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Tout Jijé 14 1948 1950 PDF

2021·25.3 MB·French
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.. DUFUIS 1948·1950 TOUT Jijé Oui, oui, m~meL. ~but ça e$t ~it à la m~i11 ·1~· DUPUIS CHRONOLOGIE Avertissement : Les six. premiers volumes de la collection étant ..:onslitués en grande panie de fac-similés. ceux-ci ne manqueront pas de bénéficier dans les prochaines années des incessantes améliorations de la reprographie. C'est donc dans un souci de qualité que l'éditeur a choisi de publier d'abord les œuvres de Jijé dont films. planches ou dessins originaux sont toujours disponibles actuelle ment. et c'est aussi pourquoi les volumes reprenant les années 1951à1977 soniront de presse avant ceux qui regroupent les années 1938 à 1950. 1938-1940 Illustrations pour LE MOUSTIQUE (le Secret d11 bagnard) Freddy Fred et le Mystère de la clé indoue Trinet et Trine/le dans /'Himalaya Spirou fait du cinéma - Spirou cirez les Esq11i111aux 1941-1942 Don Bosco (première el seconde versions) 1942-1943 Album Jean Vallrardi n°J Spiro11 et le Pilote Rouge - Illustrations diverses 1944-1945 Spirou er /'Aventure- Clrristoplre Colomb L 'Enlèvemelll de Spip 1945-1947 Album Jean Va/lrardi n°2 Spirou. Fanrasio et la Jeep L 'Agenu Fanrasio et le Famôme Couvenures du MOUSTIQUE (Sur fond gris : ouvrages déjà parus.) Tex1es de prtscntation : Thierry Mancns Maquette de couverture : Yves Amateis Mise en page : Christine Gilbart Dtpô1 légal : mars 2000 - D.2000/008913 l ISBN 2-8001-2990-5 - lSSN 0778·3345 C Dupuis. 2000. Tous droits réservés. Imprimé en Belgique. 1948-1950 De'''" de J1Jé pour l~l l'Ou Jo,eph Gillain el '" famille 'on épol"e Annie. aithi 'enure du recueil 2.i du que leur' qua1re enfan" Benoil. Annelle. Philippe et joomJI de SPIROU : une Dominique - partent à la décotl\ erte de l'Amérique en dramauquc pour,unc 111,p1- rtc par l'cp1,odc Radar lt' 1948. Un \ieu' rê\e de l'arti,tc 'e réali,e. À Waterloo. la robot. conçu par Franqum a ··bande de, quatre·· ,·e,t échauffée 'ur le projet. Franquin et Waterloo à la lin de l'année Morri' accompagnent leur memor. mai' \\ïll. le plu' jeune. 1947 Cl ,IU début 1948. )IJC encore ''-lll' re"oun.:e' a\,uréc,, re,te en Belgique. Se, a\ an apponé quelque' 1dec' aîné' di'po'ent dé,orm~1i' charun d'une 'érie qu'il' t•on1i à ce 'cénano cl cra) onnc nueron1 au cour' de leur' pérégrination. ... La po'lc 'c char renam' pcr,onnage'. On lui doit le gag muet du général gera honorablemcnl de la trnn,mi"ion de' planche' de cherchant parmi un groupe Spimu et de LucAy LuAr à l'éditeur. de pompier-. un 'olomairc Le!-. troi' ani,te' de\font cependant '0U\ent ,e nourrir pour dé,amor<.·cr la de vache enragée dm1' l'attente de' mandat' 'ui,ant leur' ··bombe. . du 'a' ant fou : la déplaccmen1'. Pour réduire le' frai' de port. Morri' imagi h1érarch1e 'e refile allègre nera même de de"incr recto et \'Cr'o 'ur la même feuille ment la m1,,ion périllcu'e 1u-.qu'à cc qu'elle 1ombe -.ur de papier 1 Celte inno\'ation 'urprit tellement le' dicheu" Je moin' gradé du peloton, de l'entrepri'e qu'ib oublièrent de photographier le do> d'une de' planche, Cll\'O) éc' pour terminer l'épi,ode en cou" de Lt1 R11ée ,.,,._, l'or d1• 811{/alo Ct·ec•k : da11' l'hebdo madaire. pui~ dan' l'album Rodéo. J'aventure menée grand train pa"c directement de la planche 10-1 <1 la 106. en omettant quelque' péripétie-, intermédiaire. ... heureu,ement pre,que :..uperfh1e' au nîveau de l'intrigue ... Pcr,onne ne ,'était aperçu que l'en\Oi ··unique·· éwit double ! Par la 'uite. l'habitude fut pri'e de regarder le' deu\ faœ, de, ori ginaux de cc collaborateur économe et ingénieux ... Quoique pater familia' et \ede11c de l'hcbdonmdaire de Charleroi. Jijé a une ra1,on 1111p<ra1i'e pour franchir l'Atlantique el 'i' re la bohème au ro) aume du dollar. - J'étai'i impre\\io1111é par la dégradation poli1ique de lï::urope. confe"e-t-il ( l l. Je \'oyai\ le\ cllfHeç en noir. et 1101a1111nn11 /'oppfni1io11 crnÎ\\llllte entre Ru.