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Texte Entrée Av. 1600 4Res814 PDF

190 Pages·2008·1.5 MB·French
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Transcription : Typhaine Cartry LABYRINTHE ROYAL DE L’HERCULE GAULOIS TRIOMPHANT Sur le sujet des fortunes, batailles, victoires, trophées, triomphes, mariages, et autres faits héroïques et mémorables de très auguste et très chrétien prince Henri IV, roi de France et de Navarre. Représenté à l’entrée triomphante de la reine en la cité d’Avignon le 19 novembre l’an 1600, où sont concernés les magnificences et triomphes dressés à cet effort par ladite ville. Chez Jacques Bramereau, imprimeur en Avignon. n. f. f. † AU ROI. Sire, La ville d’Avignon très obligée et très fidèle à votre Majesté, obéissante et vouée à votre couronne, à l’égal de vos plus naturels, et fidèles sujets, sous l’espoir de jouir du gracieux Soleil de votre royale présence, tressaillait d’affection, et d’allégresse, quand le brouillard de la nouvelle guerre, les brouées, et les bruits des canons, l’éclair, le bril, et l’émeri de vos armes flambantes, et foudroyantes sous l’épaisseur des Alpes inaccessibles, et des rochers impénétrables à tout autre qu’à Annibal, et à vous, firent à l’instant éclipser ce rayon printanier, lequel déjà entrouvrait nos espérances, et faisait épanouir nos cœurs au lever de cet aise, comme la prime fleur à l’aube désirée d’un joyeux renouveau. À tant demeuraient nos attentes refroidies, nos souhaits verglacés, notre joie flétrie à l’épais et à l’obscur de nos regrets, ne fût la bénigne influence de la Reine la Diane et consorte de votre couronne, la compagne très auguste de votre heur, de vos lys, et de vos sceptres, laquelle victorieuse de la mer et des ondes, triomphante des vagues et des flots, vint à rechange nous revigorer de son royal séjour, et chasser arrière de nos cœurs et de nos murs l’extrême déplaisir que nous causait l’attente de cette Majesté, laquelle nous avons de tout temps et honorée au pris et hasard de nos moyens et de nos vies. Le devoir requerrait, Sire, à la venue de cette princesse le parangon, et la fleur des princesses de cet âge, de faire paraître en effet, et éclore, à si bonne occasion, l’ardente dévotion qui a régné toujours quant et quant votre Majesté dans nos cœurs, autant de forteresses, Sire, et de Louvres vôtres, qu’il y a d’âmes et de corps dans le pourpris de nos murailles. Notre S<aint> Père le pape Clément VIII notre souverain Prince nous en donna le branle par ses très exprès et réitérés commandements ; Monseigneur l’illustrissime Charles de Conti, son vicaire général et vice-légat en cette légation, nous y exhorta et poussa vivement : les infinies obligations que nous avons à votre Majesté nous y forcèrent. Mais sur toutes choses, vos hauts faits et prouesses, vos combats et hasards, vos victoires et lauriers, les merveilles du ciel en l’établissement de votre état, les trophées et triomphes emportés sur ce grand monde français conquêté et subjugué par votre valeur (qui ne le put et ne le sut jamais être que par des Césars, par des Clovis, ou par vous) les verdoyantes olives de paix arborées au milieu de ce royaume accablé naguère, et ravalé jusques au centre de son non-être, mais relevé maintenant [f. † 1v°] par votre vertu et clémence jusques au zénith de ses plus assurées et solides prospérités, nous animèrent incontinent à vous dresser un triomphe parmi les rues et places de votre très affectionnée Avignon (où le victorieux Ænobarbe dédia jadis ses trophées) et renouveler, à la vue de la seconde Rome en vos mérites, les piaffes et magnificences des romains empereurs festoyés autrefois en la ville capitale du monde, avec chants, chariots et arcs triomphaux, les batailles desquels ne méritèrent jamais tant de soldes, que les conquêtes et victoires de votre Majesté, de triomphes, de palmes et de lauriers. Que si la faiblesse de nos forces nous eût suivi et secondé à l’équipollent de nos vœux, nous nous promettions et flattions déjà de cette espérance de pouvoir entreprendre chose, sinon proportionnée à vos mérites, au moins sortable à nos désirs, égale à nos moyens, agréables à votre Majesté, acceptable à la Reine, honorable à notre état, mémorable à toute la postérité. Mais voilà que du