Psychopathologie de la scolarité Chez le même éditeur Dans la même collection Psychopathologie en service de pédiatrie, par P. Duverger. 2011, 656 pages. L’attachement : approche théorique, par N. et A. Guédeney. 2010, 3e édition, 256 pages. L’attachement : approche clinique, par N. et A. Guédeney. 2010, 256 pages. La consultation avec l’enfant, par P. Delion. 2010, 3e édition, 280 pages. Enfance et psychopathologie, par D. Marcelli et D. Cohen. 2009, 8e édition, 736 pages. Adolescence et psychopathologie, par D. Marcelli, A. Braconnier. 2008, 7e édition, 720 pages. Introduction à la psychopathologie, par A. Braconnier. 2006, 352 pages. Dans la collection Pratiques en psychothérapie Les équipes mobiles auprès des adolescents en difficulté, par S. Tordjman, V. Garcin. 2010, 192 pages. TCC chez l’enfant et l’adolescent, par L. Vera. 2009, 352 pages. L’approche thérapeutique de la famille, par G. Salem. 2009, 5e édition, 304 pages. Applications en thérapie familiale systémique, par K. et T. Albernhe. 2008, 288 pages. Dans la collection Psychologie Le dessin et l’écriture dans l’acte clinique. De la trace au code, par C. Marcilhacy. 2011, 256 pages. Les professionnels face à l’enfance en danger, par P.G. Coslin et B. Tison. 2010, 232 pages. La mémoire de l’enfant. Développement normal et pathologique, par A. M. Soprano, J. Narbona. 2009, 216 pages. Échelles et questionnaires d’évaluation chez l’enfant et l’adolescent, par M. Bouvard. Vol. 1 : 2008, 192 pages. Vol. 2 : 2008, 200 pages. La relaxation thérapeutique chez l’enfant. Corps, langage, sujet, par M. Bergès-Bounes, C. Bonnet, G. Ginoux, A.-M. Pecarelo, C. Sironneau-Bernardeau. 2008, 216 pages. Rythmes de vie et rythmes scolaires, par F. Testu. 2008, 192 pages. Troubles de l’attention chez l’enfant. Prise en charge psychologique, par J. Thomas, G. Willems, C. Vaz-Cerniglia. 2007, 264 pages. Adaptation scolaire, par S. Guillard, Association française des psychologues de l’Éducation nationale du 1er degré. 2007, 296 pages, 2007 Dans la collection Médecine et psychothérapie Les dépressions périnatales, par J. Dayan. 2008, 240 pages. Le développement affectif et intellectuel de l’enfant, par B. Golse. 2008, 4e édition, 400 pages. Les thérapies familiales systémiques, par K. et T. Albernhe. 2008, 3e édition, 320 pages. Collection Les âges de la vie Dirigée par Pr Daniel Marcelli Psychopathologie de la scolarité De la maternelle à l’université 3e édition Nicole Catheline Psychiatre, praticien hospitalier, Accueil thérapeutique de jour pour adolescents, Centre hospitalier Henri Laborit, Poitiers Préface du Professeur Daniel MARCELLI Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo- copillage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établissements d’enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisa- tion, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adressées à l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réser- vés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le carac- tère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). © 2012, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. ISBN : 978-2-294-71159-6 Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex www.elsevier-masson.fr Préface En France, tout particulièrement, l’école est une véritable institution… nationale ! Elle a son langage, ses codes, ses rites, elle est le premier employeur du pays, dispose de son propre Bulletin Officiel qui diffuse des circulaires, arrêtés, règlements multiples et nombreux. Bien que ses membres soient tous avides de savoir et de connaissances nouvelles, l’institution se montre particulièrement sensible à la moindre idée de changement ou d’évolution institutionnelle ! Il n’en faut pas beaucoup pour que l’école se sente menacée et que les vagues protestataires déferlent sur le macadam des grandes villes. Depuis qu’elle existe, l’école a assurément procuré à tous ceux qui la fréquentent, élèves comme enseignants, de grandes joies, un enrichissement intellectuel et même affectif, elle a permis des promotions individuelles impensables quelques siècles auparavant, elle a contribué au combat contre