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Pour comprendre la traduction PDF

227 Pages·2009·7.591 MB·French
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Pour comprendre la traduction Irena Kristeva Pour comprendre la traduction L'HARMATTAN © L'HAAAtATIAN, 2009 5-7, rue de l'Écol -Polytechniquc; 75005 Paris e httpww:// .w librairieharmanan.com [email protected] harmattIa@wna nado.for ISBN: 978-2-296-09132-0 EAN: 9782296091320 A mes parents Introduction L'expérience du traduire « En cet empire, l' Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d'une seule Province occupait toute une ville et la Carte de l'Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l'Empire, qui avait le Fonnat de l'Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l'Etude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l'abandonnèrent à !'Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l'Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n'y a plus d'autre trace des Disciplines Géographiques. » (Suarez Miranda, Viajes de Varones Prudentes, Livre IV, Chapitre XIV, Lérida, 1658) Devenu une référence classique, ce petit texte, attribué par Jorge Luis Borges à un auteur de son invention et publié sous le titre « De la rigueur de la science», souligne l'incommensurabilité de la carte et du territoire : toute carte présente un modèle abstrait et simplifié, donc incomplet, de la réalité. La traduction ne coïncide pas avec l'original comme la carte ne coïncide pas avec le territoire. Elle reste toujours incomplète et imparfaite par rapport à l' œuvre à traduire. En tant que traduction, elle ne peut pas prétendre occuper dans une culture la place qui revient de droit à celle-ci. Elle arrive, cependant, pour enrichir cette culture par son étrangeté, en espérant être accueillie dans sa différence. 9 - - ni La traduction n'est une copie ni une partie de l'original. Elle entretient cependant un rapport avec le tout qu'il représente et dont elle transmet autrement la complexité, les particularités, les nuances. Comme une totalité sémantique et formelle, l'original demeure toujours différent, donc transcendant, à l'égard de toute traduction possible. Comme une autre compréhension de l'original, la traduction demeure toujours différente par rapport à l'original. Rédigées dans deux langues différentes, l'original et la traduction sont séparés par une distance qu'il est toujours problématique de combler. La compréhension de la traduction réclame donc un langage au deuxième degré capable de décrire et d'expliquer ces deux essences incommensurables, exige une réflexion, demande une théorie. Et le traducteur? Le traducteur n'est pas Pierre Ménard, le fameux personnage de Borges qui réécrit à la Don Quichotte. « lettre» le Le traducteur ne se livre pas à la re-création de l'œuvre, à sa re-production mécanique, à sa trans-position littérale : il s'attaque au mot et à la signification dont celui-ci est porteur. En ce sens, il évoque plutôt l'image du faucon gerfaut de la description intense et suggestive de l'essai « L'oiseau » de Pierre 1 Michon • Selon certaines interprétations le faucon gerfaut serait la métaphore de la parole qui tue, de l'image qui transperce. Cette image dynamisée, extraite d'ailleurs de Commerce des la traduction d'un traité de chasse arabe, grands de ce monde avec les bêtes sauvages du désert sans onde, 1370, rédigé par Muhamad Ibn Manglî vers pourrait être rapportée au traducteur. Le traducteur adopte 1 Pierre Michon, « L'oiseau», in Corps du roi, Paris, Verdier, 2002, p. 49 : « Quand il bat large, il est démesuré ; quand il se repaît, il fait vite ; quand il frappe, il met à mal ; quand il donne du bec, il tranche et quand il fait prise, il se gave >>. - 10 - souveunnte a ttitaundael ogià qcueel dluef aucogne rfaut. «Q uandi