Une éthique pour la nature Hans Jonas Une éthique pour la nature Préface par Aymeric Caron Traduction à partir de l'allemand, avant-propos et notes de Sylvie Courtine-Denamy Titreoriginal: DembösenEnderäher ©SuhrkampVerlag,Berlin,2017 Pourlatraductionfrançaise: ©DescléedeBrouwer,Paris,2000 Pourlaprésenteédition: ©Flammarion,Paris,2017 87,quaiPanhard-et-Levassor 75647ParisCedex13 ISBN:978-2-0814-1077-0 OUVRAGESDUMÊMEAUTEURTRADUITSENFRANÇAIS La Religion gnostique. Le message du Dieu étranger etlesdébutsduchristianisme,Flammarion,1978. Le Concept de Dieu après Auschwitz: une voix juive, Rivages,1994. Entrelenéantetl'éternité,Belin,1996. LeDroitdemourir,Rivages,1996. LePrinciperesponsabilité.Uneéthiquepourlacivili- sation technologique, Éditions du Cerf, 1997; Flammarion,1998. Pouruneéthiquedufutur,Rivages,1998. ÉvolutionetLiberté,Rivages,2000. Puissance ou impuissance de la subjectivité, Éditions duCerf,2000. Préface «Éthique» et «nature» sont deux termes dont l'associationpeutapriorisurprendre.Lanaturene pensepas–croit-ontroprapidement–etl'éthique est l'exigence d'une pensée avant l'action. Dès lors, pourquoi les faire se rencontrer? C'est oublierunpeuvitequelaconscienceestuneéma- nation de la nature et que l'humain est l'espèce quienafaitl'usageleplusdévastateurjusqu'ici. Publiéen1979,LePrinciperesponsabilitépro- posé par Hans Jonas (1903-1993) constitue un pilier de la réflexion contemporaine sur l'écolo- gie.Nonseulementparcequ'ilinterrogenotreres- ponsabilité morale à l'égard de toutes les formes de vivant, mais aussi parce qu'il nous invite à la plus grandeprudence à l'égard de la science, pru- dence qui alimente la philosophie du principe de précaution. Jonas interroge nos consciences sur la mondia- lisation productiviste et sur les effets catastro- phiques d'une technique qui atteint une capacité 10 Une éthiquepourla nature destructrice inégalée. Jamais nous n'avons autant abîmé la planète et jamais nous n'avons eu les moyens de la soumettre avec tant de violence. Le développement démesuré de la technique moderne, qui révèle de manière inédite la vulné- rabilité de la nature, oblige à revoir le cadre éthique en vigueur jusqu'ici. Puisque nous avons désormais pouvoir sur la biosphère, il en découle une responsabilité dont nous ne saurions nous exonérer. Il convient «de demander si l'état de la nature extra-humaine, de labiosphèredanssatotalitéetdanssespartiesqui sont maintenant soumises à notre pouvoir, n'est pas devenu par le fait même un bien confié à l'homme et qu'elle a quelque chose comme une prétention morale à notre égard – non seulement pour notre propre bien, mais également pour son propre bien et de son propre droit». En clair, l'éthique du prochain qui alimente aussi bien les religions que les politiques sociales ne doit plus s'appliquer uniquement aux humains, mais aussi auvivantaveclequelilinteragit. Le philosophe allemand, ancien élève de Heidegger et proche de Hannah Arendt, pose ici les bases d'un débat qui doit occuper prioritaire- ment aujourd'hui toute personne soucieuse de l'écologie: quels droits accorder à la nature dans sonensembleetauxêtresparticuliersquilaconsti- tuent? Les animaux non humains, les arbres, les fleuves, la matière inerte, doivent-ils se voir
Description: