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Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann-Helmholtz PDF

349 Pages·2010·1.54 MB·French
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Joël M E R K E R ÉcoleNormaleSupérieure DépartementdeMathématiquesetApplications 45rued’Ulm,F-75230ParisCedex05 www.dma.ens.fr/∼merker/index.html [email protected] Sophus Lie, Friedrich Engel et le problème de Riemann-Helmholtz Monographie 7juin2010 (ANR Physique et Géométrie xxiii+325pages à la charnière 19ème/20ème) parue aux Éditions Hermann Paris, rue de la Sorbonne Préface par Jean-Jacques Szczeciniarz1 S’il arrivait même en dormant ... qu’un géomètre inventât quel- que nouvelle démonstration, son sommeil ne l’empêcherait pas d’être vraie. DESCARTES,DiscoursdelaméthodeIVème partieA.T.VI39 (citationtiréede[26]quejedédieàlamémoiredeLaurentSchwarz). Le travail qui vous est livré est le résultat d’une réflexion qui s’ef- fectue sur trois registres, philosophique, mathématique et historique. Par ces trois voies, il doit permettre au lecteur d’entrer dans l’œuvre profonde et difficile du mathématicien Sophus Lie. Si Lie est connu pour ses travaux et ses résultats, lot commun de, domaines importants des mathématiques (théorie des groupes et algèbres de Lie), on connaît peu son œuvre gigantesque dans son ensemble, ses lignes directrices et ses objectifs, et surtout son unité. C’est à ces travaux trop vastes pour être maîtrisés, écrits en norvégien et en allemand, que la présentation de Joël Merker nous introduit d’abord. Mais le lecteur qui le suivra dé- passera le stade déjà remarquable d’une introduction : il comprendra à quelle stratégie d’ensemble obéit ce singulier mathématicien qui, dans son genre, domine la fin du 19ème siècle; le lecteur saisira aussi quelle singulièreobstinationetquelleformedepuissanceproductrice— celle d’unmathématicien — aprésidéautravaildeLie. Nousvoudrionsprésenterquelquesréflexionsquesuggèrelegenre detravailauquelnousavonsaffaire.Lestroiscatégoriesdepersonnages théoriques qui occupent l’espace des recherches qui sont présentées ici travaillentetdoiventtravaillernécessairementdanslaplusétroitecolla- boration, et pourtant, le statut de leurs productions les rend absolument autonomes.Letextephilosophiquepossèdesesénoncésetsacohérence propre, comme le travail mathématique qui est exposé et prolongé, de lamêmefaçonquelesquestionsd’histoireetd’historiographiequisont 1 Professeuràl’UniversitéParisDiderot. iv Jean-JacquesSzczeciniarz déployées devant nous. Nous nous adresserons successivement à ces troispersonnages. Auxphilosophes.Ilestimpossibledenierlelienquiexisteentrephilo- sophie et mathématiques, lien d’une nature extrêmement complexe. Ce que ne fait pas la philosophie — au stade de son histoire — et ce qui n’est pas en son pouvoir ni de son ressort : elle ne résout pas de ques- tions mathématiques. Elle ne peut que décrire et amplifier les modes d’ouverturethéoriqueàcettesingulièreetpourtantuniverselleformede penséequesontlesmathématiques.Ellenepeutquereproduiresurson propreterraindedéploiementlaréflexivitéquicaractériseletravailma- thématique en profondeur. Elle produit donc un autre type de réflexion et de réflexivité. En aucun cas comme philosophie elle ne peut recourir aux arguments d’autorité des résultats produits par les mathématiques. En revanche, le type de réflexion et de réflexivité que les mathéma- tiquesproduisentestenmesuredepermettre,etparressemblanceetpar différence, la problématisation philosophique. La divergence se mani- festelàoùlaréflexivitéphilosophiqueserepliesurelle-mêmeetsurson questionnement,eninterrogeantparexemple,lanaturedestypesd’êtres qu’elle se voit constituer, pour rejoindre de façon particulière le corpus philosophiquedequestionnementsclassiquesqu’ellerenouvelle. De ce point de vue, Riemann (et c’est aussi le cas de Lie), se situe bien en deçà, et au-delà en même temps, des philosophies mathéma- tiques qui se sont développées et opposées au début du 20ème siècle : le logicisme, l’intuitionnisme et le formalisme. Par delà les fossilisa- tions aseptisantes auxquelles elles ont donné lieu, elles présentaient elles aussi dans la