CSU UMR CNRS 7112 59/61 rue Pouchet 75017 Paris France Soixante-quatre mots de la ville Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e février 2005 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e Sommaire Avertissement 3 Les notices 4 Dictionnaires de langue et encyclopédies 238 Index des entrées par langue 251 Index des auteurs 253 Liste alphabétique des entrées 255 2 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e Avertissement Cette simulation ou modèle réduit du Trésor des mots de la ville comprend huits entrées sur 40 (environ) pour chacune des huits langues étudiées. C’est donc une maquette au 1/5e. Les notices sont données par ordre alphabétique général (après translittération de l’entrée pour l’arabe et le russe), comme ce sera le cas dans l’ouvrage. Aucun critère thématique n’a présidé au choix des notices présentées ici. > Dans cette maquette, les translittérations qui font appel à des signes diacritiques inhabituels n’apparaissent pas correctement. Il en est de même du nom de l’entrée donné en caractères arabes ou cyrilliques. Chaque notice est précédée – D’une spécification géographique. Il s’agit de l’aire pour laquelle le mot est traité dans la notice, non d’une aire où il serait exclusivement en usage. – D’une ou plusieurs citations de document donnant des solutions de traduction du mot vers le français (exceptionnellement vers l’anglais). – D’une ou plusieurs citations de documents donnant des définitions du mot dans la langue originale (et ici traduites en français). > Dans cette maquette, certains de ces éléments manquent parfois. En outre, les normes de présentation des traductions et définitions liminaires ne sont pas appliquées. Chaque notice est suivie – De renvois à d’autres entrées du Trésor, d’abord pour la même langue, ensuite pour les autres langues. > Dans cette maquette, ces renvois font défaut ou sont donnés pour mémoire, mais ils restent à mettre au point. – Des références des sources de la notice. Lorsque l’appel dans le texte est précédé d’un astérisque : (*Littré 1863), cela signifie que la source est un dictionnaire de langue ou une encyclopédie (à l’exclusion des dictionnaires spécialisés) : ses références bibliographiques sont données en fin de volume. > Dans cette maquette, les références des sources sont complètes, mais elles ne sont pas encore mises aux normes. La liste finale de dictionnaires de langue et encyclopédies n’est basée ici que sur les notices figurant dans le présent document. Les références ne sont ni vérifiées, ni mises aux normes. Le volume s’achève par un index des entrées par langue, un index des auteurs et un index alphabétique général des entrées. > Les autres index font encore défaut. 3 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e __________________________________________________________________ balad, bilâd (pl. buldân, bilâd) arabe (littéral et dialectal) Proche-Orient, Maghreb, Mauritanie, Tchad, nom masc. “ b a l a d , p l . bilâd e t b u l d â n 1 . P a y s p r o p r em e n t p l a t , c u l t i v é o u i n c u l t e . 2 . V i l l e , c i t é . a l-b a l a d , o u a l-b a l a d a l-a mîn, o u a l-b a l a d a l-h a r â m , l a v i l l e p a r e x c e l l e n c e , l a v i l l e s û r e , l a v i l l e s a c r é e , c .-à -d . L a M e c q u e . 3 . T e r r e , s o l , t e r r a i n . 4 . p l u . a b l â d C r e u x d a n s l e q u e l l ’ a u t r u c h e d é p o s e s e s œ u f s , c im e t i è r e ,m ai s o n , c a v i t é d u g o s i e r , e s p a c e e n t r e l e s s o u r c i l s . ” ( * K a z imi r s k i 1 8 6 0 ) “ b i l â d s i n g . P a y s h a b i t é , c o n t r é e . ” ( * K a z i m i r s k i 1 8 6 0 ) “ b a l d a 1 . V i l l e , c i t é .- a l-b ald a L a M e c q u e . ” ( * K a z imi r s k i 1 8 6 0 ) “ b u l a y d a d imin . P e t i t e v i l l e . ” ( * K a z i m i r s k i 1 8 6 0 ) “ b a l a d , p l . b i l â d , b u l d â n : p a y s ; c o n t r é e ; ville ; v i l l a g e ; b o u r g ; c i t é ” ( * R e i g 1 9 8 3 ) D é f i n i t i o n s “ b a l a d : b ald a e t b a l a d : t o u t l i e u [ ma w d i ’ ] o u p a r c e l l e a p p r o p r i é e [ qit‘a mu s t a h î z a ] , q u i e s t c o n s t r u i t e ( ‘ âmi r a t a n ) o u n o n […] v i d e o u h a b i t é [ ma s k û n ] ” . ( * I b nM a n z û r 1 9 9 8 [ XI I I e s . ] ) “ a l-b a l a d : p o r t i o n d e t e r r e [ a r d ] p e u p l é e , h a b i t é e o u v i d e , t e r r e , s é p u l c r e , c im e t i è r e , t e r r e o ù s e t r o u v e n t d e s b ê t e s o u d e s c o n s t r u c t i o n s . E x . l a v i l l e d e L a M e c q u e . ” ( * a l-B u s t â n î , 1 9 2 7 ) “ a l-b a l a d p l. b i l â d e t b uld â n . 1 - L a c a p i t a l e [ mi s r ] , l e p a y s [ b a l a d ] . 2 - L ’ e s p a c e v a s t e . 3 - L e l i e u d é l i m i t é p a r l’im pl a n t a t i o n d e c om m u n a u t é s p a r ti c u l i è r e s . 4 - M ai s o n ( d â r ) . 5 . R u i n e s d ’ u n e m ai s o n . 6 - T e r r e . 7 - T o m b e a u . 8 - C im e t i è r e . 9 - U n e s o u r a t e d u c o r a n . ” ( * J u b r â n 1 9 8 6 ) “ a l-b ald a p l . b i l â d e t b uld â n . 1 v a s t e t e r r a i n . 2 - E s p a c e d élimi t é p a r l ’ im pl a n t a t i o n d e c om m u n a u t é s p a r t i c u l i è r e s . “ 3 - p o r t i o n d ’ u n p a y s . 4 - P e t i t e v i l l e . 5 - P o i t r i n e ( l e c œ u r a u s e n s f i g . ) ” ( * J u b r â n 1 9 8 6 ) Balad ou bilâd est un mot très ancien. Sa racine trilitère BLD ne renvoie pas à une filiation parfaitement déterminée et son étymologie reste incertaine, venant peut-être de l’ougaritique et du couchoulique (*Blachère, Chouémi, Denizeau 1970 : 791). On sait par ailleurs que balad, nom tiré du verbe balada yabludu exprime l’arrêt, le fait de faire une halte, de séjourner dans un lieu et de s’y maintenir par tous ses efforts (*Kazimirsiki 1860 : 158), de le cultiver et le bâtir pour y faire prospérer la civilisation. C’est pourquoi de ce verbe dérive un nom prononcé différemment selon les régions balad/bilâd/bled, dont l’usage est tantôt masculin, tantôt féminin ou même pluriel, pour exprimer une chose au singulier ou un générique désignant le pays, le territoire, la ville (*al-Munjid 1986). Il a par conséquent plusieurs acceptions en rapport avec le verbe dont il tire sa forme. La première, “pays”, renvoie à la notion de s’installer quelque part dans un espace, cultivé ou pas (*Ibn Manzûr 1998 [XIIIe s.] : 340). Cet emploi remonte au moins à l’époque du Coran puisqu’on peut y lire, par exemple bilâd al-sûdân : le Soudan ou “les pays du Soudan” (C. VII, 58, XVI, 7). Le mot bilâd contient en soi, y compris dans son sens de ville, la notion de sédentarité, et désigne en premier lieu l’établissement humain pérenne. La seconde acception introduit l’idée d’organisation sociale urbaine : on la retrouve également dans le Coran. Elle exprime l’idée d’un lieu délimité par l’implantation de communautés particulières (*Jubrân1986) et renvoie à la notion de “cité”. Pour cette raison, la notion de citadinité est souvent exprimée à partir de cette racine. Pour parler de la ville sainte, La Mecque, on trouve dans le Coran : al-bilâd, qui se distingue de qariya [village] et de misr [grande ville, capitale] (C. II, 126, XIV, 35 ; *Blachère, Chouémi, Denizeau 1970 : 791). On parle de “al-balad al-amîn ou al-balad al-harâm, la ville par excellence, la ville sûre, la ville sacrée” (*Kazimirski 1860). Bilâd désigne aussi la ville en général et, dans ce sens, est à rapprocher de madîna. Désignant la ville, les deux termes s’opposent à la campagne, mais avec certaines nuances. Pour exprimer que la ville est 4 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e assiégée, on choisit plutôt bilâd, hazzamât al-bilâd, rendant plus nette l’opposition entre intérieur et extérieur [barra] (Hasan al-Faqih XVIIIe/XIXe s. : 238). Les deux mots bilâd et madîna, souvent considérés comme synonymes, font plutôt référence à des qualités différentes de l’objet désigné. La nuance se situe dans la représentation qu’a le locuteur de la ville. D’après le dictionnaire arabe-français des dialectes de Syrie, pour Alep, Damas ou Jérusalem, bâlad pl. blâd : ville, s’oppose au terme de madîna, prononcé lmdîne, qui est “la partie de la ville où est concentrée l’activité commerciale, le quartier des affaires” alors que balad, prononcé lbâlad, désigne la ville tout entière (*Barthélemy 1954). Wast al-bilâd désigne généralement le centre-ville. Quant à l’expression nazal al-bilâd, elle peut se traduire par “aller [litt. descendre] en ville”. Balad/bilâd désignerait par rapport à madîna un espace social urbain avec une dimension civique. L’évolution sémantique corrobore cette hypothèse. L’usage du terme baladiyya – qui a longtemps été considéré comme un néologisme (Lewis 1991 : 1002) mais que l’on trouve en fait dès l’époque moderne, par exemple pour désigner le quartier de Tripoli dans lequel siégeaient les institutions citadines (Hasan al-Faqih XVIII/XIXe s.) -, qui se généralise dans l’empire ottoman dès le début des réformes urbaines du milieu du XIXe siècle pour désigner une municipalité, le montre également. Diverses institutions citadines ont à partir de cette époque pour nom un dérivé de balad. Le terme est désormais lié à toute institution en rapport de près ou de loin à une appartenance au corps de ville, devenu municipalité. Les institutions municipales, au Moyen-Orient comme au Maghreb, sont généralement désignées par des dérivés de bilâd : “amîn sijillât al-baladiyya (muwazzaf kabîr) : town clerk, dâr al- baladiyya : town hall” (*Doniach 1972) ; al-baladiyya : conseil composé de représentants de la balda ou de la madîna, élus ou nommés, s’occupant de la vie et des services publics tels l’adduction d’eau, l’électricité, les routes, le nettoyage etc. (*Jubrân 1986). Alors que, dans les premières phases de la réforme, à Istanbul dans les années 1850, c’est l’expression shehir medjlissi, formée d’un mot turc shehir (la ville) et d’un mot arabe majlis (le conseil) qui a été adoptée, la généralisation de l’institution municipale dans l’Empire se fait sous une désignation tirée de bilâd : majlis al-baladiyya (le conseil municipal à Tripoli, Beyrouth, Damas, Tunis, etc.) (Lafi 2002). Ce changement administratif augmente sans doute la diffusion des termes de balad [ville] et baladiyya [municipalité], qui existaient déjà largement auparavant. Bilâd avait dès avant les réformes ottomanes un large usage dans le champ de l’organisation sociale urbaine, que l’on retrouvait dans les noms d’institutions anciennes, ainsi qu’autour de la notion de baldî. A Tunis, ce terme est l’expression même d’une appartenance intrinsèquement lié à la citadinité, à l’appartenance au corps social de la ville et à ses instances représentatives : “baladî native, indigenous, home (as opposed to foreign, alien) ; (fellow) citizen, compatriot, countryman ; a native; communal, municipal / majlis baldî city council, local council. baladîya pl. –ât township, community, rural community ; ward, district (of a city) ; municipality, municipal council, local authority” (*Wehr 1961). Le baldî est en quelque sorte le bourgeois de la ville d’Ancien Régime, citadin de souche ayant accès aux charges urbaines et incarnant l’esprit citadin. L’adjectif al-baldî désigne celui qui est de la ville et “al-baladiyya ou al-majlis al-baladî est le conseil des notables de la balda” (*al- Munjid 1986). Pour le chroniqueur tunisien du XIXe siècle Ben Diaf, les beldî sont les citadins de souche vivant dans la ville intra-muros (Chater 1992 : 117-127), une classe sociale de notables définis à la fois par leur origine, leur lieu de résidence, et repérable comme catégorie à part entière dans les registres fiscaux à Tunis. K. Chater note par ailleurs qu’après l’époque coloniale le beldî a une définition plus sociale que géographique, au fur et à mesure du déclin des élites traditionnelles (Chater 1992 :122). Au Tchad, baladi s’emploie en opposition à madani qui désigne le citadin à la mode (*Jullien de Pommerol 1999 : 238). Au Maroc on utilise blâdi pour désigner ce qui est local, pour dire 5 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e “mon pays”, “ma ville natale” (*Prémare1993 : 294). En Algérie de même. Cela a donné son nom à une ville : Blida, “la petite ville”. En Egypte, dans la langue vernaculaire balad pl. bilad, qui veut dire à la fois le pays, la ville, le village, exprime la notion de local par opposition à étranger “‘ibni balad (1) native, not a foreigner” (*Badawi & Hinds 1986 : 96). Ibn al-balad ou bent al-bilad , “fils, fille du pays”, réfère à l’authenticité des valeurs locales ou populaires. Les autres acceptions de balad et bilâd renvoient à un espace plus réduit, plus privé et de plus en plus intime, comme la maison [dâr], le tombeau ou le cimetière (*Jubrân 1986 : 335). D’où peut-être le sens de “cité” pour parler du cœur de la ville comme entité sociale par opposition au terme madîna qui exprimerait alors la ville en insistant plus sur l’aspect et le caractère physique et urbain. Chez de nombreux chroniqueurs, l’emploi de bilâd dénote la conception de la ville comme un chez-soi, et exprime une intimité avec l’espace physique et social. Dans la langue arabe contemporaine, le mot est souvent chargé d’un fort sens patriotique, et cristallise un sentiment d’appartenance. On le retrouve dans les poèmes de Sayyed Darwish (1892-1923), à l’origine de l’hymne national égyptien, et dans de nombreuses expressions du sentiment national palestinien. Les hymnes nationaux de la plupart des pays arabes ont pour refrain une déclinaison de “Bilâdi bilâdi” [mon bilâd, mon bilâd]. Dans son sens urbain, bilâd désigne aussi souvent la ville où l’on se trouve, avec une insistance sur la proximité et l’évidence. En français, bilâd a donné, par le détour de l’argot militaire colonial, le mot bled, qui désigne un lieu, village ou petite ville offrant peu de ressources. “On s’ennuie dans ce bled” (Le Petit Robert 1988). Nora Lafi Voir madîna (arabe) Voir cité (français), città (italien) city (anglais), town (anglais), ville (français) S o u r c e s p r ima i r e s H a s a n a l-F a q i h H a s a n . X V I I I / X I X e s . x x l a r é f é r e n c e b i b l i o g r a p h i q u e , S V P L e w i s , B e r n a r d . 1 9 9 1 . “ b a l a d i y y a ” , E n c y c l o p é d i e d e l ’ i s l a m , L e y d e , B r i l l , P a r i s , M a i s o n n e u v e e t L a r o s e , p . 1 0 0 2 - 1 0 1 2 . S o u r c e s s e c o n d a i r e s C h a t e r , K h a l i f a . 1 9 9 2 . “ L e s n o t a b l e s c i t a d i n s e t e n T u n i s i e a u c o u r s d e l ’ è r e c o l o n i a l e : l e c o n c e p t d u b e l d i e t s e s m u t a tio n s ” , C a h i e r s d e l a M é d i t e r r a n é e n ° 4 5 ( “ B o u r g e o i s i e s e t n o t a b l e s d a n s l e m o n d e a r a b e ( X I X e e t X X e s i è c l e s ) ” ) , p . 1 1 7 -1 2 7 . L a f i , N o r a . 2 0 0 2 . U n e v i l l e d u M a g h r e b e n t r e A n c i e n r é g im e e t r é f o rm e s o t t o m a n e s : T r i p o l i d e B a r b a r i e ( 1 7 9 5 - 1 9 1 1 ) . P a r i s , L ’ H a rm a t t a n . __________________________________________________________________ banlieue (pl. banlieues) français, nom féminin D é f i n i t i o n s “ B a n l i e u e [ . . . ] E n v i r o n s d ’ u n e v i l l e q u i s o n t d a n s l ’ é t e n d u e d ’ u n e l i e u e . C e s p u b l i c a t i o n s o n t é t é f a i t e s d a n s P a r i s e t s a b a n l i e u e . I l a é t é b a n n i d e l a v i l l e e t d e s a b a n l i e u e , c ’ e s t-à -d i r e d e s e n v i r o n s . ” ( * F u r e t i è r e 1 6 9 0 ) “ B a n l i e u e [ . . . ] T e rm e d ej u r i s p r u d e n c e . E s t u n e l i e u e à l ' e n t o u r d e l a v i l l e , a u -d e d a n s d e l a q u e l l e s e p e u t f a i r e l e b a n , c ' e s t -à -d i r e l e s p r o c l am a t i o n s d el a v i l l e e t j u s q u ' o ù s ' é t e n d l ' é c h e v i n a g e e t j u s t i c e d ' i c e l l e . ” ( * D i d e r o t e t d ' A l em b e r t 1 7 5 1 -1 7 8 0 , 2 : 5 9 ) “ B a n l i e u e [ . . . ] T e r r i t o i r e d a n s l e v o i s i n a g e e t s o u s l a d é p e n d a n c e d ’ u n e v i l l e . ” ( * L i t t r é 1 8 6 3 ) “ ' R o u i l l e r ' o u ' s ' a r r a c h e r ' d u b é t o n s o n t d e s v e r b e s em pr e i n t s d e b r u t a l i t é . L e m o t ' b a n l i e u e ' l u i a u s s i e s t c r u e l à p r o n o n c e r . ” ( B e g a g e t D e l o rm e 1 9 9 4: 1 8 7 ) 6 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e La racine de ce mot, attesté dès le XIIIe siècle est ban, terme féodal désignant le territoire sous la juridiction d'un seigneur, là où ses décisions étaient l'objet de proclamations. S'appliquant à une ville, le terme de banlieue se mit à désigner l'étendue de pays, d'une lieue ou de plusieurs lieues – et la lieue variait d'une région à l'autre – soumise à la municipalité. D'étendue fort variable d'une ville à l'autre, parfois inexistante, selon les cas concédée par le roi ou un suzerain ou bien conquise par empiètement progressif, la banlieue était, dit Michel Bochaca, un “îlot de droit urbain” installé dans les campagnes environnantes (Bochaca 1997 : 170). Notons au passage, pour faire un sort à une étymologie en vogue mais fautive, que banlieue et bannissement étaient deux notions différentes. Le bannissement est un autre dérivé du mot ban – songeons à être au ban de – , et l'on pouvait être banni de la banlieue d'une ville, ainsi que le prouve la citation du Furetière en tête de cette notice. Du fait des intérêts qu'elle y avait et en vue du bon fonctionnement des échanges, la ville exerçait un contrôle sur cet arrière-pays tombé dans son orbite. Les règlements municipaux comme les règlements royaux ne manquaient pas d'inclure la banlieue dans leurs dispositions. Évoquons ainsi un édit royal de 1772 qui réglementait “les contraintes par corps pour dettes civiles dans la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris” (Edit du roi... 1772). Cependant ces échanges et ces liens pouvaient faire que la banlieue existe déjà comme conscience locale, ou plutôt que des groupes d'habitants aux intérêts communs s'approprient le mot pour se définir face à la ville et revendiquer leurs droits. Ainsi en 1789, dans les cahiers de doléances rédigés dans les paroisses autour de Paris, les “habitants de la banlieue” ne manquaient pas d'exposer leurs plaintes, que l'on retrouve développées à l'époque dans le célèbre mémoire de Darigant (1889 [1789], 4 ). Ces “malheureux cultivateurs” accusaient la ville de les mal traiter, et de n'être pour elle et ses autorités que des auxiliaires sans qualité. Vision assez clairvoyante : quand en 1790 l'Assemblée nationale décida du tracé des départements, il fut décidé de faire de Paris un département à lui seul, mais “accompagné d'une banlieue assez étendue pour renfermer tous les établissements nécessaires aux besoins journaliers de cette ville, tels que ses boucheries, ses voiries, ses cimetières, ses carrières, une partie de ses jardins, etc.” (cité par Bournon 1897). Le plus clair de nos exemples concerne Paris, il est vrai, mais il est probable qu'un peu partout, la banlieue avait alors le statut d'une arrière-ville à la fois sanitaire et nourricière. Jusque vers 1850 au moins, c'est le côté à la fois grenier et poumon de la ville qui, à Paris, l'emporta dans la façon de voir la banlieue et d'en parler. De multiples textes évoquent les “communes rurales” autour de la capitale, ou encore les deux “arrondissements ruraux du département de la Seine”. Le préfet de la Seine écrivait en 1830 que “la classe ouvrière de Paris […] va se délasser de ses travaux dans les campagnes environnantes” (cité par Girod 1994 : 117). A l'époque, l'essayiste Hippolyte Meynadier parlait des “petites maisonnettes” qui, à ses yeux, déparait de plus en plus les paysages, et créait une “banlieue anti-champêtre” (Meynadier 1843 : 198-199). Pour désigner cette banlieue à portée du promeneur, on parlait alors de la petite banlieue, surtout après la construction des fortifications, en 1841, qui donna en quelque sorte une frontière au proche et au lointain de la ville. L'expression est beaucoup moins courante que les historiens de Paris l'ont cru jusqu'ici, et là où on l'attend – par exemple en 1859-1860 dans le flot des discours sur l'annexion à Paris de ladite petite banlieue –, elle brille par son absence. Le qualificatif suburbain était finalement plus courant. On lit ainsi dans un rapport signé du préfet Haussmann : “Des commissionnaires craignent le ralentissement de l'activité commerciale sur tel point donné de la banlieue suburbaine” (Haussmann 1859 : 44). Mais, précisément, le fort peuplement et l'industrialisation de la zone allaient en changer l'image. D'où parfois des transitions curieuses dans les dires, comme cette phrase de journal La Banlieue en 1846 : “On ne peut nier l'importance commerciale et 7 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e industrielle des deux arrondissements ruraux du département de la Seine”… Le langage avait du mal à suivre un espace en plein mutation. Pendant toute une époque encore – et c'était n'importe comment une partie de la réalité – banlieue continua à évoquer la promenade au grand air et la villégiature heureuse. Ce goût des Parisiens était exploité par les vendeurs de terrains à construire : “Le souci de l'hygiène et de l'économie commande […] à tout chef de famille […] de quitter Paris et d'installer son foyer à la campagne, c'est-à-dire dans la banlieue” (Tranchant s.d. : 5) Mais banlieue égalait aussi pour d'autres un coin plein “d'usines malodorantes”, “de “misérables habitations” et composé de “villes industrielles fort laides.” Ces qualificatifs, rencontrés dans un Guide du cycliste paru en 1912 (Bertot 1912 cité par Borgé & Viasnoff 1994 : 126), se retrouvent dans toute une littérature méprisante ou déplorative développée à l'époque au sujet de la banlieue industrielle et ouvrière. Les élus et les notables de banlieue avaient déjà réagi contre cette image et surtout réclamé d'être mieux entendu dans les affaires du département où, disaient-ils , Paris en prenait trop à son aise vis-à-vis d'eux. Pour cela, ils avaient fait leur un mot méprisant surgi dans la bouche d'élus de Paris à l'occasion d'une querelle électorale en 1889 : banlieusard, avec le sens de rustres campant aux portes de la ville civilisée… “Hardi, les banlieusards, puisque banlieusards il y a”, dit un journal de Levallois (cité par Waraschitz 1989 et Muller 1988), et une feuille locale, ayant encore pour titre La Banlieue, avait pour slogan : “Banlieusards, venez à nous !” Le mot, il est vrai, allait perdre ce contenu, un peu forcé d'ailleurs, d'indignité retournée en dignité pour désigner dans la langue celui qui habite la banlieue mais qui n'y travaille pas, et prend les transports, matin et soir, victime des villes tentaculaires aux rythmes inhumains. “Le train était bondé de banlieusards, épuisés par leur journée de travail”, écrivait la sénatrice Brigitte Gros en 1970 (Gros 1970 : 11). Peut-être aussi garde-t-il de ses origines quelque chose de grossier et de méprisant qui fait que, manifestement, même encore aujourd’hui, on en évite l'usage. Mais depuis quand le mot banlieue sert-il à donner un nom à certaines peurs ? Au XIXe siècle, on voyait la banlieue comme plutôt du côté de l'ordre : “La garde nationale de la banlieue était vaillante contre les insurrections” écrit Victor Hugo à propos de l'émeute de 1832 (Hugo 1951 [1862] : 1232). L'inquiétude naît véritablement avec les succès électoraux du Parti communiste dans plusieurs communes de banlieue parisienne au début des années 1920 : la banlieue rouge prend alors le relais des faubourgs. A l'époque, une expression concurrente, celle de ceinture rouge, exprimait à la perfection l'image fausse mais terriblement efficace d'un Paris vidé de ses usines et de ses prolétaires, vivant sous la menace de “cités satellites industrialisées” (Blanc 1927 : 135-136)). Une série d'ouvrages à grande diffusion – dont celui du père Lhande (1927 : 3, 12-13) – installent alors dans les consciences l'image de la banlieue comme lieu où “la population ouvrière, chassée du centre”, risque de sombrer dans la barbarie, à moins que ne soit mise en place “ce qu'on pourrait appeler, dit l’essayiste E. Blanc, une politique de la banlieue parisienne [souligné dans le texte]” (Blanc 1927 : 24). Les crises s'envolent, les mots demeurent. Avant les débordements langagiers d'aujourd'hui, la période qui suit 1945, période marquée, dans la banlieue de Paris et d'autres villes, par le formidable développement de la construction, en particulier du logement social, trouva des mots pour traduire l'inquiétude née de cette croissance. On parlait “des cités champignons de banlieue” (France-Soir 1965) ou encore des “cités-dortoirs” (Bosquet 1970). Une idée reçue de l'époque est bien celle du grand ensemble qui rend fou : un médecin évoque sans rire la “névrose des ménagères de banlieue” (Le Guillant 1960). Mais la modernité et le confort associés à ces nouveaux lieux ne les condamnaient pas toujours : Sarcelles, symbole de ce nouvel urbanisme, fut souvent décrit comme lieu d'un bonheur normalisé et sans grâce, mais au fond possible, comme chez 8 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e la romancière Christiane Rochefort en 1961. Le Sarcelles qui clôt Les petits enfants du siècle est une promesse (Rochefort 1961 : 160-167, 206). Cette ambiguïté positive a aujourd'hui complètement disparu, puisque le mot banlieue , à partir de 1985 à peu près, va servir à désigner tout à la fois les lieux, les maux et les peurs associés à la crise sociale et politique née du chômage et du racisme actuels, et cela au mépris de l'infinie variété du peuplement réel de la banlieue des grandes villes. C'est la presse écrite ou audio-visuelle qui a engendré l'extraordinaire prolifération du mot, décliné de toutes sortes de manières. “L'agglomération lyonnaise est malade de ses banlieues”, ce titre du Monde en 1986 est une formule passe-partout, où il suffit de changer le nom de la ville pour chapeauter un article (voir les documents cités par Ficot 1997 et Roland 1996). Somme toute, le mot sert d'accroche, de simple annonce, et il est bien rare qu'une définition en soit donnée par les auteurs, quel que soit le type d'écrit, ce qui est encore plus vrai dans le langage parlé. Qui dit banlieue ne parle pas vraiment d'espace, mais désigne simplement par là une certaine population évoluant dans le cadre d'un certain habitat, la plupart du temps les enfants pauvres de migrants peuplant les grands ensembles. Dans le passé, le mot faubourg avait connu le même avatar, mais aujourd'hui, dans le cas de banlieue, le lien entre le contenu donné au mot et le territoire réel qu'il désigne est encore plus lointain. Un équivalent comme le mot cité(s) colle infiniment mieux à la réalité. Cette fortune médiatique n'est-elle pas, au moment même où nous écrivons, quelque peu tarie ? Le mot, dirait-on, a trop servi et n'est plus qu'une coquille vide. Sous l'influence de la terminologie officielle qui, depuis déjà longtemps, parle du “développement social des quartiers”, des “quartiers sensibles”, etc…, l’expression les quartiers, tout court, semble aujourd'hui devenue l'équivalent, au moins médiatique, sinon même dans l'usage, de banlieue. Ce mot est-il donc appelé à rejoindre faubourg dans le magasin d'antiquités des mots de la ville ? Alain Faure Voir cité, faubourg, quartier, zone Voir S o u r c e s p r ima i r e s B a n l i e u e ( L a ) , o r g a n e d e s i n t é r ê t s g é n é r a u x d e l a P e t i t e e t G r a n d e b a n l i e u e , 1 9 0 8 e t 1 9 0 9 . B a n l i e u e ( L a ) , r e v u em e n s u elle , n ° 1 , o c t o b r e 1 8 4 6 . B e g a g , A z o u z e t C h r i s t i a n D e l o rm e. 1 9 9 4 . Q u a r t i e r s s e n s i b l e s , P a r i s , S e u i l . B e r t o t , J . 1 9 1 2 . G uid e s d u c y cl i s t e . L e s p l u s b e l l e s e x c u r s i o n s d e s e n v i r o n s d e P a r i s , P a r i s , C .M e n d e l . B l a n c , É d o u a r d . 1 9 2 7 . L a c e i n t u r e r o u g e , P a r i s , S p è s . B o s q u e t , M i c h e l . 1 9 7 0 . “ L a c o l è r e d e sm a l -t r a n s p o r t é s ” , L e N o u v el O b s e r v a t e u r , 2 8 s e p t em br e . [ D a r i g r a n d ] . 1 8 8 9 [ 1 7 8 9 ] . M é m oi r e p o u r s e r v i r à l a c o n f e c t i o n d u c a h i e r d e d o l é a n c e s d e s h a b i t a n t s d e l a b a n l i e u e d e P a r i s , r é d i g é p a r D a r i g r a n d e t s i g n é d e s s y n d i c s d e 2 0 p a r o i s s e s , c i t é p a r C h . L . C h a s s i n , L e s é l e c t i o n s e t l e s c a h i e r s d e P a r i s e n 1 7 8 9 , t. IV, P a r i s h o r s -l e s -m u r s , P a r i s , J o u a u s t e t S i g a u x , 1 8 8 9 , p . 1 8 9 -2 1 9 . É d i t d u r o i , p o r t a n t c r é a t i o n d e d i x o f f i c i e r s -g a r d e s d u c o m m e r c e , & r è g l e m e n t p o u r l e s c o n t r a i n t e s p a r c o r p s p o u r d e t t e s c i v i l e s d a n s l a v i l l e , f a u x b o u r g s & b a n l i e u e d e P a r i s . D o n n é à F o n t a i n e b l e a u a u m o i s d e n o v e m b r e 1 7 7 2 [ … ] 1 7 7 2 . P a r i s , c h e z P . G . S im o n, 1 7 7 3 , 7 p . F r a n c e -S o i r , 2 1 d é c e m b r e 1 9 6 5 . G r o s , B r i g i t t e . 1 9 7 0 . Q u a t r e h e u r e s d e t r a n s p o r t p a r j o u r, P a r i s , D e n o ë l . [ H a u s s m a n n , G e o r g e s ] . 1 8 5 9 . C o m mi s s i o n d é p a r t em e n t a l e f a i s a n t f o n c t i o n d e C o n s e i l g é n é r a l d e l a S e i n e . S e s s i o n e x t r a o r d i n a i r e d e 1 8 5 9 s u r l ' a n n e x i o n . H u g o, Vi c t o r . 1 9 5 1 [ 1 8 6 2 ] . L e s Mi s é r a b l e s , P a r i s , G a l l im ar d ( L a P l é i a d e ) . L a n d h e , P i e r r e . 1 9 2 7 . L e C h r i s t d a n s l a b a n l i e u e . E n q u ê t e s u r l a v i e r e l i g i e u s e d a n s l e s m i l i e u x o u v r i e r s d e l a b a n l i e u e d e P a r i s , Paris , P l o n . 9 Le Trésor des mots de la ville : une maquette au 1/5e L e G u i l l a n t , L . 1 9 6 0 .mé d e c i n -c h e f d e s h ô p i t a u x p s y c h i a t r i q u e s d e l a S e i n e , “ P s y c h o p a t h o l o g i e d e l a t r a n s p l a n t a t i o n ” , L e C o u r r i e rmé d i c a l , 2 j u i l l e t , p . 3 4 3 6 . M e y n a d i e r , H i p p o l y t e . 1 8 4 3 . P a r i s s o u s l e p o i n t d e v u e p i t t o r e s q u e e t m o n um e n t a l o u é l ém e n t s d ' u n p l a n d ' e n s e m b l e d e s e s t r a v a u x d ' a r t e t d ' u t i l i t é p u b l i q u e , P a r i s , D a u v i n e t F o n t a i n e . M o n d e ( L e ) , 2 3m a r s 1 9 8 6 . R o c h e f o r t , C h r i s t i a n e . 1 9 6 1 . L e s p e t i t s e n f a n t s d u s i è c l e , P a r i s , G r a s s e t . T r a n c h a n t , M a r i u s . s . d . L ’ h a b i t a t i o n d u P a r i s i e n e n b a n li e u e . A p r è s l e t r a v a i l à P a r i s , l e r e p o s à l a c am p a g n e , P a r i s , 2 3 b o u l e v a r d d u M o n t p a r n a s s e . S o u r c e s s e c o n d a i r e s B o r g é , J a c q u e s e t V i a s n o f f , N i c o l a s . 1 9 9 4 . A r c h i v e s d e l a b a n l i e u e p a r i s i e n n e , P a r i s , T r i n c k v e l . B o u r n o n , F e r n a n d . 1 8 9 7 . L a c r é a t i o n d u d é p a r t e m e n t d e l a S e i n e e t s o n é t e n d u e ( 1 7 8 9 -1 7 9 0 ) , P a r i s , H o n o r é C h a m pio n . F i c o t , É l o d i e . 