Une propri´et´e de transfert en approximation diophantienne Patrick BERNARD1 janvier 2001, corrig´e ´et´e 2003 6 1 0 2 R´esum´e : E´tant donn´e un vecteur ω Rn, on d´efinit la suite T des p´eriodes de ω i n ∈ comme la suite des temps de meilleur retour pr`es de l’origine de la translation x x+ω a 7−→ J sur le tore Tn. On ´etudie comment les propri´et´es diophantiennes du vecteur ω peuvent ˆetre 6 exprim´ees `a l’aide de la suite des p´eriodes. Plus pr´ecis´ement, on montre que si le vecteur ω ] est non r´esonant, et si ses p´eriodes v´erifient l’in´egalit´e Ti+1 6 CTi1+τ avec τ < (n−1)−1, S alors le vecteur ω est diophantien. D h. Abstract : Given a vector ω Rn, the sequence Ti of periods is defined as the sequence ∈ t of times of best returns near the origin of the translation x x+ω on the torus Tn. In a 7−→ m the present paper, we study how the Diophantine properties of ω can be expressed considering [ the sequence of its periods. More precidely, we prove that, if the vector ω is not resonant, and if the sequence of periods satisfy the inequality T 6 CT1+τ with τ < (n 1)−1, then the 1 i+1 i − v vector ω is Diophantine. 2 9 1 1 Introduction 0 . 1 0.1 Soit ω un vecteur de Rn. On note Tn le tore (R/Z)n, et t : Tn Tn le diff´eomor- 0 ω −→ 6 phisme x x+ω. On s’int´eresse au syst`eme dynamique discret engendr´e par tω. On dit 7−→ 1 que ω est r´esonant si il existe k Zn tel que le produit scalaire ω,k est entier ( Z). Dans : ∈ h i ∈ v ce cas, le tore Tn est fibr´e en tores de plus petite dimension invariants par t . Sinon, on dit ω Xi que ω est non r´esonant, et tω est uniquement ergodique et minimal, c’est `a dire que Tn est r le seul compact non vide invariant par tω, et que la mesure de Haar est la seule mesure de a probabilit´e invariante. Il est tr`es utile en th´eorie de la moyennisation (th´eorie KAM par exemple) de quanti- fier le caract`ere non r´esonant de ω. Le plus simple consiste `a minorer les ”petits diviseurs” d( k,ω ,Z), k Zn. On parle alors de propri´et´es diophantiennes lin´eaires. Cette approche est h i ∈ assez naturelle, car les petits diviseurs apparaissent directement au d´enominateur des coeffi- cients des s´eries de perturbation dans de nombreux probl`emes. Intuitivement, ceci revient a quantifier l’ergodicit´e de t , mais le sens dynamique des petits diviseurs n’est pas tr`es clair. ω Onpeutaussimesurerlaqualit´e del’approximation deω pardesvecteurs rationnels, c’est `a dire estimer d(Tω,Zn), T Z. On parle alors de propri´et´es diophantiennes simultan´ees. ∈ Cette approche n’a´et´e utilis´ee que beaucoup plus r´ecemment dans les probl`emes de moyenni- sation, voir [2], ou` elle permet une simplification remarquable du th´eor`eme de Nekhoroshev. On peut enfin se restreindre `a la suite des meilleures approximations de ω, comme sugg´er´e 1. Patrick Bernard, InstitutFourier, BP 74, 38402 Saint Martin d’Hy`erescedex, FRANCE. [email protected] 1 dans [2]. On d´efinit pour ceci les p´eriodes T (ω) de ω Rn en posant T (ω) = 1 et i 0 ∈ T (ω) = min T N tel que Tω < T (ω)ω . (1) i+1 Z i Z ∈ k k k k (cid:8) (cid:9) Voir 0.2 ci-dessous pour les notations. La croissance des p´eriodes d´etermine de mani`ere tr`es condens´ee les propri´et´es diophantiennes de ω. Un int´erˆet majeur de l’approximation simultan´ee est son caract`ere profond´ement dyna- mique. En effet, si l’on consid`ere un hom´eomorphisme φ d’un espace m´etrique et une orbite r´ecurrente φn(x) decet hom´eomorphisme,on peutd´efinir les´ecarts d(φn(x),x) et les p´eriodes T de cette orbite par T = 1 et i 0 T = min T N tel que d(φT(x),x) < d(φTi(x),x) . i+1 ∈ (cid:8) (cid:9) Ces d´efinition co¨ıncident avec les notions vues au dessus lorsque φ est la translation sur le tore de vecteur ω. La correspondancepr´ecise entre les diff´erents types depropri´et´es diophantiennes n’est pas imm´ediate, bien que ces propri´et´es soient visiblement de mˆeme nature. Nous rappelons ici le tr`esclassiqueth´eor`emedetransfertdeKhintchine,etl’´etendonsauxpropri´et´esdiophantiennes d´efinies en terme de croissance des p´eriodes, qui n’avaient pas ´et´e ´etudi´ees jusqu’ici. Cet article doit beaucoup `a mes conversations avec Pierre Lochak sur le lien entre les m´ethodes de perturbation par approximation simultan´ees d´evelopp´ees dans [2] et la th´eorie KAM. Je tiens aussiaremercier Xavier Buff,quim’asugg´er´e uneam´elioration delaPropri´et´e 1.3, ainsi que le referee pour sa lecture attentive qui a permis de nombreuses am´eliorations du texte. 0.2 Notations : On utilise pour l’essentiel les notations de l’appendice 1 de [2]. Soit ω = (ω ,...,ω ) Rn, on note 1 n ∈ ω = sup ω . i | | | | i Si ω′ = (ω′,...,ω′) Rn, on note 1 n ∈ ω,ω′ = ω ω′ +...+ω ω′ h i 1 1 n n le produit scalaire standard, et ω = ω,ω . k k h i Pour ω Rn, on note p ∈ ω = min ω k , Z k k k∈Zn| − | et de la mˆeme fa¸con, x = min x k pour x r´eel. Z k∈Z k k | − | 1 Th´eor`emes de Dirichlet Il est utile pour fixer les id´ees de rappeler les deux r´esultats les plus simples de l’approxi- mation diophantienne. On pourra consulter [3] pour les preuves. 1.1 Th´eor`eme de Dirichlet : Consid´erons un vecteur ω Rn, pour tout r´eel Q > 0, il ∈ existe un entier positif T < Q tel que Tω Z 6 Q−n1. k k En cons´equence, il existe une infinit´e d’entiers T tels que Tω Z < T−n1. k k 2 1.2 Th´eor`eme : Consid´erons unvecteur ω Rn, pourtout r´eel Q > 0 il existe un vecteur ∈ k Zn v´erifiant k < Q et tel que ∈ | | k,ω 6 Q−n. Z kh ik En cons´equence, il existe une infinit´e de vecteurs entiers k tels que k,ω < k −n. Z kh ik | | 1.3 Propri´et´e : La suite T (ω) des p´eriodes de ω satisfait : i 1 1 6 T (ω)ω 6 . i Z T (ω)+T (ω) k k T (ω)1/n i i+1 i+1 L’in´egalit´e de droite est une cons´equence directe du th´eor`eme de Dirichlet avec Q = T (ω). i+1 En effet, on a alors 1 T (ω)ω = min Tω 6 . k i kZ 16T<Ti+1(ω)k kZ Ti+1(ω)1/n Pour montrer l’in´egalit´e de gauche, consid´erons des vecteurs entiers w tels que i T (ω)ω = T (ω)ω w . i Z i i k k | − | Comme T (ω)w T (ω)w est un vecteur entier non nul, on a i i+1 i+1 i − 1 T (ω)w T (ω)w w w 6 i i+1− i+1 i = i+1 i T (ω)T (ω) (cid:12) T (ω)T (ω) (cid:12) (cid:12)T (ω) − T (ω)(cid:12) i i+1 (cid:12) i i+1 (cid:12) (cid:12) i+1 i (cid:12) (cid:12) w w(cid:12) (cid:12) (cid:12) 6 (cid:12) i+1 ω + ω (cid:12)i (cid:12) (cid:12) (cid:12)T (ω) − (cid:12) (cid:12) − T (ω)(cid:12) (cid:12) i+1 (cid:12) (cid:12) i (cid:12) (cid:12)T (ω)ω (cid:12) (cid:12)T (ω)ω (cid:12) 6 (cid:12)k i+1 kZ(cid:12)+ k(cid:12) i kZ (cid:12) T (ω) T (ω) i+1 i T (ω)+T (ω) i i+1 < T (ω)ω , i Z T (ω)T (ω) k k i i+1 la Propri´et´e en d´ecoule. 