premier abord l’absence inopinée de votre Majesté nous atterre et nous abat, nous voyant soudain forclos de l’objet de nos allégresses et frustrés de l’idée de nos triomphes : catastrophe non attendue, et bastante pour nous faire déchoir de cœur et de courage, si l’amour n’eût été plus ingénieux et accord à remédier à ses obstacles que le malheur à traverser nos desseins. C’était du devoir que votre Majesté triomphât en personne, laquelle tout ce peuple désirait, et attendait avec tant d’impatience pour assouvir son âme, et ses yeux de la vue du Prince fauteur et tutélaire de sa ville, protecteur de ses assurances ; mais la guerre urgente, et levée de frais aux confins de votre royaume nous ayant frustré de ce côté-là, nous prîmes l’expédient, qui seul restait à notre malheur, de recevoir en triomphe à son nom et en sa place le portrait et image de votre Majesté, et nous prévaloir du droit ancien pratiqué par le docte empereur Adrien, qui fit triompher à Rome l’effigie de Trajan, auquel le cas survenu n’avait permis de jouir du triomphe en sa propre personne. Mais ce portrait, SIRE, que nous avons tracé à votre Majesté, n’est pas une peinture muette, et mixtionnée seulement de couleurs, ains une vive image parlante et antitype de l’histoire et héroïques faits de votre incomparable valeur. Le modèle et l’idée en fut retirée d’Hercule (car aussi à Rome ne se faisait jamais triomphe que l’effigie d’Hercule ne marchât devant) de son entregent et posture, nous avions portrait au naturel, et naïvé en parallèle les traits les plus éminents et remarquables de vos exploits, comme vives couleurs de votre Majesté victorieuse et triomphante, posées et couchées sur le fonds de l’histoire et extraction des rois de Navarre vos devanciers pourvignés de la souche et tige d’Hercule : lequel après la victoire des Lominiens donna commencement au royaume de Navarre, et y fonda le premier la race royale de vos majeurs, desquels vous avez reçu pour héritage la valeur et le sceptre d’Hercule. Alexandre le grand se vantait, à l’assemblée des Dieux, d’avoir imité de près et suivi à la piste Hercule ; aussi buvait-il dans sa coupe, se vêtait à fois comme lui, contrefaisait ses pas, ses contenances et ses trognes. Milon le Crotoniate seul invincible pancratiaste en la Grèce était de l’humeur d’Alexandre, s’habillant à l’herculéenne, s’affublant de la toison de son lion, et branlant en main le f. † 2 hampe de sa masse au préalable que d’entrer au tournoi. Les empereurs Commodus et Caracalla bien plus fantasques que cela, assotés après lu Métempsycose de Pythagore, pensaient d’avoir dans leurs corps les deux âmes, celui-là d’Hercule, se faisant habiller, portraire et nommer comme Hercule, cettui-ci d’Alexandre, se rendant le singe et la marotte de ses apophtegmes et de tout son port. Mais vous avez, SIRE, par droit d’héritage ce que ceux-ci n’avaient que par présomption et fantôme. C’est le fonds et le champ de notre tableau. Là-dessus, au jour natal de votre Majesté, le ciel crayonna les premiers traits de cette image, et en jeta la première ordonnance, vous rencontrant sous la constellation généreuse du Lion, calculée en l’onzième maison de votre nativité, présage de ce que votre Majesté devait être par après, et sujet à notre pinceau de donner à votre image pour casaque d’armes la dépouille du lion, parement ordinaire d’Hercule. Conformément à cet horoscope les maîtres traits et profils commencèrent à se découvrir en votre bas âge, où vous avez échappé et étouffé mille embûches et dangers comme serpenteaux rampant sur le berceau de votre adolescence. En laquelle déjà, SIRE, Roi seulement de Navarre, vous présentâtes le duel en champ clos à un lion à Nérac, et le mîtes par terre, et dès lors ébauchâtes par divers succès et victoires signalées tout le projet de ses linéaments herculins, lesquels votre majesté du depuis à colorés et réduits à leur entière et inimitable perfection. Hercule défit l’Hydre ; votre Majesté, par ces mémorables journées d’Arques, d’Ivry, d’Amiens et autres presque sans nombre a abattu plus d’armées que l’Hydre n’avait de gosiers, broyant à la moulette de votre coutelas tranchant le plus beau vermillon de votre peinture. Hercule chargea le ciel sur ses épaules, et vous endossâtes, le jour de votre sacre, ce monde de France où brillent les fleurs de lys sur le plus beau lambris de leur champ azuré, où éclate le Soleil de votre gloire, où éclairent, à guise de flambeaux, tous les princes, et officiers de cette couronne, ne se mouvant qu’au branle de vos volontés et sur les pôles et ressorts de votre obéissance. Bref où la galaxie argentine de cette écharpe blanche rehausse la candeur et la sincérité de ce peuple gaulois blanchissant de votre lait et brillant de votre astre. Ce ciel vous avons nous mis en main pour écu et pour bouclier inexpugnable, fleurdelisé d’or et champé d’azur. Hercule assoupit le Dragon gardien et portier du jardin Hespéride, se rendant par ce moyen le maître des Îles Fortunées ; votre Majesté ayant endormi au giron de sa douce obéissance du sommeil de ses principales faveurs sa bonne ville de Lyon, clef frontière de la France, se vit monarque paisible de ce florissant Royaume jardin de l’Europe, le plus beau parterre de l’Univers, où sont autant de vergers que de villes, où germent les fleurs de lys, où viennent les roses de Florence, où se voit Paris le Paradis du royaume, et l’île fortunée de France, le plus beau fleuron, SIRE, de votre chapeau de triomphe ; toutes lesquelles beautés nous servaient ici d’un plaisant et parfait paysage. Hercule après avoir tout gagné hormis soi, se voulut vaincre [f. †2 v°] soi-même, s’élançant dans les brasiers du mont Œta ; votre Majesté au plus haut de sa roue, sur la croupe de l’Olympe de ses prospérités, embrasée de l’amour de ses pauvres sujets, se surmonta elle- même insurmontable à tout autre par sa seule clémence, octroyant l’amnistie générale des excès passés à tant de milliers de Français ; de laquelle vertu la plus illustre de toutes les autres, nous avions levé les plus apparentes couleurs pour rehausser tout ensemble et adoucir ce portrait, et en toucher le visage du trait de vertu le plus beau, le plus clair, et le plus remarquable en un roi accompli de toutes ses couleurs. Hercule pour ses armes portait une massue faite de bois d’olive, laquelle après tant de coups donnés, étant replantée crût en un grand olivier, et dit on que la plus part de ses voyages ne furent entrepris que pour trouver l’olive, et la transporter en la Grèce, pour couronner les vainqueurs au tournoi olympique. SIRE, vos devises que sont-elles autre chose que la massue d’Hercule dépeinte en vos admirables galeries, semée parmi vos parterres, élevée par vos Tuileries, gravée dans vos Louvres, brodée sur les hoquetons de vos gardes, burinée dans vos médailles, enchâssée dans vos joyaux, placée dans vos cabinets, et trésors, émaillée sur l’émeri de vos cuirasses, fourbie dans les lames de vos coutelas ? Et quel a été le but de tant de combats, sinon que la paix de ce Royaume affligé, plantée à la force de vos bras, après tant de convulsions, et avec tant de merveilles ? Ainsi répondîtes-vous aux ambassadeurs espagnols venus pour traiter de la paix, disant que vous ne prisiez rien tant que la paix, et que vous ne feriez jamais la guerre que contre ceux qui refuseraient la paix. De ce trait nous retirâmes la masse que vous aviez en main en ce tableau triomphal. Hercule délia le puissant et sage Prométhée des chaînes qui le tenaient engagé en Caucase ; vous, SIRE, au jour mémorable à toute la chrétienté que votre Majesté, avec la soumission et l’obédience d’un roi très chrétien fils aîné de l’Église, professa la foi de ses ancêtres et reçut le baiser de paix, la bénédiction et absolution recherchée avec telle ferveur et instance, de Sa Sainteté ; que fîtes-vous autre que couper tout à fait, le nœud Gordien de votre état, et briser une barrière de liens, et de chaînes plus épaisses que celles que Sanche le fort Roi de Navarre enfonça à la défaite des Arabes, chaînes lesquelles blasonnèrent depuis l’écusson du royaume navarrais, comme les chaînes d’or embellissaient la statue de l’ancien Hercule Gaulois ? D’icelle humilité, SIRE, qui rend proprement admirables les rois, nous avions mêlé et donné les ombrages de votre effigie, qui donnaient toute la grâce, relevaient et faisaient paraître toutes les autres couleurs, lesquelles ne fussent été que plates détrempés sans celles ici. En fin ce grand héros Hercule, après les longues courses de la forêt de Ménale, prit