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Synopse des quatre Evangiles en français, tome 1 : Avec parallèles des Apocryphes et des Pères PDF

390 Pages·1976·19.04 MB·French
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• SYNOPSE DES QUATRE ÉVANGILES EN FRANÇAIS AVEC PARALLÈLES DES APOCRYPHES ET DES PÈRES - P. BENOIT & M.-E. BOISMARD Professeurs à l'École Biblique de Jérusalem SYNOPSE DES QUATRE ÉVANGILES EN FRANÇAIS , AVEC PARALLÈLES DES APOCRYPHES ET DES PÈRES TOME 1 TEXTES LES ÉDITIONS DU CERF MCMLXV NIHIL OBSTAT B. COUROYER, O.P., MAG. IN S. THEOL. - J.-P. AUDET, LECT. IN S. THEOL. IMPRIMI POTEST : A. FERNANDEZ, MAG. GEN. ORD. PRAED. IMPRIMATUR : PARIS, I8 JUIN I965, J• HOTTOT, VIC. GEN. PRÉFACE Cette Synopse est avant tout un instrument de travail. En parentés littéraires, la genèse de leur rédaction, leurs emprunts mettant sous les yeux du lecteur les textes confrontés des quatre mutuels et leurs sources. C'est ainsi l'histoire de la tradition évangiles, elle veut souligner leurs ressemblances et leurs diffé évangélique qui se reconstitue, de même que se manifestent rences, et, par ce moyen, aider à mieux comprendre leurs les tendances propres à chacun de ses quatre témoins canoniques. I. LES MATÉRIAUX SYNOPTIQUES I. LE TEXTE pour le mot à mot. Assez souvent, il s'est avéré opportun, pour mieux faire saisir les nuances du texte grec ou respecter plus Le texte de base de cette Synopse est celui de la Bible de fidèlement l'ordre des mots, d'ajouter un ou plusieurs mots Jérusalem. Toutefois, pour qu'une comparaison entre les diffé français, qui sont alors placés entre parenthèses. rents évangiles soit précise, le texte français doit refléter le plus fidèlement possible toutes les nuances du texte grec. La traduc tion de la Bible de Jérusalem était trop littéraire pour être 2. DISPOSITION DU TEXTE reprise sans une révision d'ensemble qui a dû sacrifier l'élégance à un littéralisme strict. Dans certains cas même, on a délibéré Le texte des quatre évangiles est disposé en colonnes verticales ment choisi une construction littérairement peu française, mais parallèles, ce qui permet de juxtaposer les récits ou les logia seule capable de refléter fidèlement l'original grec (cf. § 344, qu'ils ont en commun. C'est le principe même d'une Synopse. Mt 26 70 : « je ne connais pas ce que tu dis », afin de rendre Sauf pour les récits de l'Enfance (Mt et Le), chaque page le même verbe grec qu'en Le 22 57 : «je ne le connais pas »). comporte toujours au moins trois colonnes, répondant aux Toutefois, le traducteur a dû s'avouer vaincu devant des cas évangiles de Mt, Mc et Le. Quand un ou deux évangiles font désespérés. Comment garder le même verbe français pour défaut, pour une section déterminée, leur colonne reste vide traduire un lalein grec qui, sans complément direct, signifie et réduite en largeur au profit des autres. Il n'y a pas de colonne « parler », mais avec un complément direct signifie « dire » ? vide pour J n, sauf là où son parallélisme avec les Synoptiques A l'inverse, Mt 19 24 et Le 18 25 ont deux mots différents pour devient plus étroit, comme pour les récits de la Passion et de dire « aiguille »; où trouver l'équivalent en français? Ceci la Résurrection. représente un cas extrême, et relativement rare; mais souvent Dans les cas de doublets, ou de sections qui présentent entre un même verbe grec reçoit des nuances assez subtiles par adjonc elles des affinités littéraires évidentes, le nombre des colonnes tion de préfixes, et il est impossible de les rendre en français. On s'élève à cinq, six et même sept (un seul exemple, § 295). Dans a cru pouvoir remédier, très imparfaitement, à cet inconvénient ce cas, les diverses colonnes d'un même évangile sont toujours en signalant, par de petits traits verticaux, les cas où un mot juxtaposées de telle sorte que l'on ait : à l'extrême gauche, français unique correspond à des mots grecs totalement ou toutes les colonnes de Mt, puis celles de Mc, etc. partiellement différents; lorsque les trois Synoptiques divergent, L'évangile de Jn présentait un problème délicat. S'il rejoint le troisième est signalé par un double trait