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107 Pages·2014·0.46 MB·English
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Léon Trotsky [1879-1940] (1917) [1976] L’année 1917 Textes publiés pour la première fois en Russie en juin-juillet 1917. Un document produit en version numérique par Claude Ovtcharenko, bénévole, Journaliste à la retraite près de Bordeaux, à 40 km de Périgueux Page web. Courriel: [email protected] Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ L’année 1917 (1917) [1976] 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf., .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classi- ques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif com- posé exclusivement de bénévoles. Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel- le et, en aucun cas, commerciale. Toute utilisation à des fins com- merciales des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est également strictement interdite. L'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisa- teurs. C'est notre mission. Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. L’année 1917 (1917) [1976] 3 Cette édition électronique a été réalisée par Claude Ovtcharenko, bénévole, journaliste à la retraite près de Bordeaux, à 40 km de Périgueux. Courriel: [email protected] à partir de : Léon Trotsky L’année 1917 Textes publiés pour la première fois en Russie en juin-juillet 1917. Paris : François Maspero Petite Collection Maspero, 1976, 140 pp. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman, 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’. Édition numérique réalisée le 17 avril 2014 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. L’année 1917 (1917) [1976] 4 Léon Trotsky L’année 1917 Textes publiés pour la première fois en Russie en juin-juillet 1917. Paris : François Maspero Petite Collection Maspero, 1976, 140 pp. L’année 1917 (1917) [1976] 5 Table des matières NOTE INTRODUCTION, par Carlos Rossi I. LUTTE POUR LE POUVOIR 1. La paix et la réaction 2. La farce du double pouvoir 3. Les journées de juillet II. ET MAINTENANT ? En guise de préface 1. Que s’est-il passé ? 2. Eléments de bonapartisme 3. L’armée et la révolution 4. Et maintenant ? 5. Le caractère de la révolution russe 6. Questions de tactique internationale 7. Discours à la conférence démocratique ANNEXES 1. Chronologie 2. Noms cités 3. Journaux cités L’année 1917 (1917) [1976] 6 L’année 1917 NOTE _______ Retour à la table des matières Les quatre articles de « la Lutte pour le pouvoir » ont paru dans le Vperiod en juin-juillet 1917. La brochure Et maintenant ?, publiée à Petrograd, reprenait des articles parus dans Prolétari en août- septembre. Tous ces textes furent publiés pour la première fois en anglais dans The Proletarian Revolution in Russia, recueil d’articles de Lénine et Trotsky édité par le communiste américain Louis C. Fraina dans la maison d’édition du P.C. américain (Communist Press, New York, 1918) et qui fut salué par Lénine comme un véritable « manuel d’histoire de la révolution russe 1 ». La Young Socialist Publication (Colombo, Ceylan) a réédité ces ar- ticles en deux brochures (mai 1966 et juin 1967), en y ajoutant la tra- duction d’un discours de Trotsky à la Conférence démocratique, a pa- ru dans les Izvestia au début d’octobre 1917. Tous ces textes sont inédits en français. Nous les avons traduits de l’anglais, à partir des brochures de la Young Socialist Publication. Toutes les dates sont dans le nouveau style. (La chronologie en fin de volume donne la correspondance avec les dates en ancien style.) 1 LÉNINE, Œuvres, éd. Russe, vol. XVII, p. 96 ; cité par Trotsky, The Stalin School of Falsification, Pionners, ed., 1937, p. 4. L’année 1917 (1917) [1976] 7 L’année 1917 INTRODUCTION _______ Retour à la table des matières Ce livre est un recueil des articles écrits par Trotsky après son re- tour en Russie (mai 1917) et avant la révolution d’Octobre. Ecrits sur le vif, au feu de la bataille, ils n’ont pas la richesse et l’équilibre des chapitres de L’Histoire de la révolution russe de 1932. Ils constituent néanmoins un document irremplaçable de l’extraordinaire lutte idéo- logique qui a permis aux révolutionnaires, dirigés par