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Pierre Naville: Biographie d'un révolutionnaire marxiste. Tome 2: Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire, 1939-1993 PDF

477 Pages·2017·7.659 MB·French
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Historiques Historiques Historiques série Travaux série Travaux Alain Cuenot Témoin de son époque, Pierre Naville participe à tous les débats qui agitent la gauche révolutionnaire et le monde des lettres et des sciences, de 1924 à nos jours. Membre t du mouvement surréaliste, directeur avec Benjamin Péret de La Révolution surréa- o n liste, Pierre Naville s’efforce d’unir la pensée subversive d’André Breton à l’action e politique révolutionnaire. Découvrant Marx, Hegel, la révolution d’Octobre, Lénine u C et Léon Trotsky, il rompt avec sa classe d’origine et devient un leader éminent de Pierre Naville l’opposition de gauche en France, de 1929 à 1939. Prenant ses distances par rapport n i au mouvement trotskiste à l’été 1945, il se tourne avec passion vers la recherche a l scientifique. Alliant marxisme et scientificité, il prône un objectivisme radical. A Traducteur de l’œuvre de Watson, il se présente comme un théoricien reconnu du Biographie d’un révolutionnaire marxiste béhaviorisme. Praticien de l’orientation professionnelle, il met en lumière le poids des déterminants sociaux et économiques dans l’orientation de l’élève au sein de l’appareil scolaire. Cofondateur de la sociologie du travail avec Georges Friedmann, 3 il s’applique à démontrer, par ses enquêtes et ses nombreuses publications, le degré 9 tome ii 9 d’aliénation qui s’abat sur le travailleur confronté au circuit économique du capita- 1 lisme. Spécialiste de Clausewitz, il analyse tous les rouages de la machine de guerre 9- et de son impérialisme déployés dans le cadre des guerres de Corée et d’Indochine. 3 Du front anticapitaliste 9 Animateur de la Nouvelle gauche, membre fondateur du PSU, Pierre Naville 1 défend sans relâche une pensée socialiste rénovée et pluraliste, reposant sur un ras- e, au socialisme autogestionnaire, 1939-1993 semblement des forces communistes et non communistes. Il se bat sur tous les fronts . te air s n Contre le jeu des blocs, il oppose le neutralisme et la construction d’une Europe i n x o sociale au service des peuples. Il combat sans cesse la répression coloniale de la IVe et r i de la Ve République, le pouvoir gaullien, son capitalisme d’Etat, sa technocratie, son ma est g complexe militaro-industriel. Il lutte sans répit contre le socialisme soviétique et son o e t arbitraire politique. Dans cette entreprise de défrichage de nouvelles perspectives r u ei a ssuocr iualniset eres,c hPeirecrhree Nferatviillel,e smura ln’aifuetsotge eustnioe np eetn sséuer lm’aaprpxliisctaet iionnn onvoaunvteel leq udi’ udnéeb opulacnhie- llna me in fication démocratique et décentralisée où l’ouvrier, le syndicaliste, le consommateur avio alis deviennent des acteurs politiques privilégiés, fondement premier d’une démocratie Nut oci citoyenne à construire. e vol au s rré e PAArrloaafgienosns eC,u Turr eainsgtoraétng a éT dza’anhriiamst,o éAi rdieme, néd ooCcmétesbaurirer uee,nx P chioeilsrltrooeqi rNuee acsvo uinlntleei.vm Ielpr stoirrtaaaviianreiels,l ecs opanéccstiauacelrliélsest meà d eV’nhitic sàtto olrai r Spee ucrubgellit,cu Lartoeiluoleins, Pierd’un pitalist a prochaine d’une anthologie des textes politiques de Pierre Naville de 1945 à 1993. e c i i h nt p a a t r n g o o r f Bi u D — Collection « Historiques » dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland ii e m o t Photographie de Pierre Naville, congrès du PSU, décembre 1966 (par Pierre Collombert), Institut Tribune Socialiste. Historiques 32 € ISBN : 978-2-343-11183-4 Travaux HISTORIQUES_GF_S_TRAVAUX_CUENOT_PIERRE-NAVILLE_T2.indd 1 17/05/17 21:37 Pierre Naville Biographie d’un révolutionnaire marxiste Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Vincent Laniol La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique. Série Travaux Jean-Marc Cazilhac, Le Douaire des reines de France à la fin du Moyen Âge, 2017. Didier CHAUVET, Les autodafés nazis. Mémoire du 10 mai 1933, 2017. Anne MÉTÉNIER, Ségrégation raciale aux États-Unis. Six portraits de stars, 2017. Didiver CHAUVET, Hitler et la Nuit des Longs Couteaux (29 juin – 2 juillet 1934), La Sturmabteilung (SA) décapitée, 2016. Jean-Yves CHAUVET, La transmission des maisons lorraines, Familles et maisons paysannes de la fin du XVIIe au milieu du XXe siècle, 2016. Tchavdar MARINOV, « Nos ancêtres les Thraces, Usages idéologiques de l’Antiquité en Europe du Sud-Est, 2016. Françoise DASQUES, La pensée française de l’architecture mexicaine, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et univers mental, Tome III, 2015. Françoise DASQUES, Du style parisien à l’éclectisme porfirien, Paris– Mexico 1784-1910, Architectures et devenir des formes, Tome II, 2015. Françoise DASQUES, Deux Rome, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et transferts, Tome I, 2015 Murielle PERRIER, Utopie et libertinage au siècle des Lumières. Une allégorie de la liberté, 2015. Welleda MULLER, Les stalles, siège du corps, 2015. Jean-Claude COLBUS et Brigitte HÉBERT (dir.), Approches critiques du plaisir (1450-1750), 2015. Jean-Claude COLBUS et Brigitte HÉBERT (dir.), De la satisfaction des besoins vitaux aux plaisirs des sens, aux délices de l’esprit et aux égarements de l’âme (1450-1750), 2015. Alain Cuenot Pierre Naville Biographie d’un révolutionnaire marxiste Tome II. Du front anticapitaliste au socialisme autogestionnaire, 1939-1993 Du même auteur Autogestion, la dernière utopie, (Sous la direction de Franck Georgi), Sorbonne, 2003. Clarté 1919-1924, Tome I Du pacifisme à l’internationalisme prolétarien, Itinéraire politique et culturel, L’Harmattan, 2011. Clarté 1924-1928, Tome II Du surréalisme au trotskisme, Itinéraire politique et culturel, L’Harmattan, 2011. Pierre Naville, La passion de l’avenir. Le dernier cahier (1988- 1993), Commenté et annoté par Alain Cuenot, Ed. Maurice Nadeau, 2010. Photographie de Pierre Naville, congrès du PSU, décembre 1966 (par Pierre Collombert), Institut Tribune Socialiste. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11183-4 EAN : 9782343111834 TROISIEME PARTIE (suite) De la guerre à la Nouvelle Gauche Chapitre IX Pierre Naville et la seconde guerre mondiale, 1939-1945 Pierre Naville soldat Le 2 septembre 1939, P. Naville, appelé sous les drapeaux, est affecté dans le train des Equipages, à Paris. Simple caporal, il assure avec sérieux et assiduité des tâches essentiellement administratives. Remarqué pour son efficacité par un de ses supérieurs, il se voit nommé au secrétariat du cabinet de Daladier, promotion qu’il tente de repousser1, conscient qu’une telle proposition ne peut que lui attirer de graves ennuis compte tenu de son passé de militant trotskiste. Affecté au ministère de la guerre malgré lui, il se garde de tous faits et gestes inconsidérés, dactylographiant lettres et documents, classant dossiers et autres pièces militaires, en compagnie de deux autres réservistes, tout en étant étroitement surveillé par des policiers qui arpentent régulièrement les couloirs du bureau ministériel. Il a même l’occasion, ironie suprême, de garder, durant quelques heures, la pièce dans laquelle se trouve l’ordre de marche de toute l’armée française2. Dans ce désordre apparent, il rencontre G. Politzer, chargé de l’intendance, mais, il ne cherche pas à nouer quelque lien que ce soit avec ce responsable communiste. Comme on le voit, P. Naville n’a pas cherché à se soustraire à ses obligations militaires. Il est vrai que son passé trotskiste l’invite à se soumettre à cette obligation. Mais, comme il a rompu avec son organisation, à l’exemple d’autres militants comme F. Gérard, Bardin, il n’est plus question pour lui d’agir et de militer sur le terrain, de se distinguer politiquement par telle ou telle prise de position, voire même d’entrer dans la clandestinité. Il se comporte simplement comme un citoyen ordinaire, obéissant à son ordre de mobilisation, confronté aux circonstances tragiques du moment. Il sait en outre que les services de police des Renseignements généraux contrôlent ses moindres faits et gestes et qu’ils ont déjà pris la peine de vérifier si, en tant que soldat, il s’était bien rendu à son lieu d’affectation. 