Description:A la fin des annes 1280, Salimbene de Adam, enfant de Parme et franciscain de la province de Bologne, compose une Chronique, dernire et seule conserve de ses oeuvres. Le projet, plutt banal, est mtamorphos par la volont de transmettre toute l'exprience d'une vie. L'auditoire restreint, qui contient en germe une faible diffusion, autorise une libert de ton et une pratique dbride des digressions, qui font de l'oeuvre un prodigieux rservoir de choses vues. Prdicateur, Salimbene a le sens du rcit et du dtail croqu sur le vif. Jadis marqu par le joachimisme, il traque les signes, consigne et commente les prophties. Ce qu'il a vu d'espoirs et de dchirements dans l'ordre franciscain, o il a vcu un demi-sicle, de drames et d'ambitions dans la vie communale, dont il connait les ressorts et les protagonistes, de dvotions et de curiosits dans les villes et les campagnes qu'il a parcourues, il veut le transmettre. Hommes et miracles, sanctuaires et prches, chants et bons mots, joutes oratoires et travaux publics, guerres et clipses sont voques avec l'art du conteur et la science du clerc, nourri de grammaire et d'Ecriture : histoires vraies, histoires vues, histoires difiantes, insres au fil des annes et le plus souvent dans la trame de dmonstrations savantes, donnent ainsi naissance une oeuvre foisonnante et inclassable, qui tient du recueil d'autorits et du rpertoire d'histoires exemplaires, du martyrologe et du trait thologico-moral, de la chronique urbaine et du recueil de mirabilia. Salimbene arrive s'y perdre et les seuls fils que l'on suive de bout en bout sont l'apologie de l'ordre franciscain et les prceptes thiques. Sa mauvaise foi clate quand il veut noircir les adversaires et concurrents de l'Ordre, ses prjugs aristocratiques affleurent partout. Sententieux dans ses portraits et partial dans ses prfrences, toujours curieux et passionn, il livre sans dtour, mais non sans apprt, un tmoignage profondment humain.