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Politique de la littérature PDF

113 Pages·2007·8.802 MB·French
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Jacques Ranci^re DU MfiMEAUTEUR Ai4x Editions GaliUe LA M£SENTENTE. Politique etphilosophU, 1995. LA CHAIR DES MOTS. Politiques de I'icriture, 1998. L'iNCONSaENT ESTHenQUE, 2001. MALAISE DANS L'ESTH£TIQUE, 2004. Politique de la litterature Chez d'autres dditeurs LA LEQCN D'ALTHUSSER, Gallimard, 1974. LANUTT Archives du reve ouvrier,^a.yzKit 1981 ; r^&l. Hachcttc, « Pluricl », 1997. LE PHILOSOPHE ET SES PAUVRES, Fayard, 1983 ; r^^d. Flammarion, « Champs ». LE MATTRE IGNORANT. Cinq Ufom sur I'hnancipation inteUectueUe. Favard, 1987 ;r«d. 10/18,2004. COURTS VOYAGES AU PAYS DU PEOPLE, Le Scull, 1990. LES NOMS DE L'HISTOIRE. Essai depoitique du sovoir, LC Seuil, 1992. MALLARM£. La politique deU sirine, Hachette, 1996 ; RTAD. « Pluriel », 2006. ARI^T SUR HISTOIRE, avec Jean-Louis ComoUi, Centre Georges Pompidou, Aux BORDS DU POLITIQUE, La Fabrlque, 1998 ; ret^d. Gallimard, « Folio ». 2004. LA PAROLE MUETTE. Essai sur Us contradictions de la litthature, Hachcttc, 1998; ri^d. « Pluriel», 2005. LE PARTAGE DU SENSIBLE. Esthitique et politique. La Fabrlque, 2000. LA FABLE CINEMATOGRAPHIQUE, Le Seuil, 2001. LE DESTIN DES IMAGES. La Fabrlque, 2003. LES SCENES DU PEOPLE, Horlleu, 2003. L ESPACE DES MOTS. De MallamU h Broodthaers, Mus^e des Beaux-Arts de Nantes, 2005. LA HAINE DE LA DEMOCRATIE, La Fabrlque, 2005. CHRONIQUES DES TEMPS CONSENSUELS, Le Seuil, 2005. LE SPECTATEUR EMANCIPE, La Fabrlque, 2009. Edition IA PAROLE OUVRIERE, 1830/1851. avec Alain Faure, 10/18, 1975; r^^d. La Fabrlque, 2007. LOUIS GABRIEL GAUNY. LE PHILOSOPHE PLEBEIEN, Presses universltalrcs de Vincennes-La DAmuveite, 1983. Galilee • J'' Hypotheses "MSt i © 2007, EDITIONS GAULEE, 9, rue Linn^, 75005 Paris. En appiication de la loi du 11 mars 1957, ii est interditdereproduireint^gralementou paniellement le pr&ent ouvrage sans autorisadon dc I'^diteur ou du C^tre fiai^s d'cxploication du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. ISBN 978-2-7186-0735-1 ISSN 0768-2395 www.editions-galilee.fr Politique de la litterature La politique de la litterature n'est pas la politique des ecri- vains. Elle ne concerne pas leurs engagements personnels dans les luttes politiques ou sociales de leur temps. Elle ne concerne pas laon plus la maniere dont ils representent dans leurs livres les stitictures sociales, les mouvements politiques ou les identites diverses. L expression « politique de la litterature » implique que h litterature fait de la politique en tant que litterature. Elle sup- pssc qu il n'y a pas k se demander si les ecrivains doivent faire de bipolitique ou^se consacrer plutot k la purete de leur art, mais qiie cette purete meme a k voir avec la politique. Elle suppose |!a il y a un lien essentiel entre la politique Comme forme speci- wque de la pratique collective et la litterature comme pratique definic de I'art d'ecrire. Poser ainsi le problkme oblige k en expliciter les termes. Je le •3" d abord brievement pour ce qui concerne la politique. On fond souvent avec la pratique du pouvoir et la lutte pour le ir. Mais il ne suffit pas qu'il y ait du pouvoir pour qu'il y U politique. II ne suffit pas meme qu'il y ait des lois reglant collective. II faut qu'il y ait la configuration d'une forme ue de communaute. La politique est la constitution d'une d experience specifique ou certains objets sont pos^s communs et certains sujets regard^s comme capables de ^er ces objets et d'argumenter a leur sujet. Mais cette cons- •"m n est pas une donnde fixe reposant sur qn invariant an- »^ique. Le donne sur lequel la politique repose est ton­ ics litigieux. Une celebre formule aristotelicienne declare que 11 Hypothhes Politique cU la litterature les hommes sont des etres politiques parce qu'ils possfedent la designer I'art d'ecrire lui-meme. L'ouvrage de Madame de parole qUi permet de mettre en commun le juste et I'injuste albrs [, De Lt litt^fature considirie diins ses rapports avec les institu- ' que les animaux poss^dent seulemcnt la voix qui exprime le plai- sociale^ paru^en Tan 1800, est souvent pris comme le.manE sir ou la peine. Mais toute la ^question est de savoir qui est apte k cet usagelnouveau. Cependant, bien des critiques ont fait juger ce qui est parole deliberative et ce qui est expression de si'Cd n'eta^t la qu'un nom pour un autre: ils se sont done d^plaisir. En un sens, toute I'activite politique est un conflitpour loyes.kVetiblir'un rapport entre des evenements et des.cou- decider de ce qui est parole ou cri, pour retracer done les fron- 5 politiqiies Historiquement definis, et un concept intem- tihrcs sensibles par lesquelles s'atteste la capacity politique. La de litterature. D'autres ont voulu prendre en compte Republique de Platon expose dembl^e que les artisans n'ont pas dif concept de litterature. Mais ils I'ont generalement le temps de faire autre chose que leur travail: leur occupation, ' le cadre- du paradigme moderniste. Celui-ci determine leur emploi du temps et les capacitds qui les y adaptent leurinter- Icrnjte aitti^tique comme la rupture de chaque art avec la disent d acc^der i ce supplement que constitue I'activite poli- le'de,|la representation, qui en faisait le moyen d'expres- , tique. Or la politique commence pr^anent quand cet impossible I'un refereho exterieur, et sa concentration,sur sa materialite est remis en cause, quand ceux et celles qui n'ont pas le temps de e. On^a dondpose la modernite litteraire comme la mise en faire autre chose que leur travail prennent ce temps qu'ils n'ont ftt d'un usage ifitransitif du langage oppose a son usage com- pas pour prouver qu'ils sont bien des ^tres parlan'ts, participant a fcicatif. C'etait 1^; pour determiner le rapport entre politique un monde commun, et non des animaux furieux ou soufFrants. I, un Critete tr^s problematique qui conduisait vite k Cette distribution et cette redistribution des espaces'et des temps; tdilcmme >''qu'b'ien I'on opposait J'autonpmie'du langage lit- des places et des identit^s, de la parole et du bruit, du visible et k un usage politique considere comme une instrumentali- de Tinyisible ferment ce que j'appelle le part^e du sensible. do 1^ litterkture; ou bien Ton affirmait autoritairement L'^tivit^ politique reconfigure le partage du sensible. Elledntro- p'solidarite lerifre Ihntransitivite litteraire, con^ue comme duit sur la scbne du commun des objets et des sujets nouveaux. mation du pfimat materialiste du signifiaht, et la ratiohalite Elle rend visible ce qui etait invisible, elle rend audibles comme fialiste de 1^ ptatique revolutionnaire. Dans Qu'est-ce que la etres parlants ceux qui n'dtaient entendus que comme animaux T'? Sarjire'proposaic une sorte d'accord a Tamiable en bruyants.' ^ant intraiisitivite' poetique et transitivite litteraire. Les ' L expression « politique, de la litterature » implique done .que disait-il,- litllisent les mots comme des choses. Quand la litterature intervient en tant que litterature dans ce decoupage 1 ecrivait« Quelle ame est sans defauts ? », il est clair qu'il des espaces et des temps, du visible et de invisible, de la parole ut aucune question mais faisait de la phrase une substance et du bruit. Elle intervient dans ce rapport entre des pratiques, ^ scmblable k uh ciel jaune de Tintoretb II n'y a done pas des formes de visibilite et des modes du dire qui decoupe un ou k parler d'un engagement de la po^sie. En revanche les des rhondes communs. litis ont affkire -'aux significations. lis utilisent les mots La question est maintenant de savoir ce que signifie la « lit­ des instrurAents de communication et se trouvent par la terature en tant que litterature ». « Litterature w n'est^ pas un 'qu ils le vpuillent ou non, dans les tkches de la construc- terme transhistorique designantd ensemble des productions des run monde commun. arts de la parole et de 1 ecriture. Le mot n'a pris que tardivement ce sens aujourd hui banalise. Dans I'espace europeen, c'est seulement ^n-Paul Sartre, Qu'est-ce que la litterature ?, Situations II, Galli- au XIX'^ siede qu'il quitte son sens ancien de savoir des lettres p. 69. 12 13 I • i Politique de la litthature Hypothhes phrase « ordinaire », k sa place dans un poeme qui affecte la Malheureusement, cet accord a ramiable ne r^glait rien du forme de I'examen de conscience. Mais aussi, dans I'echo qu'elle tout. Aussitdt apres avoir enracin^ rengagement de la prose donne « 0 saisons, 6 chateaux ! », c'est une phrase-enigme : un raire dans son usage meme du langage, Sartre devait expliquer « refrain niais », comme celui des comptines et des chansons pourquoi des ^crivains comme Flaubert avaient d^tourn^ la populaires, mais aussi le « coup d'archet » de celui qui « assiste k transparence du langage prosaique et transform^ le moyen de la redosion de sa pensee », a 1'emergence, dans les phrases usees du communication litteraire en une fin en soi. II lui fallait en trou- langage et dans le'bercement vide de sens des comptines, de cet ver la raison dans la conjonction entre la n^rose personnelle du inconnu qui est appele k faire un sens et un rythme nouveaux de jeune Flaubert et les sombres r^alit^s de la lutte des classes de son temps. II devait done rcchercher k Texterieur une politicit^ de la ki vie collective. La singularity de la phrase de Rimbaud ne relive done pas litt^rature qu'il pretendait avoir fondle dans son us^e propre du d'un usage propre, anticommunicationnel, du langage. Elle releve langage. Ce cercle vicieux n'est pas une erreur individuelle. II est d'un rapport nOuveau entre le propre et I'impropre, le prosaique lie a la volonte de fonder linguistiqueraent la sp^cificite de la lit- et le poetique. La spedficite historique de la litterature ne tient t^rature. Cette volont^ est elle-meme li^e aux simplifications du pas a un etat ou k un usage spedfique du langage. Elle tient a une paradigme moderniste des arts. Celui-ci veut fonder leur auto- nouvelle balance de ses pouvoirs, k une nouvelle maniere dont il nomie sur leur materiality propre. II oblige done k revendiquer fait acte en donnant k voir et k entendre. La litterature, en bref, une spedficite materielle du langage litteraire. Mais celle-ci est un reginie nouveau d'identification de I'art d'ecrire. Un s'av^re introuvable. La fonction communicationnelle et la fonc- regime d'identification d'un art est un systeme de rapports entre tion poetique du langage ne cessent en efi^et de s'enlacer Tune k des pratiques, des formes de visibility de ces pratiques, et des I'auue, tant dans la communication ordinaire, qui fourmille de modes d'intelligibilite. C'est done une certaine maniere d'inter- tropes, que dans la pratique poetique qui sait detourner a son vcnir dans le partage du sensible qui definit le monde que nous profit des enonces parfaitement transparents. Le vers de Rim­ habitons : la fa^on dont il est pour nous visible, et dont ce visible baud « Quelle ame est sans defauts ? » n'appelle assur^ment aucun se laisse dire, et les capacites et incapacites qui se manifestent par decompte des ames repondant a cette condition. On ne peut li. C'est k partirde la qu'il est possible de penser la politique de pour autant en conclure, avec Sartre, que I'interrogation n'y est la litterature « comme telle », son mode d'intervention dans le « plus une signification mais une substance' ». Car cette fausse decoupage des objets qui forment un monde commun, des sujets question partage avec les actes ordinaires du langage plusieurs qui le peuplent et des pouvoirs qu'ils ont de le voir, de le nom- traits communs. Elle obeit non seulement aux lois de la syntaxe mer et d'agir sur lui. mais aussi a un usage rhetorique courant des propositions inter- Comment caracteriser ce regime d'identification propre a la rogatives et exclamatives, particulierement vivace dans la rheto- litterature et sa politique ? Pour aborder la question, confrontons rique religieuse qui a marqu^ Rimbaud : « Qui de nous est sans deux lectures politiques d'un meme auteur, tenu pour un repre- pedie ? » ; « Que celui d'entre vous qui est sans peche lui jette la scntant exemplaire de I'autonomie litteraire qui soustrait la litte­ premiere pierre ! ». Si la po^sie se detourne de la communication rature k toute forme de signification extrinseque et d'usage ordinaire, ce n'est pas par un usage intransitif qui annulerait la politique et social. Dans Qu'est-ce que la litterature Sartre faisait signification. C'est en operant une jonction entre deux regimes de Flaubert le champion d'un assaut aristocratique contre la de sens : d'un cote, « Quelle ime est sans defauts ?» est une nature democratique du langage prosaique. Cea assaut prenait sdon lui la forme d'une petrification du langage : 1. J.-P. Sartre, Qu'est-ceque la littirature dons SituationsII, op. aV.,p. 69. 15 14 Politique de la littirature Hypotheses toute I'entreprise du romancier. Flaubert rendait tous les mots Flaubert ^crit pour se d^barrasser des hommes et des choseS. S« ^ux de k meme k^on qu'il supprimait toute ludrarchie ehtre phrase cerne Tobjet, I'attrape, rimmobilise et lui casse les reins, sd sujets nobles et sujets vils, entre narration et description, premier referme sur lui, se change en pierre et ie pdtrifie avec elle jd.an et ^riere-plan, ,et finalement entre homm« et choses. Assu- f^ent ibbajinissait toiit eng^ement politique, en traitant avec Sartre voyait dans cette pdtrification la contribution des cham­ un dgalr^mdpris ddmotrates et conservateurs. L'dcrivain pour lui pions de la littdrature pure k la stratdgie de la bourgeoisie. Flaubert^ devait se garder de rien vouloir prouver; Mais cette indifFdrence Mallarme et leurs colldgues prdtendaient refuser le mode de i I'dgaM'de tout message dtait