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Valorisation d'entreprise et théorie financière PDF

58 Pages·2003·1.01 MB·French
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PIERRE_TITRE Page III Mercredi, 29. octobre 2003 2:45 14 Florence PIERRE avec la collaboration d’Eustache Besançon Valorisation d’entreprise et théorie financière © Éditions d’Organisation 2004 ISBN : 2-7081-2980-5 PIERRE_P02 Page 81 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 PARTIE 2 Les déterminants boursiers et économiques de la valeur L’objectif de l’entreprise étant, selon la théorie financière américai- ne, de maximiser la richesse des actionnaires, il est indispensable de pouvoir mesurer la valeur de l’entreprise et plus encore de me- surer les déterminants de cette valeur. Qu’est-ce que la valeur d’une entreprise ? C’est un concept qui ali- mente de nombreux débats, notamment dès que l’on s’intéresse à des sociétés non cotées. Pour les sociétés cotées, la question de leur valeur peut à priori être résolue à chaque instant par le mar- ché. D’entrée de jeu, il convient toutefois de préciser que la valeur d’une société (et par cela on entend la valeur d’une participation significative, minoritaire ou majoritaire, dans le capital de ladite so- ciété) est donnée de manière encore plus objective que par la Bourse, lorsqu’il y a transaction, par le prix auquel cette transac- PIERRE_P02 Page 82 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Les déterminants boursiers et économiques de la valeur tion se réalisera, malgré tous les facteurs subjectifs qui s’y atta- chent. Pour une société cotée, le prix de transaction pourra assez souvent être différent du prix reflété par le cours de Bourse, ou même par un cours moyen du moment. Le problème se pose en revanche pour les sociétés non cotées. Une société non cotée, si elle a sans aucun doute implicitement une valeur, n’est évaluée que lorsqu’elle fait l’objet d’une transac- tion (cession, succession). Dans ces occasions, il s’agira pour les parties en présence d’arriver à se mettre d’accord sur le prix d’un actif qui, en l’absence d’un marché organisé, n’est pas instantanément valorisé. La seule solu- tion, même si elle est difficile à pratiquer, consiste à se demander ce que vaudrait la société si elle était cotée. On s’aperçoit alors que, pour fixer une valeur à la société, il est presque toujours né- cessaire de recourir à des modèles similaires à ceux utilisés pour valoriser une société cotée. En anticipant sur les développements qui suivront, il est possible d’énoncer que la valeur d’une société, qu’elle soit cotée ou non, est toujours égale à la valeur actualisée d’une série de flux finan- ciers futurs disponibles, dégagés par le cycle d’exploitation de l’entreprise, que ces flux soit ou non distribués sous la forme de dividendes. On entend par flux disponibles (traduction de free cash-flow), les flux financiers nets des dépenses d’investissements nécessaires au maintien de l’exploitation. n o ati s ni a g Or d’ s n o diti É © 82 PIERRE_P02 Page 83 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 C 1 HAPITRE Le modèle boursier 1. Le modèle de Gordon-Shapiro a) Présentation du modèle Le modèle boursier classique appréhende la valeur du capital d’une société, ou plutôt le prix d’une action de cette société, en actualisant à l’infini les dividendes futurs anticipés au taux de ren- dement attendu par les actionnaires. La formulation de base de cette méthode d’évaluation d’une action traitée sur le marché boursier est : ∞ DIV ∑ n VAL = ------------------ (1+t)n n=1 VAL est la valeur actualisée nette DIV , les dividendes versés pour l’année n n t, le rendement attendu par l’actionnaire Cette définition de base attire une remarque immédiate : son ap- plication nécessiterait de connaître le dividende de chaque année future pour l’éternité, ce qui rend à l’évidence la formulation de base inutilisable en pratique. Gordon et Shapiro ont résolu ce problème en recourant à l’hypo- thèse simplificatrice d’un dividende (DIV), croissant pour l’éternité à un taux constant g. En effet, si le dividende croît à un taux ré- gulier g, la formule de calcul de la valeur peut s’écrire : DIV DIV(1+g) D IV(1+g)n VAL = lim ---------------+---------------------------+ .. +------------------------------ , (1+t) (1+t)2 (1+t)n+1 PIERRE_P02 Page 84 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Les déterminants boursiers et économiques de la valeur où DIV est le prochain dividende escompté, qui sera alors égal; dans deux ans à DIV (1+g), dans trois ans à DIV (1+g)2, etc. Sur une période de temps infinie, cette suite tend vers : DIV VAL = ------------ , t–g’ à condition, bien entendu, que le taux de croissance du dividende estimé sur cette période perpétuelle demeure inférieur au taux d’actualisation choisi. Dans le cas où le taux de croissance futur des dividendes est nul, la valeur de la société est alors égale à : DIV VAL = ---------- . t Le modèle de Gordon-Shapiro permet donc à l’investisseur ou au responsable financier de déterminer, sur la base d’un dividende re- présentatif de la capacité bénéficiaire de l’entreprise et en fonction du taux de rendement qu’il exige, la valeur de l’action. Celui-ci peut ensuite comparer la valeur de l’action calculée à celle cons- tatée sur le marché, à celle exigée par le cédant ou à celle d’autres valeurs de caractéristiques comparables, disponibles sur le mar- ché. Ce modèle boursier classique implique des marchés parfaitement efficients, c’est-à-dire définis par : – un comportement rationnel des intervenants ; – la transparence des marchés, soit un niveau d’informations dis- ponibles équivalent pour tous les opérateurs ; – des anticipations homogènes sur la performance financière fu- ture des sociétés, et, à terme, un marché à l’équilibre. Ces trois conditions permet- tent l’efficience des marchés et une meilleure capacité à prévoir les comportements collectifs. n Ainsi, le taux de rendement attendu par les intervenants du mar- atio ché est-il nécessairement égal à la rentabilité anticipée des socié- nis a tés. Il est rappelé ici que cette dernière n’entretient qu’un lien ténu g Or avec le concept comptable, assez limité mais largement utilisé, de d’ rentabilité financière instantanée, mesurée par le ratio résultat net ns o sur fonds propres. En effet, une société étant considérée comme diti un portefeuille de projets économiques et financiers, la rentabilité © É 84 PIERRE_P02 Page 85 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Chapitre 1 Le modèle boursier ■ d’un exercice donné n’intègre pas nécessairement la rentabilité fu- ture de l’ensemble des projets actuellement en cours. Le taux de rendement attendu par les investisseurs est néanmoins déterminé en partie par des données exogènes à toute entreprise : – la classe de risque économique à laquelle elle appartient ; – l’endettement ou risque financier ; – les marchés monétaires et financiers déterminant les taux d’in- térêt ; – données générales du marché boursier au moment où l’analyse est menée. Dans ce cadre, un éventuel décalage entre le taux de rendement exigé par les investisseurs et la rentabilité financière prévisible se- rait ajusté de la manière suivante : si le taux de rentabilité finan- cière d’une société s’avère supérieur au taux de rendement, les investisseurs achèteront tous les titres d’une telle société ; son cours s’appréciera, ce qui se traduira par une baisse du taux de rentabilité attendue, jusqu’à ce qu’il redevienne égal au taux de rendement. À l’inverse, une rentabilité financière insuffisante se traduirait par une baisse de cours lui permettant d’égaliser le taux de rendement. Dans la réalité, les marchés n’étant pas parfaitement synchronisés, on verra plus loin qu’il peut y avoir effectivement décalage à un moment donné entre la rentabilité financière d’une société, même intégrant les rentabilités financières futures des différents projets économiques de cette entité économique, et le taux de rendement attendu par le marché. Dans les développements qui suivent, r est bien la rentabilitéfinan- cière relevée lors d’une année donnée à partir des informations comptables que sont le résultat net et les capitaux propres, ces derniers étant éventuellement corrigés, et t est le taux de rende- n o ati ment attendu. Ce dernier taux correspond dans la théorie à la ren- nis tabilité financière anticipée par les actionnaires sur le futur, a g concept précieux mais grandeur excessivement difficile à calculer, Or d’ même pour l’analyste interne à la société. On relèvera donc des ns différences de niveaux entre t et r et, en conséquence, comme on o diti le verra plus loin, entre le montant des capitaux propres et la va- É © leur du capital d’une société. 