HEGEL • • . principes 10 . dé philosophie du droit .M gallimard SEPH COLLECTION TEL G. W.F. Hegel Principes de la philosophie du droit TRADUIT DE L 'ALLEMAND PAR ANDRÉ KAAN ET PRÉFACÉ PAR JEAN HYPPOLITE Gallimard © tditions Gallimard, 1940. Notice. Nul ne conteste la difficulté que présente l'interprétation de la philosophie hégélienne. Cette difficulté tient pour une grande part au caractère divers des oUf.Jrages que ~ nous possédons de Hegel. Il y a en premier lieu ~e Il ~vorlesung~, c'est-à-dire des leçons recueillies Rar ses disciples et où les érudits distinguent laborieusement 1 ~e qui est la pensée authentique du maître et ce qui n'en \ est que l'écho fidèle, mais indirect j\il y a en second lieu des ~~_d.emes et com lexes où Hegel nous découvre non seulement le résultat de ses recherches philosophiques, JI mais aussi les bases anthropologiques et logiques de sa pensée. « Le résultat n'est rien sans son def.Je'!ir 1. » C'est ainsi que nous avons la Phénoménologie de l'esprit __ (1807) où, reprenant son propre itinéraire de jeunesse, Hegel nous représente l'histoire de sa prise de conscience de la philosophie et de l'esprit de son temps, et la Science de la Logique (1812-1816), où il nous montre JC!0ie i'!!!!!anente du Logos. Les catégories ne sont plus des 1. Phênomënologie, préface, traduction française, AUBIER, l, p. 7. 6 Notice concepts inertes, mais des moments d'un devenirs~La -;; ~ _ Vérité est(en elle-même aussi unë"'wie:-Cette vie du-L ;0; ans a ieiïëëde ii -Logique et cette~ie de la conscience / s'~jj!!!Jant de s'atteindreelle~mêm/'à t,:;wersla n chesse de son contenu dans laPnenoménologie sont les fondements de toute la philosophie hégélienne. Nous apons la bonne fortune de posséder ces deux ouvrages rédigés pal' Hegel lui-même. Mais nous pouvons suivre aussi la genèse de ces deux œupr.!!s. En effet, contrairement à son ami JI Schelling(Hegel..p lon"tem s médité sa e'?-Sée apant de la livrer au pu ic, La publicatlOn en de ses traoauœ e Jeunesse, anterieurs à la Phénoménologie et aux cours d'Iéna, a été une révélation; elle a contribué à une com préhension plus exacte de la PhéilOménologie, elle nous a permis de retrouver les ori ines (concreîes)de a ilil9- ~ Iso hie hé élienne. Le problème es rapports de 'es riç ~ de il 'h is to~1 llmportance de l'hellénis.,!"B et du c /'lslig IJ<r nism'iaans les pr~~SJl'/,éditatWiiSde Hegel, sont pasSés au premier plan dans les études hégéliennes, La ré exion ! l' 'histoire humaine et e s ns .1'. uer de cette is toire a été l(},point de départ de 1Ië~e . eaucoup p us tard les leçons du professeur de Berlin sur la philosophie de l'histoire, et sur la philosophie du droit, reprendront par fois sous une forme systématique ce qui était déjà en germe dans ces travaux de jeunesse, et un peu plus tard dans les cours ou les manuscrits d'Iéna. Cependant Hegel, chez qui le philosophe ne se sépare guère du professeur, et cela de moins en moins au. fur et à mesure qu'il vieillit, a tenu aussi à présenter l'en semble de sa pensée philosophique dans une somme Notice 7 intermédiaire entre le traité philosophique et le manuel d'enseignement,. c'est là l'objet des trois éditions de ~ \l' Encyclo édie des sciènces ~hilosop'hi9.ues (1817-1827 1.§.§.O). Il y conaense sa pensée en paragraphes souvent déconcertants par leur sécheresse, et s'efforce de remé dier à cette abstraction en y joignant des remarques concrètes, susceptibles d'étonner le lecteur qui ignore les travaux antérieurs du philosophe. Le résultat se présente un peu trop dans celte encyclopédie sans son devenir. En s'en tenant à celte somme, à ce « palais d'idées », on est trop tenté de voir en Hegel un philosophe essentiellement dogmatique. Pour qui au contraire étudie la genèse de celte pensée se remaniant sans cesse, les paragraphes de l'Encyclopédie ne sont que le terme d'une méditation philosophique toujours vivante. IIegel, on l'a dit souvent, a fait disparaître dans celle image ! imprimée de son système tous les échafaudages qui ont 1été nécessaires à son édification. Rien n'est plus frap pant à cet égard que l'étude des Grundlinien der Philo sophie des Rechts dont nous présentons ici pour la première fois une traduction française. Ces Princi es 1 ~ de a p,hiloso hie du Droit ont été publiés par Hegel en 1821 à Berlin. Ils ne sont