pour ces critiques la marque m^e pensde bourgeois et revaient' d'une nouvelle aristocratie, vivaht de la,demdbratie. Celle-ci signifiait pour eux le rdgime de I'in- dans un monde de mots purifids, con9u comme un jardin -secret ^ffer'dncf .gd;idralisde, I'dgale possibilitd d'etre ddmocrate, anti- de pierres et de fleurs prdcieuses. Maisce jardin secret n etait que ddmocraSe, ou indifFdrent k la ddmocratie. Quels que pussent la projection iddale de la propridte prosai'que. Pour le construire, Stre les sentiments de Flaubert a 1 dgard du peuple et de la Repu- ces dcrivains devaient soustraire les mots k leur usage communi- ldique,Ba'prdse, elle, dtait ddmocrate.' Elle dtait meme I'incarna- catif et les arrachei;a insi ^ ceux qui auraient pu les utiliser comme tton. de" la ddmocratie. des instru-ments de ddbat politique et de lutte sociale. La pdtrifi- . Sartrq n'a certes pas dtd le premier i convertir un argumeiit cation littdraire des mots et des objets servait done k sa manidre. rdadiionnaire en argument progressiste. Les interpretations « poli- la suatdgie nihiliste d'une bourgeoisie qui avait vu sa 'mort tiques »-e,t «"sociales » par lesquelles les critiques du XX* sidcle ont 3nnoncde sur les barricades parisiennes de juin 1848 et qui cher- voulu- dclairer la littdramre du XK* reprennent pour' I'essentiel chait d. conjurer son destin en freinant les forces historiqufes contre le Toman « bourgeois » les analyses et les ar^ments des qu'elle avait ddchaindes. iiiostalgiques,de I'ordre monarctiique et reprdsentatif. On peut Si cette analyse mdrite notre intdret, c'est qu'elle reprend un s'en amuser. 'Mieux vaut tacher d'en comprendre les raisons. II schdme interprdtatif ddjk utiiisd par les conteniporains de Flaubert. feut pour.pela reconstituer la logique qui assigne a une certaine Ceux-ci pointaient dans sa prose la fescination pour le detail et ptatique de I'dcriture une signification politique, elle-meme sus­ rindifference k la signification humaine des actions et des per- ceptible d'dtre lue en deux sens opposds. II faut done cerner le sonnages, qui lui faisaient donner aux choses matdrielles autant rapport entre trois choses : une manidre d'dcrire, qui tend a sous­ d'importance qu'aux etres humains. Barbey d'Aurevilly rdsumait traire' les significations ; une maniere de lire qui voit un symp- leur critique en disant que Flaubert poussait ses phrases devant tsSme dans ce retrait du sens ; et enfin, la possibilitd d interprdter lui comme un terrassier pousse ses pierres dans une brouette. de kpons opposdes la signification politique de ce symptome. Toiis ces critiques s'accordaient done ddja pour caractdriser sa L'indiffdrence de I'dcriture, la pratique de la lecture symptdmale prose comme une entreprise de pdtrification de la parole et de ®c I'ambivalence de cette pratique appartiennent k un meme dis- I'actioh humaines, et pour voir dans cette pdtrification, comme positif.'Et ce dispositif pourrait bien etre la littdrature elle-mdme, Sartre le ferait plus tard, un symptbme politique. Mais ils s accor- k littdrature comme regime historique d'identification de I art daient aussi pour entendre ce symptome k 1 inverse de Sartre. Bien d'dcrire, comme noeud spdcifiqud entre un rdgime de significa­ loin d'etre I'arme d'un assaut antiddmocratique, la « pdtrifica­ tion des mots et un rdgime de visibilitd des choses. tion » du langage dtait pour eux la marque de fabrique de la La nouveautd historique signifide par le terme de « litterature » ddmocratie. Elle allait de pair avec le ddmocratisme qui animait est k : ndre pas dans un lang^e partlculier mais^ dans une nou­ velle manidre de lier le dicible et le visible, les mots et les choses. 1. J.-P. Sartre, Qu'est-ce que la littirature ?, dans Situations II, op. cit., p. 172. 17 16 Politique de la littirature Hypotheses party par Flaubert k sa consyquence extreme. II n'y a plus de C'est cela qui etait en jeu dans la critique des champions des beaux sujets ni de vilains sujets. Cela ne veut pas dire simp e- belles-lettres classiques centre Flaubert, mais aussi centre teus les ment, comme chez Wordsworth, que les emotions des simples artisans de cette pratique neuvelle de Tart d'^crire appel^e lit- sent aussi susceptibles de poesie que celles des « grandes ames ». t^rature. Ces nevateurs avaient, disaient-ils, perdu le sens de Cela veut dire, plus radicalement, qu'il n'y a pas de sujet du tout, Taction et de la signification humaines. lis voulaient dire par la que la combinaison des actions et Texpression des pensyes et sen­ qu'ils avaient perdu le sens d'une certaine sorte d'action et d'une