UNIVERSITÉ DE LIMOGES ÉCOLE DOCTORALE DE SITE FACULTÉ DE LETTRES ET DE SCIENCES HUMAINES Laboratoire F.R.E.D. : Francophonie, Éducation et Diversité Thèse N° Thèse pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE LIMOGES Spécialité : Espagnol Présentée et soutenue par Anne-Charlotte ALLARD le 8 janvier 2016 RÔLES ET IMPACTS DES ACTIVITÉS MISSIONNAIRES AUPRÈS DES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES DE LA HAUTE CORDILLÈRE PÉRUVIENNE, XXE ET XXIE SIÈCLES Directrice de thèse : Professeur Dominique GAY-SYLVESTRE Co-directeur : Professeur José Carlos VILCAPOMA JURY : Rapporteurs Mme Sonia GRUBITS M. José Angel VERA NORIEGA Examinateurs M. José Carlos VILCAPOMA Mme Dominique GAY-SYLVESTRE 1 À la famille Saint-Jean 2 REMERCIEMENTS Je remercie tout d’abord ma directrice Madame Gay-Sylvestre ainsi que mon co- directeur Monsieur Vilcapoma pour leurs encouragements et l’enthousiasme dont ils ont fait preuve au moment d’initier mes recherches, et sans qui cette thèse n’aurait pas vu le jour. L’un et l’autre ont su me donner des directives et des conseils de chercheurs chevronnés qui m’ont permis de démarrer avec quelques pistes. Madame Gay-Sylvestre a toujours eu à cœur de m’encourager à faire connaître mon travail, et chaque occasion de le présenter, au sein du laboratoire et dans les événements scientifiques internationaux, ont été source de motivation pour continuer à avancer. Je tiens à exprimer de tout cœur ma reconnaissance envers les familles qui m’ont accueillie dans la haute Cordillère péruvienne et à Lima, en particulier Benita, Luciano, Elizabeth, Yuri, Elías, Dominga, Federico, Victor Luís, Flor de María, Wilfredo, Dion Manuel, Nicolasa, Mariano, Doris, Juan, Julia, Santiago, Angie, Christopher et Daniela. Elles m’ont fait confiance en m’ouvrant leur porte et nos liens restent très forts malgré la distance. Je ne pourrai jamais les oublier. Je n’oublie pas non plus les personnes, très nombreuses, qui m’ont accordé de leur temps et m’ont fait profiter de leurs connaissances lors des entretiens, elles ont été absolument nécessaires à la réalisation de ce travail. J’ai une pensée très particulière pour les institutrices du village de Chuqui, Marisol Gonzalez Ramos, María Luz Salvador Mendoza et Magali Rivera Huayta, sans qui je n’aurais pas pu m’intégrer dans mon premier village d’altitude. Par leur simple intérêt pour mon sujet, un certain nombre de personnes ont été source d’encouragements pour moi. Je pense en particulier aux résidents âgés du foyer-logement des Jardins d’Arcadie, qui, suite à une présentation de photographies prises durant mes séjours d’observation, se sont passionnés pour ma thématique, posant mille questions. Leur enthousiasme m’a beaucoup aidée. Notre rencontre, à l’initiative de mon grand-père Pierre Allard, a été d’une très grande richesse. Je pense aussi à mon amie Pascale Geffroy, qui nous a quittés avant de pouvoir lire ce volume, mais qui se passionnait pour les peuples indigènes et me rappelait le sens de mon étude dans les moments de doute. Je remercie aussi très particulièrement toute la famille Guérin-Boutaud qui m’a beaucoup soutenue tout au long de la phase rédactionnelle de mon travail. 3 Enfin, je suis très reconnaissante envers les personnes qui ont accepté de relire ma thèse à plusieurs reprises, en premier lieu mes parents Annick et Jean-Yves Allard, mes frères et sœurs Camille Wallut (avec le soutien de son époux Paul-Henri Wallut), Pierre-Antoine et Elina Allard, Clémence et Marc Bouffier, ma tante Evelyne Négrel (avec le soutien de mon oncle Gérard Négrel), ainsi qu’Anne-Sophie Tharaud, Florent Denis et frère Jean-Pierre- Marie. Je suis notamment reconnaissante envers Florie Bert, qui a eu la patience de repasser avec moi des heures durant toutes les tournures de phrase douteuses pour en trouver des correctes. Merci également à Michael Ukpong et frère Cornelius pour leur aide et leur relecture de l’anglais. Je sais également gré à messieurs Laurent Léger et Frédéric Pirault, du service d’informatique documentaire à l’université de Limoges, pour leur contribution efficace, minutieuse et cordiale à la lisibilité de ce document. Je n’oublie pas non plus l’aide précieuse et patiente de Karl Moyer pour la mise en page. Durant ce travail, ma famille et mes amis m’ont ouvert leurs maisons pour que je puisse laisser mon emploi quelques mois et m’adonner entièrement à ma thèse. Je remercie en particulier mes parents, mes grands-parents maternels Josette et Jean-Michel Sauret, mes tante et oncle Thérèse de Marles et José Sainz, ma sœur Clémence, Valérie Bolawka et mes frères des Jaumes et de Saint-Quentin, de m’avoir accueillie chez eux des semaines entières. J’ai une reconnaissance très particulière envers Lauranne Munk-Koefoed, qui a toujours veillé à garder le bureau de son atelier en ordre pour que je puisse y installer mon ordinateur ou mes livres et mes classeurs à tout moment. Je garde des souvenirs heureux de nos innombrables journées de travail ensemble, l’une à la dorure, l’autre à la thèse. L’aménagement de son atelier a correspondu au début de ma thèse, et son déménagement dans d’autres contrées coïncide avec le point final que je donne à ce volume. Puisse cette nouvelle phase, dans son travail comme dans le mien, nous rassembler encore souvent. 4 SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................................. 15 PARTIE 1 COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES DES HAUTES ANDES ............................... 28 I- PEUPLES ET ENVIRONNEMENTS ............................................................................................................. 30 II- MODE DE VIE ......................................................................................................................................... 50 III- CROYANCES ET CULTES ......................................................................................................................... 74 PARTIE 2 SPIRITUALITÉS MISSIONNAIRES EN HAUTE CORDILLÈRE ........................ 88 I- DÉFINITIONS ET CONCEPTS .................................................................................................................... 90 II- DIVERSITÉ ET RELATIONS DES ENTITÉS MISSIONNAIRES ..................................................................... 103 III- CONTRAINTES MISSIONAIRES ............................................................................................................. 136 PARTIE 3 IMPACTS DE L’ACTIVITÉ MISSIONNAIRE EN HAUTE CORDILLIÈRE ....160 I- MESSAGE MISSIONNAIRE ET ACTIVITÉS À VISÉES SPIRITUELLES .......................................................... 162 II- ACTIVITÉS MISSIONNAIRES HUMANITAIRES........................................................................................ 188 III- CONSÉQUENCES COLLATÉRALES DE LA PRÉSENCE MISSIONNAIRE DANS LES HAUTES ANDES.......... 216 CONCLUSION.....................................................................................................................................231 5 AVANT-PROPOS Terrain missionnaire particulier Notre étude porte sur les villages autochtones quechuaphones situés au-delà de 3 500 mètres d’altitude au Pérou, dans trois régions du sud, à savoir Ayacucho, Arequipa et Cusco. Figure 1 : Carte des départements1 Ces trois régions sont proches, situées toutes entre le 17e et le 18e degrés sud. Arequipa occupe le versant océanique de la Cordillère, entre une zone côtière à l’ouest et une vaste étendue montagneuse sur la majorité de son territoire. Ayacucho représente une zone tampon entre l’Ouest andin et la forêt amazonienne à l’est. Avec Cusco, toutes deux constituent des régions de Cordillère qui, à l’est, appartiennent déjà à la forêt amazonienne. Dans notre travail, nous utiliserons souvent les concepts de « communauté » et de « village ». Le terme de « communauté » peut désigner un ensemble de villages géographiquement proches et démographiquement liés entre eux. Dans ce cas de figure, elle comprend une « communauté mère » -à savoir la bourgade la plus proche- et ses « communautés filles » ou « annexes » -à savoir les villages avoisinants-, comme l’illustre le schéma ci-dessous. 1 (I.N.E.I., 2015) 6 Figure 2 : Communauté paysanne1 La communauté mère se situe généralement en aval des communautés filles. Ces dernières dépendent d’elle, notamment pour se réunir à l’occasion des fêtes. Ces communautés, mères et filles, sont autant de villages qui forment donc un tout dont le statut juridique est celui de « communauté paysanne ». Ainsi, selon le contexte, le terme de « communauté » peut faire référence à un seul village et ou bien à un ensemble de villages. Au sein d’une communauté paysanne, les familles sont apparentées, c’est pourquoi il existe de nombreux échanges. Au contraire, les liens avec les communautés extérieures sont beaucoup plus stratégiques, établis en vue d’échanges commerciaux ou de mariages. Ils sont, de ce fait, moins étroits. Le premier village qui fait l’objet de nos observations est situé à 3 900 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il s’agit de Chuqui, district de Huanta, province de Huanta, département d’Ayacucho. Trente-huit familles y habitent. 1 Schéma conçu par nos soins. 7 Figure 3 : Localisation de Chuqui, Huanta, Huanta, Ayacucho1 1 (Alpakita Producción, 2010) (GOBIERNO REGIONAL AYACUCHO, 2006, p. 22) Carte I.G.N. 2010 8 L’intérêt du village de Chuqui pour notre étude tient à la fois à son enclavement très prononcé et à l’appartenance de la quasi-totalité de la communauté au presbytérianisme. La route se situe à deux heures de marche du hameau. Elle peut être rejointe à Pampalca ou à Jano (entourés sur la carte ci-dessus), qui sont à six heures de route de la ville de Huanta, chef-lieu de district et capitale provinciale -la capitale régionale étant Ayacucho, située à une heure de route au sud de Huanta. En 2012 et 2013, le village ne disposait ni de route, ni d’électricité, sauf quelques rares panneaux solaires pour ceux qui avaient pu en couvrir les frais. Il n’est doté que d’une seule entité missionnaire, l’Église Évangélique Presbytérienne, dont le premier représentant est arrivé au début des années 1980, et est resté sur place environ deux ans1. Le deuxième village est celui de Cusibamba, district de Ccorcca, province de Cusco, département de Cusco. 1 Les habitants n’ont pas su nous fournir de données précises. 9 Figure 4 : Localisation de Cusibamba, Ccorcca, Cusco, Cusco1 1 (I.N.E.I., 2010) (I.N.E.I., 2010) Carte I.G.N. 2010. 10
Description: