PUBLICATIONS OR LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UXIYBRSITB DE STRASBOURG D I VI A V G V S TI RES GESTAE DIVÏ AVGVSTI SUIVIES DU CALENDRIER D'AUGUSTE Ont para dam la même collection : 1. — TERTULLIEN, DE SPECTACULIS, suivi de PSEUDO- CYPRIEN, DE SPECTACULIS, par A. BOULANGER. 10 fr. 2. — LES LINGONS, TEXTES ET INSCRIPTIONS ANTI QUES, par G. DRIOUX 20 fr. 3. — LA FOLIE TRISTAN DE BERNE, par E. HŒPFFNER 15 fr. 4. — LOPE DE VEGA, COMEDIA DEL PERRO DEL HOR- TELANO, par E. KÖHLER 20 fr. PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES D L'UNIVERSITÉ DE STRASROURG TEXTES D ETUDE 5 RES GESTAE DIVI AVGVSTI EX MONVMENTIS A NC YR ANO ET ANTIOCHENO LA TMS ANCYRANO ET APOLLONIENSl GRAECIS T E X TE ÉTABLI ET COMMENTÉ (AVEC UN APPENDICE ET 4 PLANCHES HORS-TEXTE) PAR J E AN G A GÉ ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOI E FRANÇAISE DE ROME MAITRE DE CONFÉRENCES A I.A FACULTÉ DES LETTRES DE STRASBOURG EN DÉPÔT A LA SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS : LES BELLES LETTRES 95, BOULEVARD RASPAIL P A R IS V IE 1935 ÖMNIBVS* . VIRIS · DOCTIS ET . NOSTRATIBVS · ET · EXTER1S ET ' VIVIS · ET - DEFVNGTIS QVI - PRAECLARAS · ILLAS ROM Α Ν AR VM · RERVM · NECNON · LITTERARVM RELIQVIAS VETVSTATE - CORRVPTAS EÜENDAS · RESTITVENDAS · INLVSTRANDAS CVRAVERVNT DEBITVM - SOLVIT · LIBENS . MERITO J. G. AVANT-PROPOS Le choix de ce texte, dans cette collection, appelle un mot de justification. Les Res gestae d'Auguste ne peuvent point passer en effet pour une œuvre peu connue ; elles ont été souvent reproduites, depuis la publication fonda mentale de Mommsen, soit dans les grands recueils épigraphiques, soit en édition séparée. Cependant, tandis que ces éditions, savantes ou soolaires, se multipliaient à l'étranger, il n'en a point paru de française depuis celle de Cagnat ,et Peltier qui fit circuler chez nous, il y a près de dnquante ans, le texte de Mommsen. Il nous a paru d'autant plus opportun de réparer cette omission que ce texte a été depuis lors très sensiblement amendé, corrigé ou oomplété, grâce aux efforts des savants, grâce surtout à la découverte, en ces dix ou douze dernières années, de fragments d'exemplaires autres que ceux d'Ancyre. Le nom même de Monument d'Ancyre ne peut plus être gardé qu'à titre de convention, et les monuments d'Antioche de Pisidie pour le texte latin, d'Apollonie pour le texte grec, sont devenus des témoins qu'on ne saurait négliger. Nous nous efforçons donc de présenter cette œuvre illustre, maie d'accès parfois incommode, dans le dernier état de son texte et aussi de son interprétation. Il nous a semblé en effet qu'un document de cette nature parti culière, épigraphique par sa transmission et historique 2 AVANT-PROPOS par son contenu, ne pouvait se passer d'un commentaire suivi. Il ne s'agissait pas de faire la somme du travail d'érudition qui s'est dépensé sur chaque paragraphe — le cadre même de cette collection ne l'eût pas permis —, mais de rappeler sommairement, au-dessous de chacun d'eux, les textes parallèles de l'Antiquité et les études modernes qui en éclairent le sens. Ainsi nous avons l'espoir d'être plus utile à ceux, historiens ou latinistes,, qui ne pourraient ou ne voudraient pas s'en tenir à la seule lecture du texte. C'est pour la même raison que mous avons fait suivre les Res gestae, sous le titre de Calendrier d'Auguste, d'un appendice où l'on trouvera réunies les données essentielles de chronologie puisées dans les fastes ou documents simi laires. Nous n'avions d'abord pensé à tirer parti de ces renseignements que pour oompléter et préciser le com mentaire de l'écrit d'Auguste, et c'est surtout ce que nos lecteurs voudront bien y chercher. Mais, à mesure que nous dressions ce calendrier, son ordonnance et ses lois nous ont paru assez curieuses pour mériter d'être étudiées en elles-mêmes. INTRODUCTION ORIGINE DES « RES GESTAE ». Lorsqu'Äuguste mourut le ig août Les écrits i4 de notre ère, à près de soixante- te^stamentaires i produisit et on lut &eze m s> on Γ« index rerÂn devant le Sénat quatre documents que gestarum *j l'empereur avait scellés l'année pré cédente et confiés en dépôt aux Ves tales. Le premier de ces documents était son testament proprement dit, par lequel il partageait sa fortune entre ses héritiers et le peuple romain. Trois rouleaux y étaient joints ; ils contenaient, « l'un des ordres relatifs à ses funérailles, le second le résumé de l'œuvre qu'il avait accomplie, résumé qu'il voulait que l'on gravât sur des tables de bronze à placer devant son mausolée, le troi sième un état de situation de tout l'empire, indiquant combien il y avait de soldats sous les 'enseignes, sur l'ensemble du territoire, combien d'argent dans le trésor, les caisses impériales, et ce qui restait des revenus publics... 1 ». De ces trois uolumina, c'est le second — ι. SuéL, Aug., ιοί,6 (éd.-trad. Ailloud, coll. G. Budé, vol. I, 1931) : ..tribus uoluminibus, uno mandata de funere suo complexus est, ALTERO INDICEM RERUM A SE GESTARUM, QUEM VELLET INCIDI IN AENEIS TABUI.IS QUAE ANTE MAUSOLEUM STATUERENTUR, tertio breuiarium totius imperii, quantum militum sub signis ubique esset, quantum pecuniae in aerario et fiscis et uectigaliorum residuis. Expressions toutes semblables chez Dion Cassms-Xiphilin, LVI, 33 (éd. Boissevain) : .. έγέγραπτο δε έν μεν τψ πρώτψ ό'σα της ταφής INTRODUCTION indicem rerum a se gestarum, dit Suétone — dont il nous faut parler. La tradition manuscrite ne nous a éptgraphijues. conservé aucun de ces précieux mé moires, qui furent assurément gardés dans les archives impériales, où Suétone aura, un siècle après, le loisir de les consulter. Mais, par une heureuse fortune, l'index rerum gestarum avait été dès la mort d'Auguste l'objet d'une véritable publication, sous la forme d'inscriptions monumentales. Toute trace est perdue de l'édition princeps, c'est-à-dire de l'exemplaire qui fut aussitôt gravé à Rome même, suivant la volonté de l'auteur ; le mausolée, 1'« Augusteo » de la Rome moderne, n'a lui-même été fouillé méthodiquement que depuis peu d'années1. Mais des copies en avaient été prises et envoyées dans les provinces, en tout cas dans celle de Galatie, en Asie Mineure, annexée par Auguste et ornée par lui de quelques colonies ; et c'est 'une de ces copies provinciales que deux voyageurs du xvie siècle, envoyés de l'Empereur Ferdinand II auprès de Soliman, furent les premiers à lire, en i555, à Angora, l'Ancyre des Anciens (aujourd'hui Ankara), sur les murs d'un temple de Rome et d'Auguste alors converti en mas quée 2. εΐ'χετο, έν δε τω δευτέρψ τα έ'ργα 'ά έπραξε πάντα, α και ές χαλκάς στήλας προς τψ ήρψψ αύτοΰ σταθείσας άναγρα- φηναι εκέλευσε '· το τρίτον, etc. ι. Voir sur ce mausolée familial, devenu la première sépulture impériale de Rome, la description de Strabon, V, 3, o. p. a3fi : cf. Hirschfeld, Kleine Schriften, p. 4^9 l Platner-Ashby, A topogr. Diction, of Ane. Rome, 1929, s. v. Mausoleum Augusti ; sur les- fouilles exécutées depuis 1926, Bartoli, Boll. d'Arte, 1927 ; Giglioli- Colini, Capitolium, n° d'octobre 1980 ; Gatti, ibid., n° de sept, ιρδ/ί; C. R. Ac. Inscr., 1928, p. 283 et suiv. L'édifice est en cours de restauration. Diverses épitaphes de membres de la famille d'Auguste y ont été trouvées (d'Octavie, de Marcellus, etc.), mais non point jusqu'ici celle d'Auguste lui-même. 2. Le temple est identifié par la dédicace du κοινό ν des Galatea : ORIGINE ' DES « RES GESTAE 5 L'inscription y est toujours,' et des Led'Ancyreen* voyageurs de plus en plus nombreux et de mieux en mieux informés sont allés la lire : sous Louis XIV, les Français Tournefort (1701) et Lucas (1705) en rapportèrent de premières copies. La première publication sérieuse en fut faite au siècle dernier par Georges Perrot et Edmond Guillaume, au retour de la mission scientifique qu'ils accomplirent en 1861 sur le territoire des provinces de Bithynie et Galatie. Une vingtaine d'années après, Humann, consul d'Allemagne à Smyrne, en prenait d'excellents moulages, aujourdijhui conservés au musée de Berlin, qui permirent à Mom/nsen d'établir le texte de sa seconde édition, en i8831. Le « Monument d'Ancyre » devenait illustré, et n'a plus cessé d'occuper les savants. Ce monument est double : il comporte un texte latin et un texte grec. Le texte latin est gravé en six colonnes sur les deux murs intérieurs du pronaos du temple ; son titre, disposé en trois lignes au-dessus des trois oolonnes du mur de gauche, indique expressément que l'inscription est une copie de l'exemplaire romain, tel qu'il est gravé θεψ Σεβαστώ και Οεα 'Ρώμγι (C. I. Gr., 4o3g et add., p. 1109) ; suivant les usages de l'Orient, il a été élevé du vivant même d'Au guste ; les Res gestae ont donc pu et dû y être gravées dès le début du règne de Tibère. — Il n'y a pas lieu de rapporter à ce temple le passage de Josephe, Antiq. jud., XVI, 6 [10], relatif à l'affichage d'édits d'Auguste dans un sanctuaire consacré par le κοινό ν de la province d'Asie, passage où le nom d'Ancyre ne figure d'ailleurs qu'en vertu d'une correction. — Pour la description de YAugusteum. d'Ancyre, cf. Guillaume, dans Perrot-Guillaume, Exploration archéologique de la Bithynie et de la Galaiie, Paris, 1872, I, p. 295-312, et II, pl. i3-3i. A la suite d'un séjour fait à Ancyre en 1926 et 1928, M. Schede (voir note suivante), prépare actuel lement une monographie du temple, en collaboration avec M. Krencker (renseignement de l'auteur). I. Sur les photographies récentes prises par M. Schede, directeur de l'Institut allemand de Stamboul, et sur l'usage que nous en avons- fait pour établir cette édition, voir plus loin, 5e partie, où .Foin trouvera aussi des indications plus précises sur l'histoire du texte.