Volume 17 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1976 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 17 Autour de la Souvenirs d’enfance et de jeunesse. À / Cahiers renaniens (Nizet, 1971-1973, 6 fasc. Renan (Ernest) parus). son retour vont paraître les Apôtres « Vie de Jésus » (1866), Saint Paul (1869), l’Antéchrist Écrivain français et historien des reli- En 1860, le gouvernement impérial le (1873), les Évangiles (1877), l’Église gions (Tréguier 1823 - Paris 1892). charge d’une mission archéologique en chrétienne (1879), Marc Aurèle (1881). Renard Syrie : celle-ci durera une année. Les C’est la plus vaste synthèse du christia- Une vocation manquée fouilles trop rapides et mal conduites nisme qui ait été jusqu’alors présentée (Renan n’était pas archéologue) ne Mammifère carnivore sauvage voisin dans notre langue. Issu d’une famille modeste que la mort donneront pas des résultats de premier du Chien. du père, en 1828, a plongée dans la La chute de l’Empire rend à Renan ordre. Mais en Syrie Renan pense à la Le Renard est digitigrade. Ses gêne, Ernest Renan est élevé par sa son poste de professeur au Collège de Palestine voisine : l’occasion de visi- 4 pattes sont munies de 5 doigts aux mère et sa soeur aînée, en dehors de ter le pays où a vécu Jésus s’offre à lui France (17 nov. 1870). De ses travaux antérieurs et de 4 aux postérieurs, toute influence masculine. En 1832, il (avr.-mai 1861). Devant le paysage, épigraphiques sortira le Corpus ins- toutes portant des griffes, ni rétractiles entre au collège ecclésiastique de Tré- qui lui révèle un « cinquième évan- criptionum semiticarum (Corpus des ni coupantes. Comme chez tous les inscriptions sémitiques), dont il aura guier ; doué pour les études, il obtient gile », il a le sentiment de mieux saisir Canidés, les glandes sudoripares font l’initiative et dont il assurera l’éta- en 1838 une bourse pour le petit sémi- l’« éminente personnalité » de Jésus. défaut sur le corps, mais se localisent naire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet Avant de revenir en France, il esquis- blissement pour la partie phénicienne. en des points précis comme les espaces à Paris. L’idée de se faire prêtre est sera en Syrie même un premier projet Publié sous les auspices de l’Académie interdigitaux. la conséquence naturelle de son édu- de sa Vie de Jésus. des inscriptions, le C. I. S. comptera La denture est forte. La formule den- de 1881 à nos jours 55 volumes. C’est cation première et de son orientation Peu après son retour, il est nommé taire est : l’oeuvre de Renan la moins connue, scolaire. professeur au Collège de France, à la mais c’est la plus durable. Après un séjour de deux ans (1841- chaire d’hébreu (11 janv. 1862). Sa leçon inaugurale a lieu le 22 février. Après avoir retracé l’histoire des 1843) au séminaire d’Issy-les-Mou- On sait le passage qui provoqua le cent cinquante premières années du Les molaires placées en arrière de la lineaux, où il étudie la philosophie, scandale : « Un homme incomparable christianisme, Renan entreprend d’étu- carnassière sont menues et broyeuses. il passe au séminaire de Paris, place si grand que [...] je ne voudrais pas dier le mouvement religieux qui en Saint-Sulpice, et aborde la théologie Le Renard mesure environ (queue contredire ceux qui l’appellent Dieu a été le préliminaire. L’Histoire du et les études bibliques. Il connaît alors comprise) 1,25 m de long pour une [...] ». Ce fut un beau chahut qui se peuple d’Israël paraît de 1887 à 1894 ; une crise religieuse. D’ordre intellec- hauteur au garrot de 35 à 40 cm. Sa tuel d’abord : face aux données tradi- termina par des manifestations dans la elle compte cinq volumes, les deux queue est assez longue ; portée en pa- tionnelles du dogme et de l’exégèse rue. Quatre jours après, le cours était derniers sont posthumes. Pour porter nache, elle peut atteindre de 40 à 50 cm catholiques se dressent les idées de la suspendu. un jugement équitable sur ces livres, de long. C’est dans cette atmosphère troublée il faut se rappeler qu’ils ont été écrits critique rationaliste, qui nie le surna- Si le Renard a l’aspect d’un Chien de que paraît, le 24 juin 1863, la Vie de alors que les fouilles méthodiques du turel. D’ordre psychologique ensuite : taille moyenne, il en diffère nettement Jésus. Le succès de cette oeuvre sera sol palestinien commençaient à peine engagé trop jeune dans la voie de la l’hiver par une fourrure particulière- impressionnant, autant que la violence et que l’auteur a ainsi manqué d’élé- prêtrise, Renan prend conscience qu’il ment fournie. des attaques qu’elle aura à soutenir. ments de contrôle historiques et ar- n’accepte pas les obligations du sacer- Son museau pointu est orné de belles Renan posait pour la première fois sous chéologiques. L’étude sur les origines doce. Les études d’hébreu et d’his- moustaches, ses yeux sont obliques, à une forme accessible au grand public d’Israël, notamment, s’en ressent. toire qu’il poursuit parallèlement au pupilles ovales et verticales de couleur le problème de Jésus. Pour expliquer séminaire Saint-Sulpice avec Monsieur Parvenu au faîte des honneurs fauve, parfois jaune clair. Vu de face, cette réussite, on a beaucoup parlé du (membre de l’Académie française en Le Hir et au Collège de France avec le Renard a la tête ronde comme celle charme littéraire de l’auteur. En réalité, Étienne Quatremère l’éloignent chaque 1878, administrateur du Collège de d’un Chat, avec deux plis verticaux Renan a su voir que le public ne com- jour plus loin de sa foi. Après bien des France en 1883), Renan partage avec à la racine du nez. Ses oreilles, assez prend pas les lacunes de l’histoire et se hésitations, il quitte Saint-Sulpice le Taine l’honneur de représenter aux longues, recouvertes d’un poil fin et résigne mal àne pas savoir. Aussi s’est- 9 octobre 1845. yeux de l’étranger l’intelligence fran- soyeux, sont de velours. il attaché à reproduire non pas tant les çaise. Mais les Drames philosophiques Les premiers temps seront diffi- résultats fragmentaires apportés par les Son pelage est variable suivant la (Caliban, l’Eau de jouvence, le Prêtre ciles. Tout en assurant les fonctions de documents, mais l’impression que ces saison. En hiver, il est très fourni et de Némi, et l’Abbesse de Jouarre, écrits répétiteur dans un cours privé, Renan documents eux-mêmes ont laissée dans l’animal paraît alors plus gros et plus de 1878 à 1886 et réunis en volume en travaille à obtenir ses grades universi- son esprit. Il dit comment il a compris grand. Les poils de son dos ont les 1888) nous livrent les méditations d’un taires : en septembre 1848, il est reçu les choses ; non sans talent, il supplée extrémités blanches, sa queue aussi homme qui sent la mort venir et qui es- aux insuffisances de l’histoire. est bien fournie et terminée de poils premier à l’agrégation de philosophie. saye de trouver une réponse, en dehors blancs. La fourrure d’hiver est très Il rédige à cette époque (1848-49) une de toute dogmatique, aux problèmes L’époque des grandes recherchée pour la pelleterie. étude sur la connaissance scientifique métaphysiques que n’avaient pu ré- qu’il publiera en 1890 sous le nom de oeuvres et des honneurs Au bas du dos, à la racine de la soudre ses maîtres de Saint-Sulpice. l’Avenir de la science. De nombreux queue, se trouve une glande à musc La Vie de Jésus n’était que le premier I. T. très développée, surtout chez les mâles. articles et travaux (dont deux cou- volume d’une Histoire des origines J. Pommier, Renan d’après des documents ronnés par l’Institut) l’ont déjà fait On rencontre surtout le Renard en du christianisme qui comprendra sept inédits (Perrin, 1923) ; la Pensée religieuse de connaître et, en 1852, il devient doc- volumes plus un volume d’index. Pour Renan (Rieder, 1925) ; la Jeunesse cléricale d’Er- terrain sec et à proximité des forêts, teur ès lettres avec une thèse sur Aver- nest Renan. Saint-Sulpice (Les Belles Lettres, mais il préfère les petits bois, les brous- mener à bien la continuation de son 1933) ; Un itinéraire spirituel. Du séminaire à roès et l’averroïsme. Par sa traduction sailles, en lisière desquels il peut faci- oeuvre, Ernest Renan reprend le bâton la Prière sur l’Acropole (Nizet, 1972). / H. Psi- du Livre de Job (1858) et son étude sur de pèlerin et visite l’Asie Mineure et la chari, Renan d’après lui-même (Plon, 1937). / lement chasser. Il aime aussi le voisi- le Cantique des cantiques (1860), le Grèce, berceau des premières commu- R. Dussaud, l’OEuvre scientifique d’Ernest Renan nage des lieux habités, où il peut avoir (Geuthner, 1951). / H. Peyre, Sagesse de Renan l’espoir de dérober quelque volaille. jeune hébraïsant vise à mettre à la por- nautés chrétiennes et dont il rapporte (P. U. F., 1968) ; Renan (P. U. F., 1969) ; Renan tée des non-spécialistes les problèmes les éléments de la fameuse Prière sur Le Renard est surtout de moeurs noc- et la Grèce (Nizet, 1973). / K. Gore, l’Idée de de la critique biblique. l’Acropole, publiée en 1883 dans les progrès dans la pensée de Renan (Nizet, 1970). turnes ; cependant, dans les endroits 9337 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17 tranquilles, il sort volontiers le jour ment pour faire bondir rapidement les pour aller à la chasse. renardeaux vers le terrier. Son habitat est un terrier qui est Le Renard a une odeur musquée vio- souvent partagé avec un autre animal, lente et très particulière qui le caracté- un Blaireau parfois. Il s’installe volon- rise et qui s’établit quand l’animal de- tiers dans un terrier de Lapin, qu’il se vient adulte. Le terrier en est imprégné, charge d’agrandir à sa convenance. De les déchets alimentaires qui traînent toute façon, ce terrier a toujours plu- devant le terrier également. C’est cette sieurs issues. Près de l’entrée, le Re- odeur très tenace qui le fait détecter par nard a un poste un peu élevé, d’où il les Chiens. peut surveiller ce qui se passe à l’exté- rieur : c’est la « maire » ; puis une gale- Le Renard dans rie plus ou moins longue conduit à une l’économie humaine chambre à provisions, « la fosse » ; un peu plus loin se trouve le nid (comme Le Renard est un animal de chasse, sur- il est situé au fond, on l’appelle aussi tout en Angleterre, où on le chasse à l’« accul »). Toutes ces chambres com- courre. muniquent entre elles par de longues Sur le continent européen, il a été galeries judicieusement disposées : ce aussi un animal de chasse. Sa fourrure sont les « fusées ». est très estimée, mais ce sont surtout Rôdant de jour en quête de nourri- les Renards des régions circumpolaires ture, le Renard marche au trot ; c’est là qui sont à l’heure actuelle utilisés en son allure normale. Mais c’est surtout à pelleterie. L’élevage a subi des varia- la tombée du jour qu’il chasse les petits tions du fait des conditions de la mode. Rongeurs : Souris, Rats, Campagnols, En France, on considère le Renard Écureuils, Lapins, Lièvres, des ani- comme un animal nuisible. En effet, il maux de basse-cour quêtant leur nour- a introduit depuis mars 1968 une grave riture en liberté (volailles), de jeunes épizootie de rage*. agneaux aussi ; il apprécie moins les Insectivores (Taupes, Musaraignes), On détruit les Renards avec des mais plus volontiers les Batraciens pièges, des armes à feu en battues or- (Grenouilles, Crapauds) et les Escar- ganisées, avec des appâts empoison- gots quand il n’y a plus autre chose à nés à la strychnine. Le procédé le plus manger. À la belle saison, il devient efficace est le gazage des terriers à la donne naissance était unique et totale mélange initial, suivant les lois qui végétarien, il aime les fruits, les baies, chloropicrine, mais il faut pour cela un (c’est aussi bien un rapport de masses). régissent le déplacement de l’équi- les framboises, les mûres et surtout le personnel très expérimenté. Il est défini pour le produit recher- libre. Ainsi, en application de la loi raisin, dont il abîme les grappes pour y P. B. ché, par rapport à l’un des corps de Van’t Hoff*, le rendement à l’équi- choisir les grains les plus mûrs, même R. Hainard, Mammifères sauvages d’Eu- réagissants, ordinairement le plus libre est, à p constant, une fonction la nuit. rope, t. I (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, coûteux ; ainsi, dans la préparation croissante de la température pour une 1948 ; éd., 1961). / A. Schmook, Vie et moeurs 2e On rencontre quelquefois des du chlore par le procédé Deacon, réaction endothermique (par exemple du renard (Payot, 1954). / S. Jacquemard, Des couples, mais le Renard vit plutôt Renards vivants (Stock, 1969). 4 HCl + 2 + 2 le rende- C + 2 CO [fig. 1]), décrois- O2 Cl2 H2O, CO2 solitaire en dehors de la période des ment est défini pour le chlore, par rap- sante pour une réaction exothermique amours, qui se situe de la fin de janvier port à HCl introduit, l’oxygène étant (par exemple + 3 2 N2 H2 NH3). au début de mars. Après une gestation celui de l’air. En application de la loi de Le Chate- Renard (Jules) de 49-55 jours, la renarde met bas de 3 lier*, une augmentation de pression à Le rendement est donc un nombre, à 12 petits ; la moyenne des nichées est T constant accroît le rendement d’une compris entre 0 et 1, égal à 1 dans le de 5 petits. Ceux-ci naissent aveugles F NATURALISME. cas où la réaction est unique et totale, réaction qui s’effectue avec diminu- et ne commencent à voir clair que vers inférieur à 1 s’il existe des réactions tion du nombre de moles gazeuses (par le 12e jour. La renarde les allaite avec parasites, ou encore si la réaction qui exemple : synthèse de [fig. 2]). NH3 soin, ses mamelles sont au nombre de donne naissance au produit cherché En application de la loi d’« action de trois paires pectorales et abdominales. Renault est limitée et conduit à un équilibre masse », si le mélange est homogène Mais, de très bonne heure, elle leur fait chimique. et si v et T sont constants, un excès manger de la viande prédigérée, qu’elle croissant de l’un des corps du premier F AUTOMOBILE. Dans ce dernier cas, très important, leur régurgite parfois devant le terrier. membre (autre que celui par rapport il est essentiel de connaître les facteurs Le mâle ne semble pas toujours s’inté- dont dépend le rendement, et comment auquel est défini le rendement) accroît resser à ses petits. le rendement à l’équilibre ; par contre, on peut améliorer celui-ci. Le cri du Renard est le glapisse- rendement d’une le rendement théorique ne dépend pas On peut d’abord faire abstraction ment ; c’est un aboiement rauque. de la présence éventuelle de cataly- du temps nécessaire pour atteindre réaction L’animal émet aussi parfois un jappe- seurs, puisque ceux-ci (v. catalyse) l’équilibre, et supposer celui-ci réa- ment répété plusieurs fois. n’agissent pas sur la limite, mais seu- lisé. Le rendement correspondant, th, lement sur la vitesse avec laquelle elle Quand la renarde joue avec ses pe- Rapport du nombre de moles obtenu dit rendement à l’équilibre ou ren- est atteinte. tits, elle émet des gloussements de sa- d’un des produits de la réaction au dement théorique, dépend, pour une tisfaction. Si d’aventure un événement nombre de moles que l’on obtiendrait réaction donnée, de la température, Dans la pratique (dans l’industrie), subit la dérange, elle émet un aboie- de ce même corps si la réaction qui lui de la pression, de la composition du la nécessité de produire oblige à limiter 9338 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 17 Expression du rendement vence (1434-1480), duc effectif de Bar (1430-1480), duc de Lorraine (1431- maximal 1453), roi effectif de Naples (1438- 1442), roi titulaire de Sicile (1434- 1480), roi nominal de Jérusalem. On a et étant les quantités de chaleur Q1 Q2 La jeunesse échangées par le fluide moteur avec les sources. Il résulte du théorème de Car- Deuxième fils de Louis II d’Anjou, roi not que est fonction uniquement |Q2|/Q1 de Sicile, et de Yolande d’Aragon, qui des températures et des sources, et 1 2 le met au monde au château d’Angers cela quelle que soit l’échelle de tempé- le 16 janvier 1409, orphelin de père ratures choisie. On démontre d’ailleurs dès 1417, il est marié en 1420 par son que l’on a impérieuse mère à Isabelle, fille du duc de Lorraine Charles II. Il est alors placé sous la tutelle du cardinal Louis de Bar, la fonction f dépendant de l’échelle le temps de réaction ; le rendement ob- pour son fonctionnement ; celle-ci est auquel il succède en 1430. À la mort choisie. tenu, dit rendement pratique ne peut l’énergie de combustion de charbon, de Charles II, en 1431, il veut prendre p, Lord Kelvin a profité de cette re- qu’être inférieur au rendement théo- de pétrole ou de gaz, apparaissant sous possession du duché de Lorraine en marque pour définir des échelles de rique ; il dépend des mêmes facteurs forme de chaleur dans le foyer et trans- arguant des droits de son épouse Isa- températures T dites « thermodyna- que ce dernier et du temps de réaction, belle ; mais ces droits sont aussitôt mise à la chaudière, source chaude du miques » par la relation f () = T, ou c’est-à-dire du débit d. La production contestés en Lorraine par Antoine de moteur. encore : = (v. tempéra- horaire P = k · · d est proportionnelle |Q2|/Q1 T2/T1 Vaudémont, le plus proche parent en p Dans le fonctionnement d’un mo- ture). Dès lors, on a, pour le rendement à et à d, qui varient en sens inverses ligne masculine de Charles II. René est p dans des conditions données. Pour un teur réel ditherme, il existe diverses maximal battu et fait prisonnier à Bulgnéville débit donné, on a intérêt à atteindre causes qui abaissent ce rendement : en juillet 1431 par son compétiteur, une valeur de aussi élevée que pos- pertes de chaleur, frottements méca- et étant les températures thermo- que soutient le duc de Bourgogne, p T1 T2 sible, ce qui oblige à se placer dans des niques... Il est donc naturel de