la belle biche Ménalée aux cornes et ongles d’or. Et votre Majesté pour comble de ses fortunes et accomplissement du bonheur de la France a obtenu du ciel cette belle Princesse vrai miroir de vos humeurs, moulée à vos vertus et grandeurs, en laquelle, après vous, reposent toutes les plus solides espérances de votre peuple, qui envoie à toute heure ses voix et ses vœux là-haut au Roi des Rois, à fin que d’icelle il veuille f. † 3 bien tôt nous donner un petit Herculin. Cette biche emmenée en laisse par Hercule était dépeinte en paysage, sous un laurier verdoyant, et donnait beaucoup de grâce et de vue à tout le reste de l’œuvre. Voilà en peu de mots la portraiture de l’image de votre Majesté, en parallèle de l’ancien Hercule. Les proportions y étaient aussi étroitement gardées, toutes en septénaire, à la dimension de sept faces seulement, puisque toutes les mesures prennent leur principe d’un septénaire et même l’art des proportions du corps a été puisé de la plante et vestige d’Hercule. Car SIRE, pour ne dire tant de fois, que votre Majesté est le septième roi de ce siècle en France, et le neuf fois septième de tous les rois vos prédécesseurs ; vos ans courent par septénaire, vous étant jà parvenu au sept fois septième ; vos quatre principales batailles, votre sacre, votre profession de foi, et plusieurs autres faits des plus importants eurent tous leur septénaire comme l’on a déduit ci-après ; nombre divin, et auguste, favorable, et comme fatal à votre Majesté, qui a propriété et force comme vous sur les écrouelles, qui a félicité toutes les circonstances de votre triomphe dressé en Avignon ville septénaire de toutes parts ; sur le sujet d’Hercule qui était de Thèbes ville à sept portes, à l’occasion du mariage célébré le 17 de décembre, avec la Reine âgée de vingt-sept ans, petite fille de Ferdinand septième empereur de la maison d’Autriche, venue de Florence avec dix-sept galères, et la sienne toute septénaire de septante pas de long, à vingt-sept rames de chaque côté ; et surtout, l’an du Jubilé essentiellement septénaire, duquel est écrit en l’Écriture Sainte. TU CONTERAS SEPT SEMAINES D’ANNEES, C’EST A SAVOIR SEPT FOIS SEPT, QUI SONT EN TOUT QUARANTE-NEUF ANS ET CAR C’EST LE JUBILE. Où nous reconnaissons, SIRE, l’admirable rencontre des ans de votre âge avec ceux du Jubilé. Mais pour n’abuser avec tant de licence de vos oreilles royales, et ne nous entendre d’avantage sur ce sujet traité à fonds puis après, la proportion septénaire de votre effigie fantasiée sur le prototype d’Hercule, nous donna matière de dresser le triomphe aussi septénaire, façonnant un labyrinthe des sept travaux d’Hercule rapportés ci- dessus, et appropriés à ceux de votre Majesté, le tout composé de sept arcs triomphaux élevés aux sept endroits les plus célèbres de notre ville, sur l’hypothèse de l’Hydre de vos victoires, du ciel de votre royaume, du jardin Hespérien de vos villes, des flammes de votre amour et clémence, de l’olive et de la masse de la paix qu’avez faite, du Prométhée de votre piété et religion, et de la biche de votre mariage. Sans compter les chariots, galeries, temples, trophées et théâtres servant au même effet, qui se déduisent par le menu par tout le suivant discours. Nous voulions ici finir cette dédicace, et présenter à votre clémence ce portrait raccourci, et comme réduit au petit pied étrécissant vos merveilles dans l’étroit de ce petit tableau, à l’exemple de celui, lequel abrégea la mappemonde de tout l’univers dans le petit espace de son ongle, ou de l’autre, qui avait réduit toute l’Iliade dans un creux de noix, ou de Timanthe, lequel en un petit coup de pinceau donnait à entendre mille choses. Mais, SIRE, nous nous avisâmes [f. † 3v°] d’un coin important de cette peinture que nous avions presque oublié mal à propos ; car comme Phidias dépeignant le bouclier de Minerve son chef-d’œuvre y entassa tellement en un bout son portrait, qu’il ne pouvait être biffé sans défigurer et corrompre tout l’ouvrage, aussi vous ne pouvez passer, SIRE, l’œil de votre bonté admirable sur cette effigie vôtre, sans y reconnaître les auteurs de ce projet, qui y sont insérés si avant que l’on ne peut ne les reconnaître, ni passer sans difformité notable du portrait. Ce sont, SIRE, les Pères de la Compagnie