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ProstitutionS : quel accompagnement vers la santé PDF

38 Pages·2016·1.64 MB·French
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. . ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? Actes de la matinée de sensibilisation du 15 décembre 2015 ……. Salle de conférence des Archives Départementales Centre Jean Berthoin Grenoble Remerciements… Aux membres du groupe de travail « Santé & Prostitution » qui ont joint leurs efforts et leurs compétences pour proposer ce temps d’échanges et de réflexion. Plus particulièrement à ceux qui sont intervenus au cours de cette matinée de sensibilisation. A l’Appart et l’Amicale du Nid Isère pour la mise à disposition de leurs outils pédagogiques dont ont été extraits les témoignages vidéo projetés dans la matinée. Au public d’avoir répondu présent. 144 personnes (professionnels de santé, travailleurs sociaux, enseignants, élus, policiers municipaux) ont participé à ce temps de travail. C’est un succès ! Au Département de l’Isère pour la mise à disposition gracieuse de la salle de conférence des Archives départementales. A l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes qui a soutenu et relayé cette action. Au Pôle Isère VIH (IREPS RA/DD 38) pour avoir été la cheville ouvrière de l’organisation de cette matinée et pour la mise en forme de ces actes. …Textes sous la responsabilité de leurs auteurs… ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 2 ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? Des éléments d’information et de réflexion pour mieux prendre en compte la prostitution dans les pratiques professionnelles. Mardi 15 décembre 2015, de 8h30 à 12h30 Matinée de sensibilisation organisée par le groupe de travail « Santé & Prostitution* » Programme 8h30 Accueil café 9h Introduction / Présentation du mur de mots (Marc Brisson & Pascal Pourtau, IREPS/Pôle Isère VIH) Témoignage vidéo 9h30 Mieux connaître les différents visages de la prostitution, pour mieux (ré)agir (Catherine Deschamps, L’Appart) Echanges avec la salle Témoignage vidéo 10h30 Le parcours des personnes prostituées : comment les accompagner sur le chemin de la santé ? (Agnès Bonneau, Amicale du Nid Isère) Echanges avec la salle Témoignage vidéo 11h30 Comment entendre la demande (ou la non demande) des personnes en situation ou en risque de prostitution et comment y répondre ? (Suzanne Mawazini & Eve Pellotier, CeGIDD Grenoble ; Elsa Andrieux, Roms Action) Echanges avec la salle Témoignage vidéo 12h30 Fin ……. * Groupe de travail « Santé & Prostitution » : IREPS/Pôle Isère VIH, Amicale du Nid Isère, L’Appart, AIDES, CeGIDD Grenoble, CPEF du Centre départemental de santé, Planning Familial de Grenoble, Ville de Fontaine, Prométhée, Roms Action. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 3 Introduction… Marc Brisson, Pôle Isère VIH – IREPS RA/DD38 Merci de votre participation à cette matinée d’échanges, d’information et de réflexion sur la question de l’accompagnement vers la santé des personnes en situation de prostitutionS. ProstitutionS avec un S, au pluriel donc. Car ces personnes ont des chemins pluriels. Cette matinée vous est proposée par un groupe de travail et de réflexion constitué d’acteurs spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de prostitution (Amicale du Nid Isère et l’Appart qui est un service en milieu ouvert de l’association ALTHEA) et d’acteurs non spécialisés mais confrontés à ce public par différents biais (Le Service Infections Sexuellement transmissible du Département de l’Isère, le centre de planification départemental, l’association AIDES, le Planning Familial de l’Isère, le Service hygiène et santé de Fontaine, Prométhée, Roms Action et le Pôle Isère VIH de l’IREPS Rhône-Alpes). A l’origine du groupe qui s’est constitué il y a 2 ans : un questionnement partagé sur des demandes grandissantes de préservatifs en nombre par des personnes en situation de prostitution auprès de nos structures spécialisées ou non. Avec un afflux de femmes prostituées notamment d’Afrique subsaharienne. Et puis, nombre d’entre nous ont été confrontés à des situations complexes d’accueil et à des difficultés d’accompagnement et d’orientation de personnes en situation de prostitution dans leurs parcours santé. Dans ces difficultés rencontrées par les structures du groupe de travail ou vers qui des personnes en situation de prostitution ont été orientées, nous avons constaté que nos représentations personnelles et nos positions professionnelles agissaient sur nos pratiques d’accueil, d’écoute, de prise en charge, d’orientation et d’accompagnement des personnes. C’est à partir de ces constats que nous avons été amenés à vous proposer cette matinée, en partant de nos pratiques et de nos représentations, celles que certains d’entre nous ont déjà interrogées, celles que vous avez envie d’interroger aujourd’hui. D’où l’idée de vous accueillir avec l’exposition que vous avez pu voir dans le hall d’accueil. Réalisée par l’association « Les Pourquoi pas », elle est le fruit d’un travail basé sur la parole des personnes accueillies et accompagnées à l’Appart. Ce n’est qu’une partie de l’exposition. Elle fera l’objet, je crois, de l’édition d’un ouvrage. Et puis une autre idée : C’est ce mur de mots que vous voyez derrière moi. Et là, je passe la parole à Pascal Pourtau, mon collègue du Pôle Isère VIH, qui va vous le présenter. Je remercie l’ensemble des intervenants et des membres du groupe de travail qui ont pensé cette journée sur un sujet hautement délicat, vaste et complexe à aborder. Nous tentons ici d’apporter notre pierre à l’édifice pour nous/vous aider à nous améliorer dans nos fonctions, nos pratiques professionnelles, et nos actions. Je remercie aussi le département de l’Isère qui a bien voulu mettre gracieusement la salle des Archives départementales à notre disposition, ainsi que l’Agence Régionale de Santé qui soutient cette initiative. ……. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 4 Mur de mots… Pascal Pourtau, Pôle Isère VIH – IREPS RA/DD38 Nous projetons, ce matin, le mur de mots construit à partir des 3 items recueillis sur les bulletins d’inscription. Ces mots que, vous-mêmes, vous projetez sur la thématique « Santé-Prostitution ». Nous avons recueillis 150 mots différents. « Prévention » arrive en tête en ayant été proposé 30 fois. Suivent « Précarité » cité 21 fois, « Risques » 16 fois, « Violence » 15 fois puis « Accompagnement » et « Vulnérable » à 13 reprises. Notre projet n’est pas de vous en proposer une analyse ni une grille de lecture. Il est de donner à réfléchir, à penser. C’est une sorte d’instantané de vos associations d’idées, de vos représentations, avant cette matinée de sensibilisation. Au bas des questionnaires d’évaluation que vous trouverez dans les dossiers participants, nous vous proposons à nouveau d’associer 3 mots avec la thématique « Santé-Prostitution ». Nous verrons alors si, à l’issue de cette matinée, le mur de mots en est transformé. ……. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 5 Mieux connaître les différents visages de la prostitution, pour mieux (ré)agir… Catherine Deschamps, L’Appart’ Notre connaissance de la réalité de la prostitution n’est pas exhaustive. Elle nous vient essentiellement de ce qui est évoqué par les personnes que nous rencontrons, que ce soit dans nos services ou lors des contacts de rue la journée et la nuit. Nous avons également des informations par l’intermédiaire de certains de nos partenaires : services d’hébergement d’urgence, missions locales, services de l’Aide Sociale à l’Enfance, services sociaux de secteur, équipes de prévention spécialisée, hôpitaux, services de police, coordination nationale AcSé... Mais cette connaissance reste partielle compte tenu de la multiplicité des formes de prostitution, de l’invisibilité de certaines de ces formes et de la difficulté des personnes qui y ont recours à en parler. Le département de l’Isère est le cadre d’intervention géographique de l’Appart’ de Grenoble. A Grenoble, la prostitution a beaucoup changé au cours des années. Après le procès des « filles de Grenoble » en 1980, au terme duquel un réseau important de proxénètes a été démantelé, on a pu constater jusqu’aux années 2000 une baisse de la prostitution de rue. Parallèlement, au cœur de la ville de Grenoble, se sont multipliés les établissements de type « bar américain » que l’on peut appeler aussi « bar à hôtesses ». En 2003, pour faire face à l’explosion de la Traite des Êtres Humains (TEH), le racolage passif est à nouveau pénalisé. La prostitution est jugée dérangeante. En effet, la Loi de Sécurité Intérieure du 18 mars 2003, en supprimant la distinction entre racolage passif et racolage actif, place les personnes qui se prostituent dans la rue dans une zone de non-droit : la prostitution reste autorisée, mais le racolage sur la voie publique devient un délit pouvant être sanctionné par des amendes élevées et des peines de prison. Même si cette loi n’est pas appliquée de la même façon partout en France, elle a engendré des déplacements des lieux de prostitution et de racolage vers la périphérie des villes, voire vers des villes