recher- dynamiques des sources, respective- Philippe III le Bon ; il doit livrer ses conditions où est important : cher quelle amélioration du rende- ment chaude et froide. On voit en par- deux fils Jean et Louis comme otages th a) si la réaction est endothermique, il ment apporterait la suppression de ticulier que, étant donné, croît afin d’obtenir sa libération. Confirmé T2 max suffit souvent d’élever la température, ces causes, c’est-à-dire d’envisager avec à Bâle en 1434 dans son titre de duc T1. ce qui accroît en même temps la vitesse de Lorraine par l’empereur Sigismond le rendement d’un moteur ditherme REMARQUE. Le mode traditionnel de réaction et permet d’augmenter le de Luxembourg, il est de nouveau in- idéal où les pertes de chaleur seraient précédent de définition du rendement débit ; carcéré en 1435 par Philippe le Bon, supprimées et où les transformations théorique a de quoi surprendre, ainsi b) si la réaction est exothermique, qui ne le libère contre rançon qu’en th que le fait, conséquence de la défini- du fluide moteur seraient, au cours de novembre 1436. n’est important qu’aux basses tempéra- tion, d’après lequel le rendement du chaque cycle, réversibles. Un cycle tures, où la vitesse de réaction est très moteur thermique réversible est dif- ditherme réversible, ou cycle de Car- Les ambitions faible : on doit faire usage d’un cataly- férent de 1, alors que, par définition seur. Celui-ci cependant ne supprime not*, est obligatoirement constitué de napolitaines même du moteur réversible, la trans- pas toute contrainte, et son efficacité deux transformations isothermes au formation inverse, c’est-à-dire le fonc- Duc d’Anjou et comte de Provence de- est nulle aux très basses températures. contact des sources chaude et froide tionnement en machine frigorifique puis la mort de son frère aîné Louis III, Il en est de même de : celui-ci, très et reliées entre elles par deux transfor- p idéale, est possible sans pertes. En fait, le 15 novembre 1434, René hérite des faible aux extrémités de l’échelle, mations isentropiques. la réversibilité du moteur thermique droits de ce dernier au trône de Naples passe par un maximum pour une cer- Le théorème de Carnot apporte, sur s’étend bien aux sources chaude et à la mort de la reine Jeanne II, le 2 fé- taine valeur de T qui dépend du débit ; le rendement théorique d’un moteur froide, chaudière et condenseur, mais vrier 1435. Au nom de son mari pri- la figure 3 montre, pour la synthèse de nullement au foyer, non plus qu’à la sonnier, Isabelle de Lorraine accueille utilisant un tel cycle, d’importantes sous pression donnée et avec un NH3 réaction chimique de combustion alors en Provence les représentants na- précisions, en affirmant : tous les mo- certain catalyseur, la variation de en p dont celui-ci est le siège : une trans- politains et accepte l’offre du trône qui teurs dithermes réversibles fonction- fonction de la température et du débit. formation foncièrement irréversible, lui est faite. Elle arme une petite flotte, nant entre les mêmes températures On doit donc, pour une réaction et un transformation d’énergie chimique en s’assure l’alliance du duc de Milan, catalyseur donnés, choisir les condi- ont le même rendement (rendement de chaleur avec cession de cette chaleur à seigneur de Gênes, et entre même à tions (T, p) et le débit qui assurent Carnot) ; celui-ci est indépendant de la un récepteur monotherme (foyer), puis Naples le 18 octobre 1435. la production horaire la plus élevée, nature du fluide (eau, mercure...) qui de là à un autre (chaudière), entache Bien que gravement menacée par compatible avec une bonne marche de décrit le cycle et ne dépend que des d’irréversibilité le cycle de transfor- les forces de son compétiteur, le roi l’installation. températures des sources chaude et mations du système entier ; or, c’est d’Aragon Alphonse V le Magnanime, R. D. froide. ce dernier système qui est implicite- Isabelle réussit à conserver son héri- ment considéré dans la définition du tage à son mari le temps de sa cap- Ce théorème est démontré comme rendement. tivité. Ce dernier, libéré des geôles une conséquence des principes de la R. D. bourguignonnes en novembre 1436, rendement thermodynamique*. Il en est de même bénéficie aussitôt du soutien actif des de son corollaire : si le cycle ditherme thermo- Provençaux et de l’appui des Génois, comporte une part d’irréversibilité, qui l’aident à équiper une flotte avec dynamique René le Bon le rendement correspondant est infé- Ier laquelle il entre à son tour dans le port rieur au rendement de Carnot entre les de Naples le 19 mai 1438. Brisant Rapport du travail que fournit un mo- mêmes températures ; ce dernier est (Angers 1409 - Aix-en-Provence une contre-offensive des Aragonais, teur* thermique à l’énergie mise en jeu donc le rendement maximal. 1480), duc d’Anjou, comte de Pro- contraignant leur garnison du Castel 9339 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17 Nuovo à capituler enfin en août 1439, napolitaines. Une expédition menée petit-fils René de Lorraine (fils de sa femme Jeanne de Laval et, en 1478, un il ne peut empêcher pourtant ses ad- contre Venise à l’appel de Milan et Yolande), auquel il ne lègue que le Portement de Croix commandé par René versaires de conquérir son royaume, de Florence (été 1453 - févr. 1454) duché de Bar, et son neveu Charles du d’Anjou lui-même pour l’église des Céles- tins d’Avignon. d’occuper Naples en juin 1442 et enfin tourne court. De retour en Provence Maine (fils de son frère cadet Charles), d’assiéger le Castel Nuovo, dont il en mai 1457, après un séjour de trois auquel il laisse l’Anjou, le Maine et la Dans le domaine littéraire, René d’An- s’échappe sur des navires génois. ans en Anjou, René tente en vain de Provence en raison de sa plus grande jou protégea plusieurs écrivains, comme maintenir la domination française sur maturité. S’estimant lésé, son neveu Antoine de La Sale, précepteur de son fils aîné. Il échangeait des poèmes avec Le duc d’Anjou Gênes, qui s’est placée sous la tutelle Louis XI (fils de sa soeur Marie d’An- Charles* d’Orléans, qu’il reçut à Tarascon de Charles VII par le traité d’Aix de fé- jou) saisit alors en 1475 les duchés de De retour en Provence, René y lève en 1447. Il encouragea les représentations vrier 1458 et qui a reçu alors pour gou- Bar et d’Anjou, jetant ainsi son oncle d’importants subsides, puis part visi- de mystères en exonérant d’impôts la ville verneur Jean de Calabre. En l’absence dans le camp du Téméraire. Déclaré de Saumur quand y fut joué le Mystère de la ter son apanage ligérien, dont la par- de ce dernier, parti à la reconquête du alors coupable « de trop grands crimes Passion, et en prenant en charge le même tie méridionale, l’Anjou et la Tou- royaume de Naples (1458-1464), René de lèse-majesté... » par le Parlement de spectacle à Angers. Il organisait aussi des raine, toujours tenue par les forces de est en effet battu par les forces du duc Paris le 6 avril 1476, le roi René doit fêtes, où les joutes et les jeux étaient ac- Charles VII*, est victime depuis un de Milan, Francesco Sforza. faire sa soumission. Renonçant alors compagnés de spectacles, telles les fêtes quart de siècle des ravages de la guerre à modifier son testament en faveur de de l’île de Jarnègues (sur le Rhône, face Il pense alors pouvoir ceindre, en de Cent* Ans, tandis que sa partie son petit-fils René de Lorraine, il meurt à Tarascon) en 1449, celles de l’ordre du compensation, la couronne d’Aragon, septentrionale, le Maine, reste sous la le 10 juillet 1480, laissant l’essentiel de Croissant à Angers, celles de la Fête-Dieu que lui offrent les Catalans révoltés domination des Lancastres. sa succession à son neveu Charles V, à Aix et celles de la Tarasque à Tarascon. contre leur roi Jean II en août 1466, Fort influent à la Cour, que domine comte du Maine, dont le décès le Il fit travailler de nombreux architectes, lesquels accueillent son fils Jean de Ca- la maison d’Anjou depuis la chute de 11 décembre 1481 laisse Louis XI seul décorateurs et tapissiers pour l’embellisse- labre àBarcelone le 31 août 1467. Mais Georges de La Trémoille en 1433, il maître des biens de la maison d’Anjou ment de ses demeures en Anjou et en Pro- la mort subite de ce dernier dans cette reprend la lutte contre les Anglais, puis et seul dépositaire de ses droits sur le vence. À Angers, son architecte Guillaume ville le 16 décembre 1470 met un terme Robin († 1463) aménagea de nouveaux ap- négocie avec eux, en accord avec son royaume de Naples, que son fils, le à ses ambitions hispaniques malgré partements dans le château, qui fut remeu- beau-frère Charles VII, les trêves de futur Charles VIII devait faire valoir à l’effort financier considérable consenti blé et orné de tapisseries. Des jardins et Tours du 28 mai 1444 qui aboutissent la fin du XVe s. (V. Italie [guerres d’].) par les états d’Aix, puis par la ville de une ménagerie peuplée d’animaux rares