1 9 9 7 . L'im a g e d e l a b a nl i e u e d a n s l e j o u r n a l “ L e M o n d e ” d e d é c em br e 1 9 8 0 à j u i l l e t 1 9 8 4 . M é m oi r e d e m aî t r i s e , U n i v e r s i t é d e P a r i s I . G i r o d , M a r c . 1 9 9 4 . “ L ' u r b a n i t é d e s f a u b o u r g s : l e s t h é â t r e s d e l a b a n l i e u e p a r i s i e n n e ( 1 8 1 7 -1 9 3 2 ) ” , R e c h e r c h e s c o n t e m p o r a i n e s , n ° 2 , , p p . 1 1 3 -1 3 0 . M uller, Al i n e . 1 9 8 8 . L e s r e l a t i o n s P a r i s -b a nl i e u e o u e s t d e 1 8 8 4 à 1 9 0 0 ( c a n t o n d e N e u i l l y ) d ’ a p r è s l a p r e s s e l o c a l e . M é m oi r e d e m a î t r i s e , U n i v e r s i t é d e P a r i s X -N a n t e r r e , 2 v o l . R o l a n d , P a t r i c k . 1 9 9 6 . L'im a g e d e l a b a n l i e u e d a n s l e q u o t i d i e n “ L i b é r a t i o n ” d e 1 9 8 1 à 1 9 9 1 . M é m oi r e d em aîtrise, U n i v e r s i t é d e P a r i s I . W a r a s c h i t z , B r u n o . 1 9 8 9 . L e s é l e c t i o n s s é n a t o r i a l e s d a n s l e d é p a r t em e n t d e l a S e i n e d e 1 8 7 6 à 1 9 1 4 . D e l a v o l o n t é d ’ h é g ém o ni e p o l i t i q u e d e P a r i s à l a p r im a u t é é l e c t o r a l e d e l a b a n l i e u e . M é m oi r e d ema î t r i s e , U n i v e r s i t é d e P a r i s I V . A u t r e s r é f é r e n c e s B o c h a c a , M i c h e l . 1 9 9 7 . L a b a n l i e u e d e B o r d e a u x . F o rm a t i o n d ' u n e j u r i d i c t i o nm u ni c i p a l e s u b u r b a i n e ( v e r s 1 2 5 0 - v e r s 1 5 5 0 ) . P a r i s , L ' H a rm a t t a n , , p . 1 7 0 . __________________________________________________________________ Bannmeile (pl. Bannmeilen) allemand, nom commun, f. T r a d u c t i o n s “ B a n n m e i l e f b a n l i e u e ; l imi t s ( o r d e p e n d e n c i e s ) pl. o f a t o w n o r a c i t y ; l i b e r t y o f a c i t y ” ( * S a n d e r s 1 8 9 9 : 2 5 0 ) “ B a n n m e i l e f . h i s t . b a n l i e u e f; B a n n k r e i s m h i s t j u r j u r i d i c t i o n ; fig ( s p h è r e d ’ ) i n f l u e n c e f “ ( *W ei s & M a t t u t a t I I 1 9 7 6 : 1 2 1 ) “ B a n n m e i l e p r e c i n c t o f p a r l i am e n t ; i n n e r h a l b d e r ~ m ei l e d e s P a r l am e n t s wi t h i n t h e v e r g e o f p a r l i am e n t ” ( * v o n E i c h b o r n 1 9 9 4: 2 3 1 ) D é f i n i t i o n s “ B A N N M EI L E , f. lat. m o y e n . b a n l e u c a , f r a n ç . b a nl i e u e , a l l em. m o y e n . B a n m î l e . [ . . . ] ” ( * G r im m & Grim m 1 8 5 4: 1 1 1 8 ) “ B a n n r e c h t ( Z w a n g s - e t B a n n r e c h t , B a n n g e r e c h t i g k e i t ) , l e d r o i t , e n g é n é r a l l i é à l a p r o p r i é t é d ’ u n t e r r a i n , d ’ e x i g e r q u e l e s h a b i t a n t s d ’ u n s e c t e u r ( B a n n b e z i r k , B a n nm ei l e ) s a t i s f a s s e n t c e r t a i n s b e s o i n s u n i q u em e n t e n p a s s a n t p a r l e s a y a n t s -d r o i t [ B a n n b e r e c h t i g t e n ] , n o t a mm e n t l e d r o i t d e m o u l i n [ . . . ] l e d r o i t d e b r a s s a g e d e l a b i è r e [ . . . ] l e d r o i t d e p r e s s o i r [ . . . ] l e d r o i t d e f e r r o n n e r i e , l e d r o i t d e f o u r n i l e t d ’ a u t r e s e n c o r e , t o u s l i é s a u c om m er c e . […] ” ( * M e y e r s L e x i k o n 1 9 2 4: 1 4 5 4 ) “ B a n n m e i l e , B a n n k r e i s , B a n l i e u e , 1 ) a n c i e n d r o i t : a u M o y e n A g e , z o n e l a r g e d ’ u n e l i e u e [ M e i l e ] a u t o u r d ’ u n e v i l l e d a n s l a q u e l l e a u c u n c o mm e r c e ni a u c u n a r t i s a n é t r a n g e r n ’ a v a i t l e d r o i t d ’ e x e r c e r . [ . . . ] 2 ) d r o i t d e l ’ E t a t a l l em a n d : z o n e p r o t é g é e ( > b e f r i e d e t e r B a n n k r e i s < ) p o u r l e s i n s t i t u t i o n s l é g i s l a t i v e s ( B u n d e s t a g , B u n d e s r a t ) e t l e t r i b u n a l c o n s t i t u t i o n n e l d e l a R é p u b l i q u e f é d é r a l e , à l ’ i n t é r i e u r d e l a q u e l l e l e s r a s s em bl em e n t s e t l e s p r o c e s s i o n s s o n t i n t e r d i t s a f i n d ’ é v i t e r t o u t e g ê n e . [ . . . ] ” ( * B r o c k h a u s 1 9 9 6 : 5 8 5 ) . Dans le langage courant actuel, Bannmeile ne signifie plus le droit de ban médiéval défini ci- dessus, mais renvoie aux restrictions du droit de rassemblement en certains lieux. Le mot n’existe aujourd’hui que dans ce contexte juridique. En général, une Bannmeile n’est pas 10
Description: