THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE GRENOBLE Spécialité : Sciences Economiques Arrêté ministériel : 7 août 2006 Présentée par « Asma BEN LAZRAK » Thèse dirigée par « Liliane PERRIN BENSAHEL » préparée au sein du Laboratoire PACTE dans l'École Doctorale de Sciences Economiques Empowerment et économie sociale et solidaire : Etude de cas d’organisations féminines en Afrique de l’Ouest Thèse soutenue publiquement le « 13 février 2015 », devant le jury composé de : Monsieur Jacques FONTANEL Professeur d'économie, UPMF, (Président du jury) Monsieur Xavier RICHET Professeur d'économie, Paris-Sorbonne, (Rapporteur) Monsieur Mauro SPOTORNO Professeur de géographie, Université de Gènes, (Rapporteur) Madame Liliane PERRIN-BENSAHEL Ingénieur de recherche, HDR en économie, UPMF, (Directrice de thèse) Université Joseph Fourier / Université Pierre Mendès France / Université Stendhal / Université de Savoie / Grenoble INP Dédicaces A mes parents et à ma chère Selma 1 2 Remerciements Mes sincères remerciements vont à ma directrice de thèse Madame Liliane Pérrin Bensahel pour la confiance qu’elle m’a accordée en acceptant de diriger cette thèse. Sa franche collaboration combien important, ses précieux conseils et remarques qui m’ont permis de mener à bien cette thèse. Aux membres du Jury, je vous remercie de votre présence combien précieuse et honorable. Merci au professeur Jacques Fontanel, pour sa disponibilité et le temps qu’il a consacré à ma thèse. Je remercie le professeur Mauro Spotorno et le professeur Xavier Richet d’avoir accepter de faire partie de ce jury de thèse. Je tiens également à remercier : Mes parents, qui malgré la distance n’ont jamais cessé de m’apporter leur soutien et affection, de même pour ma sœur et mon frère. Ainsi que mon fiancé qui n’a pas hésiter à m’aider et à me soutenir dans mon travail. Je remercie également, les doctorants et le personnel de l’Institut d’Urbanisme de Grenoble pour leur amabilité et leur gentillesse. Je remercie vivement tous ceux qui de près ou de loin ont apporté une touche à ce travail et qui n’ont pas été cités, qu’ils trouvent ici l’expression de ma parfaite considération et de mes sincères remerciements. 3 INTRODUCTION GENERALE 4 Contexte de la recherche Il vaut mieux naître femme en Afrique qu’en Asie. Cette affirmation peut surprendre au début plus d’un. En Inde, la femme fait constamment l’objet de discriminations à tous les âges de la vie. Ainsi, Chinois et Indiens suppriment à la naissance une partie de leurs petites filles et cela est du notamment à la politique antinataliste en Chine et le poids de la dot des filles en Inde. La tendance générale qui se dégage est que les populations africaines ne pratiquent pas de discrimination selon le sexe de l'enfant, ni à la naissance, ni dans les premières années de la vie. La petite fille est aussi bien accueillie que le petit garçon, cependant l’avènement d’un fils est important pour l’homme comme c’est le cas ailleurs. Dans cette perspective, la situation des femmes du sud n’est pas semblable et donc les analyser comme un groupe homogène est erroné. Ces dernières décennies ont représenté un tournant dans l'histoire des femmes en Afrique. La multiplication des guerres civiles, l’aggravation des crises économiques et l’échec du plan d'ajustement structurel ont accru le chômage et la pauvreté notamment chez les femmes. Dans le contexte actuel de la mondialisation des économies et de la poussée des fondamentalismes religieux et politiques, les femmes voient leurs gains que l'on pourrait considérer comme substantiels de moins en moins sécurisés. Aussi, leur faut-il poursuivre la contestation de l'ordre patriarcal et de ses idéologies, malgré les critiques d'être trop féministes En effet, dans la majorité des pays africains, les observateurs soulignent que la pauvreté a souvent un visage féminin, et l’accès massif des femmes aux soins comme à l’éducation nécessite encore des efforts et des mesures politiques qui devraient durer quelques décennies. L’article de Pearce1 est pionnier dans l’analyse de la féminisation de la pauvreté et cela est relatif aux Etats-Unis. la féminisation de la pauvreté n’est pas seulement une sur- représentation des femmes pauvres à un moment donné, mais un processus engendrant un 1 D. Pearce, (1978), « Feminization of poverty : work and welfare”, Urban and social change Review, Vol11, N°1-2, p. 28-36. 