de moindre importance où elle est moins sanctionnée. L’intérêt porté à l’application de la loi est fonction, avant tout, de l’incidence qu’elle a sur les riverains et sur le maintien de l’ordre public. A Grenoble la prostitution de rue s’est fait un temps plus discrète alors que la prostitution sur les axes routiers a fortement progressé. La prostitution actuellement Depuis les cinq dernières années, nous observons une augmentation significative de la prostitution dans la rue la nuit mais également la journée au cœur de l’agglomération grenobloise. La majorité des personnes présentes dans la rue sont étrangères ; beaucoup viennent d’Afrique subsaharienne et d’Europe de l’Est. Ce phénomène est lié au développement de la Traite des Etres Humains. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 6 Aujourd’hui, selon les chiffres de l’OCRTEH, plus de 90% des personnes en prostitution de rue sont étrangères contre 20% en 19981. Il n’est pas toujours facile d’établir et de maintenir un lien avec ces personnes, en raison de la barrière de la langue, de leur très grande mobilité et, en tout état de cause, de l’influence et la surveillance des réseaux. Le périmètre de leur activité semble s’être élargi puisque on note leur présence près de la gare, sur le cours Jean Jaurès et de la Libération, boulevard Gambetta, rue des Alliés, autour de la Mairie... Nous sortons également en journée dans le quartier de la gare qui est fréquenté par un nombre important de jeunes en errance, en grande précarité et parmi eux des jeunes filles qui se prostituent. Il est particulièrement compliqué d'entrer en contact avec ces personnes qui sont méfiantes et dont l'activité de prostitution n'est pas affichée. L'objectif d’une présence régulière serait de se faire repérer, de se faire connaître pour pouvoir peut-être ensuite entrer en contact. Depuis 3 à 4 ans, sont présentes dans le secteur de la gare de très jeunes femmes originaires des pays de l’Est et quelques personnes d’Afrique subsaharienne. Pour les personnes roumaines la question de la langue fait particulièrement obstacle à la rencontre mais également la présence d’hommes surveillant ces personnes. Sur les axes routiers, la prostitution reste importante. Chassées du centre des grandes villes et notamment de Lyon, les personnes se prostituent sur les routes du sud et du nord Isère et très souvent dans des camionnettes stationnées au bord des routes. L’Amicale du Nid, qui rencontre les personnes dans le cadre de maraudes, fait le constat que si se maintiennent quelques personnes françaises installées depuis longtemps dans la prostitution, la majorité de jeunes femmes sont d’origine d’Afrique subsaharienne et d’Europe de l’Est, avec un important turn over lié à l’organisation des réseaux. Dans les parcs de Grenoble et son agglomération, il s'agit principalement de prostitution masculine où drague et prostitution se côtoient avec des frontières parfois floues entre les deux. De très jeunes garçons d’origine étrangère sont présents et proposent leurs services. Dans de nombreux établissements, la prostitution s’exerce de manière cachée : - Certains petits bars de quartier embauchent des jeunes femmes qui doivent être disponibles pour les clients ; - Certains cabarets, discothèques, clubs échangistes, boîtes de strip-tease peuvent être parfois des lieux favorisant la prostitution ; - Des salons de massage, des salons d’esthétique, hammams, saunas sont, pour certains d’entre eux, des prétextes qui cachent en réalité des pratiques de prostitution ; - Les chaînes d’hôtel à bon marché permettent que la prostitution s’exerce dans un total anonymat. Dans les hôtels de grand standing, elle peut prendre la forme d’une prestation offerte au client ; - Les bars américains, appelés aussi bars à hôtesse, bars à champagne ou bars montants. Il n’est pas rare de trouver dans la presse locale des annonces recrutant pour ce type d’établissement. Ainsi, des jeunes femmes sans qualification, sans travail, isolées, mais aussi des étudiantes y trouvent un emploi d’hôtesse ou de serveuse qui mène la plupart du temps à la prostitution. 