Table Of ContentTraité de médecine ostéopathique du crâne
et de l’articulation temporomandibulaire
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Du même auteur
François Ricard. Lésions ostéopathiques de l’articulation temporomandibulaire (Prix des auteurs en Médecine
ostéopathique 1986) ; 2 tomes. Atman/Deverlaque, 1986.
François Ricard. Traitement ostéopathique des algies lombopelviennes (lumbagos, hernies discales et radiculalgies de
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François Ricard. Traitement ostéopathique des algies d’origine crânio-cervicale. Deverlaque, 1990.
François Ricard, Jean-Luc Sallé. Tratado de osteopatía. Mándala. 1a ed., 1991 ; 2a ed., 1996 ; 3a ed., Panamericana ;
2003.
François Ricard, Pierre Therbault. Les techniques ostéopathiques et chiropractiques américaines. Frison-Roche ; 1991.
François Ricard. Tratamiento osteopático de las algias lumbopélvicas y ciáticas. Mándala/EOM (1a ed., 1993; 2a ed.,
1996). 2 tomos (2a ed. del tomo 2, Panamericana, 1998, 2004).
François Ricard, Jean-Luc Sallé. Traité de médecine ostéopathique. Roger Jollois, 1994.
François Ricard, Jean-Luc Sallé, Ginés Almazán. La osteopatía : un método de curación natural. Mándala, 1994.
François Ricard, Jean-Luc Sallé. Tratado de osteopatía teórico y práctico. Robe, 1996.
François Ricard. Tratado de radiología osteopática del raquis. Panamericana, 1999, 2003.
François Ricard. Tratamiento osteopático de las algias de origen craneocervical : cervicalgias, tortícolis, neuralgias
cervicobraquiales, cefaleas, migrañas, vértigos. Escuela de Osteopatía de Madrid, 2000.
François Ricard. Tratado de osteopatía craneal : análisis ortodóntico. Diagnóstico y tratamiento manual de los
síndromes craneomandibulares. Panamericana 2002, 2005.
François Ricard. Tratamiento osteopático de las lumbalgias y lumbociáticas por hernias discales. Panamericana ; 2003
(3e édition).
François Ricard, Jean-Luc Sallé. Trattato di osteopatia. UTET ; 2004.
François Ricard, Elena Martinez. Osteopatía y pediatría. Panamericana 2005.
François Ricard. Tratamiento osteopático de las algias del raquis torácico. Panamericana 2006.
François Ricard. Tratado de osteopatía visceral y medicina interna osteopática (3 tomos). Panamericana 2008.
Traité de médecine
ostéopathique du crâne
et de l’articulation
temporomandibulaire
François Ricard
François Ricard
Ostéopathe DO-MRO
Enseignant, directeur de l’École d’ostéopathie de Madrid,
Escuela de Osteopatía de Madrid
Calle San Félix de Alcalá, 4
28801 Alcalá de Henares, Madrid Tel. : 91 883 39 10
Adresse e-mail : francois@frarirard.e.telefonica.net
Édition française : Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire
Traduction, adaptation et mises à jour de Tratado de Osteopatía Craneal. Articulación Temporomandibular.
Análisis y tratamiento ortodóntico. 2.a edición (ISBN : 978-84-7903-999-X publié par Panamericana).
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Photocomposition : SPI Publisher Services ISSN : 1768-1995
Imprimé aux Pays-Bas par Ten Brink ISBN : 978-2-8101-0123-8
Dépôt légal : février 2010
Introduction
L’ostéopathie est une thérapie récente. Elle a été semblent démontrer le contraire : la résultante des
créée aux États-Unis par le Dr A. T Still (1928– forces durant la mastication a son point d’appli-
1917) qui, à la fin du XIXe siècle, a énoncé les cation maximal au niveau des dents et non pas au
grands principes de cette médecine naturelle. Le niveau des cavités glénoïdes.
docteur Still a fondé en 1874 le premier collège L’ATM est un organe sensoriel qui guide et coor-
d’ostéopathie à Kirksville. donne, par un mécanisme réflexe périphérique
Le terme « ostéopathie » vient du grec osteon (os) et et central, le jeu des muscles masticateurs. Dans
pathos (effet qui vient de l’intérieur) ; il indique donc cette articulation, la mobilité compte plus que la
l’influence de la maladie, ses causes et ses traitements solidité.
manuels, et non une infection ou une douleur locale Cette articulation présente trois niveaux :
de l’os. C’est l’étude des effets internes qui viennent • un niveau condyloméniscal ;
de la structure (appareil musculosquelettique). • un niveau méniscotemporal ;
Les articulations temporomandibulaires (ATM) • un niveau dentodentaire : la mandibule et le
sont des articulations qui travaillent beaucoup : maxillaire sont unis chacun par 16 dents ; un
nous réalisons environ 1 000 mouvements par jour. déséquilibre entre ces 32 dents va se manifester
au niveau des os du crâne, mais également au
Elles interviennent dans diverses fonctions :
niveau de ce que le professeur Nahmani a appelé
• respiration ;
le « complexe mandibulo-cranio-sacré », les dif-
• phonation ;
férents éléments de ce complexe étant unis par
• mastication ;
les structures musculoaponévrotiques, les mem-
• déglutition.
branes intracrâniennes et la dure-mère spinale.