la pauvreté, la misère sociale et culturelle liée au manque d’instruction. Mais elle a été aussi et est encore productrice de souffrance, chez les enseignants certes mais aussi dans les familles, chez les parents comme chez les élèves : elle stigmatise, rejette, révèle des pathologies et parfois même en fabrique… La psychopathologie liée à la scolarité peut s’entendre de bien des manières, et nombreuses sont les façons de l’aborder. Le mérite du présent ouvrage est de s’être attelé à cette tâche et d’apporter au lecteur un ensemble de faits et de connaissances très complet. Les plaintes concernant la scolarité chez un enfant ou un adolescent représentent un des motifs de consultation les plus fréquents auprès d’un professionnel de santé. Certes, la plainte peut recouvrir des problèmes extrêmement variés témoignant de la complexité d’un tel « symptôme » : il n’y a pratiquement aucune pathologie de nature psychique qui, à un degré ou à un autre, ne présente un retentissement scolaire. Même dans l’ano- rexie mentale, la scolarité « fait symptôme » par son hyperinvestissement. Mais au-delà de cette approche classique : les difficultés scolaires liées à telle ou telle condition psychopathologique : retard mental, dépression, psy- chose, etc., on rencontre bien évidemment d’autres difficultés spécifiques. Celles liées aux apprentissages scolaires (pathologies en « dys » : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, etc.), mais aussi celles qui se rapportent au cadre de la scolarité (phobie scolaire par exemple). Enfin, la pathologie pro- duite par l’école elle-même (stigmatisation par l’échec scolaire, harcèlement et violence à l’école…) jusqu’à l’éventuelle pathologie des enseignants qui n’est pas sans retentir sur l’élève, sa manière d’investir la scolarité et son bien-être. Rompant avec une perspective académique qui se serait limitée à une liste de conditions pathologiques et à leur retentissement sur les apprentis- sages, Nicole Catheline adopte un mode de présentation très innovant, à partir d’un point de vue développemental qui correspond parfaitement au titre de cette collection, Les âges de la vie. Successivement sont abordés les VI problèmes liés à la scolarité à l’école maternelle, à l’école élémentaire, puis au collège, au lycée et enfin, brièvement, à l’université. Chacun de ces grands chapitres s’ouvre sur une analyse des enjeux développementaux propres à chaque âge et des ressources cognitives ou affectives sollicitées par l’acquisition de nouvelles connaissances, puis sur les particularités de l’organisation de l’école à ce niveau, avant d’aborder la partie plus classique des troubles proprement dits. Cependant, ces derniers sont toujours décrits en fonction du cadre scolaire, et pas simplement en fonction des critères diagnostiques internationaux qui toutefois sont régulièrement rappelés. En effet, le défi est d’arriver à repérer les diverses difficultés le plus tôt possible, mais aussi à impliquer dans ce repérage des professionnels qui ne sont pas nécessairement des spécialistes de la psychopathologie de l’enfant ou de l’adolescent. Grâce à des descriptions très vivantes, « en situation », l’auteur réussit fort bien ce pari. Enfin, les grandes lignes de l’approche thérapeutique sont énoncées. Le rôle des parents et les actions possibles de l’école une fois le problème ou le trouble identifié est abordé également par l’auteur : que peut faire l’école (mais aussi le collège, le lycée) face à cette conduite ? De manière fort pertinente, Nicole Catheline a ajouté à ces chapitres déjà originaux des chapitres « transversaux » abordant des problèmes plus généraux mais qui ont un lien incontestable avec la question de l’épa- nouissement de l’enfant, son équilibre affectif et intellectuel ou sa décom- pensation. Ainsi sont traitées de façon claire, vivante et informative, les questions portant sur la place des parents dans la scolarité, la mixité et ses enjeux, le groupe-classe avec la dynamique propre qui en dépend, les rythmes scolaires, la psychopathologie du redoublement, etc. Dans chacun des cas, outre le rappel des données scientifiques disponibles, l’auteur