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Pour un humanisme technologique. Culture, technique et société dans la philosophie de Gilbert Simondon PDF

283 Pages·2010·16.662 MB·French
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UI Il 111111 Il 3239795 Culture, technique et société dans la philosophie de Gilbert Simondon XAV R Gue Presses Universitaires de France 3 À Max et Marianne, mes enfants ISBN 978-2-13-057919-9 Dépôt légal - 1re édition: 2010, janvier © Presses Universitaires de France. 2010 6, avenue Reille, 75014 Paris SOMMAIRE Introduction Axiomatiser les sciences humaines 25 Une incompatibilité dans la pensée de l'homme 25 Individu et individuation 30 Psychologisme et sociologisme 36 La tentation de la «physique sociale» 40 Psychosociologie 48 Un formalisme pour les sciences humaines? 57 La cybernétique et les sciences sociales 63 Cybernétique et « physique sociale» 63 Cybernétique et sciences des machines 70 Deux manuscrits sur la cybernétique 72 La critique de la psychologie de la Forme 76 Théorie de l'information et humanisme 79 La fascination pour l'automate 83 Homéostasie sociale 87 v L 'homme comme problème 95 L'univers magique 95 La technique comme problème 104 Une incompatibilité entre technologie et sciences sociales 112 Human Engineering 124 Transindividualité et concrétisation technique 131 L'objectivité technologique 133 L'anti-humanisme des machines 133 Du produit à l'objet technique 139 Autonomie technique 143 L'effet de halo 146 L'objet-image 152 Les concepts technologiques de MEOT 157 Coordination opératoire de la relation homme-nature 165 La critique du schème hylémorphique 170 Technique et travail. Le technologique versus le pratique 173 Fonction de connaissance versus fonction utilitaire 179 Approche génétique et approche historique 183 Nature et artifice 185 Objet technique et espace public 187 L'objectivité sociologique 191 Individu et groupe 191 Le transindividuel, l'affectivo-émotivité et la spiritualité 196 In-group et out-group 199 Le vital et le transindividuel 206 Technicité humaine et technicité animale 211 La différence anthropologique 215 L'objectivité technologique, point d'appui du transindividuel 219 Les deux objectivités sociologiques 224 VI Culture et technique 231 La culture contre la technique 231 Les contradictions de la «culture technique» 235 La culture comme ouverture et communication 243 L'objet technique, « symbole interhumain» 245 Éthique et technique 250 Conclusion 257 Bibliographie 267 Index nominum 275 Après avoir achevé la lecture des deux ouvrages publiés par Simondon, sa thèse principale sur les régimes d'individuation phy sique, vital et psychosocial et sa thèse complémentaire sur le mode d'existence des objets techniques, il paraît difficile même au lecteur le mieux disposé d'éviter la perplexité. Perplexité devant le style phi losophique, sec, aride Inême, très technique par endroits, trop tech nique diront certains; perplexité aussi devant le choix des objets, d'apparence si peu « philosophiques» en tout cas aux yeux des phi losophes de profession habitués à des matières plus élevées (les ailet tes de refroidissement des moteurs à combustion interne refroidis par air. .. ) ; perplexité surtout devant la difficulté à voir au premier abord ce qui fait l'unité des deux sortes de recherches auxquelles s'est consacré ce philosophe déroutant. La question est d'autant plus pressante qu'à bien des égards, pas plus la réception des tra vaux de Simondon par ses contemporains que les clarifications qu'il a pu apporter lui-même à son travail, n'ont été de nature à fournir une réponse satisfaisante à cette question. Les travaux sur la philosophie de SinlOndon se sont multipliés depuis le début des années 1990, après le décès du philosophe (en 1989). Des colloques se tiennent régulièrenlent, des thèses ont été soutenues et d'autres, toujours plus nombreuses, sont en cours qui viennent mettre fin à l'état d'ignorance dans lequel nous nous trouvions. Pendant très longtemps en effet, Simondon n'a pas eu l'audience et n'a pas connu le succès que méritait l'ampleur de ses vues philosophiques: tel est en substance le constat qui s'est imposé aux comnlentateurs. COlnme dit jolinlent un interlocuteur de J.