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Timor oriental: Hier la colonisation portugaise. Aujourd'hui la résistance à l'agression indonésienne PDF

160 Pages·1985·5.177 MB·French
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MARCEL ROGER TIMOR ORIENTAL Hier la colonisation portugaise Aujourd'hui la résistance à l'agression indonésienne Postface de José Ramos-Horta Librairie - Editions L'Harmattan 18, rue des Quatre-Vents 75006- PARIS Les cartes de Timor et de l'Asie du Sud-Est ont été réalisées par Michel Robert. Les photos sont de l'agence australienne Tweedie-Sipa. I.S.B.N.2-85802-019-1 Introduction Voici le premier livre en français sur Timor Oriental, pays situé entre l'Australie et l'Indonésie, dans cette région du Sud-Est asiatique en plein bouleversement politique. Les agences de presse et les journaux y ont fait une place plus large dans les derniers mois. Mais l'opinion française, bel- ge, canadienne, suisse et celle de l'Afrique francophone connaissent encore très mal la guerre qui s'y mène entre les Timorais et les Indonésiens. Colonie portugaise depuis quatre siècles, la partie orien- tale de l'île de Timor est grande comme la moitié de la Suis- se et 9 fois plus étendue que l'Etat du Luxembourg. Après le coup d'Etat du 25 avril 1974 au Portugal, Timor Oriental a pu entrevoir pendant quelques mois le chemin d'une indé- pendance pacifique. Mais les intérêts indonésiens sont puis- sants dans la région et très vite les généraux au pouvoir au- jourd'hui à Jakarta ont décidé d'intervenir militairement. Depuis le mois de décembre 1975, le peuple timorais, qui compte 900.000 habitants, lutte contre l'hégémonie militai- re et économique que veut lui imposer l'Indonésie. La guerre de Timor qu'on a déjà nommé le Vietnam de l'Indonésie, n'intéresse pas que les Timorais, même si ceux- ci sont bien conscients qu'ils ont d'abord à compter sur, leurs propres forces. L'enjeu de Timor Oriental est aussi ce- lui d'un Sud-Est asiatique en pleine fermentation politique où l'affrontement principal passe entre des pays à option capitaliste et pour la plupart sous régime militaire (Philippi- nes Thaïlande, Indonésie, Malaisie...) et des pays à option socialiste où les forces populaires ont pris le pouvoir après 5 avoir repoussé la présence étrangère (Chine, Vietnam, Laos, Cambodge...) L'Europe et le monde occidental sont, eux aussi, pro- fondement concernés par ces affrontements: ils rejoignent toute une part des luttes sociales et politiques qui sont me- nées dans nos propres pays. Ce livre se présente avec trois parties. Vne première fait le point sur l'histoire et la géographie de Timor Oriental et décrit la situation politique et militaire depuis le départ des Portugais et l'agression indonésienne. C'est, en langue française, le récit le plus à jour sur le problème de Timor. La seconde partie présente des documents du FRETILIN (Front de Libération de Timor Oriental). Enfin, dans une troisième partie, nous publions différents textes annexes sur l'O.N.V., les associations de soutien existant dans le monde et quelques renseignements pratiques. L'ensemble de ce livre se veut à la fois une source d'in- formation pour tous ceux qui cherchent à sedocumenter sur Timor Oriental et un instrument utile à ceux qui veulent ap- porter aide et soutien à la lutte des Timorais pour leur indé- pendance. 6 1. LA TERRE ET LES HOMMES L'île de Timor est située à l'extrême pointe de l'archipel de Nusa Taenggara, dont la grande partie est aujourd'hui indonésienne, et à quelque cinq cents kilomètres au nord- ouest de l'Australie. Durant l'occupation coloniale hollan- daise et portugaise, cette île de 30.000 km2 fut divisée en deux parties à peu près égales. Au moment de la décolonisa- tion, la partie hollandaise de Timor est devenue Timor Oc- I1Eft OE" U\ So/ll Dc "I:.W,,\;...,. t:::::::::> ;r:.Lotti1,,7U\ 1:. A\0" ~~r;::;;:J ~.