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Réflexions philosophiques sur l'égalité PDF

154 Pages·2005·2.04 MB·French
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BIBLIOTHÈQUE CLASSIQUE DE LA LIBERTÉ Collection dirigée par Alain Laurent DANS LA MÊME COLLECTION Benjamin Constant, Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri Wilhelm von Humboldt, Essai sur les limites de l'action de l'État Ludwig von Mises, Abrégé de L'Action humaine, traité d'économie Frédéric Bastiat, Sophismes économiques Yves Guyot, La Tyrannie collectiviste RÉFLEXIONS PHILOSOPHIQUES SUR L'ÉGALITÉ La Bibliothèque classique de la liberté se propose de rééditer des ouvrages qui, jusqu'à l'orée de la seconde moitié du xxe siècle, ont fait date dans l'histoire des idées et tout parti culièrement de la philosophie politique en apportant une contribution majeure à l'approfondissement et la promotion de la liberté individuelle - mais ne sont plus depuis long temps disponibles ou n'ont bénéficié que d'une rediffusion confidentielle. Collection de référence et de combat intellectuels visant d'abord à faire connaître et reconnaître la réalité d'une grande tradition libérale française, elle accueille aussi des textes situés aux marges de celle-ci, d'inspiration conserva trice, anarchisante ou issus d'une gauche ouverte aux droits de l'individu. JACQUES NECKER RÉFLEXIONS PHILOSOPHIQUES SUR L'ÉGALITÉ Préface de Jean-Fabien Spitz bibliothèque classique de la les belles lettres Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2005, Société d'édition Les Belles Lettres Société d'édition Les Belles Lettres 95, bd Raspail 75006 Paris. www.lesbelleslettres.com ISBN : 2-251-39040-5 PRÉFACE C'est chez Necker que l'on trouve l'une des formula tions les plus élaborées de l'incompatibilité entre la liberté de l'individu et le principe de l'égalité. Dans ses Réflexions philosophiques sur l'égalité publiées par le baron de Staël dans les Œuvres de M. Necker en 1821, le ministre de Louis XVI montre que cette égalité est incompatible avec l'ordre public, qu'elle contrarie essentiellement la liberté, qu'elle est en opposition avec la morale, et qu'elle ne saurait s'accorder avec le bonheur individuel. 1. L'incompatibilité entre l'égalité et l'ordre public L'égalité des droits et des conditions est tout d'abord en contradiction avec l'ordre public parce qu'elle est un frein à l'obéissance et à l'empire de la loi. Les philo sophes qui ont abstraitement proclamé l'égalité de tous les citoyens n'ont donc pas compris à quel point les rangs et les distinctions étaient indispensables à l'union civile, à l'ordre, et à l'obéissance aux lois 1. Dans les 1. Voir la présente édition, infra, p. 35. 8 RÉFLEXIONS PHILOSOPHIQUES SUR L'ÉGALITÉ inégalités de rangs et de conditions, ils n'ont voulu voir que le sujet d'humiliation dans les rapports d'homme à homme, mais non l'utilité politique qui en résultait. Le dogme de l'égalité qu'ils ont répandu partout a ainsi fonctionné comme un facteur de dissolution du délicat édifice de hiérarchies, d'obéissances et de déférences, qui constitue nécessairement le tissu d'un ordre social viable. Necker souligne en effet que le phénomène de l'obéissance politique est à la fois complexe et fragile. À tout prendre, il est étonnant de voir d'immenses masses d'hommes se soumettre volontairement à l'au torité de quelques-uns, alors que la réalité des rapports de force interdit à la poignée de ceux qui gouvernent d'imposer leur volonté et de contraindre le peuple à la soumission. La hiérarchie politique ne peut donc exis ter et se maintenir qu'avec le concours des habitudes de déférence et de respect, mais aussi grâce au prestige moral et à l'autorité dont jouissent les gouvernants. Or ces deux facteurs - habitudes de déférence et prestige moral des gouvernants- ne peuvent s'épanouir que si ceux qui exercent l'autorité sont éloignés de ceux qui y obéissent d'une infinité de degrés, en sorte que les seconds ne puissent se croire les égaux des premiers, et que les gouvernants sachent le peuple suffisamment loin d'eux pour ne pas avoir à céder à la démagogie et pour être en mesure de se déprendre de la pression des passions populaires. Pour que l'autorité politique conserve à la fois sa puissance et son indépendance, il faut donc que les citoyens ordinaires se sentent éloignés et qualitative ment distincts d'elle; pour cela il faut qu'il y ait toute une gradation de rangs intermédiaires entre elle et eux. D'une certaine manière, cette autorité se maintient parce que tous sont persuadés qu'il y a des maîtres et PRÉFACE 9 des sujets et que tous ne sont pas également qualifiés pour être maîtres. Il faut donc que les sujets aient une certaine déférence envers les maîtres et, à l'inverse, ceux qui gouvernent doivent être suffisamment hors de portée symbolique et matérielle de la masse du peuple pour en sentir l'infériorité, pour ne pas la craindre, pour ne pas s'effrayer de ses éventuelles cla meurs, et pour résister à la nécessité d'en suivre tous les mouvements afin d'éviter les explosions de colère et les rebellions. Les gouvernants doivent ainsi jouir de cette indé pendance réelle par rapport à la masse des ignorants sans laquelle l'art de gouverner ne serait plus celui de conduire les hommes vers la justice, mais celui de les accompagner démagogiquement dans la voie de l'er reur et de la ruine et de profiter de leurs erreurs. Toute Constitution qui place un trop grand pouvoir entre les mains d'un peuple dont les membres ont été proclamés égaux a ceci d'immoral et de dangereux qu'en affaiblis sant le prestige de la sagesse, de la raison, de l'éducation et de la fortune, en faisant croire que tous sont égale ment compétents pour manier les affaires publiques, elle prépare, comme le dit Necker, le triomphe des démagogues sans scrupules, des «hommes artificieux et hypocrites», qui n'hésiteront pas à gagner la multi tude en recourant à des moyens proportionnés à la fois à sa masse et à son ignorance et qui sauront flatter ses passions pour entraîner ses suffrages 2 • Lorsque les législateurs répandent ce que Necker appelle « un esprit général de prétention » parmi le 2. Necker, Du pouvoir exécutif dans les grands États, in Œuvres de M. Necker publiées par le baron de Staël (désormais O. C.), VIII, 447.

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