Mémoire de recherche présenté par Mlle Hélène Guyonnet VV :: IILLLLEE EETT QQUUAARRTTIIEERRSS DDUURRAABBLLEESS ’’ LL AAFFFFIIRRMMAATTIIOONN DDEE NNOOUUVVEELLLLEESS AAMMBBIITTIIOONNSS UURRBBAAIINNEESS Sous la direction de M. Robert Marconis. 2007 « Pour ce qui est de l'avenir, ilne s'agitpas de leprévoir, mais de le rendre possible » Antoine de Saint-Exupéry Mémoire de recherche présenté par Mlle Hélène Guyonnet VV :: IILLLLEE EETT QQUUAARRTTIIEERRSS DDUURRAABBLLEESS ’’ LL AAFFFFIIRRMMAATTIIOONN DDEE NNOOUUVVEELLLLEESS AAMMBBIITTIIOONNSS UURRBBAAIINNEESS Sous la direction de M. Robert Marconis. 2007 RReemmeerrcciieemmeennttss Je tiens tout d’abord à remercier M. Robert Marconis, pour avoir accepté d’être mon directeur de mémoire. Sa compréhension face à mes difficultés au cours de ce travail m’ont été d’ungrand secours. Je remercie ensuite très sincèrement les personnes m’ayant accompagné dans mes recherches et accordé des entretiens : M. Yann Ferguson, doctorant au CERTOP ; Mme Florence Willm, responsable communicationde la SEM Constellation; Je suis également très reconnaissante, au sein de l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse, à mes différents professeurs - et notamment M. Joseph Carles – ainsi qu’à M. Frédéric Faisyet à Mme Xuan-UyenPhanDinh, au Service de la scolarité. Enfin, je remercie tout spécialement toutes celles et ceux qui m’ont inconditionnellement soutenu durant cetravailet sans lesquels ilm’aurait été difficile de le mener à terme. AAvveerrttiisssseemmeenntt L’IEP de Toulouse n’entend donner aucune approbation, ni improbationdans les mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres àleur auteur(e). SSoommmmaaiirree Introduction ____________________________________________________________ 7 Première partie –L’émergence de la ville durable enEurope____________________ 18 Chapitre 1 - La Campagnedes villes durables européennes__________________ 19 Chapitre 2 – Lanotionde ville durable en question ________________________ 27 Chapitre 3 – Une nouvelle culture urbanistique en gestation_________________ 36 Seconde partie -Les quartiers durables du nord de l’Europe àla France __________ 46 Chapitre 1 – Les quartiers durables à travers les expérimentations fondatrices _ 48 Chapitre 2 - Les quartiers durables en France_____________________________ 65 Chapitre 3 : L’« approche quartier», un soubassement des quartiers durables à interroger ___________________________________________________________ 78 Troisième partie :LaZAC Andromède oul’ambitiond’une nouvelle ère d’aménagement dans l’agglomération toulousaine__________________________________________ 86 Chapitre 1 – Unprojet urbain alliant la volonté de rompre les incohérences de l’agglomération et celle de l’exemplarité en matière de développement durable _ 87 Chapitre 2 – Une réalisation qui s’est donnée les moyens de faire date dans l’agglomération toulousaine____________________________________________ 96 Conclusion ___________________________________________________________ 119 IInnttrroodduuccttiioonn Apparue il y a à peine un quart de siècle, l’idée de développement durable a connu une diffusion sans précédent. Ce succès peut s’expliquer par le caractère extensif, «globalisant » et polymorphe de la notion ou par l’occasion, saisie, d’un nouveau point d’appui de légitimation de l’action publique. Mais ce succès doit surtout être confronté à un contexte d’émergence dans lesquels les villes, les espaces urbains sont au premier plan. Jamais l’urbanisation n’a été aussi forte à l’échelle de la planète, de l’Europe ou bien de la France. Les villes ont depuis leurs origines été le creuset des civilisations et leurs évolutions appartiennent à l’Histoire. Se manifestant dans de nouvelles formes urbaines, cette généralisation de l’urbain soulève donc des interrogations essentielles quant au devenir de nos sociétés et des relations avec l’environnement. Le développement durable offre une nouvelle grille de lecture des mutations rencontrées par les villes et ouvre d’autres perspectives et dynamiques d’actions fondées sur le long terme. Rappel sur l’histoire et lanotion dedéveloppementdurable Revenons tout d’abord sur la notion de développement durable. L’idée est plus ancienne qu’on ne le croit bien souvent, puisque dès le 18ème siècle, des courants tels que le malthusianisme et le naturalisme appellent à prendre en considération l’épuisement à terme des ressources naturelles et la nécessité de préserver l’environnement. Mais c’est surtout à partir de la fin des années 1960 dans les travaux du Club de Rome – dont le marquant Rapport Meadows «Halte à la croissance » - et l’émergence de l’écologie politique que la notion prend ses racines. Il apparaît en effet alors comme évident et alarmant que les activités humaines et la croissance soutenue ont des effets irréversibles et dévastateurs sur les écosystèmes et plus globalement, sur la planète, mettant en jeu l’avenir même de nos sociétés. Ainsi, lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain de Stockholm en 1972, la notion d’éco-développement est définie comme un modèle économique qui se veut compatible avec la prudence écologique et l’équité sociale1, elle 1LanotionaenparticulierétédéveloppéeparIgnacySachs,directeurd’étudesàl’Ecoledeshautesétudesen sciences sociales (EHESS) depuis 1968 et actuellement président de l'Association 4D (Dossiers et Débats pourunDéveloppementDurable). - 7- préfigure historiquement celle de développement durable. Cette dernière la supplante progressivement à partir d’un rapport de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) au début des années 1980. C’est finalement en 1987 que la notion sera retenue au niveau international par la Commission Mondiale sur l’environnement et le développement, dans un rapport intitulé «Our common future » («Notre avenir à tous ») plus communément connu comme «Rapport Brundtland», d’après le nomde la présidente norvégienne de cette commission. La définition qui en est extraite fait consensus: «Le développement durable est un développement qui assure la satisfaction des besoins essentiels des membres des générations actuelles, et tout particulièrement des plus démunis d’entre eux, tout en sauvegardant la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». L’accent est donc mis sur les liens entre pauvreté, dégradation de l’environnement et croissance, ce qui a donné une représentation schématique en trois piliers : Lestroispiliersdudéveloppementdurable.2 La Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (ou Sommet Planète Terre) de Rio de Janeiro en 1992 a consacré le développement durable comme une des premières préoccupations mondiales avec la signature solennelle de la «Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement » par pas moins de 150 chefs de gouvernements et l’adoption d’une déclaration de propositions intitulée «L’Agenda pour le 21èmesiècle » et dite « Agenda 21 ». Ces déclarations officialisent la volonté des Etats de prendre en compte les dimensions environnementales, sociales et économiques dans le développement à toutes les échelles territoriales. Des Commissions nationales de développement durable doivent être mises en place dans les pays signataires pour coordonner les initiatives, et notamment l’Agenda 21 national et les Agendas 21 locaux. L’Union Européenne inclut aussi dans le Traité de Maastricht en 1992 sa vision du 2Source:Charlot-Valdieu(Catherine), Outrequin(Philippe), CharteSUDENpourundéveloppement urbain durable,21mars2005,disponibleauhttp://www.suden.org/documents/CharteSUDEN_000.pdf. - 8- développement durable comme « un mode de régulation et une stratégie dont le but est d’assurer la continuité à travers le temps d’undéveloppement socialet économique, dans le respect de l’environnement et sans compromettre les ressources naturelles qui sont essentielles à l’activité humaine ». Le développement durable représente donc une approche à la fois stratégique et politique, fondée sur une solidarité dans l’espace, entre les territoires et au niveau global, et sur une solidarité dans le temps, entre les générations et au long terme. Elle s’articule autour de plusieurs principes: le principe de globalité et de prise en compte du long terme ; le principe de démocratie participative et la gouvernance; les principes de précaution et de prévention ; le principe de simplification des règles de gestion; le principe de solidarité. La démarche doit donc être prospectiviste, systémique, transversale et multipartenariale, avec l’objectif d’aboutir à des modes viables de production et de consommation. Plusieurs conventions mondiales, principalement au sein de l’ONU, ont par la suite essayé de préciser et d’affirmer l’ancrage territorial du développement durable : Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (1994), Sommet mondial sur le développement social de Copenhague (1995), Sommet des villes ou Habitat II à Istanbul (1996), Conférence de Johannesburg (2002), entre autres. Le Sommet mondial de Johannesburg, dix ans après celui