ebook img

Soins et cultures PDF

253 Pages·2007·1.597 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Soins et cultures

Soins et cultures Formation des soignants à l’approche interculturelle Brigitte Tison Avec la collaboration d’Ellen Hervé-Désirat DANGER Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du «photocopillage». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établissements d’enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans LE autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. PHOTOCOPILLAGE Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adressées TUE LE LIVRE à l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie: 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. : 01 44 07 47 70. Chez le même éditeur M.-F. COLLIÈRE. Promouvoir la vie, 1982, 392 pages. M.-F. COLLIÈRE. Soigner, le premier art de la vie, 2001, 464 pages. R. MAGNON. Les infirmières. Identité, spécificité et soins infirmiers, 2006, 216 pages. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le carac- tère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). © Elsevier Masson, Issy-les-Moulineaux, 2007 ISBN: 978-2-294-08285-6 ELSEVIER MASSON S.A.S.- 62, rue Camille-Desmoulins - 92442 Issy-les-Moulineaux cedex Petit lexique Acculturation Transformation d’une culture par intégration et reformulation d’éléments étrangers. Adaptation Processus qui se réfère au savoir-faire d’un individu confronté à une situation nouvelle ou à un environnement nouveau L’adaptation signifie la capacité de l’immigré à entrer dans des structures préexistantes et à en utiliser les moyens. Il s’agit d’un processus à sens unique. L’adaptation peut se réaliser dans une position d’inégalité et de manque de participation. Anthropologie Étude de l’homme, de ses croyances et des institutions conçues comme fondement des structures sociales. Assimilation Il y a assimilation quand un groupe ou parfois, une société entière adopte ou est contrainte d’adopter les habitudes, les croyances, les modes de vie d’une culture dominante (C. N. Fisher). Culture «La culture ou civilisation, prise dans son sens ethnologique large, est cet ensemble complexe englobant les connais- sances, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes, ainsi que les autres capacités et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société». (Tylor, The origin of cultur). Dans ce sens large, les valeurs d’une société (exemples: esprit chevaleresque au Moyen-Âge, respect filial dans le confucianisme), les coutumes alimentaires (accompa- gner tous les repas avec du pain en France ou manger avec des baguettes en Chine), les rites de mariage, la langue, la religion dominante d’un pays… participent de la culture d’une société. L’anthropologie nous pousse à retenir que toute culture peut changer, qu’il n’y a pas de culture qui ne soit faite de métis- sage, d’hybridation et qui n’évolue avec le temps. Enfin, on notera que la culture nous est inconsciente et que c’est par comparaison avec les autres cultures que notre culture est mise en relief. Déculturation On parle de déculturation à propos de la dégradation des cultures traditionnelles par l’occidentalisation. Enculturation Processus par lequel un individu intègre la culture de son groupe. Ce terme, issu de l’anthropologie anglo-saxonne est proche du terme «socialisation». Ethnie Groupement dont l’unité repose sur une structure familiale, économique et sociale commune, sur une langue et une culture commune. VI SOINS ET CULTURES Ethnocentrisme Il s’agit de la tendance à privilégier le groupe social auquel on appartient et à en faire le seul modèle de référence (Petit Robert). Ethnologie Étude des ethnies. Ethnopsychiatrie Médecine qui s’attache à soigner les malades mentaux porteurs d’autres cultures que la culture occidentale. Habitus Ensemble des dispositions (comportements, style de vie…) acquises au sein du milieu social d’origine et qui vont par la suite structurer les pratiques quotidiennes. (P. Bourdieu) Identité Se rapporte à la perception que chacun à de lui-même en tant que personne en relation avec d’autres personnes avec lesquelles il forme un groupe social (famille, Église, nation). Insertion L’insertion s’oppose à l’exclusion et à la marginalité sociale. Elle peut se réaliser dans la sphère du social, en laissant intacte l’identité culturelle. Elle n’implique ni l’intégralité de l’existence ni la réciprocité de l’échange à la différence de l’intégration. Intégration Il y a intégration lorsqu’un groupe social minoritaire vivant dans une société étrangère, participe à son fonctionnement tout en gardant ses caractéristiques culturelles propres. L’inté- gration se distingue à la fois de la ségrégation (refus d’intégration) et de l’assimilation. Interculturel Terme polysémique. Au sens large, il désigne tous les processus de rencontre entre cultures. Minorité ethnique Cette notion d’identité ethnique introduit dans le concept d’identité une signification politique qui recouvre l’ensemble des éléments servant d’armes idéologiques et qui font d’une minorité ethnique ou d’une partie de celle-ci un groupe solidaire. Préjugé Jugement (positif ou négatif) formulé par anticipation, sans expérience préalable, à propos d’un objet Racisme Théorie selon laquelle il y aurait une hiérarchie de races. Socialisation Processus à travers lequel la culture d’une société est trans- mise à la nouvelle génération. Il se produit en même temps que la construction de sa propre identité personnelle. Société