Djenné Villes anciennes De Djenné Villes anciennes De DNPC Préface La viLLe historique de djenné et les si cette présence au Patrimoine mondial sites archéologiques des cités qui l’ont est source de fierté pour les djennékes précédée sont pour nous, maliens, un et, au-delà, pour l’ensemble des des fleurons incontestés de la grandeur maliens, elle implique aussi un sens culturelle de nos empires d’antan. de la responsabilité et un défi : celui de préserver et de valoriser cette ville inscrit depuis 1988 sur la Liste du historique et tous les éléments qui y sont patrimoine mondial de l’unesCo pour ses associés, non plus pour les habitants vestiges archéologiques uniques que de djenné et le Mali, mais pour la constituent les sites de djenné-djeno, communauté internationale et pour les hambarkatelo, Kaniana et tonomba, le générations à venir. bien « villes anciennes de djenné » est aussi reconnu comme une des références aux futurs visiteurs de la ville de djenné, mondiales de l’architecture de terre. je souhaite la bienvenue. Ce livret se veut un outil destiné à vous donner un avant À djenné se côtoient des savoir-faire goût des « villes anciennes de djenné », sophistiqués, se révélant non seulement Patrimoine mondial. il vise également dans la construction de maisons aux à vous guider dans la découverte de façades élégantes, mais aussi dans ses chefs-d’œuvre. Fort dépaysement l’artisanat et dans les événements ou découverte d’une culture ? votre festifs : courses de pirogues, battues aux parcours à djenné et dans ses vestiges lièvres, sans oublier les fêtes religieuses archéologiques ne manquera pas de vous tirant leur substance de l’islam, en passionner ! particulier le Maouloud, le ramadan et la tabaski. Bonne visite ! Ce bien, connu à travers le monde pour ses Mohamed el Moctar valeurs exceptionnelles et universelles, Ministre de la culture est de plus en plus visité par des touristes de nombreuses nationalités. il est de fait devenu un potentiel majeur pour le développement socio économique et culturel de la ville, mais aussi de la région et de l’ensemble de notre pays. 2 3 introduction La viLLe de djenné est située au centre du en effet, l’inscription de ce bien à cette il a aussi pour objectifs de générer Mali, à 570 km au nord-est de Bamako prestigieuse liste a été obtenue non des fonds pour renforcer les efforts et à 130 km au sud-ouest de Mopti, aux seulement pour la valeur exceptionnelle de conservation réalisés par la Mission portes du delta intérieur du niger, une de son architecture de terre dont le style culturelle de djenné, et enfin de vaste plaine d’inondation de 30 000 km² a influencé toute la sous-région, mais promouvoir la ville auprès des visiteurs localement appelée Pondo. aussi pour la valeur unique des vestiges qui lors de leur passage contribueront au des civilisations préislamiques présents développement économique de la ville. Le bien, classé Patrimoine mondial, dans les environs proches de la ville. comprend non seulement le centre La ville de djenné s’inscrit dans le cadre historique de la ville, mais aussi des Ce livret a pour but de vous faire découvrir de la légendaire hospitalité du Mali. paysages culturels fossiles (sites la ville de djenné et les villes qui l’ont n’hésitez pas à y faire un long séjour. sa archéologiques) et est donc connu par précédée, de mettre en valeur toutes les population, très accueillante, sera ravie les professionnels sous le nom de « villes facettes de son riche patrimoine, et de de vous faire découvrir ses nombreux anciennes de djenné ». donner des informations fiables. trésors culturels. 4 5 Djenné djenné est iMPLantée au Bord du Bani, Cette position stratégique et la prospérité affluent du fleuve niger, juste un peu en commerciale qu’elle entraîna expliquent amont de son delta intérieur, vaste zone la richesse des vestiges mis à jour par inondable de 30 000 km². Chaque année, les archéologues mais aussi celle de au moment de la saison des pluies, les l’architecture qui a pris à djenné une eaux montent, engorgent les bas-fonds, allure beaucoup plus monumentale que les transformant en une myriade de nulle part ailleurs en afrique de l’ouest. mares, rivières et marécages. en cette saison, seules quelques buttes émergent, La ville de djenné a conservé les préroga- offrant une surface terrestre relative- tives d’une