Ma femme se plongea dans des catalogues de roses et je fis l’acquisition d’une pioche. Je m’étais escrimé sur environ trois mètres de terre bien tassée lorsque j’aperçus parmi les mauvaises herbes un miroitement d’un jaune sale. De toute évidence, un fermier avait, voilà des années, jeté là par un chaud après-midi, une bouteille de pastis vide. Je déblayai la terre. Il ne s’agissait pas du bouchon d’une vieille bouteille: c’était une pièce de monnaie. Je la rinçai sous le jet du tuyau d’arrosage et elle brilla au soleil d’un éclat doré. C’était une pièce de 20 francs datée de 1867. Sur un côté on voyait la tête de Napoléon III avec son bouc bien taillé et sa situation sociale -empereur – gravée en caractères majestueux.
Ma femme était aussi excitée que moi. “Il y en a peut-être plein d’autres, dit-elle. Continue à creuser. ”
Dix minutes plus tard, je découvris une autre pièce. Celle-ci était datée de 1869 et le passage des années n’avait pas laissé de traces sur le profil de Napoléon, à cela près qu’une couronne lui était poussée sur la tête. Je maniais la pioche jusqu’à en avoir les paumes en sang: mais comme il fallait s’y attendre, cela attira l’attention d’Amédée. Alors qu’il s’apprêtait à engager la lutte contre le mildiou qui, il en était convaincu, se préparait à attaquer les vignes, il s’arrêta pour me demander ce que je faisais.
“Je plante des roses, répondis-je.
— Peuchère ! Ils doivent être grands, ces rosiers, pour avoir besoin d’un trou de cette taille-là, des rosiers buissonnants, peut-être ? Qui viennent d’Angleterre en convoi spécial ?”
Voici Provence toujours, l’irrésistible suite d’Une Année en Provence. Plus de trois millions d’exemplaires vendus dans le monde. Peter Mayle est Britannique. Ancien publicitaire, il fuit New York et Londres pour venir vivre en France et écrire. Ses livres sont traduits dans le inonde entier.