2 Propri´et´es de transfert 2.1 Rappelons que la suite T (ω) est la suite des p´eriodes introduite dans l’introduction. i On d´efinit les ensembles Ω (τ) = ω Rn/ C > 0, T N, Tω > CT−(1+τ)/n , n Z ∈ ∃ ∀ ∈ k k n o Ωn(τ) = ω Rn/ C > 0, k Zn 0 , k,ω > C k −(1+τ)n , Z ∈ ∃ ∀ ∈ −{ } kh ik | | n o Ω(τ)= ω Rn/ C > 0, i N, T (ω) 6 CT (ω)1+τ , i+1 i ∈ ∃ ∀ ∈ Ω˜(τ) = (cid:8)ω Ω(τ)/ k Zn 0 , k,ω Z . (cid:9) { ∈ ∀ ∈ −{ } h i 6∈ } Auvudesth´eor`emes deDirichlet delasection 1,lesensemblesΩn(τ)etΩ (τ)sontvidespour n τ < 0, il en va ´evidemment de mˆeme des ensembles Ω(τ) et Ω˜(τ). On dit que les ´el´ements de Ωn(τ) pour τ > 0 satisfont une propri´et´e diophantienne lin´eaire, et que les ´el´ements de Ω (τ) n satisfont une propri´et´e diophantienne simultan´ee. Dans cette note, on montre le 3 2.2 Th´eor`eme de transfert : Pour tout τ >0, τ τ Ω Ω˜ Ωn(τ) Ω (nτ). n n (cid:18)(n 1)τ +n(cid:19) ⊂ (cid:18)(n 1)τ +n(cid:19) ⊂ ⊂ − − On en d´eduit par exemple que toutes les notions de vecteurs mal approchables co¨ıncident : Ω (0) = Ωn(0) = Ω˜(0). n Lorsque n = 1, ces nombres sont dits de type constant. On d´eduit aussi qu’une propri´et´e diophantiennelin´eaireimpliquetoujoursunepropri´et´e diophantiennesimultan´ee. L’apparten- ance `a Ω (τ) n’implique cependant une propri´et´e diophantienne lin´eaire que si τ < (n 1)−1. n − L’existence de ce seuil sera expliqu´ee dans la section 3. 2.3 Mentionnons que les inclusions suivantes, dues `a Khintchine, sont bien connues depuis longtemps (voir [2], [3]) : Pour tout τ > 0, τ Ω Ωn(τ) Ω (nτ). n n (cid:18)(n 1)τ +n(cid:19) ⊂ ⊂ − 2.4 La section suivante est consacr´ee `a quelques discussions sur le th´eor`eme de transfert. On y r´eduit la preuve des deux nouvelles inclusions `a celle la Proposition 3.10. 3 Vecteurs rationnels et r´esonances 3.1 Le module de r´esonance de ω, R(ω), est l’ensemble des vecteurs k Zn pour lesquels ∈ k,ω Z. On appelle ordre de r´esonance de ω le rang de ce sous groupe de Zn, c’est `a dire h i ∈ le cardinal de ses bases. Le vecteur ω est dit r´esonant si son module de r´esonance n’est pas trivial, c’est `a dire si son ordre de r´esonance est non nul. 3.2 Le vecteur ω est dit rationnel si ses composantes sont rationnelles. Le vecteur ω est rationnel si et seulement si toutes les orbites des t sont p´eriodiques. Elles ont alors toutes ω la mˆeme p´eriode, qui est le plus petit d´enominateur commun des composantes de ω. Les vecteurs rationnels sont les vecteurs maximalement r´esonants, c’est `a dire ceux dont l’ordre der´esonanceestn.Eneffet,toutmoduleRderangncontientlemoduleTZn pourunecertain T. Les vecteurs ayant R pour module de r´esonance sont donc n´ecessairement T-p´eriodiques. 