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Premier amour PDF

381 Pages·2008·1.98 MB·French
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Ivan Tourgueniev PPrreemmiieerr aammoouurr BeQ Ivan Tourgueniev Premier amour Nouvelles et poèmes en prose Traduction de Michel Rostislav Hofman Préface d’André Maurois La Bibliothèque électronique du Québec Collection À tous les vents Volume 603 : version 1.0 2 Du même auteur, à la Bibliothèque : Dimitri Roudine Journal d’un homme de trop / Trois rencontres 3 Premier amour Édition de référence : Le Livre de Poche. 4 Préface Gogol, Tourgueniev, Tolstoï, Dostoïevski, les e maîtres du roman russe au XIX siècle, forment un groupe de génies entre lesquels il serait impossible autant que vain d’établir un classement. Gogol fut le premier en date et le maître de tous. Tourgueniev eut la faveur des grands écrivains français de son temps : Flaubert, Sand, en partie parce qu’il était leur ami, en partie parce que son art délicat se trouvait en accord avec le goût français. Plus tard, la masse puissante des écrits de Tolstoï, les déchirantes confessions de Dostoïevski parurent affaiblir la position de Tourgueniev. « C’est l’usage, dit le critique anglais Robert Lynd, lorsqu’on fait l’éloge d’un écrivain russe, de le faire au dépens des autres. Tout se passe comme si les hommes étaient monothéistes dans leur dévotion aux dieux littéraires et ne pouvaient supporter de voir rendre un culte aux divinités rivales. » La vérité est que Tourgueniev n’a jamais cherché à mettre en mouvement, comme Tolstoï dans Guerre et Paix, tout un peuple de créatures. La qualité d’une œuvre ne se mesure ni à ses dimensions, ni à 5 l’importance de l’objet représenté. C’est comme si l’on disait que Vermeer n’est pas un grand peintre parce qu’il n’a peint que de petits intérieurs. Peu nous importe que Tourgueniev, dans les Récits d’un Chasseur, ne nous ait donné que les portraits de quelques paysans, ses voisins. Un tableau limité, mais exact, nous en apprend plus sur l’humanité qu’une fresque démesurée. Bien que Premier Amour ne soit que le récit, très simple, d’un amour adolescent, on y peut observer, avec les délicieuses et folles expériences de la jeunesse, la violence entrevue des passions de l’âge mûr. Presque rien n’est dit ; tout est suggéré. Dans cette nouvelle si brève, Tourgueniev atteint à la perfection de son art – et de tout art. I Quand Tourgueniev préparait un roman, il dressait d’abord une liste de personnages. Souvent le nom réel du modèle y était indiqué à côté de celui du héros. Ainsi dans les notes initiales sur Premier Amour, on lit : Moi, petit garçon de treize ans Mon père, trente-huit ans Ma mère, trente-six ans. 6 Puis il a corrigé : moi – petit garçon de quinze ans, ayant sans doute pensé que sa propre précocité sentimentale paraîtrait peu vraisemblable. C’est un des traits de Tourgueniev qu’il n’aime pas à inventer. Il peint d’après nature et la description, dans Premier Amour, de la famille du héros est celle du ménage des parents de l’auteur. « Mon père, jeune et beau garçon, avait fait un mariage de raison. Ma mère, de dix ans plus vieille que lui, avait eu une existence fort triste : toujours inquiète, jalouse, taciturne, elle n’osait pas se trahir en présence de son mari qu’elle craignait beaucoup... Et lui, affectait une sévérité froide et distante... » Dans la vie réelle, le père de l’écrivain, Serge Ivanovitch Tourgueniev, avait été un officier de cuirassiers, presque ruiné, aux yeux bleus calmes, énigmatiques, aux lèvres sensuelles et ironiques. Dans un domaine voisin de la ville qu’habitait ce cuirassier vivait une jeune fille violente, passionnée, autoritaire, à laquelle un oncle avait légué la terre de Spasskoïé, vingt villages et plus de cinq mille âmes. Elle rencontra le bel officier. Elle avait six ans de plus que lui, mais décida qu’elle l’épouserait. Il se défendit peu ; un officier sans fortune résiste mal à une jeune fille énergique qui apporte en dot cinq mille âmes. 7 