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Super Librum de causis expositio PDF

112 Pages·1954·10.69 MB·English
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TEXTUS PHILOSOPHICI FRIBURGENSES seriem moderatur I. M. Bochenski O. P. 4J5 SANCTI THOMAE DE AQUINO SUPER LIBRUM DE CAUSIS EXPOSITIO par H. D. SAFFREY, O. P. FRIBOURG LOUVAIN SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE ÉDITIONS E. NAUViELAERTS .a.r; 1954 ~y Nihil obstat : PA R E N T I B V S f. H. D. Gardeil, O. P., Bacc. Theol. f. J. Isaac, O. P., Lect. Theol. / D E I N D E R. C. B. L. J. B. ET Imprimi potest : AC OMNIBVS FRATRIBVS SOCIIS f. V. Ducatillon, O. P., Vic. prov. ; AD SALICES ~ AMICIS Imprimatur : Parisiis, die IX• Januarii 1954. ~ M. Potevin V. G. Copyright 1954 by Société philosophique de Fribourg Imprimerie St-Paul, Fribourg (Suisse) AVANT-PROPOS Voici tout juste sept cents ans, à l'entrée de l'hiver 1252, saint Thomas inaugurait son enseignement à l'université de Paris. Quatre années plus tard, il était maître en théologie et, montant pour la première fois dans l'une des deux chaires que tenaient les Prêcheurs, il traçait un portrait du doctor Sacrae Scripturae dans lequel nous le reconnaissons aujourd'hui'. Praedicare, legere, disputare, frère Thomas fut dans ces trois fonctions magistrales le modèle de son siècle : la « sainte prédication » que, quarante ans plus tôt, son Père saint Dominique avait reçue du Souverain Pontife comme fonction propre pour son Ordre, il en fut le ministre à l'université, à la cour des Papes et à celle des rois comme aussi quelquefois devant les pauvres de son temps 2, et à aucun moment de sa vie la création personnelle d'un exposé nouveau et plus rigoureux de la doctrine sacrée, la rédaction des deux Sommes, ne le détourna de la librorum expositio et de l'occasio disputandi ; bien plus on est en droit d'affirmer que s'il n'avait été le laborieux expositor du XIIIe siècle et le maître prestigieux des disputes scolaires, saint Thomas n'aurait jamais été le rédacteur de la Somme de théologie. La Somme est devenue un classique de nos facultés de théo- logie ; cependant il reste extrêmement profitable de suivre saint Thomas dans son travail de préparation lointaine, non seulement dans ses commentaires d'Écriture Sainte — son enseignement officiel dans lequel nous le trouvons en contact permanent avec la Bible, véritable Magister in Sacra Pagina3 — mais aussi dans ses « explications » d'Aristote. Si la théologie est une science, si 1 Cf. Principium « Rigans montes », Opusc. XL, éd. Mandonnet, t. IV, pp. 491 ss. ' Cf. R.-A.GAUTaisR, Saint Thomas d'Aquin, Premier sermon sur le sym- bole, dans Lumière et Vie, n. 2 (1952) 93-102. ' Cf. M:D. CHENU, Évangélisme et théologie au XIIIe siècle, dans Mélanges Cavallera, Toulouse 1948, pp. 339-346. AVANT-PROPOS IX VIII AVANT-PROPOS la foi doit s'équiper de « raisons » au bénéfice même de la fidélité le P. C. Vansteenkiste a publié le texte jusqu'ici inédit de sa tra- du croyant, du même coup une véritable culture philosophique duction latine par Guillaume de Moerbeke 1. Il devenait alors trouve sa place dans l'équilibre religieux d'une vie de théologien ; possible d'établir un bon texte du commentaire de saint Thomas, les lumières de la foi n'ont rien qui puisse porter atteinte à la qua- offrant assez de sécurité pour permettre ultérieurement une étude lité rationnelle propre à toute démarche philosophique, bien au doctrinale. contraire l'urgence de la recherche s'en trouve comme renou- Depuis quelques années les influences platoniciennes, qui se velée, l'étude s'applique d'emblée à ses véritables objets . C'est sont exercées sur saint Thomas, sont revenues à l'ordre du jour. dans cet esprit que saint Thomas voulut avoir un nouveau et De ce point de vue, le commentaire sur le Liber de causis est un meilleur texte d'Aristote, qu'il entreprit de le lire et de le com- document capital, non seulement parce que tout le moyen âge selon des méthodes d'exégèse rigoureuse, qu'il en discuta a estimé le Liber à l'égal de la Métaphysique d'Aristote, mais menter avec ses collègues de la faculté des arts ; l'extraordinaire estime surtout parce que, dans ce texte, saint Thomas est amené conti- dont frère Thomas fut l'objet de leur part, même après sa mort, nuellement à confronter l'aristotélisme avec le platonisme de témoigne assez de la fécondité de son oeuvre en son temps. Proclus et celui du Pseudo-Denys, sans perdre de vue la référence De nos jours, Renan 1, s'autorisant d'un mot de Ptolémée ultime à la foi chrétienne. De plus, cette confrontation présente de Lucques 2, soutenait que saint Thomas avait renouvelé un intérêt tout particulier si l'on songe, comme je le montrerai directement d'Averroès la tradition des grands commentaires plus loin, que cette oeuvre de saint Thomas date de l'une des deux aristotéliciens ; pourtant, cette partie de l'oeuvre du saint est dernières années de sa vie, et, de ce fait, prend l'allure d'une déter- restée sans aucun doute la plus négligée 8 et l'Expositio super mination ultime du maître sur les doctrines essentielles de ces librum De causis, égarée par le P. Mandonnet au milieu des Opus- divers systèmes de pensée. Détermination d'autant plus précieuse cules, n'a pour ainsi dire jamais été étudiée. Il est vrai qu'il fallait qu'elle apporte avec elle la solution définitive d'un problème histo- attendre la publication de quelques documents nécessaires à cette rique et doctrinal qui a inquiété notre auteur et tout le moyen étude : l'édition du Liber de Causis par O. Bardenhewer, excellente âge avec lui : on sait que, dans son commentaire sur les Sentences s pour l'époque où elle parut (1882), doit aujourd'hui être remplacée saint Thomas, reconnaissant l'importance des positions philoso- par une édition proprement critique qui est en préparation dans phiques fondamentales même pour les auctoritates théologiques, le Corpus platonicmm medii aevi a; ce n'est que depuis 1933 que rangeait Denys parmi les sectateurs d'Aristote et attribuait le le professeur E. R. Dodds nous a donné une édition définitive de Liber de causis au « Philosophe » ; mais au fur et à mesure que la ETotXctwatç 9e0a0Yix~ de Proclus, et, depuis un an seulement, l'on connut mieux Aristote, Denys et le Liber posèrent un problème. Saint Thomas fut le premier à tirer au clair ces questions embrouillées et la critique moderne est venue totalement confirmer ses 1 E. RENAN, Averroès etl'Averroïsme, Paris 1866, pp. 236 ss. Cf. L.GAUTHIER, solutions. IbnRochd, Paris 1948, p. 16. Renan a bien vu que saint Thomas était à situer dans la ligne des plus grands commentateurs grecs et arabes d'Aristote par la péné- tration de son exégèse. Ceci ne veut pas dire qu'il fut le créateur de l'exégèse litté- rale au moyen âge. Cf. O. LOTTIN dans Rech. Théol. anc. méd. 6 (1934) 88. 1 C. VANSTEENKISTE, Procli Elementatio theologica translata a Guilelmo de PTOLÉMÉE DE LucguEs, Hist. eccl. XII, 24, ap. Muratori, Script. rer. ital., Moerbeke (Textus ineditus), dans Tijdschrift voor Philosophie 13 (1951) 263-302 vol. XI, coi. 1153 : quodam singulari et novo modo tradendi. et 491-531, en attendantune édition critique que préparele Dr Boese, directeur Il Cette constatation a été exprimée au Congrès scolastique international de la Staatsbibliothek de Berlin. de 1950, à Rome, par le P. J. Isaac, qui a esquissé le travail qu'il y aurait lieu E In II Sent., dist. 14, qu. 1, a. 2, sol. 1. Pour l'évolution de l'opinion de d'entreprendre, cf. J. IsAAc, Saint Thomas interprète des oeuvres d'Aristgte, dans saint Thomas concernantDenys, cf. Exp. super lib. De div. nom., prooemium et les Acta Congressus Scholastici Internationalis. .. (Bibi. Pont. Athen. Antoniani 7), De malo, qu. 16, a. 1. Pour leLiber de causis, saint Thomas semble avoir eu des Rome 1951, pp. 353-363. doutes très tôt, cf. In III Sent., dist. 35, qu. 1, a. 1, ad 3m : illa auctoritas (=De Cf. l'Annual Report du Plato arabus publié dans les Proceedings of the causis, prop. 18) intelligenda est de vita qua corpora caelestia ponebantur a quibusdam British Academy, années 1949-50, p. 8 et 1950-51, p. 7. vivere velut ex se mota, quam opinionem videtur sequi Ille qui librum ilium condidit . X AVANT-PROPOS I AVANT-PROPOS XI Donner un bon texte de l'Expositio super librum De causis des collations, discuter avec moi les leçons du texte et rechercher semblerait, à première vue, une entreprise relativement aisée. les sources de saint Thomas. C'est à eux et à tous nos compagnons Pourtant, au fur et à mesure que ce travail avançait, force m'a dans la vie commune de prière et d'étude au Saulchoir que, après été d'affronter certains problèmes de critique nouveaux concer- mes parents, je dédie cet ouvrage. nant la tradition manuscrite du texte par le système de l'exemplar Enfin je remercie le P. J. Isaac qui a revu entièrement mon et des peciae. Lorsque l'abbé J. Destrez achevait ses belles études manuscrit et le P. I. M. Bochenski qui a bien voulu recevoir ce sur la pecia dans les manuscrits universitaires du XIII e et du travail dans la collection des Textus Philosophici Friburgenses. XIVe siècle 1, il croyait avoir apporté un élément de critique externe qui devait considérablement alléger les tâches de la cri- Le Saulchoir, décembre 1952. tique textuelle. Il en serait bien ainsi si l'on pouvait démontrer, f. H. D. S. pour chaque oeuvre, comme le supposait Destrez, l'existence d'un exemplar unique par université. Pour ce qui est du commentaire de saint Thomas sur le Liber de causis, je laisse au lecteur le soin d'apprécier les arguments que je peux faire valoir en faveur de l'existence simultanée de deux exemplaria parisiens, présentant la même division en peciae sur lesquelles les manuscrits ont été indifféremment copiés. Si bien que l'importance considérable de la pecia se trouve pleinement confirmée par ce résultat, mais loin de simplifier la critique proprement dite, elle en multiplie la néces- sité, chaque pecia devenant l'unité sur laquelle doit s'appliquer en toute rigueur les méthodes de la critique textuelle . C'est là du moins la conclusion à laquelle je suis parvenu ; je ne sais si elle devra être généralisée, mais je crois que le problème méritait, à titre d'exemple, d'être clairement posé dans le cas particulier qui nous intéresse présentement. Il va de soi qu'une tâche de ce genre ne pouvait être menée à bien sans de multiples appuis. Je remercie les conservateurs des bibliothèques où se trouvent les manuscrits que j'ai utilisés, ils m'ont communiqué des renseignements sur ces manuscrits ou m'ont autorisé à les faire photographier. Je dois plus que du merci aux PP. R. C. Bigard et L. J. Batail- lon, qui ont bien voulu par amitié m'aider dans la tâche austère 1 J. DESTREZ, La pecia dans les manuscrits du moyen tige, dansRev. Sc. phil. théol. 