AnnFrAnesthRéanim2002;21:564-80 © 2002ÉditionsscientifiquesetmédicalesElsevierSAS.Tousdroitsréservés S0750765802006809/REV Revue générale Prise en charge de l’arrêt cardiaque : actualité et perspectives P.Y. Gueugniaud1*, J.S. David1, P. Carli2 1Départementsd’anesthésie-réanimationetSamudeLyon,CHULyon-SudethôpitalEdouard-Herriot,universitéClaudeBernard, 69437Lyon,France;2départementd’anesthésie-réanimationetSamudeParis,CHUNecker,75743Pariscedex15,France RE´SUME´ recommandations internationales publiées en 2000 pren- Objectif: Faire le point sur les avancées actuelles de la nentencompteuncertainnombredecesavancées,mais recherche expérimentale et clinique dans les principaux lamajoritéd’entreellesdevraêtreconfirméepardesétu- domainesdelaréanimationcardiopulmonaire. des complémentaires avant de pouvoir être proposée en Sourcedesdonnées:Recommandationsinternationales routine. © 2002 Éditions scientifiques et médicales Else- etrevuesgénéralesrécentes.Recueildesdonnéesàpar- vierSAS tir de la base de données MedlineT à partir du mot-clé: arrêtcardiaque/réanimationcardiopulmonaire cardiacarrest. Sélectiondestravaux:Lestravauxexpérimentauxetcli- niques des dix dernières années ont été analysés et les informations cliniques pertinentes ont été extraites. Les nouveautés dans les recommandations qui en découlent ABSTRACT sontdiscutées. New aspects and perspective on cardiopulmonary Synthèse des données: Des évolutions prometteuses resuscitation. sont proposées pour la réanimation cardiopulmonaire de Objectives: To analyse the current knowledge based on baseetpourlaréanimationmédicalisée.Lemassagecar- theexperimentalandtheclinicalresearchstudiesfocused diaquedoitêtreprivilégiéparrapportàlaventilation;son onthemainfieldsofcardiopulmonaryresuscitation. rythme doit être augmenté à 100 compressions/min. Des Datasources:Internationalguidelinesandrecentreview techniques alternatives au massage cardiaque classique articles.DatacollectedfromtheMedlinedatabasewiththe sont envisagées. Les volumes de ventilation doivent être keyword:cardiacarrest. réduits de 1000mL à environ 500mL par insufflation en Study selection: Research studies published during the oxygènepur.Lesdéfibrillateursàondesbiphasiquesetles lasttenyearswerereviewed.Relevantclinicalinformation défibrillateurs semi-automatiques sont les appareils de wasextractedanddiscussedwhenitinducedchangesin l’avenir. Des vasopresseurs non catécholaminergiques guidelines. pourraientlimiterlaplacedel’adrénalinedanslaréanima- Data synthesis: Promising improvements on basic and tionmédicalisée.Lalidocaïneestconcurrencéeparl’amio- advancedlifesupportsareproposed.Chestcompressions daronecommeanti-arythmiquedechoix.Denouvellesstra- prevailoverventilation.Alternativestoclassicalchestcom- tégiesthérapeutiquespost-arrêtcardiaquesontévaluées, pressionsaretested.Ventilatoryvolumemustbereduced enparticulierlareperfusioncoronaireencasd’originecar- from1000toapproximatively500mLforeachbreathwith diaquedel’arrêt. oxygen. Biphasic waveform defibrillators and automated Conclusion: De nombreux domaines de la réanimation externaldefibrillatorswillbeconsideredasthebestdevices cardiopulmonairesontencoursd’évolution.Lesdernières inthenearfuture.Somenon-catecholaminergicvasopres- sorscouldreducetheuseofepinephrineforadvancedcar- diac life support. Lidocaine could be replaced by amio- darone as anti-arrhythmic drug of choice. New post- Reçule23août2001;acceptéle15mars2002. resuscitation therapeutic strategies are evaluated, *Correspondanceettirésàpart. especiallycoronaryreperfusionwhenthecauseofcardiac Adressee-mail:[email protected] (P.Y.Gueugniaud). arrestiscardiac. Priseenchargedel’arrêtcardiaque:actualitéetperspectives 565 Conclusion:Manyfieldsofcardiopulmonaryresuscitation Desperspectivesnouvellesapparaissentégalement areinvestigated.Somerelevantinformationsareincluded pour la RCPde base et pour la réanimation médica- in the last international guidelines published in 2000, but lisée, en particulier sur le plan pharmacologique. most of them need complementary studies before other L’ensemble de ces avancées a permis de faire pro- changes could be recommended for routine practice. gresser le traitement de l’AC et justifie une mise à © 2002ÉditionsscientifiquesetmédicalesElsevierSAS jour régulière des recommandations internationales. La dernière actualisation a été éditée par l’AHAen arrestcardiac/cardiopulmonaryresuscitation collaboration avec l’International Liaison Commit- tee on Resuscitation (ILCOR) en 2000[5]. Nous proposons dans cette mise au point les prin- Lamortsubiteaconcernéaumoins225000person- cipauxaxesderecherche,expérimentauxetcliniques, nes cette année aux États-Unis[1] et en France pouvant être sources de progrès lors de la réanima- approximativement50000personnes[2].Lagrande tionpréhospitalièreetaprèsl’admissionenréanima- majorité de ces arrêts cardiaques ou arrêts circula- tion,sansdévelopperlesrecommandationsdontune toires (AC) inopinés sont initialement des fibrilla- version française sera réalisée ultérieurement sous tions ventriculaires (FV). Une défibrillation