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Socialisme ou barbarie: anthologie PDF

339 Pages·2007·9.812 MB·French
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Socialisme ou Barbarie Anthologie Ont participé au choix des articles ainsi qu'à la rédaction des textes de présentation Helen Arnold, Daniel Blanchard, Enrique Escobar, Daniel Ferrand, Georges Petit, Jacques Signorelli. Le rédacteur principal du texte de présentation de chaque partie signe celui-ci, mais ils ont été tous longuement discutés. Sébastien de Diesbach et Claude Lefort ont participé à quelques réunions et donné des conseils utiles sur certaines parties. ISBN 2-909899-28-4 Socialisme ou Barbarie Anthologie J. Amair, H. Bell, P. Brune, C. Castoriadis, S. Chatel, C. Lefort, J.-F. Lyotard, D. Mothé, Pannonicus, P. Romano, A. Véga, G. Weinberg Acratie TABLE DES MATIÈRES (Les chiffres entre parenthèses renvoient aux numéros de la revue Socialisme ou Barbarie) Préface 7 Chapitre 1 La société bureaucratique 15 Socialisme ou Barbarie (n°l) 19 Les rapports de production en Russie Pierre Chaulieu (n° 2) 36 Le stalinisme en Allemagne orientale Hugo Bell (n° 7-8) 53 Chapitre 2 Le monde du travail 63 L'ouvrier américain Paul Romano (n° 5/6) 66 L'expérience prolétarienne (n° 11) 77 L'usine et la gestion ouvrière Daniel Mothé (n° 22) 88 Chapitre 3 La crise du système bureaucratique 105 Signification de la révolte de juin 1953 en Allemagne orientale A. Véga (n°13) 107 Le totalitarisme sans Staline Claude Lefort (n° 19) 112 L'insurrection hongroise Claude Lefort (n° 20) 128 Les conseils ouvriers de la révolution hongroise Pannonicus (n° 21) 145 La restalinisation de la Hongrie Jean Amair (n° 21) 149 Récit d'un étudiant (n° 21) 150 Chapitre 4 Le contenu du socialisme 153 Sur le contenu du socialisme Pierre Chaulieu ( n° 22) 157 \ Chapitre 5 L'organisation 197 Le parti révolutionnaire (Résolution) 199 Le prolétariat et le problème de la direction révolutionnaire Claude Montai (n° 10) 203 Organisation et parti Claude Lefort (n° 26) 211 Prolétariat et organisation Paul Cardan (n° 27-28) 218 La suspension de la publication de Socialisme ou Barbarie 231 Chapitre 6 Le tiers-monde : l'Algérie et la Chine 237 Mise à nu des contradictions algériennes François Laborde (n° 24) 240 Le contenu social de la lutte algérienne Jean-François Lyotard (n° 29) 245 En Algérie, une vague nouvelle Jean-François Lyotard (n° 32) 252 La lutte des classes en Chine bureaucratique Pierre Brune (n° 24) 258 Chapitre 7 Le capitalisme moderne et la rupture avec le marxisme 275 Recommencer la révolution (n° 35) 278 De Monsieur First à Monsieur Next, les grands chefs des relations sociales Daniel Mothé (n° 40) 297 Hiérarchie et gestion collective S. Chatel (n° 37-38) 309 Le mouvement pour la liberté d'expression et les droits civiques aux États-Unis Jack Weinberg (n°40) 319 Annexes Table des matières de Socialisme ou Barbarie 326 Liste des pseudonymes 337 Biographies des auteurs 337 Préface Pour qui a participé au groupe Socialisme ou Barbarie à un moment quel- conque de son histoire longue de près de vingt ans (de 1949 à 1967), le voir aujourd'hui, ici ou là, qualifier de « légendaire », de « fameux » ou de « mythique » suscite un sentiment d'ironique étrangeté. L'ironie tient à ce que tout au long de son existence, ce groupe - et la revue du même nom dont il a publié quarante numéros - sont demeurés invisibles ou quasiment : et voilà, qu'une fois mort il devient mythique. Ironie amère : invisible ou mythique, c'est la réalité qui lui est déniée - sa réalité, car mythique, il reste méconnu, pire : il devient mécon- naissable. Aussi, à l'ironie s'associe une impression d'étrangeté : à travers cette aura de légende, celui qui a bien connu le défunt ne le reconnaît plus. C'est que, presque inconnu de son vivant, le groupe S. ou B. a été recons- truit après sa disparition comme le point virtuel d'origine à partir duquel auraient divergé les trajectoires de Lefort, Castoriadis ou Lyotard, apparus au cours des années 70 dans le ciel de l'intellectualité parisienne. Mais, plutôt qu'apparus, il conviendrait de dire qu'ils sont alors devenus visibles, la confi- guration du ciel ayant changé du tout au tout. Invisibles, le groupe et ses astres le sont restés tant que la critique de gauche, marxiste ou anarchiste, de 1U.R.S.S., des P.C. et de leurs succursales se trouvait exposée dans la presse, dans l'édition ou dans l'Université à la même censure et aux mêmes intimida- tions que dans les usines. Seulement, au cours des années 50 et 60, peu à peu, se fait jour la vérité sur les régimes des pays de l'Est ; bientôt, elle s'impose au point de rendre insoutenable leur défense et vains l'intimidation et le chantage à la réaction. L'intelligentsia redécouvre la « démocratie » et les « droits de l'homme », et les années 70 la voient saisie d'une nouvelle mission : la dénon- ciation du totalitarisme communiste. Alors, elle se reconnaît des précurseurs, et entre autres Lefort, Lyotard, Castoriadis... de surcroît - pour qui garde un tel scrupule - peu suspects de réaction. C'est ainsi que le groupe S. ou B. s'est trouvé, des années après sa dissolution, nimbé d'une gloire et d'une légende aussi aveuglantes sur sa réalité que les ténèbres dans lesquels il avait été confiné de son vivant. Cette légende est mensongère sur deux points essentiels. D'abord, le groupe n'avait pas pour préoccupation exclusive la critique des régimes dits commu- nistes, mais tout autant celle des sociétés occidentales dites libérales et il n'a cessé de travailler à l'élaboration d'une critique unitaire des deux types de régimes. En second lieu, ce n'était pas un cénacle d'intellectuels mais un groupe de révolutionnaires pour qui le travail théorique n'a de sens qu'en vue de l'ac- tion sur le plan sociafet politique. Et c'est précisément parce qu'ils se considé- 10 SOCIALISME OU BARBARIE apport plus précieux encore, l'éphémère révolution hongroise ébauchait le pro- jet d'une société entièrement autogérée, donnant ainsi un sens nouveau, pro- fondément émancipateur, au mot socialisme. Simultanément, dans l'immense Tiers-Monde, les soulèvements des peuples opprimés et exploités par les puissances occidentales, sur le mode colonial ou autrement, restauraient la dignité d'une énorme portion de l'humanité, inven- taient de nouveaux modes de lutte, violente ou non violente, et semblaient entrouvrir, pour les simples gens de ces pays, la possibilité d'une certaine maî- trise sur leurs vies. Certes, S. ou B. n'a jamais cédé aux séductions du tiers- mondisme, mais le groupe s'est efforcé de comprendre et de mettre en lumière, dans leurs ambiguïtés mêmes, les potentialités de libération que recelaient ces mouvements multiformes. Dans les pays développés aussi se faisaient jour, bien que de façon moins spectaculaire, des manifestations de contestation de l'ordre bureaucratico-capi- taliste, et S. ou B. s'est constamment attaché à les déceler et à expliciter leur sens. Dans les usines, la résistance quotidienne, sur le tas, à l'organisation du travail, aux normes, à la hiérarchie, prenait parfois, notamment en Angleterre, un tour aigu. Plus souvent que naguère, les mouvements sociaux mettaient en cause les conditions de travail et avançaient des revendications égalitaires. La jeunesse commençait à protester contre son assujettissement dans la famille, le travail, les études, et contre l'ennui et l'absurdité de l'existence à laquelle on la vouait. Enfin, cette jeunesse, étudiante surtout, se faisait de plus en plus souvent le fer de lance des mouvements d'opposition politiques, en Angleterre (lors de la campagne contre la bombe atomique), aux Etats-Unis, au Japon... En fait, plus que du Tiers-Monde, et plus peut-être même que des pays du bloc soviétique, c'est de l'Occident le plus moderne que le groupe s'attendait à voir surgir les prodromes d'un possible bouleversement social, et dans son effort pour mettre au jour les traits qui révélaient la nature profonde de notre monde et présageaient son avenir, un exemple nous inspirait : celui de Marx et d'En- gels disséquant au milieu du xixe siècle la société anglaise et y découvrant à l'œuvre la fabrique de toutes les sociétés modernes. Notre Angleterre, c'étaient les Etats-Unis. Nous suivions avec une curiosité ardente ce qui s'y passait, non seulement, aidés par nos camarades du groupe Correspondance de Détroit, les mouvements de contestation (grèves sauvages, mouvement noir, mouvement étudiant...) mais aussi les innovations du capitalisme et les idées qu'il élabo- rait pour se comprendre lui-même, notamment à travers la « sociologie indus- trielle ». L'Amérique était alors bien plus critique d'elle-même qu'elle ne l'est aujourd'hui. Dans le cinéma, la musique, la littérature s'ébauchaient bien des thèmes qui deviendraient bientôt ceux d'une critique radicale de la « vie quo- tidienne. » Nous n'avions assurément pas les œillères des militants commu- nistes ou des intellectuels dits progressistes, qui rejetaient comme réaction- naire, voire fascisant, tout ce qui venait des Etats-Unis. Mais notre marxisme originel laissait hors de notre champ visuel bien des aspects de la réalité et l'Amérique nous a en quelque sorte déniaisés, cette Amérique qui exhibait crû- ment ses interrogations sur l'organisation concrète du temps et de l'espace, sur PRÉFACE 11 les rapports entre les hommes et les femmes, les jeunes et les adultes, sur les formes et les contenus de l'enseignement... C'est là que réside l'originalité foncière du groupe S. ou B. : dans sa tenta- tive pour fonder une perspective révolutionnaire sur le mouvement même de la modernité. Tentative consciemment assumée dès le départ, mais dont les exi- gences ne se sont imposées que peu à peu. Et cela aussi se déroule comme une aventure, une aventure, cependant, qui ne s'avance pas à l'aventure, mais selon une forte logique. La rupture avec le trotskisme sur la « question de la nature de l'U.R.S.S. », comme on disait alors, entraîne d'emblée, c'est-à-dire dès le premier numéro de la revue, deux conséquences théoriques. Tout d'abord, caractériser la bureau- cratie soviétique comme une classe au même titre que la bourgeoisie exige d'abandonner le critère de l'appropriation privée des moyens de production pour définir la classe dominante d'une société capitaliste. La propriété n'est que la forme juridique, fait valoir Chaulieu dans « Les rapports de production en Russie ». (N°2). L'essentiel, c'est l'exercice effectif et exclusif de la gestion des moyens de production, y compris la force de travail. La distinction pertinente n'est donc plus entre propriétaires et prolétaires mais entre dirigeants et exé- cutants. En second lieu, si l'on dénie aux partis communistes et aux syndicats la qua- lité de représentants authentiques ou d'avant-garde du prolétariat, la question se pose de savoir où est le prolétariat, ce qu'il fait, ce qu'il veut. La réponse de S. ou B., qui marque une rupture profonde avec le léninisme, c'est que le prolé- tariat n'existe pas ailleurs qu'en lui-même et que ce qu'il fait et veut, c'est à lui de le manifester. Autrement dit, ces réponses, il faut aller les chercher à la racine, dans l'atelier, là où se forme, chez l'ouvrier, la conscience de l'exploita- tion et de l'aliénation dans le travail mais aussi de ses capacités d'intervention créatrice et d'auto-organisation dans la production comme dans la lutte. C'est là un axe de recherche que S. ou B. inaugure avec le début de la publication, dans le numéro 1, de « L'ouvrier américain », de Paul Romano, et qui sera pour- suivi longtemps, notamment avec la publication des textes de Mothé sur son expérience d'ouvrier chez Renault. Claude Lefort en théorise la portée politique dans « L'expérience prolétarienne » (n°ll, déc. 1952). Correspondence aux Etats- Unis, Unità Proletaria en Italie et un peu plus tard Solidarity en Angleterre, œuvrent dans la même voie. A leur tour, ces novations théoriques initiales en entraînent d'autres, plus radicales, qui porteront vers 1960 Castoriadis et une partie du groupe à la rup- ture explicite avec le marxisme. Dans les premières années, cependant, et jus- qu'en 1958, le cadre théorique du marxisme apparaît à l'ensemble du groupe comme non seulement utile, mais suffisant pour comprendre les réalités nou- velles - insistent sur ce point les quelques militants issus du courant bordi- guiste, comme Véga, qui ont adhéré en 1950. On peut pourtant dire que dès cette période s'accentue le glissement hors du marxisme, ou du moins hors d'un certain marxisme. Le découplage de la notion de classe de celle de propriété des moyens de production, qui a permis de qualifier l'U.R.S.S. de société capi- 12 SOCIALISME OU BARBARIE taliste, fait nécessairement passer au second plan le rôle des mécanismes objec- tifs découlant des nécessités intrinsèques du capital et l'imposition à tous les échanges de la forme marchandise. Le moteur principal de l'histoire présente c'est désormais la lutte entre les deux blocs et plus profondément, la lutte des classes. D'autre part, l'opposition entre dirigeants et exécutants, qui se lit comme une lutte des classes, n'est nullement circonscrite, comme l'est essentiellement l'opposition entre capitalistes et prolétaires, à la sphère de la production. Elle se repère à tous les niveaux et dans toutes les manifestations du fait social. En cela, elle rejoint, par certains côtés mais pas explicitement, le fond de la pensée anarchiste axée sur la lutte contre la domination. Elle va devenir, pour le groupe, l'analyseur crucial de tout ce qui se passe dans la société capitaliste, bureau- cratique à l'est, libérale à l'ouest ; si bien que, peu à peu, S. ou B. va mettre en œuvre une critique non seulement des rapports qui se nouent dans la produc- tion et qui gardent évidemment leur importance centrale, mais aussi des rela- tions entre générations, entre sexes, dans l'éducation, dans les loisirs, etc. La distance que prend ainsi peu à peu le groupe à l'égard du versant éco- nomiste et « productiviste » du marxisme, il en trouve une justification dans la constatation que le capitalisme moderne ne semble plus voué à s'effondrer sous l'effet de contradictions objectives - économiques - insurmontables (baisse ten- dancielle du taux de profit, paupérisation des masses laborieuses, etc.). De plus en plus clairement, le marxisme, pour une grande partie du groupe, se résume dans l'idée que ce sont les hommes qui font leur propre histoire et que l'his- toire des sociétés, en tout cas de la société moderne, est l'histoire de la lutte des classes. Au long des années 50, cette idée se radicalise peu à peu. La lutte des classes en vient à ne plus simplement jouer le rôle de moteur de l'évolution des socié- tés modernes elle en est la crise même, elle en est l'analyseur et elle est la matrice où se forme le projet d'une société révolutionnaire, c'est-à-dire auto- nome. Dans cette optique, la seule critique fondée que le révolutionnaire puisse formuler à l'égard de la société où il vit est celle dont les éléments lui sont four- nis par la lutte que les hommes mènent contre elle, depuis la résistance élé- mentaire et parfois inconsciente qu'ils opposent à la manipulation dans le tra- vail et dans bien d'autres circonstances de la vie, jusqu'aux affrontements massifs contre l'ordre établi. De même, les idées que le révolutionnaire peut se former à propos de la société à laquelle il aspire, il ne les trouvera ni dans l'élu- cubration utopiste ni dans une prétendue science de l'histoire, mais dans les créations du mouvement ouvrier, dans ses revendications égalitaires et dans ses pratiques d'auto-organisation et de démocratie directe. Toutes ces idées débordent, à tout le moins, le cadre marxiste. Quand Cas- toriadis les réunit en un faisceau cohérent dans « Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne » (1961) puis dans « Marxisme et théorie révolu- tionnaire » (1964), ce cadre éclate. La discussion suscitée par ces thèses a été très vive dans le groupe, entre d'un côté, principalement Castoriadis et Mothé, de l'autre Lyotard, Véga, Souyri, Philippe Guillaume (à ne pas confondre avec

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