vertical. (On a renoncé en partie la tradition synoptique, il contient aussi des chapitres cependant à signaler les multiples cas où le français « il dit », entiers qui n'offrent aucun parallèle avec cette tradition. Les amphibologique, traduit soit un présent, soit un aoriste grec.) intégrer tels quels à la Synopse, c'était alourdir celle-ci de Vouloir toujours respecter l'ordre des mots de la phrase longues sections qui, du point de vue synoptique, ne présentent grecque aurait conduit souvent à des constructions intolérables que peu d'intérêt. Les éliminer systématiquement avait l'in en français; la littéralité est donc moins stricte sur ce point que convénient de ne donner qu'un évangile mutilé. Les rejeter en VII PRÉFACE Appendice aboutissait à disloquer arbitrairement cet évangile. Supposons deux sections, A et B, se lisant en ordre inverse Voici la solution qui fut adoptée. L'évangile de Jn contient dans Mt et dans McjLc; deux dispositions étaient possibles, selon beaucoup de sections qui, du point de vue littéraire ou théo que l'on décidait de redoubler l'une ou l'autre section : AB A logique, offrent entre elles de nombreuses affinités. Que l'on ou au contraire B A B. Ainsi, dans la partie de la Synopse cor tienne ces sections parallèles pour des doublets, analogues à respondant à Mt 5-12 et par., la distribution des sections unifiées ceux que l'on rencontre dans les Synoptiques, ou pour l'expres ou dédoublées, que nous avons adoptée, diffère considérablement sion d'une pensée sémitique qui aime à revenir sur les mêmes de celle adoptée dans la Synopse de Huck-Lietzmann. thèmes, il était intéressant de les mettre en colonnes parallèles Ce principe d'une « lecture continue » vaut également pour de façon à pouvoir les éclairer les unes par les autres. On a donc Jn, non seulement quand Jn vient en parallèle avec les Synop composé, chaque fois que l'occasion s'en présentait, une synopse tiques, mais également quand il est mis en parallèle avec lui johannique juxtaposant les textes qui s'appellent, littérairement même. Les sections propres à Jn ont été insérées dans la trame ou théologiquement. des Synoptiques en tenant compte surtout de leur situation par Pour rendre plus facile une confrontation dans le détail des rapport aux sections johanniques parallèles aux sections synop rédactions parallèles, le texte de chaque colonne est divisé en tiques : soit immédiatement avant, soit immédiatement après. membres très petits, dans la tradition des cola et commata des Cette combinaison de trames synoptique et johannique a forcé anciens, de telle sorte qu'en suivant une même ligne dans les ment quelque chose d'arbitraire et ne prétend nullement retrou diverses colonnes, l'œil perçoive immédiatement les accords ver une séquence chronologique de la vie de Jésus qui résul et les désaccords. Cette division n'obéit pas à des règles rigides, terait de leur accord et s'imposerait comme objective. mais s'adapte aux circonstances, variables selon que les textes Les textes répétés le sont avec leurs parallèles respectifs; sont disposés sur deux, trois... ou sept colonnes. Dès qu'un ce principe n'a été abandonné que dans le cas où la répétition évangile présente une phrase de quelque importance qui n'a pas du texte survient après quelques sections seulement. Les paral de parallèle chez les autres, son texte n'est plus divisé, mais lèles sont alors supprimés et le texte est continu (cf. §§ 46 et 49; continu; ceci vaut a fortiori dans les cas où une section entière 275 et 277)· n'est présente que dans un seul évangile. Dans ces cas, on revient Quand un texte est répété en dehors de sa place dans l'évan tout de même à la ligne pour chaque verset. gile auquel il appartient, il est signalé par un filet pointillé gras à gauche de la colonne, remplaçant le filet maigre continu. Le numéro du chapitre de l'évangile auquel appartient ce passage 3· L'oRDRE DE LA SYNOPSE est donné au début. On indique également, entre parenthèses, avant chaque passage déplacé, le paragraphe de la Synopse où Pour l'ordre général, il a paru préférable de renoncer à celui on le trouvera dans son contexte. Une croix, placée après le de tel ou tel évangile, et davantage encore à quelque ordre numéro du paragraphe, signale que les parallèles sont donnés artificiel que ce soit, reconstitué de façon moderne. Le plus sage à ce paragraphe sous une forme plus complète. Le filet pointillé est de respecter l'ordre de chacun des évangiles, quitte à répéter gras est interrompu chaque fois que le texte intercalé appartient un passage aussi souvent qu'il le faut pour qu'il puisse figurer lui-même à des sections différentes. en parallèle d'un autre évangile dont l'ordre diffère. Les avantages Si l'on veut faire la lecture continue d'un évangile dans son de ce principe sont manifestes : aucune solution n'est préjugée ordre propre, il suffit de sauter les passages marqués d'un poin d'un ordre idéal de la vie de Jésus; la consultation d'un passage tillé gras. Le registre supérieur de chaque page donne la référence quelconque de l'évangile se fait immédiatement, sans recours des textes « en place » qu'elle contient. Quand un évangile à une table de concordance; on peut faire la lecture continue n'a aucun texte en place dans la page considérée, la référence est de tel ou tel évangile, sans avoir à revenir en arrière; enfin, alors donnée sous cette forme : 42 = Mc 3 I9 -+ ror; ce qui pour les quatre évangiles, chaque section peut être étudiée signifie : le dernier verset en place de Mc (ici, 3 19) se trouvait dans le contexte que l'évangéliste lui a assigné. L'application à la page 42; le prochain verset en place (ici, 3 20) se lira à la de ce principe n'allait d'ailleurs pas sans choix à faire. page ror. II. REGISTRE DE CRITIQUE TEXTUELLE Une étude comparée des quatre évangiles, pour être valable, propre. La critique textuelle a pour but de dépister ces altéra doit évidemment être menée à partir de textes qui se rapprochent tions en recourant aux divers témoins du texte évangélique : le plus possible des textes originaux. Or les scribes qui reco manuscrits grecs, versions anciennes ou citations faites par piaient les manuscrits évangéliques ne se faisaient pas scrupule les Pères des premiers siècles. de changer des expressions qui leur semblaient obscures, d'ajou Il est de nombreux cas où le choix s'avère facile. Parfois, ter des mots destinés à rendre le texte plus compréhensible et, cependant, une option sera d'autant plus malaisée que les surtout, d'harmoniser les évangiles en estompant leurs diver témoins en faveur d'une leçon apparemment plus saine seront gences de style, en les complétant l'un par l'autre, voire en sup en nombre restreint ou de qualité réputée moindre. (A tort ou à primant certains mots ou certaines expressions qu'ils avaient en raison, il est admis couramment que les onciaux grecs l'em- VIII • PRÉFACE portent sur les minuscules, de date plus récente; et les manu principaux témoins en faveur de la leçon adoptée et des leçons crits grecs sur les versions.) Dans ces cas litigieux, porter un concurrentes. On y trouvera mentionnées également un certain jugement valable suppose une longue habitude des manuscrits, nombre de leçons non harmonisantes qui, bien que faiblement de leurs tendances propres, de leurs affinités, que seuls les spé attestées, conservent cependant une certaine chance de repré cialistes de critique textuelle peuvent se permettre, et ils sont senter le texte primitif de l'évangile et dont il sera tenu compte souvent divisés ! Une Synapse en français ne s'adresse pas à des dans les notes du deuxième volume. Enfin, certaines leçons de spécialistes des études évangéliques; ceux-ci doivent nécessai la tradition dite « occidentale » (codex Bezae, Vetus Latina, rement travailler à partir d'un texte grec. Il a donc paru inutile versions syriaques), ont été signalées parce qu'elles corres de surcharger cette Synapse d'un apparat critique compliqué. pondent à des variantes de textes non canoniques cités dans le En général, les options faites ici sont celles de la Bible de troisième registre, surtout à propos des récits de la Passion. Jérusalem. Toutefois, en certains cas, il a paru nécessaire d'aban Les sigles utilisés sont identiques à ceux des fascicules de la donner des leçons manifestement harmonisantes