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Un Empereur de Byzance à Rome PDF

417 Pages·1972·7.1 MB·French
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UN EMPEREUR DE BYZANCE À ROME TRAVAUX HISTORIQUES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES ET DES LETTRES DE VARSOVIE VOLUME VII ROZPRAWY HISTORYCZNE TOWARZYSTWA NAUKOWEGO WARSZAWSKIEGO TOM VII OSKAR HALECKI UN EMPEREUR DE BYZANCE À ROME VINGT ANS DE TRAVAIL POUR L'UNION DES ÉGLISES ET POUR LA DÉFENSE DE L'EMPIRE D'ORIENT 1355 — 1375 WARSZAWA NAKLADEM TOWARZYSTWA NAUKOWEGO WARSZAWSKIEGO WYDANE Z ZASILKU WYDZIALU NAUKI M. W. R. ÀO. P 1930 ZAKLADY GRAFICZNE E. i Dr. K. KOZIANSKICH W WARSZAWIE INTRODUCTION Signalant au 11-me Congrès international des Etudes byzan- tines quelques sujets d' études pour des byzantinistes à Rome, Mgr. d'Herbigny a indiqué, en premier lieu, ,les voyages et les voya- geurs de Byzance vers Rome"). Or, parmi ces voyages, il n'y en a certes pas de plus intéressant que celui, unique dans l’histoire, qui amena de Byzance à Rome le voyageur le plus illustre, l'empe- reur de Constantinople lui-même. Pourtant, ce voyage en Occident, entrepris en 1369 par Jean V Paléologue, est loin d' être aussi bien connu que ne le sont celui de son fils Manuel II dont le séjour à Paris et à Londres a attiré l'attention de tant d'historiens, ainsi que celui de son petit-fils Jean VIII, inséparable de l'histoire de l'Union de Florence. Le pre- mier de ces trois voyages n'a fait, jusqu'à présent?), l'objet d'aucun travail spécial, et s'il se trouve mentionné, comme les deux autres, dans tous les manuels, c'est avee tant d'erreurs et de malentendus, que nous avons dû consacrer une annexe de ce volume à la tâche ingrate d'analyser toutes les sources qui s'y rapportent directement. Mais dans le texte méme de notre récit, nous n'avons pas pu nous limiter à ce voyage seul. Il est vrai qu'il est fort intéressant en lui-méme, et cela à deux points de vue différents: dans l'histoire de l’uniorf des Eglises, cette visite de Jean V, converti au catho- licisme, auprés d' Urbain V constitue l'étape la plus frappante dans le long intervalle entre l'Union de Lyon et celle de Florence; 1) Deuxième Congrès int. des Etudes byz., Belgrade 1927, Compte-rendu, p. 2. ?) Dans Byzantion, I (1924) p. 726, 'A. A. Vasiliev a annoncé un travail sur le voyage de Jean V en Italie et sur ,, |] Union de Rome", mais— autant que nons sachions — il n’a pas encore paru. 6 dans l’histoire des tentatives de sauver Constantinople devant les Ottomans, les négociations personelles de l’empereur en Italie, surtout avec les Vénitiens, sont d'autant plus dignes d'intérêt qu'à cette époque Byzance gardait encore toute son indépendance vis-à-vis de Mourad I. Cependant, considéré sous l'un ou sous l'autre de ces aspects, le voyage impérial ne saurait être traité isolément. I] faut, au con- traire, le situer dans un ensemble d'événements qui marquent un tournant décisif dans l’histoire de l'union des Eglises, comme dans celle des rapports politiques entre Grecs et Latins, d'une part, et le monde musulman d'autre part. En ce qui concerne les origines . de la démarche, si extraordinaire, du Paléologue, il faut remonter incontestablement jusqu'à son premier projet d' union, celui de 1355 qui suit d' une année à peine son installation définitive sur le tróne byzantin et qui est en rapport, à la fois, avec les négociations entre la curie romaine et l'empereur déchu, Jean VI Cantacuzéne, et avec l' occupation de Gallipoli par les Turcs. Commengant par un coup d'oeil sur la situation dans les années immédiatement précédentes, notre ouvrage continue de cette manière la thèse, bien connue, de M. G a y?) qui a étudié les mêmes problèmes dans les limites du pontificat de Clément VI (1342—52). Pour des raisons tout aussi évidentes, il à fallu suivre les résultats du voyage de Jean V jusqu'en 1375, c’est à dire jusqu'à la veille de la crise qui commença pour l’Orient chrétien dés l'année Suivante et qui n'était pas encore surmontée, lorsque, en 1378, éclata le grand schisme d'Occident. Chacun de ces deux faits aurait suffi, à lui seul, pour interrompre brusquement tous les efforts dont la rencontre entre le pape et l'empereur avait été la mani- festation la plus nette. En tant que ces efforts portaient sur l'union religieuse entre Rome et Byzance, l'histoire de ces vingt ans n'a jamais été ét udiée de prés, car M. Viller?) traitant d'une manière synthétique toute l'époque intermédiaire de 1274 à 1438, n'a tiré des années de 1355 à 1375 que quelques détails caractéristiques. Et si nous !) Voir notre rapport sur Le problème de l'union des Eglises, présenté au Congrès int. des Sciences histor. d'Oslo, ainsi que nos observations dans Preeglad Powszechny, 1929, p. 276—997. ?) Le pape Clément VI ei les affaires d'Orient, Paris 1904. 3) La question de l'union des Eglises, etc., dans Revue d'histoire ecclés., XVII et XVIII (1921-22). connaissons, grâce à M. Iorga!) les projets de croisades qui, jusque vers 1369, avaient comme base et point de départ le royaume de Chypre, les projets simultanés, poursuivis jusque vers 1376, qui visaient la création d’une ligue chrétienne pour la défense de Constantinople, n'ont été qu'effleurés. Tout en profitant, surtout dans nos premiers chapitres, des ouvrages que nous venons de citer, nous avons été obligés, par conséquent, de refaire toute l'histoire de cette vingtaine d'années du double point de vue qui nous intéressait. Ce travail aurait été impraticable, si de nombreuses bibliothèques de divers pays n'avaient pas mis à notre disposition, en nous accordant toutes les facilités possibles, un trés grand nombre de publications spéciales. Nous tenons à en remercier vivement les Directions et MM. les fonction- naires des Bibliothèques du Vatican, de l’Institut Pontifical Oriental, de !' Ecole française de Rome, de la Station scientifique polonaise à Rome, de l'Istituto per l'Europa Orientale", ainsi que de. la Bibliothèque ,, Vittorio Emanuele", toutes à Rome; de la Bibliothéque nationale à Paris; des Bibliothéques: nationale et universitaire, à Vienne; de celles enfin de notre pays: à Varsovie, comme à Cracovie. Dans plusieurs de ces bibliothèques, ainsi que dans celle de Saint-Mare, à Venise, nous avons profité également de leurs fonds manuscrits. Mais toutes ces recherches seraient restécs absolument insuffisantes, si nous n'avions pas pu puiser trés largement dans les deux archives qui renferment encore tant de documents inconnus, relatifs à cette époque: en premier lieu, dans les Archives du Vatican où .nous avons examiné, outre les chrysobulles de Jean V et quelques autres pièces, les longues séries des registres, inédits en leur majeure partie, des trois derniers papes d'Avignon; et, en second lieu, dans les Archives de Venise où nous avons utilisé entre autre, les actes des délibérations du Sénat (Senato Misii) de 1359 à 1376. Nous ne saurions assez remercier les Directions de ces Archives, et tout patriculièrement Mgr. A. Mercati, préfet des Archives vaticanes, pour leur obligeance infatigable. Pour conclure, il ne nous reste plus qu'à faire deux obser- vations relatives à la forme de cette étude. Si son sujet est passionnant, sa lecture—hélas—ne le sera guère, et nous préférons en prévenir d'avance nos lecteurs. Il nous a semblé, 1) Philippe de Mésières et la Croisade au XIV-me siècle, Paris 1896. 8 cependant, que ce qu'il fallait, dans l’état actuel des recherches, ce n'était pas un tableau général, attrayant peut-être, mais cer- tainement prématuré, ni méme un ,,essai" pittoresque. Sans perdre de vue les vastes perspectives des problémes abordés, nous avons cru nécessaire de faire, bien modestement, un patient travail d'analyse, essayant d'élucider une question particuliére aprés l’autre et de rendre service à tous ceux qui s'y intéressent. Aux longueurs et aux lourdeurs qui en résultérent fatalement, se sont ajoutées, sans doute, des imperfections de langage qu'on voudra bien pardonner à un auteur, écrivant dañs une langue étrangère. On s'étonnera peut-être que cet ouvrage d'un pro- fesseur polonais, publié par une société savante polonaise, encou- ragé—nous le soulignons avec reconnaissance—par le Ministère po- _lonais des Cultes et de l' Instruction publique, soit écrit en français. Nous l'avons fait pour deux raisons. D'abord, pour rendre hommage aux nombreux auteurs de langue frangaise, dont les publications et les éditions de textes nous ont été particulièrement utiles. En- suite et surtout pour une raison d'opportunité, souvent méconnue. Traitant des sujets qui intéressent des collégues de pays divers, il convient de choisir une langue qui rend le nouvel ouvrage facile- ment accessible à la plupart d'entre eux. Autrefois, cette langue aurait été le latin. Actuellement, et puisqu'il s'agit des derniers papes que la France a donnés à l'Eglise, ainsi que de cet Orient chrétien du XIV-me siècle où le rôle de la France à été si consi- dérable, le choix d'un auteur polonais n'a pas été beaucoup plus difficile. Varsovie, le 21 octobre 1929, jour du 560-me anniversaire de la réception de l'Empereur Jean V Paléologue par le Souverain Pontife Urbain V. CHAPITRE PREMIER APRÈS LA CHUTE DE CANTACUZÈNE Le 22 novembre 13541) Jean V Paléologue fit son entrée victorieuse dans la ville de Constantinople, et Jean VI Cantacuzéne se vit forcé de renoncer définitivement au pouvoir. La guerre civile qui, ouverte ou latente, avait ébranlé pendant plus de treize ans l'Empire byzantin, était terminée. L'empereur légitime semblait, cette fois, sür de son tróne et, en effet, une vingtaine d'années devait s'écouler avant qu’éclatèrent de nouveaux troubles intérieurs. La situation de Jean V, arrivé alors à l’âge de vingt trois ans, ainsi que celle de son Etat, restaient, cependant, extrêmement difficiles. Parmi toutes les guerres intestines qui, au cours du XIV-me siècle, ont accéléré la décadence de l’Empire d'Orient, menacé de toute part, celle qu'avait provoquée Canta- cuzène, à été non seulement la plus longue, mais aussi la plus funeste en ses conséquences. C’est de la dernière année de cette grande crise, du 6 août 1354, rqu'est daté le irapport, souvent cité, du baile vénitien de Constantinople?) d'aprés lequel les Grees, mécontents de tous les deux rivaux, auraient été disposés à se soumettre à n'importe quelle puissante étrangère, soit à Venise, soit à la Hongrie, soit à la Serbie, pourvu que, seulement, leur nouveau maître leur assurát une iprotection efficace contre les Turcs. 1) Voir à propos de cette date, Neos Hellenomnemon, XIV (1917) p. 403. 2?) Monum. Slavorum meridion., ITI p. 266. Voir, sur un rapport analogue du 16 mars 1355, N. lorga, Latins et Grecs d'Orient, dans Byeant. Zeit- schrift, XV (1906) p. 217. 10 Cet état d'esprit désespéré s'explique par le fait que quelques mois plus tôt, le 2 mars 13541), les Turcs s'étaient définitivement établis en Europe en occupant Gallipoli et en s'assurant ainsi la possibilité de traverser à tout moment les Détroits pour étendre leur domination en Thrace. Il est vrai que ce coup de force leur avait été facilité par un tremblement de terre; mais il n'en est pas moins évident que cette catastrophe élémentaire n'a fourni à l'enne- mi que l’occasion immédiate de couronner ainsi une longue série d'interventions antérieures dans les affaires européen- nes?). Ces interventions et ces premiers passages des Tures en Europe n'avaient été possibles que gráce aux luttes fratricides entre les chrétiens d'Orient et gráce surtout à l'aveuglement et à la légéreté des partis rivaux qui faisaient appel aux Ottomans pour combattre leurs adversaires. ll serait injuste, semble-t-il, de rejeter toute la responsabilité de cette pratique désastreuse sur la seule personne de Jean Cantacuzène. On a fait observer avec raison?) que la même méthode avait été appliquée déjà au temps d'Andronic ITI et qu'elle l'était également par les adversaires du grand-domestique, devenu Jean VI, pendant toute la durée de la guerre civile. Pourtant, ce dernier est d'autant plus coupable qu'il était, comme homme politique, plus habile et plux clairvoyant que les autres et qu'il se rendait parfaitement compte du danger de son jeu. Et comme historien, il essayera en vain de justifier aprés coup l'alliance conclue avec le plus puissant et le plus menaçant des émirs mu- sulmans. Aprés la rupture de l'Union de Lyon, en 1281, les relations entre le Saint-Siège et Byzance avaient été presque totalement 1) Cette date peut être considérée comme définitivement fixée; cf. p. ex. C. JireG ek, Gesch. d. Serben, I p. 406 n. 1, ainsi que les remarques de cet auteur dans Arch. f. slav. Philologie, XIV (1892) p. 259 n. 2; c'est donc une grosse erreur que de reproduire encore, comme il arrive parfois, la date de 1357. ° 2) J. v. Hammer, Gesch. d. osmanischen Reiches, I, p. 121-145, énumére vingt passages des Tures en Europe, qui auraient précédé loceupation de Gallipoli. 3) Parmi les auteurs qui nous semblent réduire à leur juste mesure les jugements généralement très sévères sur la politique turque de Cantacuzène, i] convient de citer surtout J. Draeseke, Der Uebergang der Osmanen nach Europa, dans Neue Jahrbücher für das klass. Altertum, XXXI (1913) 499, ainsi que À. À. Vasiliev. Padenie Vizantii, p. 49-50.

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