Table Of Content

DUPUIS Visohew el VICQ Introduction de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault DUPUIS ‘ae /R Sten oST_N | Supplément Spirou 1641 du 25/9/1969 Aprés une dizaine d’années passées auprés de Franquin, Jidéhem se consacrait désormais exclusivement & ses propres créations. Franquin s’était définitivement pris au jeu de « Gaston » et lui laissait de moins en moins de place. Et tandis que le Journal de Spirou persistait a défendre le style familial et bon enfant qui avait fait son succés, ses auteurs wen étaient pas moins touchés par le parfum de liberté ambiant. Dans le sillage de Mai-68, & Paris, une autre bande dessinée faisait sa révolution culturelle autour de Pilote et se voulait plus adulte. De leur cété en dépit d’une formule magique immuable orchestrée par lewrs dessinateurs historiques, les éditions Dupuis traversaient également une période de grandes turbulences. Franquin abandonnait « Spirou et Fantasio », Yuan Delporte était congédié de son poste de rédacteur en chef, Jijé, Paape puis Morris gagnauient la concurrence, tandis que Maurice Rosy était sur le point de quitter la profession. Le Journal de Spirou était aréinventer autour d’une nowelle génération de créatewrs ’ et la petite Sophie figurait légitimement parmi les vedettes sur lesquelles la rédaction pourrait désormais s’appuyer. Le temps des copains Panade & Champignac, Vultime tour de piste de Franquin aux commandes de « Spirou et Fantasio », fut la derniére collaboration de Jidéhem aux aventures du petit groom. Congu comme un baroud d’honneur, I’épisode avait permis de reformer provisoirement Vatelier de l’'avenue du Brésil, ot Jidéhem vint ailleurs se réinstaller deux mois durant. « Quand il a commencé Panade, se souvient-il, Franquin voulait que ce soit son dernier “Spirou”. I] avait eu un mal de chien & boucler QRN sur Bretzelburg et ne voulait plus souffrir comme ¢a, I] avait totalement perdu l’habitude de faire des décors depuis que Roba et moi lavions rejoint, Il a done commencé seul deux ou trois planches de Panade et m’a appelé a la rescousse parce qu’il ne s’en sortait plus!. » Si le coeur n’y était plus tout a fait pour Franquin, la qualité des planches et leur dynamisme concluaient magistralement la collaboration entre les deux hommes, dans une osmose graphique particuli¢rement aboutie. Mais ce qui constituait avant tout le coup de PAGES PRECEDENTES Poster paru dans le Journal de Spirou n° 1641 du 25 septembre 1969. PAGE DE GAUCHE « Les bonheurs de Sophie viennent de paraitre... J’en fais la lecture a Sophie, la vraie ! » (Jidéhem). NOUS AVONS EU BEAUCOUP DE PATIENCE PouR CE GARCON, MAIS NOUS COMMENCONS RECOMPENSES ., SAVEZ- VOUS CE QU'IL A FAIT 7 A EN ETRE Franquin dessine Sophie sur les murs de la rédaction dans le gag de « Gaston Lagaffe » n° 518, paru en juillet 1968. Jidéhem avait quitté la série depuis une année et sa signature avait disparu du générique depuis trois mois. sseialaiaesrentaeaniciaanina an} LA RIBAMBELLE Couverture de La Ribambelle enquéte, un épisode de la série de Roba réalisé en 1969 et auquel Jidéhem a grandement contribué. Il récidivera d’ailleurs trois ans plus tard pour la réalisation de La Ribambelle contre-attaque. « La photo n’est pas de tres bonne qualité, mais je l’aime bien. Ce jour-la, je portais un pull en mohair (tricoté par mon épouse) qui a suscité plusieurs gags de « Gaston », rappelez-vous ! Ha ! Ha! Jignorais que Franquin détestait le mohair et qu’il y était allergique ! » (Jidéhem). main d’un vieux complice 4 son mentor mar- quait aussi la fin d’une époque. La candida- ture de Jidéhem a la succession de Franquin fut cependant un temps évoquée, comme il se le remémore aujourd’ hui ; « Dupuis était tres tenté de me proposer la reprise de “Spirou”, moi aussi ; mais Franquin s’y est un peu opposé, pour me préserver, I] pensait que reprendre le personnage d’un autre était une erreur (il en savait quelque chose) qui me gacherait l’existence!. » Et, étant donné que, dans le méme temps, le service commercial avait enfin consenti a lancer des albums de « Sophie », Jidéhem ne manquait pas de travail, loin de la. Les aventures de la fillette se suc- cédaient done a une cadence réguliére dans le journal, pour alimenter cette collection naissante, Toutefois, Jidéhem ne renongait pas 4 mettre ses talents au service des copains, puisque c’est durant ces années qu'il vint seconder Roba pour la réalisation d’un nouvel épisode de « La Ribambelle » : « J’en ai méme dessiné deux albums entiers, précise- t-il aujourd’hui, et pas seulement les décors ! A lépoque, Roba était accaparé par “Boule et Bill” et n’avait plus tellement envie de faire “La Ribambelle”. Il m’a alors demandé si je voulais bien l’aider, m’a dessiné de vagues crayonnés et j’ai finalisé toutes les pages. De temps en temps, j’aime bien faire autre chose, ca me change de mes habitudes. Plus tard, il m’est ainsi arrivé d’aider Walthéry pour deux aventures de “Natacha”. Je dois dire que j’ai une certaine facilité & épouser le trait d’un autre. Cela dit, avec Roba, on avait des styles Z proches, dautant qu’on avait pas mal travaillé cote & céte A l'atelier!. » Ce que Jidéhem présente humblement comme une maniére de rompre le quotidien est probablement aussi un des secrets de la réu: ‘ite du Journal de Spirou des années 1960, ot la notion d’équipe n’était pas un vain mot et permettait a lhebdomadaire davoir une identité graphique forte et cohé- rente. Les collaborations anonymes des uns sur les planches des autres ne se comptent plus et attestent surtout de la complicité qui uni: les membres de cette véritable petite bande. Un copain était en retard dans sa livraison ?