Dans les heures de vie de classe, ils se sont beaucoup autogérés et autorégulés. Cela a donné d’excellents résultats pour une des deux classes dans laquelle il y a eu beaucoup de problèmes relationnels entre les élèves avec l’arrivée de nouveaux éléments très perturbateurs. - Evolution pédagogique des professeurs de l’équipe : Le changement de posture de l’enseignant a permis des évolutions pédagogiques ( voir bilans disciplinaires). Cela demande beaucoup d’investissement mais une fois que tout est mis en place, les classes fonctionnent bien. Il y a de nombreux rituels qui peuvent être difficiles à mettre en place mais qui ont un effet extrêmement structurant et qui permettent certaines acquisitions de se faire plus en profondeur : Quoi de neuf ? Experts, impressions de lecture, pochettes de remédiations, conseils de vie de classe, plans de travail. 9 BILAN/ANALYSE de l’action: Le bilan sera disciplinaire cette année, car les effets ont déjà été analysés de manière globale l’an dernier dans le rapport 2012. Néanmoins, nous confirmons les analyses que nous avons faites en soulignant que les classes de 6° ont été particulièrement difficiles cette année, ce qui a rendu les effets du dispositif encore plus sensibles : nous avons été témoins des progrès des élèves et de la transformation radicale de certains d’entre eux, très perturbateurs ou signalés comme ingérables par les enseignants du 1er degré lors des constitutions de classes. Ces élèves se sont non seulement transformés du point de vue de leur savoir-être, mais aussi impliqués dans leurs apprentissages, et cela malgré des problématiques personnelles extrêmement difficiles. L’un d’eux, qui avait un comportement violent et inadapté est devenu délégué de la classe, a exercé ce rôle de manière remarquable et a fini l’année avec les Félicitations. Certains élèves qui étaient en phase de décrochage en début d’année, ont finalement poursuivi leurs apprentissages et appréhendent leur passage en 5ème avec la ferme intention de poursuivre les efforts amorcés. Enfin, les conseils de vie de classe ont montré une excellente capacité des élèves à s’autoréguler et a permis aux conflits entre élèves de prendre moins d’ampleur que cela n’aurait été le cas dans une classe non régie par la coopération. C’est ce qu’a souligné Mme Paris, CPE ayant en charge toutes les classes de 6° du collège et Mme Bara, professeur d’arts plastiques qui enseigne également dans toutes les classes de ce niveau. PLUS-VALUE de l’action : voir les bilans disciplinaires : les enseignants ont poursuivi et approfondi les expérimentations engagées l’an dernier. PERSPECTIVES pour l’année prochaine : - Conseils de classe, sanctions et récompenses : Nous souhaiterions une forme plus participative du conseil de classe impliquant et responsabilisant davantage les élèves. Nous sommes à la recherche d’une nouvelle formule qui soit compatible avec les IO et cohérente avec le dispositif. - Lien avec les familles : poursuivre le travail initié. Cette année, une réunion a été organisée en début d’année, ce qui a permis d’assurer auprès des familles une meilleure communication à propos du dispositif. Les familles ont été ensuite rencontrées collectivement à la soirée des parents mais aussi individuellement après les conseils de classes pour la restitution des bulletins et ensuite sur demande de l’équipe ou des familles. - Pas de classe de 5° : les équipes vont se recentrer sur les classes de 6° par manque de professeurs : deux nouveaux enseignants en français du fait du départ de la responsable du projet (mutation) seront nécessaires. 10
Description: