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Sortir de l'impasse - Qu’est-ce qui freine la transition écologique ? PDF

310 Pages·2016·1.926 MB·French
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THIERRY LEFÈVRE SORTIR DE L'IMPASSE QU’EST-CE QUI FREINE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE? À mes parents, au système éducatif français et à la société québécoise qui m’ont enseigné le respect, l’ouverture d’esprit, la curiosité et l’humanisme. REMERCIEMENTS J ’aimerais remercier ici ceux qui ont contribué de différentes façons à la naissance de ce manuscrit. Je dois tout d’abord remercier les multiples auteurs et conférenciers qui m’ont influencé et qui ont, sans le savoir, alimenté ma soif de connaissances ainsi que mes réflexions sur la planète, la civilisation et les liens qui les unissent. Je remercie également les Éditions MultiMondes pour leur aide et leur très précieuse collaboration. Les premières activités organisées par l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (Institut EDS) de l’Université Laval auxquelles j’ai assisté ont été de véritables inspirations. Au-delà de ces événements, j’ai aussi eu la chance de connaître l’Institut «de l’intérieur». Mes sincères remerciements s’adressent aux deux directeurs de l’Institut que j’ai eu la chance de côtoyer, soit MM. Philippe le Prestre, fondateur de l’Institut, et son successeur, François Anctil. Je les remercie de leur confiance et de m’avoir donné l’occasion de m’initier à des aspects du développement durable que je connaissais moins. Ma gratitude va également aux autres membres de l’Institut EDS, Jocelyne Néron, Liliana Diaz et Stéphane Turgeon, avec qui j’ai eu des discussions tellement fructueuses et des brassages d’idées si stimulants! D’autres personnes avec qui j’ai eu des échanges fertiles et de profondes remises en question doivent ici recevoir ma pleine reconnaissance: mon ami de toujours Charles-Henri Ramond, mon avisé collègue Serge Groleau, professionnel au Département de chimie de l’Université Laval, et mon indispensable frérot, Franck. Enfin, cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans la complicité, l’amour, la compréhension et le soutien indéfectible de celle qui partage mes jours et mes nuits, Édith Tousignant. Qu’elle trouve ici le témoignage de ma profonde reconnaissance. PRÉAMBULE V ivre en harmonie avec la nature, c’est-à-dire exister et s’épanouir tout en gérant les ressources de façon durable et en conservant un environnement sain, ne va pas de soi pour l’être humain. Cela a toujours représenté un défi extrêmement complexe pour les sociétés (1)* et notre civilisation1 n’y échappe pas. L’histoire montre que plusieurs sociétés ou civilisations du passé n’ont pas réussi à relever ce défi, comme ce fut le cas par exemple pour les habitants de l’île de Pâques, les Anasazis (un peuple du sud-ouest des États-Unis), les Vikings du Groenland ou les Mayas (1). Bien que les causes de ces effondrements civilisationnels ne soient pas uniquement d’ordre écologique, la détérioration de la nature y a joué un rôle déterminant (1). Les populations doivent pourtant satisfaire leurs besoins. Les besoins de base d’abord, ceux qui leur permettent de vivre (alimentation, vêtement, habitation, chauffage, santé, etc.), et ensuite ceux qui distraient l’âme et font s’épanouir l’individu, c’est-à- dire les relations sociales et la vie intérieure (l’art, la philosophie, la religion, etc.). Pour subvenir à leurs besoins matériels, les sociétés ont besoin d’espace et de matières premières (nourriture, matériaux, énergie, etc.). L’action humaine a ainsi différentes conséquences sur la nature: disparition (destruction) et modification des habitats, amenuisement des ressources et pollution. Or, actuellement, le rythme de la demande des sociétés en territoires, en matières premières et en énergie dépasse ce que la nature peut nous offrir, tandis que le flux et la pression des rejets outrepassent la résilience de la planète, de sorte que l’écosphère2 se dégrade, et ce, profondément. Autrement dit, nous épuisons et détériorons inexorablement, presque sereinement, le capital naturel. Les activités humaines ont pour conséquence une grave crise environnementale mondiale qui se manifeste par diverses crises écologiques: dégradation des océans (réduction draconienne de la faune marine, acidification des océans, raréfaction de l’oxygène des zones côtières et pollution), extinction massive des espèces et réduction des services écosystémiques, réchauffement planétaire et changements climatiques, diminution de la qualité des sols, modifications des cycles biogéochimiques (notamment ceux de l’azote et du phosphore), déforestation, crise de l’eau (disponibilité, accessibilité et qualité) et diminution de l’ozone stratosphérique. Comme ces crises sont interconnectées, elles s’influencent l’une l’autre, de telle sorte que l’aggravation de l’une peut accélérer la dégradation de l’autre. Ces crises empirent sans discontinuer depuis la Révolution industrielle et davantage depuis des années 1950, la pression de l’humanité s’étant alors décuplée. Ces crises écologiques seront présentées succinctement dans la première partie de cet ouvrage. Cette situation est le résultat d’une société techno-industrielle capitaliste hyperproductive et surconsommatrice, qui fait la part belle à l’utilisation de combustibles fossiles, à l’innovation technologique commerciale et qui valorise la possession de biens matériels. La transformation économique et sociétale qui a mené à ce système socioéconomique a été conduite par ceux que l’on appelait il n’y a encore pas si longtemps les pays «riches»3. Ces pays sont donc historiquement, pour ne pas dire moralement, responsables de la situation écologique actuelle. Si l’on ne peut les blâmer totalement d’avoir connu et insufflé un développement incompatible avec le fonctionnement de l’écosphère du fait qu’ils étaient ignorants des conséquences, on peut leur reprocher de ne pas tenter aujourd’hui d’inverser la tendance et de réduire les inégalités et la pauvreté dans le monde. Cet attentisme est aujourd’hui inexcusable, et nous allons devoir de toute façon nous employer rapidement à le corriger. Or, voici que la situation évolue et se complexifie. De nouveaux pays situés dans l’hémisphère sud, autrefois dits «en développement», emboîtent le pas de l’Occident et se développent selon le même modèle économique: Brésil, Chine, Inde et Asie du Sud-Est de façon générale. Nombre de populations voient ainsi s’améliorer leur niveau et leurs conditions de vie, comme l’ont vécu celles des pays occidentaux avant elles. Bien que leur empreinte écologique par habitant reste inférieure à celle des pays riches, leur impact global est en train de devenir aussi important. Conséquence: l’empreinte écologique mondiale explose. Si la majorité des pays adoptent ce modèle de développement tel quel, la planète aura bien du mal à y résister. Le maintien des pays en développement (PED) dans la pauvreté n’est pas acceptable, mais un développement réalisé au prix d’une dégradation environnementale tel qu’il détériore la qualité de vie des populations ne l’est pas non plus. Une chose est sûre: le mode de vie de notre civilisation ne fonctionne pas4. Les conséquences de notre aveuglement et de notre inhabileté à renverser la situation face à l’environnement ont déjà des répercussions sur la qualité de vie des populations. Mais il y a plus: l’empreinte écologique de l’humanité a désormais atteint un niveau tel que les processus qui régulent le fonctionnement de la planète en sont significativement altérés. L’humanité est devenue la principale force géophysique qui domine les transformations terrestres. C’est ainsi que des chercheurs ont proposé l’avènement d’une nouvelle époque géologique, baptisée Anthropocène, époque marquée par les effets de l’action humaine. Elle succéderait ainsi (ou même remplacerait) l’époque géologique actuelle officielle, l’Holocène. Bien que le terme «Anthropocène» ne soit pas (encore) officiellement accepté par l’Union internationale des sciences géologiques (UISG) et qu’il suscite de nombreuses questions, il est devenu rapidement très populaire, car il représente bien l’impact majeur de nos sociétés. L’espèce humaine a ainsi accédé à une taille, un niveau technique et un degré d’activité tellement élevé que si rien ne change, si les sociétés ne parviennent pas à s’adapter, à n’utiliser que ce que peut leur offrir la nature et ainsi ralentir le dérèglement planétaire, la fatalité d’un effondrement pourrait frapper notre civilisation à plus ou moins brève échéance. La civilisation est à risque et, malheureusement, l’humanité peut-être aussi… Autrement dit, la civilisation, telle qu’elle existe et fonctionne aujourd’hui, n’est tout simplement pas viable5. Ce constat, chacun l’aura fait, ou aurait dû le faire, ou devra le faire, pour lui-même, pour ses enfants et petits-enfants, pour ses proches, pour son prochain, pour les générations à venir. Ce constat étant devenu réel, la science ayant parlé claire ment6 à ce sujet, la civilisation est à la croisée des chemins. Elle doit impérativement modifier son mode de fonctionnement sous peine de se mettre elle-même en péril. Elle doit se transformer. Profondément. Comme le symbolise la figure 1, il faut faire prendre à la civilisation une autre trajectoire sociétale, une trajectoire qui la rende soutenable. Il faut amorcer le «virage vert» aussi appelé transition écologique. C’est incontournable. Or, comme l’illustre cette figure, plus le virage est négocié tardivement, plus il est difficile de devenir viable; plus la tâche est complexe, plus elle coûte cher. Figure 1 – Représentation de la différence de parcours écologique selon le moment plus ou moins tardif à partir duquel la civilisation amorce sa transition écologique. Plus elle est négociée tardivement, plus la dégradation écologique s’accentue, et plus il est difficile de parvenir à la viabilité. La flèche 3 (en traits pointillés) illustre le fait que plus on attend, plus le virage vers la viabilité est accentué (plus la transition est difficile). La flèche 1 et la flèche 4 illustrent le fait que, pour un même effort sociétal (flèches avec la même courbure), plus on reste longtemps dans un environnement altéré quand on tarde à opérer la transition écologique. Or, malgré l’ampleur des dégradations environnementales et les évidences scientifiques, malgré les démonstrations que les dégradations de l’environnement affectent la santé et les conditions de vie des populations, malgré l’évidence de la nécessité d’une transition écologique et de son urgence, et malgré les avantages économiques d’agir rapidement, une désespérante absence de réaction caractérise les individus, les gouvernements, les entreprises et les sociétés en général. L’être humain semble même jouer à la roulette russe alors que la science suspecte un possible emballement de l’état de la planète. Cette obstination à poursuivre nos activités comme si de rien n’était, contre vents et marées, ressemble à une véritable fuite en avant. Une question s’impose donc d’elle-même: devant tant de désavantages à tergiverser, devant une telle menace, pourquoi ne réussit-on pas à mobiliser les

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