instan- l’égidedelaSociétéfrançaised’anesthésieetderéa- tanéepourraitpermettrejusqu’à90%desurvie,mais nimation. toute minute supplémentaire avant la mise en route de la réanimation cardiopulmonaire (RCP) de base ACQUISITIONS DES DONNÉES (ou gestes élémentaires de survie–GES-) diminue Cettemiseaupoints’estappuyéesurlesrecomman- lasurviede10%[3].Laréalisationd’uneRCPpré- dationsinternationalesproposéesparl’ILCORetsur coce par les témoins d’une mort subite est actuelle- des revues générales récentes. La recherche biblio- ment un véritable problème de Santé Publique. La graphiqueafaitappelàlabasededonnéesMedlinet rapidité de la défibrillation est devenue un objectif en utilisant le mot clé: cardiac arrest. Tous les tra- prioritairedutraitementdel’AC.Lesprincipauxpro- vaux cliniques et expérimentaux ont été analysés grèsréalisésaucoursdecesdernièresannéessesont lorsqu’ils étaient considérés comme méthodologi- doncfocaliséssurledéveloppementdecettetechni- quementcorrectsetlorsqu’ilspouvaientfairediscu- que.Ellereprésenteletroisièmedesquatremaillons ter une modification de notre pratique. de la «Chaîne de Survie», concept défini simulta- nément par l’American HeartAssociation (AHA) et RÉANIMATION CARDIOPULMONAIRE l’European Resuscitation Council (ERC) en DE BASE 1991[4]. Ces quatre maillons sont constitués par: l’alerte, la RCP de base, la défibrillation et la RCP LesprincipalesmodificationsapportéesàlaRCPde spécialisée. Pour espérer un pronostic favorable, les base ont pour objectif de simplifier les procédures quatremaillonssontindispensables,etilsdoiventêtre pour en rendre l’enseignement plus facile, et de ne mis en place le plus précocement possible. La FV conserver que celles dont l’efficacité sur la survie a étant le rythme cardiaque le plus fréquemment ren- été scientifiquement démontrée. Elles concernent contré dans lesAC d’origine médicale, la défibrilla- aussibienlaréalisationdumassagecardiaqueexterne tion précoce est un élément clé pour le succès de la (MCE) que la ventilation artificielle. RCP. Depuis 1992, de nombreuses publications ont mis enévidenceladifficultépourlessecouristesdedéter- miner de manière fiable le pouls carotidien avec comme conséquence possible une mauvaise estima- Lexique:AC=arrêtcirculatoireoucardiaque;FV=fibrillationventri- tiondelaprésenced’unpouls,maissurtoutuneperte culaire; RCP=réanimation cardiopulmonaire; GES=gestes élémen- tairesdesurvie;AHA=AmericanHeartAssociation;ERC=European de temps importante dans la réalisation des GES. ResuscitationCouncil;ILCOR=InternationalLiaisonCommitteeOn Ainsi,ilestproposépourlessecouristesnonprofes- Resuscitation; MCE=massage cardiaque externe; RACS=récupération d’une activité circulatoire spontanée; sionnelsdeneplusvérifierlepoulsavantdedébuter DSA=défibrillateursemi-automatique;CEE=chocélectriqueexterne; une RCP chez un sujet présentant brutalement des CDA=compression–décompressionactive;ICO=insufflationconti- nued’oxygène. signes de mort apparente: coma, absence de mou- 566 P.Y.Gueugniaudetal. vement spontané et de mouvement respiratoire, de signification statistique et le nombre de biais absence de toux ou de mouvements lors de la venti- importants de cette étude nord-américaine, prolon- lation instaurée par le sauveteur. géesursixans,nepermettentpasdeconclureobjec- La réalisation du MCE est désormais bien codi- tivement.Dansuneétudeprospectivebelgeincluant fiée[6]. Il est indiqué de réaliser une dépression du plusde3000patientsenAC,laRCPaétéaussieffi- sternumd’environ4à5cm,avecuneduréedecom- cace, qu’elle soit réalisée avec ou sans bouche-à- pression égale à 50% du cycle compression- boucheetplusefficacequelorsqu’iln’yavaitpasde relaxationpassive.Lafréquencedecompressionchez réanimation[10]. La tendance actuelle en matière l’adulteestde100parminute,doncplusrapideque d’éducation du grand public est à la simplification celledesrecommandationsantérieures(80à100par de la technique de RCPpour la rendre accessible au minute). plus grand nombre et espérer ainsi améliorer le pro- La ventilation artificielle constitue un des aspects nosticdesAC.Ilestproposéparl’AmericanCollege fondamentauxlorsdelapriseencharged’unAC.Si of Cardiology en présence d’unAC non asphyxique classiquement la RCP devait alterner une insuffla- (comme noyade ou inhalation) de ne pratiquer une tiontouteslescinqcompressionsthoraciquesenpré- RCP initialement que par compression thoraci- sence de deux sauveteurs ou deux insufflations tou- que[11]. tesles15compressionsthoraciquesenprésenced’un Différentsaspectsdelaventilationartificiellesont seul sauveteur, les recommandations actuelles pro- par ailleurs remis en cause, entre autre, l’interface posentdemaintenirunrapportde15/2quelquesoit avec laquelle pratiquer la ventilation et le volume à le nombre de sauveteurs jusqu’à ce que les voies insuffler. aériennes soient mises en sécurité (intubation tra- La ventilation au masque présente certains incon- chéale)puisuneinsufflationtouteslescinqcompres- vénients parmi lesquels celui d’augmenter la fré- sions,sansnécessitédesynchroniserinsufflationset quencedesrégurgitationsetvomissements.Lemas- compressionthoracique[6].Unrapportinsufflation/ quelaryngéetleCombitube™ontétéproposéspour compression thoracique de 15/2 permet d’augmen- réduireleurincidenceetaugmenterl’efficacitédela terlenombredecompressionsthoraciquesparminute ventilation. Dans un travail rétrospectif portant sur par rapport à un rapport de 5/1 (approximativement 713 patients, il a été montré que la fréquence des 64aulieude50),etdevraitainsiaugmenterleschan- régurgitations était inférieure avec l’utilisation du ces de récupération d’une activité circulatoire spon- masquelaryngé[12].Dansuntravailprospectif,por- tanée (RACS) même si le patient est moins ven- tant sur 470 patients, le Combitube™ s’est avéré tilé[7].Sil’utilitédelaventilationartificiellelorsde supérieur au masque laryngé en terme de rapidité lapriseencharged’unACparuneéquipedesauve- d’insertion, alors qu’en terme d’efficacité ventila- teur paraît bien démontrée, celui de la nécessité de toire, il n’y avait pas de différence avec le masque ventilationartificielleparunsauveteurisolé(bouche- facial[13].Cesdeuxtechniques,quisontproposées à-bouche) est remis en cause[8]. Chez l’homme, par l’ILCOR et l’AHAcomme des alternatives aux deux études importantes soutiennent l’utilisation du intervenantsparamédicauxnesachantpasintuberou MCEsansventilation.Dansuntravailrécentconcer- en cas d’intubation difficile, nécessitent de toute nant520patientsetcomparantl’efficacitésurlepro- façon un apprentissage particulier[14, 15]. nosticdesACdelaventilationartificielleparbouche- Il était initialement recommandé par l’AHA, lors à-bouche,iln’apasétémisenévidencededifférence, dechaqueventilationd’insufflerunvolumede800à selon que la RCP était entreprise avec ou sans ven- 1200mL[16],alorsquel’ERCpréconisaitdesvolu- tilation[9]. Cependant, cette étude a simplement mesmoindresdel’ordrede500mL[17].L’insuffla- comparélerésultatsurlaRACSetlasurviededeux tion de grand volume tel que recommandée par types d’instructions téléphoniques proposées par le l’AHApeutêtreresponsablededistensiongastrique standardiste du centre de régulation des appels avec une augmentation du risque de vomissement. d’urgence: soit description du MCE seul, soit du Lemeilleurcompromispoumon/estomacsembleêtre MCE+bouche-à-bouche alternés. La survie est de obtenu pour des volumes de l’ordre de 400 à 10,4% dans le groupe MCE+ventilation et de 500mL[18]. Il est possible de réaliser une ventila- 14,6% dans le groupe MCE seul (NS). L’absence tion aussi efficace au masque avec des ballons auto- Priseenchargedel’arrêtcardiaque:actualitéetperspectives 567 remplisseurs pédiatriques qu’avec du matériel poséedel’intérêtd’unebrèvepériodedeRCP,avant adulte[19]. Bien qu’avec le matériel pédiatrique les même le premier choc électrique, en cas de FVpro- volumes mesurés et les pressions dans les voies longée[11]. En effet, des études expérimentales ont aériennesaientétéplusfaibles,lasaturationenoxy- montré qu’une RCPpréalable au choc électrique en gène a été comparable dans les deux groupes[19]. cas de FV prolongée pouvait faciliter la défibrilla- Cependant, lorsque l’étude a été faite avec une ven- tion et augmenter le nombre de RACS[25]. Une tilation en air au lieu d’un mélange air-oxygène à étudecliniqueprospectivearécemmentsuggéréque 50%, ces mêmes auteurs montrent que la ventila- 90 secondes de RCP, avant l’analyse du rythme, et tionavecleballonauto-remplisseurpédiatriquen’est l’éventuelchocélectriqueamélioraientlasurvie(30 plussuffisantepourmaintenirl’oxygénation[20],et versus 24%, p=0,04)[26]. Dans cette étude, le qu’unballonauto-remplisseurdetailleintermédiaire bénéfice devient surtout évident quand le choc élec- estalorsnécessaire[21].Finalement,lesrecomman- triquealieupourdesFVprolongéespendantplusde dations 2000 de l’ILCOR préconisent des volumes quatreminutes (27% versus 17%, p<0,05). de 10mL·kg–1 en air et de 6à 7mL·kg–1 en oxy- gène par insufflation[14]. Énergie du choc et choix de l’onde Enconclusion,l’algorithmedesrecommandations pour la défibrillation internationalespourlaRCPdebaseestproposédans La défibrillation se délivre par série de trois chocs, la figure 1 [22]. d’intensité électrique croissante en cas d’échec. Les défibrillateursexternesclassiquesdélivrenthabituel- DÉFIBRILLATION lement une onde électrique monophasique en forme Ladéfibrillationestunélémentclépourlesuccèsde de demi-sinusoïde de brève durée. L’énergie réelle- la RCP en cas de FV, rythme cardiaque le plus fré- ment délivrée à partir de l’énergie stockée dans un quemmentrencontréinitialementdanslesACd’ori- condensateur est fonction du niveau d’impédance ginemédicale.L’optimisationdeladéfibrillationest transthoracique rencontrée au cours de la défibrilla- logiquementaucœurdelarecherchesurl’AC.Trois tion. Les valeurs affichées sur les défibrillateurs thèmes dans ce domaine doivent être abordés: le modernes correspondent à la quantité d’énergie qui choix entre défibrillation première ou RCP de base seraitadministréeàunpatientdontl’impédancetho- préalable précédant le premier choc, l’énergie et le raciqueseraitde50ohms.Enréalité,ellevariechez choixdel’ondededéfibrillation,etenfinlaplacede