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Une alliance scandaleuse PDF

147 Pages·2011·0.7 MB·French
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U NE ALLIANCE SCANDALEUSE A H NNE ERRIES Résumé : Angleterre, 1812. A la mort de son père, Rosalyn a préféré renoncer aux fastes de Londres et s’installer à la campagne. Un choix qu’elle regrette d'autant moins qu’elle a lié connaissance avec le séduisant Damian Wrexham, son voisin. Pourtant, bientôt, le doute s’insinue dans l’esprit de Rosalyn : pourquoi Damian demeure-t-il si souvent évasif quand elle lui pose des questions sur sa vie ? Se pourrait-il que les rumeurs soient vraies, et que cet homme cache le passé ignominieux qu’on lui prête ? LES HISTORIQUES éditions Harlequin 1 Mais pourquoi diable était-il revenu dans ce pays ? songeait Damian Wrexham pour la centième fois. S’il avait un peu de bon sens, il repartirait aussitôt vers l’Inde, ou peut-être vers une nouvelle vie en Espagne, là où il faisait, chaud. Cependant, au fond de lui-même, il savait bien ce qui l’avait ramené au bercail : le respect de la parole donnée. Adossé à un arbre, perdu dans ses pensées, il avisa soudain une tache de couleur dans le verger, un peu plus loin. Il distingua alors un chien bondissant dans sa direction, suivi d’une jeune femme. Il retint son souffle : on eût dit Diane chasseresse parcourant la campagne de son pas à la fois léger et décidé ! Lui-même, au demeurant, n’avait jamais particulièrement aimé, même au temps de sa jeunesse dissipée, les débutantes minaudières des salons londoniens qui semblaient en permanence marcher sur des œufs ! D’ailleurs, l’une des erreurs à l’origine de son exil avait été son faible pour les femmes plus âgées, des femmes mariées qui trouvaient leur plaisir dans une liaison clandestine avec un homme jeune. – Se pourrait-il qu’il s’agisse de miss Eastleigh ? se demanda-t-il à voix haute. Non, il y avait sûrement erreur : on lui avait décrit sa plus proche voisine comme une « vieille fille » ! La demoiselle qui s’approchait devait être plutôt quelque cousine en visite... Damian sentit son intérêt s’éveiller. Lui qui envisageait de faire un saut à Londres pour tromper l’ennui, peut-être trouverait-il une diversion sur place. Mais cette déesse consentirait-elle encore à le fréquenter lorsqu’elle aurait découvert sa réputation sulfureuse ? La société ne manquait pas d’âmes charitables qui s’empresseraient de lui apprendre que Damian Wrexham était un libertin, un roué qu’il convenait de fuir comme la peste si elle tenait à sa réputation. Toutefois, en attendant, il serait amusant de lui faire la cour – oh ! seulement pour badiner, bien sûr ! Quelle magnifique journée ! pensait dans le même temps miss Rosalyn Eastleigh, ragaillardie par l’arrivée tant attendue du printemps après de longues semaines de pluie incessante. Elle sentait avec plaisir la caresse du soleil sur sa tête nue et se grisait de la brise légère qui faisait voler quelques mèches folles échappées de son chignon. Bien qu’incontestablement attirante, Rosalyn Eastleigh ne correspondait pourtant pas aux canons de beauté en vogue dans la société : elle avait la peau trop mate et des yeux trop hardis. En outre, elle était plus grande que la plupart des hommes de sa connaissance, défaut fâcheux à une époque où les messieurs préféraient invariablement les fragiles créatures qui semblaient perdues sans l’aide d’un bras viril. Mais Rosalyn se souciait peu de son apparence et de l’opinion de ces prétendus gentlemen. A vingt- sept ans, elle était classée dans les « vieilles filles » depuis trop longtemps pour qu’elle se préoccupât encore de trouver un époux. – Sheba, au pied ! Elle siffla la chienne que son frère Freddie lui avait offerte lors de sa dernière visite éclair : à l’époque, ce n’était qu’une adorable boule de poils, douce et affectueuse. En entendant l’appel de sa maîtresse, Sheba, devenue d’une taille respectable, revint à grands bonds et posa ses pattes boueuses sur la robe de Rosalyn. – Assise ! s’écria cette dernière en secouant sa jupe. C’est la troisième robe que tu me salis cette semaine ! Je ne sais ce qui me retient de te donner au fermier ! Sheba jappa joyeusement, sachant fort bien que sa maîtresse n’en pensait pas un mot, et repartit à la poursuite d’un chat. – Sheba ! Reviens ici ! L’animal continua sa course sans lui prêter la moindre attention. Elle avait pris l’habitude de disparaître parfois pendant des heures, mais, jusqu’à présent, avait toujours retrouvé son chemin. – Vous devriez lui apprendre à vous obéir. Les colleys peuvent devenir impossibles s’ils ne sont pas bien dressés. Rosalyn sursauta au son de cette voix d’homme. Elle se croyait seule, n’ayant pas aperçu l’inconnu immobile contre un pommier. Ses vêtements et ses bottes de cuir, simples mais d’excellente qualité, révélaient un goût sûr dénué d’affectation. – Pardonnez-moi, murmura-t-elle, prenant soudain conscience de fixer l’inconnu avec plus d’acuité qu’il n’eût convenu. Puis-je vous aider ? Etes-vous en difficulté ? Ses voisins ne passaient jamais par le verger pour venir la voir, et se déplaçaient plus rarement encore à pied, comme semblait l’avoir fait l’inconnu. Qui était-il, et que voulait-il ? Elle hésita, se demandant si elle devait rappeler Sheba. – Je vous ai observée, dit-il, un sourire aux lèvres. Vous ressemblez à la belle Diane, déesse de la Chasse, venue sur terre conquérir des mortels. – Désolée de vous décevoir, répliqua Rosalyn. Je ne suis que miss Eastleigh, venue dans son verger promener sa chienne. C’est très prosaïque, je sais, mais c’est ainsi ! – Miss Rosalyn Eastleigh ? s’exclama l’inconnu, stupéfait, avant de s’incliner. Je croyais... Veuillez pardonner mon incorrection, miss Eastleigh. Je suis Damian Wrexham, votre nouveau voisin – au moins pour les prochains mois. – En effet, lady Orford m’avait dit que son mari avait loué Orford Hall, mais je croyais que ce monsieur était de type indien. J’ai dû mal comprendre. – Absolument pas, répondit Wrexham, une lueur d’amusement dans les yeux. Mon... élève, Jared, est né de père indien et de mère anglaise. Leur idylle, évidemment, a fait scandale mais tous deux ont tenu bon et se sont mariés. – C’est passionnant, murmura Rosalyn, captivée. Quel courage de braver ainsi les conventions pour suivre son cœur... Je rêve moi aussi d’aventures et j’ai entendu dire que l’Inde était un très beau pays. – C’est vrai. Exotique, sauvage, dangereux... mais incontestablement magnifique. Tout en devisant, ils étaient arrivés devant la maison et Rosalyn n’hésita pas à inviter son compagnon à entrer, comme elle l’aurait fait pour tout autre voisin venu lui rendre visite. Mais il déclina son offre. – Une autre fois, peut-être, miss Eastleigh. En fait, j’étais venu vous inviter à dîner demain. Jared doit se familiariser avec les coutumes anglaises et il lui serait profitable de converser avec des personnes du cru. Toutefois, nous n’avons pas de chaperon à vous proposer, et vous... pour être franc, je vous croyais plus âgée. Il avait l’air à la fois si embarrassé et si satisfait qu’elle eut envie de rire. – Vraiment, monsieur. Et pourquoi donc ? – Oh ! ne me regardez pas de cet air sévère ! dit-il, faussement penaud. Vous n’imaginez pas tout ce que les gens disent... – Au contraire, répliqua Rosalyn sans plus retenir son rire. On vous a raconté que j’étais une vieille fille... Oh ! ne protestez pas, monsieur Wrexham, c’est inutile. Je sais ce que l’on dit de moi – et, en l’occurrence, ce n’est pas faux. J’ai vingt-sept ans et des habitudes bien ancrées ! – Me voilà prévenu. Comprenez-vous mon problème, miss Eastleigh ? Il n’y a que des hommes chez nous, à part l’excellente intendante des Orford, bien entendu. Or, croyez-vous qu’une dame puisse décemment venir souper chez nous – fût-elle comme vous d’un âge canonique ? ajouta-t-il plaisamment. – Seule ? Oh ! sûrement pas, cela nuirait à ma réputation ! Toutefois, ce n’est pas cela qui me retiendrait, mais bien la crainte de choquer la pauvre Maria ! – Maria ? fit-il en levant les sourcils. De grâce, dites-moi qui est cette « pauvre Maria » ! – Miss Maria Bellows, ma cousine, est une dame fort respectable qui vit avec moi depuis la mort de Père voilà trois ans. Elle a alors estimé qu’il était de son devoir de s’occuper de moi et je n’ai pas pu refuser car elle se serait retrouvée sans travail. Par ailleurs, il eût été... inconvenant que je vive seule, ne croyez-vous pas ? Il sourit finement. – Allons, à votre grand âge, je ne vois pas où est le problème ! A moins que vous ne voyez sujette à, disons... d’inavouables tentations ? – Vous êtes impossible, monsieur ! Rosalyn riait de bon cœur. Décidément, ce nouveau voisin lui plaisait beaucoup. S’il était toujours aussi amusant, l’été promettait d’être fort agréable. – Vous mériteriez que je m’offusque, cher monsieur, mais je vous pardonnerai – à condition que votre invitation s’étende également à Maria. – Vous viendrez, alors ? dit Damian, l’air sincèrement réjoui. Vous êtes la générosité même, miss Eastleigh. Je suis certain que Jared et vous vous entendrez à merveille. Il lui adressa un nouveau sourire, si chaleureux qu’elle en eut le souffle coupé. – Alors, rendez-vous demain à 18 h 30. Nous dînons à 19 heures. C’est un peu tard, mais nous avons pris l’habitude, en Inde, d’attendre la fraîcheur du soir pour dîner. J’espère que cela ne vous dérange pas ? – Pas du tout. Ce sera avec plaisir. – Alors, à demain, miss Eastleigh. Il s’inclina profondément avant de tourner les talons et de repartir par le même chemin. Rosalyn le suivit quelques instants du regard, toute, au plaisir d’avoir bavardé avec un homme aussi séduisant. Quel soulagement de trouver enfin un homme plus grand qu’elle ! Mais, rectifia-t-elle aussitôt, ce n’était pas pour cela seulement qu’il lui avait plu. Une aura de mystère planait autour de lui. A deux reprises, Damian Wrexham avait parlé de son élève, Jared. Or, il n’avait pas vraiment le physique d’un précepteur : avec ses larges épaules, son menton volontaire et son teint hâlé, sa vigueur, on l’eût mieux imaginé soldat, voire... garde du corps. D’autant qu’en Inde, il était courant pour les personnes en vue de bénéficier d’une protection rapprochée. N’avait-elle pas lu récemment un entrefilet dans le journal à propos d’un prince indien qui avait échappé à une tentative d’assassinat ? En tout cas, une chose était sûre : franc et direct, Damian Wrexham ressemblait bien peu aux gentlemen qu’elle avait l’habitude de côtoyer. On sentait qu’il ne se pliait pas servilement aux conventions et qu’à l’approche de la quarantaine, il avait derrière lui une vie bien pleine. La description qu’il avait donnée de l’Inde, un pays « exotique mais dangereux », eût aussi bien pu lui convenir à lui. Car son charme singulier avait de quoi faire perdre la tête à bien des femmes... – Ah ! te voilà enfin, ma chérie ! A qui donc parlais-tu à l’instant ? Je ne connais pas ce gentleman. Arrachée à ses réflexions, Rosalyn tressaillit. La petite dame rondelette, toute de gris vêtue, qui l’accueillait ainsi n’était autre que Maria. La jeune fille soupira : Maria avait un cœur en or, mais son bavardage incessant et son irrépressible curiosité pouvaient parfois être lassants ! – C’est notre nouveau voisin, M. Damian Wrexham, qui a loué Orford Hall. D’après ce que j’ai compris, il est le précepteur d’un jeune Indien. Nous sommes invitées à souper chez eux demain. – Souper ? s’exclama Maria, affolée. Mais, Rosalyn, ma chérie, crois-tu qu’il soit bien raisonnable de... ? – Maria ! Ne sois donc pas si guindée ! Ces gens sont certainement tout à fait respectables, sans quoi lord Orford ne leur aurait pas loué sa maison. Tu verras que nous passerons une excellente soirée. D’ailleurs, j’ai promis à lady Orford de présenter ses locataires à tous nos voisins. – Tu as raison, comme toujours, concéda Maria, résignée. Je ne suis qu’une sotte ! Parfois, je me demande comment tu me supportes. – Je sais que tu agis toujours pour mon bien, répondit Rosalyn en déposant un baiser affectueux sur sa joue. Il était tard, plus de 23 heures, lorsque Rosalyn referma son livre en étouffant un bâillement. Maria était montée se coucher depuis longtemps, mais la jeune fille avait voulu terminer son roman, dont la fin s’était révélée décevante car trop prévisible. Et en cet instant, comme souvent le soir à la même heure, Rosalyn ressentait sa solitude – sans pour autant regretter d’avoir choisi d’habiter la campagne. Elle aurait pu bien sûr aller vivre avec sa tante Susan à Bath, ou avec son frère Freddie à Londres, mais elle tenait trop à son indépendance pour se laisser enfermer dans un cercle mondain. A Lyston House, elle jouissait d’une pleine liberté de mouvement où pouvait s’épanouir son esprit imaginatif et rebelle, comme l’avait toujours souhaité son père. Du vivant de sir Robert Eastleigh, elle ne s’était jamais ennuyée, partageant une complicité de chaque instant avec cet homme extraordinaire. Trois ans après sa mort, il lui manquait encore. Elle se leva et alla jusqu’à la fenêtre, laissant son regard errer sur le jardin baigné par le clair de lune argenté. Quelque chose en Damian Wrexham – son franc-parler, peut-être ? – lui rappelait son père. Elle-même, d’ailleurs, avait hérité de lui ce trait de caractère qui, pour une femme, était plutôt un défaut qu’une qualité ! Sa rêverie fut brutalement interrompue lorsqu’elle aperçut une ombre dans les buissons. Un homme qui rôdait là ! Certainement pas un domestique, à cette heure tardive... Soudain, elle entendit un aboiement familier et vit Sheba sortir des buissons, suivie d’un homme de petite taille. La lune, qui éclairait la scène comme en plein jour, lui permit de voir qu’il s’agissait en fait d’un jeune garçon coiffé d’un turban. C’était donc l’élève de Damian Wrexham à qui Sheba faisait fête en lui léchant le visage avec enthousiasme ! Rassurée, Rosalyn se demanda toutefois ce que faisait l’enfant dehors à cette heure tardive... Wrexham était-il au courant ? Au moment où elle s’apprêtait à ouvrir la fenêtre, une autre silhouette surgit et bondit sur le garçon, qui s’écarta avec un cri. Rosalyn sortit sur la terrasse à l’instant précis où Sheba se jetait sur l’intrus, prête à défendre son nouvel ami. L’homme, mordu au bras, laissa échapper une exclamation de douleur et recula de quelques pas. Apercevant à ce moment la jeune fille, il adressa à Jared quelques mots dans une langue étrangère avant de faire demi-tour, visiblement contrarié. – Il ne reviendra pas, dit alors le jeune garçon. Le chien et vous m’avez rendu un grand service, mem-sahib. Sheba grondait toujours d’un air menaçant, elle qui n’avait jamais attaqué personne. – Qui était cet homme ? s’enquit Rosalyn, déconcertée. Et pourquoi aviez-vous peur de lui ? – Je n’ai peur de personne, répliqua le garçon fièrement. J’étais simplement mécontent qu’il m’ait suivi. – Je vois... Du calme, Sheba, tu vas réveiller la maison ! – C’est votre chienne ? Elle a suivi sahib Wrexham ce matin. Il a dit qu’elle appartenait à miss Eastleigh, notre voisine, et l’a renvoyée. Mais elle est revenue, et comme je n’arrivais pas à dormir, je l’ai suivie, pour m’assurer qu’elle retrouvait bien son chemin. L’adolescent parlait parfaitement anglais, avec un accent légèrement chantant. – Je suppose que vous êtes Jared ? dit Rosalyn. M. Wrexham m’a parlé de vous. – Oui, mem-sahib, confirma le garçon avec hésitation. Je m’appelle Jared et sahib Wrexham est mon tuteur.

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