\\e\ et Américains. À ce moment. l'Europe occide11tale n 'éwit nb.\olume111 plu.\ rien et je mt' diwi\ que la guerre allait recommt'ncer. arec 11011\ au milieu. Alon. je 1·011/ais par tir. .. el rraimelll émigrer là-brl\ Ol't'(' ma famille, comme de.\ pionniers. Ce fia 1111 1•oyage épique.' Un premier ob,wclc 'e dre"e "" leur route : le quota lïxé par Je, Étah-Uni> impo><1it un long délai d'in>criptioa préalable et de pe,.111tes démarche' pour l'obtention d'un \'Î~a d'immigration. Embarqué' à Rouerd~1m en toute incon>cience. c'e-i à leur arrivée qu'il' apprennent celle réglementation. lh \'Ont donc décou' rir l'Amérique en tou· ri>te>. pui>. dan' l'a11ente de leu" papic" de ré,iden1'. séjourner au Mexique oit le, formalité' étaient nellement plus ~ormnaire,. Jijé acquiert une énorme \Oiture américai Ce~I à la même époque. a\ ant 'on ne d'occa,ion. une Hud,on déglinguée. el entreprend de départ pour le' État'\-Uni'. que pas,er le permi' de conduire. Automobili'1e déjà CApéri J1Jé fui rcqm' pour compo,cr la menté mai' peu pol)glone. il 'e \Oit recalé à l'e,amen oral dé:"lonna1' célèbre cou,erturc du et 'e trouve contraint de le repa"er 'ur place. tandi' que le' premier o.lbum de Bu1.:l 0Jnll). malle' de la famille anendent à San Diego. en Californie. Lt1 laJH a11aq11e111. George' Troi,font•unc~ cl Je, éd11cur' où elle' a' aient éié Cil\ O) ée' directement ! 1ugeaien1 Victor Hubrnon encore - No11J .'iomnu•\ ainfi rt'ifé\ w1 moif et de1111 à Neir un pc:u inexpérimenté pour cc ira York. précise Franquin (1). P11i1 110111 10111111ev de,ce11dm \ ail de pré,cntat1on et. aprè' ,·en le ~lexique en pt1umtt par la Californie où i\1orris quelque' c''a'' rcfu')é-. ...o uhai roulait roir Di.\m'y. Son l'ieil amour pour le dt•\,\ÙJ animé ctao1menpt ol-u.ui iomn odn)tnraemr u1nq uCe.\ emEnp lle'i nd\ee r,ant Cl en J'adapiant. Hubinon le reprenait trè.\ for/ .' E1 nou \ imagi11io11 \ Lo.\ Angeles reprit cette idée de 1111,c en ,t•ènc pour 'on 'econd ;1Jbum. Le.\ comme Ln Mecque dt• la bande dt•\.,inée américaine. tom Mn·tèrl''i de M;du<l\'. commt' elle l'e·'' <lu dnéma. Nou' arnn\ été très surpris 3 d'apprendre là-bas que c'é1aient New York el Clricaga ! LE DOMAINE Disney venail de licencier le 1iers de san personne/ el la crise éwi1 jlagrall/e. Grâce aux problèmes de Wall Disney. DE LA PEUR Lucky Luke a pu cominuer. .. La traversée du continent à bord de la vieille bagnole où s'entassent huit personnes, adultes et enfants, fut un grand moment de la saga Gillain. Sa fille Annette se sou vient (3): - J'ai fai1 1ou1 le voyage sur les genoux d'André Franquin el, à l'époque, il élai1 très maigre. .. Ce n 'éwi1 vraimem pas confortable. Ma pe1i1e sœur Dominique. elle, élail inswllée dans 1111 lramac lendu entre les deux por tières arrière. Nous sommes tombés en panne e11 plein désert el nous avons dû dom1ir à même la roule, à cause DÉRIVE des scorpions el des crollllts. Une bande d'indiens nous 0111aidés. .. À la frontière mexicaine, le petit groupe est contraint de se scinder. La famille Gillain passe sans problème, tandis que les fonctionnaires locaux refoulent Morris et Franquin. - Les douaniers mexicains se sont amourachés de ma plus je1111e fille, qui avait alors