interculturelle Projet politique qui tend à développer une nouvelle synthèse culturelle en partant du pluralisme culturel déjà existant dans la société, pluralisme se limitant à la juxtaposition des cultures et se traduisant uniquement dans une revalorisation des cultures ethno-groupales. Soin Action ou ensemble d’actions qu’une personne décide et/ou accomplit pour elle-même et/ou pour autrui en vue de se soigner ou de le soigner (R. Magnon et G. Dechanoz). Selon W. Hesbeen, prendre soin c’est porter une attention particulière à une personne qui vit une situation qui lui est particulière et ce, dans la perspective de lui venir en aide, de contribuer à son bien-être, à sa santé. PETIT LEXIQUE VII Soignant Les soignants s'occupent de personnes en perte de santé (Y. Gineste et R. Marescotti), et tout soignant impliqué dans la relation de corps à corps et d’aide à vivre connaît l’impor- tance de la satisfaction des besoins fondamentaux sur la qualité de vie et l’influence positive sur le moral des patients (E. Malaquin-Pavan). Les soignants issus de différents corps de métiers sont des professionnels de l’aide et, selon leur formation, de la relation d’aide. Sous-culture On parle de «sous-culture» pour désigner les comportements et les valeurs spécifiques à un groupe donné au sein d’une société globale. (ex: les militaires). Stéréotype Représentation rudimentaire et simplificatrice, relativement figée, servant à caractériser un objet ou un groupe. Avant-propos «On peut partager ce que l’on a, on ne peut partager ce que l’on est». Emmanuel Lévinas La France a accueilli et accueille de nombreux étrangers venant de toutes les régions de la planète. Les professionnels, au sein des institutions (médicales, éducatives, sociales), sont confrontés à ces immigrés. Il y a une dizaine d’années encore ils venaient le plus souvent de pays anciennement colonisés (Maghreb, Afrique Noire), où la langue et la culture française avaient eu une certaine réso- nance. Ceux qui arrivent aujourd’hui ne parlent absolument pas le français et ne connaissent rien des traditions françaises. La prise en charge, de ce fait, se complexifie. Les professionnels ne comprenant pas toujours leurs comportements ou leurs attitudes se sentent désarmés face à ces nouveaux venus. De nombreux malentendus naissent de part et d’autre. Face à cette menace identitaire, la formation à l’approche des cultures est une réponse dans la mesure où elle apporte une meilleure compréhension des comportements de l’autre, mais aussi dans la mesure où elle permet de mieux se situer face à lui. L’enjeu de ces formations n’est pas seulement d’informer et de former à de nouvelles compétences, mais de réaliser une véritable «transformation», où chacun des protagonistes connaît son cadre de références, se positionne face à l’autre et adapte ses comporte- ments. Le travail sur les représentations sociales et personnelles est une des clefs de cette approche. Le temps fait partie des facteurs essentiels à la réalisation de ces changements et les formations qui ne durent que trois ou quatre jours ne le permettent pas toujours. Néanmoins, une ébauche de tels changements est possible. Introduction Les interventions demandées par des professionnels du monde médical concernant la communication et les relations intercultu- relles s’organisent autour de deux questions directrices en matière de réflexion, d’apport et d’action: Comment peuvent-ils mieux comprendre les situations multicul- turelles où ils sont impliqués et favoriser la communication? Comment peuvent-ils identifier du multiculturel conflictuel et maintenir une régulation interculturelle? Ces questions sont fondatrices de l’approche, mais aussi des réfé- rences à la démarche proposée. GÉNÉRALITÉS La réalité multiculturelle est incontournable, quels que soient les sentiments qu’elle inspire. Elle n’est en rien conjoncturelle mais résulte d’un phénomène fondamental: la constitution d’un champ humain planétaire. La France est concernée. Elle a accueilli et accueille des populations migrantes qui nécessitent l’intervention ponctuelle, voire régulière, de plus en plus de professionnels. Ceux- ci doivent gérer voire affronter la diversité culturelle en situation. Pour tous ces praticiens, la capacité d’établir une communication correcte avec des personnes et des groupes de cultures différentes est essentielle. Sinon les risques d’incompréhension, de mauvaise interprétation, les échecs coûteux à tous les niveaux et pour tous les acteurs en présence se multiplient. Parfois, ces échecs peuvent avoir des conséquences graves. La culture ne s’exprime pas seulement dans les différences de croyances, de valeurs, de normes et de mode de vie du groupe, mais aussi au niveau de l’individu dans ses manières de penser, de sentir, d’établir la communication. Elle fonde l’identité socioculturelle de la personne et, en même temps, elle subjectivise et globalise la perception des sujets relevant d’identités différentes. Par voie de conséquence, les difficultés d’une communication interculturelle se 2 SOINS ET CULTURES nourrissent de stéréotypes, de préjugés et de fantasmes, véhiculés de peuple à peuple, en fonction de l’histoire de leurs rapports. Les stéréotypes, les préjugés et les fantasmes sont amplifiés par le contexte d’exercice des métiers des professionnels confrontés à la diversité culturelle. Chaque métier sécrète ses routines défensives et chaque organisa- tion les renforce. Ces routines défensives sont omniprésentes. Elles s’auto-génèrent et s’auto-renforcent. Elles sont les obstacles les plus puissants à l’apprentissage et au changement en profondeur. Il faut ici envisager l’apprentissage à tous les niveaux: individu, groupe, inter groupe et organisation. Nous apprenons lorsque nous parvenons à détecter et à corriger une erreur et il y a erreur quand un écart apparaît entre une intention et ses conséquences effectives. Toutefois, la découverte d’un écart n’est qu’une première étape dans la voie de l’apprentissage. D’autres étapes interviennent lorsque l’erreur est corrigée de telle sorte que la correction soit durable. La correction de l’erreur peut s’envisager de deux façons. L’une consiste à modifier le comporte- ment en agissant qu’à un premier niveau. L’autre consiste à modifier les références à l’origine du comportement. Il s’agit ici de changer véritablement le programme qui fonde les comportements. C’est un véritable apprentissage à deux niveaux, un apprentissage en double boucle. Modifier l’acte sans toucher au programme fondamental qui a servi à le produire, c’est aller à l’échec, immédia- tement ou à terme. Ces programmes peuvent être considérés comme des théories d’action qui informent les acteurs des stratégies à employer pour obtenir les effets escomptés. Les théories d’action sont gouvernées par un ensemble de valeurs, qui fournissent la charpente des stratégies choisies. Identifier ces théories, c’est se donner les moyens d’accéder à une véritable compréhension de l’action humaine, c’est se donner les moyens d’une véritable éduca- tion interculturelle. L’APPROCHE INTERCULTURELLE L’approche interculturelle nécessite de surmonter l’alternative entre le conjoncturel et le structurel, l’accidentel et le permanent, l’inconscient et l’intentionnel, le marginal et le général. Elle implique de repousser en permanence les certitudes pour admettre le probable comme modalité de la connaissance. Ainsi, ce qui est INTRODUCTION 3 relatif à soi est souvent présenté comme complexe et nuancé alors qu’autrui est plus facilement identifié et catégorisé. Le «eux» est plus facilement caractérisé que le «nous». Autre difficulté de la démarche interculturelle: la tentation de vouloir trouver une cohérence, souvent artificielle, à l’objet culturel, alors que seules les contradictions, les ruptures et les discontinuités le spécifient. L’homogénéité n’est qu’un leurre. Mieux vaut apprendre à observer et analyser à partir de points de vue différents, voire contradictoires, que de rechercher à tout prix des entités harmonieuses qui ne sont souvent que des chimères. Mieux vaut apprendre à travailler non pas sur des unités abstraites mais sur des faits, des phénomènes ancrés dans le quotidien et des contextes diversifiés. Mieux vaut chercher à appréhender des situa- tions à problème en s’appuyant sur la diversité et l’hétérogénéité plutôt que s’imaginer une situation normée, censée représenter la moyenne et qui, en fait, n’est qu’une manifestation édulcorée, bana- lisée, voire mystifiée de ses propres représentations stéréotypées. Si l’approche des autres cultures ne fait que renforcer ou déve- lopper les préjugés, mieux vaut en abandonner toute mise en œuvre. LES PRÉALABLES L’interculturel se définit, non pas en terme d’objectifs ou de publics particuliers, mais comme une modalité d’analyse et d’appropriation des problèmes issus d’une situation pluraliste. Répondre au seul niveau de l’information et par une simple accu- mulation de connaissances ne servirait qu’à cautionner une démarche réductrice. La compréhension nécessite une théorie. En termes de formation, cela revient à apprendre à s’intéresser aux processus, ainsi qu’à la dynamique du changement et aux interrela- tions plutôt qu’aux contenus culturels. Il faut donc apprendre à analyser les stratégies défensives ou offensives mises en place par les individus, les groupes et les orga- nisations pour faire face à la diversité, les manifestations d’angoisse et leurs formes dérivées comme l’agression, le rejet ou le repli sur soi. Une autre conséquence, et non la moindre, de cette évolution plurielle du corps social, est la nécessité d’apprendre à communi- quer. Dans la mesure où communiquer suppose de partager un certain nombre d’implicites, la communication perd son caractère 4 SOINS ET CULTURES d’automaticité et de naturel pour devenir l’enjeu d’un apprentissage et d’une objectivation. Première étape: reconnaître et admettre l’hétérogénéité ainsi que la pluralité, non pas comme des épiphénomènes ou des compo- santes parasites, mais comme la norme. Deuxième étape: développer la capacité de percevoir les éléments significatifs de la situation de communication, tout en évitant les phénomènes de filtre culturel. Or, une des caractéristiques de la variable culturelle est justement son absence de signification systématique. Elle n’a de valeur inter- prétative qu’à partir d’un ensemble c’est-à-dire d’un contexte marqué par le social, le politique, l’histoire, le psychologique (etc.). Apprendre à communiquer revient donc à percevoir et à déve- lopper des capacités d’analyse et de synthèse, à faire face à la plasticité du comportement culturel en évitant le mythe de la filia- tion et de l’origine, en évitant la démarche totalisante qui consiste à rechercher à tout prix un sens, une valeur unique et significative, notamment d’ordre culturel. Discontinuités, mutations, ruptures et seuils représentent les nouveaux éléments de l’alphabet social et communicatif.

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.