ebook img

Propos sur les pouvoirs PDF

365 Pages·1610·6.54 MB·French
by  
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Propos sur les pouvoirs

Alain Propos sur les pouvoirs folio essais Alain Propos sur les pouvoirs ÉLÉMENTS D’ÉTHIQUE POLITIQUE Propos choisis et classés par Francis Kaplan Postface de Robert Bourgne Gallimard Dans la même collection ÉLÉMENTS DE PHILOSOPHIE, n° 150 MARS OU LA GUERRE JUGÉE suivi de DE QUELQUES-UNES DES CAUSES RÉELLES DE LA GUERRE ENTRE NATIONS CIVILISÉES, n° 262 PROPOS SUR LE BONHEUR, n° 21 © « C'est une espèce d’axiome... » de Souvenirs de guerre, p. 235-237, Éditions Hartmann, 1938, Flammarion. © « J'enseigne l'obéissance... », « L'union fait la force... », « Par ces temps d'examen... » de Propos sur l'éducation, LXXX111, LXXX, Rieder, 1932, P.V.F. © « L'ordre enfermé par lui-même... », « Le R.P. Phileas me dit... », « Penser, c'est dire non... » de Propos sur la religion, Rieder, 1938, P.U.F. © Éditions Gallimard, 1985, pour la présente édition. Emile Charlier, dit Alain, né le 3 mars 1868, mort le 2 juin 1951, écrivain et philosophe, professeur et journaliste, résolument démo­ crate et pacifiste. Une œuvre d'ample envergure et de grand style, singulièrement présente au lecteur, fait d'Alain, trente ans après sa mort, l'une des plus vigoureuses figures de l'humanisme occidental. Son audience a débordé la sphère francophone, bien qu’il se rencontre peu d'écri­ vains qui se soient à ce point enracinés dans un sol et une tradition aussi spécifiquement français. Emile Chartier, Percheron avoué et revendiqué comme tel par sa ville natale de Mortagne, qui lui consacre un musée, est républicain de naissance. Par formation et métier, c’est un technicien de la philo­ sophie, c'est-à-dire un homme qui, de Platon à Hegel, continue une tradition vivante. De là s’élève, dans la khâgne du lycée Henri-IV à Paris la notoriété d'un professeur admiré par ses élèves, craint par ses pairs. Un esprit dont l'ascendant tient à une indépendance qui ne transige pas, se signale par des jugements impitoyables. Parallèle­ ment, et celte fois par une force de nature prodigue et prompte dans ses engagements, Alain, suscité par l'événement (affaire Dreyfus, séparation de t'Eglise et de l'Etat, etc.), devient journaliste. Ainsi impose-t-il sa présence dans la vie politique française de 1906 (appari­ tion du Propos quotidien dans La Dépêche de Rouen) à 1938 (Suite à Mars, lucide et ultime témoignage sur la montée de la Seconde Guerre mondiale), présence dérangeante qui joint la résistance à l'obéis­ sance, pousse à son terme la désacralisation de l'Etat, maintient au cœur de la démocratie l'essentielle contradiction des pouvoirs et du citoyen. <■ Des passions politiques assez vives, écrit-il de lui-mème, au service d'opinions en somme modérées le conduisirent à soutenir par la plume et aussi pendant plus de vingt ans par la parole la politique de gauche. Au cours de ces luttes mémorables, il connut Jaurès, de Pressensé, Ferdinand Buisson, Séailles, Painlevé, toujours en accord avec eux, quoique indiscipliné par nature. » Voilà ce que recouvre le radicalisme d'Alain : ce n'est pas la doctrine d'un parti politique, c'est la critique radicale du pouvoir comme politique. PRÉFACE Alain est assurément tout le contraire du philosophe de métier présentant sa doctrine dans des traités obscurs, démontrant le sérieux de son entreprise par un langage systématiquement technique, par une accumulation de références et de citations qui le tiennent - et peut-être même visent à le tenir- à l'écart du grand public. Il écrit, au contraire, avec beaucoup de désinvolture, de courts propos d'une ou deux pages, sur les sujets les plus variés, ait