-H. Barthélémy croisé lors d'un colloque, Sünondon fait figure de «plus connu des inconnus» parmi les philosophes. Toutefois ce constat plutôt sévère pour le Inilieu philosophique des années 1960, 1970 et 1980, qui serait donc passé à côté d'une vraie pensée, doit être nuancé. Simondon n'a sans doute pas fait école, il n'a peut-être pas eu de son vivant la renommée que la profondeur et l'originalité de sa philosophie auraient dù lui assurer, il n'en reste pas moins qu'il ne fut pas conlplètement ignoré par ses contenlporains y com pris philosophes. On ne cite plus le cas de G. Deleuze et de l'intérêt qu'il manifeste à plusieurs reprises dans ses écrits pour l'ontologie de Simondon. En dehors de nos frontières, citons aussi le cas d'Ho Marcuse qui se réfère à Simondon (très favorablenlent) dans L 'homme unidimensionnel. Essai sur l'idéologie de la société indus trielle avancée. Pour ne donner qu'un exelnple en dehors de la phi losophie, on peut mentionner le cas d'un sociologue du travail, et non des moindres puisqu'il s'agit de P.Naville, témoignant dans un ouvrage daté de 1963, Vers l'automatisme social? Problèmes du tra vail et de l'automation, d'un vif intérêt pour la pensée non marxiste de l'aliénation que SiInondon développe dans son livre sur la tech nique. On peut aussi évoquer la dette que J. Baudrillard dit avoir à l'égard de Simondon dans son ouvrage de la fin des années 1960, Le système des objets. Il faut donc reconnaître que Simondon a quand même été lu à l'époque. Toutefois, il faut bien admettre aussi que le plus souvent, c'est à l'un des deux travaux publiés seulelnent que se réfèrent les contemporains qui le citent. G. Deleuze lit surtout la thèse principale, même s'il lui arrive, avec Guattari, de commenter dans Capitalisme et schizophrénie certains concepts de la thèse com plémentaire de Simondon, Du mode d'existence des objets techni ques. H. Marcuse prête plutôt attention à la thèse complémentaire sur les objets techniques et chacun senlble être dans l'ignorance d'un des deux volets de la philosophie de Simondon 1. Plus grave encore, Simondon lui-lnême semble avoir très curieuserrlent laissé dans l'ombre la question de l'unité de sa pensée. À J.-L. Le Moyne qui lui demande en 1968, lors d'un entretien sur la mécanologie qu'il a avec lui, « conlment une pensée si fortement axée que la sienne sur le problème de l'individuation en est venue à 1. P. Naville ne pouvait pas connaître la thèse principale, publiée en 1964 seulement. 2 la mécanologie, à étudier l'objet technique comme tel », que répond Simondon en efTet? « Je comprends. En fait, je ne saurais le dire, il y a toujours des hasards universitaires. » Réponse assez incroyable en vérité, laissant entendre qu'il n'y a pas de lien entre les deux recherches, du moins pas de lien porteur d'une signification philoso phique: le seul lien évoqué, les «hasards universitaires », est inessen tiel. Les occasions n'ont pourtant pas manqué qui auraient permis à Simondon de s'expliquer sur cette irnportante question. Invité presque dix ans âuparavant à donner une conférence à la Société française de philosophie, en février 1960', Simondon prend la parole face à un auditoire qui compte parmi les philosophes les plus émi nents du moment. On peut deviner par conséquent qu'il va s'effor cer de donner une vision d'ensemble de son travail, de l'intention générale qui l'anime, et apportera une réponse claire à la question de l'unité de ses travaux, d'autant plus qu'à l'époque, en 1960 donc, seule la thèse con1plémentaire sur le mode d'existence des objets techniques a été publiée (la thèse principale ne sera publiée, très incomplètement au demeurant, qu'en 1964) : exceptés J. Hyppolite