lb atl argiele, s td émesu»r é:e mporptaér les ailedse l'enthousieats lm'eé ladne la recherche d'équivalielnd ceev,i etnotu t-puis«sQaunatn.di ls e repaiîltf ,a ivti »t e :s uccombàa nltap ulsidount raduire, ile sta viddee lnao urritvuerreb aeltei mpatideenl ta digér«eQ ru.a ndi lf rappielm, e tà ma»l :i lfr appel e langagteo ujouerxsp osaéu risqude' être déefto rmé domestiq«uQ éu.a ndi ld onned u beci,l t ran»c h:e i l saccaegtem artyrlies e teàx ttrea dui«rQ eu.a ndi lf ait prisiels, e g ave:»m aiss' ialr riàv cea ptulr'eorr igiiln al, escto mbldées atisfaAcitnisominu,. p arl ed ésciorn scient des aislietr e xtà et raduitroeu,t tradnu'cetxeeurrc e-t-il pasi nconsciemdmee ntlv ai olenscuerl 'objdeets on dés?i Ern effleatt, r aducitmipolni qsuoeu velnedt é sdire fairsea ignelre sm otsp,o urp ériphrlaasm eért aphore significadteiP viee rre KlosEsno wds'kaiu.t rteersm es, ellber utallials aen gumea ternelalfei dne préserlvae r fidélà ilt'éo riginal. 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Toutt exte interagit aveca rdt'iacuutlréess textes, dansun el angueeta ncrdéasn usn et raditAiuotnr.e ment diti,l s 'inscdraintsu nei ntertextLu'«a ilnitteér.a ction textu»e lilmep liqluae transformatdieosné léments culturels et ldiensgt ueixstatenistq éureise eunrtse,n dus commed esc odepsa,rl 'œuvlriet térLaati rraed.u ction, qui opèrseu rd est extessu,p pousnep assalgien guisetti que unem édiatciuolnt urCeelfa lei.tb iecno nnsuu scidtees questioanusx quelll'eést utdeen tedrea r épond:r Lee dépassemednets limitedse s usagesl inguistiques habitulearles-,f ormuleatlt arieo-nf ormadteli aop nr opre languàe travelrast raductsioonnt -pirlésv isiebtl es maîtrisa?b lOeus b ieni lsd épendeanut c,o ntraire, de l'aptidteul dael angucei blà es e soumeà tltarf eo rce transformdaetl rali acneg suoeu r?c e L'examdeens r appoernttsr el alnag eutel ac ulture orienltae t héorie lad ter aductvieornsu n espace interdisciipnltiennasiirsfieea sén cth angaevse lca t héorie dul angagleas, é miotilqaut eh,é ordiee llai ttéraltau re, réflexpihoinl osophlieqséu teu,d etsr anscultuRréeglil es. principalpeamrle anc tr itihqeurem éneutqiuqilu aen clee débastu rl e« c onflidte si nterprét» actoinocnesrn ant, entraeu trelse,d omaindee lat raductcieotne ,s sai confrolnamt éet hohdeer méneutaivqeuqceu elquaeust res théoriLe'sh.e rméneutdieq luaet raducttiroonu vsea valeéupri stémoloegtsi aqf uoer ceeu ristdiaqnulse' effort de compréhensdiuo tne xtàe t raduiCreel.l e-éctia nt indispenpsoabulrle at raductli'oanc,dt eet radudioriet questiosnannecsre ssleet exatfien d el ec omprendre. 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Mais elle la manipule avec précaution parce que l'insistance excessive sur cette dimension, la transformation de l'expérience subjective du traducteur en critère principal peut faire encourir le risque de négliger le contexte objectif et d'aboutir, par conséquent, à un subjectivisme extrême. réduction eidétique, Focalisée sur la la méthode prédominante mise en place par cet essai pourrait être qualifiée de phénoménologique. Il est bien connu que la epokhê, procédure de l' instaurée par Husserl, enlève tout jugement prématuré, maîtrise les interférences de la subjectivité, fait abstraction des opinions et des valeurs eidos préconçues. Visant à éclairer l' du phénomène observé, le phénoménologue doit réduire autant que possible ses propres présupposés et faire « tourner les propositions à tous sens »2. La possibilité de se tenir près du texte original tel qu'il apparaît demande au traducteur une rigueur et une vigilance constantes, et une prise de conscience tant des propres préjugés que des influences 2 Blaise Pascal, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1954, p. 134. - 13 -

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