deux ans ! rappelle Jijé ( 1). lis /'01111rouvée "muy boni/a" el ils se la passaient de bras en bras en la faisant rigoler. C'es1 aussi ça, le Mexique, mais il faUI parfois graisser la palle aux fonc1ionnaires ... Morris el Franquin n'oll/ pas payé, ils son/ res1és deux mois aux Étals-Unis. Les Gillain s'installent à Tijuana, en Basse-Californie mexicaine, où Morris et Franquin les rejoignent en octobre 1948. Ils sont l'objet d'une vigilante surveillance de la pan La Chimère des autorités. - Des policiers surveillaitnl la maison ( I ). Nous de l'Mfamée avons su par la sui1e que c'é1ai1 à la demande du cor1sula1 américain que celle bande insolite in1riguai1. C'était l'époque du McCartlrysme. Par la suite, on a sympmlrisé avec le flic mexicain. Sa femme venail lui apparier son casse-croûte. Un jour de pluie, on lui a offert de le prendre Le Manoir à la maison. On a discuié el, finalement, il s'es1 roui à fail apprivoisé, nous avons parlé travail... Il a dû faire un rap des port rassurant, parce qu'un beau jour, il a disparu. Refuges~ .... Madame Gillain évoque la vie à Tijuana (2): - Franquin el Morris logeaiell/ dans le garage a11e na111 à la pe1i1e maison que nous avions louée. En clo clrards, ils dormaie111 sur des journaux. lis dessinaiell/ ensemble dans celle pièce. Mon mari donnai/ des leçons d'hisloire el de géographie aux enfanls, André se glissai/ panni les élèves. li s'amusai1 beaucoup avec les t11fants. À la Sai111-Nicolas, il fabriqua un passage à niveau pour le /rain électrique de l'aîné, Benoî1, di.x ans. Le soir, devan1 le feu ouvert, Joseph blaguai/ avec eux jusque wrd dans la nui/. À la Noël 1948, nous avons qui/lé Tijuana pour Mexico en laissant la voilllre à 1.Aredo, pour u11e ques1io11 de douane. Pour les enfams, naus avions pris un Pullman, /andis que Franquin el Morris empruntèrent 1111 /rain nor mal : ils voulaienl faire la co111111issance du peuple mexi cain. André pré1endai1 avoir cô1oyé une lépreuse envelop En 1948, les Éditions Dupuis cherchèrent à rendre plus attrac pée dans son châle. ... lis disaient aussi que leurs pieds, se tives leurs vénérables collections de romans sentimentaux (série /rouvant sur le sol au déparl, se re1rouvèren1 nel/emenl "Azur") et policiers ("Jaune"). Elles adoptèrent d'abord une jaquette illustrée, puis un dessin en couverture. Jijé en nfalisera surélevés à l'arrivée à Mexico, souienus par un maie/as de une demi·douzaine avant son départ. dé1ri1us de rouies sortes. lis prirent 11ne chambre à Mexico, 4 tand;s que nous loufons une ma;son à Cuernavaca. - Ils y venaient en week-end ou en période de grande dèche! souligne Jijé (1). Parce que, bien entendu, les pait· ments étaient drôlement moùis réguliers au Mex;que qu'en Belgique. On a souvent mangé des frijoles. les haricots rouges mexica;ns. principale nourriture des pauvres. L'ambiance compensait celle existence de bohème. Madame Gillain rappelait les séances de fou rire lorsque le groupe se reconstituait (2) : - us soirées à Cuema..aca étaient toujours très ani· mlts. Les enfants dansaient, faisaient les clowns. Frénétiques. Joseph et Franquin rythmaient avec seau et Cette couverture casserole. Franquin mimait son père à une séance d'es du numéro 1382 sayage cirez le tailleur. Il parlait de la Belgique, d'une cer des BONNES taine voisine, sa future épouse. .. Bref. la nostalgie. Fin juin SOIR~ES. 1949. il reprendra le bateau pour l'Europe. .. le 25 juille1 1948, fui dessi Les Gillain obtiennent enfin un visa d'un an de résiden née par Will el ce aux Ëtats-Unis. Ils vont s'établir à Wilton, dans le Jijé à Wa1erloo. Connecticut, près de New York. Les têtes sonl - J'y continue mon Baden-Powell, signale Jijé ( 1) . J'ai particulièremenl aussi dessiné quelques bandes, dans les limites de la régie· de la main du Maître. mentation professionnelle, pour des comics westem. .. Mais j'ai surtout rencontré un certa;n René Goscinny d qu; nous devons lu week-ends les plus follement gais de notre séjour aux États-Unis. Et j'ai raté une occasion exception nelle. Ayant vu mes dessins. 