13 (1924) 182-198 ; Etudes critiques sur les œuvres de saint Thomas d 'Aquin d'après la tradition manuscrite, t . I (seul paru), (Bibi. thom. XVIII), Paris 1933; surtout La pecia dans les manuscrits universitaires du XIIIe et du XIVe siècle, Paris 1935. INTRODUCTION I. PARTIE HISTORIQUE, ET DOCTRINALE 1. LE « LIBER DE CAUSIS » AU MOYEN AGE On ne sait rien de sûr à propos des origines et de l'auteur du Liber de causis. Après les recherches d'O. Bardenhewer 1, on admet aujourd'hui communément que le Liber de causis est la traduction latine d'un texte arabe dont on ne possède plus qu'un seul manuscrit conservé à Leyde 2. Cette traduction serait l'œuvre du traducteur tolédan, Gérard de Crémone, mort en 1187. De fait, la liste des ouvrages arabes traduits en latin à Tolède par Gérard, conservée dans une biographie anonyme que l'on peut lire dans un manuscrit de la Bibliothèque Vaticane datant du XIVe siècle, contient un Liber aristotelis de exposition bonitatis purae $. Le rapprochement entre cette indication, le manuscrit de Leyde qui est intitulé : « Livre de l'explication d'Aristote au sujet du bien pur », et le Liber de causis fut fait pour la première fois par M. Steinschneider 4 et repris par Bardenhewer b. Il semble parfaitement solide et se trouve confirmé par le double titre sous lequel apparaît dans les manuscrits la traduction latine : De expo- sitione bonitatis purae ou Liber de causis. Il suffira de dire que l'on estime qu'il existe encore aujourd'hui entre 120 et 150 manus- crits de ce texte latin pour juger de sa grande diffusion au moyen âge. Quant au texte arabe, il s'inspire, par certains intermédiaires que nous ignorons, d'un texte grec, la EroLXst(oaa ; 6soaoytx~ de 1 0. BARDENHEWER, Die pseudo-aristotelische Schrift Über das reine Gute bekanut ureter dom Namen Liber de causis, Freiburg im Breisgau 1882. Y LEYDE, Univ. 209, cf. BARDENHEWER, ibid, p. 4 ss. 8 Cette liste contenue dans le cod. Vat. lat. 2392, ff. 97 vb — 98 ra a été publiée pour la premièrefois, avec un fac-similé, par B. BONCOMPAGNI, Della vita e delle opere di Gherardo Cremonese .. ., Roma 1851, pp . 4 ss., et plusieurs fois reproduite depuis. 4 M. STEINSCHNEIDER, Hebraïsche' Bibliographie, Jahrg. 1864, p. 66, n. 10. ô BARDENHEWER, ibid., pp. 139 ss. XVI INTRODUCTION PARTIE HISTORIQUE ET DOCTRINALE XVII Proclus l'un des derniers successeurs de Platon à l'Académie 1, dans la mission contre les Cathares, qu'Alain a eu connaissance d'Athènes. Ce dernier point fut établi pour la première fois par du Liber et en a extrait cette doxographie sur l'âme. Or, on sait saint Thomas. les relations étroites entre Tolède et l'école de médecine de Mont- Il semble que l'on puisse suivre avec assez de précision dans pellier 1. Ici, nous rencontrons sans doute le jalon qui a permis l'espace et dans le temps la diffusion de notre Liber. Le premier l' «entrée » du Liber de causis dans le monde des universités médié- témoin conservé est sans doute ce curieux petit traité retrouvé vales. Un vieux manuscrit de Cîteaux 2, aujourd'hui malheureu- par Mlled'Alverny dans les feuillets de garde du manuscrit Paris, sement disparu, témoigne en faveur de cette interprétation ; il B. N. lat. 3236 A 2. Ce manuscrit a été écrit à la fin du XII siècle e portait l'indication : De causis cum glosa magistri alani. Il est et probablement en Espagne. En plus de nombreuses citations peu probable, quoiqu'en pense M. Raynaud de Lage qu'il s'agisse implicites qui ont été soigneusement identifiées, nous trouvons 8, d'un commentaire perdu d'Alain sur le Liber, c'est plutôt le Liber une citation explicite de la Prop. 3, p. 166.4-5 Bardenhewer : lui-même avec attribution au maître parisien des commenta, de et de ea (sc. anima nobili), dixit Aristoteles in Bonitate dura : « quia