Curieuse union, qui ne pouvait être heureuse. Le colonel Tourgueniev, parmi les servantes, se choisissait de jolies maîtresses. Il était séduisant et avait, avec l’apparence extérieure d’un géant, l’âme féminine. Ivan Tourgueniev, son fils, hérita sa stature et sa faiblesse. Vers 1827, alors qu’il avait treize ans, la famille partit pour Moscou, où Ivan fit ses études. C’était un garçon doux, rêveur, qui aimait les vers et la littérature, surprenant alliage de sensualité et de sentimentalité. La maison était pleine de filles très belles, toutes à la merci de leur jeune maître. Il mêlait à des idées exaltées sur la divine essence de l’amour une vie de débauche qu’encourageait sa mère, masculine jusque dans son cynisme. Plus tard, il dit à Flaubert : « Moi, ma vie est saturée de féminité. Il n’y a ni livre, ni quoi que ce soit au monde qui ait pu me tenir lieu et place de la femme. » Quand il évoquait l’adolescent qu’il avait été : « Je me souviens, disait-il, qu’en ce temps-là l’image d’une femme, le fantôme de l’amour, ne se dressaient presque jamais dans mon esprit avec des contours bien définis. Mais dans tout ce que je pensais, dans tout ce que je ressentais, se cachait cependant un pressentiments conscient et poétique, de quelque chose d’inconnu, d’inexprimablement doux et féminin. Tel est bien le héros de Premier Amour, mûr de 8 toute passion, au hasard des rencontres. L’aventure que décrit le livre arriva-t-elle dans la vie ? Yvan fut-il vraiment le rival malheureux de son père ? C’est possible. Les natures des deux hommes rendent le drame vraisemblable et il y a, dans le journal des Goncourt, le récit d’un dîner Magny où chacun des convives dut conter son premier amour et où seul Tourgueniev eut une belle histoire à dire. Mais il est probable que, comme tout romancier, il juxtaposa des éléments d’origines différentes. On sait par exemple qu’en 1843, il était devenu amoureux de la cantatrice Pauline Viardot. À Pétersbourg, après les représentations, il était admis avec quelques autres dans la loge de Pauline. Au centre de cette loge on voyait une grande peau d’ours blanc. Pauline s’asseyait au centre. Le droit de s’asseoir près d’elle sur une des pattes était un honneur recherché. Tourgueniev occupait la patte n° 3. Chacun des occupants devait pendant l’entracte raconter une histoire à Mme Viardot. Comment ne pas penser à ce souvenir quand on découvre l’héroïne de Premier Amour, Zinaïda, entourée de quatre jeunes gens, leur faisant confesser leurs secrets, leur inspirant l’amour et la crainte, les obligeant à agir comme des marionnettes et selon son humeur du moment ? Mais Mme Viardot, personne 9 maternelle, croyait plutôt à l’amitié passionnée qu’à l’amour. Elle était surtout artiste et s’attachait au hommes dont la vie, comme la sienne, était tissée de musique. Si elle a fourni un trait pour Premier Amour, Zinaïda est bien la femme slave, fantasque et mystérieuse, comme la souhaitait Tourgueniev, sœur de l’Irène de Fumée, régnant sur ses multiples et faibles amoureux, mais vaincue à son tour par l’homme mûr aux cheveux gris bouclés, plus capricieux encore qu’elle-même, plus féminin et plus violent. Il semble que tout homme soit marqué par un certain type de femme, rencontré ou imaginé dans l’adolescence, et qu’il cherche toute sa vie à retrouver. Telle avait été la Sylphide de Chateaubriand, telle l’Espagnole de Victor Hugo qu’il crut voir en sa femme Adèle parce qu’elle avait des yeux noirs, telles furent les adorables folles de Tourgueniev, toujours préférées aux amantes douces et sûres, mais toujours aussi vaincues par la vie, et finissant dans le malheur ou la mort. II D’où vient le charme irrésistible de ce court roman ? D’abord de la vérité avec laquelle il peint l’un des 1 0

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Premier amour. Nouvelles et poèmes en prose. Traduction de Michel Rostislav Hofman. Préface d'André Maurois. La Bibliothèque électronique du
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