pour revenir Bible de Jérusalem. à un texte plus original, l'apparat critique donnant alors les III. REGISTRE DES CITATIONS BIBLIQUES Le second registre de notes contient les références aux textes formelles, groupant au moins deux ou trois mots qui répondent, de l'Ancien Testament cités dans tel ou tel évangile, les mots soit au texte hébreu, soit au texte grec (Septante) de l'Ancien correspondant à la citation se trouvant alors imprimés en Testament. Les simples allusions, même multipliées, seront italique dans le texte de la Synapse. Il s'agit toujours de citations mentionnées seulement dans les notes du deuxième volume. IV. REGISTRE DES TEXTES PARALLÈLES Les textes cités dans ce registre sont destinés à favoriser des sources qu'ils ont utilisées. S'ils n'ont fait, en effet, que l'étude du problème synoptique, en complétant la documentation reprendre les données de nos trois évangiles synoptiques, en que nous donnent les évangiles canoniques. Ils se répartissent les remaniant plus ou moins profondément et en leur ajoutant en trois catégories. des traits légendaires, leur utilité est pratiquement nulle. Si au contraire ils dépendent de sources parallèles à celles des évangiles canoniques, voire de sources utilisées aussi par les I. LES PARALLÈLES PROVENANT DU N.T. évangiles canoniques, mais de façon indépendante, leur témoi gnage prend alors une valeur considérable. Il faudra seule Leur intérêt principal réside dans leur antiquité. Les lettres ment, à travers les remaniements qu'ils ont fait subir à leurs de Paul, par exemple, sont antérieures à la rédaction des quatre sources, essayer de retrouver, autant que faire se peut, la évangiles sous leur forme actuelle; quand Paul se réfère à une teneur primitive de ces sources. Sur ce problème essentiel, les parole du Christ, il est donc toujours possible qu'il la connaisse avis des critiques sont partagés. Prendre position, ce serait sous une forme plus ancienne que celle qui est attestée par l'un reprendre l'examen des textes en question et de leurs rapports ou l'autre des évangélistes. Malheureusement, il s'agit d'ordi avec la tradition synoptique ou johannique; ce travail est réservé naire d'allusions plutôt que de citations formelles, si bien qu'il au second volume qui doit accompagner cette Synapse, et s'avère souvent très difficile de déterminer la forme précise du nous nous bornerons ici à présenter la documentation. Disons texte auquel il est fait allusion. seulement que, des deux positions mentionnées plus haut, la Ces parallèles sont surtout nombreux entre Jn et les épîtres seconde semble mieux correspondre à la réalité. johanniques. Dans ce cas, il ne s'agit pas à proprement parler de citations de Jn éparses dans ces épîtres, mais d'affinités littéraires a) L'évangile des Ébionites (Ébion.). et théologiques résultant du fait que ces écrits proviennent de la même main, ou d'un même milieu de pensée. Sous ce nom sont données un certain nombre de citations faites par Épiphane d'un évangile en usage dans la secte dissi dente des Ébionites. Ceux-ci l'appellent « selon les Hébreux » z. LES PARALLÈLES PROVENANT DES ÉVANGILES APOCRYPHES (Haer. 30 3) et en attribuent la composition à Matthieu; on voit d'ailleurs que Matthieu y parle à la première personne (cf. texte Les évangiles apocryphes ont-ils quelque valeur pour éclairer cité au § 49). C'est le seul évangile qu'ils recevaient. En réalité, d'une façon ou d'une autre le problème synoptique ? Pour le texte cité au § 24 mêle des traditions apparentées à nos trois répondre à cette question, il faudrait avoir une idée précise évangiles synoptiques, puisque la « voix céleste » entendue au IX PRÉFACE baptême du Christ y est donnée successivement sous sa forme était lu dans cette dernière église, sous l'influence de cercles peu marcienne, lucanienne (texte occidental) et matthéenne. Sous orthodoxes et marqués par le gnosticisme. Mais le texte même la forme qu'Épiphane a connue, cet évangile fut certainement de cet évangile n'est venu à notre connaissance que grâce à un composé en grec (cf. § 19, le changement volontaire de akris manuscrit découvert en 1887 à Akhmim (Haute-Égypte). Le en