qu'une section lus dével0I!. 1 pée de l'Encyclo édieet ce n est pas sans doute un hasard \ si la seule artie de l'Encyclo édie à laquelle Hegel 1 ait cons"'éi:ërl un dével0I!.I!.ement spécial 'dans un volume ( soit a p}iilosop"h~e du Droit. Pendant les années d'Iéna, èlürëiiit lesqne les egel élabore son système, il p"ensait consacrer une p'artie de ce_système à un Naturrecht. Nous connaissons assez bien cette première philosophie du Droit par des fragments d'un ~ystème de la moralité (obj-ect-ive (System der Silllichkeit), que Hegel ne s'est -- 8 Notice pas décidé à publier et par un article particulièrement important sur les aiffërentes f~Jons de trait~ifi quemënt_du Droit naturel Il ~emble que l'ïnter s, prétation de la Philosophie du Droit de Berlin ne peut négliger cette genèse de la pensée politique et sociale du philosophe. En considérant seulement cette pensée sous la forme cristallisée qu'elle prend dans cette œuvre, on risquerait de n'en pas assez voir la signification concrète; on pourrait être aussi conduit à juger arbi traires telles ou telles divisions de l'ou(.'rage, par exemple celles du Droit abstrait et de la moralité subjectioe, qui ne prennent toutes leurs significations que par la lente et sinueuse élaboration antérieure. On pressent, à la lecture de bien des paragraphes, tous les sous-entendus dU système hégélien. Ces sous-entendus nous renvoient j à une dialectique plus vioanie, celle es œU(Jres de jeunesse, des cours d' Iéna, ou mê~Phénoménologie de l'e~p'rit. -N ous ne saurions dans cette courte notice revenir ainsi de la Philosophie du Droit à sa genèse concrète dans l'histoire de la philosophie hégélienne. C'est l'objet d'un travail indispensable, mais de longue haleine; nous voudrions seulement en examinant l'organisation de l'cm.wre et sa place dans l'Encyclopédie, montrer la nécessité de ce retour en arrière. Le Droit est défini par Hegel d'une façon très générale ct l'existence de la (Jolonté libre 2 », La philosophie du 1. L'article et le système se trouvent dans le tome VII de l'édition Lasson de HEgL, « Schrijten zur Politik und Rechtsp iloscphie ». 2. « Le Droit est donc la liberté en énéral comme Idée », p. 83. N'oublions pas que l'Idée est pour 1 EGEL l.!l concïft réliIisé. Cf. sur ce point le début de l'intr~uction à cette Phil~sop le du Droit. ~yl ~.,r<;~ 'o\1L<..~'tÉJ ~) i ' 1dA---'( : _ Il:t{P-.J~ er~ 1~ {(~ :: r :G -c: t- Il/< - ( t- ç ~e&'-<-'-) :: 'd~ ~~kl o51<Lt/,,; " L "' . \\ Notice 9 / c~i c'ide~onc Droit avec .ce qui dans l'Encyclopédie est nommé-l es ri~ ob iecti], / Une première conjusion est ( ici à éviter.. Il ne [aut pas confondre ce que Hegel nomme le Droit dfec le droit abstrait et surtout avec ce qu'on entend ordinairement par le droit naturel. Le droit de la personne - le droit de propriété - n'est qu'un moment dans" la réallsation effective de la liberté. /Le droit de la tarrnlle, le droit de l' Ét~t s'élèvent bien au-dessus de ce droit abstrait qui s'est formulé pour la première fois dans l'histoire - et sous une forme imparfaite par suite de l'existence historique de l'esclavage - dans le monde romain. Sur les conditions historiques de l'apparition de ce droit abstrait, ses relations avec le stoïcisme et le scepticisme, la Phénoménologie nous donne des indica tions précieuses 1. Il faut y revenir quand on veut com prendre la signification de la première partie de cette Philosophie cl li Droit iniitulée" le droit abstrait. .Atais un texte de l'introduction de l1e"el à son ouvrage nous éclaire parfaitement ; « un droit, nous dit-il, est limité et par suite il est subordonné à un autre élément ; ~ JI droit de t:..CuJrit du monde est absolu et sans bornes 2. » L~tt atl sens .Jiégélien, coïncidant _al'ec l'esprjJ_~{~c.Û.: objeCtif, il ne sera donc pas inutile de préciser la place et l'importance de ce moment dans le tout du système. Le système est un cercle de cercles. Les trois princi pallx cercles sorâle Lor;~, la IVatu7e, cf.- 'Esprit. L'esprit est d'abord periii. ~t comme égare---;J;ns la n~e ; il est encore l'esprit dormant ; son réveil véritable est la con science, conscience du monde et conscience de soi-même. Mais cet esprit ~ubjectif est l'esprit individuel dont le 1. Phénoménologie, op. cil., II, p. 44. 2. P. 78.
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