de JESUS, lesquels à notre requête ont projeté, conduit et mené tout ce dessein, et ont toujours fait grand état de vous honorer et servir, et ne rien oublier de tout ce qu’ils estimaient concerner le service de votre Majesté. Nous avons été témoins irréprochables de leurs déportements, même depuis la dernière bourrasque qu’emporta le reste de leur bris et le reliquat de leur naufrage en notre ville. On ne peut désirer plus de soin, d’affection, et de zèle au bien commun ou au service de votre couronne qu’ils en ont fait paraître, sans se lasser jamais en ce devoir. Aussi, SIRE, avez vous fait reluire les rayons de vos faveurs et royales promesses, en leur endroit, spécialement en cette année de votre âge, année septième de leur départ de la France, qui était le terme ordonné de Dieu, après lequel tous les absents devaient retourner en leur patrie rentrer en leurs possessions, être remis en leurs droits, appelé pour cela an de rémission au Deutéronome 15. et 21. Toute la Chrétienté, SIRE, a reçu cette joie de vos solennelles promesses et caresses si remarquables envers cette Compagnie, les fruits de laquelle elle voit en tous les endroits de la terre habitable et nous en particulier, qui voyons à l’œil tours les jours les grands biens qui se font par leur moyen, en tous les lieux circonvoisins et limitrophes de votre Royaume, où ils combattent par leurs doctrines et vie exemplaire, au moins par le dehors, et par la courtine, les adversaires de notre Foi, et ceux lesquels piéça avaient antidaté leur ruine, si votre douceur et bonté merveilleuse ne les eût empêché, leur donnant de si belles et authentiques espérances, à la vue de toute la France, de pouvoir bientôt servir, avec plus de liberté, et efficace, tant votre royaume, que la Sainte Église, de laquelle vous êtes le fils aîné. Cependant, SIRE, nous supplions en toute révérence votre facilité incomparable de donner tandis congé et sauf-conduit à ce petit tableau de se présenter et prosterner humblement, au nom de toute cette ville, aux pieds de votre Majesté, afin que par son favorable accueil il publie plus hardiment et sans crainte les merveilleuses prouesses de votre Majesté, et ensemble l’entière affection, et dévotion immortelle de vos fidèles Avignonnais, qui ne cesseront jamais de prier le Créateur de vous prospérer toujours de plus en plus, et vous ayant préservé par longues années à vos royaumes, vous combler de tant de guirlandes au Ciel qu’avez mérité de lauriers et triomphes en terre. De votre Majesté La très obligée, très fidèle et très obéissante La ville d’Avignon. [n. f.] AVANT-PROPOS DE L’AUTEUR AU LECTEUR. Ami lecteur, sur les nouvelles itérées par plusieurs fois de la descente du Roi en cette ville d’Avignon, et de l’embarquement de la Reine à Livourne, Monseigneur l’illustrissime Charles de Conti évêque d’Ancône, vicaire général pour Sa Sainteté, et vice-légat en la légation d’Avignon, se résolut de pourvoir sans plus long délai aux préparatifs nécessaires à recevoir leurs Majestés ; et en donna l’ordre aux magnifiques seigneurs consuls de ladite ville, leur enjoignant de prendre les expédients, et s’y apprêter en diligence. L’on assembla le Conseil le 4 d’octobre, et fut dit, du consentement de tous, que les révérends Pères du Collège de la Compagnie de Jésus, auquel la jeunesse de cette ville est élevée en la connaissance de toutes sciences et dressée ès bonnes meurs, seraient requis de la part de mon dit seigneur et de ladite ville en corps d’en entreprendre la charge, et en épouser en chef tout le soin ; ce qu’ils firent avec autant de volonté que l’on désirait, accompagnée d’un grand zèle de servir à sa Majesté, et honorer la ville. Le sixième d’octobre, la semonce en fut faite par les députés du Conseil. On crayonna le dessein du labyrinthe tout aussi tôt ; il fut communiqué de vive voix audit Conseil, présenté à mon dit seigneur le vice-légat en présence des Consuls selon la forme et teneur des lois et de bonnes coutumes de la ville. Fut loué, et approuvé de tous, et jugé très convenable, et sortable au sujet. L’on met la main à l’œuvre. Se passe un mois sur l’attente, tantôt du Roi, puis de la Reine, ores de tous les deux, qui fut tout le temps qu’on peut avoir, tant pour projeter le plan de ce dédale que pour le