1 Cf. Rapport National Geoffroy (p.34) ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 7 Au regard du nombre significativement important d’établissements de type bar à hôtesses à Grenoble, il nous est apparu important de faire état des éléments d’information communiqués par les personnes rencontrées au service. Peut-on considérer que ce sont des lieux de prostitution ? Pour répondre à cette question, il nous est apparu important de définir plus clairement le fonctionnement de ces établissements. Les personnes disent avoir été informées de l’existence de ces lieux le plus souvent par le biais de petites annonces insérées dans les journaux locaux dans la rubrique « emploi hôtellerie, restauration ». On constate, chaque semaine, plusieurs annonces d’offres d’emploi d’hôtesse. Il est important de préciser que, pour une personne connue du service, la transmission de l’offre s’est faite directement par l’intermédiaire de Pôle Emploi. Ceci est rendu possible car les personnes sont recrutées sur la base d’un contrat de travail et sont déclarées comme salariées. Toutefois on constate, d’une part qu’il y a un décalage énorme entre le nombre d’heures déclarées et le nombre d’heures effectuées, l’hôtesse se devant d’être présente de 15 heures à 1 heure du matin et n’étant déclarée qu’environ 3 heures par jour. D’autre part, même si elles ont des fiches de paye, les personnes ne sont rémunérées que proportionnellement au chiffre d’affaire lié à la consommation de leur client. Dans certains cas où le client ne consomme pas suffisamment ou en l’absence de client, il peut être demandé à l’hôtesse de rembourser la somme qui correspond au fixe annoncé. Ceci situe toute l’ambiguïté de ces établissements qui à la fois semblent s’appuyer sur un cadre légal et à la fois le détournent. Les tenanciers savent que les personnes embauchées ne sont pas en situation de faire valoir leurs droits. Ce sont souvent des personnes jeunes, en rupture familiale, sans soutien extérieur. Ils s’appuient sur leur fragilité et leur donnent l’illusion qu’elles ne sont pas véritablement sur un lieu de travail, avec les exigences qui y sont liées (hiérarchie, respect des horaires) mais plus qu’elles appartiennent à une grande famille et sont impliquées dans la vie de l’établissement. Une forme de dépendance insidieuse se met en place et piège la personne. Celle-ci, pour pouvoir exister au regard du « patron » ou plus souvent de la « patronne », va devoir progressivement se plier à ses exigences qui ne sont pas pour autant explicites. La personne a le sentiment d’être appréciée, valorisée, mais dans la réalité cela est étroitement lié à ses résultats financiers. Il faut donc développer tout un jeu de séduction pour amener le client à consommer. Progressivement, une certaine différence va se jouer entre les hôtesses. Certaines acceptent, d’autres pas, de répondre aux demandes de plus en plus précises du client, allant jusqu’au rapport sexuel. Les hôtesses qui acceptent ce type de relation sont donc celles qui ont la plus grande place dans le bar et il n’est pas rare que celles qui refusent soient peu à peu mises à l’écart et se retrouvent sans salaire ou presque. Il apparaît donc clairement que ces établissements favorisent, voir organisent de façon évidente la prostitution des personnes qui y travaillent. Par ailleurs, au-delà de ce que les personnes acceptent ou non dans la relation avec le client, elles sont dans une situation où tout échange est perverti par l’argent. Chacun fait croire à l’autre à l’autre qu’il existe une relation mais elle n’est, en fait, qu’illusoire. Ces relations sont d’autant plus fausses que le client se présente comme un homme riche ou qui en a l’air et qu’il fait parfois croire à l’hôtesse qu’elle pourrait être pour un temps « la femme de sa vie ». Ce mode de séduction et de faux-semblant peut mettre ces jeunes femmes en porte à faux par rapport à leur vie affective. Elles ne savent plus qui elles sont et ce qu’elles peuvent attendre d’une relation avec un homme. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 8 D’autre part, leur monde relationnel finit par se limiter à celui du bar américain. Du fait des horaires, elles se trouvent pratiquement exclues de toute autre forme d’échange : elles rentrent chez elles vers 2 heures ou 5 heures du matin, se lèvent à midi et repartent à 15 heures. Leurs conditions de vie influent sur leur état de santé (problème de sommeil, déséquilibre alimentaire et bien souvent un état de dépendance à l’alcool). Tous ces éléments démontrent à quel point ces personnes peuvent être mises à l’écart de la vie sociale. A noter qu’avant d’être embauchées dans ces établissements, elles avaient déjà des difficultés pour trouver une place dans notre société. Ce sont souvent des personnes jeunes, en rupture familiale qui pensent ne pas avoir accès à l’emploi et trouvent dans cette solution une réponse à leurs difficultés et à leur solitude. Le recours au bar américain les marginalise encore davantage. Elles ne savent à qui s’adresser. Leur activité reste cachée au regard de leur entourage, la plupart d’entre elles n’osent pas en parler à leurs parents. Il est important que ces jeunes puissent trouver des interlocuteurs prêts à les écouter. Il nous est difficile d’aller vers elles comme nous le faisions auprès des personnes qui exercent leur activité de prostitution dans la rue. Certaines d’entre elles ont eu connaissance de notre service soit par la bouche à oreille, soit par l’intermédiaire de certains de nos partenaires (mission locale, centre d’accueil municipal, service social de secteur. D’où la nécessité de sensibiliser de manière large sur ce problème les différents partenaires sociaux qui rencontrent les jeunes en situation de fragilité. Lorsqu’ils seront amenés à proposer à ces jeunes une orientation vers notre service, il est essentiel qu’ils s’appuient sur notre mission de prévention de la prostitution. En effet, la plupart des celles qui ont cette activité ne se reconnaissent pas comme étant prostituées. Elles sont cependant souvent confrontées aux mêmes difficultés et il peut être important de leur proposer un accompagnement spécifique de proximité et dans la durée. En conclusion, confère le rapport Geoffroy, on peut considérer ces établissements comme étant à haut risque prostitutionnel. Enfin, la prostitution par l’intermédiaire d’Internet s’est beaucoup développée ces dernières années. De nombreuses annonces sont des propositions de services sexuels tarifés ; il s’agit de prostitution à peine dissimulée. Les réseaux de proxénètes sont bien présents pour favoriser et organiser ce type de contacts, même si certaines personnes le font pour leur propre compte. Les relations ont alors lieu soit à domicile, soit dans des hôtels, des résidences hôtelières, des appartements loués pour de courtes périodes… Des sites de rencontres tels que Viva Street sont le support d’offres de rapports sexuels tarifés. Des salons ou des évènements sportifs peuvent être le prétexte à des annonces d’hôtesses pour quelques jours qui se révèlent être de la prostitution. Parallèlement, il existe une prostitution occasionnelle difficilement localisable. Elle concerne des jeunes et des adultes en situation de précarité, pour qui la prostitution est une réponse ponctuelle à des besoins financiers. Ainsi, certaines personnes trouvent un hébergement contre des services sexuels, acceptent des relations en échange d’un « plein » de courses, de vêtements, du paiement du loyer… La prostitution des jeunes est une réalité difficile à évaluer. On observe par exemple, la mobilité de certains jeunes mineurs fragiles, placés en foyer, qui fuguent deux ou trois jours, parfois plus. Ils partent dans une autre ville et reviennent avec des vêtements neufs ou des objets de consommation coûteux sans pouvoir mettre de mots sur ce qu’ils ont vécu. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 9 Les jeunes en fugue ont pu être « captés » par des proxénètes, parfois eux aussi très jeunes, avec l’obligation de se prostituer dans des lieux bien cachés et bien organisés, les contacts étant souvent établis par Internet avec les clients (confère le suivi d’une jeune fille, suivie plusieurs années par le service avec l’appui d’un contrat jeune majeur, ayant porté plainte contre ses proxénètes). De plus, les jeunes en errance, en rupture, sans appui affectif sont particulièrement exposés, d’autant qu’ils n’ont droit à aucun revenu. Ils évoquent parfois des situations de « débrouille » passagère… Quant à la prostitution étudiante, il est complexe de rendre compte de sa réalité. A l’université et dans les différentes filières de formation, ce sujet est, comme bien souvent ailleurs, difficile à aborder. Nous savons que la précarité, la fragilité et la solitude de nombreux étudiants peuvent les exposer à des risques de prostitution. Une étude a été réalisée par une infirmière du Centre de Santé Inter-Universitaire de Saint Martin d’Hères dans le cadre d’un mémoire de formation de conseillère conjugale à partir d’un questionnaire proposé sur 324 répondants : 4 % indiquent avoir eu des actes sexuels contre argent ou biens, cela concerne des femmes et des hommes, 57 % indiquent que cela est en lien avec une situation de précarité, 43 % évoquent une notion d’émancipation sexuelle. Les bars à hôtesse sont souvent cités. ……. ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 10

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ProstitutionS : Quel accompagnement vers la santé ? 2. Remerciements… Aux membres du groupe de travail « Santé & Prostitution » qui ont joint
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