egkris), à la fin du second ou au début du troisième siècle, texte, amputé malheureusement des premières et dernières pages, mais probablement d'après des sources plus anciennes. On peut ne nous donne plus que la conclusion du procès de Jésus, se demander d'ailleurs si les citations faites par Épiphane ne le récit de sa crucifixion et de sa résurrection, l'apparition de proviennent pas de deux évangiles différents. Au dire de cet l'ange aux femmes; il se termine par les premières lignes d'un auteur, en effet, les Ébionites auraient appelé leur évangile, soit récit qui semble correspondre à Jn 21 1 ss. L'évangile de Pierre « selon les Hébreux » (Haer. 30 ;), soit « selon Matthieu » reprend les matériaux de la tradition évangélique canonique (Haer. 3o I}) ; or il est clair que les deux textes cités au § 1 9 (ils sont soulignés dans la traduction que nous en donnons), donnent la même péricope sous deux formes différentes, la mais en les surchargeant de traits légendaires et en les rema première apparentée à la tradition lucanienne, la seconde aux niant. Sa composition doit remonter au milieu du second siècle, traditions marcienne et matthéenne. Il est donc possible, sinon si l'on s'en tient au témoignage de Sérapion. probable, que les matériaux rassemblés par Épiphane appar Dans sa première Apologie, qu'il écrivit vers 15 5, saint Justin tiennent en fait à deux évangiles différents. mentionne un épisode de la Passion sous une forme inconnue des évangiles synoptiques, mais qui répond trait pour trait à un passage de l'évangile de Pierre (cf. §§ 349-35o); toutefois, b) L'évangile des É!!)lptiens (Égypt.). Justin se réfère alors explicitement, non à l'évangile de Pierre, Mentionné par Origène (Hom. sur Le 1) et par Épiphane mais aux « Actes de Ponce Pilate » ( 1 Apol., 3 5 9) . Ces Actes de (Haer. 62 4), son texte ne nous est connu que par les quelques Pilate (Acta Pilati) sont mentionnés également par saint Épi citations qu'en a faites Clément d'Alexandrie, spécialement au phane, vers 375, à propos des Quartodécimans (Haer. 50 r), et il livre III des Stromates. Il est possible, cependant, qu'il ait été en eut un exemplaire entre les mains. Sous sa forme primitive, connu aussi de l'auteur de la Secunda Clementis et qu'il ait été cet ouvrage n'est malheureusement pas parvenu jusqu'à nous. utilisé par l'évangile de Thomas (cf. infra et textes cités au Il subit en 425 une première refonte dont nous possédons le § 174). Composé vraisemblablement en Égypte, dans la première texte grec et des traductions latine, syriaque, copte et armé moitié du second siècle, il est fortement marqué par des ten nienne; puis une seconde refonte, un peu plus tard, dont nous dances encratites (refus du mariage). Les citations que nous a possédons également le texte grec. Ces deux recensions des conservées Clément d'Alexandrie nous tiennent fort loin des Actes primitifs (A et B) ont, dans une large mesure, conformé évangiles canoniques. le texte des récits de la Passion à celui des évangiles cano niques; il semble, contrairement à ce que l'on a dit parfois, que la recension B a gardé plus de traits primitifs que la c) L'évangile des Hébreux (Hébr.). recension A. En résumé, il aurait existé des Actes de Pilate, dont le texte est On trouvera rassemblées sous ce nom : une citation faite par aujourd'hui perdu, composés vers la fin du premier siècle ou, Clément d'Alexandrie, une autre faite par Origène, les autres au plus tard, au début du second. Ils furent repris et remaniés provenant, soit de Jérôme, soit de gloses conservées dans par l'auteur de l'évangile de Pierre, vers 130-l4o, et cités par certains codices de l'évangile canonique de Mt. Les Alexandrins, saint Justin vers 15 5. Ils subirent enfin deux refontes destinées et parfois aussi Jérôme, réfèrent leurs citations à un évangile à les rendre plus conformes aux évangiles canoniques, et qui « selon les Hébreux »; Jérôme parle d'un évangile « selon les les surchargèrent d'éléments nouveaux, l'une en 425, l'autre un Hébreux » qu'utilisaient les Nazaréens de Bérée; les gloses peu plus tard. Seules, ces deux recensions sont parvenues jusqu'à marginales des codices