et au mariage de sa fille Marguerite d’An- Marseille. exotiques y furent adjoints. En Provence, jou avec le roi d’Angleterre Henri VI. Il Le mécénat de le roi René s’occupa de ses diverses rési- Renonçant dès lors à ses ambitions entreprend alors de pacifier la Lorraine René le Bon dences, surtout du château de Tarascon et Ier politiques, René le Bon entreprend de et, dans ce but, marie son autre fille, de celui de Gardanne, qu’il avait acquis en compléter son oeuvre littéraire. Il mène Le roi René est l’héritier d’une lignée de Yolande, à Ferry II de Vaudémont. En 1455 et dont il fit une exploitation modèle. dès lors une vie dispendieuse de fêtes mécènes : son grand-père, Louis Ier d’An- même temps, il tente en vain d’obtenir Mais le roi René est encore plus connu jou, commanda la tenture de l’Apocalypse de son gendre Henri VI la restitution du et de tournois, et se fixe en Provence comme mécène dans la peinture. Il avait d’Angers ; sa mère, Yolande d’Aragon, Maine, qui ne devient définitive qu’au en 1471. auprès de lui des artistes nordiques. Bar- fit exécuter les Heures de Rohan (Biblio- thélemy de Cler et Coppin Delf (de Delft ?). lendemain de la reprise du Mans par la La Provence lui procure de gros re- thèque nationale). Lui-même apprit la pra- Amateur éclairé, il ne pouvait ignorer ni la force des armes en mars 1448. venus grâce à l’efficacité d’une admi- tique de la peinture auprès de maîtres fla- mands. Lors de sa captivité en Bourgogne, peinture tourangelle ni l’école d’Avignon. nistration financière qu’il a réorganisée Pour accélérer la reconstruction il se mit à peindre assidûment. René Dans les oeuvres qui lui ont été naguère économique de son apanage enfin depuis longtemps : création d’un géné- d’Anjou s’adonna aussi à la littérature : il attribuées, les enluminures du Livre des ral des finances en 1442, d’un receveur territorialement reconstitué, René composa des poèmes, participa à l’élabo- tournois (Bibliothèque nationale) et celles d’Anjou adresse en novembre 1450 à général des finances de 1445 à 1453, ration du Livre des tournois, rédigea Mor- du Livre du cuer d’amour espris (Vienne, Charles VII un long mémoire en forme d’un grand président de la Chambre tifiement de vaine plaisance après la mort Nationalbibliothek), on note une influence de doléances qui décrit les terribles des comptes en 1460. de sa première femme, puis le Livre du cuer nordique alliée à un sens de la lumière et d’amour espris et les Amours de Regnault et de l’atmosphère bien français, à la fois ligé- conséquences de la guerre de Cent Ans À partir de 1471, la création d’un Jehanneton après son deuxième mariage. rien et provençal. Le maître anonyme des pour ce dernier et qui conduit notam- maître des ports, la perception d’une Il aimait s’entourer de luxe, d’objets pré- peintures du Cuer d’amour espris apparaît ment à la suppression d’une taxe sur les taxe sur les blés et les peaux le long du cieux, porter de beaux vêtements. Tout le comme un artiste exceptionnel, le premier vins : la traite d’Anjou. En vain. Le roi cordon douanier mis en place autour du conviait donc à exercer un mécénat, tant à exprimer poétiquement la clarté noc- en Provence qu’en Anjou. René, qui séjourne fréquemment dans comté permettent au roi et à son Trésor turne. Le roi René fit aussi peindre des ta- différentes résidences angevines, pré- et non pas simplement à Marseille de La vie mouvementée du roi René favo- bleaux, comme la Pietà de Tarascon (Paris, risa des contacts divers. On s’est demandé, side au rétablissement d’une certaine tirer le maximum de bénéfices du com- musée de Cluny) qui, en 1457, ornait la à juste titre, s’il n’a pas contribué à l’intro- prospérité dans son apanage ligérien, merce de mer, dont il facilite le déve- chambre de Jeanne de Laval. Il fit travailler duction de la première Renaissance en prospérité favorable à la reprise d’une loppement avec l’Italie et le Levant. Nicolas Froment, qui peignit le prince et France. En effet, il échangea toute une intense activité littéraire et artistique. son épouse sur le diptyque des Matheron correspondance avec des érudits italiens, L’intérêt porté à ses domaines ange- Le problème de dont Marcello, qui lui envoya la première (Louvre) et sur les volets du triptyque du traduction latine de Strabon et une cos- Buisson ardent, terminé en 1476 pour la vins est d’autant plus grand que le roi la succession mographie de Ptolémée. Les oeuvres de cathédrale d’Aix-en-Provence*. doit renoncer à ses ambitions lotharin- Dante et de Boccace voisinaient dans sa Un problème reste dès lors à résoudre : A. P. giennes et italiennes. À la mort de sa bibliothèque avec celles de Joinville et des celui de sa succession. La mort en 1470 femme Isabelle en 1453, il se résigne Pères de l’Église. Colantonio, maître d’An- de son fils Jean de Calabre et de son P. T. en effet à céder le duché de Lorraine tonello* da Messina, connut l’art flamand gendre Ferry II de Vaudémont, celle en F Anjou / Lorraine / Naples (royaume de) / Pro- à son fils Jean de Calabre et à confier par son intermédiaire. Lors de son passage vence. 1473 de son petit-fils Nicolas (fils de à Florence, en 1442, Luca Della Robbia* l’administration du duché de Bar à son Jean) le privent de tout héritier mâle en sculpta ses armes dans la chapelle des A. Le Coy de La Marche, le Roi René (Fir- gendre Ferry II de Vaudémont. ligne directe, son fils Louis étant mort Pazzi. Par la suite, le roi René collectionna min-Didot, 1875 ; 2 vol.). / G. Arnaud d’Agnel, les majoliques et fit venir de Naples le les Comptes du roi René (Picard, 1908-1911 ; dès 1432 à l’âge de dix-sept ans. Aussi, Le comte de Provence médailleur Pietro da Milano. Il appela éga- 3 vol.). / V. L. Bourrilly, la Provence au Moyen par son troisième et dernier testament lement auprès de lui Francesco Laurana, Âge (Impr. Barlatier, Marseille, 1924). / J. Le- D’ultimes interventions en Italie en date du 22 juillet 1474, décide-t- qu’il avait peut-être rencontré à Florence ; vron, la Vie et les moeurs du bon roi René consacrent l’échec de ses ambitions il de partager sa succession entre son le sculpteur fit les médailles du roi et de (Amiot-Dumont, 1953) ; le Bon Roi René 9340 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 17 (Arthaud, 1973). / E. G. Léonard, les Angevins leur flottabilité (par le jeu des marées épave émergeante. On peut procéder semblent avoir comme une crinière de Naples (P. U. F., 1954). ou par déballastage), à l’aide d’élin- à la réparation provisoire des avaries sous l’encolure. gues passant sous la coque, soit encore et utiliser ensuite l’un des procédés de Le Renne est plus bas sur pattes que des flotteurs extérieurs ou intérieurs renflouement des épaves. Sur un fond les autres Cervidés ; son épaisse four- gonflés à l’air comprimé et que l’on dur de longueur insuffisante, le navire renflouement rure lui donne l’air trapu. Ses pattes fixe au navire. risque de se briser si le flot baisse et sont munies de larges sabots médians l’on peut être amené, après des répa- grâce auxquels, avec l’aide de ses Opération de remise à flot d’un navire Utilisation de la force rations provisoires, à renflouer séparé- sabots latéraux, il marche sans trop coulé ou échoué. de flottabilité propre de l’épave ment les deux tronçons du navire. enfoncer dans la neige ainsi que dans Toutes les ouvertures de la coque sont E. C. les sols mous des marécages. Cette dis- Renflouement d’abord obstruées par des scaphan- F Remorquage maritime / Réparation navale / position anatomique lui évite l’enlise- des navires coulés Sauvetage. driers au moyen de panneaux en bois, ment et en outre lui permet de nager de batardeaux en ciment coulé ou de J. Chapon, Travaux maritimes, t. II (Ey- avec facilité : la traversée de lacs ou de Tout navire coulé, généralement à rolles, 1966 ; nouv. éd., 1972). plaques d’acier soudées. On procède bras de mer ne le rebute pas. la suite d’une voie d’eau ou de tout ensuite au pompage de l’eau séjour- autre embarquement accidentel d’eau, Quand il marche, le Renne émet nant à l’intérieur de l’épave et à son constitue une épave, qui peut flotter ou un bruit fort curieux à chaque fois remplacement par de l’air. L’efficacité reposer sur le fond avec ou sans partie Renne qu’il plie une de ses pattes. Ce bruit du pompage peut être augmentée par émergée, selon la profondeur d’eau. ressemble à celui que fait une petite injection d’air comprimé. Il est prudent En outre, l’épave peut être couchée sur branche de bois sec que l’on casserait de vérifier au préalable la stabilité de Mammifère ruminant de la famille des le côté ou complètement retournée si, entre ses mains. l’épave et, éventuellement, de prendre Cervidés (Rangifer tarandus). comme cela arrive très fréquemment, des dispositions pour l’augmenter, afin Il occupe une place un peu à part le navire a chaviré avant de couler. Sui- Distribution d’éviter son chavirement lors de sa dans cette famille, car les femelles y vant la situation et le poids de l’épave, géographique remise à flot. portent les bois comme les mâles. trois méthodes peuvent être employées Le Renne était très répandu en Europe pour son renflouement : Combinaison des Description au Paléolithique supérieur. C’était pro- — levage extérieur ; deux méthodes précédentes bablement le gibier le plus à la portée — utilisation de la flottabilité propre Cet animal a une taille moyenne de 135 de l’épave ; L’épave, d’abord allégée au moyen et le plus profitable pour les hommes à 220 cm de long, une hauteur de 80 à de flotteurs ou remise en flottabilité, de cette époque, qui utilisaient tout — combinaison de ces deux procédés. 