85 PIERRE_P02 Page 86 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Les déterminants boursiers et économiques de la valeur Afin de rendre le modèle suffisamment opérant malgré ces diffi- cultés d’adaptation entre la théorie et la pratique, un concept de rentabilité financière marginale sera introduit ; il correspond au taux de rentabilité requis à un moment donné dès lors que la di- rection de l’entreprise décide de réinvestir au-delà des montants nécessaires à la reconstitution de l’outil de travail existant. Enfin, précisons que l’on utilise le plus couramment, dans le calcul de valeur actualisée nette, un taux de rendement nominal, ce qui implique également de choisir un taux de croissance nominal. Cet- te méthode est la plus pratique, bien qu’elle ne permette pas de résoudre le problème de l’évolution future de l’inflation. Exemple n° 1 À partir des données de la société type, KTYP, décrite en annexe 3, dont les caractéristiques sont : BEN = 84 DIV = 54 t = 12 % g = 6 % on obtient une valeur de l’action ou du capital : 54 VAL = -------------------------- = 900 12% –6% Exemple n° 2 Supposons maintenant que le taux de rendement exigé par l’ac- tionnaire passe à 13 %, on obtient alors : 54 VAL = -------------------------- = 771 13% –6% Une augmentation du taux d’actualisation de 1 % entraîne une di- minution de valeur de 14,3 %, ce qui est très significatif. La mise en œuvre des exemples précédents appelle plusieurs re- marques : n o – le taux de rendement exigé et la valeur varient en sens inverse ; sati ni plus le taux de rendement exigé par l’actionnaire est élevé, plus a g la valeur est faible ; Or d’ – en revanche, le taux de croissance des dividendes et la valeur ns o varient dans le même sens ; plus les perspectives futures de diti croissances sont importantes, plus la valeur est élevée. © É 86 PIERRE_P02 Page 87 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Chapitre 1 Le modèle boursier ■ Comme on vient de le faire remarquer, la formule VAL =DIV/t cor- respond au cas particulier où la société analysée n’offre aucune perspective de croissance réelle sur le long terme. Le taux de croissance des dividendes ne peut être supérieur au taux de rendement attendu par les actionnaires. C’est une limite propre au modèle. Lorsque le taux de croissance moyen pour l’éternité approche le taux de rendement, la valeur de l’action tend vers l’infini. Tant l’observation de la réalité économique que de la réalité ma- thématique confirment d’ailleurs que la croissance à long terme des dividendes de la société ne peut être supérieure au taux de rendement attendu par les actionnaires. En effet, gardant à l’esprit un taux de rendement attendu indicatif, par exemple aujourd’hui égal à environ 11 à 12 %, il est aisé d’apprécier qu’il est pratique- ment impossible de trouver des sociétés à qui l’on pourrait attri- buer un taux de croissance réel moyen à très long terme de l’ordre de ce taux de rendement attendu. Toute entreprise, même si elle connaît à un certain moment et pendant quelques années une pé- riode de forte croissance, (à un taux de 10, 20 voire 30 %), ne peut connaître qu’une croissance tendant au mieux vers celle du PIB, soit 5 à 6 % en terme nominal sur le long terme. Exemple n° 3 Afin d’illustrer la conséquence de l’anticipation d’un taux de crois- sance des résultats trop inspiré d’un taux de croissance qui peut être à un moment donné très élevé, la valeur de la société type est recalculée en faisant varier le taux de croissance futur des dividen- des de 6 à 9 %, soit de 3 points. 