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Vingt-cinq ans de nouvelles Une anthologie Quebecoise PDF

240 Pages·2013·1.1 MB·French
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VINGT-CINQ ANS DE NOUVELLES UNE ANTHOLOGIE QUÉBÉCOISE Des mêmes auteurs: Où tu vas quand tu dors en marchant?, essai en collaboration avec Chantal Poirier, L’instant même, 2010 Vingt-cinq ans de nouvelles Une anthologie québécoise Nouvelles rassemblées par Philippe Mottet et Gilles Pellerin Avant-propos de Philippe Mottet Maquette de la couverture: Anne-Marie Jacques Illustration de la couverture: Richard Déraps Photocomposition: CompoMagny enr. Conversion au format ePub: Studio C1C4 Distribution pour le Québec: Diffusion Dimedia 539, boulevard Lebeau Montréal (Québec) H4N 1S2 Distribution pour la France: Distribution du Nouveau Monde © Les éditions de L’instant même, 2011 L’instant même 865, avenue Moncton Québec (Québec) G1S 2Y4 [email protected] www.instantmeme.com ISBN 978-2-89502-726-3 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011 L’instant même remercie le Conseil des Arts du Canada, le gouvernement du Canada (Fonds du livre du Canada), le gouvernement du Québec (Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC) et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec. Les vingt-cinq ans de L’instant même e lieu: Québec. L’époque: le milieu des années 1980. Le contexte: une L littérature nationale qui se cherche, se popularise, s’engage dans la chronique urbaine. Les joueurs: quatre jeunes plus tout à fait jeunes, une trentaine d’années, littéraires. Le jeu : sortir des sentiers rebattus, découvrir d’autres littératures, d’autres écritures et un genre en particulier, qui semble vouloir se transformer, la nouvelle. L’enjeu: stimuler par la pratique et l’édition l’exploration de ce genre littéraire souvent expérimental. Aventure éditoriale originale, certes, mais tout autant hasardeuse. Un quart de siècle s’est écoulé, la maison d’édition est toujours en pleine activité et a fait paraître tout près de cent cinquante recueils de nouvelles, en plus de romans et d’essais en tout genre. Faites le calcul : six par année, soit l’équivalent d’un recueil tous les deux mois… L’occasion est belle de se poser un moment, histoire de prendre la mesure du parcours accompli. Les fondations de la maison Quand L’instant même entre en scène, en 1986, la nouvelle constitue au Québec un chemin rarement fréquenté par nos écrivains, un genre confidentiel, du moins peu publié. La littérature québécoise, qui s’est véritablement dotée d’une identité moderne dans les deux décennies de la Révolution tranquille, est principalement entée sur le roman, le Grand Genre, celui qui atteste qu’un peuple possède de l’imagination et du souffle, et sur la poésie, si intimement rattachée à l’expression et à l’affirmation de l’identité individuelle et collective. Or, la nouvelle québécoise des années 1960 et 1970 parle rarement joual, ce qui indique assez qu’elle n’est pas à la mode. Pour chiffrer cette réalité, mentionnons que dans les années 1970 la production québécoise moyenne tourne autour de dix recueils par année ; à partir de 1978, on peut en lire annuellement une quinzaine ; en 1986, on passe soudainement à une moyenne annuelle de trente recueils, chiffre qui a pratiquement doublé depuis. Cette soudaine éclosion ne doit pas être portée au seul compte de L’instant même, bien entendu, car la maison ne fait alors pas cavalier seul. Du côté de la métropole, plusieurs revues lancent des appels de textes et des concours qui suscitent un intérêt nouveau pour le texte narratif bref : Liberté, Mœbius, La Nouvelle Barre du Jour, Imagine, XYZ. La revue de la nouvelle et Stop. Cependant une chose distingue L’instant même: il s’agit d’une maison où l’on entend se vouer entièrement