Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise Springer Paris Berlin Heidelberg New York Hong Kong Londres Milan Tokyo Marc Sapriel et Patrick Stoltz Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise Le corps théorique Préface de Guy Mazars avec la collaboration de François Cheynet, Laurent Guyot et Olivier Richard Marc Sapriel 6,rue Sédillot 67000 Strasbourg [email protected] Patrick Stoltz 10,rue de l’Échiquier 75010 Paris [email protected] ISBN-10 :2-287-34691-0 Springer Paris Berlin Heidelberg New York ISBN-13 :978-2-287-34691-0 Springer Paris Berlin Heidelberg New York © Springer-Verlag France,Paris 2006 Imprimé en France Springer-Verlag France est membre du groupe Springer Science + Business Media Cet ouvrage est soumis au copyright.Tous droits réservés,notamment la reproduction et la représentation,la traduction,la réimpression,l’exposé,la reproduction des illustrations et des tableaux,la transmission par voied’en- registrement sonore ou visuel,la reproduction par microfilm ou tout autre moyen ainsi que la conservation desbanques de données.La loi française sur le copyright du 9septembre 1965 dans la version en vigueur n’autorise unereproduction intégrale ou partielle que dans certains cas,et en principe moyennant le paiement des droits.Toutereprésentation, reproduction,contrefaçon ou conservation dans une banque de données par quelque procédé que cesoit est sanction- née par la loi pénale sur le copyright. 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SPIN:117 68111 Maquette de couverture: Jean-François Montmarché « MÉDECINES D’ASIE - SAVOIRS & PRATIQUES » Collection dirigée par Guy Mazars Les médecines asiatiques,comme la médecine chinoise ou les médecines tradition- nelles de l’Inde bénéficient d’une reconnaissance et d’un statut officiels dans leurs pays d’origine et suscitent un intérêt croissant dans les pays occidentaux.Elles y sont étudiées depuis longtemps et de plus en plus enseignées et pratiquées là où les légis- lations le permettent. La collection «Médecines d’Asie – Savoirs & Pratiques» accueille : – des ouvrages didactiques,sous forme d’abrégés,destinés aux médecins et aux sa- ges-femmes préparant le Diplôme interuniversitaire d’acupuncture, aux ensei- gnants, aux kinésithérapeutes pratiquant les massages chinois, aux praticiens participant à des formations continues,ainsi qu’aux enseignants et aux étudiants intéressés par les médecines asiatiques ; – des ouvrages de synthèse s’adressant principalement aux enseignants de médecine chinoise,aux chercheurs et aux acupuncteurs,mais aussi,en fonction du sujet traité, à des hospitalo-universitaires, des biologistes, des pharmacologues, des médecins généralistes et spécialistes, des kinésithérapeutes formés aux massages indiens et chinois,des phytothérapeutes.Chacun des volumes de cette série sera consacré à une pathologie,ou à un sujet particulier,défini soit sous l’angle occidental (gyné- cologie,obstétrique,maladies cardio-vasculaires,etc.),soit sous l’angle des prati- ques traditionnelles (Maladies du «vent», Maladies du «Froid»…), soit sous l’angle technique (Phytothérapie,Moxibustion,Auriculothérapie,Massages,etc.) ; – des ouvrages de références conçus pour les praticiens mais recommandés aussi à tous ceux qui étudient,enseignent et pratiquent des thérapeutiques asiatiques :dic- tionnaires,atlas,ouvrages de pharmacopée,livres de recettes,traductions de trai- tés médicaux sanskrits,chinois,persans,arabes… Guy Mazars est historien et anthropologue de la Santé.Ancien Secrétaire général du Centre européen d’Histoire de la médecine (1978-1998) et chercheur à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg,il a enseigné à l’École pratique des hautes études,à Paris (Sorbonne,de 1983 à 1998) et dans plusieurs établissements universitaires en France et à l’étranger.Membre correspondant de l’Académie des Sciences de Lyon et Président de la Société européenne d’ethnopharmacologie <http://ethnopharma.free.fr>, il est surtout connu pour ses travaux sur les Médecines et les Pharmacopées tradition- nelles de l’Asie.Il a publié notamment Les médecines de l’Asie(en collaboration avec P. Huard et J. Bossy, Paris, Seuil, 1978, traduit en espagnol, italien et japonais), La médecine indienne (Paris, PUF, 1995, traduit en anglais et en roumain) et de nombreux articles.C’est en 1984 qu’il a fondé la Société des études Ayurvédiques <http://ayurveda.france.free.fr>,dont il est le Président.Il a aussi développé l’ensei- gnement et la recherche en Ethnomédecine à l’Université Marc Bloch de Strasbourg <http://ethnomedecine.free.fr>. VI Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise Dans la même collection: À paraître : –L’esprit de l’aiguille.L’apport du Yi Jing à la pratique de l’acupuncture Michel Vinogradoff,septembre 2006 –Nez,Gorge,Oreille en médecine traditionnelle chinoise Bernard Cygler,septembre 2006 –Auriculothérapie.L’Acupuncture auriculaire selon des élèves directs du Dr Paul Nogier Yves Rouxeville,Yunsan Meas et Jean Bossy Autres ouvrages sur les médecines asiatiques aux Éditions Springer : Yang Xinrong(Ed.) Traditional Chinese Medicine.A Manual from A-Z. Symptoms,Therapy and Herbal Remedies,Springer-Verlag,Berlin,Heidelberg, New York,2003,II- 660 p. Khare CP (Ed.)Indian Herbal Remedies.Rational Western Therapy,Ayurvedic and Other Traditional Usage,Botany.With 255 Figures.Springer-Verlag,Berlin, Heidelberg,New York,2004,X-524 p. Travaux des auteurs Marc Sapriel Articles – Diagnostic et traitements des artérites du membre inférieur par la médecine chi- noise:la lettre de Chuzhen n°11 février 2001 – Diagnostic et traitements des phlébites en médecine chinoise :la lettre de Chuzhen n°14 novembre 2001 – Diagnostic et traitements en médecine chinoise de la polyarthrite chronique évolu- tive :la lettre de Chuzhen n°15 mai 2002 – Résultats prometteurs dans le traitement de la rétinite pigmentaire et la dégénéres- cence rétinienne en MTC :revue Pefots news janvier 2004,article également dispo- nible en anglais – Impatiences des membres inférieurs : diagnostic et traitements en médecine chi- noise :la lettre de Chuzhen n°23 juin 2004 Communications – Diagnostic et traitements de l’hémochromatose génétique selon les principes de la médecine chinoise :communication pour le 1ercongrès international sur les méde- cines traditionnelles, Health and Science University of Mongolia, Ulaan Baatar Mongolie septembre 2004 – Traitements en MTC des séquelles neurologiques liées aux lésions du rachis et à la compression de la moelle épinières.Communication pour le 2econgrès internatio- nal de MTC à Paris octobre 2005 Patrick Stoltz Traductions – , (cid:48) , Fondements théoriques de la médecine chinoise,Éditions Chuzhen,Paris 1992,en collaboration avec F.Marquer – , , , ,1985,Explications du formulaire de pharmacopée,Éditions Chuzhen,Paris 1996 Articles – Les différents stades de la maladie consomptive en médecine chi- noise,étude de cas,Lettre de Chuzhen,Paris 2001 – Les syndromes hémorragiques en médecine chinoise,étude de cas :la mala- die de Rendu Osler ou télangiectasie hémorragique familiale,Lettre de Chuzhen, Paris 2003,Journal du Pefots,Amsterdam 2003 pour la version anglaise VIII Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise – Le syndrome dyspnéique en médecine chinoise et les affections pulmonaires chro- niques dégénératives,Journal de médecine chinoise traditionnelle,édition française du ,Paris 2005 Communications – Médecine traditionnelle chinoise et infertilité, une observation clinique sur 45 cas.Communication au deuxième congrès de la Fédération mondiale des socié- tés de médecine chinoise,Paris octobre 2005 – Scientific paradigm and traditional medicine: the traditional Chinese medicine issue.Second International Conference ofMongolian traditional medicine,Health and Science University ofMongolia,Ulaan Baatar,Mongolia,septembre 2006. Préface Les médecines traditionnelles de l’Asie constituent des gisements encore insuffisam- ment explorés et exploités de savoirs et de pratiques sur la santé et les maladies.En Occident,certaines de ces médecines sont aujourd’hui assez bien connues,en parti- culier celles de la Chine et de l’Inde.Leurs pharmacopées représentent les fruits d’une très longue activité d’observations,de spéculations et d’expériences qui ont abouti à la sélection de milliers de substances naturelles.En Inde et en Chine,ce processus s’est étendu sur plus de deux millénaires. Ce sont ces pharmacopées dont l’étude peut être la plus fructueuse car ce sont cel- les sur lesquelles nous disposons de la documentation la plus étendue (plus de 12000 textes pour la seule médecine chinoise selon une estimation récente) et des informa- tions les plus sûres.Leur exploration offre donc tous les avantages et toutes les garan- ties qui résultent de l’existence d’une longue tradition à la fois savante et pratique bien établie,qui utilise,parfois depuis des siècles,un grand nombre de préparations d’efficacité constatée,et qui connaît dans quels cas et dans quelles conditions ces pré- parations doivent être employées. Les substances naturelles utilisées pour l’élaboration de ces préparations ont déjà fait l’objet de nombreuses investigations,mais les préparations en question n’ont pas encore été étudiées scientifiquement.En effet,il s’agit de remèdes aux formules géné- ralement très compliquées,combinant souvent plusieurs dizaines d’ingrédients avec diverses modalités d’extraction et de concentration des substances médicinales à l’aide de solvants variés.De plus,une même