Lénine et Trots- ky, d’arracher les secteurs d’avant-garde d’abord, les masses proléta- riennes ensuite, à l’hégémonie idéologique des réformistes (menche- viks et S.R. 2). D’autre part, malgré leur caractère de journalisme po- lémique, quelques-uns des articles sont de vrais modèles d’analyse marxiste du présent et de la conjoncture en tant que moment d’un pro- cessus historique en perpétuelle transformation, tandis que d’autres (comme celui sur la nature de la révolution russe) contiennent une synthèse remarquable des conceptions stratégiques de Trotsky. La clé de cette polémique – la présupposition implicite ou explicite de la plupart de ces écarts – est bien entendu la théorie de la révolu- tion permanente, arme tranchante avec laquelle Lev Davidovitch va couper le nœud gordien de la « sociologie » plékhanovienne et profa- 2 Socialistes-révolutionnaires. L’année 1917 (1917) [1976] 8 ner le saint des saints du pseudo-marxisme figé et métaphysique des mencheviks : le dogme du caractère bourgeois de la révolution russe. En effet, les événements de l’année 1917, avant même Octobre, ont confirmé, au-delà de toute attente, les thèses « hétérodoxes » dévelop- pées par Trotsky dès 1906 dans Bilan et Perspectives, sur l’incapacité structurale de la bourgeoisie russe à jouer un rôle révolutionnaire dé- cisif et la nécessité d’une direction prolétarienne à la tête des masses populaires (« plébéiennes »), de la ville et des campagnes. Il faudrait ajouter que l’alternative dont il parlait en septembre 1917 – ou bien révolution prolétarienne, ou bien « un formidable saut en arrière », dans lequel les soviets, les comités de paysans et de soldats « et beau- coup d’autres choses encore » seront détruits par la réaction – s’est posée chaque fois à nouveau dans le champ de la lutte de classes des pays dépendants au cours du XXe siècle. Et chaque fois, de la Chine en 1927 au Chili de 1973, quand il n’y avait pas un parti bolchevique ca- pable et disposé à mener le prolétariat et les masses populaires au pouvoir, chaque fois que les héritiers des Dan, Martov et Tseretelli sont restés hégémoniques au sein du mouvement ouvrier, on vit s’abattre sur celui-ci « un formidable retour en arrière » dans lequel les comités ouvriers et paysans « et beaucoup d’autres choses encore » ont été écrasés dans le sang. Trotsky avait été un des premiers marxistes au XXe siècle à prendre conscience du problème de la bureaucratisation réformiste des partis ouvriers, de leur « conservatisme » d’appareil ; dans un passage célè- bre de Bilan et Perspectives (1906), il écrivait déjà : « Les partis so- cialistes européens, spécialement le plus grand d’entre eux, la social- démocratie, ont développé leur conservatisme dans la proportion mê- me où les grandes masses ont embrassé le socialisme, et cela d’autant plus que ces masses sont devenues plus organisées. Par suite, la so- cial-démocratie, organisation qui embrasse l’expérience politique du prolétariat, peut, à un certain moment, devenir un obstacle au déve- loppement du conflit ouvert entre les ouvriers et la réaction bourgeoi- se. En d’autres termes, le conservatisme du socialisme propagandiste dans les partis prolétariens peut, à un moment donné, freiner le prolé- tariat dans la lutte directe pour le pouvoir (2). » Inutile d’ajouter que cette intuition allait être mille fois confirmée par l’avenir, sous des 2. TROTSKY, Bilan et Perspectives, in 1905, Editions de minuit, 1969, p. 463. L’année 1917 (1917) [1976] 9 formes bien pires que celles imaginées par Lev Davidovitch en 1906. La social-démocratie a pu devenir non seulement « frein » mais car- rément force contre-révolutionnaire active (Noske !). Or, pour venir à bout de cet « obstacle », Trotsky faisait confiance (dans la continua- tion de ce passage de Bilan et Perspectives) à la « formidable influen- ce exercée par la révolution russe [qui] détruira la routine et le conser- vatisme de parti » ; la solution du problème était laissée au déroule- ment spontané du processus révolutionnaire, sans qu’aucune tâche organisationnelle ne soit définie. On trouve chez Trotsky à cette épo- que un certain « fatalisme optimiste », dont Nos tâches politiques (1904) explicite les