virtualité de leurs déploiements et dans les dévelop- pements de leurs premiers tenants un authentique questionnement phi- losophique. Entendons-nous bien : une théorie des modèles ou même une forme de logique peut avec intérêt pour le mathématicien et pour le philosophe reproduire des résultats mathématiques sur les groupes de transformations en ouvrant des développements dans le cadre de la théorie des langages formels par exemple, cela ne ferait qu’un élément deplusàprendreencomptepourlephilosophedanssaréflexion. Ilestimpossibledenierégalementlesentimentdemalaisedansle- quellaphilosophieditedesmathématiquesmetlemathématicien.Dans la majorité des cas, il ne reconnaît rien, ni de sa pratique ni de sa théo- rie : les philosophes parlent de loin, dans le suave mari magno d’une extériorité rassurante, de mathématiques qui ne sont que rarement dif- ficiles, et même quand c’est le cas, le problème de déployer l’ouver- ture qui fait la profondeur de la difficulté n’est pas même abordé. Or la PréfaceaulivredeJoëlMerker v question de la difficulté, dans la mesure où, le plus souvent, les noda- lités névralgiques des stratégies qui mettent en jeu des pans entiers du corpus mathématiques s’y affrontent, est précisément le lieu d’excel- lence où la philosophie affleure dans la mathématisation qui s’élabore. Le mathématicien ne comprend pas, comme mathématicien, que l’on puisseparlerd’unemathématiqueachevée.Ilfaut,sionveutl’interpel- ler en philosophe, marcher en sa compagnie sur les cimes escarpées de sommetsquisurplombentlesabîmes. C’est là sans doute la difficulté que peut tenter d’affronter le phi- losophequicesseraitd’arriverenretard,àlatombéedelanuit.Cen’est pas la difficulté qui fait nécessairement valeur, quoi qu’en ait dit, en un autre sens, Platon (tout ce qui est difficile est beau), mais elle restaure une vérité des mathématiques se faisant. Pour des raisons simples qui tiennent à la nature de la réelle progression de la science qui est massi- vementsynthétique. À l’autre bout du spectre de cette description, le mathématicien ne reconnaît pas non plus ses mathématiques quand il constate le re- cours, dans une terminologie métaphysique, à une élaboration caté- gorielle qu’il perçoit comme abstraite. Il y voit, dans le meilleur des cas, un descriptif théorique divergent qui s’oppose à la nécessité qu’il éprouvecruellementd’avancerdansl’immensitédynamiquedesonap- préhension. En même temps, je voudrais attirer l’attention sur le très grand nombre de textes métaphysiques dont sont remplis les travaux mathématiques, comme si la créativité ne pouvait s’exercer sur ce ter- ritoire sans s’installer métaphysiquement. Peut-être est-ce particulière- ment frappant dans les termes de la métaphysique allemande au cours du19ème siècle. Lesdeuxmodesdediscursivitésontdistincts,l’essentieldeladis- cursivité mathématique se réalisant dans une argumentation démons- trative qui est symboliquement ou formellement transcriptible. Mais la pensée va presque toujours au-delà du démonstratif et du démontré. Même en mathématiques, le problème insiste ou subsiste au-delà de sasolution. Une partie de l’introduction de ce livre est consacrée à l’ins- tallation riemannienne. L’auteur y reprend de manière synthétique et conceptuelle le travail de Riemann dont il montre à quel point il est ex- plicitement et philosophique et mathématique. Il le caractérise d’une manière qui ne peut qu’entraîner l’adhésion des lecteurs mathémati- ciens ou philosophes : l’ouverture réflexive. Et l’ensemble de l’intro- ductionàLiedéveloppelemêmegenrethématique. vi Jean-JacquesSzczeciniarz Je reprends deux exemples. D’abord celui des groupes de trans- formations dans leur appréhension infinitésimale. Il s’agit du théorème fondamental qui dit de manière surprenante que l’intégration d’un flot local,danslecasanalytique,revientàlasommationd’unnombreinfini determesdifférentiés(p.110). Les termes qui en font la description permettent de prendre pied surleterrainphilosophiquedecequel’auteurappelleune«équivalence ontologiquefondamentale» entre groupe local à un paramètre et trans- formation infinitésimale. Il ajoute que cette équivalence «s’insèreplus