l’adulte moyen de 60 à 100 ohms. Cette impédance la défibrillation semi-automatique (DSA). thoraciquejoueunrôleimportantpourl’efficacitéde ladéfibrillation,maismalheureusementpeudedéfi- Défibrillation première ou RCPde base brillateursindiquentl’énergieréellementadministrée préalable? au patient[23]. Pour les défibrillateurs classiques à ondes monophasiques, l’énergie délivrée est pour le La FV est mortelle sans défibrillation. Si cette der- premierchocde200J.L’énergiepréconiséepourle nière est le traitement de choix de la FV, sa proba- troisième choc d’une série est toujours de 360J. En bilité d’être efficace dépend de sa rapidité de mise revanche, pour le 2e choc de la première salve, les en œuvre, probablement parce qu’avec le temps le recommandationsactuelleslaissentlechoixentreun phénomène ischémique se prolonge et le déséquili- chocà200Jetunchocà300J[14].Encasd’échec bre entre les apports et la demande en oxygène de la première série de chocs électriques externes s’accroît. D’une part, les FV toniques vont progres- (CEE)etaprèslaréalisationde1minutedeRCP,la sivement se dégrader en FV atonique puis en asys- tentative de défibrillation doit être poursuivie avec tole et ce d’autant plus vite qu’une RCP n’est pas de nouvelles séries de trois chocs, maintenus à la pratiquée. Une asystole est observée dans la moitié valeur maximale de 360J. La récidive secondaire des cas entre la 4e et la 8e minute et dans la totalité d’une FV, quant à elle, doit faire réutiliser l’énergie des cas à partir de la 12e-15e minute[23]. D’autre initialement efficace pour la première défibrillation. part,plusledélaientreledébutdelaFVetsaconver- Outrelesclassiquesdéfibrillateursàondesélectri- sionenrythmeefficaceestlong,plusleschancesde ques monophasiques, il existe actuellement sur le survie diminuent[24]. La question est actuellement marché de nombreux défibrillateurs délivrant des 568 P.Y.Gueugniaudetal. Figure1. AlgorithmedelaRCPdebase[22]. MCE=massagecardiaqueexterne. ondes biphasiques tronquées. Ils seraient suscepti- à175J).Demultiplesdonnéesrecueillieslorsd’AC bles de diminuer le seuil de défibrillation, d’entraî- extrahospitaliersetàl’hôpital(étudesélectrophysio- nermoinsdedysfonctionnementspost-défibrillation logiquesettestdedéfibrillateursimplantables),mon- etdeprolongerlapérioderéfractaireprotectrice[23]. trent que des CEE répétés, avec des ondes biphasi- De nombreux défibrillateurs semi-automatiques quesdebasseénergie(=200J),permettentd’obtenir (DSA)sontactuellementéquipésdecemoded’ondes un taux de réduction de FV équivalent ou meilleur biphasiques tronquées. L’énergie délivrée par ces que celui obtenu avec un défibrillateur traditionnel appareils est inférieure à celle délivrée pour le pre- et des ondes monophasiques d’intensité crois- mierchocsurlesdéfibrillateurstraditionnels(de150 sante[27].Ilrestemaintenantàdéterminerl’énergie Priseenchargedel’arrêtcardiaque:actualitéetperspectives 569 optimale pour la défibrillation biphasique. L’aug- Àl’avenir,lesuccèsdeladéfibrillationpasseclai- mentationdesénergiespourcetypedetechniquen’a rement par une large diffusion des DSAet le déve- pas été évaluée en cas de résistance à de multiples loppement de leur utilisation dans l’environnement chocsàbasseénergie.Unajustementenfonctionde des personnes à risques, par un public entraîné et l’impédance thoracique doit encore être évalué. La bénéficiant d’une formation simplifiée. Il est néces- défibrillation par ondes biphasiques tronquées per- saire avant de clore ce chapitre sur la DSAde sou- metentoutcasdeproposerdesappareilsplusmania- lignerleretardprisparungrandnombred’hôpitaux, blesetd’utilisationsimplifiée.Lebénéficeparaîtpro- en particulier français, dans la mise en place d’une bable,maisilresteàdémontreruneaméliorationde «chaîne de survie intrahospitalière». Dans ce l’efficacité en terme de survie des patients. contextethéoriquement«privilégié»poureffectuer uneRCP,l’AHApréconisequeleshôpitauxdoivent Défibrillation semi-automatique se fixer comme objectif la possibilité de réaliser un CEE (en dehors des services de réanimation ou des Le développement du DSAreprésente certainement blocs opératoires) dans des délais ne dépassant pas le progrès le plus important pour la RCPà la fin du deux à trois minutes pour une FV[4, 11]. Un flou 20e siècle. Ces appareils sont munis d’un micropro- fréquentdanslesprocéduresd’alerte,desformations cesseur permettant d’analyser pendant dixsecondes despersonnelsparamédicauxauxGEStrèsinégales, l’activité électrique cardiaque captée par de larges en nombre et en qualité, et surtout le nombre insuf- électrodesautocollantesquiserventégalementàdéli- fisantdeDSAnepermettentpasd’atteindrecetobjec- vrerdeschocsélectriques.Àpartirdecetteinterpré- tif[36].L’implantationdesDSAetlaformationdes tationautomatique,ilsconseillent,encasdeFV,une personnelsparamédicauxàleurutilisationdoitdonc défibrillation(parindicationsvisuelleset/ousonores être améliorée. utilisant le plus souvent une voix artificielle). Les plus évolués des appareils se mettent automatique- RÉANIMATION CARDIOPULMONAIRE mentencharge(avecdesvaleurspréétabliesenfonc- SPÉCIALISÉE tion des recommandations en vigueur) et ils «sug- gèrent» à l’utilisateur de délivrer le choc électrique Dans ce chapitre sont abordés successivement les (défibrillation«semi»-automatique).Ladiffusionde améliorations ou alternatives proposées pour la réa- ces appareils a permis de réduire significativement lisation du MCE, de la ventilation artificielle, ainsi le délai d’accès à la défibrillation. En France, son que dans l’utilisation des substances pharmacologi- utilisation par les secouristes professionnels non- ques. médecins a indiscutablement amélioré le pronostic des FV extrahospitalières[28]. Ces résultats ont été Évolution du massage cardiaque externe confirmés au travers de méta-analyses, réalisées à l’occasion de l’utilisation du DSA par des sapeurs- LeMCE,mêmelorsqu’ilestréalisécorrectement,ne pompiers de différents pays[29-31]. Ces DSA ont permet d’obtenir un débit cardiaque égal qu’à envi- également pour intérêt d’être disponibles dans des ron 25% du débit avant AC, entraînant ainsi une lieux ou lors de situations considérées comme à ris- diminutionimportantedescirculationscoronaireset que. Ils ont ainsi prouvé leur efficacité lors de leur cérébrales ce qui compromet les possibilités de utilisation par les services de police[24], dans cer- RACS mais aussi le pronostic neurologique. Ainsi, tainescompagniesd’aviationaméricaines[32,33]ou plusieursméthodesontétéproposéespouraméliorer dans des casinos[34, 35].Ainsi, une étude prospec- l’efficacité du MCE. Certaines ont consisté à modi- tive réalisée dans une grande compagnie aérienne fier la technique du MCE, soit en associant de américaine fait état de 40% de survie sur une série manière simultanée compression thoracique et ven- de 200 patients[33] et une autre étude sur dix casi- tilation artificielle (technique de compression- nos américains retrouve le chiffre remarquable de ventilationsynchrones),soitencomprimantalterna- 53%desurvieàlasortiedel’hôpitalpourl’ensem- tivement thorax et abdomen (technique de la bledesFV(105patients)etde74%lorsquelechoc compressionabdominaleintermittente).Sidesrésul- est délivré dans les troisminutes après le tatsprometteursontpuêtreobservésexpérimentale- malaise[35]. ment ou sur de petites séries de patients, ils n’ont 570 P.Y.Gueugniaudetal. pas été confirmés sur de grandes séries[37, 38]. sentent des limites méthodologiques importantes Après les tentatives d’amélioration de la technique (études rétrospectives, absence de randomisation, deMCE,destechniquesinstrumentalesontétédéve- populations insuffisantes…). Seule une d’entre elles loppées. La compression du thorax peut ainsi être proposeuneméthodologiesatisfaisante(prospective, obtenuesoitparunpistonpneumatique(Thumpert, randomisée)avecunepopulationsuffisante[49].Elle MichiganInstruments,États-Unis),soitparuneveste met en évidence une amélioration lors de l’utilisa- pneumatique à gonflage séquentiel (VEST-CPRt, tion de la CDA du nombre de patients sortant de CardiologicsystemsInc,États-Unis).Malgrélarégu- l’hôpitalsansséquelleneurologique(6%versus2%, laritéduMCEetlabonnereproductibilitédesmesu- p<0,05) et une amélioration du taux de survie à 1 res hémodynamiques qu’il procure, leThumpert ne an (5% versus 2%, p<0,05), même si ce dernier sembleavoird’intérêtqu’enexpérimentationanimale reste globalement très faible[49]. De toute façon, il oudansdessituationscliniquesparticulièrescomme s’agit d’une méthode qui, pour être efficace, néces- le MCE prolongé en cas d’hypothermie profonde. site un apprentissage rigoureux et doit être utilisée Chez l’homme, les seules données disponibles pardespersonnelsentraînésàlatechnique.Ellereste concernant l’utilisation de la VEST-CPR montrent difficilementapplicableenprésencedecertainespar- sur une petite série de patients, une augmentation ticularitésanatomiquescommeunpectusexcavatum, significative des pressions de perfusion coronaire une hypertrophie mammaire ou une pilosité impor- (23+11versus15±8mmHg,p=0,003)encompa- tante. Elle admet également certaines contre- raison avec une technique de MCE classique[39]. indicationscommeletraumatismethoracique,enpar- Cependant, le faible effectif de l’étude n’a pas per- ticulier si un volet thoracique est présent. Enfin, la mis de tirer de conclusion quant à l’influence éven- responsabilitédelaCDAdansl’apparitiondecertai- tuelle de cette technique sur le pronostic. nes complications (fractures sternales ou costales et D’autres techniques récentes pourraient s’avérer d’hémorragies intrapulmonaires) reste controver- plus intéressantes. sée[49, 50]. Compression-décompression active Valve d’occlusion inspiratoire (Inspiratory La compression-décompression active (CDA) impedance threshold valve) consiste à utiliser une «ventouse» appelée cardio- L’utilisationdeladécompressionactivepourleMCE pompe (Cardio Pump Ambut) pour comprimer et permet d’augmenter la pression négative intrathora- décomprimer activement le thorax des patients en cique. En fait, un niveau de pression négative suffi- AC.Lebutdecetteméthodedemassageestdegéné- santavecaugmentationduremplissagemyocardique rerendiastole,grâceàladécompressionactive,une nepourraêtreobtenuquesilesvoiesaériennessont pression intrathoracique négative capable d’amélio- occluses lors de la phase de décompression thoraci- rer le retour veineux intrathoracique et le remplis- que. Lors de la RCP, l’occlusion des voies respira- sage du cœur. La conséquence en est une élévation toires peut être obtenue à l’aide d’une valve unidi- du débit cardiaque et de la pression artérielle. Outre rectionnelle (Resusci-valve ITV™ CPRxLLC, ses effets circulatoires, la décompression active est Minneapolis,MN)conçuepoursefermerlorsquela également responsable d’effets ventilatoires. Ainsi, pressionintrathoraciquedevientinférieureàlapres- chez le chien, en ventilation spontanée ou en venti- sion atmosphérique (donc à chaque décompression lation artificielle, une augmentation importante du thoracique)[51].Cettevalve,montéesurl’extrémité volume courant a été observée[40]. distaledelasonded’intubation,estdotéed’unesou- Aprèsplusieursétudesanimalesayantmontréque pape de sécurité conçue pour s’ouvrir si la pression la CDA améliorait le débit cardiaque, le débit san- intrathoraciquedevientinférieureà-22cmH O,afin 2 guincérébral,lapressionartérielleetleCO expiré, de limiter le risque de barotraumatisme, d’œdème 2 plusieurs études humaines ont été publiées. Si cer- pulmonaire, mais également pour permettre au taines d’entre elles n’ont pas noté de bénéfice patient de respirer en cas de RACS[52]. À chaque clinique[41-46], d’autres ont montré une améliora- compression, de l’air est éjecté du thorax: la quan- tion de la survie, à court[47, 48], comme à long tité d’air dans le thorax diminue ainsi régulièrement terme[49]. Cependant, la plupart de ces études pré- et la pression négative intrathoracique s’élève pro- Priseenchargedel’arrêtcardiaque:actualitéetperspectives 571 gressivement jusqu’à l’insufflation suivante. Sur un sion est effectuée puis élargie au doigt jusqu’au modèle de porc en FV, l’utilisation de la valve ventricule droit. Un trocart est ensuite introduit par d’occlusionlorsdelaRCPapermisd’augmenterde l’orifice ainsi créé jusqu’au contact du ventricule manière significative la pression de perfusion coro- droit, puis, à l’intérieur du thorax, un dispositif de naire,ledébitsanguinduventriculegaucheetledébit compression ressemblant à un parapluie à l’envers sanguin cérébral[51]. Lors de cette étude, le MCE estdéployé.Dèslors,le«parapluie»,prenantappui se faisait avec une technique de CDA. Des résultats sur le ventricule droit permet de comprimer de similaires avec le même modèle ont été décrits en manière séquentielle le ventricule gauche à l’aide utilisant une technique de MCE standard[53]. d’un dispositif ressemblant à une pompe à vélo. Une première évaluation chez l’homme a été réa- SurunmodèledeFVchezlecochon,ilaétémon- lisée dans une étude prospective, randomisée et en tréquecettetechniquemini-invasiveétaitaussieffi- double aveugle sur un faible collectif de patient en cacequ’unetechniquedemassagecardiaqueinterne AC non traumatique (n=21)[54]. La RCP était à thorax ouvert pour les paramètres hémodynami- entrepriseavecunetechniquedeMCEdetypeCDA. quessystémiquesetpulmonaires[60],etpourlares- Les patients étaient répartis en deux groupes: CDA tauration des perfusions coronariennes et cérébra- (+valve non fonctionnelle) versus CDA (+valve les[61]. En ce qui concerne l’homme, une étude fonctionnelle). Les auteurs ont montré, qu’avec la françaisedefaisabilitéaétéréalisée[62]etuneétude valved’occlusionfonctionnelle,lesvaleurssontamé- multicentrique de survie est en cours. liorées pour le CO expiré (19,1±1,0 versus 2 13,1±0,9mmHg),lapressiondeperfusioncoronaire Nouvelles modalités de ventilation (43,3±1,6 versus 25±1,4mmHg) et la pression artérielle diastolique (56,4±1,7 versus 36,5±1,5mmHg)(p< 0,001).LaRACSestégale- L’intubation de la trachée apparaît comme une ment plus rapide (19,8±2,8 versus 26,5±0,7 recommandation majeure[14]. Dès lors, la ventila- tion artificielle se fait classiquement selon un mode min)[54]. en volume contrôlé. Récemment, différents modes Ballon d’occlusion intra-aortique ventilatoiresontétéproposéscommealternativeàla Pouraugmenterlespressionsdeperfusionscoronaire ventilation contrôlée, parmi lesquels la continuous et cérébrale, une sonde à ballon est positionnée et positive airway pressure (CPAP) et l’insufflation gonfléedansl’aortethoraciquedescendante.Surdif- continue d’oxygène (ICO) intratrachéale[63, 64]. férents modèles expérimentaux, il a été ainsi mis en Ces nouveaux modes ventilatoires ont été dévelop- évidenceuneélévationdesdébitssanguinscérébraux pés pour augmenter l’efficacité du MCE (suppres- et coronaires[55], une élévation du nombre de sion de l’arrêt du MCE pour l’insufflation et accen- RACS[56],etenfinuneaugmentationdelasurvieà tuation de son effet «pompe thoracique») et pour 48heures[57]. Chez l’homme, l’utilisation de cette simplifierlapriseenchargeventilatoiredespatients technique n’a été rapportée que chez deux patients enAC. enACpourlesquelsuneélévationdelapressionarté- Dans l’ICO, l’intubation de la trachée se fait avec rielleradialeetdelapressiondeperfusioncoronaire une sonde d’intubation modifiée (sonde de Boussi- a été observée[58]. gnac, Vygon). Il s’agit d’une sonde d’un diamètre internede7,5mmdontlaparoirenfermehuitcapil- Massage cardiaque interne mini-invasif laires d’un diamètre de moins de 700µm. Ceux-ci (TheraCardiat) s’ouvrentjusteau-dessusdel’extrémitédistaledela Le massage cardiaque, lorsqu’il est réalisé à thorax sonde. Dès que le patient est intubé, l’insufflation ouvert, permet d’obtenir des pressions artérielles et continued’oxygène(débitde15L·min–1)parl’extré- des débits sanguins plus importants qu’à thorax mitéproximaledescapillairesdébute.Cecivagéné- fermé[59].Cependant,saréalisationensituationpré- rer une pression endotrachéale continue d’environ hospitalière reste difficile et il est peu utilisé. Une 10cmH O. L’orifice proximal de la sonde est laissé 2 technique de massage cardiaque interne mini- ouvertàl’atmosphèresansautremodedeventilation invasive a été récemment développée. Après repé- et servira en cas de RACS à brancher un ventilateur ragedu4eespaceintercostalgauche,unecourteinci- de transport. Pendant la RCP, la ventilation ne sera 572 P.Y.Gueugniaudetal. entretenuequeparlesmouvementsthoraciquesgéné- aucune différence significative n’a été observée en rés par le MCE et l’ICO. termes de RACS, d’admission à l’hôpital ou de sur- SurunmodèledeporcenFV,l’utilisationdel’ICO, vie finale entre les patients traités par lidocaïne et en tant que seul mode ventilatoire, a été aussi effi- ceux n’en bénéficiant pas[66]. De la même façon, cace que la ventilation mécanique (PaO et PaCO les recommandations usuelles concernant l’utilisa- 2 2 semblables pendant la RCP) et s’est accompagnée tion du magnésium dans les torsades de pointes ne d’une amélioration de certains paramètres hémody- sont étayées que par quelques cas cliniques. Deux namiques(pressionartériellesystoliqueetdébitsan- études prospectives en double aveugle sur des AC guin carotidien)[65]. intrahospitalierssurvenusdansdesservicesd’urgen- Chezl’homme,ilaétémontrérécemment,surune ces n’ont pas montré d’efficacité du traitement sys- série d’AC non traumatique par asystole, que l’ICO tématique par magnésium[67, 68]. Il en a été de était aussi efficace que la ventilation contrôlée lors même pour le brétylium[69]. de la RCP spécialisée[64]. Il n’y a pas eu de diffé- En revanche, une étude clinique prospective ran- rence significative pendant la RCP entre les deux domisée comparant amiodarone versus placebo sur groupesencequiconcernelasurvieetlagazométrie unepopulationde504FVextrahospitalièresamon- initiale alors qu’à l’entrée en réanimation il existait tréuneaugmentationdunombredepatientsadmisà une différence significative entre les deux groupes l’hôpital dans le groupe amiodarone par rapport au enfaveurdugroupeICO(PaO :374,8±147versus groupeplacebo(44vs34%,p<0,05)[70].Unedif- 2 194,6±101mmHg, PaCO : 33,8±2,6 versus férence sur le pronostic final n’a cependant pu être 2 64,9±17,7mmHg,p<0,05).Cettedifférencepour- détectée en raison d’un manque de puissance de raitêtredueàuneaméliorationdesparamètresdela l’étude. Actuellement, l’amiodarone est proposée mécaniqueventilatoireenrelationavecuneffetpro- comme la molécule à utiliser en première intention tecteurduparenchymepulmonaireaucoursduMCE pour le traitement de la FV[14]. lié au maintien d’une pression pulmonaire continue (réduction des atélectasies et contusions). Atropine Ainsi, l’application d’une pression positive conti- Le sulfate d’atropine est connu pour antagoniser la nue de l’ordre de 10 à 15cmH O dans les voies bradycardie et l’hypotension d’origine vagale. Son 2 aériennespourraitêtreunesolutionventilatoiresim- utilisationresteproposéepourlesasystolesetlesdis- ple et une alternative à la ventilation contrôlée clas- sociations électromécaniques en association avec siquelorsdelaRCPspécialisée,maislerésultatdes l’adrénaline, à la dose de 1mg intraveineux direct études de survie en cours de réalisation sera néces- répétée toutes les trois à cinqminutes si l’asystole saire avant d’envisager une application clinique. persiste,sansdépasserladosetotalede3mg.Néan- moins, aucun support scientifique ne vient étayer Pharmacologie de l’arrêt cardiaque cette pratique toujours préconisée dans les recom- mandations actuelles[14]. Les chances de survie après un AC se réduisent de façon dramatique lorsque la RACS n’est pas obte- Médicaments vasoactifs nue rapidement après les premières manœuvres de L’adrénaline reste le médicament de choix en pre- secours ou les premiers CEE. Dès lors, différents mière intention lorsque l’AC n’est pas une FV ou additifs pharmacologiques ont été développés lorsque, en cas de FV, une RACS n’est pas obtenue comme anti-arythmiques ou pour augmenter la per- lorsdespremiersCEE[14].Néanmoins,l’adrénaline fusion coronaire. aperdulaplaceprimordialequ’elleoccupaitdansle traitement de l’AC[71]. En effet, le but de l’utilisa- Substances anti-arythmiques tion d’un agent vasopresseur, en cas d’AC réfrac- Les substances anti-arythmiques proposées comme taire,estd’augmenterletonusvasculairepourobte- adjuvant