Description:On sait que ce texte surgit comme d'un champ de ruines. Un jeune type dégingandé de 22 ans, qui a raté ses études, y compris le sacrifice fait par sa famille qui voulait l'envoyer faire médecine en France, qui vient de perdre sa mère d'un cancer mais a été mis au ban de sa famille pour avoir refusé toute prière ou simagrée religieuse, qui s'adonne à la boisson et préfère surtout chanter comme ténor, ce qui ne nourrit pas. Dans cette crise, la légende veut qu'il rédige en un jour l'esquisse de ce portrait où tout se fait sur le mode autobiographique, mais détourné, et la langue prise dans le déferlement joyeux qui sera plus tard la marque du "Finnegan's Wake". Destin bousculé aussi pour le manuscrit, réécrit depuis l'exil à Trieste, entre pauvreté et boisson, puis détruit lors d'une dispute conjugale, il paraîtra en 1915 en revue, et l'année suivante en livre. Il est l'atelier par où s'amorce l'explosion de Joyce. En restant au plus près de la matière autobiographique, le collège jésuite de ses apprentissages, une mise à nu insolente, presque dadaïste si le rapprochement n'était pas si incongru, de la bonne vieille société irlandaise. Un geste libre, qu'il nous faut réapprendre à considérer depuis tout ce que nous avons appris depuis lors des possibles excès de la littérature. Alors quel plaisir on en tire, quel rire qui lamine, bien au-delà du collège de l'adolescence, tout un monde en déroute... Et bien sûr tout l'appareil de notes et commentaires de Jean-Yves Cotté, le traducteur, pour nous accompagner dans les différentes directions et strates d'un texte presque symphonique dans sa folie. FB Cette nouvelle traduction du roman de James Joyces est une co-édition avec NumerikLivres.