à l’édition de recueils, fait sans précédent dans l’ensemble de la francophonie. Pas la moindre collection consacrée au genre de Mérimée et de Maupassant, même dans les « grandes » maisons d’édition parisiennes. Ce qui explique sans doute pourquoi la nouvelle étrangère (francophone notamment, mais pas uniquement) viendra nicher ici: pensons aux anthologies de nouvelles chiliennes, irlandaises, mexicaines, portoricaines, canadiennes et aux auteurs du Canada anglais, d’Argentine, de Belgique, de France, de Russie qu’on y a publiés… Une maison, disions-nous? C’est encore un refuge pour les nouvellistes sans abri, ou plutôt sans protection contre la mauvaise réputation du «petit genre» et la tendance de la grande majorité des médias à ne parler que de ce qui correspondrait à l’horizon d’attente des lecteurs (ce qui n’inclut jamais la nouvelle). L’âme de la maison On n’a pas idée de ce dont la pittoresque maison à deux étages du 865 de l’avenue Moncton fut le théâtre, au fil des années. À la fois laboratoire, pépinière, cercle ouvert de création et de réflexion, elle fut et demeure atelier d’artisan, si l’on considère que trois personnes veillent au quotidien à l’ensemble des opérations, encore que la liste des collaborateurs soit longue. Atelier intime, sans doute, mais contrairement à ce qu’on a parfois entendu il n’y a pas eu d’école de L’instant même. Au départ, de jeunes lecteurs de nouvelles à prédominance latino-américaine (Bioy Casares, Borges, Cortázar, Ocampo) et surtout fantastique, et leur démangeaison de tenter la traversée du miroir : en écrire. Une certaine admiration pour les nouvellistes, aussi, ces jazzmen derrière le texte, plus préoccupés par la recherche formelle que par la conquête du hit parade1. Une poignée de jeunes, peu de prédécesseurs locaux. Ne soyons pas injuste, car il y eut tout de même des précurseurs d’importance. On ne peut passer sous silence les Contes pour un homme seul (1944) d’Yves Thériault, La contrainte (1976) de Claudette Charbonneau-Tissot (alias Aude), de Diane-Monique Daviau les Dessins à la plume (1979), les inclassables contes fantaisistes de Jacques Ferron et Le Surveillant (1982) de Gaëtan Brulotte. Soulignons la révélation tardive de l’exceptionnel et borgésien recueil de Claude Mathieu, La mort exquise (1965), qui fera l’objet d’une réédition en 1989 grâce aux bons soins de la maison. Nous n’omettrons évidemment pas Claire Martin (Avec ou sans amour, 1958) dont la carrière de nouvelliste fut relancée par L’instant même en 1999, après vingt-cinq ans de silence. Par ces deux derniers bons coups, en particulier, L’instant même a contribué à la mémoire et à la constitution d’une histoire de la nouvelle québécoise. Il est nécessaire de s’inscrire dans une filiation, en la créant si elle fait défaut: L’instant même y a pourvu. Aucune règle, aucun dogme n’est donc venu s’imposer à ce groupe aux frontières floues et aux inspirations diverses. Tout au plus s’est exercée au cours des premières années une influence réciproque, inéluctable après de nombreuses soirées de création et de lecture passées entre amis, où s’est développé un goût pour l’audace. La difficulté qu’on reconnaît à certains textes, la complexité de certains recueils, la subtilité de certains auteurs de L’instant même sont constitutives de l’expérimentation, sans laquelle on ne ferait jamais que refaire ce qui a déjà été essayé. Pas d’école, donc. Une pépinière? Certainement: si la plupart des auteurs sont restés associés à la maison, d’autres s’en sont allés, qui dans une maison de la métropole, qui du côté du roman, emportant avec eux l’empreinte de la rigueur et du professionnalisme de la maison, notamment visibles dans la conception des recueils et l’exigence stylistique. L’esthétique domestique Il n’est pas impossible cependant qu’ait existé