mettre en état. Trop peu, à la vérité, si l’on considère de près ou l’appareil requis à recevoir une Majesté Royale, ou le grand corps du dessein, le monde d’histoires, le labyrinthe d’inscriptions de bien plus grande suite et loisir que cela ; laissant à part les recherches curieuses, les rencontres nécessaires, les heures qui se passent à revoir, fonder, minuter, parapher et authentiquer toutes choses. Ne fût l’assistance divine que l’on a expérimentée fort spéciale en plusieurs occurrences, la providence infatigable du Prince, qui à toujours vivement [n. f.] animé, et pressé l’affaire, la vigilance des magistrats, qui y ont tenu la main, l’industrie des députés, qui y apportèrent tout devoir et diligence, l’esprit et usage du peintre et des autres ouvriers qui s’en acquittèrent dûment, et surtout la grandeur du sujet, où l’on n’avait peine qu’à faire le triage des trésors inépuisables, que l’histoire de sa Majesté, les miracles de sa fortune, les hauts exploits de sa vaillance, la plantureuse moisson de ses lauriers, et trophées, et d’ailleurs le bonheur, la félicité, les rares qualités, la grandeur, et Majesté, la vertu et éminence, la splendeur et la gloire de la Reine nous fournissaient ; on peut dire avec vérité, ou que l’on n’eusse su amener jusques là en demi année ce que l’on a vu dressé heureusement en un mois ; ou que l’on eusse, sans doute, du premier coup, ployé sous le faix d’une si ardue, et soudaine entreprise. À Dieu en revienne la gloire, cause première et principe de tout bien, l’heur, et l’honneur au Roi, qui a cela de naturel, et de propre, que de faire bondir et galoper les esprits, qui s’approchent de la splendeur de sa gloire et du lustre de ses prouesses pour en discourir ou spéculer quelque chose. Mais comme ce fut quasi incompatible, signamment en si grande brièveté de temps d’avoir un soin universel et surintendance architectonique d’un tel projet, pour assister d’esprit et d’œil aux ouvriers, et s’enclaver ensemble dedans les outils, et ferrailles des artisans ou se ravaler jusques aux pensées les plus menues, et mécaniques ; Messieurs les Consuls et le Conseil y pourvurent aussi, choisissant d’être eux six députés gens experts, et entendus pour soulager l’ouvrage, quant au fait de l’exécution. Ce furent les sieurs Thomas de Serre trésorier général de la marine pour sa Majesté, Pierre Guiart s<ieu>r de Saint-Julien, Jean Michel Pertuys, Antoine Crozet, Jean Antoine Fabri et François Chayssi, citoyens et bourgeois d’Avignon. La fête, et journée du triomphe écoulée, l’on ne pensait rien de moins que de mettre en campagne et donner carrière à cet ouvrage de si peu de loisir, et faire voir à la France ce labyrinthe de maux, duquel par la sage conduite et providence admirable du Roi comme par le filet d’Ariane elle a été désengagée quant à lui, ayant déjà eu pour témoin d’insuffisance notoire la majesté d’une cour royale, sans éventer davantage un ouvrage hâté et presque précipité, certes disproportionné à la grandeur et immensité inaccessible du sujet, et qui n’a rien en soi de plus rare, ou plausible, ou digne de la presse, que la magnificence royale, et le somptueux apprêt des Avignonnais, lequel y a été remarquable, et digne de mémoire, qui eût pu correspondre d’esprit et d’éloquence à la beauté du projet, ou au zèle de leur cordiale affection. Toutefois il est advenu tout autrement que l’on n’espérait : car la Reine, ayant goûté cette preuve si authentique de la sincère dévotion, f. †† que la belle ville d’Avignon a apporté de tout temps au service des Rois ses protecteurs commanda le lendemain de son entrée que tout l’appareil fut réduit en bon état, et mis en son entier pour être présenté à sa majesté. Son Aumônier en fit le rapport de sa part, et l’ingénieur du Roi, le Sieur Constantin de Servi le poursuivit chaudement, lequel encore depuis la départ de la Reine, cuidant que l’on se fût endormi sur le métier, en réitéra la demande par lettres en termes très exprès et prégnants, et surtout par celles qu’il écrivit de Lyon datées du 10 de décembre. Je laisse en arrière les recharges, qu’en a fait monsieur Jérôme de Gondi gentilhomme d’honneur de la Reine, personnage de grand mérite et réputation en ce royaume, lequel depuis le départ de sa Majesté a sollicité et