même qu'un autre manuscrit ancien de Bruges 4 attribue ces anima nobilis, scilicet rationalis, creatur a Deo mediante intelli- mêmes commenta à Gilbert de la Porrée. Mais il est significatif gentia, et posuit eam Deus stramentum intelligentiae, in quod intel- de trouver ce lien établi entre le Liber et notre auteur dans le ligentia efciat operationes suas.» Plusintéressant encore est le croquis milieu monastique où il a vécu la fin de sa vie . De toute façon, qui accompagne le texte $, par lequel nous pouvons juger de la il semble bien que la forme rédactionnelle du Liber ait inspiré connaissance extensive que l'auteur anonyme avait du Liber ; certains écrits comme les Theologicae Regulae 5 d'Alain de Lille nous y voyons figurées les sphères avec tous les degrés d'être : ou l'Ars catholicae fidei 6 de son contemporain, Nicolas d'Amiens. causa prima, . . . esse creatum primum, . . . intelligentia la, 2a. .. C'est cette forme axiomatique — propositio et commentum con- 10a, anima (= âme du monde) . . . Ces pages écrites très proba- tenant la démonstration de la proposition, à la manière, comme blement à Tolède même confirment donc l'origine traditionnelle le remarquera plus tard saint Albert des traités de géométrie et l'attribution de la traduction latine à Gérard de Crémone. 7, d'Euclide — que nous retrouvons dans ces ouvrages, et ce fait Ceci se trouve encore confirmé par le fait que le premier des apporte une nouvelle preuve de l'influence du Liber de causis grands théologiens parisiens à utiliser notre écrit est Alain de Lille 4. Celui-ci, dans son Contra haereticos écrit au tournant du sur Alain de Lille. Cette forme littéraire très particulière du Liber nous permet XIIe et du XIIIe siècle, cite la fameuse définition de l'âme, encore d'expliquer deux points d'histoire . D'une part nous com- qu'on lit dans la Prop. 2 : in horizonte aeternitatis et supra tempos5. prenons comment il arrive qu'au début du XIII siècle, on n'a, Mais il faut ajouter que c'est très probablement à Montpellier, e 1 Cf. E. R. DODDS, Proclus. The Elements of Theology . . ., Oxford 1933, 1 Cf. RASHDALL-POWICKE, The Universities of Europe in the middle Ages, p. xxx. Oxford 1936, vol. II, pp. 129 ss. 2 M. TH. D'ALVERNY, Les pérégrinations de l'dme dans l'autre monde d'après ' Cf. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, un anonyme de la fin du XIIe siècle, dansArch. Hist. doct. litt. M. A. 13 (1940- t. V, p. 370. 1942) 239-299. Sur la probabilité que l'anonyme soit un clerc de Tolède, cf. ibid., 8 G. RAYNAUD DE LAGE, Op. Cit., p. 33. pp. 266 s. d BRUGES, Bibl. publ. 463, f. 155 vb. 8 Cf. ibid. la planche en regard de la p. 269. s P. L. 210, col. 618 ss. a Il a enseigné à Paris autour de 1194 et est mort à Cîteaux en 1203 ; voir P. L. 210, col. 594 ss. Le P. C. BALIe, De auctore operis quod « Ars fidei en dernier lieu : G. RAYNAUD DE LAGE, Alain de Lille, poète du XII e siècle (Univ. catholicae n inscribitur, dans Mélanges De Ghellinch, t. II, Gembloux 1951, de Montréal, Publications de l'Inst. d'Ét. médiévales, vol. XII), Montréal- pp. 793-814, a essayé de montrer qu'il y aurait deux couvres sous ce titre, l'une Paris 1951. d'Alain de Lille, l'autre de Nicolas d'Amiens, mais voir la note sceptique de b Cf. P. L. 210, col. 332 et 334. Le texte très corrompu de la première cita- Mlle d'Alverny dans Arch. Hist. doct. litt. M. A . 17 (1949) 232, n. 4. tion est à lire dans BARDENHEWER, Op. Cit., p. 208, n. 3. ' Cf. De causis et processu universitatis, lib. II, tract. 1, cap. 1 ; t. X, p. 433 b Borgnet. 