généralementdansl’équivalencefonctionnelleentreledifférentielin- finitésimaletlelocalfini,toutendéveloppantlespremierséléments d’unethéoriegéométriquedumouvement». Mais cette équivalence n’est pas un principe d’égalité absolue entre deux êtres initialement distincts, et c’est sans doute là que gît le point-clé de cette philosophie des mathématiques en constitution : «l’ontologieestinterrogationendevenirsurlastructureetsurlaconsti- tutiond’unêtremathématiqueproblématique» De ce point de vue, le lecteur voit se déployer une ontologie opératoire, comme sera celle à venir de la théorie des catégories qui a construit avec la théorie des foncteurs, ce que l’auteur désigne ici. Mais il s’y ajoute aussi l’énoncé de modes d’être que le commentateur mathématicien fait apparaître au philosophe. La formule employée par l’auteur, formule qui se rapporte au type d’équivalence posée par des théorèmes comme celui-ci, est la suivante : «l’équivalence,enmathématiques,transcendetoutconcept logiqueouméta-mathématiquedetermesformelssyntaxiquementsub- stituables». Une équivalence de ce genre est posée par exemple par la transformée de Fourier quand elle passe du différentiel au polynomial, ou par le mouvement de transfert de problèmes qui est réalisé par les transformationsintégrales,lesquellespermettentdereconstituerlespro- blèmes en en fournissant des équivalents dans l’un des autres secteurs desmathématiques. La logique, syntaxiquement entendue, fait perdre la normativité intrinsèque de la théorie se construisant. Mais il faut ajouter que son objectif n’est pas initialement de capter cette normativité; plus préci- sément, elle établit une autre forme de prescription, surtout si elle se constituedel’extérieur.Danssesdéveloppementsplusrécents,elles’est pourtant dirigée vers une nouvelle intégration de la dynamique du tra- vail mathématique comme le fait e.g. la logiquelinéaire développée par J.-Y. Girard. La terminologie conceptuelle qui analyse la mathéma- tiqueentraindesefairesedoitalorsdefairesurgir,depuisl’apparence PréfaceaulivredeJoëlMerker vii métaphoriquequ’ellerevêt,laforced’entraînementréflexifparlaquelle elleétablitlanouvellesynthèse.Commeleditl’auteur:«dansl’équiva- lence,ildoitsemanifesterundifférentiel-synthétiquedupotentielinter- rogatif,commeparl’effetd’unerévélationprogressivequiautoriserait àoublier presquedéfinitivementlemembreinitialdel’‘équivalence’ pourneretenirquelemembrefinal[ces opérations sont thématisées en théoriedescatégoriesparlefoncteurd’oubliparexemple]plusrappro- ché,bienquepeut-êtreencorefortéloigné,del’essencedelachoseà comprendre». Un autre concept que l’auteur utilise, et que nous commen- çons à mettre au centre de mécanismes de compréhension physico- mathématique, est celui de brisure de symétrie. Il est lui aussi l’effet d’une absorption par le langage conceptuel mathématique de phéno- mènes de la physique théorique que nous pouvons de la sorte mettre au poste d’observateur-clé du déploiement mathématique, par exemple de la théorie essentielle de Galois. Galois, en concentrant notre attention sur la symétrie des racines d’un polynôme qu’il met sous observation, metenplaceuneprocéduredebrisuredeleursymétrie. Dans l’équivalence dont l’auteur nous propose le concept, nous effectuons également une brisure de symétrie : le concept de transfor- mation infinitésimale «élimine» en quelque sorte le concept de groupe localàunparamètre,pours’ysubstituercommeobjetd’étudeprincipal. De cette façon, nous concevons la stratégie de Lie : mettre entre paren- thèses l’intervention de l’analyse comme procédé d’intégration pour se concentrer seulement sur la classification des transformations infinité- simales. On peut alors saisir ce qui de l’infinitésimal permet de com- prendre qu’il devienne le concept moteur : il est linéaire. Il serait alors possibledecomprendrelamanièredontcethèmeetcesystèmedecom- préhension qu’est le linéaire jouent un rôle central. Et de comprendre aussi que le différentiel installe le linéaire, et de suivre une réflexion surlelinéairedansledéploiementmathématique.C’estbienlamanière dont il nous faut comprendre la notion même de développement en sé- rie. En nous