1111 voisin amateur de chevaux proposa de m'écrire des scénarios pour une bande dessinée qui aurait eu pour décor les grands champs de course amé ricains : Saratoga, Long Island, etc. Je suis sans doute passé à côté de la chance. Cela m'aurait pemris dt rester aux États-Unis, ce qui était mon but. Nous sommes finale ment rentrts en Europe en 1950 avec /'intention d'introdui· re, sérieusement cette fois, une demande d'émigration défi· nitive. C'est le soleil de la Côte d'Azur qui a eu tôt fait de En 1983. Will illustrera ses premiers souvenirs du grand anis1e nous inciter à abandonner ce /JrOjet. pour l'ouvrage Vous avez dit BD ... Jijl. Trop jeune pour panici Jijé conservera néanmoins un certain doute quant à la per à la grande aventure. il assista au départ de ses amis avec une carrière qu'il aurait pu avoir là-bas. S'il a beaucoup appris grosse bouffée de tristesse au cœur. sur le plan technique grâce à ses contacts avec les artistes et la production locale - dont un travail du noir et blanc de plus en plus vigoureux et une mise en pages dynamique-. il a pu mesurer les profondes différences de conception qui existent de part et d'autre de l'Atlantique quant à la transpo sition graphique d'un récit et à la construction des person nages. - J'avais/ait un essa; sur w1 scénario que l'on m'avait donné. us Américains regardaient ça et ils pouffaient de rirt en disant : "C'est comme ça que les Européens nous voient ? " Cela tient à des riens, peut-être à une sorte d'ex· À l'avan1-plan, Jijé el citation des personnages. Un manque de placidité bovine Will sur le quai du · (5). Ils trouvaient qu'il y avait beaucoup de gestes! Et nous peli1 port de Cassis dans Spiro11 et l<S avons eu une discussion sur les femmes que je dessinais, Hommts·grtnouilles. notamment la fille d'un ranchman. Mes femmes leur sem C'est sur la calanque blaient trop "entraîneuses parisiennes"! J'ai demandé un de Pon-Miou. dans jour d 1111 voisin qui était illustrateur connu, Alex Ross, de une villa appelée le m'txpliq11er ce que cela voulait dire. Et il m'a dit qu'effecti Peti1-Moulin. que la vement, je dessina;s des femmes minces, vives, un peu exci famille Gillain 01 le jeune dessinateur tées, aguichantes. Je lui ai demandé de me dessi11er u11e séjoumèren1 pendanl jeune femme et, avec stupeur, j'ai vu ce type, qui était 1111 une année en grand nom. dessiner de faço11 laborieuse et scolaire, en 1951-1952 5 tlivisam le visage en croix, meuant l'œil sur la ligne et tout : il en sortait une sorte de bovidé ara glandes mammaires crânemelll développées ( I ). L'aniste savail avoir la den1 dure lorsqu'il évoquai! cer laines réalisai ions presligieuses de la B.D. américaine : - Pour ma part, je n'ai jamais é1é impressionné par leurs classiques, confiait-il en 1971 (6). Tarzan, par exemple, me fait plut61 rire. Son dessill trop fignolé est ennuyeux et les références à Michel-Ange. par certains spécialistes, m'amusetll drôlement. Sous des grands airs de Dans l'épisode Us Cltapeaux noirs. réalisé juste après son re1our gravures nobles et sava111es, Prince Valiant cache des tas des É1ats-Unis. André Franquin introduisit la cél~brc Hudson de de