Si l’on envisage uniquement les mouvements réa-
Certains problèmes rencontrés par les chirurgiens-
lisés durant la déglutition, on peut dire qu’il s’agit
dentistes ont une solution ostéopathique, de la
de mouvements involontaires, incessants, diurnes
même manière que certaines lésions ostéopathiques
et nocturnes.
doivent être traitées par le chirurgien dentiste.
L’ATM est actuellement considérée comme une
Le lecteur trouvera dans ce livre les informations
articulation à part ; on la compare à une suture
nécessaires au traitement du système hyoïdien et de
membraneuse, c’est-à-dire à un tissu conjonctif
la langue. Le système stomatognathique possède
adapté à certaines pressions mécaniques.
deux fonctions essentielles qui sont la mastication
Le tissu interposé entre les condyles temporaux et et la déglutition, lesquelles seront largement étu-
mandibulaires va s’adapter aux pressions mécaniques diées, aussi bien d’un point de vue diagnostique
tout au long de la vie. À cause de lésions ancien- que physiologique.
nes non corrigées, il se produit une adaptation : le
Le thérapeute doit se rappeler que le traitement du
condyle mandibulaire creuse une nouvelle cavité
système stomatognathique, à cause de ses influen-
articulaire sur le versant antérieur du zygoma.
ces et des répercussions sur le reste du corps, est
Gysi, en 1921, pensait que l’ATM supportait parfois nécessaire pour un traitement craniosacré,
des pressions importantes ; les travaux actuels de certaines algies cervicales ou scapulaires.
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XVI Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire
L’importance de l’ATM a également été mise en agir réellement sur l’élasticité osseuse que nous
évidence par Dejarnette, dans la technique sacro- essayons de modifier. Une dysfonction ostéo-
occipitale (sacro-occipital technique [SOT]) : il pathique crânienne se traduit par une densité,
existe des problèmes d’ATM de catégorie 2 (dys- une dureté anormale de l’os, et le traitement
fonction iliosacrée) et de catégorie 1 (dysfonctions structurel est le plus efficace pour modifier cet
craniosacrées et viscérales). état.
Le traitement ostéopathique crânien se réalise du L’idée d’utiliser les techniques de thrust pour les
plus dense vers le moins dense. On traitera en pre- sutures peut surprendre le lecteur, mais celles-ci
mier le niveau osseux, ensuite le niveau membra- ne sont pas violentes et l’on n’utilise pas une force
neux, et finalement le niveau liquidien. Il s’agit supérieure à 3 kg, ce qui ne représente pas une
d’un ordre impératif de traitement : on ne peut force lésionnelle pour le crâne adulte. Il faut se
pas traiter les membranes avant les sutures. rappeler qu’une fracture à ce niveau requiert une
force de 30 à 80 kg par centimètre carré ; lors
Les techniques proposées dans ce livre concernent
du thrust, nous sommes très loin de cette force
principalement le traitement des niveaux osseux et
traumatique. L’idée des techniques de thrust
sutural. Nous utilisons et enseignons également
suturales n’est pas de modifier la position de l’os
les techniques membraneuses et liquidiennes tra-
en dysfonction, mais de réaliser un stretching du
ditionnelles de Sutherland et de Magoun, indis-
tissu conjonctif intersutural pour décomprimer
pensables dans la pratique ostéopathie crânienne.
les structures nerveuses sensibles intersutura-
Nous désirons, dans cet ouvrage, introduire la les responsables du maintien d’un arc de réflexe
notion d’élasticité osseuse. Nous prétendons pathogène.
Chapitre 1
Embryologie et croissance
du système masticateur
Rappels embryologiques
Le système stomatognathique est formé à partir
de dérivé laminaire [1,7] :
• ectoderme : épithélium des lèvres, joues et gen-
cives, palais osseux (dur), glandes parotides et
1er arc branchial
émail dentaire ;
• mésoderme : muscles lisses et striés, tissu
2e arc branchial
conjonctif, tissu cartilagineux et osseux, système
cardiovasculaire, sang, ganglions lymphatiques ; 3e arc branchial
• endoderme : épithélium de la cavité orale et 4e arc branchial
palais mou, glandes submandibulaires et sublin-
Fig. 1.1. Les arcs branchiaux.
guales, épithélium de la langue.