3.3 Proposition : Soit ω un vecteur r´esonant d’ordre r. Il existe une matrice A Gl (Z) n ∈ et une famille d , 1 6 i 6r, d’entiers tels que d divise d et tels que i i i+1 (d e ,...,d e ) 1 1 r r forme une base du module de r´esonance de Aω, ou` (e ,...,e ) est la base standard de Rn. 1 n En particulier, Aω = (w/T,ω′) Qr Rn−r, ∈ × ou` ω′ est un vecteur non r´esonant et w/T est un vecteur p´eriodique (rationnel) de p´eriode T = d .Lorsqueω estp´eriodique,onluiassociedoncninvariants d ,ou` d = T estlap´eriode. r i n Il existe alors une matrice A Gl (Z) telle que n ∈ Aω =(a /d ,a /d ,...,a /d ) 1 1 2 2 n n avec des composantes a /d irr´eductibles. i i 4 3.4 D´emonstration : Soit R le module de r´esonance de ω. Consid´erons une base k ,...,k de R, et associons lui la matrice B `a coefficients entiers de l’application lin´eaire 1 r Rn x ( k ,x ) Rr. Par un r´esultat classique, voir [1], th´eor`eme 3.8, il existe une i ∋ −→ h i ∈ matrice A Gl (Z), une matrice C Gl (Z) et une matrice diagonale n r ∈ ∈ d 0 0 1 ··· Λ = ... 0 d 0 ... r telle que B = CΛA, ou` les coefficients diagonaux d sont des entiers tels que d divide d . i i i+1 La propostion en d´ecoule puisque k,Aω Z Atk,ω Z Atk Im(Bt)= Im(AtΛt) k Im(Λt). h i ∈ ⇐⇒h i ∈ ⇐⇒ ∈ ⇐⇒ ∈ 3.5 Remarque : Tout sous groupe de Zn n’est pas un module de r´esonance, et les invariants d’unmoduleder´esonance satisfontcertaines contraintes. Enparticulier,ilestfacile dev´erifier queles invariants quinesontpas´egaux `a1sonttousdistincts:d = d d = 1. i i+1 i ⇒ 3.6 Lorsquen = 1, unrationnel ω = w/T (sous formeirr´eductible) degrandd´enominateur T auncomportementtr`esproched’unirrationnelencesensquelespointskω,k Zsontbien ∈ r´epartis sur le cercle (ce sont pr´ecis´ement les points de la forme l/T, l Z). En dimension ∈ sup´erieure, certains vecteurs p´eriodiques de grande p´eriode se comportent essentiellement comme des vecteurs non-r´esonants, et d’autres se comportent plutoˆt comme des vecteurs r´esonants (par exemple le vecteur (0,w/T) R2). En raison de la non compacit´e du groupe ∈ Gl (Z)pourn > 2,iln’estpaspossibledequantifierlapr´esenceeffectiveounonder´esonances n pour un vecteur p´eriodique ω de grande p´eriode par des quantit´es invariantes par l’action de Gl (Z). Par exemple, ´etant donn´e un vecteur ω R2, l’algorithme des fractions continues n ∈ permet de trouver une suite (non born´ee) A de matrices de Gl (Z) et une suite de rationnels n 2 x Q tels que A (0,x ) ω lorsque n tend vers l’infini. n n n ∈ −→ Il est donc utile d’introduire la quantit´e e(ω) = min k . k∈R(ω)−{0}| | Pourillustrersonroˆle,consid´eronsunvecteurr´eelωetunesuited’approximationsrationnelles w /T de ω, ou` la p´eriode T tend vers l’infini. Il n’est pas difficile de voir que la limite ω n n n est r´esonante si et seulement si la suite e(w /T ) est born´ee. Notons que, pour un vecteur n n rationnel w/T de p´eriode T, on a l’estimation 1 6 e(w/T) 6 T1/n. En effet, le th´eor`eme 1.2 donne l’existence d’un vecteur entier k tel que k 6 T1/n et | | k,w/T < 1/T, mais alors k R(w/T). R´eciproquement, pour la plupart