dans le traitement de la FV, telles que la nir une augmentation du retour veineux et une lidocaïne, le brétylium, le magnésium et la procaï- vasoconstriction artérielle. Ainsi, la pression arté- namide,n’ontjamaisfaitlapreuvedeleurefficacité. riellediastoliquepeutêtreaugmentée,permettantune Danslaseuleétudecliniquecas-contrôleconcernant meilleure perfusion coronaire, ainsi qu’une amélio- des FV extrahospitalières résistantes aux chocs, ration des débits sanguins régionaux, cardiaque et Priseenchargedel’arrêtcardiaque:actualitéetperspectives 573 cérébral: les probabilités de RACS sont de ce fait les deux groupes (2,3% vs 2,8%). De plus, si les augmentéesetlaperfusioncérébralepréservée[72]. chances de RACS sont plus élevées avec les fortes doses dans le sous-groupe des AC par asystole, a Alternatives à l’adrénaline contrario, dans le sous-groupe desAC par FVappa- Aucun sympathomimétique catécholaminergique de raîtunetendanceenfaveurdeladosede1mg[80]. synthèse n’a de place dans le traitement de l’AC: Ainsi, dans les recommandations actuelles, la dose isoprénaline,dobutamine,dopexaminesontdesbêta- de1mgparvoieintraveineuse,répétéetouteslestrois mimétiques purs, sans effet alpha-mimétique vaso- à cinq minutes reste le traitement de choix desAC constricteur significatif et n’ont donc aucun intérêt réfractaires. Des doses plus élevées (5mg) peuvent dansletraitementdel’AC[72].Enrevanche,parmi être utilisées, en cas d’asystole, lorsqu’une ou plu- lessympathomimétiquescatécholaminergiquesnatu- sieurs doses de 1mg ont échoué. Une autre appro- rels, la noradrénaline possède d’importants effets che pourrait consister à utiliser des doses progressi- agonistes alpha 1 et alpha 2. Si la supériorité de la vementcroissantesencasd’asystoleprolongée(1mg noradrénaline n’a jamais été montrée, son efficacité –3mg –5mg). Quoi qu’il en soit, l’augmentation paraît équivalente aux doses standards d’adréna- delaquantitéd’adrénalineinjectéedansletraitement line[73], en particulier en cas d’AC prolongé[74]. de l’AC réfractaire n’apporte pas les réponses Ladopamine,quantàelle,n’ajamaisététestéechez escomptées au vu des données initiales de la littéra- l’hommemalgrédesrésultatsintéressantschezl’ani- ture expérimentale. Au contraire, il existe plusieurs mal. récentes publications, volontiers provocatrices, qui Enfin,parmilessympathomimétiquesnoncatécho- discutent même une éventuelle contre-indication de laminergiques, le phényléphrine qui est un alpha 1 l’adrénaline dans le traitement de l’AC[81]. agonistepuretquiadoncl’avantaged’intervenirsur En résumé, après un siècle de règne sur le traite- letonusvasculairesansaugmenterlaconsommation mentdel’ACetmêmesielleresteleproduitvasoac- d’oxygènemyocardique,n’apasmontrédesupério- tifdechoixpourl’ACréfractaire,l’adrénalinenesera ritéparrapportàl’adrénalinechezlechien[75].Chez plus longtemps la seule drogue de référence au 21e l’homme,aucuneétudecliniquevalablen’aétépro- siècle. posée. Adrénaline et choix de la dose Autres hormones polypeptidiques vasoactives Depuis la première utilisation dans une étude expé- Outre les substances sympathomimétiques, de nom- rimentalesurl’ACduchienen1906,ladosed’adré- breuses hormones polypeptidiques sécrétées par des nalinepréconiséeaété,jusqu’àcettedernièredécen- cellules nerveuses, endothéliales ou rénales, sont nie,de1mgtouteslescinqminutes.Àcetteépoque, libéréesaucoursdelaRCP.Lastimulationneuroen- plusieurs études expérimentales ont clairement docrine des hormones dites de «stress» est, par démontrélasupérioritédedosestroisàdixfoisplus exemple, augmentée de façon plus importante lors- élevées que la dose habituelle, à la fois sur la rapi- que la RCP entraîne une RACS: c’est le cas de ditéd’obtentionetlenombredeRACS,ledébitsan- l’ACTH, de la vasopressine, du cortisol et de la guin myocardique et le débit sanguin cérébral[76, rénine[82].Ainsi,ilexisteunsystèmevasopresseur 77]. Malheureusement, des études cliniques multi- basé sur la vasopressine et la rénine-angiotensine, centriquesnord-américainesn’ontpasmontrédedif- qui agit en parallèle du système catécholaminergi- férence d’efficacité en faveur de doses plus éle- queaucoursdelaRCP.L’angiotensineIIetlavaso- vées[78, 79]. Enfin, la plus vaste étude prospective pressine ont pour intérêt principal d’avoir un puis- multicentrique a été réalisée en France et en Belgi- sant effet vasocontricteur non médié par les queetacomparé1mgversus5mgd’adrénalinesur récepteurs catécholaminergiques, et donc non un collectif de 3 327AC extrahospitaliers d’origine concerné par l’inactivation (down regulation) des médicale[80]. Le nombre de RACS a été significa- récepteurs alpha-1 adrénergiques lors de l’anoxie et tivementplusimportantdanslegroupe5mg(44,4% l’acidose de l’AC. vs 36,4%, p<0,05) ; le nombre de patients survi- L’angiotensineIIadonnédesrésultatsintéressants vant à l’admission également (26,5% vs 23,6%, surleplanexpérimentalmaisellen’ajamaisétéuti- p=0,05); mais la survie finale est équivalente dans lisée en pratique clinique[83]. La vasopressine (ou
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