requis les Consuls et la ville par ses lettres plus d’une fois ; toutes lesquelles instances, de toutes parts, firent résoudre lesdits Sieurs Consuls de se mettre quant et quant en devoir de fournir aux dépens des planches de taille douce, et de servir fort à propos, de la commodité, qui s’était présentée tout à point, d’un certain Allemand excellent graveur abordé naguères en cette ville, à autre occasion. Si que ne se pouvant plus esquiver ne contrevenir à tant de devoirs et hypothèques, on fut contraint de croire plus en cet endroit, à tant de commandements, que de dilayer plus longtemps, même avec quelque intérêt et danger d’encourir les jugements de plusieurs, lesquels y verront plus de volonté que de fait ; n’y trouveront pas ce qu’ils attendaient ou d’esprit, ou d’éloquence, et peut-être encore estimeront ce labeur suranné et hors de saison, pour n’être sorti si tôt qu’on eût bien désiré. Mais le grand nombre de planches ne se pouvait jeter au moule incontinent, et plusieurs graves occupations y sont entrevenues à la traverse ; et si aurait-on nonobstant fait telle diligence, et réduit le tout en tel point, que l’on en eusse pu avoir l’issue au mi-Carême, ne fût un accident inopiné survenu en même temps à l’imprimeur qui a mené l’affaire à la longue quatre mois au-delà de son devoir et de nos espérances ; que serait bien encore le moins de mal, si l’œuvre correspondait à la longueur du temps, et serait bien assez tôt, s’il était assez bien. Cependant, ami lecteur, si le style vous semble précipité, les inventions hâtées, les rencontres peu heureux, les succès pêle-mélés tantôt du bonheur, tantôt du contraire, je vous prie de l’imputer à autre qu’à l’incapacité de notre esprit, et à la faiblesse de nos forces ; ou s’il vous plaît d’être plus bénin et favorable à l’immensité du sujet, duquel plus on en dit, plus on en laisse dire ; et encore au peu de loisir et disette des beaux jours, qui abondent à ceux qui n’ont rien autre à faire qu’à bien dire, à épier les voyelles, à alambi- [f. †† 1v°] quer les syllabes, à affiner les mots jusqu’au vingt-quatrième carat, à trier, comme l’on dit, les périodes sur le volet. J’espère que vous recevrez le tout en bonne part, et d’aussi bon cœur que je vous le voue, jusques à tant que l’occasion s’épanouisse, et le temps plus propice se présente de montrer que je ne désire plus grand heur à ma plume que d’être employée au service de sa Majesté, que j’honore, et admire par dessus les Majestés de tous les Rois de la terre. Adieu. f. †† 2 TABLE DES POINTS PRINCIPAUX DU LABYRINTHE ROYAL. Avec les preuves des anagrammes, qui y sont rapportés en divers endroits. CHAP. I. 1. L’ARGUMENT, et motif de tout l’appareil. pag<e> 1. 2. Les Rois de Navarre issus d’Hercule fils d’Osiris. pag<e>. 2. 3. La massue d’Hercule devise ordinaire du Roi. pag. 3. 4. Blason des chaînes d’or des armoiries de Navarre. pag. 3. 5. Blason des armoiries de Médicis tirées de la massue d’Hercule. pag. 4. 6. Le premier de la maison de Médicis Évrard Chevalier natif de France. pag. 4. 7. L’ancien Hercule à bataille à la pleine de Salon en Provence. pag. 5. 8. L’origine, et célébrité fabuleuse du champ pierreux de Salon. pag. 5. 9. Blason des armoiries d’Avignon, et des deux gerfauts hiéroglyphique d’Hercule. pag. 6. CHAP. II. 1. L’ARRIVEE de la Reine en Avignon. pag.7. Sa première couchée d’Aix à Salon. pag. 7. 2. Des vents de Provence célébrés par les Anciens. pag. 7. 3. De l’humeur généreuse, et grandeur de courage de la Reine symbolisante avec celle du Roi. pag. 8. 4. L’on va au devant de sa Majesté. pag. 9. CHAP. III. 1. LE PREMIER RENCONTRE de la Galerie hors la ville. pag. 13. 2. Les inscriptions d’icelle servant de prologue à tout l’appareil. pag. 13. 3. Les sept emblèmes des sept planètes. pag. 14. 4. La première inscription triomphale. pag. 15. 5. Les trois anagrammes qui s’ensuivent. pag. 15. HENRICUS BORBONIUS GALLIARUM REX. EN CLAVAM GERIS ROBUR BONI HERCULIS. X. Changé en C. MARIA MEDICÆA REGINA. DEJANIRA MEA MIRE CLARA. G. En R. MARIA MEDICEA REAGINA DII ! EN CARA MEA MEGARA. I. De moins. [f. †† 2v°] CHAP. IV. 1. LE SECOND RENCONTRE du char triomphal. pag. 17. 2. Sa fabrique, et ordonnance. pag. 19. 3. L’épée du Roi triomphante portée dans le char. pag. 20. 