hasard de l’inspiration, de l’humeur ou de l’actualité, dans des journaux qui s’adressent à rien moins qu’à des spécialistes. Aussi ceux-ci se sont-ils bien vengés, lui refusant le titre de philosophe, le rabaissant au rang d’essayiste ou de littérateur qui se bornerait à mettre en forme de simples lieux communs Pour rester dans le domaine auquel est consacré cet ouvrage, Raymond Aron rappelait qu'Alain lui avait dit : « Ne prenez pas mes idées politiques trop au sérieux. Il y a seulement des gens que je n’aime pas; j’ai passé ma vie à le leur dire 2. » Tout Alain est dans cette boutade. A nous de ne pas nous laisser prendre au piège qu’elle nous tend \ 1. Alain parie lui-méme de « la réputation, écrit-il, que j'eus désor­ mais (après les Propus) d'improviser et de m'amuser. Je n’ai l ien l'ait pour vaincre ce préjugé. » (Histoire tle nies pensées, p. 106). 2. ¡.'homme contre les tyrans, p. 106. 3. « Si ce livre, écrit Alain préfaçant les Qttutre-vmni-iin chapitres sur ¡'Esprit et les ¡xissions, tombait sous le jugement de quelques philoso­ phes de métier, celte seule pensee gâterait le plaisir que j'ai trouve a iccrire, plaisir qui lut vif. » 8 Préface Non seulement cela serait injuste, mais nous passe­ rions à côté d'immenses richesses. Nous ne jouerons pas au petit jeu stérile de savoir qui le premier a dit quoi. Toute pensée a toujours des antécédents et il est trop facile de la récuser au profit de ceux-ci. Nous sommes persuadés qu'Alain a apporté quelque chose de nouveau, même s'il s’inscrit dans une évidente tradition. Jamais la nécessité de contrôler les pouvoirs et le mécanisme de ce contrôle, le danger de partis trop rigides n'ont été exposés avec autant de force et de précision, n'ont été fondés avec autant de rigueur. On peut ne pas admettre ses conclu­ sions. On ne peut pas ne pas au moins les discuter et sa doctrine est un passage obligé de toute théorie politi­ que. On a vite dit, il y a une quinzaine d'années, qu'elle est dépassée. Si on entend par là qu'elle est dépassée au sens où peut être dépassée une théorie scientifique, au sens où la théorie de Newton est dépassée par celle d'Einstein, ce serait oublier que la philosophie politique n'est pas une science, même s'il lui arrive d’en prendre le titre, parce quelle n’aboutit pas à un corps de propositions admises à un moment donné à peu près universellement par tous ceux qui pratiquent cette discipline. Sans doute, la doc­ trine d'Alain a été dépassée mais au sens où une mode est dépassée par une autre mode. Ce dépassement est signi­ ficatif pour le sociologue ou l’historien des mentalités. Il ne l'est pas pour celui qui ne cherche pas à penser ce que les autres pensettt mais simplement à penser, c'est-à-dire à penser par lui-même et sous sa propre responsabilité. Ce dépassement n'est réfutation que dans un régime de pensée inauthentique. D'ailleurs, après la faillite reten­ tissante des doctrines qui ont succédé à celle d'Alain dans l'intelligentsia française - du léninisme, sinon du marxisme -, il est clair que ce dépassement est lui-même dépassé. Encore faut-il avoir accès à la doctrine d'Alain. Encore Préface 9 faut-il surmonter le préalable que constitue son éclate­ ment en propos sans ordre et indépendants les uns des autres. S'adressera-t-on à un historien qui réécrira dans son propre style cette doctrine à partir des idées développées dans les Propos certes, mais aussi nécessairement avec d’autres mots? « Je hais, affirmait Alain, qu’on dise à peu près en mauvais langage ce qu'un auteur a si bien dit » Mauvais langage ou non, l'historien, en tout cas, édul­ corera très probablement et surtout gauchira la pen­ sée qu'il expose : il n'est - heureusement pour lui - jamais sans idées propres - et comment celles-ci ne coloreront-elles pas, d'une manière ou d'une autre, l'ex­ posé? Rien ne remplace le contact avec le texte même. C’est non seulement la littéralité du texte qui importe, mais la forme des propos. Elle n’est pas sans inconvé­ nient apparent par rapport au but poursuivi Les propos en effet « n'ont nullement pour emploi de remplacer quelque chapitre » d'un livre : « Qu'il s’échappe ou même s'égare, c'est sa nature de propos quotidien qui naturel­ lement touche à son sujet concentriquement, sans limite d’ampleur ni d'ambition. C'est la forme même du propos qui rompt l’unité de développement. Chaque propos se retourne sur soi et se termine à soi 2. » Or cette forme est essentielle. Alain écrit dans un propos significatif que je crois nécessaire de citer en entier : « Un ami inconnu m'a écrit : “Ces Propos sur la paix et la guerre ne sont que des feuilles volantes; faites donc un livre ". Il y a quelque temps un critique plus sévère me donnait le même conseil sur un autre ton : " Quoi, disait-il, toujours des improvisations et des mouvements d’humeur? Vous laissez trop au lecteur à coordonner; et du reste il ne le fait point; il lit, il oublie. On ne sème pas 1. Propos sur l'éducation, LXVII. 2. Propos sur la religion, avant-propos. 10 Préface un grain de blé, on ensemence un champ. J'admets qu’il y ait une doctrine radicale; mais encore faut-il la formule afin que d'autres la comparent à ses voisines et la jugent. Je ne lirai plus vos petits billets; mais faites un livre; je le lirai. « Naturellement je sais ce que c'est qu'un livre; je crois même que je saurai en faire un. Dans la préface, je montrerais l’anarchie des opinions, l'incohérence des doctrines; ce qui ferait voir mort livre arrivant à sou heure. Après cela je résumerais les prédécesseurs et les contemporains; cela ferait bien une dizaine de chapitres. Et puis je développerais mes propres opinions, mais en les ordonnant comme une armée, chaque question à sa place, avec des transitions qui auraient des airs de preuves; en évitant les répétitions et surtout les apparen­ tes contradictions, qui font la joie des critiques. Après quoi je conclurais, je relirais le tout, et j'aurais envie de le refaire. Car il faut être bien sec, il me semble, pour relire un livre qu'on vient d'écrire sans en découvrir un autre, bien plus clair, bien plus fort, qui annule le premier. Mais je passerais outre; je supporterais même les discours d'un éditeur. En récompense je serais feuil­ leté par deux ou trois critiques, et aussitôt oublié. On ne lit pas un livre; on le consulte pour en faire un autre. « On lit des articles, comme on lit des affiches; si on ne lit pas l’un, on lit l'autre; on pêche une formule; on y pense un petit moment. Ce qui est abstrait ou traînant, on le laisse. Un lecteur a des passions vives, et des caprices; des éclairs, et tout d'un coup une paresse décidée. Mais je suis un chasseur d’alouettes; je fais tourner mon miroir; recharge mon fusil; j'ai ma revanche. Je reviens, je corrige, j'explique. Je répète. L’attention est comme l’oi­ seau; il faut perdre bien des flèches pour l’atteindre une fois. Aussi, lire c’est relire; mais il faut être déjà bien habile dans le métier de liseur pour feuilleter pendant des années. Donc chaque matin je vous ouvre mon livre à la page qui me plaît; et je mets le doigt tantôt ici et Préfaça U tantôt là. Soyez distrait ou ennuyé, je m'en moque; je vous rattraperai demain. Pareillement si je suis ennuyeux; on ne l’est pas tous les jours. Mais, surtout, par ce travail de retouche perpétuelle, mon livre a le même âge que moi; au lieu que si je l’achevais, il vieillirait tout seul, et à la manière des