une école de Québec, c’est-à- dire non pas un clair regroupement d’auteurs cherchant à réaliser un programme, mais la rencontre non préméditée de préoccupations esthétiques et thématiques communes chez des écrivains de Québec et des environs. Ainsi, une parenté de sensibilité lie à coup sûr les œuvres de plusieurs nouvellistes, dont Aude, Roland Bourneuf, Esther Croft, Christiane Frenette et Danielle Dussault, pour ne nommer que les plus expérimentés. Ces nouvellistes mettent au premier plan de leur activité créatrice une attention aux profondeurs de l’être tel qu’il se révèle dans son quotidien, et témoignent d’un intérêt marqué pour ce qu’on pourrait désigner (pour reprendre le titre d’un ouvrage de Jung) une dialectique du moi et de l’inconscient, tant il est vrai que les histoires évoquées dans leurs nouvelles s’attardent à l’anecdote et au quotidien qui traduisent le psychisme de l’homme et de la femme d’aujourd’hui. L’inconscient ne se manifestant pas uniquement dans la vie quotidienne, ils le traquent également dans le rêve ou la rêverie; aussi observe-t-on une tendance forte à l’onirisme et à l’introspection chez ces auteurs, comme chez ceux et celles qu’ils ont influencés (Camille Deslauriers, par exemple, épigone autodéclarée d’Aude). Tout se passe comme si Québec constituait vraiment, comme l’a un jour dit Robert Lepage, «un lieu d’infusion». Dans ce concert improbable, L’instant même aura tenu, et tient toujours, sa partition. On aura remarqué que la courte liste donnée ci-dessus contient presque exclusivement des noms de femmes. Nous sera-t-il permis de dire – en cette époque postféministe (donnez à ce mot l’acception qui vous plaît) et friande de gender studies – que la pratique de la nouvelle peut varier en fonction de l’identité sexuelle de l’auteur ? D’une part, l’onirisme littéraire, c’est-à-dire l’incorporation des rêves dans le texte comme dans l’activité des personnages, s’avère un trait résolument féminin dans le corpus de nouvelles québécois ; d’autre part, on s’aperçoit assez rapidement, si l’on se fie à la production de L’instant même, que le fantastique pur (comme la SF) est plutôt « affaire de gars2». (À l’échelle nationale, il y a de notables et heureuses exceptions: Anne Legault, par exemple, ou encore Esther Rochon et Élisabeth Vonarburg.) Le fantastique s’oppose à l’onirisme en ceci qu’il expose, souligne et maintient le divorce entre le réel et le rêve (jusqu’à plonger le lecteur dans une indécidabilité caractéristique), entre le conscient et l’inconscient, entre le moi et le monde. Dans l’écriture onirique, au contraire, on observe une propension à vouloir réconcilier les contraires, à les faire converger, dans l’optique d’un rééquilibrage de tout l’être. Or, il nous semble que cette recherche de l’harmonie personnelle caractérise grandement une fraction importante de la nouvelle québécoise actuelle, où la sensibilité des femmes imprime profondément sa marque. L’écriture onirique serait une écriture en anima; fantastique, elle pencherait vers une écriture en animus. Quoi qu’il en soit, L’instant même a contribué au rayonnement de ces deux esthétiques sœurs. Dans les pages qui viennent, on en trouvera la trace, à des degrés divers, dans les textes de Roland Bourneuf, Diane-Monique Daviau, Camille Deslauriers, Nicolas Dickner, David Dorais, Danielle Dussault, Christiane Lahaie et Gilles Pellerin. Avec le fantastique, le réalisme demeure l’autre veine esthétique de la nouvelle qui ne s’est jamais tarie. On connaît la thématique associée à ce courant, soucieux de représenter des personnages exemplaires dans des milieux familiers au lecteur et aux prises avec des difficultés également connues (ou méconnues, c’est-à-dire sujettes, voire soumises aux préjugés). En sus des

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