54 VAL = -------------------------- = 1800 13% –9% La valeur, passant de 900 à 1800, a ainsi doublé. n o b) Reformulation du modèle – Phases de croissance multiples ati s ni S’il n’est pas très aisé de déterminer le taux de croissance moyen a g à long terme des dividendes versés par une société, il est possible Or d’ de réécrire le modèle de Gordon-Shapiro de valorisation du capital ns d’une société en distinguant plusieurs périodes de croissance. Cet- o diti te approche correspond mieux à la réalité des entreprises et des É © décisions stratégiques qu’elles doivent régulièrement prendre afin 87 PIERRE_P02 Page 88 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Les déterminants boursiers et économiques de la valeur de maintenir leur potentiel de croissance via les avantages compé- titifs requis et une rentabilité suffisante. C’est à ces conditions qu’elles continueront à créer de la valeur. Pour simplifier, retenons d’abord le cas d’une société dont on pourrait mieux appréhender la croissance des résultats à long ter- me en distinguant deux phases. Pour deux périodes de croissance, l’expression de la valeur devient V = V + v , soit : 1 2 V =n=∑n1+1-D----I--V-----(--1----+-----g---1---)--n----–---1-- +n∑=∞ D-----I--V-----(--1----+-----g---1---)--n---1--(--1----+-----g---2---)--n----–---n---1---–---1-- (1+t) (1+t)n n=1 n=n +2 1 V1 V2 g étant le taux de croissance pour les n premières années et g 1 1 2 celui pour les périodes suivantes. Exemple n° 1 Soit une action dont : le prochain dividende sera égal à 54, le taux de rendement exigé est de 12 %, le taux de croissance g pour une première période de cinq ans, 1, est de 15 %, ce qui reflète un avantage compétitif substantiel, et le taux de croissance g au-delà, à l’infini, est de 6 % : 2, n∑=654(1+15%)n–1 n∑=∞54(1+15%)5(1+6%)n–6 VAL = ----------------------------------------+ ----------------------------------------------------------------- (1+12%)n (1+12%)n n=1 n=7 V1 V2 On trouve : VAL = 1328 dont V1 = 356 et V2 = 972 Exemple n° 2 n o Soit maintenant un taux de croissance g1 bien inférieur pour la ati s première période, et par exemple égal à 9 % : ni a g n∑=654(1+9%)n–1 n∑=∞54(1+9%)5(1+6%)n–6 d’Or VAL = -------------------------------------+ -------------------------------------------------------------- s (1+12%)n (1+12%)n on n=1 n=7 diti V1 V2 © É 88 PIERRE_P02 Page 89 Vendredi, 10. octobre 2003 11:50 23 Chapitre 1 Le modèle boursier ■ on obtient alors : VAL = V1 + V2 = 295 + 744 = 1039 Exemple n° 3 Soit, enfin, une première période de croissance à 9 %, d’une durée de dix ans : n∑=654(1+15%)n–1 n∑=∞54(1+15%)5(1+6%)n–6 VAL = ----------------------------------------+ ----------------------------------------------------------------- (1+12%)n (1+12%)n n=1 n=7 V1 V 2 VAL = V1 + V2 = 507 + 649 = 1156 Souvent deux phases de croissance ne suffisent pas à prévoir sé- rieusement le parcours de croissance d’une société, et il est utile de penser à recourir à un découpage en trois phases. Ceci confère à la démarche d’analyse un plus grand degré de précision. À noter que l’appréciation de la croissance d’une entreprise à perpétuité ne sera jamais totalement satisfaisante. Mais une approche par phases successives de taux normés permet en général de retomber sur un taux de croissance implicite global cohérent avec celui sous-tendu par les valorisations boursières. Mieux, elle permet de détecter et d’expliquer le cas échéant les incohérences qui appa- raissent, notamment en termes de croissance des résultats entre les valeurs de marché et les valorisations plus intrinsèques et fonda- mentales dérivées de l’AFD. Un tel découpage permet de souligner que la croissance g est sou- vent appréciée de manière beaucoup trop optimiste par le marché, qui surévalue ainsi les sociétés à forte croissance. En effet, les in- vestisseurs boursiers privilégient trop le court terme, projettent sur une trop longue période des taux de croissance soutenus au dé- part et ne gardent pas assez à l’esprit l’idée de perpétuité qu’impli- que le modèle d’évaluation de Gordon-Shapiro et le poids mathématique des taux composés. n o c) Croissance, taux de rendement et rentabilité financière ati s ni On reviendra dans le dernier chapitre de cette partie sur les dé- a g terminants de la croissance du dividende. Mais il convient d’ores Or d’ et déjà de préciser que celle-ci dépend à la fois du taux de crois- ns sance des bénéfices, qui est lui-même dépendant de l’évolution du o diti taux de rentabilitéde l’entreprise et du taux de mise en réserve des É © bénéfices de l’entreprise. 89

Description:
Les modèles de Gordon-Shapiro et Brealey-Myers (VOPC) sont des modèles . La solution que nous préférons est de calculer une rentabilité mar- Mais nous allons montrer que, si chaque actionnaire, pris individuellement, achète bien explicitement une plus-value anticipée, le marché, dans son.
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