prémisses : « Notre attitude vis-à-vis des forces sociales élémentaires, et donc de l’avenir, est la confiance révolution- naire. […] Le social-démocrate révolutionnaire est persuadé non seu- lement de la croissance inévitable du parti politique du prolétariat, mais aussi de la victoire inévitable des idées du socialisme révolution- naire à l’intérieur de ce parti 3. » Le 4 août 1914 (vote des crédits de guerre par la social-démocratie allemande) et l’écroulement de la IIe Internationale qui s’ensuit vont ébranler brutalement cette confiance spontanément dans l’autorégénération du parti ouvrier et la victoire de la révolution. Les articles de 1917 expriment encore la surprise et l’étonnement de Trotsky face à cet événement : « Personne ne pouvait prévoir que la destruction de ces gigantesques organisations serait aussi cruelle et aussi catastrophique 4. » À partir de ce moment, l’avenir n’apparaît plus aux yeux de Trots- ky comme le mouvement linéaire et « inévitable » vers le socialisme, mais comme une redoutable alternative historico-mondiale : révolu- tion permanente ou massacre permanent, l’organisation socialiste de l’économie ou la succession de guerres impérialistes répétées. Prévi- sion qui, soit dit en passant, a été aussi largement – trop largement – confirmée par l’histoire du XXe siècle. 3 ID., Nos tâches politiques, Belfond, 1970, p. 186-187. Souligné par nous. 4 Cf. l’article « Questions de tactique internationale ». On sait que Lénine, confronté avec un exemplaire de Vorwärts, quotidien de la social-démocratie allemande, proclamant le vote pour la guerre du Kaiser, s’était exclamé : « C’est un faux de l’état-major allemand ! » L’année 1917 (1917) [1976] 10 Il est évident que, dans cette nouvelle perspective, le rôle du fac- teur subjectif devient décisif. Les « forces sociales élémentaires » ne peuvent pas mener à la victoire, et les vieux partis ont misérablement fait faillite. Le problème du nouveau parti, du parti révolutionnaire, se trouve ainsi inscrit « en filigrane » dans la démarche politique de Trotsky après 1914. Deutcher a donc raison de voir dans l’adhésion de Trotsky au bolchevisme en 1917 la conséquence logique d’une conception globale, internationale, du mouvement ouvrier : « les évé- nements de la guerre […] avaient lentement amené Trotsky à admettre qu’on ne pouvait pas rétablir l’unité du mouvement ouvrier, que c’était une erreur et même une erreur dangereuse que d’essayer de la rétablir et qu’il était du devoir des internationalistes révolutionnaires de former de nouveaux partis. Lénine était arrivé à cette conclusion longtemps avant la guerre, mais pour le parti russe seulement. La guerre l’avait conduit à généraliser cette conclusion et à l’appliquer au mouvement ouvrier international. […] Trotsky était parti, au contraire, d’une perspective plus générale, internationale, pour en appliquer le principe à la Russie 5. » Dans l’article de 1917 « Question de tactique internationale », Trotsky revient sur son analyse de 1906 sur le conservatisme des par- tis social-démocrates, mais cette fois-ci il ne fait plus « confiance » à la simple « influence de la révolution russe ». Après avoir cité le pas- sage de Bilan et Perspectives, il ajoute le commentaire suivant : « À temps nouveaux, nouvelles organisations. Dans le baptême du feu, des partis révolutionnaires se réent maintenant partout. Dans chaque pays, la tâche n’est pas de maintenir une organisation qui s’est survécue à elle-même, mais de rassembler les éléments révolutionnaires […] du prolétariat. » C’est pour cette raison que Trotsky va reconnaître qu’en Allema- gne la scission entre Rosa Luxemburg et les social-patriotes est néces- saire et inévitable et qu’en Russie l’union entre mencheviks et bolche- viks – prônée par Gorki dans son journal Novaia Zidn – est même « réactionnaire et utopique ». L’entrée au parti bolchevique sera le résultat de cette expérience accumulée depuis 1914 autant que ces conditions pressantes et concrètes de la lutte de classes en Russie au cours de l’année 1917. Ce ne sera pas une décision « tactique », mais 5 I. DEUTSCHER, Le Prophète armé, Julliard, 1962, p. 343-344.

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