faiblesses et une sereine incapacité à imaginer le monde Jij6 en la 1ransfom1an1 en décapotable. médiéval. Voyez ses sc~nes de ba1ailles, apparemment croustillantes : personne n'y croit vraiment. .. Tous ces braves figurants faussement pittoresques, aux beaux visages reposés, se retrouvero111 à la pause-café après le boulot. Peut-être Foster est-il un bon dessinateur, mais ce qui sort de son officine es/ parfois extraordinaire d'indi gence. .. On attaque Mandrake ou Le Fanlôme lorsque vous le désirez! us 'fans" vont hurler, mais je crois que leur jugement repose sur la nos/algie el c'est une illusion de c:roire que ce qui a enclramé notre jeunesse va enchanter celle tl'aujo11rd'lrui ... Il convient de souligner que Jijé ne découvril les richesses du Neuvième An américain qu'une fois largement aduhe, d'un œil de professionnel. Il n'avait poinl baigné dedans durant sa jeunesse et aucune nostalgie ne tempérait son sens cri1ique. Ce qui n'était pas le cas pour ses plus jeunes disciples, largement conquis par certains auteurs d'outre-Atlantique. Franquin soulignera un jour celle diffé rence d'éducation graphique : - us albums Mickey de la collection Hachette 0111 été mes livres d'enfance. C'est émouvant de retrouver ce qu'on voyait quand on était petit. J'avais remarqué que le gars qui faisait ça, un dessinateur de Disney dom je ne connais pas le nom, était un laient vraiment remarquable, "'' type formidable : il posait ses personnages siir le sol, il y avait une petite ombre en dessous - une ombre que je fais, moi ! - et il y avait une telle expression dnns les yeux, les gestes, De gauche à droite. Jijé. Morris et Franquin marchent d'un pas décidé dans une rue de Mexico. (Pholo prise par un pholographe etc. C'étail rm génie à sa façon ! Je me suis rendu compte, ambulant) en retrouvant ces albums, que c'est là-dedans que j'ai appris mon métier. .. C'est datrs les dessins animés que les gens comme Morris, Peyo, Uderzo, moi et compagnie, nous avons appris un cer1ai11 humour. Cela a été notre école : les dessins animés de Disney so111 prodigieusement importants ! ... Et, biwrrement. cela n'a pas été le cas pour Ci/Iain. Mieux : quand nous sommes arrivés chez. lui, à Waterloo. Morris et moi, Joseph n'avait jamais regardé une bande dessinée américaine, et c'est nous qui lui en a1'ons mo111ré ! (2) ' Jijé absorba cependanl ce que les anistes locaux avaient de meilleur sur le plan technique, à ses yeux. Un de ses voisins du Connecticul était Frank Godwin, dessinateur de deux séries en cours de parution parallèle dans SPIROU : Jo ùmrière (Rrwy Riley. un jeune lad ou garçon d'écurie) et les scouts de la Patrouille des Aigles. - J'admirais beaucoup son dessin hachuré, dom l'in fluence s'est fait selllir dans Baden-Powell, précisera+il Croquis pris par Jijé de sa maison à Tijuana. ( 1) . Par contre, ses clreva11x me semblaient empaillés. lis 6 itaielll toujours à l'arrêt. Tom au plus les 1•oyai1-011 pe11- sifs, presque tristes, sauter des barrières. d'1111 air e11dormi. / Ce qui est amusa11t, c'est que Gmlwin éwit par ailleurs le I grand-oncle de l'Américai11 qui allait épouser ma fille, ce que j'ig11orais à l'époque ! I / L'aventure américaine des Gillain aura ainsi duré un peu plus de deux ans. Morris séjournera quant à lui près de six ans de l'autre côté de l'Atlantique. Il y fera venir sa fian cée de Courtrai et l'épousera sur place avant de revenir s'installer définitivement à Bruxelles. - Pour moi, c'était le pays de la bande dessi11ée et je 1·oulais 1•oir le décor, co1111ai1re les méthodes de travail des dtssi11ateurs, résume+il (4). Pour pouvoir