150 cm pour un poids de 60 à 300 kg. est soulevée par des engins de levage. l’animal : peau, fourrure, viande, os, Si l’épave n’est pasrécupérable, ou si Les mâles sont plus longs et plus lourds Si elle est couchée sur le fond, on la bois, avec lesquels ils faisaient des son renflouement s’avère trop difficile que les femelles. redresse au préalable, soit par pom- outils. Certains de ces bois ont été ou non rentable, on peut être conduit à page ou injection d’air supplémentaire Le Renne a une tête lourde, portée retrouvés gravés et sculptés ; ils nous l’enlever après fractionnement. Dans d’un seul bord, soit par une action bas quand il marche. Son museau est ont donné un fidèle témoignage de la tous les cas, l’opération de renfloue- mécanique à l’aide de câbles de trac- poilu jusqu’à son extrémité. Ses yeux vie et des moeurs de cette époque, que ment exige le repérage aussi exact tion si l’on dispose de points d’appui sont grands, ses larmiers (glandes les préhistoriens ont appelé l’âge du que possible de l’épave et la connais- assez résistants et si l’épave est émer- sous-orbitales) sont peu apparents. Il Renne. Dans les grottes de Dordogne, sance des dégâts subis par la coque, geante ou immergée à une assez faible porte sur la tête des bois très caracté- on a aussi retrouvé de grandes fresques les examens nécessaires pouvant être profondeur. ristiques : insérés sur le frontal par un reproduisant des scènes de chasse. effectués par des scaphandriers ou au pivot (ou « meule ») très court, ces bois L’habitat du Renne est le Grand moyen de la télévision sous-marine. En Destruction des épaves forment un arc à concavité antérieure : Nord, par-delà le cercle polaire, c’est- outre, la connaissance des conditions ils peuvent atteindre chez les grands L’épave à détruire est fractionnée par à-dire les toundras et les forêts d’Eu- nautiques : houles, marées, courants, mâles près de 1,50 m de haut. Chaque découpage au moyen de chalumeaux rope, d’Asie et d’Amérique. vents, mobilité des fonds, est indispen- bois est garni de plusieurs branches, sous-marins ou à l’aide d’explosifs. sable. D’autre part, l’étude des détails Les Rennes de Laponie sont des ani- ou andouillers. Sur les bois des grands Les tronçons sont ensuite remontés au d’exécution du renflouement nécessite maux semi-sauvages que les Lapons mâles, on compte jusqu’à 130 pointes moyen d’engins de levage ou de flot- un examen approfondi des plans du arrivent à contrôler tant bien que mal. teurs, puis enlevés. L’épave peut aussi terminales. navire. Enfin, il convient de vérifier Les Lapons sont obligés de nomadiser être enfouie dans le sol, soit naturelle- La castration des mâles n’empêche la situation juridique de l’épave. Le avec leurs animaux quand ceux-ci se ment sous l’effet des courants, soit par pas l’évolution des bois, comme chez possesseur du navire coulé peut faire déplacent pour la quête de leur nourri- basculement dans une fosse réalisée les Cerfs d’Europe ; ces bois restent abandon à ses créanciers de l’épave et ture. Pour les capturer, ils organisent de par dragage, ou bien encore au moyen alors simplement vêtus de velours du fret qu’elle contient éventuellement, grands enclos protégés par de solides de charges d’explosifs qui l’aplatissent (peau qui enveloppe les bois en mais il ne peut se soustraire aux obliga- palissades et font entrer les animaux sur le fond et l’y enfoncent. évolution). tions qui lui sont imposées par la légis- dans ces installations par un couloir en lation en vigueur, en raison de la pré- La chute des bois survient entre entonnoir. Là, on prend au lasso ceux Renflouement sence dans un port, chenal ou tout autre novembre et janvier, même pour les que l’on veut exploiter. On les trie pour des navires échoués lieu du domaine maritime, d’une épave castrats. Les femelles les perdent aus- les abattre, pour les castrer ou pour apportant une gêne à la navigation. sitôt la mise bas, qui a lieu en juin. Les leur couper les bois de façon à rendre Si l’échouage, sur fond mou par bois repoussent quinze jours après leur les plus forts moins dangereux avant exemple, n’a pas causé d’avarie au na- Renflouement par levage chute. de les mettre au dressage. On marque vire, son renflouement peut s’effectuer extérieur aussi les jeunes et les femelles avec des en profitant d’une marée plus forte, en Le pelage du Renne est de couleur pinces métalliques aux oreilles. On peut utiliser dans ce cas soit des allégeant le navire ou en utilisant des variable, en général marron grisâtre, engins de levage flottants ou terrestres, remorqueurs. Sur fond rocheux, des mais plus clair en hiver. Dans le Grand Le Renne d’Europe et de Scandi- par l’intermédiaire d’élingues fixées à déchirures de la coque entraînant son Nord, il est presque blanc. C’est un navie est un animal de plaine ou de l’épave, soit des chalands de relevage envahissement peuvent se produire. pelage d’un moelleux extraordinaire, plateau. C’est un coureur, qui vit entre dont on utilise la force qui résulte de Le navire est alors assimilable à une remarquablement isolant. Les mâles 800 et 2 000 m ; il se nourrit de brous- 9341 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17 sailles, de brindilles, d’herbe quand il reposait que sur celle de ces animaux. le milieu du Ve s. et au VIe s., les Bre- ducs de Bretagne à Rennes. Enfin, en peut en trouver, mais surtout de lichen. Ils allaient attendre les Caribous à leurs tons de l’île de Bretagne, fuyant les 1084, Alain IV Fergent réunit le comté En automne, il mange aussi des cham- lieux de passage et pouvaient se ravi- envahisseurs saxons et pictes, se réfu- de Rennes au domaine ducal et la paix pignons. Tout ce qui lui tombe sous la tailler. Depuis la fin de ces migrations, gient en Armorique. Bientôt, des luttes s’instaure. dent lui sert d’aliment : des oiseaux, des tribus entières sont mortes de faim. incessantes les opposent aux Francs. Au XIVe s., la guerre de Succession des oeufs, même des lemmings. Quand La destruction des Caribous a ainsi Pensant en finir, l’empereur Louis Ier* (v. Cent Ans [guerre de]) agite le duché à il va sur les plages, il mange du varech provoqué une véritable catastrophe. le Pieux part de Rennes réduire ces la mort du duc Jean III en 1341. Rennes ou même des poissons morts rejetés par remuants Bretons et institue Nomi- Pour les remplacer, les Américains connaît des heures tragiques entre les la marée. noë duc de Bretagne (837). Fidèle à importèrent de Norvège des Rennes armées de Charles de Blois-Châtillon, l’empereur, Nominoë se révolte contre Les Rennes vivent en troupeaux. semi-apprivoisés, que l’on expédia soutenues par le roi de France, et celles Charles II* le Chauve, successeur de Les femelles, les jeunes et les petits par péniches et que l’on débarqua de Jean de Montfort, qui s’emparent de l’empereur Louis, et proclame l’indé- mâles forment des troupeaux conduits sur la côte de l’Alaska : 3 000 ani- la ville dès l’ouverture des hostilités. pendance de la Bretagne, qui le recon- par une vieille femelle expérimentée. maux furent ainsi conduits de la côte L’année suivante Rennes se donne à naît pour roi (846). Son fils Erispoë, Les mâles adultes vivent à part en trou- ouest de l’Alaska jusqu’au territoire Charles de Blois et subit un siège des qui lui succède à sa mort (851), reprend peaux moins grands. Tous ces animaux du Mackenzie. L’expédition, menée Anglais, alliés de Jean de Montfort, qui Rennes en 854, qui devient et reste se déplacent en marchant au pas ou au par quelques hommes et femmes, mit ne parviennent pas à la faire capituler. bretonne. trot, ne prenant le galop que lorsqu’ils cinq ans pour arriver à son but. Mais En 1356, le duc de Lancastre l’investit sont effrayés par un être humain ou par cette tentative, décrite par le Canadien Dès le IXe s., les pillards normands de nouveau. des prédateurs : loups, gloutons, ours, Allen Roy Evans dans son livre le Long submergent la Bretagne, entrent à La guerre prend fin le 29 septembre qui sont leurs ennemis mortels. Mais les Voyage des Rennes (1938), ne réussit Rennes, ravagent et pillent l’abbaye de 1364 avec la mort de Charles de Blois mouches et les moustiques sont encore que partiellement. Saint-Mélaine, mais ne peuvent empor- à la bataille d’Auray. Le fils de Jean plus dangereux pour eux. Les taons P. B. ter le château. Alain II Barbe-Torte les de Montfort est reconnu duc et règne leur font des piqûres qui les affolent. R. Hainard, Mammifères sauvages d’Eu- chasse définitivement et les Bretons sous le nom de Jean IV (1365-1399). Des mouches pondent leurs oeufs dans rope, t. II (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, lui défèrent le titre de duc de Bretagne 1950). / L. Heck, « les Rennes », dans le Monde Le duché vit paisiblement pendant la leur épiderme, et les larves provoquent (938-952). Une nouvelle ère belli- animal, t. XIII, vol. 4 (Zurich, 1972). première moitié du XVe s. À la fin de ce des abcès parfois mortels. Les Rennes queuse s’ouvre bientôt entre les comtes siècle, Charles VIII l’envahit, assiège souffrent souvent du parasitisme des de Rennes et les comtes de Nantes Rennes (15 nov. 1491), tragédie qui se fosses nasales, qui peut être aussi mor- dont l’enjeu est la dignité ducale. Les termine en idylle par le mariage de la tel. Pour échapper à ce terrible fléau Rennes premiers finissent par s’imposer avec duchesse Anne et du roi (6 déc.). que sont les insectes piqueurs du Grand Conan Ier le Tort (970-992), Geoffroi Ier Nord, ils recherchent la fraîcheur et re- (992-1008) et Alain III (1008-1040), En 1532, l’union avec la France est Ch.