Secrétariat du Grand Conseil PL 11616-A Date de dépôt : 9 juin 2015 Rapport de la Commission des finances chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat approuvant les états financiers individuels de l'Etat de Genève pour l'année 2014 Rapport de majorité de M. Cyril Aellen (page 2) Rapport de minorité de M. Roger Deneys (page 613) ATAR ROTO PRESSE – 200 ex. – 06.15 PL 11616-A 2/617 RAPPORT DE LA MAJORITÉ Rapport de M. Cyril Aellen Mesdames et Messieurs les députés, La Commission des finances, sous la présidence de Mme Anne Marie von Arx-Vernon, a débuté l'examen des comptes individuels et consolidés 2014, ainsi que de la gestion du Conseil d'Etat, lors de sa séance du 1er avril 2015, pour l'achever le 3 juin 2015. La Commission des finances a consacré 8 séances à l'étude des comptes 2014, ce qui équivaut à environ 50 heures de travaux parlementaires en plénière, sans compter les travaux menés par les sous-commissions. La Commission des finances – outre les départements – a entendu les entités suivantes faisant partie du périmètre de consolidation : – Hospice général ; – Fédération pour la promotion du logement bon marché et de l’habitat coopératif ; – Fondation des parkings ; – Transports publics genevois ; – Hôpitaux universitaires de Genève ; – Institution genevoise de maintien à domicile ; – Genève Aéroport ; – Fondation des immeubles pour les organisations internationales ; – Services industriels de Genève ; – Université de Genève. Les procès-verbaux ont été tenus par Mmes Cherbuliez et Herman, ainsi que par MM. Mahmoud, Pfaeffli et Riedi. La Commission des finances a été assistée dans ses travaux par M. Raphaël Audria, secrétaire scientifique. Le département des finances a notamment été représenté par Mme Coralie Apffel Mampaey tout au long des travaux de la commission. Que l'ensemble de ces personnes soient remerciées de l'aide apportée. 3/617 PL 11616-A Tableau des projets de lois sur les états financiers et la gestion 2014 Le tableau ci-dessous recense les divers projets de lois sur les états financiers et la gestion 2014 tels que répartis entre les commissions (état au 2 juin 2015). Entités consolidées Etats financiers Activité/gestion Etablissements de droit public Hospice général COFIN (PL 11657) Commission des (auditionné sous- affaires sociales commission + COFIN) (PL 11656) Transports publics Commission des Commission des genevois (auditionné transports (PL 11653) transports (PL 11652) sous-commission + COFIN) Hôpitaux universitaires COFIN (PL 11649) Commission de la santé de Genève (auditionné (PL 11648) sous-commission + COFIN) PL 11616-A 4/617 Institution genevoise COFIN (PL 11659) Commission de la santé de maintien à domicile (PL 11658) (auditionné sous- commission + COFIN) Genève Aéroport COFIN (PL 11651) – (auditionné sous- commission + COFIN) Services industriels de Commission de Commission de Genève (auditionné l'énergie et des l'énergie et des sous-commission + Services industriels de Services industriels de COFIN) Genève (PL 11628) Genève (PL 11627) Université de Genève COFIN (PL 11655) Commission de (auditionné sous- l'enseignement commission + COFIN) supérieur (PL 11654) Fondations de droit public Fédération pour la COFIN (PL 11634) Commission du promotion du logement logement (PL 11633) bon marché et de l’habitat coopératif (auditionné sous- commission + COFIN) Fondation des parkings COFIN (PL 11630) Commission des (auditionné sous- transports (PL 11629) commission + COFIN) Fondation pour les COFIN (PL 11632) Commission des terrains industriels travaux (PL 11631) 5/617 PL 11616-A Fondations immobilières de droit public Fondation HBM COFIN (PL 11636) Commission du Camille Martin logement (PL 11635) Fondation HBM Emma COFIN (PL 11638) Commission du Kammacher logement (PL 11637) Fondation HBM Jean COFIN (PL 11640) Commission du Dutoit logement (PL 11639) Fondation HBM Emile COFIN (PL 11642) Commission du Dupont (auditionné logement (PL 11641) sous-commission) Fondation René et Kate COFIN (PL 11644) Commission du Block logement (PL 11643) Fondations de droit privé FIPOI (auditionné – – sous-commission + COFIN) Société anonyme Palexpo SA – Commission de l'économie (PL 11660) Présentation générale: Séances du 1eret du 15 avril 2015 La présentation devant la Commission des finances des comptes individuels et consolidés ainsi que de la Matrice des risques de l’Etat et du bilan social est faite par MM. Dal Busco, Béguet, Miceli, Vuichard, Fornallaz, Beun, Bouzidi, Rosset et Balda, ainsi que par Mmes Apffel Mampaey, Laatiki et Jost. PL 11616-A 6/617 Présentation des comptes individuels (tomes 1, 2 et 3 du rapport annuel) Une présentation est distribuée aux commissaires (annexe 1). Introduction La DGFE signale que, cette année, il n’y a que 2 événements majeurs à signaler au niveau des comptes, à savoir des rentrées fiscales exceptionnelles, par rapport à la taille du canton, et la provision pour la CPEG. Il était nécessaire de comptabiliser une provision, car les projections actuarielles montraient qu’il était plus probable qu’improbable que le palier intermédiaire de 75% de couverture ne soit pas atteint en 2030. La provision créée se monte à 203 mios, ce qui correspond à la moitié du risque estimé selon les projections actuarielles actuelles. Il relève que cette problématique avait déjà été soulevée au cours des débats relatifs à la création de la CPEG et que cela n’a rien à voir avec la recapitalisation ; il s’agit d’une provision pour des charges futures qui sont hautement probables. Un commissaire (S) se demande s’il ne faut pas une base légale claire pour inscrire une provision de 200 mios. Selon lui, c’est une compétence du GC et non du CE. Il aimerait obtenir un avis de droit à ce sujet, car il considère que cette manière de faire n’est pas normale. La DGFE suggère qu’une réponse écrite soit fournie aux commissaires (annexe 2) à ce sujet, mais il indique que l’Etat obéit à un référentiel comptable contenu dans le règlement sur l’établissement des états financiers, qui s’inspire des normes IPSAS et des dérogations à celles-ci par le CE. Tout est clairement mentionné dans ledit règlement ; cela est très transparent dans le tome 1 et le tome 4 des états financiers qui ont été distribués aux commissaires. Il ajoute que le SAI a validé cette proposition. Evolution de la trésorerie, de la dette et des intérêts de la dette La dette moyenne a progressé entre 2013 et 2014, passant de 11,6 mias à 12,7 mias. Un graphique montre la saisonnalité de la courbe, qui se creuse au printemps avec des flux positifs en termes de trésorerie, notamment en raison de l’encaissement de l’IFD, puis dont la tendance s’inverse jusqu’à la fin de l’année. L’endettement moyen annuel, selon la définition de la LGAF, est de 12,7 mias et se rapproche sensiblement du premier seuil de la LGAF, qui est à 13,3 mias et au-delà duquel la majorité absolue du GC est requise pour accepter les nouveaux crédits. En réponse à des interrogations de commissaires, il est indiqué qu’actuellement la dette est en baisse, sous l’effet de cette fameuse 7/617 PL 11616-A saisonnalité. Nous sommes ainsi dans le creux de la courbe, lequel est plus important cette année que l’année dernière du fait des éléments exceptionnels mentionnés précédemment. La dette a progressé de 0,6 mia durant l’exercice 2014, pour arriver à 13,4 mias au 31 décembre 2014. Malgré l’augmentation de la dette, la charge des intérêts n’a que très faiblement augmenté et se monte à 230 mios pour l’année 2014 (228 mios en 2013). Cela s’explique par le fait que le niveau général des taux d’intérêts a évolué à la baisse en 2014, contrairement à toutes les attentes et prévisions d’économistes. La structure de la dette n’a pas beaucoup varié ; la situation est stable et conforme à la stratégie adoptée par le CE pour l’année 2014. La dette reste très largement constituée d’emprunts à long terme et à taux fixes, ce qui permet de limiter le risque lié aux taux d’intérêts et aux refinancements. La part des emprunts à court terme reste stable également et est proche de sa limite maximale ; ces emprunts permettent d’avoir une flexibilité et de profiter des taux bas qu’il est possible d’avoir actuellement. La durée moyenne de l’emprunt est légèrement plus courte qu’en fin d’année 2013, en raison d’un léger recul de la durée moyenne des emprunts à long terme entre 2013 et 2014. Il existe une proportion standard entre les emprunts à court terme et ceux à long terme. Cette proportion a été fixée dans la stratégie du CE et correspond à une certaine norme. Des études ont montré que la proportion généralement adoptée et adéquate était de maximum 25% d’emprunts à court terme et de maximum 30% d’emprunts à taux variables. Pour ce qui concerne la répartition de la dette par créancier, les emprunts publics représentent toujours une part importante et croissante, qui est de 43% de la dette cantonale en 2014. Il y a également différents prêteurs, généralement des banques. Il y a une bonne diversification des sources de financement. Il est constaté qu’il y a quelque 27% d’emprunts en Allemagne et en France. Pour ce qui concerne les placements privés (2% des emprunts), il s’agit d’opérations de prêts conclues par des contrats bilatéraux de gré à gré, avec des établissements bancaires ou des assureurs, par exemple. C’est la forme de l’emprunt qui est ici qualifiée et qui est en opposition à l’emprunt public. Il est indiqué que jusqu’à ce jour, il n’y a jamais eu de souci concernant les financements par des emprunts publics. C’est actuellement encore l’outil le plus efficient pour les entités publiques, de façon générale, car c’est celui qui permet de toucher le plus d’investisseurs possible (privés ou institutionnels) ; il offre un coût qui est très intéressant. PL 11616-A 8/617 A propos de l’échéancier de la dette, le graphique montre la tendance baissière du montant annuel arrivant à échéance, lequel a été plafonné à 800 mios par an de sorte à limiter l’exposition de l’Etat aux risques de taux et de refinancement. L’objectif est toujours de limiter ces risques et d’étaler les échéances dans le temps. Ainsi, en 2015, quelque 600 mios d’emprunts à long terme arrivent à échéance et il faudra, ou pas, les refinancer à long terme ou à court terme. L’année 2015 a la particularité d’avoir un très faible niveau de refinancement comparé aux années précédentes. Dès lors, l’Etat de Genève sera beaucoup moins présent sur les marchés publics, ce qui a normalement l’avantage de créer un certain appétit et d’améliorer quelque peu les conditions lors de la prochaine recherche de capital. Un commissaire (PLR) fait remarquer que l’Etat de Genève a eu de la chance. En effet, en 2008, il y avait 1,7 mia à refinancer. Si les intérêts avaient été à la hausse et que l’Etat avait dû se refinancer à des taux plus élevés que ceux de l’emprunt de base, cela aurait été compliqué. La DGFE indique qu’il y a eu des emprunts à 3,5% ou 4% par le passé, mais que l’Etat s’est refinancé à des taux plus bas ces dernières années. Durant la période 2008 à 2010, la dette a plutôt baissé ; ainsi, une partie des emprunts arrivant à échéance ont été remboursés et n’ont pas entièrement été refinancés. Le seul point positif de la situation économique actuelle est que l’emprunt ne coûte pas cher. Chaque fois que le canton renouvelle des emprunts, ils sont souvent à un taux plus intéressant que celui des emprunts arrivés à échéance. L’Etat a fait certains choix stratégiques et a opté pour une forte proportion d’emprunts à taux fixes à long terme, permettant d’amortir un tel effet ou d’étaler dans le temps un effet tel qu’une augmentation sensible du taux d’intérêt. Faisant suite à une question sur le degré d’autofinancement des investissements et leur impact sur la dette, il est indiqué que si les investissements prévus nécessitent un financement par l’endettement, cela aura une influence sur l’échéancier à plus ou moins brève échéance, en fonction des emprunts choisis. Pour l’instant, le choix a surtout porté sur des taux bas et des échéances longues, pour se prémunir du risque de taux d’intérêts. A l’avenir, si les investissements ne sont pas autofinancés, la partie qui sera financée par de la dette sera à inclure dans ce graphique. Revenus fiscaux Il est indiqué que la part la plus importante des revenus est constituée des impôts directs des personnes physiques (revenus et fortune) ; il y a ensuite les 9/617 PL 11616-A impôts des personnes morales, sur le bénéfice et le capital. Les autres impôts directs concernent essentiellement ceux en rapport avec le secteur immobilier (impôts fonciers, impôts sur le bénéfice et les gains immobiliers, droits de mutation), ainsi que les droits de succession et donation. Les impôts sur la propriété et sur les charges concernent avant tout les impôts automobiles. Enfin, il y a des parts à des impôts fédéraux, notamment l’IFD qui est conservé dans le canton. L’AFC taxe en 2014 les revenus se référant à l’année 2014 (système postnumerando) ; Genève a également opté pour une comptabilisation selon le principe d’échéance, ce qui signifie qu’est inscrit dans les comptes 2014 ce qui se rapporte à l’exercice 2014. Il y a 2 grandes catégories d’impôts pour lesquels la comptabilisation est un peu différente, à savoir les impôts périodiques et les impôts non périodiques. Les impôts périodiques sont ceux que les contribuables doivent payer chaque année, tels les impôts sur le revenu, la fortune, le bénéfice et le capital. Dès lors que le délai de reddition des déclarations d’impôts était au 31 mars pour les personnes physiques, soit la veille, le DF ne dispose encore d’aucun élément concernant l’année fiscale 2014 lorsqu’il boucle les comptes 2014. Ainsi, la plus grande partie des impôts figurant dans les comptes sont des impôts estimés, ce qui signifie que les chiffres peuvent être entachés d’erreurs, qui vont être corrigées au fur et à mesure des exercices successifs et de la prise de connaissance des éléments se référant aux années passées qui avaient été estimées. Des correctifs vont ainsi être apportés dans les comptes successifs, pour tenir compte de la réalité qui était inconnue au moment du bouclement des comptes. Les impôts non périodiques sont liés à la survenance d’un événement particulier (décès, vente d’immeuble) ; on sait quand cet événement va survenir et on inscrit dans les comptes la production qui a été réalisée pendant l’année en cours. Ces impôts ne nécessitent pas d’estimations et ne font donc pas l’objet de corrections dans les comptes successifs. Comment estimer les impôts ? Quels sont les correctifs ? L’idée est de profiter de la dernière situation connue sur les différents impôts qu’il s’agit d’estimer. Par le biais d’un modèle et d’hypothèses pertinentes, ces impôts sont projetés sur l’année évaluée. Pour l’estimation de l’impôt 2014, on part de la dernière situation fiscale suffisamment connue qui est celle de 2013. Il y a des hypothèses de croissances sur la fortune, le revenu, le bénéfice et le capital, qui vont permettre d’estimer l’impôt 2014. Les impôts sur le revenu et sur la fortune des personnes physiques sont progressifs ; il y a un barème d’imposition. Ils ne répondent donc pas de PL 11616-A 10/617 manière linéaire à une croissance des revenus et, de ce fait, il est nécessaire d’évaluer la relation qui existe entre l’évolution des revenus et l’évolution de l’impôt. Ceci est appréhendé avec un modèle basé sur le principe de la régression linéaire. Sur le graphique de la présentation (en annexe 3) figurent schématiquement les revenus en abscisse et l’impôt en ordonnée ; lorsque les revenus augmentent, l’impôt augmente également. Les points figurant en bleu correspondent à ce qui a été observé. On essaye de faire passer une droite par ces différents points, sachant que l’observation est au-dessus ou en dessous de cette droite, selon les années. En utilisant ce type de modèle, il peut donc y avoir des correctifs positifs ou négatifs, selon les années. Avant l’année fiscale 2001, l’administration ne dispose pas d’informations suffisamment fiables et exploitables ; la série commence avec l’introduction du système postnumerando. Compte tenu du temps qu’il faut pour qu’une année fiscale soit complètement connue, ils s’arrêtent aujourd’hui à l’année 2011, car il n’y a pas encore des données définitives et fiables pour 2012, 2013 et 2014. Il y a donc 11 points à disposition pour faire cette estimation. A propos de l’estimation de l’impôt 2014 des personnes physiques imposées au barème ordinaire, au bouclement des comptes 2014, l’estimation de l’impôt de ces personnes était de 3,02 mias. Les hypothèses de croissance, entre 2013 et 2014, sont basées sur les publications du SECO et du Groupe de perspectives économiques pour le revenu (+1,9% de PIB) et sur les statistiques publiées par la BNS pour la fortune (+7%). Pour le revenu, il s’agit du taux de croissance du revenu et non du taux de croissance de l’impôt ; pour l’impôt sur la fortune, le mécanisme est un peu plus complexe et il a présenté ici le taux de croissance de l’impôt lui-même. En tenant compte de ces hypothèses et de l’événement inhabituel connu en 2014 par une rentrée fiscale de 415 mios, l’estimation de l’impôt 2014 des personnes physiques imposées au barème ordinaire est de 3,563 mias. Concernant les correctifs, en 2013, l’impôt 2013 avait été estimé à 3,064 mias, soit 45 mios au-dessus de la réalité constatée aujourd’hui pour cette même année (3,02 mias), d’où ce correctif de –45 mios inscrit dans les comptes 2014. Cet écart représente environ 1,5% de ce qui avait été évalué l’an dernier, ce qui est assez satisfaisant du point de vue des économètres. Ces correctifs diminuent au fur et à mesure des années qui passent ; il peut y avoir des exceptions à une telle évolution lorsque des éléments nouveaux viennent à la connaissance de l’AFC après coup, par exemple lorsque des dossiers sont restés en litige durant un certain nombre d’années et arrivent enfin à un dénouement. Ce n’est qu’après quelques années que l’on peut avoir une vision réelle de l’impôt d’une année donnée.
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