Les premiers temps, d’ordinaire, la grève comporte un certain charme, pour les hommes surtout. On ne quitte plus le cabaret. On discute interminablement, on boit le reste de ses « dimanches », on rentre saoul chaque soir. Et c’est le bon temps pour les cabaretiers. Puis, l’argent se fait rare. Le crédit se lasse. S’il fait beau, ce n’est rien encore. Les uns s’en vont pêcher. D’autres jardinent. D’autres se promènent dans les champs. Des tas de gens vautrés dans l’herbe dorment au soleil, tels des rentiers. Mais quand la mauvaise saison arrive, et avec elle la disette, on commence à déchanter. La femme, elle, depuis le premier jour, a crié misère.