rester au-delà du l'isa de "visiteur'', j'ai da e11trer dans 1111e école d'art où j'ai suivi des cours d'il/11stratio11. E11 ta/li qu'étudia/li, 111011 séjour était possible. J'ai fait du comic-book pour divers magazi11es tout en co111i111u111t à dessiner Lucky Luke. J'étais égaleme111 e11 comact avec K1mv11a11 qui ve11ai1 de lancer MAD MAGAZINE. li m'a proposé de travailler pour un journal qui publiait des histoires réalistes de guerre. Ce n'était pas da11s mes cordes et j'ai refusé. J'ai do11c vécu des il/us1ra1io11s de livres pour e11fa111s et des comic-books, où je 11'étais d'ailleurs pas seul à travailler puisque nous ilions plusieurs à dessiner la même bande. Le co111ac1 des dessi11ateurs américai11s m'a été très bé11éfique et c'est /à bas que l'idée me vim de me/Ire e11 scène dans mes récits des person11ages historiques. J'ai été me re11seig11er à la Vue du seuil. la pièce principale de la maison de Tijuana_ bibliothèque de New York en 1951 sur la vie des Da/1011, L'artiste précise en notes les principaux dérnils familiaux et puis ils 0111 été suivis par bien d'autres. Au bout de ménagers : la petite Dominique ("bonita") dans le fauteuil au quelques a11nées, j'ai néanmoins senti le besoin de rega premier plan. la "sellora" dans la cuisine. un lustre assez amusant. gner l'Europe. le chapeau mexicain de Benoît. la première aquarelle locale du Maitre au-dessus de la cheminée, la table de travail du papa, le Au cours de ses déplacements sur le continent améri tapis banal et le plancher de sapin ... cain. Jijé va s'imbiber d'images et d'ambiances qu'il resti tuera par la suite dans Blondi11 et Cirage, Jerry Spri11g et Jean Va/hardi. A l'époque pounant, sa production sera fon éloignée des décors dans lesquels il vit Les thèmes choisis avant son dépan ne s'y prêtaient guère et un cenain temps de réflexion est nécessaire pour décanter la masse d'impres sions enregistrées au cours d'un tel périple. En panant, il s'était entendu avec les Dupuis pour livrer deux grandes biographies. La première. inédite, est celle de Baden-Powell qui enrichira le Journal de SPIROU au ryth me d'une planche par semaine entre le 21 octobre 1948 et le 22 juin 1950. du numéro 549 au 636. La seconde sera la refonte de la Vie prodigieuse et héroïque de Do11 Bosco, pour laquelle il venail d'effectuer un repérage en Italie. Cene nouvelle version, plus réaliste. sera proposée dans l'hebdomadaire LE MOUSTIQUE. du 13 novembre 1949 au 26 novembre 1950. à raison d'une ou deux planches par numéro. C'est en s'installant plus durablement à Wilton que le dessinateur retrouve son habituel rythme de travail de trois pages par semaine. Ses canoons paraissent de temps li autre en couvenure du MOUSTIQUE durant son absence. Une petite réserve Lors de leurs discussions professionnelles. Jijé. Franquin et de dessins humoristiques avait été réalisée avant son dépan Morris montraient parfois comment ils auraient établi une com et au cours de ses premiers déplacements. Elle sera épuisée position à la place de leurs pairs. Cela pouvait aller d'une simple esquisse à la réalisation plus poussée d'un dessin ou l'autre. On au printemps 1949. Il faudra anendre son retour en Europe retrouve très nettement la patte (anonyme) de Jijé dans trois pour qu'il livre ses cinq dernières panicipations dans ce bandes de lucky lllke à Desperatlo-Ciry (cf. l'album n°2. Rodéo. domaine, en 1951. Peut-être son goût pour le canoon se à la page 31) . récit publié à la fin de l'année 1948 dans SPI ROU. 7 réduisit-il en observant l'énorme production américaine el son professionnalisme ? C'est un genre qu'il ne