des vecteurs Z kh ik ∈ rationnels w/T de d´enominateur T, e(w/T) est au moins de l’ordre de T1/(n+1). Ceci est rendu plus pr´ecis par la Propri´et´e 3.7 ci-dessous. Les vecteurs p´eriodiques pour lesquels la valeur e est grande sont ceux dont l’orbite est constitu´ee de points bien r´epartis sur le tore. 5 3.7 Propri´et´e : Pour tout r´eel strictement positif τ, la proportion de vecteurs entiers w tels que 1−τ e(w/T) 6 Tn+1 tend vers zero lorsque T tend vers l’infini. D´emonstration : Nous allons majorer le nombre de points entiers w de [0,T 1]n tels − qu’il existe un vecteur entier k v´erifiant k 6 A et k,w = Tl, l Z. Pour chaque couple | | h i ∈ (k,l) Zn Z, l’hyperplan k,w = Tl contient au plus Tn−1 points entiers dans [0,T 1]n. ∈ × h i − Parailleurs,pourunvecteurentierk donn´e,lenombred’entiersltelsquel’hyperplan k,w = h i Tlintersecte[0,T 1]n estauplusn(2k +1),puisque k,w 6 n k w .Lenombredecouples − | | |h i| | || | (k,l) Zn Z v´erifiant k 6 A et tels que l’hyperplan d’´equation k,w = Tl intersecte ∈ × | | h i [0,T 1]n est donc inf´erieur `a n(2A+1)n+1. Il y a donc au plus − n(2A+1)n+1Tn−1 points entiers w dans [0,T 1]n tels que e(w/T) 6 A. On termine alors la d´emonstration en − remarquant que n 2Tn1−+τ1 +1 n+1Tn−1 = o(Tn). (cid:16) (cid:17) 3.8 En ne retenant d’un vecteur rationnel que sa p´eriode T, on perd donc une information essentielle. Par exemple, la suite des distances T(ω,0) , T Z, associ´ee au vecteur (ω,0) Z k k ∈ ∈ Rn+1 est la mˆeme que la suite Tω associ´ee `a ω, alors que le vecteur (ω,0) est fortement Z k k r´esonant et engendre des orbites tr`es mal r´eparties dans Tn+1. De la mˆeme fa¸con, la suite des p´eriodes T (ω,0) est la mˆeme que celle de ω. Il est remarquable qu’une simple connaissance i de la suite Tω puisse suffire `a d´eterminer le caract`ere non r´esonant de ω, voir 3.9. Il n’est Z k k pas possible de tirer ce caract`ere non r´esonant d’une connaissance de la suite des p´eriodes. Pourtant, si l’on suppose`a priori le vecteur ω non r´esonant, on montre que certaines estim´ees sur la croissance des p´eriodes permettent de d´eduire des propri´et´es diophantiennes lin´eaires v´erifi´ees par ω. Cette remarque, `a ma connaissance nouvelle, fait l’objet de la proposition 3.10, qui sera d´emontr´ee dans la section suivante. 3.9 Propri´et´e : Pour tout τ < (n 1)−1, les vecteurs de Ω (τ) sont non r´esonants. n − Ce r´esultat est bien sur impliqu´e par les inclusions de Khintchine 2.3. Nous allons cependant en donner une preuve ´el´ementaire. Consid´erons un vecteur r´esonant ω. D’apr`es 3.3, il existe une matrice A SL (Z) telle que Aω = (ω′,w/p) Rn−1 Q, (w,p) Z2. Appliquons le n ∈ ∈ × ∈ th´eor`eme de Dirichlet `a pω′. Il existe une infinit´e d’entiers T tels que Tpω′ < T−1/n−1, et Z k k donc tels que 1 p1/(n−1) T(pω′,w) < TpAω < . Z Z k k T1/(n−1) ⇐⇒ k k (pT)1/(n−1) Il y a donc une infinit´e d’entiers T′ = pT et une constante C tels que C T′ω 6 . Z k k (T′)1/(n−1) Ceci exclut que ω puisse appartenir `a l’ensemble Ω (τ) lorsque n 1+τ 1 1 < τ < . n n ⇐⇒ n 1 − 6 3.10 Proposition : Si ω est non