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DT 543 .8 T638 LUTION P 1972 MAIN CRATIQUE D A U FRICAINE G Main POUR LA VICTOIRE DES PEUPLES No 49 CAM 17 24 7 . C 1173 Ahmed Sékou Touré Responsable Suprême de la Révolution, Président de la République. L'HOMME, CE CONNU - INCONNU ET CET INCONNU - CONNU PAR LE PRESIDENT AHMED SEKOU TOURE Cette assertion paraît contradictoire à la fois dans sa formulation, dans son contenu et dans son objet même, et donc se présente comme fausse ou aberrante. En effet, ce qui est connu ne saurait être qualifié en même temps et sous le même rapport d'inconnu, de même que ce qui est inconnu être considéré comme connu. Cependant, comme dans tout jugement de valeur, c'est à travers la prise en considération, au -delà de la forme, du contenu des choses et des êtres que cette contradiction se résoud. Or ce contenu est changement. Et c'est ce chan gement qui est exprimé ici, et qui signifie paradoxalement: « ce qui est n'est pas ou ce qui n'est pas est ». Toute chose est, en effet, à la fois, elle-même et son contraire elle a un passé et un avenir, le présent étant le trait d'union entre ces deux dimensions du temps, cette durée unique et infinie et dont les séquences plus ou moins longues servent à me surer conventionnellement la partie du temps occupée par l'existence d'un être ou d'une chose, bien que là, il faille distinguer entre l'existence conceptuelle et l'existence dans la réalité ! La rationalité, qui est, elle-même, un produit des logi ques admises par les hommes, élargit ses conquêtes et fait reculer ses frontières à la mesure du progrès socio-humain. C'est dire que la rationalité est, elle-même, fonction du temps. 5 Ainsi,une chose qui est ou n'est pas peut, selon le pro grès de la dialectique, signifier « être et non être ». Du point de vue de l'objectivité concrète, immédiate ment perçue, une chose est ou n'est pas. Mais du même point de vue et dans sa manifestation réflexive, la réalité nous apparaît comme continuellement changeante. Elle est donc constituée essentiellement par le mouvement, la mobilité incessante des choses, l'extra-temporalité. Une chose est et n'est pas. Cette chose, en la déterminant, on la fige, on fait une coupe dans le temps ; or, la chose ne peut exister que dans une durée d'extension non nulle, et du fait de la non nullité de l'extension de cette durée, la chose n'est plus ce qu'elle est. En effet, le jugement objectif fondé sur l'immobile et le figé exclut du monde organique la faculté d'anticipation ou d'intériorisation que théoriquement la conscience ex prime en l'homme. Il est bien exact qu'une chose peut exister indépen damment de la conscience humaine, celle-ci étant, elle même, un reflet du réel vécu et connu. Mais nous devons admettre qu'une chose peut se con cevoir. s'élaborer dans la conscience bumaine sans corres pondre ni au réel existant ni au réel pouvant concrètement exister en dehors du cadre théorique de la pensée humaine, à un moment donné de l'existence historique qu'elle précède et devance ainsi. Par ailleurs, une chose qui existerait en dehors de toute perception humaine, n'exerçant aucune influence sur la vie humaine, et qui serait totalement inexistante dans 5 3 la consciencedes hommes, à telle étape donnée de l'évolu tion humaine, continuerait bien à exister, indépendam ment des facultés humaines, Il y a donc des choses qui existent, mais dont l'existen ce est ignorée de nous pour l'instant en raison de notre niveau de connaissance actuel. Il y a de ce fait au moins trois niveaux d'existence : 6 a) l'existence concrète perçue par la conscience b) l'existence consciencielle, celle qui est élaborée au niveau de la seule conscience. qui n'a pas de répondant concret et dont le mode de perception et d'appréhension est l'intuition. c) l'existence qui n'est ni conçue ni perçue par notre conscience, parce que celle-ci disposant de moyens de per ception insuffisants par rapport à l'objet de connaissance. Ces trois niveaux sont les étapes évolutives de la con naissance vers la perception sans fin de l'inconnu à connaî tre pour élargir le champ de la connaissance et réduire ce lui de l'ignorance. Ainsi, la valeur de tout concept est en rapport direct avec le niveau de connaissance des hommes. Cela nous con duit à admettre que l'homme est valorisé par la conscien ce, ce qui se traduit dans la qualité de sa pensée et de son action. Lorsqu'une chose qui n'est pas, domine la pensée de l'homme, c'est seulement le résultat de l'action qui rétablit la vérité alors non perçue dans sa conscience. Et c'est cette rectification ultérieure qui conclut à l'inexistence désor mais de ce qu'il croyait par erreur du domaine du réel. Il peut arriver par contre, que ce qu'il croit aujourd' hui inexistant puisse s'imposer ultérieurement à lui dès que la chose devient accessible à sa connaissance du réel. Ainsi, l'homme ne crée pas la science, mais la découvre à travers la progressive compréhension de ses lois objectives, ce qui explique bien le caractère impersonnel de la scien ce. Le mouvement de l'évolution de la conscience humai ne s'appuie constamment sur la connaissance et l'expérien ce pratique des hommes dans leurs activités multiformes le mieux - être et le plus-être. et continuelles vers C'est ce qui explique qu'il y a une inter-action mutuelle de la science et de la société, dont on doit connaître les manifestations si l'on veut rendre la perspertive historique la plus exacte possible. 7 La théorie postule l'action et l'action sécrète et perfec tionne la théorie. La correspondance entre l'action et la pensée humaine constitue l'unité des contraires. Dans toute existence s'exprime l'inter-action d'éléments op posés. La conscience reste le seul point d'où l'on puisse acquérir une unité totale, concrète et vivante. La dialectique est fondée sur les lois qui régissent la connexion universelle, le changement quantitatif, le change ment qualitatif et la nature des contradictions caractéri sant toute existenceobjective. A Par ailleurs, l'histoire nous enseigne que l'évolution humaine s'exprime dans un processus continu excluant pause ou arrêt périodique. De plus, tout élément de l'existence est lié à toute la nature et en exprime une partie de la vie. Cette logique qui fonde notre raisonnement évolue elle aussi. Ainsi s'explique par exemple la géométrie de Rimann et de Lobatchevski par rapport à la géométrie euclidienne. Ainsi, ce qui paraît irrationnel peut ne pas l'être en vérité, il se peut simplement qu'il se trouve au-delà de la frortière de la connaissance jusque là atteinte par les hommes ou en déça, les deux se rejoignant en fin de compte, leur frontière n'étant pas une simple ligne, mais toute une plage. Ce qui est irrationnel aujourd'hui, peut être rationnel demain et vice-versa, car il n'y a pas qu'une seule logique, il y a autant de logiques qu'il y a de modes de vie, de postulats admis ou d'objectifs en vue dans les comportements des hommes et des Peuples. Mais le chan gement se situe moins dans l'espace que dans le temps. L'histoire de l'épistémologie le prouve suffisamment. Cependant, c'est une certitude que la nature est régie par des lois objectives, des lois indépendantes des modes de vie, des postulats admis visés, des objectifs donc indépen dants des démarches entreprises pour les atteindre. Il est également remarquable de constater que la nature est compréhensible, c'est- à -dire que l'intelligence humaine, à 8