pratiqua plus par la suite. Il s'y était adonné par simple nécessité financière pour arrondir certaines fins de mois après la Jijé Cl Libération et pour assurer son départ en Amérique. Franquin se - Pour payer le voyage, mon mari avait promis aux panag~rcnt la Dupuis de leur envoyer trente couvertures pour LE MOUS réalisation de la couvenure TIQUE, rappelait Annie Gillain (7). Toutes n'o111 pas été de l'album faites. Heureusemelll, l'éditeur n'est jamais revenu Id-des 29 de l'hebdo sus. La circulation de l'argent étant strictement réglemen madaire tée. celui-ci transitait par un ordre religieux. .. proposant. Jijé aura ainsi produit en tout dix-neuf couvenures pour entre autres. l'épisode LE MOUSTIQUE de 1948 à 1951. Elles sont reprises en Comme une illustration de celle préface el en intermèdes entre les récits mouche au présentés dans ce volume. plafond. Dans sa production essentiellement réaliste durant celle Le premier période, Jijé glissa cependant au début de l'année 1949 une composa le coune histoire singulière de Spirou el Fantasio : Comme magicien en pleine action, une mouche au plafond, publiée du 21 avril au 21 juillet tandis que 1949 dans le Journal de SPLROU ( numéros 575 à 588). Franquin se Pris entre la nostalgie du pays natal el les problèmes quoti chargea du diens d'un séjour en terre étrangère, Franquin envisagea trio vedette et brièvement d'abandonner la série. Jijé se lança avec fougue du lettrage de dans un bref intérim assez éloigné de l'évolution que pre l'ensemble. nait graduellement le personnage. Le dessin y est particu lièrement nerveux el la composition du diabolique Abdaka Abraka frôle souvent la caricature grinçante. Sa grande œuvre du moment est assurément Baden Powell dans laquelle il s'était lancé avec délectation. Ses précédentes biographies lui avaient été imposées et, parti sans grande documentation, il avait mis un certain temps à s'intéresser aux personnages évoqués. Ici, il proposa lui même le thème après des recherches personnelles. Son nouveau sujet lui semblait d'une tout autre trempe qu'un simple animateur de mouvement de jeunesse. li n'accordera d'ailleurs qu'une pan très réduite à la fin de carrière du futur Lord of Gilwell : deux planches de conclusion (sur 88 !) font seulement une brève allusion au scoutisme. .. Ce qui intéressait Jijé, c'était l'homme caché par l'œuvre, l'humour el l'enthousiasme dont il ne se départit jamais, le dévelop pement de sa personnalité, ses aventures formatrices et la mise en application de ses dons de franc-tireur dans le cadre rigide de l'armée impériale britannique. L'auteur se retrouve dans ce gaillard insaisissable el innovateur, tou jours à la recherche de défis à relever el d'autreS horizons à découvrir. - Baden-Powell a inventé pas mal de choses en dehors du scoutisme, soulignait-il ( 1) . Il aimait le théâtre et avait la réputation d'être un excellent acteur. Cet homme avait beaucoup d'humour et d'imagination. Assiigé à Mafeking, lors de la guerre des Boers, il fit confectionner des uniformes avec ce qu'il avait. .. des couvertures kaki. Ce qui m'a amené à commettre une erreur énomie : j'ai dessi né la plupart des Anglais en uniforme moderne, alors qu'ils étaient toujours en unifomie rouge avant cet incident. Car c'est Baden-Powell qui, par la suite, a popularisé les uni formes kaki, qui camouflaient le soldat au lieu d'en Jaire Un cartoon de Jijé en couverture du MOUSTIQUE, le 18 janvier une cible. En Angleterre, j'avais découvert ses dessins, et 1948: le rêve amtricain habille l'Europe et débaptise ses rues! c'était un dessinateur remarquable. Très au-dessus d'un 8 simple raient d'amateur. Ses dessins ont une vie remar quabl<. L' édireur cherchait u11 héros intéressant la jeimesse et mes biographies publiées avaient fort bien marché. li paraissair do11c nonnal de conti11uer. Je me suis beaucoup plu à illustrer celle histoire, notamment une scène de chas se. Elle m'a pemris d'expérimenter de nouvelles techniques. Les premières pla11ches n'ont pas été encrées : elles ont été [aires au crayo11 gras sur un papier spécial, c'est un systè me que j'a.