-l. du départ. d’Ille-et-Vilaine* ; partent vers la montagne du centre de qui se font successivement couronner consommée, et le dauphin François re- 205 733 hab. (Rennais). la Scandinavie. Capitale administrative de la Bre- Les Rennes sibériens vivent en tagne, Rennes est en pleine expansion troupeaux de plusieurs milliers, mais démographique ; de vieille cité pro- répartis par bandes de 200 à 300 ; ils vinciale, elle s’est métamorphosée en vont aussi de la forêt à la toundra, mi- l’une des villes les plus dynamiques grant sans cesse pour trouver une bien de France, depuis que s’est ajouté, maigre nourriture. aux traditionnelles fonctions adminis- Les Rennes sauvages canadiens, ou tratives, judiciaires, religieuses, com- « Caribous », deviennent de plus en merciales et universitaires, un secteur plus rares. Ils étaient célèbres autre- industriel moderne. fois par leurs migrations massives et se déplaçaient par troupeaux imposants : L’histoire de la ville femelles gravides suitées de leurs D’abord appelée Condate sous les jeunes. Plus loin, d’autres troupeaux Gaulois, autrement dit « confluent », composés de mâles suivaient à deux ou parce que l’Ille et la Vilaine y mêlent trois jours de marche. Ces grands mou- leurs eaux, Rennes porta le nom de cité vements migratoires étaient déterminés des Redons, du peuple dont elle était par la recherche de pâturages. En été, la capitale au temps de la conquête les troupeaux allaient vers le nord dans romaine. les Barren Grounds et revenaient dès l’approche de l’automne se mettre à Au IIIe s., son sénat érige à l’empe- l’abri des grandes forêts pour y passer reur Gordien III une stèle votive dont l’hiver, là où des herbivores ruminants l’inscription se lit encore sur la porte trouvent toujours un peu de nourriture. Mordelaise. Peu après, les Romains ceinturent la ville de remparts où les De nos jours, ces grands troupeaux rangs de brique alternent avec la pierre. américains ont disparu. On comptait Pour cette raison, les Bretons appelle- 600 000 Rennes dans cette immensité ront Rennes la ville rouge. désertique située entre la baie d’Hud- son et l’Alaska, en 1947. En 1973, il On ne sait pas exactement quand n’en restait que quelques milliers. Cette la ville est évangélisée. Son premier diminution de l’effectif aprovoqué une évêque historiquement connu est grande misère chez les Esquimaux et Arthénius († 465), mais le patron du chez les Indiens, dont l’existence ne diocèse est saint Mélaine († 530). Vers 9342 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 17 çoit solennellement la couronne ducale Le développement 20 p. 100 en 1968). La croissance des nombreuse par ses commerces de détail à Rennes le 14 août. Le 28 mars 1548, démographique emplois (31 000 créés en quinze ans) et ses hypermarchés. Henri II accorde un conseil munici- et économique a essentiellement renforcé le caractère Capitale commerciale, Rennes se pal à la ville, qui obtient, en 1592, le tertiaire de la ville. veut aussi une capitale intellectuelle. Située au confluent de l’Ille et de la droit d’avoir une « maison de ville » et Trois nouveaux complexes universi- Vilaine, dans une région de terres rela- un maire, lequel ne sera électif qu’en Les fonctions taires attirent plus de 20 000 étudiants tivement basses, Rennes est la seule 1604, et même pour peu de temps. Il actuelles répartis en deux universités. Dans le grande ville de Bretagne sans rapport centre-ville est implantée depuis 1961 faudra attendre les lettres patentes don- avec la mer. Construite sur une butte Avec 70 p. 100 des personnes ac- la faculté de droit et de sciences écono- nées par Louis XVI le 15 juillet 1780, dominant les marécages du confluent, tives travaillant dans les transports, miques, tandis qu’à l’ouest le complexe reconnaissant aux Rennais la liberté de l’ancienne Condate gauloise, bénéfi- le commerce, les banques, les assu- de Villejean-Malifeu (40 ha) regroupe se choisir une assemblée municipale ciant de possibilités de défense, mais rances, les services privés et publics, la faculté de médecine et de pharma- présidée par un maire élu pour quatre aussi de circulation, fut le lieu de Rennes est la première ville tertiaire cie, le C. H. U., l’École nationale de ans. En 1554, Henri II crée le parle- convergence d’un faisceau de voies de France. Elle joue dans l’Ouest un santé publique, la faculté des lettres et ment de Bretagne, qui siège alternati- anciennes. Au cours des siècles se rôle important d’animation et de pro- sciences humaines. À l’est enfin, sur vement à Rennes et à Nantes, puis est développe alors la quadruple fonction motion sur les plans administratif, 180 ha, s’est construit le magnifique transféré à Rennes définitivement par de la cité : militaire, commerciale, reli- économique et intellectuel. Siège de complexe scientifique de Rennes- un édit de 1561. gieuse (siège épiscopal, puis archiépis- la IIIe région militaire, capitale de la Beaulieu, avec sa faculté des sciences, copal, résidence de nombreuses com- Région de programme Bretagne, rési- l’École nationale supérieure de chimie, Au début de la Ligue, le duc de Mer- munautés religieuses) et administrative dence du préfet de Région, du recteur l’Institut national des sciences appli- coeur occupe la ville le 13 mars 1589, (surtout à partir du XVIe s., lorsque le d’Académie, elle est avant tout une quées et l’I. U. T. Reconnue métropole mais doit l’abandonner peu après. En parlement de Bretagne y fut installé). ville de fonctionnaires au service de la de recherche en électronique, Rennes 1598, à son retour de Nantes, où il a La ville, depuis le XIXe s., a profité de cité, du département et de la Région. devait bénéficier en 1972 et 1973 de la signé le 13 avril l’édit de pacification, l’exode rural, à partir de campagnes Son rôle commercial est en relation décentralisation de l’École supérieure Henri IV fait son entrée solennelle. La surpeuplées. Après une phase d’expan- avec une situation géographique très d’électricité, de l’École nationale supé- lune de miel commencée avec le roi sion rapide (la population passa de favorable : ville carrefour, Rennes rieure des télécommunications et de Henri s’assombrit en 1675. De nou- 40 000 hab. en 1851 à 69 000 hab. en s’appuie sur un réseau dense et bien l’École militaire supérieure technique veaux impôts provoquent une révolte 1891), le rythme de croissance se ra- des transmissions. Avec l’installation concentré de transports. À la croisée au cours de laquelle, le 17 juillet, on lentit dans les premières décennies du de routes nationales qui la mettent en de plusieurs centres d’études et de incendie le bureau du papier timbré. Le XXe s. (83 000 hab. en 1930). Mais de- relation avec la péninsule armoricaine, recherche (Centre électronique de l’ar- duc de Chaulnes, gouverneur de la Bre- puis 1945, le taux moyen annuel d’ac- la Normandie, le Maine et les Pays de mement à Bruz, Centre de recherches croissement a été voisin de 3 p. 100 et de redevances P. T. T.