La lecture des archives judiciaires du Régime français remet en question la vision idéalisée d'une Nouvelle-France où la vie des colons se déroulait tel un long fleuve tranquille. Le quotidien des habitants a été ponctué d'escarmouches survenant au cabaret du coin, de paroles injurieuses prononcées à la clôture contre un voisin négligent, de querelles découlant de la vente d'aliments avariés au marché, de chicanes de ménage et, à l'occasion, de pendaisons sur la place publique.
En adoptant une méthodologie située à la croisée de l'histoire et de la criminologie, Josianne Paul a voulu comprendre comment, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les habitants de Montréal et l'administration coloniale géraient les situations conflictuelles potentiellement criminalisables. En Nouvelle-France, la justice n'était pas un phénomène purement institutionnel et les colons, de même que l'administration royale, avaient à leur disposition plusieurs modes de résolution de conflit qu'ils savaient manipuler avec doigté afin de résoudre de manière durable leurs différends dans le but de maintenir l'harmonie sociale.
Josianne Paul a obtenu son doctorat de l'Université d'Ottawa en janvier 2011. Elle poursuit maintenant sa carrière au sein de la fonction publique fédérale, tout en continuant à s'intéresser à la question de la criminalité en Nouvelle-France à titre de chercheure indépendante. Son premier ouvrage, intitulé Exilés au nom du roi: les fils de famille et les faux-sauniers, 1723-1749, a été publié aux éditions du Septentrion en 2008.