1 Naville P., Mémoires imparfaites. Le temps des guerres, Paris, La Découverte, 1987, p. 23. 2 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 33. 7 Dans cette période de calme relatif, P. Naville tient à se consacrer à sa passion pour la lecture et la recherche intellectuelle. Il reprend aussitôt ses études universitaires de psychologie. Vivant dans une petite chambre, à Paris, avec son épouse Denise, dans des conditions modestes, il arpente les couloirs de la Sorbonne en tenue kaki, suivant avec application les cours d’éminents professeurs. Il se passionne à nouveau pour le béhaviorisme de Watson dont il commence à traduire les principaux ouvrages théoriques et se décide à entreprendre la préparation d’une thèse de doctorat sous la direction du psychologue Paul Guillaume1. Mais sa situation militaire particulièrement incertaine et fragile va très vite évoluer. Après enquête policière qui révèle son passé politique, il est convoqué par un colonel de la prévôté du ministère qui lui ordonne de rejoindre sur-le-champ son régiment d’origine. Un officier de la sécurité militaire lui apprend alors qu’il est envoyé au 33e RI, régiment disciplinaire stationné à Fontainebleau, à compter du 1er avril 1940. De Fontainebleau, il est expédié à Ugny, sur la Meuse, pour rejoindre la base avancée du 33e RI. Dans cette unité placée en première ligne, il retrouve une majorité de soldats sanctionnés pour leur activisme politique : jeunes communistes du Nord, anarchistes, syndicalistes, et un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière : Italiens, Roumains, Polonais. Il est désigné comme caporal – il est alors âgé de 36 ans – d’un peloton de jeunes soldats qui sont surpris d’être encadrés par quelqu’un d’aussi âgé. Parmi eux, un jeune Roumain le reconnaît, ayant participé comme lui à plusieurs manifestations trotskistes2 à Paris. Vivant au jour le jour, P. Naville tente d’apprécier la situation historique née de la drôle de guerre. Il s’efforce tout d’abord de comprendre le sens de la stratégie adoptée par l’état-major français. Féru de questions militaires depuis les années trente, P. Naville a multiplié les lectures sur ce sujet. Il a parcouru les textes de nombreux mémorialistes au premier rang desquels se trouve Bonaparte. Il s’est plongé dans les travaux de plusieurs spécialistes touchant les guerres européennes du XIXe siècle mais également la guerre russo-japonaise, la guerre de Sécession, la guerre des Boers, série de conflits à ses yeux beaucoup plus riche d’enseignements que l’interminable guerre de tranchées de 1914-19183. Il s’est intéressé également aux thèses de l’amiral américain 1 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 80. 2 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 24. 3 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 31. 8 Mahan qui insiste sur l’importance géostratégique du contrôle militaire des espaces maritimes. Il a lu aussi les articles d’un certain colonel De Gaulle sur la nécessité de l’emploi tactique des chars et de l’aviation. Mais c’est surtout l’ouvrage plus connu d’Henri Rollin1, consacré à la révolution russe, qui lui a ouvert les yeux. Cet auteur étudie l’action du parti bolchevik, d’un point de vue militaire, comme instrument de guerre et démontre comment Lénine, en s’inspirant directement des conclusions des théoriciens de la révolution française et surtout des travaux du grand spécialiste prussien Clausewitz, a fondé les principes tactiques et opérationnels du parti révolutionnaire, dans sa victoire d’octobre 1917. Enfin, par sa fréquentation régulière de Trotsky ancien chef de l’armée rouge, tout au long de l’entre-deux-guerres, P. Naville a saisi la place prépondérante occupée par l’armée dans la société et la vie politique en général. Fort de ces connaissances ainsi accumulées, P. Naville en arrive, malgré le manque criant de sources d’information les plus élémentaires (cartes, journaux) à mesurer l’incohérence et les limites de la politique militaire du commandement français. Dans cette attente difficilement supportable, P. Naville comprend que la tactique défensive prônée par l’état-major et dont la ligne Maginot est une des principales illustrations est vouée à l’échec. Une telle tactique, fait-il observer, exige beaucoup plus de manœuvres et d’opérations élaborées et sans cesse adaptées que pour une simple stratégie d’attaque. Il est interdit dans ce cas de se réfugier dans un immobilisme stérile. Dans ces conditions, ajoute-t-il, « lorsque la défense n’est que passivité, attente, le coup porté par l’ennemi risque fort d’être déterminant2 ». Le pressentiment de l’échec et de l’effroyable tuerie qui va s’abattre sur le pays est ressenti douloureusement par P. Naville. Plongé dans l’incertitude la plus complète, ignorant le déclenchement du conflit, observant avec ses compagnons un combat aérien de quelques minutes, le 11 mai 1940, dont il ne comprend pas le sens véritable, il subit une situation extrême qui prend « l’allure d’une chute dans le vide3 ». Il vit l’offensive allemande de mai 1940 et la débâcle comme une profonde tragédie, comme un immense désordre, dépourvu de tout esprit de logique. 1 Rollin Henri, La révolution russe, ses origines, ses résultats, Paris, 1931, 400 p. 2 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 33. 3 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 25. 9 Sur le terrain, le désarroi est général. Les événements s’entrechoquent d’une façon imprévisible. La percée de Sedan dont P. Naville mesure directement les effets dévastateurs vient bouleverser l’axe de la Meuse. Elle disperse en même temps, d’une manière irrémédiable, une deuxième ligne que P. Naville cherche en vain à distinguer, l’état-major ne s’étant pas soucié de la mettre en place, voire même de la concevoir. Il croit cependant qu’au Nord et en Belgique, le commandement a dû logiquement organiser « une défense par môles » derrière la ligne Maginot et qu’il pourra dans ces conditions mieux résister et supporter le choc des forces ennemies venant de Meuse, mais il s’aperçoit très vite qu’il n’en est rien. Il observe depuis la vallée meusienne la chute irréversible des forces militaires alliées bousculées par l’avancée irrésistible des forces allemandes. « Les liaisons sont perdues » note-t-il, « les communications interrompues » ; « on rencontrait des chars ennemis là où l’on pensait trouver nos camions » ; « le commandement de la région se dissolvait plus rapidement que les troupes ». Il constate amèrement que « de fleuve en fleuve il se révéla qu’aucune résistance n’était ni prévue, ni efficace, ni possible »1. Pour P. Naville, la stratégie du désastre l’emporte ; « le flot dispersé des militaires se mêlant sans recours à celui des civils ». Il mesure alors avec effarement l’emprise du défaitisme qui s’exprime dans cet abandon général. Il observe avec désespoir qu’aucune « résistance concentrée », qu’aucune « manœuvre » ni « contre-attaque » n’ont été prévues et pensées par l’armée et ses chefs. La bataille devient « incom- préhensible », réduite à une mêlée sans nom. « Les hommes », note-t-il, « n’étaient que fuites, accélérées par des camions, des voitures, des vélos. Les officiers n’avaient plus de prises sur les soldats. Les soldats ne savaient comment résister. Ces avions, ces chars qu’on nous vantait auparavant, où étaient-ils ? Il n’y avait ni avant, ni arrière, mais une agitation de molécules browniennes avides de retrouver le sommeil du civil »2. Pour l’heure, il comprend qu’il est vain d’espérer une quelconque réaction des autorités, l’important est de sauver sa peau dans une phase de combat « où se diluent », écrit-il, « ces liens puissants qui en temps ordinaires raidissent les attitudes de chacun : devoir, obéissance, patriotisme ». Il saisit avec un certain étonnement tout le poids ambivalent, confus, du pacifisme dans l’opinion française : « Je ne 1 Naville P., Mémoires…, op. cit., p. 34. 2 Ibid. 10

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