-O. R. T. F.), tagne, châtie durement la province et la Loire, elle est aussi un important (124 000 hab. en 1954, 157 000 hab. la ville voit se renforcer son rôle de exile à Vannes le parlement, qu’il ac- centre ferroviaire (sa gare de triage est en 1962, 189 000 hab. en 1968, plus métropole universitaire de l’Ouest et cuse du soulèvement. La punition dure la plus active de la région) qui com- de 200 000 en 1975). Cette crois- espère ainsi attirer bientôt des indus- jusqu’en octobre 1689. Mais le par- mande les deux voies nord et sud de la sance rapide, qui place Rennes dans tries de pointe. lement reste l’indomptable défenseur Bretagne. Ses relations avec Paris ont le peloton de tête des grandes villes des libertés reconnues à la Bretagne, été améliorées depuis l’électrification Si Rennes était, il y a vingt ans, françaises, est surtout liée au dépeuple- dépourvue d’activités industrielles de la voie ferrée en 1965 et l’établis- et, quand le comte de Bissy veut faire ment rural des départements agricoles importantes (les seules grandes entre- sement en 1966 de liaisons aériennes enregistrer de force, le 10 mai 1788, voisins (le solde migratoire représente prises étaient l’imprimerie Oberthur, quotidiennes régulières par l’aéroport des édits qui y portent atteinte, des plus de 60 p. 100 de cette croissance), 1 200 emplois, le quotidien Ouest- de Saint-Jacques-de-la-Lande (à 7 km manifestations se déploient dans toute mais Rennes est aussi une ville jeune France, 1 400 emplois ; une brasserie ; au sud de la ville). Ce rôle de plaque la ville. La réunion des états, au début (45,4 p. 100 des habitants ont moins l’arsenal, 700 emplois), elle a depuis tournante en matière de transports de 1789, relance l’agitation ; le 27 jan- de 25 ans), à forte natalité. Cet afflux lors, du fait de sa situation géogra- (ceux-ci fournissent 5 000 emplois) a vier, c’est l’émeute, à laquelle prennent de population vers la capitale régionale phique aux portes de la Bretagne, à fait de Rennes un lieu d’élection pour profite également aux bourgs ruraux part les étudiants en droit, menés par moins de 400 km de Paris, et des efforts les commerces de gros qui veulent Moreau, leur prévôt, le futur général. limitrophes, où l’on observe un renver- des collectivités locales, bénéficié de rayonner sur les départements de Comme le remarquera Chateaubriand, sement des tendances démographiques. plusieurs implantations d’origine ex- l’Ouest : les produits de la région y Cela explique la création en 1970 du terne. Sur les zones industrielles équi- « les premières gouttes de sang versées sont centralisés avant expédition, mais district urbain de l’agglomération ren- pées (route de Lorient, 145 ha ; Saint- par la Révolution coulèrent à Rennes ». la ville, résidence de 1 200 représen- naise, regroupant Rennes et 26 com- Grégoire, 82 ha ; Chantepie, 80 ha Cependant, la Terreur s’y fait moins tants technico-commerciaux, siège de munes proches, soit 262 000 habitants, actuellement, mais extension possible sentir qu’en bien d’autres villes malgré 270 commerces de gros, tient aussi à et on envisage « 500 000 Rennais de sur 250 ha) se sont installées de nom- le passage de Jean-Baptiste Carrier. En affirmer sa fonction régionale de dis- l’an 2000 ». Le rajeunissement de la breuses entreprises rennaises, à l’étroit 1795, des pourparlers de paix ont lieu tribution. Après l’échec d’ouverture population et la création d’emplois dans l’ancien tissu urbain, et des firmes entre les chouans* et Hoche au manoir féminins ont augmenté le taux d’acti- d’un M. I. N. (marché d’intérêt natio- de l’extérieur attirées par les avantages de La Mabilais, non loin de Rennes. vité (41 p. 100 de personnes au travail nal), une zone a été aménagée, à l’ouest financiers dans le cadre de la décen- Avec le Consulat, la ville retrouve en 1968), mais la composition sociale de la ville, pour recevoir un marché de tralisation. Rennes, dotée depuis 1965 le calme. Le second Empire laissera le change très lentement. Le développe- gros des denrées agricoles ; un abattoir d’une raffinerie de pétrole (Antar) de ment industriel augmente le nombre moderne et un frigorifique polyvalent 1,45 Mt de capacité actuelle, implantée souvenir de la visite de Napoléon III et des ouvriers, mais leur proportion reste y fonctionnent aussi, qui permettent à dans la banlieue à Vern-sur-Seiche, a de l’impératrice (20 août 1858). relativement faible (34,4 p. 100), car la ville de conditionner et de commer- vu se développer le secteur de la bon- Lors de la Seconde Guerre mon- parallèlement s’accroissent le secteur cialiser les productions des élevages de neterie-confection (1 900 emplois en diale, les bombardements causent de commercial et le rôle régional, qui la région. À une échelle plus réduite, 1968, dont la Société parisienne de grands dégâts à la ville. renforcent la place des cadres moyens dans un rayon d’une cinquantaine de lingerie indémaillable, 800 emplois, M. M. et supérieurs (15 p. 100 en 1962, kilomètres, Rennes attire une clientèle et SAPITEX, 320 emplois), mais sur- 9343 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 17 tout celui des industries mécaniques démographique, le développement ur- avec la double installation de Citroën ; bain harmonieux, la volonté d’attirer après l’ouverture en 1953 d’un premier des activités nouvelles de haute qua- établissement à La Barre-Thomas (ac- lification dans les secteurs de l’inno- tuellement 2 000 emplois ; fabrication vation, de la recherche industrielle et de roulements à billes et de pièces de du commerce révèlent une ville en ex- caoutchouc), cette société construisait pansion qui se rajeunit et se modernise en 1961, à La Janais, une usine de mon- dans ses structures et ses activités. tage de voitures (« Ami », « Dyane », N. P. « GS ») employant 11 500 personnes, essentiellement des ruraux recrutés Rennes, dans un rayon de 80 km. Désormais, ville d’art la ville espère voir se développer les industries de pointe, électronique et De l’antique cité de Condate ne subsistent plus que des céramiques, des fragments chimie, en relation avec les centres de lapidaires et des traces de l’enceinte gallo- recherche. Le mouvement est amorcé romaine, quai Duguay-Trouin. La ville avec l’établissement de la C. G. C. T. médiévale n’a survécu qu’en partie à l’in- (Compagnie générale de construc- cendie de 1720. La porte Mordelaise, qui tions téléphoniques, 1 500 emplois servait aux entrées solennelles, et la tour prévus), de la société S. G. S.-France Duchesne rappellent l’enceinte du XVe s. La tour de Saint-Mélaine (auj. Notre-Dame) (350 emplois) et les projets d’ouverture et les chapiteaux de son cloître (au musée par Rhône-Poulenc d’un laboratoire de incurvées et avec une niche pour la statue une fraîcheur atmosphérique nouvelle. de Bretagne) permettent d’évoquer l’art recherche (500 cadres et techniciens). en pied de Louis XV par Lemoyne*, inaugu- Mais, à l’encontre de Monet, Renoir roman, tandis que le choeur et la nef de rée en 1754 (il en subsiste la maquette en ne peut guère concevoir un tableau cette église, la chapelle Saint-Yves, l’église terre cuite au musée). De nouveaux hôtels La structure urbaine Saint-Germain malgré sa façade classique sans la présence humaine. Aussi, tout s’élevèrent, comme l’hôtel de Blossac. À montrent le développement du style flam- en s’adonnant au paysage, il sera avant la même époque, Rennes développa une Pour absorber l’afflux de population boyant dans la cité. Des maisons à pans de production de faïences qui sont devenues tout un peintre de figures et plus encore jeune, pour intégrer les nouvelles usines bois, certaines avec des sculptures comme aujourd’hui très rares. le peintre de la femme. Il campera des et les nouveaux complexes universi- celle dite « de du Guesclin », demeurent La cathédrale, sauf la façade, fut recons- attitudes qui font penser à Boucher, à dans la vieille ville autour de la cathédrale. taires, la vieille cité s’agrandit. Dans truite après la Révolution et ornée de stucs Fragonard, mettant en valeur la grâce le centre, près des quartiers bourgeois La fortune artistique et monumentale par Charles Langlois. L’art du XIXe s.fut aussi charnelle d’une façon exquise. Ses de Rennes est liée à l’installation du parle- reconstruits selon un plan en damier illustré par une audacieuse ossature métal- ment de Bretagne dans la ville. Son palais, couleurs elles-mêmes, d’une grande après l’incendie de 1720, on essaie de lique conçue par Labrouste pour l’ancien aujourd’hui palais de justice, fut construit finesse, participeront à l’ambiance grand séminaire. Le musée des Beaux-Arts sauvegarder quelques maisons typiques à partir de 1618 par Germain Gautier, ou douce-acide des motifs, que le re- et le musée de Bretagne ont recueilli les du Vieux Rennes (rues du Chapitre, de Gaulthier (1571-?), dont les plans furent souvenirs précieux de la ville à côté de gard des personnages, plein du désir la Psallette et Saint-Sauveur, rue Saint- revus par Salomon de Brosse. L’édifice riches collections de peintures anciennes. d’amour, « sensualise ». Georges). Mais ailleurs, les taudis ont s’assoit sur un rez-de-chaussée de granit A. P. à décor de bossages. La décoration inté- Fils d’un modeste tailleur limousin disparu dans les îlots de rénovation du rieure se poursuivit pendant toute la se- établi en 1844 à Paris, Auguste Renoir Bourg-l’Évêque - rue de Brest, où des conde moitié du XVIIe s. avec le concours F Bretagne / Ille-et-Vilaine. passe son enfance dans divers quartiers unités d’habitations modernes rempla- des peintres Charles Errard le Jeune A. Guillotin de Corson, Pouillé historique cent les maisons vétustés, et du Colom- (v. 1606-1689), Jean-Baptiste Jouvenet de la capitale. S’il révèle àl’école com- de l’archevêché de Rennes (Fougeray, Rennes, munale des aptitudes pour le dessin, bier - rue de Nantes, qui doit constituer (1644-1717), Ferdinand Elle (1648-1717). 