~o 0 ot:::::> G :r.l ~..." ~, \ :t."~ 1'"L. oJ.\€II . o'f.- r\ 'I:~ $...Wlol. "(', f1) o~ t\-€(I.. 0. ..ro Carte de l'île de Timor 7 cidental et fut intégrée totalement à l'Indonésie. Sa capitale est Kupang. La partie portugaise de l'île - celle qui nous préoccu- pe - est devenue Timor Oriental et lutte aujourd'hui pour son indépendance. Sa capitale est Dili. Timor Oriental a une superficie de 19.000 km2. Son territoire comprend la partie est de l'île de Timor, l'enclave d'Oecusse, située au nord- ouest de l'île, l'île d'Atauro au nord, et l'îlot de Jaco à l'ex- trême pointe est. La côte nord se présente sous l'aspect de hautes monta- gnes qui semblent surgir de la mer. Certains pics dépassent les 2.500 m d'altitude. Le centre de l'île est constitué par une autre chaine d'où se déversent rivières et torrents vers le nord et vers le sud. La côte sud, elle, a l'aspect d'une plaine de delta marécageux. Le climat de Timor est un climat tropical. On ydistingue deux saisons: une saison sèche de mai à novembre, une sai- son des pluies de décembre à avril, durant laquelle les trom- bes d'eau de la mousson du nord-ouest rendent difficile, parfois même impossible, l'accès par voie de terre à certai- nes régions et en particulier aux parties montagneuses de l'île. L'économie de Timor Oriental Bien qu'extrêmement sous-développée, résultat de siè- cles de négligence du pouvoir métropolitain portugais, l'île ne semble pas aussi pauvre qu'on pourrait le croire. Son sous-sol possède des gisements de cuivre, d'or, de manganè- se et de pétrole. Parfois sur la surface des rivières apparais- sent des taches d'huile. Dans un passé récent, les Timorais recueillaient ce liquide huileux et le mettaient en bouteille pour le vendre. Il arrive également que des flammes sortent de terre, signe de l'existence de gaz naturel. Dans les dernières années de la colonisation portugaise, l'exploitation du sous-sol avait commencé. Jusqu'en 1974, quatre sociétés s'occupaient en particulier de prospection pétrolière sur le territoire: la Companhia de Petroleos de 8 Timor, la Broken Hill (lty), l'Amalgamated Petroleum et l'International Oils Exploration Corporation, qui ont tou- tes leur siège en Australie. En 1974, le gouvernement portugais avait accordé par décret une concession pour la prospection du pétrole à Ti- mor à l'Oceanic Exploration Company des Etats-Unis. Dans son numéro du 13 février 1975, le journal portu- gais, Diario de Noticias, a annoncé que des gisements d'hydrocarbures avaient été découverts au sud-est de Ti- mor, dans les eaux territoriales de l'île. L'économie de Timor Oriental reste cependant essentiel- lement une économie agricole, l'exportation du café repré- sentant 80 117d0es exportations totales. Jusqu'en 1974, une bonne partie de ce café, soit environ 40 %, était aux mains des Portugais et le reste appartenait aux Chinois. Bien qu'elle soit la base de l'économie, l'agriculture reste primiti- ve. L'outille plus communément utilisé est la houe à main; la culture attelée est pratiquement inexistante, l'utilisation d'engrais et d'insecticides peu fréquente. On y dénombre seulement une vingtaine de tracteurs et quelques charrues. Les productions locales agricoles de base sont lemaïs, le riz et le manioc. Il y a beaucoup d'élevage (1). Un document de l'O.N.U., datant d'octobre 1975, ré- sume ainsi la situation agricole: « A l'heure actuelle, hor- mis le café et la production de petites quantités de caout~ chouc et de coprah destinées à l'exportation, la plus grande partie des activités agricoles du territoire est constituée par des cultures vivrières destinées à la consommation locale, dont les plus importantes sont le riz, les patates douces, le maïs, les fèves et le manioc. Au cours des dernières annéés, toutefois, la production locale n'a pas suffi pour satisfaire les besoins croissants de la consommation intérieure, et le territoire