2 XVIII INTRODUCTION PARTIE HISTORIQUE ET DOCTRINALE XIX semble-t-il, qu'une connaissance très partielle de ce livre. On mann 1 dans un manuscrit de Barcelone, composé entre 1230 et n'en a lu que les premières propositions et ce sont toujours celles-là 1240 par un maître de la faculté des Arts. Ce dévoué professeur qui sont citées, surtout les deux premières sur la causalité et sur avait rédigé un aide-mémoire dans lequel le candidat aux examens le temps et l'éternité, qui sont utilisées par des maîtres comme trouvait tout ce qu'il devait savoir. Il y est dit que la métaphysique Guillaume d'Auxerre, Philippe le Chancelier, et qui donnent lieu s'étudie dans trois livres : la metaphysica vetus, la metaphysica chez Guillaume d'Auvergne à d'abondants développements. D'autre nova et le liber de causis, dont on donne la petite description sui- part ce fut probablement le thème de la toute première proposition vante : « et ibi agiter de substantiis divinis, in quantum sunt prin- du Liber et même son premier mot qui lui valut au XIII e siècle cipia essendi et in fluendi unam in alteram, secundum quod ibidem son titre De causis, selon une habitude qui d'ailleurs remonte à habetur quod omnis substantia superior influit in suum causatum. » la plus haute antiquité pour désigner les oeuvres d'Aristote. C'est On voit que dès cette époque, dans l'université, le Liber est rattaché sans doute assez tôt dans ce siècle que le Liber Aristotelis de boni- à la Métaphysique d'Aristote, et c'est justement à ce titre que tate paraest ainsi devenu le Liber de causis. Toujours est-il que, saint Albert a le commentera quelques années plus tard. Le dans la décade 1220-1230, notre livre est abondamment utilisé second document marque l'admission officielle du Liber dans les et par Alexandre de Halès, qui commente alors pour la première programmes universitaires. C'est la charte du 19 mars 1255 qui fois les Sentences 1 de Pierre Lombard à Paris, et par le premier règle le statut de la faculté des Arts à l'université de Paris 8, et maître dominicain, Roland de Crémone 2. Ces deux maîtres citent nous y trouvons inscrit comme texte à « lire » officiellement, parmi toujours le livre comme étant d'Aristote, ils distinguent entre la les oeuvres d'Aristote, le Liber de causis. On devait l'enseigner propositio et le commentum, Alexandre renvoie toujours au titre sept semaines durant. Disons, pour fixer les idées, que ceci arrivait Liber de causis, Roland dit tantôt in libeo de Aura bonitate, tantôt au moment même où saint Thomas lisait les Sentences à Paris, in libeo de causis. l'année de son De ente et essentia. Jusqu'à présent, nous sommes vers 1230, nous n'avons cons- Pour une part, ce fut peut-être l'influence de l'université taté qu'une utilisation relativement discrète de notre Liber de d'Oxford qui réhabilita les libei naturales d'Aristote. En effet causis. C'est qu'il tombait sous les interdictions visant les libei les interdictions de Paris ne valaient pas à Oxford ; là nous voyons naturalesd'Aristote, portées en 1210 par le concile de Paris, renou- que le Liber de causis était utilisé par Alexandre Nequam qui le velées en 1215 par Robert de Courçon, le réorganisateur ponti- cite dans son Speculum speculationum entre 1204 et 1213 et il fical des études à l'université de Paris, et encore en 1231 par le est peut-être commenté par Adam de Bocfeld . On peut tracer Pape Grégoire IX lui-même. Mais cette prohibition dût tomber son influence sur Robert Grossetête et sur Thomas d'York qui, petit à petit en désuétude, surtout après la mort de ce Pape en 1241 dans son Sapientiale, range assez curieusement l'auteur parmi et pendant la période troublée que traversa l'Eglise romaine jus- les sapientes christiani4. Cette tradition oxonienne explique sans qu'à l'élection de son successeur Innocent IV, le 25 juin 1243. Deux documents nous permettent de mesurer la place que 1 Grabmann est revenu plusieurs fois sur ce document, voir en dernier lieu : tend à prendre dans l'enseignement officiel le Liber de causis. M. GRABMANN, I divieti ecclesiastics di Aristotele sotto Innocenzo III e Gregorio IX (Miscell. Hist. Pont., V 7), Roma 1941, pp. 113-127, le texte cité, p. 116. Tout d'abord ce « livret de l'étudiant », retrouvé par M . Grab- 8 Cf. De causis.. ., lib. II, tract. 1, cap. 1 ; t. X, p. 434 a Borgnet. 8 Cf. H. DENIFLE et A. CHATELAIN, Chartularium UniverSitatiS PariSiensis..., t. I, Paris 1889, p. 278. Voir aussi le tableau très suggestif du P. J. ISAAC, Le Peri hermeneias en Occident. . ., Paris 1953, p. 82. 1 Seuls les commentaires sur les livres I et II ont été publiés (Quaracchi 1951 Sur l'enseignement d'Aristote à Oxford dans la première moitié du et 1952). On compte neuf citations prises dans l'ensemble du Liber dans le com- XIIIe siècle, cf. M. GRABMANN, Die Aristoteleskommentatoren Adam von Bocfeld mentaire sur le livre I. und Adam von Bouchermefort. Die Anfdnge der Erkldrung des « Neuen Aristoteles n Y Cf. E. FILTHAUT, Roland von Cremona, O. P., und die Anfdnge der Scho- in England, dans Mittelalterliches Geistesleben II, München 1936, pp. 138-182 et lastik im Predigerorden, Vechta 1936, pp . 76-80. surtout D. A. CALLUS, Introduction of Aristotelian Learning to Oxford (Proceedings xX INTRODUCTION PARTIE HISTORIQUE ET DOCTRINALE XXI doute pourquoi Roger Bacon, arrivant d'Oxford à Paris et jeune d'ailleurs peut-être intentionnelle à son origine, qui pendant plu- maître ès Arts, lit dans ses cours la Physique, la Métaphysique sieurs siècles a laissé sous le nom d'Aristote un ouvrage dérivé et le Liber de causis 1. Ceci se passait vers 1241-1245 et Bacon en droite ligne de Proclus. fut, croyons-nous, le premier à Paris à prendre le De causis comme Nous oublions trop facilement que « l'entrée d'Aristote », texte de base pour son enseignement. Son ceuvre, d'ailleurs peu comme l'on dit, ne correspond pas nécessairement avec la com- passionnante, est un chapelet de questions suggérées par le texte préhension parfaite de son texte. Le moyen âge n'a d'abord dis- du Liber et traitées selon la méthode classique du sic et non. posé que de textes trop imparfaits ou trop fragmentaires et ce fut Plus intéressante est la paraphrase que saint Albert a consa- lentement et progressivement que les théologiens des grandes crée à notre écrit S. C'est un traité assez considérable, qu'il faut universités acquirent une connaissance du corpus aristotélicien placer après 1246-1247 à cause des citations qu'il contient d'une suffisante pour s'en faire une idée à peu près exacte . On peut dire, traduction complète de l'Éthique à Nicomaque et du commentaire je crois, que la véritable découverte d'Aristote, ce fut saint Thomas d'Eustrate par Grossetête 3. Le seul point de cet ouvrage qu'il qui la fit lorsqu'il reçut de Guillaume de Moerbeke ces traductions importe de considérer ici est la discussion que saint Albert se mot à mot qui nous semblent à tort si barbares aujourd'hui, et croit obligé d'ouvrir quant à l'auteur et à l'origine du Liber. Mais qu'il s'appliqua au mot à mot de ce texte ; on peut observer par auparavant, pour en comprendre le sens et la portée, nous devons exemple, que, au début de sa carrière, saint Thomas lit bien souvent ouvrir une parenthèse et examiner comment le moyen âge a réagi la Métaphysique à travers le commentaire d'Averroès et ce n'est devant la fallacieuse attribution de notre texte à Aristote ; nous qu'après avoir soigneusement analysé et expliqué ce texte diffi - aurions tort de taxer trop vite d'un excès de naïveté, une méprise, cile qu'il en a eu une connaissance vraiment directe et précise. Non seulement saint Thomas a ainsi étudié la Métaphysique, mais il a fait le même travail sur le De anima, la Physique, la Politique, ovof itrhCe ABLrLiUtiSs,hi bAicda.,dpem. 1y0, ;vpoolu. rX AXdIaXm), dLeo Bnodcofne l1d9, 4c3f.. GPRoAuBr MAAlNexNa,nibdirde .,Npepq.u 1a5m4-, l'Éthique, le Perihermeneias, les seconds Analytiques, le De caelo 160 et 176 s., l'attribution du commentaire en question à Adam de Bocfeld est et le De generation1, sans compter quelques traités des Parva rejetée par le P. PELSTER et S. H. THOMSON, Cf. Medievalia et Humanistica 2 (1944) Naturalia, et il possédait donc une connaissance approfondie de C5A5-L8L7US;,piobuird G.,rpo.ss3e5têetet ,E C.fL.OCNAGLPLRUÉS,daibnisd.A,rpchp.. fr2a8nsci.s;c .p hoiusrt .T1h9o (m19a2s 6d)' Y89o7r.k, cf. l'ensemble du corpus aristotélicien. Cela aucun des prédécesseurs 1 Cf. F. VAN STEENBERGEN, Sigerde Brabant. .. II, Louvain 1942, pp. 427 ss. de saint Thomas ne l'avait au même degré que lui ; aussi nous Le texte a été édité par R. STEELE et F. M. DELoRME dans les Opera hactenus aurions mauvaise grâce de nous étonner si saint Albert range inedita Rogeri Baconi, Fasc. XII, Oxford 1935. parmi les Épicuriens Thalès et Anaxagore et parmi les Stoïciens ' Liber de causis et processu universitatis, dans les Opera omnia, éd. Borgnet, vol. X, Paris 1891, pp. 361 ss., qui reproduit le texte de l'éd. Jammy, vol. V, Socrate et Platon, et encore moins si saint Thomas tient dans les Lyon 1651, pp. 528 ss. On trouvera une bonne analyse de cet ouvrage dans M. DE Sentences Denys pour un aristotélicien et si, enfin tout le moyen W14U1L. FS,uHr liest coairrea cdteè rlae pahvielorrsooipshteie d me écdei étrvaailteé, IcIf, .6 Me é.dG.R, ALBoMuAvNaiNn-dPaanrsisM 19it3te6l,a lpteprl. i1ch3e7s- âge nomme Aristote comme l'auteur du De causis. Geistesleben II, pp. 293 ss. Cependant il semble bien que, au fur et à mesure que le moyen 8 Cf. D. CALLUS dans Rech. Théol. anc. méd. 14 (1947) 186-210, et les citations âge connut mieux Aristote, un certain doute s'éleva sur l'attri- dlieb .s IaIi,n ttr Aalcbte. r1t, dceapE. t7h, .p V. I4,4l5i bb. BI,o trrgancett.; 1 e,t c Eaups.t 2ra, tpe,. I3n6 5etah .BVoIr,g lnibet. ;IIE,t htr.aVcIt. 21,, bution au Stagirite du Liber de causis. On proposa diverses attri- cap. 22, p. 527 b Borgnet. D'autre part ce traité est certainement antérieur à la traduction par Moerbeke de l'Elementatio en 1268. En effet saint Albert ne cite 1 pas cette traduction, alors qu'il la cite abondamment dans saSomme théologique Il faut considérer les commentaires dans cet ordre, qui est croyons-nous, dont le début doit dater des environs de 1270. Il n'y a d'ailleurs rien dans tout l'ordre chronologique de rédaction, car on observe un véritable progrès dans la le traité de saint Albert qui vienne avec certitude directement de Proclus, quoi façon de commenter de saint Thomas. Certains des premiers commentaires, comme qu'en pense E. DEGEN, Welches sind die Beziehungen Alberts des Groi3en « Liber ceux sur la Politique et l'Éthique restent encore des travaux très superficiels, dPer occaluussi.s .e.t p(rDoicsess.,s uM uunniivcehrsi1ta9t0i2s)w.zur « cToLXcfwalç 9coaoywx u des Neuplatonihers pgeaulét-eê àtrel' éhpâotiqfuse. Ldee c soaminmte Tnhtaoimreassu.rle De caeloatteintune perfection encore iné-

Description:
Latin text of the Commentary on the Liber de causis by Thomas Aquinas ed Saffrey 1954
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