La première des quatre nouvelles de ce recueil : « La scierie du marbrier » a été publiée en 1907 ; elle se situe entre L’ornière (1906) et Gertrude (1910). «Ame d’enfant », « Klein et Wagner », « Le dernier été de Klingsor » dont la rédaction remonte à 1918-1919, ont paru seulement en 1931 et correspondent à l’époque de Demian (1917) et de Siddharta (1922).

Le titre de ce livre n’obéit ni à l’ordre chronologique ni à la tradition suivant laquelle un recueil de contes emprunte son titre au premier ce ceux qui forment la matière du volume. On a tenu compte, à cet égard, de la volonté même de Hermann Hesse qui a donné à l’édition de 1931 le titre du dernier conte de la série.

Sur le thème commun, mais diversement éclairé, de l’angoisse, de l’amour et de la mort, Hesse fait jouer toute sa virtuosité de scrutateur des âmes dans l’accompagnement des grandes orgues de la nature, indispensable contrepoint chez un philosophe de l’universel. « La scierie du marbrier », qui débute par une profusion florale éblouissante, c’est l’absolu de l’amour, sa fraternité avec la mort. « Âme d’enfant » dit toutes les terreurs, les vaines terreurs de l’enfance, l’irresponsabilité, la révolte, l’espoir, le désespoir alternés. C’est l’impossibilité de s’expliquer. « Klein et Wagner », ou le destin. Dans le cadre exquis et désolant de la Riviera italienne en 1910, un homme se perd pour des raisons trop réelles et pour d’autres imaginaires. Les sept cercles de l’enfer. « Le dernier été de Klingsor » ou l’agonie d’un grand peintre de la taille des impressionnistes, grâce auquel « un souffle de fraîcheur avait passé sur le monde ». Sur le thème de la vie éternelle et du renouvellement, familier à Hesse, ce conte est celui de la création artistique, expression de la création divine. Quatre nouvelles qui ont la densité de quatre grands romans.

L'angoisse, l'amour, la mort : Hermann Hesse retrouve à travers quatre nouvelles somptueuses quelques-uns des grands thèmes qui hantent son univers romanesque. Une fois encore, l'écrivain se révèle un fantastique chirurgien des âmes, toujours soucieux de mettre à nu ce qu'il y a de plus absolu et de plus mystérieux dans le maelström des sentiments humains.«La scierie du marbrier» explore les paradoxes de l'amour. «Ame d'enfant» retranscrit les terreurs étranges des univers d'enfance. «Klein et Wagner» montre un homme qui s'égare dans ses labyrinthes intimes. «Le dernier été de Klingsor», enfin, analyse l'agonie qui est aussi, parfois, l'ultime occasion offerte de regarder la vie en face. Quatre nouvelles, qui sont quatre récits aux sourdes pesanteurs, où toute la magie littéraire de Hermann Hesse se tient ramassée.

Le dernier ete de Klingsor

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