situe ces questions dans une perspective historique et sociologique, montrant comment l’école condense en son sein des enjeux sociaux qui parfois la dépassent. Les services de repérage et d’aide en milieu scolaire et la ques- tion de l’intégration des handicapés ouvrent à de nombreuses réflexions. Le « peuple » des enseignants fait également l’objet d’une brève analyse qui se penche surtout sur l’épineuse question de la relation pédagogique. Chemin faisant, l’auteur apporte régulièrement des notations personnelles, témoignant de sa grande expérience avec l’Éducation nationale, faisant parfois discrètement quelques propositions qui permettront aux lecteurs d’alimenter leur propre réflexion. Issue d’une famille d’enseignants, Nicole Catheline a en effet une longue pratique clinique en collaboration avec l’Éducation nationale. Outre son travail classique de pédopsychiatre assurant des consultations en centre médico-psychologique, elle a été pendant plusieurs années médecin conseil- ler technique d’une CDES. Elle a ensuite conçu une structure de soin très originale : un hôpital de jour à temps partiel pour collégiens et lycéens en difficultés, structure qui fonctionne en réseau avec les établissements sco- laires. Enfin, elle coordonne et supervise depuis plusieurs années une unité d’intervention en collèges et lycées où sont mises en place des permanences d’évaluation par des infirmiers spécialement formés à ce type d’action. VII Cet ouvrage n’est pas seulement le résultat d’un savoir académique, il est aussi celui d’une longue expérience clinique qui en imprègne toutes les lignes. Tous les professionnels qui reçoivent des enfants liront cet ouvrage avec intérêt : psychiatres et pédopsychiatres mais aussi médecins généralistes, pédiatres, médecins de l’Éducation nationale, psychologues, infirmiers, éducateurs, travailleurs sociaux, etc., car son style est accessible à tous et tous y trouveront matière à réflexion et à enrichissement professionnel. Cette 3e édition fait une large place à l’évolution du système scolaire depuis le milieu des années 2000, suite à la loi d’orientation d’avril 2005. Ces cinq dernières années ont en effet été particulièrement fécondes en remaniements structurels, certains profonds comme celui concernant la formation des enseignants ou la scolarisation des handicapés. Ces change- ments concernent toutes les étapes de la scolarité : réforme de l’université en 2005, du primaire en 2008, des lycées en 2010, développement des voies par alternance au niveau du collège depuis 2009. L’impact des enquêtes internationales sur ces réformes, en particulier sur la question des rythmes scolaires, ainsi que la comparaison avec d’autres systèmes européens sont développés dans cette 3e édition. Enfin, un nouveau chapitre concerne les phénomènes de school bullying, harcèlement entre pairs en milieu scolaire. Professeur Daniel Marcelli À la mémoire de ma grand-mère, Hussard noir de la République. À André et Jeanine de Chateau-Guis Introduction Les difficultés scolaires sont en passe de devenir un véritable phénomène de société. L’échec scolaire a reçu au cours de l’histoire de nombreuses interpré- tations tantôt morales (paresse), tantôt médicales (déficiences intellectuelles ou instrumentales), tantôt psychologiques (désir ou refus d’apprendre), et actuellement sociales (la réussite dépendrait de la congruence entre les valeurs culturelles transmises par la famille et celles attendues par l’école). Ces lectures doivent cohabiter dans une vision holistique. Un enfant naît avec un potentiel génétique dans une famille où il vit des interactions affec- tives et dont il reçoit un bagage culturel. Il évolue dans une société qui a édicté ses propres valeurs. Il serait vain de n’attribuer l’échec qu’à l’un de ces facteurs. Décrier les recherches dans l’un ou l’autre de ces domaines ne nous paraît ni raisonnable ni fructueux pour répondre aux sollicitations dont les médecins et psychologues sont l’objet. Toutes les approches peuvent cohabiter à condition de ne pas ériger l’une d’entre elles au rang d’explica- tion univoque. L’approche psychanalytique a payé le prix fort d’une telle