préparation peut être utilisée contre des affections très différentes. Cette complexité et cette polyvalence ne facilitent pas la détermination des prin- cipes actifs de tels remèdes par les méthodes de la pharmacologie moderne.En Inde et en Chine,comme dans d’autres pays d’Asie,beaucoup de ces remèdes ancestraux sont aujourd’hui produits,suivant des recettes vieilles parfois de plusieurs siècles,et commercialisés à grande échelle par des firmes spécialisées. Ces « spécialités » ont commencé à se répandre en Amérique et en Europe,notamment en Allemagne,en Italie et en France où il est actuellement possible de se procurer, via Internet, des «médicaments » asiatiques,sans assurance quant à l’authenticité,l’innocuité et l’ef- ficacité de tels remèdes. Beaucoup de ces « médicaments » ont déjà fait l’objet,dans leurs pays d’origine, d’études cliniques qui ont conclu à leur efficacité.Mais comment en déterminer les constituants actifs lorsqu’on sait que certains mélanges possèdent des propriétés dif- férentes de celles des ingrédients utilisés,ou présentent une activité supérieure à celle connue de leur constituant principal,par suite de phénomènes de synergie ou pour X Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise d’autres raisons ? Doit-on priver des malades de ces médicaments tant que la science moderne n’en aura pas isolé les « principes actifs » ? En Inde,la plus répandue des médecines traditionnelles,la plus célèbre aussi,est celle qui se réclame de l’Ayurveda,le «Savoir (veda) sur la longévité (âyur)»,un sys- tème médical antique dont les principales théories étaient déjà fixées il y a plus de deux millénaires.Parmi les médicaments préconisés par l’Ayurveda,ceux à base de plantes sont les plus nombreux.Au cours des siècles,la médecine ayurvédique a uti- lisé plus de 3000 espèces végétales dont un bon millier entrent encore,sous des for- mes diverses,dans la composition des remèdes prescrits de nos jours.On note aussi l’emploi d’un certain nombre de substances d’origine animale ou minérale. La médecine traditionnelle chinoise possède aussi une importante pharmacopée qui,aujourd’hui encore,est utilisée à une large échelle et constitue l’essentiel de son arsenal thérapeutique.Dans ce domaine,les observations et les connaissances accu- mulées par les Chinois pendant des millénaires nous ont été transmises dans de volu- mineuses Matières Médicales, les Ben cao. Le Zhong yao da ci dian ou Grand Dictionnaire de la matière médicale chinoise répertorie 4773 plantes, 740 produits d’origine animale et 82 d’origine minérale. Toutes ces substances naturelles ont servi à la confection de milliers de remèdes aux formules souvent très complexes.Cette complexité des compositions s’explique à la fois par les conceptions pathogéniques de ces médecines savantes,par la complexité des cas à traiter et par le souci de combiner les différents ingrédients de manière à contrebalancer,accroître ou prolonger les effets des uns par les propriétés des autres, à les rendre plus efficaces ou mieux tolérés. En revanche, les médecines traditionnelles d’Asie du Sud-Est ont éveillé moins d’intérêt jusqu’à ces dernières années.Il y a plusieurs raisons à cela.En premier lieu, le succès et la large diffusion des médecines chinoise et indienne ont occulté ou lar- gement influencé les traditions thérapeutiques locales. On a pu considérer que ces dernières manquaient d’originalité et qu’elles n’étaient fondées que sur des emprunts à l’Inde ou à la Chine.À cela s’ajoutent des difficultés d’accès au terrain et aux sour- ces documentaires dans certaines contrées d’Asie du Sud-Est. De toutes les médecines traditionnelles d’Asie du Sud-Est celle des Birmans reste peut être la moins connue.On sait que la médecine indienne a été introduite très tôt en Birmanie et qu’il existe une littérature assez abondante en langue birmane sur la médecine traditionnelle.À côté des documents anciens peu étudiés jusqu’ici,il existe plusieurs ouvrages récents publiés à partir des années 1960.Tous ces ouvrages sont en birman. Certains d’entre eux sont des ouvrages de phytothérapie pour le grand public.D’autres ont un caractère plus scientifique.Ils indiquent pour chaque plante le nom birman et le nom latin de la nomenclature botanique ainsi que la famille,la description de la plante et ses caractéristiques (gun= sanskrit,guna),en particulier sa saveur (yasa= sanskrit,rasa),ses qualités thermiques (plante chaude/froide)...Ce qui traduit bien l’influence exercée par la médecine ayurvédique de l’Inde. La médecine traditionnelle du Laos nous est connue par des sources manuscrites insuffisamment étudiées jusqu’ici,par des travaux d’ethnomédecine sur les pratiques des guérisseurs laotiens, et par des recherches ethnobotaniques sur les plantes du