de Rio, était très attendu et réunissait plus de 60.000 personnes représentant 191 Etats, entreprises et O.N.G., mais il a montré en fin de compte plus d’actions de marketing que de décisions et démarches concrètes. La France y a présentée par exemple sa stratégie nationale de développement durable centrée principalement sur des principes d’action au niveau international (aide au développement, solidarité internationale, Droits de l’Homme et mise en place de régulations environnementales et sociales). A la suite des déclarations d’intentions et face aux constats de plus en plus alarmants, l’enjeu véritablement considérable est donc de transformer le concept de développement durable en démarches concrètes et opérationnelles aux différentes échelles territoriales. Comme l’écrit Jacques Theys en 2000, «à force de vouloir tout englober et de chercher désespérément à concilier l’inconciliable, le “développement durable” est encore le plus souvent, rangé dans la catégorie des “bons sentiments” (“whishfull thinkings”) – […] sans contenu opératoire3 ». L’objectif de développement durable a beau être encensé par de nombreux Etats et organisations depuis les années 1990, il est toujours impossible de parler d’une réalisation généralisée, malgré les nécessités et les efforts. 3 Theys (Jacques), Développement durable, villes et territoires. Innover et décloisonner pour anticiper les ruptures,NotesducentredeprospectiveetdeveillescientifiqueduMinistèredel’équipement,destransports etdulogement,n°13,janvier2000,p.9 - 9- Les mutations urbaines audéfidu développement durable Dans cette perspective, à partir de la Conférence de Rio de Janeiro (1992) et la formulation de l’Agenda 21, il apparaît ainsi que la ville et l’urbanisme doivent constituer des champs d’action privilégiés pour la concrétisation du développement durable. La ville est une échelle territoriale prioritaire dans la mesure où on estime que d’ici 2050, les trois quarts de la population mondiale devraient vivre en ville et que dans l’Union Européenne la proportion atteint déjà 80%. En outre, les mutations qu’ont connues les villes au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle ont profondément modifiées leurs morphologies, avec des déséquilibres antagonistes au développement durable. Les villes d’aujourd’hui sont donc marquées par la globalisation, la concentration urbaine dans des métropoles de plus en plus grandes, le développement accéléré des technologies nouvelles, la diversification des modes de vie et l'émergence de nouvelles inégalités sociales. La croissance des échanges de biens et de services et la mobilité des personnes ont renforcé la concurrence entre les Etats,les villes et les individus. Onparle ainsidésormais de «ville divisée »ou de « ville éclatée » pour caractériser la forme urbaine émergente d’un pôle urbain rayonnant sur une constellation de pôles secondaires et sur une périphérie étendue, principalement de faible densité. Sous l’influence des conditions de crédit, du marché foncier et des choix en faveur de la résidence individuelle excentrée, l’espace français est en 50 ans devenu périurbain. Les classes moyennes particulièrement, rebutées par l’habitat collectif, ont migré en périphérie à la recherche d’un cadre de vie estimé plus agréable, tandis que les centres-villes ont été accaparés par les acteurs économiques et les classes sociales favorisées (gentrification). Ces transformations se traduisent par le développement des migrations alternantes entre centre et périphérie, pour l’emploi et les activités de loisirs, et par une dissociation des différents moments de la vie quotidienne, renforçant la mobilité mais aussi les phénomènes de dilution des liens sociaux et familiaux. Le morcellement induit par l’omniprésence des infrastructures de transports, la monofonctionnalité et la segmentation sociale des espaces engendrent une dégradation de l’espace public dans sa conception traditionnelle européenne de centralité «de courtes distances », de densité décroissante, de l’échelle du quartier et de la place publique par exemple. L’opposition entre ville et campagne a aussi perdu son sens historique par le mitage urbain en diffus des territoires ruraux. Face aux possibilités sociales et techniques de plus en plus grandes pour les individus de développer leur autonomie et de différencier leurs pratiques, l’espace urbainrévèle une complexificationsociale croissante. Comme le souligne François Ascher, - 10-
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