5 écart croissant des niveaux de pauvreté dans le temps entre les femmes et les hommes2.Huit femmes sur dix qui travaillent en Afrique sub-saharienne sont dans un emploi précaire. Les femmes africaines produisent 20% de plus que les hommes. Cependant, elles ne possèdent qu’1% des terres et ne reçoivent qu’1% de tout le crédit financier réservé à l’agriculture. Offrir l’accès à une éducation aux jeunes filles aux niveaux primaire et secondaire mène à des progrès dans la réalisation du bien être général. Eduquer une jeune fille signifie que: • Elle sera trois fois moins susceptible de contracter le virus du SIDA. • Elle gagnera jusqu'à 25% de plus en termes de revenus, dont elle consacrera jusqu'à 90% à sa famille. • Elle aura une famille plus petite et en meilleure santé avec des enfants qui ont 40% plus de chances de passer l’âge de 5 ans. Promouvoir l’autonomisation des femmes a des effets multiples dans tous les aspects du développement et devrait constituer une priorité à tous les niveaux et secteurs". Les femmes qui ont bénéficié d’une éducation sont moins susceptibles de mourir durant la grossesse ou l’accouchement et plus susceptibles d’envoyer leurs enfants à l’école (UNICEF) "La plupart des décès d’enfants âgés de moins de 5 ans peut être évitée si les femmes savent quand demander de l’aide et ont un meilleur accès aux soins de santé". Les décès d’enfants africains âgés de moins de 5 ans représentent 51% du nombre total de décès dans le monde. L’Afrique traverse, depuis plus de deux décennies une crise socio-économique majeure, qui se caractérise par une récession de l’économie, un taux de chômage des plus élevés, une paupérisation croissante. Une partie de plus en plus large de la population se retrouve incapable de faire face à ses besoins les plus essentiels et le filet de protection des pauvres est de moins en moins le fait de la solidarité familiale ou clanique. Dans cette perspective, les femmes africaines dans leur majorité, se sont adaptées à leur environnement et ont investi l’économie informelle (secteurs à forts investissements physiques, nécessitant peu de capitaux et avec une faible rémunération). Ainsi les femmes oeuvrent en grande partie 2 M. Medeiros. et J. Costa ,(2008), “Is There a Feminisation of Poverty in Latin America?” inJ-P, Lachaud, (2010), ”Qand la pauvreté affecte plus les ville, affecte-t-elle plus les femmes? Le cas de madagascar”, Revue d’économie du développement, Vol 18, p. 75. 6 dans le domaine agricole,la transformation des produits locaux, la vente au détail, restauration… Souvent ces femmes s’organisent sous un statut coopératif ou associatif leur permettant ainsi de prendre collectivement les décisions stratégiques, économiques et pratiques. L’entreprenariat collectif favorise le partage des responsabilités et des tâches, la polyvalence, la répartition du travail des membres. Avoir la maîtrise du projet, savoir ce que l’on veut, aide les femmes à vaincre les obstacles, à réunir les conditions de réussite, et à le mener à terme de la manière souhaitée. Une cohérence singulière sous-tend ces projets, car ils répondent à des problèmes que les femmes veulent résoudre à leur manière avec leurs propres moyens et mode de fonctionnement et d’organisation. Elles souhaitent mettre en place des lieux où la distinction entre «exécutants» et «concepteurs» est abolie. C’est Dans ce genre d’organisation, où les femmes ont la maîtrise de leur outil de travail et de production, qui leur donne la volonté d’avancer et d’acquérir une certaine autonomie et par conséquent, elles deviennent des agents économiques à part entière. Justifications du choix du sujet : Dans le cadre de ce travail, notre intérêt se porte