À la 4e semaine fœtale, des ébauches de toutes les
structures sont formées : mésoblaste forme la mandibule en avant, le mal-
• procès ethmoïdal (front et nez) ; léus (marteau) et l’incus (enclume) en arrière.
• procès maxillaire (maxillaire, lèvre supérieure et Le deuxième arc branchial ou arc hyoïdien
joue) ; comprend :
• procès mandibulaire (lèvre inférieure, mandi- • le nerf facial (VII) ;
bule et menton). • les muscles de la face, les piliers antérieurs du
L’appareil branchial apparaît à la 4e semaine intra- voile du palais et le muscle stapédien ;
utérine sur les parois latérales de l’extrémité cépha- • le cartilage de Reichert, qui forme en avant les
lique sous la forme de fissure branchiale. Chacun petites cornes de l’os hyoïde et en arrière l’apo-
des arcs branchiaux comprend (figure 1.1) [3,4,7] : physe styloïde.
• un nerf mixte crânien ; Le troisième arc branchial ou arc hyothyroïdien
• une branche artérielle ; présente :
• des structures musculaires ; • le nerf glossopharyngien (IX) ;
• les structures du squelette cartilagineux. • le pilier postérieur du voile du palais, les muscles
Le premier arc branchial ou arc mandibulaire pré- du pharynx et le stylopharyngien ;
sente : • le corps et les grandes cornes de l’os hyoïde.
• le nerf trijumeau (V) ; Les 4e à 6e arcs branchiaux présentent :
• les muscles masticateurs, les muscles de la déglu- • le nerf vague (X) et le nerf accessoire (spina;l XI) ;
tition et le muscle tenseur du tympan ; • les muscles du larynx et du pharynx, les muscles
• le cartilage de Meckel, uni à la partie tympani- striés de l’œsophage, le sternocléidomastoïdien
que temporale ; en contact avec ce cartilage, le et le trapèze ;
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2 Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire
• les artères carotides ; • de trois points distincts pour le condyle, l’apo-
• le cartilage thyroïde. physe coronoïde et la lingula mandibulaire
(épine de Spix) (figure 1.3).
Le canal dentaire apparaîtra avec l’ossification des
Croissance du système
crêtes alvéolaires. La calcification de la suture inter-
masticateur
maxillaire se produit 2 mois après la naissance.
Organogenèse intra-utérine [5,6]
Morphogenèse craniofaciale
La mandibule est formée par le 1er arc branchial, extra-utérine
présent jusqu’au 2e mois intra-utérin. Cet arc
branchial se trouve séparé en deux parties par une Crâne [3,5,7]
gouttière médiane qui correspond à la future sym-
Durant l’accouchement, le crâne se déforme
physe mentonnière.
temporairement et présente un aspect doli-
À partir du 2e mois apparaissent deux plaques car- chocéphalique ; mais cette déformation dure peu
tilagineuses, les cartilages de Meckel, disposés de de temps et apparaît rapidement un aspect bra-
manière symétrique le long des maxillaires. À la fin chiocéphalique, dans lequel prédomine la crois-
du 2e mois, la zone inférieure de la face présente sance transverse, qui se maintiendra durant les
ses principaux segments entièrement cartilagi- premières années de vie.
neux ; apparaissent également sur les lames den-
À la naissance, les différentes parties de la voûte
taires les organes formateurs des dents (20 pour
crânienne sont séparées et il existe six fontanelles
chaque maxillaire) (figure 1.2).
(figure 1.4). Les éminences pariétales et frontales
Au 4e mois, la partie médiane du cartilage de sont très prononcées, alors que la base du crâne
Meckel s’atrophie : est plate. Les condyles occipitaux se trouvent en
• la partie antérieure se soude avec celle du côté avant du sens de gravité de la tête : l’enfant n’étant
opposé ; pas capable de la maintenir droite, elle tombe vers
• la partie postérieure forme le malléus. l’arrière. La première année, le développement est
L’ossification de chaque hémimaxillaire se fait de régulier et harmonieux, mais il existe une asymétrie
manière indépendante à partir : entre 2 et 6 ans, moment où il se produit une forte
• d’un point central situé sur la face externe du croissance des régions occipitales et frontales.
cartilage de Meckel qui apparaît après 30 jours ; À 7 ans, la base du crâne s’allonge et le foramen
• d’un point incisif de chaque côté de la symphyse magnum (trou occipital), la partie pétreuse de l’os
mentonnière ; temporal et la lame horizontale de l’ethmoïde ont
acquis leurs dimensions définitives. Après l’âge de
7 ans, le crâne croît latéralement en même temps
Marteau
que la région frontale.