et P. Ricœur, qui figuraient dans le jury de thèse de Simondon et sont présents ce jour-là, les auditeurs n'ont au mieux qu'une connaissance très partielle des travaux de leur jeune collègue. La manière dont G. Berger, président de la Société, introduit le confé rencier nous convainc tout à fait que Du mode d'existence des objets techniques a sans doute impressionné mais aussi fortement dérouté les contemporains: G. Berger présente bizarrement Simondon comme un jeune maître de l'enseignement supérieur qui s'occupe à la fois de psychologie et de sociologie, mais qui « ne fait ni une psy chologie du travail, ni une sociologie de l'homme au travail, ni une sociologie de l'emploi des objets fabriqués: c'est [ ... ] à l'objet tech nique pour lui-même qu'il accorde son attention », pour lui-même c'est-à-dire, semble-t-il dans l'esprit du président, indépendamment de sa relation aux hommes. Formidable méprise en vérité, sur laquelle Simondon aurait pu rebondir pour faire les mises au point 1. G. Simondon, «Forme, information, potentiels », Bulletin de la Société française de philosophie, t. LII, 1960 (texte repris dans L'individuation à la lumière des notions de forme et d'ù~fàrmation, Grenoble, Jérôme Millon, 2005, p. 531-551, sans l'allocution de G. Berger et sans la discussion). 3 qui s'imposaient. Remarquons en outre que Berger se garde bien de présenter son jeune collègue comme un philosophe. Cette confé rence était donc l'occasion rêvée pour lui de présenter l'ensenlble de sa pensée, d'en rnontrer à la fois l'unité et l'intention directrice. Or que dit-il en préambule? «Qu'il existe une certaine relation entre une étude de l'objet technique et le problème [qu'il va] essayer de présenter aujourd'hui, à savoir: Forme, Information et Potentiels» (ce sont là justement trois des principaux concepts de son onto logie). Une « certaine relation », voilà qui est bien allusif. En outre, Simondon ne va pas du tout parler des objets techniques dans sa conférence. Il choisit plutôt de préciser les rapports de sa philo sophie avec la psychologie de la Forme et la Cybernétique. L'audi teur peut être rassuré après avoir entendu Simondon : il s'agit bel et bien d'un philosophe; il peut en revanche s'estimer peu renseigné sur la nature du lien existant entre les deux sortes de recherches nlenées par le conférencier. Revenons à la question de J.-L. Le Moyne. Il faut reconnaître qu'elle est mal posée. Que fait Le Moyne en effet? Il demande comment un philosophe s'occupant d'ontologie en est venu à s'oc cuper de mécanologie c'est-à-dire de science des rnachines. Or, Simondon n'a pas COITunencé par l'ontologie pour passer ensuite à la science des machines, pas plus qu'il n'a comnlencé par une réflexion sur le Inode d'existence des Inachines pour basculer dans l'ontologie. Le lien entre les deux recherches n'est pas de consécu tion. En outre, Le Moyne semble oublier le précepte de méthode posé par Simondon, à savoir qu'il est impossible de partir de deux réalités déjà individuées (ici, les deux thèses) pour demander après coup ce qui les unit. Une telle démarche ne peut conduire qu'à une fausse unité. Toute réalité individuée en effet, aussi bien dans l'ordre de l'être que dans celui de la pensée, est incomplète en elle même et doit être resituée dans un système plus vaste dont l'indi vidu n'est qu'un aspect, une «phase» dit Simondon. L'unité véri table est celle du système dans son ensemble, et non celle de chaque « phase» prise séparément. En parlant de « phases» et non de « parties », Simondon veut dire que l'unité du système n'est pas une unité de cornposition partes extra partes. Il n'y a pas au départ une pluralité de réalités individuées qui sont rassemblées après coup, par composition, pour former un système comportant des parties; il y a au départ un système qui ne contient pas encore de réalité individuée, un systènle de réalité « préindividuelle » rece- 4

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