r´esonant et si il existe τ 0, 1 et C > 0 tels que ∈ n−1 h h T (ω) 6 CT (ω)1+τ alors il y a une constante D > 0 telle que, pour tout k Zn, on a i+1 i ∈ k,ω Z > D k −1+nµ, ou` µ = nτ . kh ik | | n (n 1)(1+τ) − − 3.11 D´emonstration du th´eor`eme de transfert : Nous ne prouverons que les deux premi`ereinclusions.Nousrenvoyons`a[3]pourlapreuvedelatroisi`emeinclusion.Ladeuxi`eme inclusion d´ecoule directement de la propri´et´e 3.10. La premi`ere inclusion d´ecoule de la pro- pri´et´e 3.9 et de la remarque suivante : Si ω Ω (τ′), on obtient en appliquant th´eor`eme de n ∈ Dirichlet avec Q = T (ω) que i+1 CT (ω)−(1+τ′)/n 6 T (ω)ω 6 T (ω)−1/n, i i Z i+1 k k et donc que ω Ω(τ′) (voir [2]). ∈ 4 D´emonstration de la proposition 3.10 Le vecteur ω est fix´e une fois pour toutes, on notera donc T les p´eriodes T (ω). On i i consid`ere une suite de meilleures approximations ω , c’est `a dire une suite de vecteurs ra- i tionnels telle que T (ω ω) = T ω et T ω = w Zn. Soit k Zn, comme ω est non i i i Z i i i k − k k k ∈ ∈ r´esonant, les produits scalaires k,ω ne peuvent ˆetre entiers que pour un nombre fini de i h i valeurs de i, et on peut d´efinir i(k) = 1+max i tel que k,ω Z . i h i ∈ (cid:8) (cid:9) 4.1 E´tablissons pour commencer les in´egalit´es T 1 n+(1−n)(1+τ) k > i(k)−1 > T n(1+τ) . k k 2√nT1−1/n 2√nC1+1τ i(k) i(k) On a k,ω Z, i(k)−1 h i∈ et k,ω > 1/T i(k) Z i(k) kh ik donc k,ω ω > 1/T . i(k) i(k)−1 i(k) |h − i| On en d´eduit que 1 k > . k k 2T ω ω i(k) i(k)−1 k − k En appliquant le Th´eor`eme de Dirichlet avec Q = T , on obtient i+1 √n ω ω 6 √nω ω 6 , k i(k)−1− k | i(k)−1− | T T1/n i(k)−1 i(k) ce qui donne la premi`ere ´egalit´e. La seconde in´equalit´e est alors une cons´equence directe de l’hypoth`ese. 7 4.2 Un calcul simple donne alors que Ti(k) 6 2√nC1+1τ k n(1+µ), k k (cid:0) (cid:1) ou` µ est donn´e dans l’´enonc´e. D´efinissons l’indice j(k) = min j > i(k) tels que Tj+1 > 2√nC1+1τ k n(1+µ) . k k (cid:8) (cid:0) (cid:1) (cid:9) D’un cot´e, l’in´egalit´e Tj(k)+1 > 2√nC1+1τ k n(1+µ) k k (cid:0) (cid:1) implique, puisque T 6 CT1+τ, que j(k)+1 j(k) Tj(k) > (cid:0)2√nC1+11τ)n11++µτ kkkn11++µτ. C1+τ D’un autre cot´e, on a la majoration Tj(k) 6 2√nC1+1τ k n(1+µ). k k (cid:0) (cid:1) On a donc, comme j(k) > i(k), k,ωj(k) Z > 1 > 2√nC1+1τ k −n(1+µ). (2) kh ik T k k j(k) (cid:0) (cid:1) En utilisant encore le th´eor`eme de Dirichlet, on obtient 1 ω ω 6 | j(k)− | T1+1/n j(k) et donc |hk,ωj(k)−ωi| 6 T1k+k1k/n 6 Tj1(k)C˜kkkτ1−+τµ, (3) j(k) ou` C˜ ne d´epend pas de k. Il est facile de voir que τ < µ, et donc, par (2) et (3) que k,ω Z > 1 (1 ǫ( k )) > 2√nC1+1τ k −n(1+µ)(1 ǫ( k )), kh ik T − k k k k − k k j(k) (cid:0) (cid:1) ou` ǫ(x) est une fonction qui tend vers 0 lorsque x tend vers l’infini. La proposition annonc´ee en d´ecoule. R´ef´erences [1] Jacobson N. : Basic Algebra I, second edition, W. H. Freeman and Company, New York, (1985). [2] Lochak P. : Canonical perturbation theory via simultaneous approximation, Russ.Math. Surveys 47 (1992) 57-133. [3] Schmidt W. M. : Diophantine Approximation, Lecture Notes in Math. 785 (1980). 8