plaçant explicitement sur le terrain de l’immanence phi- losophique, nous parvenons à établir des liens conceptuels avec le spé- culatifmathématiquequeconstruisentLieetEngel. L’auteur remarque (p. 117) que toute question spéculative qui ap- paraît «naturellement» est traitée par Engel et Lie au moment appro- prié, dans le continu du déploiement de la théorie. J’en tire qu’il existe viii Jean-JacquesSzczeciniarz un moment nécessaire, dans cette production mathématique, où une ré- flexionspéculativesurgit.S’agit-ild’unexcèsnécessaire,d’unecouche de pensée qui dépasse l’enchaînement des théorèmes? Et l’auteur d’en conclure : «s’ilexisteunesystématiqueduquestionnement,c’estdans lesmathématiquesd’inspirationriemanniennequisesontdéveloppées pendantladeuxièmemoitiédu19ème sièclequ’ilfautentrouverles racines,bienavantquel’axiomatiqueformelledu20èmesièclenel’en- fouissesousdesstratesdereconstitutionaposteriorietnonouvertement problématisante».C’estpourquoiilnousfautcomprendresousunautre jour la nature de la théorie hilbertienne qui vient en un sens mettre un termeàcestyledemathématiques. Aux mathématiciens. Un des principes mathématiques testé ici est ce- lui de l’introduction de la géométrie dans l’infinitésimal (il s’agit d’un mouvement historique datant du 18ème siècle mais qui s’est érigé en principe). Joël Merker analyse en détail les mathématiques impliquées par ce principe, et de ce fait, en quoi a consisté l’erreur de Helmholtz. Cette remarquable erreur apparaît clairement présentée par l’auteur et nous plonge au cœur de la théorie : «EngeletLiemontrentcombien ilestpérilleuxd’extrapolerlesaxiomessupposésvalidesdansdesré- gionslocalesd’extensionfinieausujetducomportementdepointsqui sontinfinimentprocheslesunsdesautres»(p.66).Cetteréflexionsera approfondie dans une théorie puissante des faisceaux qui reprend cette questionàtraversleconceptdecohérence. Une deuxième idée dont Lie reste métaphysiquement persuadé et dont les philosophes ne peuvent rendre compte : l’analogie de sa théo- rie des groupes continus finis de transformations avec la théorie des groupes finis de substitutions. C’est une croyance rationnelle qui peut être appellée métaphysique, car elle construit une double polarité entre uneexigenceàdévelopperdefaçontrèsprécise,etellesetrouvedeplus enracinéedanslesocledesactionsdegroupe. L’intérêtdel’étuded’untextehistoriquequiaprisplacedansl’his- toire est également purement mathématique. Prenons le cas des virtua- lités. Un des objectifs de l’étude d’un texte mathématique qui a produit seseffetsdansl’histoireréelledudéveloppementdesmathématiquesest d’en reconstruire les modes d’effectuation et de compréhension. Mais il suppose toujours que ces textes (leur contenu d’information, comme le dit Alain Connes) ne sont jamais épuisés. L’histoire réelle a fait des choix transformant une contingence donnée en nécessité a posteriori, de l’après coup. Mais si cet irréversible est scellé, rien n’indique qu’il soit unique. Et comme le montre l’auteur, il est possible et sans doute PréfaceaulivredeJoëlMerker ix nécessaire de développer d’autres mathématiques à côté de celles qui l’ont été. Dans nombre d’endroits de son analyse, l’auteur entrant dans lapenséedeLieenfournitprécisémentd’autresprolongements,quief- fectuent des trajectoires nouvelles, laissant voir ce que cette création nouvelleappelle. Il n’y a donc pas, redisons-le, de théorie morte, parce qu’il n’y a pas au cours de l’histoire de théorie qui s’isolerait de l’ensemble des théoriesmathématiques.D’oùcesretoursmaintesfoisnotésdanslapra- tique mathématique de méthodes réactualisées. Un résultat sédimenté estreprisdansl’horizondusystèmeouvertdemédiationspossiblesdans lequelestoffertetouteidéalité([26],p.112). De plus, un travail comme celui-ci met en évidence deux caracté- ristiques conceptuelles essentielles du corpus mathématique : sa puis- sance architectonique. C’est sans doute un des faits saillants de l’his- toire des mathématiques du 20ème siècle d’avoir traité cette architecto- niquecommetelle(Grothendieck,H.Cartan,Serreparexemple),cequi sevérifiedanslesnouvellesstructures,lescheminstransversaux,lestra- jectoires inter-disciplinaires, les nouvelles unités disciplinaires que les œuvres ont fait apparaître, et en même temps son aspect labyrinthique, c’est-à-dire le fait que des résultats un temps silencieux puissent res- surgir par des voies imprévues, des théorèmes se trouver redémontrés dansunautrecadreetacquérirdenouvellessignifications.Denouvelles contemporanéitéssontmisesenplace. Leplussouvent,laphilosophiedesmathématiquesofficiellelaisse malheureusementéchappercesfaitsquisontdeceuxquiparlentleplus aux mathématiciens. Je choisis par exemple la manière dont Grothen- dieck, reprenant l’analogie constatée entre la théorie de Galois algé- brique et la topologie algébrique de Poincaré (théorie des revêtements et groupe de Poincaré), construit le concept de cette analogie à travers lathéoriedescatégoriesetinventelathéoriedufoncteurfibre. Aux historiens des mathématiques. Il est d’une évidence cruelle que toute élaboration philosophique ou mathématique portant sur un texte historiquement daté doit se soumettre au critère de son historicité, si un tel critère existe; s’il n’existe pas, il faut le faire surgir. L’histoire suppose de ce point de vue que l’on puisse produire une mise à dis- tance suffisante du texte à l’étude, pour en discerner la spécificité. Le dépaysement construit de la sorte se propose toujours comme objectif de ressaisir les formes mathématiques qui ont donné sens au résultat dontonconstruitl’histoire. x Jean-JacquesSzczeciniarz Maisc’estdelaspécificitédecettemathématiquequ’ils’agit.Etil n’estpasd’histoiredesmathématiquessanshypothèsesphilosophiques explicites, ou implicites, sans choix d’interprétation, sans valorisation épistémologique. De ce point de vue, de telles hypothèses doivent pou- voir passer par le crible de l’argumentation philosophique. Mais il est d’une nécessité absolue que l’historien comprenne et conçoive les ma- thématiquesqu’ilsituedansunehistoire.Etc’estducœurdesmathéma- tiques que cette compréhension doit surgir. Et il est à la limite possible qu’une explication historique ou revendiquée comme telle induise une compréhension mathématique précisément parce qu’elle se sera insé- réedans unenouvelletrajectoireinterneauxmathématiques.Comment l’historien sait-il qu’il comprend? Comme tout mathématicien qui sait qu’ilcomprend,passeulementparl’expérienceduvrai,maisparceque ce savoir est à des niveaux différents savoir de lui-même : verum index sui.C’estensuitequelesmodalitésduvraietdel’accèsauvraipeuvent êtreextrêmementdifférentes. Il est nombre de travaux mathématiques historiques qui butent sur les questions classiques et aporétiques des bons choix de récurrence. Les réponses ne peuvent se chercher et se trouver que dans la com- préhension mathématique explicite de leur objet d’étude. Mais ce point mériteluiaussiquelquesprécisions. Ledevenirmathématiqueapparaîtd’abordcommeautonomeeten- dogène.Cettecaractérisationimplique,commejel’aiditci-dessus,tous les travaux historiques qui semblent aller dans le sens des détermina- tions extérieures. Elle ne s’y oppose nullement, mais un objet, un théo- rème, une théorie ne sont tels que dès lors qu’ils ont été installés dans ledevenirimmanentdesmathématiques.Duressortd’unecausalitéoc- casionnelle indispensable, les demandes extérieures, les formes institu- tionnelles nécessaires et contingentes, les exigences de la vie courante ne peuvent expliquer un devenir mathématique que si elles ont été re- prisesetinstallées dansle corpuspour neplus sevoiret secomprendre que comme déduites de, ou construites à partir de ce dernier. Et de ce fait, ces déterminations sont complètement transformées. Au cours de ce développement, les mathématiques, les méthodes acquièrent puis- sanceàl’égarddeleursobjets.Ellesreprennentleursacquis.Ledevenir déploie une circularité de renvois des objets aux actes et des actes aux objets. Ni découverte, ni invention. Ni succession d’inventions ni succes- sion de découvertes. Une innovation introduit un nouveau système de

Description:
des mathématiques (théorie des groupes et algèbres de Lie), on connaît Lie (Partie II), utile pour aborder notre traduction de la Division V du.
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