·ais i11venté. Je faisais un premier dessin au crayon bleu. puis je le refaisais tolll de suite au crayon gras. Je me sentais plus libre. Par la suite, je suis revenu à la plume. puis au pi11ceau. J'ai longtemps travaillé sur des papiers mi11ces que je trempais dallS l'eau ava11t de les col ler a1•ec des ba11des de Kraft gommées sur des plaques de verre. Je laissais sécher et cela me donnait un support comme wr marbre. L'important pour travailler au pinceau, c'tst que le papier 11e go11dole pas. J'avais bricolé un pla teau a1•ec u11e espèce de roulement à billes. Ce qui me per mmait, e11 posant ma planche dessus, de la tourner dans rous les se11s 1>011r trouver la meilleure faço11 de tracer une lig11e. Par ses multiples éditions et rééditions en album, cette biographie neuve est rapidement devenue un best-seller dépassant désormais les deux cent mille exemplaires. Présentée tout d'abord en un gros volume unique, elle connaîtra trois importantes éditions successives en 1950, 1952 et 1957 avant d'être scindée en deux tomes dans la collection "L'Histoire en Bande Dessinée" {1981) et de revenir sous la forme d'un seul volume dans la collection "Figures de Proue" (1990). Cette dernière présentation inclura un bref récit de !''Oncle Paul", publié le 5 décembre 1957 dans SPIROU à Deux singuli~res professions caricaturUs par Jij~ en couverture l'occasion du cinquantenaire du premier camp scout organi du MOUSTIQUE : une sorci~re se modcmisan1 par rappon à ses consœurs (numtro t 193 du 5/12/48) et un fakir particuli~remenl sé par Baden-Powell, sur l'île de Brownsea, en 1907. Pour "vicieux" (numtro 1160 du 18/4148). cette commémoration, Jijé accepta de composer un "digest" en quatre planches et enrichit sa conclusion en mon.rant l'hésitation ressentie par Baden-Powell lorsqu'il se vit confier une dernière mission au crépuscule de sa vie. On retrouvera en fac-similé ce bref récit complet aux pages 124 à 127. Même si quelques brèves séquences semblent reprises de l'œuvre monumentale de base, l'évolution du dessin est très nette. Jijé a continué à progresser après son séjour aux États-Unis et rend sa mise en scène de plus en plus vigoureuse et dynamique. À son retour en Europe, les liens se relâchèrent entre les joyeux drilles de Waterloo. Chacun des trois canetons volait désormais de ses propres ailes et les réunions, plus rares. évoluèrent vers des reuouvailles amicales plutôt que des séances de travail et de discussions professionnelles. La famille Gillain ira résider en France, à Cassis, et le benjamin de l'équipe, Will, séjournera chez eux pendant presque un an avant qu'ils s'installent à Juan-les-Pins. Son plus jeune élève avait repris Tif et Tondu et tâtonnait enco re à la recherche d'un style. Pour leur part, Morris et Franquin achevaient leur mue. À New York, le premier poursuivai1 imperturbablement la construction de l'Ouest de Lucky Luke et se liait d'amitié avec René Goscinny qui deviendra le premier - et le plus remarquable - scénaris te de la série. Franquin développait désormais son univers 9

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