a été contraint de recourir à des importations de produits Alimentaires. Entre 1970 et 1972, par exemple, la production des patates douces est tombée de 16.200 à (I) Le document de l'D.N.V. A/10023/Add. 1du 20 novembre 1975 décrit ainsi la situation économique: « Bien que leterritoire ait des zones fertiles et de riches forêts et, pense-t-on desgisements decuivre: d'or, demanganèse etdepétro- le, sonéconomie reste purement agricole. Ilyapeud'industrie etlaprospection est limitée aux activités de quelques entreprises étrangères qui recherchent du pétrole. Jusqu'à présent, aucun gisement important n'a étédécouvert. »(P. 16.) 9 1 0 ~ » d o ~ Q 0 0 1 .... :- w ~ ~ U) .J... ~00000 .J0.JJ051UIl--~'" .~.., :;;.l" ,Jo. ...@<>...~~..~ 8....~~<:)t:<:)1~0-;:s<:\I~E:::E<:)....o.~<:\It:-~ l0 ~~.É 11J.,.,II 10;900 tonnes, celle du maïs de 16.900 à 8.700 tonnes et cel- le du manioc de 18.500 à 6.700 tonnes (2). » Voir le tableau sur la production agricole de Timor. La production agricole deTimor: 1970-1972 (En milliersde tonnes) 1970 1971 1972 Riz 12,6 12,5 13,0 Patates douces 16,2 11,9 10,9 Maïs 16,9 11,4 8,7 Fèves 2,8 3,0 7,7 Manioc 18,5 17,3 6,7 Café 4,9 5,3 4,7 Coprah 2,2 2,4 2,0 Caoutchouc 1,1 1,0 0,1 Arachides 0,9 0,9 0,5 Tabac 0,09 0,1 0,03 Source: Portugal, Anuario Estatistico, vol. II, 1971et 1972. Avant le récent blocus de l'île, on importait, chaque an- née, en plus de la production locale, 12.000 tonnes de den- rées alimentaires. C'était de la farine de froment, du sucre, du lait; des véhicules à moteur, des produits pétroliers, des vêtements et des boissons alcoolisées. Le développement de Timor Oriental est donc loin d'être satisfaisant. Selon une publication portugaise que résume le document de l'O.N.V.,« Les facteurs qui entravent le déve- (2) Ibidem, p.46. 11 loppement du territoire sont, entre autres, un revenu faible par habitant, une infrastructure des transports et de l'éner- gie insuffisante, une absence de traditions commerciales parmi la population autochtone, le manque de personnel qualifié à tous les niveaux tant dans le secteur public que dans le secteur privé, des ressources financières insuffisan- tes, le déficit commercial et la concentration de la produc- tion autour d'un seul produit, à savoir le café. Le café est la principale source de recettes en devises pour le territoire et représente en moyenne 90 070de la valeur de ses exporta- tions (3). » Voir le tableau sur le commerce extérieur de Ti- . mor. Dans le domaine de la santé, Timor a également hérité des conséquences de la négligence des portugais concernant le développement du pays. Le service de santé est pratique- ment inexistant. Durant la présence portugaise, il y avait bien 17à 18médecins Portugais, mais ils résidaient pour la plupart à Dili. Ce personnel travaillait à partir de l'hôpital principal de la capitale et ne visitait que très rarement les ré- gions de la campagne. Rappelons que Timor est l'un des pays où la mortalité infantile dépasse les 40 070dans la pre- mière année de vie. La malaria, la tuberculose et la thyphoï- de continuent à faire des ravages dans la population. Aujourd'hui, en raison de l'isolement de l'île, le problè- me est devenu plus aigu. Pour faire face aux soins médicaux habituels et à ceux entraînés par la guerre, iln'y a qu'un mé- decin timorais et quelques infirmiers. La question de la san- té est aujourd'hui à Timor l'une des plus graves. On peut se demander comment des hommes privés de médicaments de première nécessité peuvent résister. D'autant plus que les moyens de transport sont très réduits (4). (3) En 1974, lerevenu moyen annuel par habitant ne dépassait pas 200 F. (4) Selon le rapport du conseil australien pour l'aide outre-mer (A.C.F.O.A.) d'octobre 1975, il n'y avait à cette date, à Timor Oriental, que deux avions à peu près en état de vol. 12

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