timents, qui faisaient le cceur de la composition poytique, sont certaine maniSre de lier action et signification. Pour comprendre en elles-memes indiffyrentes. Ce qui fait la texture de 1 ceuvre, ce qu'etait ce sens perdu, il faut se souvenir du vieux principe c'est le style, qui est « une maniere absolue de voir les choses ». aristotelicien qui soutenait Tordre representatif classique. La Les critiques de Tage de Sartre ont voulu identifier cette « absolu- po&ie, selon Aristote, n'est pas d^finie par un usage sp^cifique tisation du style » a un esthytisme aristocratique. Mais les contem- du langage. Elle est ddfinie par la fiction. Et la fiction est Timita- porains de Flaubert ne se trompaient pas k cet « absolu » : il ne tion d'hommes qui agissent. Ce principe apparemment simple voulait pas dire elyvation sublime mais dissolution de tout ordre. definissait en fait une certaine politique du po^me. II opposait en L'absoluity du style, c'ytait d'abord la ruine de toutes les hiyrar- effet la rationalite causale des actions a Tempiricit^ de la vie. La ehies qui avaient gouverny Tinvention des sujets, la composition superiority du poeme qui enchalne des actions sur Thistoire qui dds actions et la convenance des expressions. Dans les dyda- raconte la succession des faits ^tait homologue k la superiority des ratioris mames de Tart pour Tart, il Mait lire la formule dun hommes qui participent au monde de Taction sur ceux qui sont y^itarisme radical. Cette formule ne renversait pas seulement confinys dans le monde de la vie, c'est-k-dire de la pure repro­ Ids regies des arts poytiques mais tout un ordre du monde, tout duction de Texistence. Conformyment k cette hierarchie, la fic­ un systeme de rapports entre des maniferes d etre, des manieres tion ytait divisee en genres. II y avait des genres nobles, consacrys de faire et des manieres de dire. L'absolutisation du style dait la k la peinture des actions et personnages elevys, et des genres bas formule litteraire du principe dymocratique d'ygality. Elle s'accor- consacres aux histoires des petites gens. La hiyrarchie des genres dait avec la destruction de la vieille superiority de 1 action sur la soumettait aussi le style a un principe de convenance : les rois vie, avec la promotion sociale et politique des etres quelconques, devaient parler en rois et les gens du commun en gens du des dres voues k la repytition et a la reproduction de la vie nue. commun. Get ensemble de normes definissait bien plus qu'une Reste k savoir comment Ton entend cette « promotion » dymo­ contrainte academique. II liait la rationality de la fiction poytique cratique des vies quelconques correiye k 1« indifFyrence » de 1 ^ri- k une certaine forme d'intelligibility des actions humaines, k un ture. Les critiques de Flaubert s'ytaient fait Ik-dessus une doc­ certain type d'adyquation entre des manieres d'etre, des mani^res trine. La dymocratie, pour eux, se dycomposait en deux choses : de faire et des manieres de parler. un systeme de gouvernement, oil ils voyaient une utopie auto- La « pytrification » du langage, la perte du sens de Taction et destructrice ; mais aussi une «influence sociale », une maniyre de la signification humaines, c'etait le dymantylement de cette d'etre de la sociyte caracterisye par le nivellement des conditions hiyrarchie poytique en accord avec un ordre du monde. L'aspect €t des manieres d'etre et de sentir. Si la democratie politique ytait le plus visible de ce dymantylement, c'ytait la suppression de condamnye k mourir de son utopie, ce processus social, lui, ne route hiyrarchie entre sujets et personnages, de tout principe pouvait etre contrecarry — tout au plus contenu et dirigd par les d'adyquation entre un style et un sujet ou un personnage. Le ^es bien nees -, et il ne pouvait manquer de m^ttre sa marque principe de cette ryvolution, formule a Taube du XDC® si^cle par la sur les ycrits. C'est d'aiUeurs pourquoi ces critiques ne s attar- pryfece des Lyrical Ballads de Wordsworth et Coleridge, se trouve 19 18 Politique de ia littirature Hypothhes se/nent de cet ordre. L'auditoife de ses tragedies n'etait plus celui • daient pas k corriger Flaubert, h monuer, corame Voltaire le far- de Corneille. Ce n'etait plus un auditoire de magistrats, de salt pour Corneille, quels sujets il aurait dd choisir et commenf princes ou'de predicateurs. C'etait seulement « un certain nombre il aurait dt les traiter. lis expliquaient au contraire ^ leurs lecteurs de jeunes hdmmes et de jeunes femmes ^ ». Autant dire n importe pourquoi Flaubert etait condamn^ a les choisir tels et a les tr^ter qui, personne en particulier, aucune instance sociale g^eant la de la sorte. lis protestaient au nom des valeurs perdues, mais leur puissance Su discours. , j n i protestation sMnon^ait elle-meme dans le cadre du nouveau para- Tel etait, plus encore, le public qui lisait les romans de BalMC digme qui faisait de la litt^rature une « expression de la societ^ », ou de Flaubert. La littefature est ce nouveau regime de lart , Taaion de forces impersonnell^ &happant k la volont^ des auteurs. d'ccrire, oil Tecrivain est n'importe qui et le lecteur n importe Mais peut-etre leur fetalisme d'hommes bien n& k i'^gard du « tor­ qui. C'fest ^en cela que les phrases de ces romanciers pouvaient rent d^mocratique » leur cachait-il la dialectique plus coinplexe 6cre comparees k des'pierres muettes. Files etaient rnuettes au engag^e par cette id^e de la litterature comme expression de la sens oitTlatbn avait oppose les « peintures muettes >> de 1 ecnture soci^te. La r^ftrence globale a un ^tat de soci^t^ cache en eiiet la k la parole vivante deposee par le maitre comme une semence tension qui unit et oppose k la fois le principe d^mocratique et dcstinee a- cfokre dans Time du disciple. La litterature est le Texercice d'un nouveau regime de I'expression. regne dd'Tecriture, de ia parole qui circule en dehors de.route Car la d^mocratie ne determine par elle-m^me aucun regime relation'd'adresse determinec. Cette parole muette, disait Platon, d expression patticulier. Elle rqmpt bien plut6t route logique d^- sen va.fouler a droite'et i gauche sans sa^oir a qui il convient de terminee de rapport entre I'expression et son contenu. Le principe fiarler et i qui il ne convient pas de parler. Il en va ainsi pour de la d^mocratie n'est pas le nivellement - r^el ou suppos^ - des ettte litteratiue qui ne s'adresse plus i aucune audietice speci- conditions sociales. Ce'n'est pas une condition sociale mais une flque,.partageant une meme position dans 1 ordte sodal et rupture symbolique: la rupture d'un ordre dternin^ de rela-^ dc cet ethos des regies ^interpretation et des modes de sensibihte tions entre les corps et les mots, entre des manite de parler, des ordonnes'. .'Comme la lettre errante denoncee par le philosophe, mani^re de faire et des manite d'etre. C'est en ce sens qu on ^e circUle skis destinataire spedfique, sans maitre pour I accom- peut opposer la « democratic litteraire » k I'ordre repr^sentatit pagnef,,sp.us la forme de ces fascicules imprimes qui trainent un classique. Ce dernier liait k la superiority de Taction sur la vie une pen partout,'des cabinets de lecture aux etalages de plein ven^ et certaine idee de la parole. C'est ce que Voltaire resumait quand dffrent-leurs situations, personnages et expressions k la hbre dis­ il evoquait avec nostalgic le public de Corneille. Le dr^aturge, position de quiconque voudra s'en emparer. II sufFit pour cela de expliquait-il, ecrit pour un public constitue par des princes, des ^voir lire Timprime, une capacite que les ministres des monar­ generaux, des magistrats et des predicateurs. II ecrit en somnie chies censitaires eux-memes jugent necessaire de repandre dans e pour un public d'hommes qui agissent par la parole. D^s le ^uple. C'est. en cela que consiste la democratie de Tecriture : son regime representatif en eflfet, ecrire, c'etait d'abord parler. Parler ttutisthe bavard revoque la distinction entre les hommes de a etait Tacte de Torateur qui persuade une assernbiee, du general parole en acre et les hommes de la voix souffrante et bruyante, qui harangue ses troupes ou du predicateur qui edifie les ames. ^tre ceux qui agissent et ceux qui ne font que vivre; La demo- Le pouvoir de faire de Tart avec les mots etait lie ^ celui d une ^fiatie de Tecriture est le regime de la lettre en liberte que chacun hierarchic de la parole, d'une relation regUe d'adresse entre des ^ ( acres de parole et des audiences defmies sur lesquelles ces actes de Voltaire, Commentaires sur Corneille, dans The Complete Works, Oxford, parole devaient produire des effets de mobilisation des pensees, Tha Voltaire Foundation, 1975, t. LV, p. 830-831. des emotions et des energies,. Voltaire, dejk, depiorait 1 evanouis- 21 20 Hypothhes PoUtique de la litterature peut reprendre a son compte, soic pour s'approprier la vie des lature oppose aux usurpations de la littyrarity democratique, heros ou des h^oines de roman, soit pour se faire ^crivain soi- e'cst une autre puissance de signification et d'action du langage, meme, soit encore pour s'introduire dans la discussion sur les un autre rapport des mots aux choses qu'ils dysignent et aux affaires communes. II ne s'agit pas d'influence sociale irrwisdble, sujets qui les portent. C'est, en bref, un autre sensorium, une il s'agit d'un nouveau partage du sensible, d'un rapport nouveau autre mani^re de lier un pouvoir d'affection sensible et un pou­ entre I'acte de parole, le monde qu'il configure et les capacit^s de voir de signification. Or, une autre communauty du sens et du ceux qui peuplent ce monde. sensible, un autre rapport des mots aux etres, c'est aussi un autre L age scructuraliste a voulu fonder la litterature sur une pro- monde commun et un autre peuple. pri^t^ spdcifique, un usage propre de I'ecriture qu'il a nomme Ce que la littyrature oppose alors au privilege de ia parole «littdrarit^ ». Mais I'dcriture est tout autre chose qu'un langage yivante qui correspondait, dans I'ordre reprysentatif, au privilege rendu a la purete de sa materialite signifiante. L'^criture signifie de Taction sur la vie, c'est une e'criture con^ue comme machine I'inverse de tout propre du langage, elle signifie le regne de k faire parler la vie, une ycriture k la fois plus muette et plus par- I'impropriet^. Si i'on veut done nommer « littdrarit^ » le statut knte que la parole dymocratique : une parole ecrite sur le corps du langage qui rend la litterature possible, il faut I'entendre k des choses, soustraite a Tappetit des fils et filles de plybeiens; raais Toppose de la vision structuraliste. La litterarite qui a rendu pos­ aussi une parole qui n'est proferee par personne, qui ne rypond sible la litterature comme forme nouvelle de Tart de la parole k aucune volonty de signification mais exprime la vyrity des n'est aucune propriete specifique au langage litteraire. Au contraire, choses a la maniyre dont les fossiles ou les stries de la pierre elle est la radicale democratic de la lettre dont chacun peut |K3rccnt leur histoire ycrice. Tel est le second sens de la « pytrifi- s emparer. L'^galite des sujets et des formes d'expression qui cation » littyraire. Les phrases de Balzac et de Flaubert ytaient definit la nouveaute litteraire se crouve li^e a la capacite d'appro- pcut-etre des pierres muettes. Mais ceux qui proferaient ce juge- priation du lecteur quelconque. La litterarite democratique est la mcnt savaient aussi que, k Tage de Tarchydogie, de la palyonto- condition de la specificity litteraire. Mais cette condition menace logic et de la philologie, les pierres aussi parlent. Elles n'ont pas en meme temps de la ruiner puisqu'elle signifie Tabsence de de vobc comme les princes, les gynyraux ou les orateurs. Mais elles toute frontiere entre le langage de Tart et celui de la vie quel­ n en parlent que mieux. Elles portent sur leur corps le lemoi- conque. Pour rypondre a cette menace de disparition inhyrente gnage de leur histoire. Et ce tymoignage est plus Liable que tout au pouvoir neuf de la littyrature, la politique de la littyrature a dii discours profyry par une bouche humaine. II est la verite des se dedoubler, Elle s'est efforcye de briser cette solidarity, de dis- choses opposye au bavardage et au mensonge des orateurs. socier I'ycriture littyraire de ia littyrarity qui est sa condition. Ce L univets reprysentatif classique liait la signification k la volonty n'est pas pour rien que la littyrature absolutisye a mis si souvent de signifier. II en faisait fondamentalement une relation d'adresse, en scene les malheurs de celui ou celle qui a trop lu de livres, trop k rapport d'une volonty ^issante a ime autre volonty sur laquelle cherchy k transformer les paroles et les histoires des livres en la « premiyre voulait agir. C'est ce pouvoir de la parole en acte que matiere de sa propre vie : Vyronique Graslin, Ruy Bias, Emma orateurs ryvolutionnaires avaient soustrait k Tordre hiyrar- Bovary, Bouvard et Pycuchet, Jude I'obscur et tant d'autres cnique de la rhytorique classique, en inventant une continuity figures de cette littyrarity qui soutient et mine en m^me temps ®®tte 1 yioquence des rypubliques antiques et celle de la Revolu- I'absoluity littyraire. Mais I'affaire ne peut se rygler seulement par ^on nouvelle. La littyrature, elle, met en osuvre un autre rygime la morale de la feble, exposant les malheurs qui attendent ceux ^ signification. La signification n'y est plus urje relation de qui ont ainsi joue avec la disponibilhy des mots. Ce que la litty- OiOnty k volonty. Elle est une relation de signe k signe, une rela- 22 23 Politique de la littirature Hypotheses LartificiqU^> celle du po^te des mots, Byron en 1 occurrence, qui don inscnte sur les choses muettes et sur le corps m^me du lan- exprime eh'vers ses tourments intimes et les troubles du temps, g^e. La litterature est le d^ploiement et le d^chlffrement de ces « la vrai^-poysie nouvelle, celle du gydogue, Cuvier, qui recons- signes qui sont ecrits a meme les chos.es. L'ecrivain est Tarchdo- truit des.citys k partir de quelques dents, repeuple les iorcts a logue ou le g^ologue qui fait parler les temoins muets de This- portir des fougeres empreintes sur ia pierre fossile .ou reconstitue toire commune. Tel est le principe que met en oeuvre le roman des races'd'animaux geants a partir d'un os de mammouth. La dit r^aliste'. Le principe de cette forme dans laqiielle la littdrature vyrite dq Ja litterature s'inscrit dans la voie ouverte par ces impose sa puissance neuve n'est pas du tout, comme on le dit sciences qui font parler les dybris sans vie : fossiles du paleonto- couramment, de reproduire les faits dans leur realit^. 11 est de h)gue, pierres'ou plissements de terrain du gydogue, rum^ de deployer un nouveau regime d'adequation entre la signifiance farchyologue,-medailles et inscriptions de l'« antiquaire», trag- des mots et la visibility des choses, de faire apparaitre Tunivers de ments du;philologue. Elle fait avouer sa vyrity h la sociyty nou­ la ryality prosaique comme un immense tissu de signes qui porte velle a,1^ maniere dont tous ces savants ont cherche ^ restaurer la ecrite I'histoire d'un temps, d'une civilisation ou d'une sociyty. vyrite de vie des anciens peuples ou k arracher a la nature muette Au debut de La Peau de chagrin^ Balzac conduit le hyros k secret des premiers temps de son histoire. C'est ce module de Raphael dans un magasin d'antiquitys. Dans ce magasin, les verity qhe la, litterature naissante oppose a la fois aux principes objets de tous les ages ^t de toutes les civilisations se mylangent, hierarcbiques de la tradition representative et ^ la dymocratie mais aussi les objets de I'art, de la religion ou du luxe et ceux de sans Ibi de la lettre errante. la vie ordinaire: les crocodiles, les singes'ou les boas empailles : C'est dirp aussi qu elle oppose aux princes d'hier et au peuple semblent sourire a des vitraux d'yglise ou vouloir mordre des de la dymopratie un autre peuple, celui que les philologues, anti- bustes. Un Vase de Sevres cotoie un sphinx ygyptien, Madame quaires et archyologues ont reinventy centre la poytique d'Aristote Du Barry regarde une pipe indienne, et une machine pneuma- ct la Grfece domestiquye du siecle de Louis XIV. Son renverse- tique yborgne Tempe.reur Auguste. Ce magasin ou tout se mele ment de lavationality reprysentative s'inscrit tout naturellement compose, dit Balzac, un po^me sans fin. .Ce po^me est double : dans le prolongement de la ryvoliition qu avait opyree Vico en il est le po^me de la grande ygality des choses nobles ou viles, degageant la figure du « vyritable » Homere : un Hom^re qui anciennes ou modernes, dycoratives ou utilitaires. Mais il est pekte au rpbours de toute la logique reprysentative parce qu il aussi, a I'inverse, le dyploiement d'objets qui sont tous en meme netait pas un inventeur d'histoires, de personnages et d expres­ temps les fossiles d'un ige, les hiyroglyphes d'une civilisation. II sions mais la voix d'un peuple encore en son enfance, incapable en va de meme pour I'ygout de Paris dycrit par Hugo dans de distinguer la fiction de Thistoire, ou 1 expression prosaique du Les Misirables. L'ygout, dit Hugo, est la « fosse de vyrity » ou les trope'poetique. Ce qui sert de modele k la littyrature, par-delh les masques tombent et oh les signes de la grandeur sociale s'egalisent vraisemblances et les convenances rejetyes, c est cette immediate avec les dychets de la vie quelconque. D'un c6te tout y tombe identity du poytique et du prosaique. dans I'indiffyrence ygalitaire, mais aussi toute une sociyty peut s'y Le transfert pourtant ne va pas de soi. Car tous ceux qui, lire dans sa vyrite a travers les fossiles qu'elle dypose incessamment li'^e rom^tique, ont r^ve de cette identity de 1 art et de la vie dans ses bas-fonds. prosaique, i'ont fait sur le mode de la nostalgie pour un paradi's Cette vyrity de la vie que la littyrature de Page romantique perdu. Gette poysie « naive » ytait I'expression d un monde ou la oppose aux vraisemblances de la rhytorique et de la poytique clas- poysie n'existait pas comme activity syparye, ou la logique meme siques, Balzac en indique la gynyalogie lorsqu'il interpole dans la des sphferes d'activity syparyes n'existait pas. Elle ytait I'ymana- description du magasin fabuleux un parallele entre deux poysies : 25 '24

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