4. Le cœur du Roi porte en triomphe dans le même char. pag. 20. 5. Le chœur du char des 14 nymphes, avec Junon, à voix et instruments. pag. 20. L’hymne triomphal chanté dans ledit char. pag. 21. Ce qui se passa au premier abord de la Reine, au char, et à la Galerie. pag. 22. La harangue de monsieur l’assesseur Suarès. pag. 22. L’anagramme de monseigneur le Connétable. pag. 23. HENRI DE MONTMORENCY CONNETABLE LE ROI TE CHERIT COMME SON BON ANNE. D. En O. 6. Description de la Reine, et de son appareil. pag. 23. 7. Les trois anagrammes qui étaient écrits au char triomphal. pag. 19. MARIA DE MEDICIS REGINA. I DEA SACRA IN DEI GREMIUM. V. De trop. MARIA DE MEDICIS REGINA GALLORUM. PERGO AD ENRICUM REMIS AD GALLIAM. P. De trop. HENRICUS BORBONI PAG. 20. HOC ROBUR IN ENSIBUS. Entier. MARIE DE MEDICIS PAG. 20. DAME ICI DESIREE. M. En E. CHAP. V. 1. LE TROISIEME RENCONTRE des sept couronnes. pag. 24. 2. Votum publicum écrit en dehors du Ravelin en une des tours. pag. 24. 3. Un plebiscitum écrit en l’autre tour, et aux sept créneaux de la muraille. Ib. 4. Discours du nombre septénaire. pag. 26. 5. Les jeux impériaux étaient septénaires. pag. 26. 6. Étaient communs aux Princesses. 7. Le Roi est tout septénaire. pag. 26. 8. La Reine aussi est septénaire. pag. 27. 9. Le jour, et l’heure de l’entrée de la Reine en Avignon furent septénaires. pag. 27. 10. Hercule natif de Thèbes ville septénaire. pag. 27. 11. L’an qui court septénaire à cause du Jubilé. pag. 27. Rencontre signale des ans de l’âge du Roi avec les ans du Jubilé. pag. 27. 12. Propriété du septénaire de guérir des écrouelles comme nos Rois. pag. 27. 13. La ville d’Avignon de toutes parts septénaire. pag. 28. 14. Les sept Papes légitimes qui furent en Avignon l’un après l’autre, et ce qu’ils y ont fait de signalé. pag. 29. 15. Saint Urbain cinquième premier auteur du septénaire d’Avignon. pag. 30. Pour quelle occasion il fit Avignon septénaire. pag. 30. 16. Les parallèles d’Avignon avec Rome, et Constantinople. pag. 31. f. †† 3 17. Les sept Dieux nuptiaux des sept arcs triomphaux portants les sept couronnes montés à cheval, leur équipage, leur compagnie de sept chevaux chacun. pag. 32. 18. Les stances que récitèrent les sept Dieux. pag. 34. CHAP. VI. 1. LE QUATRIEME RENCONTRE du trophée dressé au Ravelin. pag. 39. 2. Les inscriptions dudit trophée. pag. 41. 3. L’emblème du navire avec la constellation de la couronne étoilée devise commune à notre Saint Père, au Roi, et à la Reine. pag. 42. 4. Le navire devise de Paris, et de Rome, du royaume, et de l’Église. pag. 42. 5. Le blason des armoiries de notre Saint Père, et la convenance merveilleuse de ses étoiles avec le navire de saint Pierre. pag. 44. 6. Les anagrammes faisans à ce propos, de N<otre> S<aint> Père, du Roi, et de la Reine. pag. 45. CLEMENS OCTAVUS SIC CLAVUM TENEO. S. En I. CLEMENS OCTAVUS PONTIFEX. IAM FLUCTUS COMPONET SENEX. M. Répété. CLEMENS OCTAVUS PONTIFEX MAXIMUS FLUCTUANTEM NAVEM SOSPES MOX JUVI. C. Et X. En V. CLEMENS OCTAVUS PONTIFEX MAXIMUS ALDOBRANDINUS BONUS SENEX CLAVIUM PETRI FELIX CUSTOS DOMANDO MALA. N. En L. O. Répété. HENRICUS BORBONIS REX NAVARRÆ REX BINÆ NAVIS NAVARCHUS ROBORE. R. En A. MARIA DE MEDICIS REGINA GALLIARUM IAM SIDEREA DIRIGAM MARE GALLICUM. N. En M. 7. Le poêle présenté à sa Majesté par messieurs les Viguier, et Consuls. pag. 46. 8. Les anagrammes desdits Viguier, et Consuls. pag. 46. GEORGE<S> DES YSSARS SAGE SERF DES ROIS. G. En F. PAULUS ANTONIUS SAUVINUS TU PIUS, UNA SALUS AVINIONIS. V. En I. NICOLAUS FERRERIUS VIR CONSUL IVRA FERES. V. Répété. JOANNES SIBYLLÆUS ILLE BASIS AVENIONIS. Entier. [f. †† 3v°] JOSEPHUS SUARESIUS. JUS PIE SERVAS SOPHUS. P. Répété. 9. L’inscription du cors de garde. pag. 46. 10. Avignon confédérée avec les anciens Romains. pag. 47. 11. Un senatusconsultum à l’antique écrit aux créneaux du même corps de garde. pag. 47. 12. Un édit à l’ancienne impériale sur la porte du pont-levis. pag. 48.

Description:
loin : Est et illud victoria significatum hieroglyphicam, quod in antiqua columna Viterbi spectatur : duo scilicet accipitres, per quos, ut nonnulli tradunt, Herculis ab Alpibus, et Osyridis à Brundusio motus ; ne que non victoria describitur. Et affin que chacun connaisse, que c'est des épervier
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