livres; enfant noué, enfant ridé. Et cela me fait faire attention à deux sens du mot vieillir. Car vieillir, c'est bien changer; mais on dit aussi, d'une chose qui n’a point du tout changé : “ Cela a bien vieilli. " » (10 août 1913.) Et certes, il est exact que les Propos étaient de véritables dialogues dans lesquels le public intervenait soit directement, en écrivant à l'auteur - comme le montre ce propos et comme André Maurois, par exemple, a eu souvent l'occasion de le faire - soit indirectement par l'actualité politique ou sociale. Seule­ ment cette justification des Propos n'a de sens qu'en tant que ceux-ci sont publiés chaque jour dans un quotidien, non en tant que recueillis dans un livre. De plus, Alain est mort, il ne peut plus répondre aux objections, aux hésitations, aux incompréhensions. Ce dialogue est défi­ nitivement rompu. Il y a une justification plus profonde. La forme des Propos est liée à la méthode de pensée d'Alain, au refus du système déductif, au refus de la Raison, dans le sens kantien du terme, c'est-à-dire dans le sens où la Raison est opposée à l'entendement. Les Propos sont, comme le remarque Michel Alexandre, des « analyses conduites en tous sens, et constamment reprises et renou­ velées, mais toujours à propos et au travers de situa­ tions réelles, lesquelles exigent de l'esprit, pour être justement saisies, non pas le recours à quelque idéo­ logie, mais une réflexion effective, une présence entière et en acte. Cet éveil si rare de l'entendement, pour qu'un Propos en devienne, selon sa raison d'être, l'occasion et le moyen, encore faut-il que le lecteur le tienne vraiment pour un entier, jusqu’à s'y consacrer 12 Préface comme à un entretien ou une expérience réellement vécue '». Alain disait effectivement dans un texte remarquable - et célèbre : « Les hommes qui veulent sincèrement penser ressem­ blent souvent au ver à soie, qui accroche son fil à toutes choses autour de lui, et ne s’aperçoit pas que cette toile brillante devient bientôt solide, et sèche, et opaque, qu'elle voile les choses, et que, bientôt elle les cache; que cette sécrétion pleine de riche lumière fait pourtant la nuit et la prison autour de lui; qu'il tisse en fils d'or son propre tombeau, et qu'il n'a plus qu’à dormir, chrysalide inerte, amusement et parure pour d'autres, inutile à lui-même. Ainsi les hommes qui pensent s'endorment souvent dans leurs systèmes nécropoles; ainsi dorment- ils, séparés du monde et des hommes; ainsi dorment-ils pendant que d'autres déroulent leur fil d'or, pour s'en parer. Ils ont un système, comme on a des pièges pour saisir et emprisonner. Toute pensée ainsi est mise en cage, et on peut la venir voir; spectacle admirable, spectacle instructif pour les enfants, tout est mis en ordre dans les cages préparées, le système a tout réglé d'avance. Seulement le vrai se moque de cela. Le vrai est, d'une chose particulière à tel moment, l'universel de nul moment. A le chercher, on perd tout système, on devient homme, on se garde de soi, on se tient libre, puissant, toujours prêt à saisir quelque chose comme elle est, à traiter chaque question comme si elle était seule, comme si elle était la première, comme si le monde était né d'hier 2. » Faut-il en conclure - comme on l'a pensé trop souvent - et en particulier Michel Alexandre - que cette méthode de pensée interdit un ordre autre que chronologique, c'est-à-dire autre qu'une absence d’ordre? Ce serait 1. Politique, introduction. 2. Les Marchands de sommeil.

Description:
Page 1. Alain. Propos sur les pouvoirs folio essais. Page 2. Alain. Propos sur les pouvoirs. ÉLÉMENTS. D'ÉTHIQUE POLITIQUE. Propos choisis.
See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.