essentiellement sur l’analyse de la pauvreté féminine dans les pays du sud et notamment en Afrique Subsaharienne. C’est un sujet qui demeure très présent dans l’actualité et dans des travaux plus académiques, vu l’ampleur de ce fléau, puisque les instances internationales ont du mal à éradiquer ce problème vu la pluralité et l’interdépendance de ces causes. A cet effet, nous nous intéressons de plus près à cette problématique du point de vue économique et social: comment l’exercice d’une activité génératrice de revenu permet aux femmes de sortir ou du moins de réduire la pauvreté et la vulnérabilité qui peut en découler car dans certaines condition cela renforce l’asservissement des femmes ? Pour ce faire nous nous sommes plus focalisés sur les groupements féminins et les femmes qui y travaillent. Sachant que les femmes africaines sont le pilier de la maison et ce sont elles qui s’activent pour nourrir la famille élargie. Nous adoptons dans cette perspective une approche plutôt globale qui prend en compte les relations entre les hommes et les femmes dans le cadre de leur environnement (Les pesanteurs socio-économiques auxquels ils font face). 7 Nous souhaitons mettre en évidence comment la participation à une organisation féminine3 est cruciale pour les femmes africaines, bien sur avec des degrés différents Notre choix d’analyser les groupements féminins émane du fait que ce genre d’organisation est un lieu d’interaction des femmes. Ainsi, on analysera les différentes pratiques populaires des femmes africaines dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Ce genre d’activité permet aux femmes d’être plus visibles et autonomes sur le plan économique et d’acquérir plus de pouvoir et de notoriété auprès de leur famille et de leur communauté. Par conséquent, elles seront aptes à participer aux dépenses du ménage et surtout assurer l’éducation de leurs enfants et notamment des filles. Cette thèse se veut, une contribution et un continuum dans l’analyse de l’autonomie des femmes du sud et notamment des femmes africaines et leur apport dans le développement de leur communauté. Avec nos lectures, les témoignages recueillis au fur et à mesure, notre choix fut conforté car c’est une problématique récurrente qui fait l’objet de discussion, de polémique et qui demeure la priorité des différentes politiques des institutions internationales, régionales et nationales et cela en terme de politiques pour lutter contre la pauvreté et surtout la pauvreté féminine. La réalité des femmes africaines se résume souvent à des moyens limités, vivant parfois seules avec des enfants en charge, ces femmes en situation de précarité sont incapables de subvenir aux besoins de la famille. De ce fait, elles ont souvent recours à des activités peu qualifiées et il es difficiles pour elles d'avoir un modeste revenu. Pour analyser au mieux cette problématique, on s’est basé essentiellement sur l’apport de la théorie de l’économie sociale et solidaire et l’approche de l’empowerment tant sur le plan individuel que collectif. En Afrique comme dans les différents pays du sud, les associations féminines et notamment les GIE fleurissent dans le secteur économique. Ces espaces constituent non seulement un lieu pour les femmes pour acquérir une certaine autonomie économique, mais un véritable espace de liberté et d’échange qui permettent aux femmes de sortir de l’isolement, d’avoir de nouvelles compétences, d’avoir plus d’estime et confiance en soi en tant qu’un individu à part entière au même titre qu’un homme dans des sociétés à dominance patriarcale. Pour ce faire, on s’est basé sur l’étude de certains groupements féminins dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal et Burkina Faso). Plusieurs 3 Dans le cadre de notre travail, nous avons employé les termes « organisation féminine», « association féminine», ou groupement féminin d’intérêt économique de manière identique. Sachant que les associations étudiées ont toutes des activités génératrice de revenu(AGR). 8
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