attitude dans les années 70-80. L’approche neurologique et instrumentale pourrait bien à son tour écoper du même traitement si elle n’y prend garde. Pourtant, il est important d’effectuer des recherches dans tous ces domaines. Compte tenu de la spécialisation de chacune de ces approches, il nous paraît raisonnable d’envisager la lutte contre l’échec en s’appuyant sur le travail en réseau, personne ne pouvant plus raisonnablement prétendre détenir la somme nécessaire des connaissances pour avoir une vision complète de la situation. Mais ce travail s’avère difficile car de même qu’un pêcheur remaille après chaque pêche son filet, il faut sans cesse raccommoder les liens du réseau (Marcelli, 1999), les personnes changeant fréquemment. En outre, le travail en réseau demande une certaine ouverture à d’autres milieux, d’autres logiques de fonctionnement. Cela oblige à se départir de ses propres outils d’évaluation pour accepter ceux des autres. Les difficultés scolaires se trouvent au confluent de plusieurs champs : champ médical neurologique ou psychiatrique, champ psychologique et champ social. Chacun répond à des logiques propres qui souvent s’ignorent. Si l’exercice de la profession de médecin comporte, comme le définit l’étymologie même du nom, une fonction de médiateur, alors l’échec sco- laire doit être une préoccupation médicale. Sans présumer d’une origine somatique des difficultés, le médecin est celui qui veille avant tout à la santé (au sens large du terme) des individus. Dans notre société, l’échec scolaire constitue non seulement une tare que peu d’élèves arrivent à surmonter, mais comporte des risques en termes de santé psychique et physique (par exemple, consommations de produits). À ce titre, le médecin qu’il soit généraliste, pédiatre, médecin scolaire ou pédopsychiatre est concerné. Il est donc important que l’approche des difficultés scolaires soit enseignée aux étudiants en médecine pour que puisse être réalisé ce travail en réseau. XVI Sur un plan plus social, l’école, malgré les reproches qui lui sont faits, a malgré tout su s’adapter, même avec lenteur, même avec maladresse à un public de plus en plus hétérogène qui la fréquente de plus en plus long- temps. Beaucoup plus que la succession des réformes dont l’accélération au cours de ces vingt dernières années (depuis 1989) a fait couler beaucoup d’encre, les principaux reproches concernent la formation des enseignants d’un côté et la lourdeur administrative de l’autre. Les enseignants sont encore laissés bien trop seuls face à des élèves qui ont beaucoup changé et dans lesquels ils ne se retrouvent plus. Leur formation initiale est encore trop sommaire en matière de psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Bien que beaucoup d’entre eux refusent l’idée de s’occuper de « l’éducation » des enfants, il est devenu évident que l’école ne peut plus se contenter d’instruire et que l’enfance et l’adolescence y ont désormais fait leur entrée. D’un autre côté, la hiérarchisation très forte de l’Éducation Nationale, premier employeur de l’État constitue un autre obstacle à la nécessité adap- tative qui se profile compte tenu des changements sociaux de ces cinquante dernières années. On ne peut pourtant pas faire le reproche du manque d’idées pour tenter d’apporter des solutions aux problèmes posés par la mas- sification de la scolarité, mais il s’agit aussi de faire changer les mentalités, ce qui est plus difficile. La forte hiérarchisation fait que si un responsable est réticent voire hostile au changement, il a la possibilité de bloquer toute innovation pour plusieurs années. Malgré toutes ces insuffisances, l’école constitue un lieu indispensable pour la construction de l’identité et l’acquisition de connaissances. Il faut donc s’atteler à mettre en commun les connaissances des uns et des autres plutôt que de s’affronter dans une lutte stérile à propos d’options théo- riques divergentes. Bibliographie Marcelli, D. (1999). Prévention du suicide chez les jeunes, prévention de la récidive de la tentative de suicide. Communication orale. Forum Santé. Les états généraux de la santé, Pays de Loire : La-Roche-sur-Yon.