Enclume
À l’âge de la puberté, la morphologie du crâne est
pratiquement définitive.
Anneau
tympanique
Point coronoïde
Apophyse 50 jours
styloïde Point de la lingula Point
mandibulaire condylien
Cartilage (épine de Spix) 45 jours 50 jours
de Meckel Point incisif Point
50 jours angulaire
Os hyoïde 35 jours
Fig. 1.2. 1er arc branchial et cartilage de Meckel. Fig. 1.3. Ossification de la mandibule.
Chapitre 1. Embryologie et croissance du système masticateur 3
Fontanelle • un centre cochléocaniculaire pour la zone du
antérieure labyrinthe osseux, la partie inférieure du vesti-
3 ans
bule et le conduit semi-circulaire ;
• un centre canaliculaire antérieur et un autre
Fontanelle
postérieur pour les autres parties de la partie
Fontanelle sphénoïdale
mastoïdienne 6 mois pétreuse.
6 mois
Les mouvements de la tête agissent sur le dévelop-
Fontanelle pement de la face et du crâne. Delaire [5,6] pense
postérieure que le système membraneux intracrânien joue un
6 mois
Symphyse rôle important durant la morphogenèse, mainte-
mentonnière
nant sous tension les os de la voûte crânienne et
3 mois
de la base du crâne.
Le maxillaire est l’os de la face qui grandit le plus.
Il n’existe pas de cavités sinusales avant l’âge de
4 ou 5 ans. Le crâne du nouveau-né est très déve-
Fig. 1.4. Le crâne du nouveau-né.
loppé par rapport à son visage, qui paraît comme
aplati dans le sens vertical et qui ne représente pas
plus de 1/8e du crâne [2].
Massif facial
L’évolution de la face de l’enfant est en relation
Les deux mamelons maxillaires proviennent des avec l’apparition de la deuxième dentition, la
maxillaires et des os zygomatiques ; les lames pala- croissance des sinus maxillaires et l’augmentation
tines, de l’apophyse palatine des maxillaires, les de volume des fosses nasales.
palatins et les apophyses ptérygoïdes. Du mésen-
À la naissance, la mandibule n’est qu’une simple
chyme naissent le vomer et la lame perpendiculaire
baguette osseuse ; il n’existe aucun procès alvéo-
de l’ethmoïde [9]. Les maxillaires présentent une
laire, et le canal dentaire est refoulé vers la base.
partie postérieure ou postmaxillaire, une autre
L’angle de la mandibule est plus obtus que chez
antérieure ou prémaxillaire. Le postmaxillaire
l’adulte (51° au lieu de 110°).
présente un centre d’ossification qui va croître
La langue occupe une position nasale et entraîne
vers l’avant ; la séparation entre postmaxillaire et
une projection en avant de la mandibule.
prémaxillaire existe jusqu’à l’âge de 12 ans [8].
En même temps qu’apparaissent les os zygomati- À la naissance, le condyle de la mandibule est à
ques, apparaissent les apophyses zygomatiques des peine ébauché et il existe une hyperlaxité articu-
temporaux. laire qui persiste jusqu’à ce que l’engrainement
dentaire la limite. Cette laxité permet aux surfa-
À la 6e semaine, la lame dentaire à l’origine des
ces temporomandibulaires et aux ménisques de se
dents se forme. Chez le nouveau-né, les maxil-
modeler au fur et à mesure que se constitue l’ar-
laires sont réduits à une simple partie basilaire,
ticulé dentaire et que les muscles manducateurs
alors que les branches horizontales se trouvent
entrent en action lors de la mastication.
diminuées. Les parties squameuse (écaille du tem-
poral) et tympanique de l’os temporal ont une Les surfaces articulaires continuent à se dévelop-
origine membraneuse, alors que la partie pétreuse per, et se modifient non seulement durant la vie
se forme dans le cartilage. Il existe deux centres postnatale, mais aussi durant toute la vie de l’in-
d’ossification principaux pour la partie squameuse dividu, et ce en fonction des forces qui s’exercent
(centre squamozygomatique et centre postsqua- sur elles [1,3].
momastoïdien), trois centres pour la partie tym- La prolifération du cartilage de croissance condy-
panique et trois autres pour la partie pétreuse, qui lien détermine la dimension verticale dentaire et
incluent [8] : l’esthétique faciale ; le condyle de la mandibule
4 Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire
paraît être le principal organisateur et le marqueur Iberoamericano de Fisioterapia Manipulativa y Terapia
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Après 20 ans, le cartilage de croissance est ossifié.
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