1880-1884 ;5 vol.). / P. Banéat, le Vieux Rennes le nouveau centre tertiaire de la cité La Grand-Chambre est particulièrement (Larcher, Rennes, 1925). / A. Meynier et M. Le il ne se montre pas moins doué pour (40 000 de bureaux ; ensemble com- riche, avec ses boiseries sculptées par Guen, Rennes (la Documentation fr., « Notes le chant et la musique, ce qui attire m2 Pierre Dionis et son plafond peint par Noël et études documentaires », 1966). / H. F. Buf- mercial de 80 000 À la périphérie l’attention de Charles Gounod, maître m2). fet, Rennes, ville d’art et d’histoire (Archives Coypel*. En même temps que le palais du naissent les grands ensembles (Maure- d’Ille et Vilaine, Rennes, 1967). / J. Meyer (sous de chapelle de l’école, qui conseille à parlement s’élevèrent de nombreux hôtels pas au nord-est : 4 000 logements, mais particuliers pour les conseillers, la façade à la dir. de), Histoire de Rennes (Privat, Toulouse, son père de l’orienter vers une carrière 1972). / C. Nières, la Reconstruction d’une ville une extension envisagée dans le cadre deux tours de la cathédrale, les bâtiments musicale. Mais M. Renoir juge plus au XVIIIe siècle : Rennes, 1720-1760 (Klincksieck, de la Z. A. C. Patton ; Z. U. P. de Vil- abbatiaux de Saint-Georges, le nouveau 1973). / M. de Mauny, l’Ancien Comté de Rennes raisonnable de tirer parti de la voca- cloître mauriste de Saint-Mélaine et le col- lejean-Malifeu au nord-ouest, 6 000 lo- ou Pays de Rennes (Roudil, 1974). tion plastique de son fils. À treize ans, lège des Jésuites, dont la chapelle, main- gements ; Z. U. P. - Sud du Blosne, celui-ci est placé en apprentissage dans tenant église de Toussaints, est attribuée 1 200 logements ; des efforts y ont été un atelier où il s’applique à peindre aux architectes Martellange (1569-1641), faits pour assurer des ensembles d’ha- François Derand (1588-1644) et Charles des bouquets de fleurs sur des assiettes Renoir (Auguste) bitation cohérents, à l’écart de la cir- Tourmel et dont l’intérieur s’enrichit d’un et tasses en porcelaine. Grâce à son culation des voitures, et une continuité retable exécuté par deux artistes de Laval, habileté, il a, quelques mois après son Martinet et François Houdaut. d’espaces verts) et dans les bourgs du Peintre français (Limoges 1841 - arrivée, accompli de tels progrès qu’on district urbain se multiplient les lotis- Après l’incendie de 1720, de nouveaux Cagnes-sur-Mer 1919). lui confie les pièces les plus délicates. plans de la ville furent dressés par l’ingé- sements de pavillons individuels. Dans Renoir occupe dans l’impression- Mais les commandes se faisant de plus nieur Robelin, auquel succéda Jacques V le même temps la ville se ceinture de nisme* une place prépondérante. C’est en plus rares, la fabrique qui l’emploie Gabriel*, qui modifia la façade du parle- rocades qui bientôt décongestionneront ment pour l’adapter à une place royale, en effet à lui et à Monet* (dont il sui- le licencie en 1857. Avant de trouver les grands axes du centre. avec des édifices à arcades au rez-de- vit l’exemple) qu’on est redevable des une situation stable dans une mai- chaussée et un décor d’ordre ionique co- D’une cité bourgeoise et somnolente premiers tableaux peints selon cette son spécialisée dans la confection de lossal au-dessus. Une statue de Louis XIV naît une ville moderne et dynamique. technique qu’on appellera « impres- stores, on le voit s’employer à divers (disparue) par Antoine Coysevox y fut inau- Certes le secteur industriel est encore sionniste », dans lesquels la lumière métiers : il orne notamment des éven- gurée en 1726. Vers 1730, Gabriel conçut faible, l’influence sur les autres villes l’actuelle place de la Mairie, avec la tour de auréole des espaces vibrants et où les tails et décore de peintures murales bretonnes mal affirmée, mais l’essor l’horloge, dite « le gros », entre deux ailes impulsions du sentiment engendrent plusieurs cafés de Paris. 9344 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 17 Ayant fait de substantielles écono- serie des Martyrs, lieu de rencontre Théodore Rousseau, Corot* et enfin Sans que les deux peintres s’en mies, Renoir peut donner suite à son des partisans du réalisme*, disciples Charles François Daubigny et Mil- rendent compte, leur manière d’in- rêve le plus cher : suivre les cours de Courbet*. L’équipe qui allait dix let* (v. Barbizon [école de]). Au Salon terpréter la nature en abandonnant de l’École nationale des beaux-arts. ans plus tard constituer le noyau des de 1864, Renoir est accepté et figure le contour donne le signal au grand Reçu, au début de 1862, au concours impressionnistes se trouve réunie au catalogue comme élève de Gleyre. mouvement qui va révolutionner la d’admission, il s’inscrit à l’atelier de lorsque Bazille, au bout de quelques Par la suite, il n’aura pas toujours cette peinture : l’impressionnisme. Depuis Charles Gleyre (1806-1874). Bien mois, présente à ses camarades Cé- quelques années, Renoir vit dans chance, alors même qu’il évitera d’en- qu’élève studieux, ses professeurs le zanne* et Pissarro, qui travaillent à la plus grande détresse matérielle, voyer ses toiles les plus audacieuses. jugent indiscipliné, lui reprochant des l’académie Suisse. Il serait cependant n’arrivant à subsister que par la gé- Si son art ne tourne pas encore le dos hardiesses de style inhabituelles en ce juste de rappeler que Renoir n’est pas, nérosité de quelques amis et surtout à la tradition, il laisse déjà apparaître lieu. Agacé par ses couleurs vives et à cette époque, à la pointe du combat de Bazille, qui jouit d’une certaine cette grâce teintée de sensualité qui im- sa manière réaliste de voir le motif, pour l’art nouveau. Tant s’en faut. aisance. Au café Guerbois, où il re- prégnera toute son oeuvre. Des accents Gleyre lui demande un jour : « C’est Son désir de sortir des chemins battus trouve Cézanne, il a fait la connais- modernes, surtout visibles dans ses sans doute pour vous amuser que vous est plus apparent dans ses propos que sance de Degas*, de Zola*, de Louis portraits, se font sentir dès 1866, mais faites de la peinture ? — Mais certai- dans ses peintures. Certes, son talent Edmond Duranty (1833-1880). Dis- ils sont plus empruntés au réalisme de nement, répond Renoir ; et si ça ne et son intuition lui ont permis d’éviter cret, il écoute plus qu’il ne participe Courbet qu’à l’exaltation de la lumière m’amusait pas, je vous prie de croire les poncifs académiques, mais il n’en aux discussions animées qui s’éta- des peintres du plein air (Diane chas- que je n’en ferais pas. » À l’automne reste pas moins attaché à certaines va- blissent entre ces fins causeurs. Après seresse, 1867, National Gallery of Art, de 1862, Renoir se lie d’amitié avec leurs traditionnelles ; aussi se rend-il la guerre de 1870, qu’il fait dans les Washington). Pour lui voir franchir Alfred Sisley, Claude Monet et Fré- souvent au Louvre pour faire des co- chasseurs à cheval, Renoir rencontre déric Bazille, nouvellement entrés pies des peintres français du XVIIIe s., le pas décisif, il faut attendre l’année Paul Durand-Ruel (1831-1922), qui dans l’atelier Gleyre. Tous les trois qui ont sa préférence. 1869, lorsque, ayant rejoint Monet à deviendra son marchand, ainsi que le Bougival, il exécute avec ce dernier professent ouvertement leur admira- Gleyre ayant fermé son atelier en critique Théodore Duret (1838-1927). plusieurs versions d’une guinguette, la tion pour les peintres anticonformistes janvier 1864, Renoir passe un dernier De cette époque date le tableau la Grenouillère (par exemple : collection de l’époque. C’est grâce à Monet que examen à l’École des beaux-arts et n’y Rose (musée du Louvre, salles du Jeu Renoir et ses nouveaux amis prennent remet plus les pieds. Il se rend alors, Reinhart, Winterthur). Comme lui, il de paume), qui représente une jeune connaissance de ce qui se trame dans sur l’initiative de Monet et en compa- analyse alors le phénomène lumineux femme, la poitrine dénudée, tenant l’art, car Monet a été à bonne école : gnie de Sisley et de Bazille, à Chailly- avec des yeux neufs, employant des à la main une rose. On peut, pour il a connu Boudin* et Jongkind*, les en-Bière, près de Fontainebleau, pour procédés nouveaux, tels que la sup- la première fois, y voir l’image que peintres de plein air, ainsi que Camille peindre d’après nature. Il y rencontre pression des détails et la fragmentation Renoir donnera de la femme : corps Pissarro, et il s’est aventuré à la bras- d’abord Narcisse Diaz de la Peña, puis de la touche. épanoui, visage rond aux yeux légè- 9345
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