forteresse sise au milieu de ment réduite pour les activités humaines. l’eau qu’ont voulu lui conférer ses fonda- La ville de djenné est construite sur une teurs voilà douze siècles. Les murailles qui de ces îles temporaires, d’une superficie l’entouraient se sont pourtant effritées de 88 hectares. au fil des siècles, mais ses bâtiments à étages, fermés vers l’extérieur de la ville Le site fut occupé depuis des temps très lui donnent toujours de loin l’aspect d’une anciens. ses premiers habitants y avaient imprenable citadelle. probablement trouvé une situation privilé- giée, où ils étaient à la fois bien protégés dans son ouvrage intitulé « voyage à tom- par les zones marécageuses environnantes, bouctou et à djenné » (1828), rené Caillé et bien placés sur les routes commerciales décrit djenné comme « une ville entourée qui reliaient déjà le sud de l’afrique de d’un mur en terre […] ayant dix pieds l’ouest à tombouctou, puis l’afrique du d’élévation et quatorze pouces d’épaisseur nord, vers l’occident et l’orient. et plusieurs petites portes. Les maisons en étage avec des toits en terrasse… sont djenné était un port de redistribution, aussi grandes que celles d’europe… ». par voies fluviale et terrestre des mar- si depuis lors, la ville de djenné a beau- chandises venant d’une part du monde en 1893, à l’issue de la conquête de la ville coup évolué, elle a conservé ses carac- arabo-berbère (sel, dattes, blé, chevaux, par le colonel archinard, celui-ci confir- téristiques exceptionnelles, urbaines et faïences, tissus), livres et bijoux en prove- mera l’exceptionnelle organisation urbaine architecturales, sises dans un paysage nance de Gao et tombouctou en direction et la beauté mythique de la ville : « djenné parfaitement authentique où se trouvent des pays de savane plus au sud, et d’autre est réellement une ville civilisée […] la nombre de vestiges archéologiques, ainsi part des régions de savane (or, produits en ville la plus riche et la plus commerçante que les villages des pêcheurs Bozos qui fer, cola, ivoire, poisson, esclaves, etc.) que j’ai jamais vue au soudan et qui répond possèdent aussi des architectures de en direction du monde méditerranéen. aux normes de ville européenne ». terre remarquables. 6 À Djenné, toutes les rues mènent au fleuve. 7 Histoire Les FouiLLes arChéoLoGiques réalisées entre de nouvelles techniques constructives 1977 et 1981 ont révélé que la zone de inspirées des mosquées et medersas, donnant djenné était déjà habitée au iiie siècle avant naissance au style arabo-soudanais appelé notre ère, et ce plus particulièrement sur le architecture soudanaise. entre 800 et 1000, site de djenné djeno. il s’agit donc d’un des la population aurait été d’environ 20 000 sites urbains les plus anciens de l’afrique au habitants. Cette bourgade a existé pendant sud du sahara. près d’un millénaire avant de disparaître vers 1400 pour la nouvelle djenné. Les versions de la tradition orale relatives à la fondation de la ville de djenné sont Compte tenu de sa position stratégique entre nombreuses. elle daterait de l’époque du le niger et son principal affluent le Bani, Prophète (PsL) ou de vers la fin du iXe — elle fut convoitée par toutes les entités milieu du Xe siècle. L’une de ces versions géopolitiques de la sous région. djenné connut affirme que le célèbre combattant noir successivement la domination des empires Chamaourouchi, originaire de la vallée du Ghana, du Mali (Xiiie siècle), du songhoy du niger, qui se serait illustré lors de la (1470) après un siège de « sept ans, sept bataille de Bedr, aurait attiré l’attention mois et sept jours », puis celle des Marocains du Prophète. Ce dernier lui aurait dit : (Xvi-Xviiie siècles), de l’empire théocratique « retourne dans ton pays et fonde une du Macina (à partir de 1819, après neuf mois grande ville qui sera au-dessus du paradis ». de siège) et de l’empire toucouleur d’el hadj Ce qu’il fit ! et la ville surnommée « al omar tall (1866 après un mois de siège), avant djenna » finit par s’appeler « djenné ». de passer le 12 avril 1893 sous la domination française. Le développement prodigieux du commerce a favorisé les échanges mais aussi une immigration massive vers la nouvelle cité. Les échanges accrus avec le monde arabe Quelques images de Djenné au début du permirent l’expansion de l’islam et l’évolution xxe siècle. 8