de Mt portent : «selon l'(évangile) juif». nous. On a cru pouvoir distinguer un évangile selon les Hébreux, connu des Alexandrins, d'un évangile des Nazaréens, qui répondrait à la plupart des citations faites par Jérôme et aux f) L'évangile de Thomas (Thomas). gloses marginales des codices. Une telle distinction ne s'impose Mentionné par Origène, cité peut-être par Clément d'A lexan cependant pas. Cet évangile était en usage dans les églises drie (cf. §§ 50 et 127), l'évangile de Thomas nous a été transmis judéo-chrétiennes; Jérôme en connut un exemplaire qu'il tra intégralement, en traduction copte, dans un codex appartenant duisit d'araméen en grec, et il note que presque tous le tiennent à la bibliothèque gnostique découverte en 1945 près de Nag pour l'évangile authentique de Mt (Comm. sur Mt 12 1 3). Il est Hamâdi, en Égypte. C'est un recueil de 114 «paroles »de Jésus, possible qu'Ignace d'Antioche l'ait connu, ce qui en reporterait qui se présentent parfois sous forme de dialogues, mais sont la composition au moins à la fin du premier siècle. d'ordinaire simplement introduites par la formule « Jésus a dit ». Un Prologue les présente en ces termes : «Voici les paroles d) L'évangile de Pierre (Ps.-Pierre) et secrètes que Jésus le Vivant a dites et qu'a écrites Didyme Jude e) Les Actes de Pilate (Acta Pilati). Thomas. » A vrai dire, cet évangile ne nous était pas entière ment inconnu. On en possédait déjà des fragments en grec Selon une lettre de Sérapion, évêque d'Antioche (19o-2u), contenus dans trois papyrus découverts en 1897 et 1903 à Oxy à l'église de Rhossos, en Cilicie, un « évangile de Pierre » rhynque (Égypte) : Oxyrh. 654 reproduit le Prologue et les x • PRÉFACE logia 1 à 7 du texte copte, Oxyrh. 1 les logia 26 à 33, Oxyrh. 65 5 3· CITATIONS DES AUTEURS ANCIENS les logia 36 à 40. Ces fragments étaient toutefois en assez mauvais état et, pour certains logia, les lacunes rendaient la restauration Le troisième registre offre enfin un choix de citations évan du texte très conjecturale, voire impossible. La découverte du géliques faites par les auteurs anciens : Clément de Rome, texte copte a permis de tenter ces restaurations à partir d'une Ignace d'Antioche, Polycarpe de Smyrne, la lettre de Barnabé, base plus objective (cf. J. A. Fitzmyer, « The Oxyrhynchus la deuxième épître (apocryphe) de Clément de Rome, les Homé Logoi of Jesus and the Coptic Gospel according to Thomas», lies clémentines, Marcion, Justin, Tatien, Irénée, Clément dans Theo/. Stud., 1959, pp. 505-56o; dans l'ensemble, nous d'Alexandrie, Origène, Épiphane et d'autres encore. Pour les avons adopté les restitutions qu'il propose). détails sur la vie et les œuvres de ces auteurs, nous renvoyons L'évangile de Thomas utilise des matériaux provenant de à l'ouvrage de J. Quasten, Initiation aux Pères de l'Église, Paris, sources différentes. Il emprunte à l'évangile des Égyptiens Éditions du Cerf. (logia 22 et 37, § 174; logion 61, § 243). Il connaît aussi l'évan Quel est l'intérêt de ces citations ? Il est certain que les récits gile des Hébreux (logion 2, § 70 ). Mais souvent aussi, il rejoint la et les discours contenus dans les quatre évangiles canoniques tradition synoptique. Dans ce cas, dépend-il simplement de nos ont été transmis dans les églises sous des formes diverses, les évangiles canoniques, comme le pensent certains ? Il semble quatre évangélistes n'ayant retenu que l'une ou l'autre de ces plutôt qu'il dépende d'une source parallèle et qu'il nous per formes. Prenons le cas du logion transmis par Mc 8 38 et par. mette d'atteindre une forme de la tradition évangélique anté (§ 168, p. 152). Nous le trouvons exprimé dans les évangiles rieure à la rédaction des évangiles canoniques. Son témoi sous deux formes différentes : selon l'une, il est question de gnage serait alors très important pour reconstituer l'histoire « rougir » de quelqu'un (Mc 8 38 et Le 9 26), selon l'autre, de de la transmission des paroles du Christ. Mais pour l'utiliser, «renier »quelqu'un (Mt 10 33 et Le 12 9). Les évangiles cano il faut évidemment tenir compte du fait qu'il réinterprète souvent niques offrent un certain nombre d'exemples semblables. Mais ces paroles dans une optique gnostique, plus marquée dans la rien ne nous permet d'affirmer qu'ils se sont astreints à nous traduction copte que dans le texte grec (cf. logion 2, § 70 ). transmettre tous les doublets dont ils ont eu connaissance; il Avec l'autorisation des Éditeurs, nous avons repris la traduc est même hautement probable qu'ils ne l'ont pas fait. Nous tion française publiée dans : L'évangile selon Thomas, texte copte pouvons donc conjecturer qu'il a circulé dans les églises bien établi et traduit par A. Guillaumont, H.-Ch. Puech, G. Quispel, d'autres « doublets », voire de « triplets » que les évangélistes W. Till et t Yassah 'Abd al Masil;l, Paris, P.U.F., 1959. Nous n'ont pas cru bon de nous transmettre. Prenons un autre exem avons toutefois harmonisé cette traduction avec celle de la ple. En Le 14 7-10, nous lisons une monition du Christ concer Synopse chaque fois que c'était nécessaire. nant le choix des places à table (cf. § 224). Le codex Bezae (D), plusieurs mss de la Vetus Latina, la syriaque de Cureton insèrent cette même monition du Christ, mais sous une forme littéraire g) Protévangile de Jacques (Prot. Je). très différente, entre les versets 20 et 21 de Mt 20. Comme rien ne permet de penser que cette seconde rédaction soit authentique C'est un récit, attribué fictivement à Jacques, le frère du ment matthéenne, on doit conclure qu'une forme de la tradi Seigneur, concernant la vie de Marie : sa naissance, son enfance tion manuscrite a connu cette monition du Christ sous une dans le Temple, ses fiançailles avec Joseph, la conception forme qui ne peut se rattacher à aucun des évangiles canoniques. miraculeuse, la naissance de Jésus à Bethléem, le massacre des Selon toute vraisemblance, il a dû exister bien d'autres cas Innocents et, finalement, celui de Zacharie, le père de Jean semblables. On a vu plus haut que les évangiles non canoniques Baptiste. Dans le plus ancien manuscrit, récemment découvert représentaient probablement une tradition parallèle à celle des et publié (Papyrus Bodmer V, du m• siècle), l'apocryphe porte évangiles canoniques. le nom de «Naissance de Marie. Apocalypse de Jacques», mais Tout le problème est alors de savoir si les auteurs anciens, la tradition reste incertaine sur le titre exact de l'ouvrage. Il lorsqu'ils citent les évangiles, se réfèrent toujours aux évangiles fut utilisé par Clément d'Alexandrie, Origène, Épiphane, Gré canoniques, ou s'ils n'ont pas, dans une mesure plus ou moins goire de Nysse. Dans son état actuel, il ne semble pas antérieur grande, puisé à des évangiles non canoniques. Bien entendu, ce à qo, mais il est probable que, tout en reprenant les évan n'est pas parce que tel ou tel auteur s'écarte du texte évangé giles de l'Enfance de Mt et Le, il a utilisé également un lique canonique qu'il puise à une autre source : il a pu citer de ouvrage plus ancien, connu aussi de saint Justin et qui remon mémoire en déformant le texte, ou accommoder le texte évan terait donc au moins au début du second siècle (cf. textes cités gélique aux besoins de sa démonstration ou de sa prédication. au § 14). Mais lorsqu'un même auteur cite à plusieurs reprises un même texte évangélique sous une forme identique, différente de celle h) Papyrus Egerton 2 (Egert.). des évangiles canoniques, il existe de fortes chances pour qu'il dépende alors d'un texte différent de celui des évangiles cano Ce fragment de papyrus, publié en 19 3 5 et daté de la première niques. La preuve est encore plus forte lorsqu'il s'agit de diffé moitié du second siècle, contient plusieurs épisodes de la vie du rents auteurs dont les citations évangéliques offrent entre elles Christ qui se lisent également dans les évangiles canoniques, des affinités plus ou moins nombreuses. mais sous une forme littéraire différente. Il contient également On a remarqué précisément, depuis longtemps, que Justin des récits par ailleurs inconnus, dont nous n'avons pas tenu et l'auteur des Homélies clémentines suivaient un texte évan compte ici. gélique apparenté, distinct de celui des évangiles canoniques XI

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